Francis Navarro, un chirurgien montpelliérain qui a du nez, lance sa collection de parfums

ici Hérault

Francis Navarro, chirurgien, avait envie de renouer avec une grande tradition, un peu oubliée à Montpellier. Du XIII au XIXe siècle, la ville était la capitale mondiale des parfums. Avec trois amis, il a donc fondé l'Impasse des Parfums.

Transcript

00:00 On se travaille ensemble et c'est l'heure de l'éco d'ici.

00:02 Alors l'éco d'ici ce sont des inventeurs, des créateurs, des managers,

00:06 ce sont des gens qui font bouger l'économie de notre département de Leroux.

00:09 On est avec Francis Navarro aujourd'hui. Bonjour !

00:11 Bonjour !

00:12 Bienvenue ! Oh vous avez une grosse voix vous !

00:14 Je sais pas !

00:15 Une voix à faire de la radio !

00:16 Ouais une voix à faire de la radio, prenez ma place !

00:18 Surtout qu'en plus moi je m'y connais en parfum, on pourrait changer.

00:21 Non non je ne m'y connais pas en parfum.

00:22 Vous venez d'où ? De Montpellier ?

00:23 De Montpellier.

00:24 De Montpellier et vous êtes venu avec un parfum.

00:26 Et c'est pas un hasard Guillaume s'il est venu avec un parfum.

00:28 Non sauf que c'est pas votre métier à l'origine Francis Navarro le parfum.

00:31 Non non je suis loin des parfums, ou du moins j'étais loin,

00:35 mais je ne suis que chirurgien.

00:36 Je ne suis que chirurgien, oui si on peut dire ça comme ça.

00:40 Chef du service de chirurgie digestive et de transplantation au CHU de Montpellier,

00:45 mais j'ai l'impression que le parfum vous a poursuivi toute votre vie non ?

00:50 Depuis des années oui, mais c'est surtout la médecine qui m'a amené à connaître le parfum,

00:55 à me rapprocher du parfum.

00:56 C'est toute une histoire qui n'est pas que personnelle.

00:59 L'histoire de Montpellier et celle des parfums.

01:03 Bien sûr, oui.

01:04 Parce que peu de gens savent, Montpellier avant Grasse,

01:07 qui est devenu aujourd'hui un peu la référence,

01:08 a longtemps été la capitale mondiale du parfum,

01:11 du XIIIe au XIVe siècle.

01:13 Oui, peu de gens savent que Montpellier a été la capitale des parfums,

01:17 mais je dirais que peu de montpellierains connaissent l'histoire aussi.

01:22 Et il faut s'intéresser à l'histoire de Montpellier,

01:26 mais pas que, au Jardin des Plantes, à la Fac de médecine,

01:29 et puis un petit peu tous ces parcours qui ont fait que

01:32 tous les parfums que vous utilisez tous les matins

01:36 sont issus, je dirais, du travail d'un médecin qui était à la fois ambassadeur,

01:41 médecin à l'époque, même chirurgien,

01:43 et qui n'était autre qu'Arnaud de Villeneuve.

01:46 Oui, qui a donné son nom ensuite, évidemment, à l'hôpital de Montpellier.

01:50 Alors Francis Navarro, vous êtes avec nous ce matin

01:52 parce que vous lancez un pass des parfums,

01:55 alors le nom c'est pareil, et pas le fruit du hasard,

01:58 vous allez nous raconter ça,

01:59 qui est en fait une gamme de quatre parfums,

02:01 c'est ça que vous avez, avec d'autres, créé ?

02:04 Tout à fait, avec un nez qui est Jordan Sarika.

02:09 Ça vous rappelle ce que c'est qu'un nez ?

02:11 Un nez, c'est... Voilà.

02:13 Une fac... Exactement, c'est vraiment...

02:17 Moi je suis émerveillé, comme les sommeliers,

02:20 comme les nez, comme d'autres qui ont cette capacité,

02:24 et je dirais, de découvrir,

02:27 et de nous faire découvrir des senteurs, des odeurs, des goûts.

02:31 Donc un nez est un créateur.

02:33 Depuis des années, Montpellier, les apothicaires,

02:36 étaient des nez, en fait, on les appelait des apothicaires ou des épiciers,

02:40 mais ils reconnaissaient toutes ces senteurs

02:43 issues des plantes autour de Montpellier.

02:46 Et donc, l'idée nous est venue,

02:50 ayant connaissance de toute cette histoire,

02:52 et de l'historique des parfums de Montpellier,

02:55 avec, je dirais, des trajectoires qui ont été différentes dans le temps,

03:00 mais jusqu'aux parfums modernes,

03:02 dont Arnaud de Villeneuve qui a travaillé sur la distillation,

03:05 l'eau de vie, la macération des plantes,

03:08 qui a permis d'avoir les parfums qu'on a aujourd'hui,

03:12 peu de Montpellierains savent que tous les matins, quand on se parfume, on se parfume parce que

03:16 Arnaud dévie la Nova.

03:18 Parce que nous, Montpellier appartenait à Valencia,

03:22 au royaume d'Aragon, qui était à l'époque les rois de Mallorque,

03:27 et donc la caractéristique,

03:30 l'homme s'est rendu compte qu'en macérant des plantes,

03:34 et en y mettant sa fameuse eau de vie,

03:36 il magnifiait les senteurs et les fragrances.

03:39 C'est là que c'était intéressant.

03:41 - Quand je disais tout à l'heure que j'ai l'impression que le parfum vous a un peu poursuivé toute votre vie,

03:45 c'est parce que cette idée de créer vos parfums,

03:48 en collaboration avec Sene,

03:50 genre dans Sareca, c'est pas quelque chose qui vous est tombé dessus du jour au lendemain,

03:53 en fait c'est une vieille histoire, alors j'ai dit une bêtise tout à l'heure,

03:56 en présentant votre venue, c'est pas enfant,

04:00 c'est quand vous êtes étudiant en médecine,

04:02 que vous allez mettre les pieds là où il ne faut pas.

04:04 - Absolument.

04:05 - Racontez-nous ça.

04:06 - J'ai la chance, à l'époque,

04:09 que j'exerçais la profession d'infirmier libéral,

04:13 tout au début de mes études de médecine,

04:15 et pour des raisons qui sont faciles à comprendre,

04:18 celles des raisons économiques,

04:20 j'ai la chance d'être hébergé dans une maison

04:23 qui venait d'être partiellement restaurée.

04:25 - Dans le quartier des Aubes.

04:26 - Dans le quartier des Aubes.

04:27 Et dans le quartier des Aubes, il y a cette impasse des parfums.

04:31 Et un jardin qui existe encore.

04:34 Oui, l'impasse existe.

04:35 - Je vais donner le nom à la maison.

04:36 - La maison existe.

04:37 - Et au fond du jardin ?

04:38 - Et au fond du jardin,

04:40 un vieil entrepôt dont les portes étaient plutôt en voie de pourrissement.

04:46 Bref, je franchis le seuil qui m'avait été interdit.

04:50 Je franchis le seuil avec ma fille à l'époque.

04:53 Et là, c'était dans la poussière, dans les toiles d'araignée,

04:56 je découvre les flacons, les alambics,

05:00 tout un monde de la parfumerie.

05:03 Je sens bien que je suis dans un espace qui m'était interdit,

05:07 mais en même temps qui était un lieu assez insolite.

05:12 Et au-delà d'avoir touché quelques flacons

05:15 et essayé de comprendre ce qui se passait,

05:16 j'en suis ressorti.

05:18 Ce n'est que plus tard,

05:19 plus tard, bien plus tard,

05:20 que j'ai compris le nom de l'impasse,

05:23 l'impasse des parfums, etc.

05:24 - Et c'est à ce moment-là que vous chopez le virus

05:26 sans en avoir l'air ou sans vous en rendre compte ?

05:27 - Non, pas à ce moment-là, plus tard.

05:29 C'est quand, à l'époque, je ne connaissais pas l'histoire des parfums.

05:33 Mon souci était plutôt celui des concours de médecine.

05:36 - Alors l'impasse des parfums, aujourd'hui, c'est une marque,

05:38 c'est quatre parfums, quatre "fragrances", comme on dit.

05:41 - C'est dur.

05:42 - Non mais moi, je vais être très honnête,

05:43 je découvre le mot ce matin,

05:45 "fragrance", je ne connaissais pas.

05:47 "Flagrance", oui, mais ça ne veut pas dire du tout la même chose.

05:49 Et alors, vous les faites à base de quoi ces parfums ?

05:52 Ces fragrances ?

05:53 - Alors, l'idée au départ, c'est que le Jardin des plantes,

05:56 qui est une merveille,

05:57 qui est dirigée par,

05:58 dont le directeur est le professeur Lavabre,

06:01 Lavabre Bertrand,

06:02 l'idée était de dire,

06:04 et c'est ainsi que ça s'est passé,

06:05 c'est que les fleurs blanches sont très peu utilisées

06:09 pour des parfums pour les hommes.

06:11 C'est des parfums pour les hommes que je souhaitais.

06:13 Vous allez trouver des tas de parfums,

06:15 mais très peu de fleurs blanches.

06:16 Et donc, dans la gamme de fleurs blanches,

06:19 d'ailleurs, que propose le Jardin des plantes,

06:21 mais autres aussi,

06:22 il y a donc la fleur d'oranger, le lilas,

06:25 la tubereuse, et toutes ces plantes.

06:27 Et donc, l'idée m'est venue de

06:29 prendre ces fleurs blanches, de travailler avec ce nez,

06:32 et puis que l'alchimie se produise.

06:34 On avait plusieurs formules chimiques au départ,

06:37 pas que quatre, plusieurs.

06:39 Et on a fait un petit peu comme on fait en médecine,

06:41 on fait un peu un essai

06:43 auprès d'une cohorte de personnes qui aiment les parfums.

06:46 - Et ça a matché ?

06:48 - Et ça, nous en avons retenu quatre,

06:51 mais la majorité de cette cohorte, c'était des femmes,

06:54 et tout en dit, mais non, ce n'est pas un parfum pour homme,

06:57 c'est un parfum mix, c'est un parfum pour femmes, etc.

07:00 Et donc, ça nous a amené à dire, bon, OK,

07:02 oublions l'idée d'un parfum pour homme,

07:05 et c'est un parfum mix.

07:06 - Alors, vous avez amené un flacon.

07:09 Montrez-le bien à l'image, ou alors Sébastien,

07:11 Sébastien va le montrer à l'image.

07:13 Il faut dire quelque chose, par contre, Sébastien.

07:14 - Alors voilà, je l'ai dans la main, le petit flacon.

07:18 Et alors, on peut l'essayer ou pas ?

07:19 - Il faut le sentir, c'est pour vous.

07:22 Mais ce sur quoi je voulais insister,

07:25 c'est le côté montpellierain,

07:27 et donc, le packaging a été,

07:32 pour rester dans l'écuisson,

07:35 a été décoré par une artiste peintre

07:39 qui est Frédéric Gignoux,

07:41 et qui a souhaité que vraiment l'entité montpellieraine

07:46 soit omniprésente.

07:47 Alors là, vous avez un parfum qui est le parfum

07:50 dont la note de tête est la fleur d'oranger.

07:52 - Oui, c'est très frais.

07:53 - C'est celui qui se décline.

07:54 - Là, on a bien la fleur d'oranger.

07:55 - Alors celui-là, c'est celui qui a un succès évident

08:00 et qui fera l'objet des parfums

08:02 du concours des parfums de niche,

08:04 prochainement à Paris.

08:05 - Alors, vous commercialisez un pass des parfums,

08:08 puisque c'est le nom de la gamme.

08:10 On peut vous trouver où ?

08:11 C'est surtout ça ?

08:12 - Alors, il se trouve à la pharmacie de l'écuisson.

08:14 - Oui.

08:16 - Et...

08:17 - Et un site internet dédié que vous avez créé, je crois,

08:19 pour les vendre.

08:20 - Oui.

08:21 - D'accord. L'idée, c'est de préparer une seconde vie

08:23 après celle du chirurgien Francis Navarro.

08:25 - Je crois qu'on a tous plusieurs vies.

08:29 Et j'espère...

08:31 Je suis assez optimiste pour les vies,

08:33 même si tout s'arrête un jour.

08:36 Mais c'est tellement passionnant.

08:38 Et puis, il y a un fait important

08:41 qui me paraît très important.

08:43 On peut raconter une histoire.

08:45 On peut faire vivre l'histoire de Montpellier,

08:47 qui est une histoire extraordinaire.

08:48 Vous évoquiez tout à l'heure la ville du sport.

08:51 Ça sera peut-être la ville du sport et des parfums.

08:54 Mais si vous en restez à l'histoire,

08:57 vous restez au final sur une théorie.

09:00 Si vous n'en êtes pas le principal acteur,

09:02 si vous ne le rendez pas actif,

09:05 vous en restez dans l'histoire.

09:08 - Bon, en tout cas, moi, j'ai un gros succès déjà.

09:10 Je vois bien que j'ai reçu des messages

09:11 depuis que j'ai mis le parfum.

09:12 Donc ça fonctionne.

09:13 - Très bien.

09:13 - Merci en tout cas d'être venu ce matin.

09:16 Vous retrouvez tout ça sur notre site internet

09:17 francebleu.fr.

09:19 Un pass des parfums.

09:20 Il est 7h21.

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