Frontex sous le feu des critiques

Sud Radio

09/02/2024

Avec Adrien Hall, avocat au barreau de Paris, co-auteur d’une tribune dans le Figaro-Vox avec Théo Michel, vice-président des Républicains

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00:00 Nous sommes avec Adrien Aul, avocat au barreau de Paris, co-auteur d'une tribune dans le Figaro Vox,

00:05 avec Théo Michel, vice-président des Républicains. Bonjour !

00:08 - Bonjour, Pierre.

00:09 - Vous dites que Frontex est devenue une agence d'accueil pour clantestins, il faut la nationaliser.

00:18 C'est-à-dire, qu'est-ce que vous voulez dire par là ?

00:20 - Alors, ça veut dire une chose, c'est parce que quand on constate la situation actuelle sur Frontex,

00:25 on voit une chose très claire, c'est que Frontex est dans une situation de fiasco migratoire.

00:29 Quand vous regardez un peu les chiffres de passage, vous avez 380 000 passages clandestins annuels par rapport à 2022.

00:37 Vous regardez la route par exemple d'Afrique de l'Ouest, c'est-à-dire celle qui va vers les Canaries,

00:40 vous avez 160% d'augmentation par rapport à l'année dernière de passage, ce qui déstabilise complètement les Canaries.

00:47 Pareil dans la route de Méditerranée centrale, +50%, pareil au niveau de la Grèce, +50%.

00:52 Donc tout ce qu'on dit, c'est de dire arrêtons de mettre de l'argent à fond perdu pour développer une agence Frontex qui ne marche pas.

00:59 Surtout que les pays en première ligne n'en veulent pas.

01:02 Et mettons cet argent dans les pays en première ligne pour qu'ils puissent développer eux-mêmes leurs forces de résistance

01:09 et leurs forces de guerre de côte afin d'endiguer cet influx migratoire.

01:14 Donc c'est ça notre stratégie.

01:15 - Qu'on comprenne bien, parce que c'est de l'argent en commun de l'Europe qui est mise dans Frontex pour essayer d'avoir une "barrière",

01:24 en quoi ça changerait ? C'est-à-dire que vous ne voudriez plus qu'il y ait cet argent en commun de mis dans Frontex ?

01:32 - D'une certaine manière, il faut comprendre un peu comment fonctionne Frontex.

01:39 Actuellement on a une promesse qui a été faite d'augmenter les effectifs de Frontex à 10 000 agents.

01:44 Sauf qu'en fait on n'aura pas 10 000 agents permanents, on aura 3 000 à Frontex,

01:48 3 000 qui seront déjà détachés par les amants, c'est-à-dire des gens qui font déjà ce travail

01:52 et qui maintenant vont le faire sous l'autorité d'une agence qui elle n'a pas forcément beaucoup de pouvoir, c'est-à-dire Frontex,

01:57 plus 4 000 agents qui seront encore détachés des États membres pour les périodes de tension,

02:02 c'est-à-dire les périodes d'été et les périodes de printemps.

02:04 Nous ce qu'on dit, faisons un peu comme ce qui se passe pour l'agriculture,

02:09 faisons une politique de défense migratoire commune,

02:11 mettons de l'argent sur les pays en première ligne, c'est-à-dire l'Espagne, l'Italie, la Grèce,

02:16 des pays aussi comme la France, même si on n'est pas tout à fait en première ligne,

02:19 pour qu'ils puissent développer leur force et résister.

02:22 Et concentrons Frontex sur la stratégie, c'est-à-dire prévoir les grands mouvements migratoires,

02:27 associons-la à la diplomatie européenne,

02:30 de cette manière-là elle pourra négocier pour l'ensemble des pays européens les fameux laissés-passer consulaires,

02:36 et laissons la compétence à ceux qui l'ont déjà,

02:40 c'est-à-dire les États membres, pour qu'ils puissent réaliser correctement leur métier.

02:43 - D'accord, bon donc c'est une autre stratégie pour essayer de limiter ce que dit le patron de Frontex,

02:53 la migration est un phénomène mondial, nous devons gérer la migration,

02:57 parce que nous ne pouvons pas faire face à une migration non gérée, dit-il, vers l'Europe.

03:03 Évidemment ça suscite beaucoup de commentaires, de réactions.

03:07 - Ça suscite beaucoup de commentaires, pourquoi ?

03:08 Parce que ce patron actuellement a dit une chose très inquiétante,

03:12 et il faut que les gens l'entendent, il a dit que Frontex doit se concentrer

03:15 sur le contrôle du respect des droits fondamentaux des migrants,

03:20 c'est-à-dire que Frontex est en train de devenir effectivement cette agence d'accueil,

03:23 cette super ONG, et elle n'est pas du tout en train d'exécuter sa mission de contrôle des frontières.

03:28 Et c'est ce qui avait causé d'ailleurs le départ de l'ancien directeur français, Fabrice Légeri,

03:33 qui lui s'en plaignait, et lui il voulait faire une vraie agence de contrôle,

03:36 et il n'a pas pu le faire, parce qu'il y a cette volonté interne à la Commission européenne

03:40 de s'occuper plus des droits fondamentaux que du contrôle des frontières.

03:44 - Oui, merci beaucoup Adrien Haut, l'avocat baro de Paris-Côte d'Or, de cette tribune.

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