Les invités de Laurence Ferrari débattent de l'actualité dans #Punchline du lundi au jeudi.
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00:00:00 Bonsoir à tous et bonsoir à toutes. Bienvenue dans Punchline ce soir sur CNews.
00:00:03 La colère des paysans gronde après la mort d'une agricultrice fauchée par un chauffard sur un barrage dans l'Ariège.
00:00:10 Son mari et sa fille qui dormaient à ses côtés ont été grièvement blessés.
00:00:13 On va revenir sur les circonstances de ce drame.
00:00:16 On rejoindra, vous le voyez, nos équipes à Pamier dans l'Ariège sur les lieux de l'accident.
00:00:20 Mais on partira aussi dans la Drôme au niveau de l'autoroute A7 qui est bloquée sur l'autoroute A16 dans l'Oise.
00:00:26 Et puis on verra qu'il y a des mouvements aussi en Corse tout près de Bastia.
00:00:29 Pourquoi a-t-il fallu attendre un drame de plus pour que les agriculteurs soient entendus
00:00:34 que ne comprennent pas nos dirigeants à ce qui se joue dans nos campagnes,
00:00:38 démembrés par la folie technocratique de l'Union européenne,
00:00:41 écrasés par la guerre des prix de la grande distribution et déboussolés par des lois ubuesques ?
00:00:45 On va en débattre ce soir et surtout on va entendre les nombreux témoignages d'agriculteurs
00:00:49 qui racontent leur dure labeur et leur vie quotidienne.
00:00:52 Voilà pour les grandes lignes de Punchline ce soir.
00:00:54 Mais d'abord, c'est le rappel des titres de l'actualité de 17h avec Simon Guilain. Simon.
00:00:59 [Musique]
00:01:02 Israël aurait proposé deux mois de trêve contre la libération des otages
00:01:05 toujours détenus dans la bande de Gaza.
00:01:07 C'est ce que révèle aujourd'hui le site américain Axios,
00:01:10 une information contestée par le Qatar qui a joué le rôle de médiateur lors de la précédente trêve.
00:01:15 Pour rappel, 132 otages, dont trois Français,
00:01:18 sont toujours retenus par les terroristes dans l'enclave palestinienne.
00:01:21 Ce nouveau drame dans une cité marseillaise,
00:01:23 un homme de 24 ans a été tué de deux balles dans la tête.
00:01:27 Ça s'est passé hier après-midi dans la cité des Oliviers, au nord de la cité phocéenne.
00:01:31 La victime était connue de la justice, notamment pour trafic de stupéfiants.
00:01:35 Une enquête pour homicide volontaire en baud organisé a été ouverte et confiée à la police judiciaire.
00:01:41 Et puis en France, les demandes d'asile atteignent un niveau record.
00:01:43 142 500 demandes ont été enregistrées l'année dernière.
00:01:47 Soit une hausse de 8,6% par rapport à l'année précédente,
00:01:50 une augmentation qui est nettement inférieure à la moyenne européenne.
00:01:54 C'est ce que précise le patron de L'Offre à Laurence.
00:01:57 Merci Simon Guélimp, on se rappelle les titres de l'actualité.
00:01:59 On est en plateau avec Louis de Reynald, chef du service politique de l'Offre à Laurence.
00:02:02 Rachelle Kahn, essayiste et juriste.
00:02:04 Bonsoir Laurence.
00:02:05 On a le plaisir d'accueillir Sandrine Leffert.
00:02:06 Bonsoir.
00:02:07 Vous êtes agricultrice, vous êtes députée Renaissance, également du Finistère.
00:02:10 On va évoquer avec vous évidemment toutes ces questions.
00:02:13 Sabrina Medjaber est là, essayiste et sociologue.
00:02:16 Eric Reuvel, éditorialiste.
00:02:18 Bonsoir Laurence.
00:02:18 Économique à Val-Lorraine.
00:02:19 On va commencer évidemment par ce drame à Pamier dans l'Ariège.
00:02:23 On va rejoindre tout de suite notre envoyée spéciale Stéphanie Rouquier
00:02:26 qui est sur place avec Johan Demarle.
00:02:29 Expliquez-nous ce qui s'est passé ce matin, très tôt ce matin Stéphanie.
00:02:33 Et puis surtout le choc qui évidemment a dû se répondre sur place.
00:02:37 Effectivement, c'est tous les agriculteurs de la région qui sont extrêmement touchés par ce drame.
00:02:45 Et nous avons pu échanger avec des proches de la agricultrice décédée.
00:02:48 Et ils nous ont demandé de respecter cette phase de deuil.
00:02:52 Ils refusent aujourd'hui toute polémique.
00:02:55 C'est beaucoup trop tôt pour eux, nous ont-ils expliqué.
00:02:57 Ils ont continué en expliquant que ce barrage,
00:03:00 il était situé juste à côté de l'autoroute où nous nous trouvons.
00:03:03 Il y avait des plots qui signalaient le contournement.
00:03:06 Mais malheureusement, la voiture est passée.
00:03:09 Et tout de même, l'agricultrice décédée avait une exploitation qui fonctionnait bien,
00:03:14 nous ont-ils expliqué.
00:03:15 Elle était extrêmement connue dans la région.
00:03:17 Sachez que le ministre de l'Agriculture, Marc Faineau,
00:03:20 est attendu en fin de journée à la commune de Panniers,
00:03:22 ici, là où s'est produit le drame.
00:03:24 Il va pouvoir échanger avec des représentants de la Chambre d'Agriculture du département.
00:03:29 Et sachez que, en parallèle, les blocages et les opérations des agriculteurs
00:03:34 continuent dans la région et bien au-delà des agriculteurs qui ne veulent rien lâcher.
00:03:39 Merci beaucoup Stéphanie Roquier, sur place à Panniers dans l'Arriège.
00:03:43 Votre réaction évidemment, Sandrine Lefeur, j'imagine que,
00:03:46 beaucoup de tristesse, mais les agriculteurs, vous me le disiez avant qu'on prenne l'antenne,
00:03:50 côtoient la mort tout le temps, en fait.
00:03:51 Oui, déjà, j'adresse vraiment mes pensées, mes condoléances à la famille.
00:03:55 C'est un drame qui a survécu.
00:03:57 Je crois que les agriculteurs côtoient beaucoup trop la mort,
00:04:00 que ce soit des décès accidentels ou des suicides.
00:04:06 C'est un drame de trop, évidemment.
00:04:08 Moi, j'appelle vraiment à l'apaisement, au calme et à l'échange.
00:04:12 Je crois qu'on a besoin d'échanger avec les agriculteurs de manière apaisée,
00:04:17 sur des mesures précises.
00:04:19 Il y a beaucoup de revendications à travers cette colère et je crois qu'il faut avancer.
00:04:25 Mais on sent bien que les agriculteurs ont le sentiment de ne pas avoir été entendus.
00:04:29 S'ils sont là, ce ne sont pas des révolutionnaires.
00:04:33 Ils demandent juste qu'on les écoute.
00:04:35 Ça fait des années qu'ils dialoguent avec ce gouvernement, mais tous ceux d'avant également.
00:04:39 Il y a un sentiment de ras-le-bol, d'avoir été abandonnés en réalité.
00:04:42 Je ne crois pas qu'ils aient le sentiment d'être abandonnés,
00:04:45 parce qu'à plusieurs reprises, ils ont salué les actions qu'on a pu mener.
00:04:48 Je ne suis pas du genre à défendre ou je dis simplement les choses.
00:04:54 Je ne suis pas là pour défendre qui que ce soit.
00:04:55 Mais on a quand même fait EGalim 1, EGalim 2,
00:04:58 pour redonner la possibilité aux agriculteurs d'agir dans les négociations commerciales.
00:05:02 Cette loi n'est pas parfaite, mais elle a été quand même saluée par le monde agricole
00:05:06 et ça leur a permis de leur redonner les outils pour négocier face à la grande disparition.
00:05:11 On va revenir, Sandrine Lefeur, sur les problématiques des agriculteurs.
00:05:14 Mais là, j'aimerais qu'on continue à rendre hommage à cette jeune femme
00:05:17 dont on voit la photo ici même à l'écran, Alessandra Sonnac,
00:05:22 qui avait 37 ans, qui est maman de deux filles.
00:05:25 Son mari et sa fille de 14 ans étaient présentes avec elle sur ce barrage.
00:05:29 Elle a été percutée par un véhicule qui a forcé le barrage.
00:05:32 Qu'est-ce que l'on sait, Louis de Ragnel, sur les occupants de cette voiture ?
00:05:36 Il y avait trois occupants, un couple de nationalité arménienne
00:05:41 et donc une autre personne également de nationalité arménienne.
00:05:45 Ces personnes avaient fait une demande d'asile à la France en 2022,
00:05:50 une demande qui avait été refusée.
00:05:51 Donc, ils avaient été déboutés une première fois de leur demande d'asile.
00:05:55 Et puis, ils ont fait des recours devant les juridictions administratives.
00:05:58 Et encore une fois, ils ont été déboutés de leur demande.
00:06:02 Et donc, fin 2023, donc il y a quelques semaines,
00:06:05 ils ont fait l'objet d'obligations de quitter le territoire français,
00:06:09 les OQTF, une OQTF qui n'a pas été exécutée.
00:06:12 Et donc, c'est la raison pour laquelle ils étaient toujours sur le territoire national.
00:06:16 Les trois occupants étaient sous OQTF.
00:06:17 Les trois.
00:06:18 Ok, très bien.
00:06:19 On ne va pas manquer de réagir.
00:06:21 Et on sait qu'il y avait une intentionnalité de forcer le barrage ?
00:06:25 Alors, dans sa conférence de presse, le procureur de la République a dit
00:06:28 qu'il s'agissait d'un accident involontaire.
00:06:30 D'ailleurs, il parle d'accident.
00:06:32 Il ne parle pas de meurtrier.
00:06:34 C'est un drame absolu.
00:06:36 Quand on regarde un peu l'itinéraire de la voiture avec la configuration du barrage,
00:06:41 on a du mal à comprendre comment la voiture a pu rentrer, pénétrer sur la route
00:06:47 en dépit de toutes les indications indiquant qu'il ne fallait surtout pas
00:06:51 prendre cette route en raison des manifestations qui étaient organisées.
00:06:54 Et ensuite, la route n'était pas éclairée.
00:06:58 La voiture a percuté une bâche derrière laquelle se trouvaient des bottes de foin.
00:07:04 Et derrière, il y avait cette famille et d'autres personnes.
00:07:09 Avec un enfant qui est aujourd'hui entre la vie et la mort.
00:07:13 Une petite fille de 14 ans.
00:07:14 On va écouter Gabriel Attal, Premier ministre, qui a rendu hommage à cette jeune femme
00:07:18 tout à l'heure à l'Assemblée nationale.
00:07:19 On l'écoute.
00:07:20 Tout à l'heure, à Pamier dans l'Ariège, une femme, une mère de famille,
00:07:27 une agricultrice a perdu la vie.
00:07:29 Son mari et sa fille sont gravement blessés à l'heure où nous nous parlons.
00:07:35 C'est une profession qui est en deuil.
00:07:37 C'est toute notre ruralité qui pleure une famille.
00:07:41 Mais ce drame résonne en chacune et en chacun d'entre nous.
00:07:45 Et c'est tout un pays qui est touché.
00:07:46 Je veux à nouveau, au nom du gouvernement et en votre nom à tous,
00:07:51 rendre hommage à cette famille, leur dire notre solidarité et notre soutien.
00:07:55 (Applaudissements)
00:08:04 Après ce moment de recueillement, Rachel Kagne, il y a eu des passes d'armes
00:08:07 à l'Assemblée nationale, évidemment.
00:08:09 Les oppositions qui ont pointé du doigt l'inaction du gouvernement
00:08:14 dans cette crise des agriculteurs.
00:08:16 Oui, forcément.
00:08:17 Alors est-ce que je...
00:08:19 On est dans un moment de deuil.
00:08:21 Alors c'est vrai que c'est quand même assez malvenu.
00:08:24 Là, j'ai le sentiment, lorsqu'il y a des morts,
00:08:26 lorsque l'agriculture, au lieu de nous nourrir,
00:08:29 finalement, elle résonne avec le verbe "mourir".
00:08:32 Je crois que c'est un petit peu déplacé.
00:08:34 Mais en revanche, c'est vrai qu'il faut impérativement
00:08:38 qu'il y ait des actions et des résultats impérieux
00:08:41 pour cette situation d'urgence.
00:08:43 Après, juste par rapport à l'agriculture de manière générale
00:08:46 et à votre profession, madame,
00:08:48 on parle souvent de notre patrimoine à la française.
00:08:53 J'aimerais juste le relier un petit peu à l'histoire de France.
00:08:57 Les paysans, c'est la catégorie socioprofessionnelle
00:09:01 qui a été reconnue,
00:09:03 dont beaucoup ont été reconnus juste parmi les nations,
00:09:06 par Yad Vashem.
00:09:07 C'est-à-dire que c'est dans les fermes
00:09:09 qu'il y a eu cette conscience directement dès le début,
00:09:12 dès la déportation.
00:09:13 Et je crois qu'en fait, en sous-texte, il y a ça aussi.
00:09:16 Nos fermes, ce sont nos refuges pour la vie.
00:09:19 Vous avez raison.
00:09:19 Éric Revelle, cette situation dramatique
00:09:22 et cette grande colère du monde paysan.
00:09:25 Oui, la colère, elle est installée quand même depuis un bout de temps.
00:09:28 Elle est même européenne.
00:09:31 Bon, quand j'entends le Premier ministre qui a reçu hier la FNSEA
00:09:34 et qui recevra ce soir la coordination agricole, rurale,
00:09:39 qui dit qu'il va prendre des mesures d'ici une semaine, dix jours,
00:09:44 ça veut dire peut-être que le jeune Premier ministre
00:09:46 n'est pas tout à fait au courant des mots
00:09:48 dont souffle l'agriculture depuis des années, en réalité.
00:09:51 C'est-à-dire que s'il faut une semaine de plus
00:09:52 pour trouver des solutions à des problèmes,
00:09:54 c'est peut-être qu'on ignorait les problèmes,
00:09:56 ce qui paraît quand même un peu difficile à entendre.
00:10:01 Maintenant, sur la loi IALI, Madame la députée, vous avez raison,
00:10:03 elle a été mise en place,
00:10:05 elle devait permettre une meilleure rémunération pour les agriculteurs,
00:10:10 et notamment avec l'idée qu'on partait des coûts de production des agriculteurs
00:10:14 et qu'ensuite, ces coûts de production étaient réintégrés
00:10:18 dans les coûts des industriels, puis de la grande distribution.
00:10:23 L'une des craintes, vous l'avez peut-être entendu,
00:10:26 des producteurs de lait, c'est que précisément les négociations
00:10:29 qui devraient s'achever entre distributeurs et industriels le 30 janvier
00:10:33 se fassent sur le dos des marges des agriculteurs
00:10:36 et notamment des producteurs de lait.
00:10:38 On reviendra peut-être tout à l'heure sur le plan vert de Bruxelles,
00:10:41 mais voyez, il y a des causes structurelles.
00:10:44 Il y a une façon dont la grande distribution et l'industrie
00:10:47 et les transformateurs discutent entre eux et les agriculteurs.
00:10:51 Je regardais dans une étude récente du cabinet Asteres,
00:10:55 l'inflation les a percutés de manière incroyable.
00:10:58 Le chiffre fourni, c'est 25% de plus sur le matériel,
00:11:02 sur les intrants, sur l'énergie.
00:11:05 Quand vous avez une telle facture inflationniste dans vos coûts de production
00:11:08 et que d'un autre côté, on vous tord le bras du côté des distributeurs
00:11:11 et des industriels, c'est très, très difficile de s'en sortir
00:11:16 et la situation n'est pas d'hier, d'avant-hier ou d'il y a deux mois.
00:11:18 Sabrina, un petit mot, après on partira dans la drogue.
00:11:21 Un agriculteur, Laurent Guéronnet, nous attend.
00:11:23 Mais d'abord, Sabrina, votre analyse.
00:11:25 Alors déjà, je tiens à adresser toutes mes condoléances
00:11:30 à la famille de cette femme décédée
00:11:33 en espérant que la petite et son époux sortent de l'urgence absolue
00:11:37 dans laquelle ils se trouvent.
00:11:40 Moi, j'ai une vision culturelle de l'agriculture
00:11:43 et parce que c'est une composante culturelle et historique de notre pays.
00:11:48 Mais je sais, par exemple, selon Benoît Pitot,
00:11:51 qui est député Europe Écologie-Les Verts,
00:11:54 qui précise que sur les budgets de la PAC,
00:11:56 un tiers du budget de l'Union européenne,
00:11:59 80% de ces enveloppes sont en réalité octroyées aux grandes exploitations
00:12:05 et que les 20% restants sont celles qui sont attribuées aux agriculteurs
00:12:10 qui touchent entre 350 et 500 euros par mois.
00:12:13 Et là où je suis, moi, en colère au regard de cette fronte des agriculteurs,
00:12:17 c'est la différence de traitement.
00:12:19 C'est-à-dire que nous avons déployé depuis 30 ans des milliards d'euros
00:12:22 pour la ville, ce qu'on appelle les quartiers prioritaires de la ville,
00:12:25 sans qu'il y ait malheureusement de grands résultats
00:12:27 en termes d'intégration culturelle
00:12:29 et que je vois qu'il n'y a jamais eu de politique de la ruralité
00:12:32 qui a été déployée pour aider d'un point de vue économique et social également,
00:12:36 parce que ce sont souvent des territoires désertés.
00:12:38 C'est ce qu'appelle Stéphane Guillouis la France périphérique
00:12:41 qui ne bénéficie pas malheureusement de la facilité d'octroi
00:12:45 et d'accès à des services publics de priorité,
00:12:49 comme des médecins, comme des hôpitaux, comme des écoles.
00:12:51 - Des transports en commun. - Et des transports en commun, exactement.
00:12:54 Et c'est là où j'en veux en réalité, à l'échec patenté du gouvernement,
00:12:57 c'est qu'il n'y a jamais eu depuis des années de politique rurale
00:13:01 déployée pour aider les plus nécessiteux.
00:13:04 - Et oui, et on peut remonter quelques années avant ce gouvernement.
00:13:07 On est donc avec Laurent Guironnet qui est agriculteur à Albon dans la Drôme.
00:13:11 Bonsoir à vous, vous êtes aux côtés d'Olivier Madinier sur l'autoroute A7.
00:13:15 Vous êtes sur place pour dire votre colère à monsieur Guironnet.
00:13:19 Qu'est-ce qui ne va pas ?
00:13:20 Comment est-ce que vous vous en sortez personnellement dans votre exploitation ?
00:13:24 - Bonsoir. Tout d'abord, merci de me donner la parole.
00:13:30 Moi, je voudrais avoir une pensée là pour le drame qui s'est passé aujourd'hui.
00:13:33 La perte d'une agricultrice, c'est quelque chose de terrible.
00:13:37 Et puis, moi, je ne suis pas sûr de la colère.
00:13:39 Je suis plus un ras-le-bol, en fait.
00:13:42 Une exploitation en agriculture biologique où j'ai vendu mon maïs en mars 2023 à 400 euros la tonne.
00:13:49 Et aujourd'hui, au mois de novembre 2023, sur les cours 2024 qui s'annoncent, on est sur 200 euros.
00:13:54 Donc, vous ne vous imaginez même pas la perte de chiffre d'affaires à l'hectare
00:13:58 que ça représente pour une exploitation jeune comme la mienne.
00:14:00 Là, moi, je suis au début d'une crise.
00:14:03 Je n'y suis pas encore dedans.
00:14:04 Je ne voudrais pas que ça dure, en fait.
00:14:05 J'ai 42 ans. Je n'ai jamais bougé, manifesté de ma vie.
00:14:09 Je n'ai jamais voulu déranger un seul concitoyen.
00:14:12 Aujourd'hui, on en est là et j'en suis le premier à trister, à devoir bloquer une autoroute quand même.
00:14:16 La solution, ça serait quoi ?
00:14:18 Que le gouvernement vous entende ?
00:14:19 Qu'on demande à l'Union européenne de moins vous assommer de normes et de surnormes ?
00:14:25 Déjà, enlevons les normes franco-françaises qui vont en-dessus de celles de l'Union européenne.
00:14:31 On a un millefeuille qui est inaudible, incompréhensible.
00:14:35 On passe des heures dans nos bureaux parce que si on n'y est pas, on ne touche pas de subventions.
00:14:40 Les subventions, c'est 70% de notre revenu en céréales.
00:14:44 C'est inadmissible.
00:14:45 Ce n'est pas normal.
00:14:46 En 92, ce qui a été fait, on en paye les pots cassés.
00:14:49 Aujourd'hui, avec une inflation phénoménale, vous avez parlé du matériel agricole,
00:14:53 mais changer un tracteur aujourd'hui, ce n'est pas possible.
00:14:56 Ils ont pris entre 25 et 40% d'augmentation.
00:14:59 Le GNR, n'en parlons pas, qui est un des premiers consommables pour travailler nos champs.
00:15:03 Donc non, là, le gouvernement, qu'est-ce qu'il doit faire ?
00:15:06 Il doit nous protéger à Bruxelles.
00:15:08 Il doit dire, nous, on a une agriculture française respectueuse de l'environnement.
00:15:12 On arrête de faire entrer tout ce qui rentre hors de l'Europe avec des normes
00:15:16 que nous, agriculteurs français, n'avons même pas pour travailler.
00:15:19 Ce n'est quand même pas normal qu'il y ait des produits qui ont été interdits d'utiliser en France
00:15:23 et qui s'utilisent encore dans certains pays d'Europe.
00:15:25 - Et quand vous dites que le maïs que vous vendiez 400 euros à la tonne,
00:15:30 désormais c'est 200 euros, comment vous vous en sortez, financièrement, très concrètement ?
00:15:33 - Là, on prend sur la trésorerie de l'exploitation
00:15:38 et on commence à serrer les boulons pour 2024.
00:15:40 Et on n'est qu'au mois de janvier.
00:15:42 Et serrer les boulons, quand je vous dis serrer les boulons,
00:15:45 dans le monde agricole, on sait faire depuis des années.
00:15:47 Mais là, c'est une inquiétude, en fait, pour mon exploitation future.
00:15:50 Et je ne suis pas tout seul dans ce cas-là.
00:15:51 Il y a des gens aujourd'hui qui se sont mobilisés, qui ne sont jamais sortis de leur ferme.
00:15:55 Et s'ils sortent aujourd'hui, c'est parce que l'heure est grave.
00:15:58 Et j'aimerais que les syndicats s'accordent tous d'une même voix.
00:16:01 On n'est peut-être pas toujours d'accord sur tout.
00:16:03 Mais prenons le mouvement ensemble.
00:16:05 À un moment ou à un autre, ça doit bouger.
00:16:08 Les hommes politiques ont compris, apparemment, hier soir, ce qu'on a compris,
00:16:11 parce qu'on a enfin entendu parler de nous à la télé.
00:16:13 Bon, maintenant qu'on a parlé de nous, agissez.
00:16:15 Ils ont dit qu'ils se mettaient au travail hier soir. On attend des réponses claires.
00:16:18 - Une question de Louis Dragnel, monsieur Pironet.
00:16:20 - Bonsoir, monsieur. J'avais une question pour vous.
00:16:23 Je voulais savoir, en fait, depuis combien de temps vous produisez du maïs bio ?
00:16:27 Parce qu'on entend beaucoup aussi le fait que le président de la République, Emmanuel Macron,
00:16:31 a voulu faire monter en gamme les produits agricoles français,
00:16:34 qui ne rencontrent manifestement pas le succès escompté, notamment à l'exportation,
00:16:40 et qui se retrouvent confrontés, en fait, à un problème de concurrence déloyale.
00:16:44 Et donc les produits français se vendent moins et surtout moins cher.
00:16:47 Est-ce que vous, vous êtes impacté à cause de ça ?
00:16:52 - Oui, oui, tout à fait, exactement.
00:16:55 En fait, nous, ce qui se passe pour la production bio, c'est qu'il n'y a pas de consommation.
00:16:58 Tout simplement, les gens voient l'eau bio, ils s'en vont.
00:17:01 Donc les stocks de céréales dans les silos sont pleins.
00:17:04 Donc 2024 serait une problématique. Donc moi, je suis en bio depuis 2006.
00:17:07 Historiquement, il y a un petit berceau dans la Drôme où on a une coopérative qui a très très bien travaillé,
00:17:12 et qui aujourd'hui se retrouve avec des stocks qui vont partir normalement au mois de juin en conventionnel.
00:17:18 C'est-à-dire qu'on a produit en bio et ça part sur le marché libre.
00:17:20 Voilà. Et ça, c'est vraiment triste.
00:17:22 - Et est-ce que du coup, vous envisagez d'arrêter de produire en bio
00:17:25 et de vendre en production classique qui, sans doute, coûte moins cher et nécessite moins de standards ?
00:17:31 - Si je raisonne économiquement, j'y vais tout de suite.
00:17:36 Mais ma philosophie, d'abord, elle était partie sur cette agriculture biologique.
00:17:39 Moi, je n'ai pas attendu que les pouvoirs publics nous donnent des aides pour faire du bio.
00:17:42 Dès que je me suis installé, c'était un choix personnel.
00:17:44 J'apporte un soutien à mes collègues conventionnels,
00:17:46 parce que moi, je les appelle collègues conventionnels, mais on est tous dans le même bateau.
00:17:50 Ils ne traitent pas pour le plaisir.
00:17:51 On leur a demandé de produire après la guerre, ils ont suivi le schéma de leurs parents
00:17:54 et ils continuent aujourd'hui.
00:17:56 Et je trouve qu'ils se mettent moins de produits qu'à une époque.
00:17:59 Donc, laissons-les travailler.
00:18:01 Arrêtons là-haut de décider des choses à Paris et à Bruxelles sans demander leur avis.
00:18:06 - Une dernière question, monsieur Guérinet.
00:18:07 Vous allez rester longtemps sur ce point de blocage ?
00:18:09 Vous vous apprêtez à rester plusieurs jours ?
00:18:12 - Oui, oui, le temps qu'il faudra, qu'on puisse avoir des réponses.
00:18:18 Il y a quelques renforts qui viennent d'arriver ce soir.
00:18:21 On va passer la nuit, on verra demain matin.
00:18:24 Déjà, on a fait l'entrée sur l'autoroute Fracassante ce matin.
00:18:27 On n'a pas pris trop de risques comparé à d'autres, heureusement.
00:18:31 Mais le risque, il en valait une partie parce qu'on a l'enjeu de nos fermes derrière.
00:18:35 Moi, j'ai fait agriculteur, c'est parce que c'est ce métier qui m'a choisi.
00:18:39 C'est une passion, je veux en vivre et je veux que ma ferme aille jusqu'au bout,
00:18:42 qu'elle soit reprise dans l'emprise familiale ou par quelqu'un d'autre, tout simplement.
00:18:47 - Eh bien, merci beaucoup, Laurent Guironnet, de ce témoignage très fort sur CNews.
00:18:51 CNews qui est aux côtés des agriculteurs, comme vous le savez.
00:18:54 Merci à Olivier Madinier qui est à vos côtés.
00:18:56 On entend cette détermination.
00:18:58 Ce n'est pas de la connerie, c'est à la fois de la détermination et de la résignation.
00:19:02 Il y a les deux, encore une fois, Sandrine Leffert, vous êtes et agricultrice et députée Renaissance.
00:19:08 Qu'est-ce que vous leur dites à vos collègues quand vous les croisez ?
00:19:09 Parce qu'ils vous disent "mais toi, tu fais partie des députés,
00:19:12 toi, tu les votes ces lois et tu ne fais rien pour nous".
00:19:15 C'est ce qu'ils vous disent ?
00:19:16 - Non, pas du tout.
00:19:17 J'ai pu évidemment échanger avec les agriculteurs du Finistère, du Pays de Morlaix,
00:19:22 puisqu'ils ont prévu de bloquer les voies express par chez moi.
00:19:29 Non, en toute transparence, la loi EGalim, elle n'est pas parfaite.
00:19:35 On a fait une loi EGalim 2 pour la modifier.
00:19:37 Je pense sincèrement qu'on a donné les clés aux agriculteurs
00:19:41 pour qu'ils puissent négocier dans les négociations commerciales
00:19:44 et être plus forts face à la grande distribution.
00:19:46 Mais je pense qu'on n'a pas été assez loin.
00:19:48 Il faut aller beaucoup plus loin.
00:19:50 L'État doit être peut-être plus interventionniste dans ses négociations commerciales.
00:19:54 Moi, je pose la question.
00:19:56 Est-ce qu'il ne faut pas sortir l'agriculture du marché commercial ?
00:20:01 Est-ce que l'agriculture doit être un bien commercial comme les biens des industries, etc. ?
00:20:07 Je ne crois pas parce qu'on demande beaucoup aux agriculteurs, et à raison.
00:20:11 On leur demande de nous nourrir.
00:20:12 On leur demande de préserver la planète, la biodiversité, de nous nourrir proprement.
00:20:18 Et on a raison de le faire.
00:20:19 Il y a des enjeux écologiques très forts.
00:20:22 Donc moi, je leur demande vraiment cela.
00:20:24 Mais en fait, il faut comprendre que quand on est sur une exploitation,
00:20:27 qu'on travaille toute la journée, dans le froid, la veille de Noël,
00:20:31 le lendemain de Noël, quand on va à la traite,
00:20:33 quand on est dans la boue en hiver,
00:20:35 quand on a trop chaud dehors l'été, qu'on doit récolter les légumes,
00:20:39 ça, c'est la réalité des agriculteurs.
00:20:40 Il est clair que leur première priorité, c'est d'avoir du revenu.
00:20:45 S'ils n'ont pas le revenu et la valorisation de leur travail,
00:20:49 ils ne peuvent pas penser à la transition écologique.
00:20:51 Donc c'est pour ça que moi, je les rejoins sur cette demande de revenu
00:20:55 et qu'on travaille pour qu'ils aient plus de revenus sur les exploitations.
00:20:59 - Éric Revelle, vous avez justement des chiffres sur les revenus des agriculteurs.
00:21:03 C'est stupéfiant.
00:21:04 - L'Asterès qui a été produit cet après-midi montre que, globalement,
00:21:08 si on appartient à la classe moyenne, qu'on soit agriculteur ou dans une autre profession,
00:21:12 on a à peu près le même type de revenu.
00:21:13 Mais pourquoi ?
00:21:14 Parce que la plupart des agriculteurs travaillent à côté.
00:21:17 Et les revenus sont liés à la ferme ou à l'exploitation à l'école,
00:21:23 ne représentent que 34%, c'est ce que dit cette étude,
00:21:26 du revenu annuel des agriculteurs.
00:21:28 Donc souvent, si c'est un couple, le mari travaille à côté,
00:21:33 la femme travaille également à côté.
00:21:35 - C'est le cas de Madame Lefeur.
00:21:36 - Exactement. Et en plus, ils s'occupent de l'exploitation.
00:21:39 Mais je voulais vous poser une question, Madame la députée.
00:21:41 Vous savez qu'il y a le plan vert qui est en discussion à Bruxelles.
00:21:44 Alors le plan vert, il comporte des contraintes très fortes, une baisse de production.
00:21:49 Les agriculteurs, vos collègues disent, en fait, si on baisse la production de 13 à 15%,
00:21:54 si ce plan vert est voté à Bruxelles, ça voudra dire qu'il faudra importer 13 à 15%,
00:22:00 parce que les consommateurs continueront à s'alimenter.
00:22:03 Or, les produits qu'on va importer ne respectent pas les normes européennes qu'on leur impose.
00:22:07 Donc c'est un sujet.
00:22:08 Et comment expliquez-vous que des membres de votre parti, à Bruxelles,
00:22:13 soutiennent ce plan vert, alors qu'à Paris,
00:22:16 quand on entend les responsables politiques de votre majorité relative,
00:22:19 ils sont plutôt contre ?
00:22:22 - Alors, il y a plusieurs sujets, parce que je pense que déjà,
00:22:26 on ne peut pas incriminer le Green Deal de la colère des agriculteurs,
00:22:30 puisqu'il vient tout juste d'être en cours de discussion.
00:22:35 Il leur fait peur, ça, je l'entends.
00:22:37 Moi, je suis pas toujours d'accord avec...
00:22:41 - Là, vous l'êtes pas du tout, visuellement.
00:22:42 - Parce que, faut vous dire, moi, j'ai voté contre le CETA.
00:22:46 Je suis pas en accord avec le Mercosur, qui est en discussion,
00:22:49 et je suis pas d'accord avec l'accord qui a été fait...
00:22:51 - C'est-à-dire l'ouverture à des marchés latino-américains ?
00:22:54 - Mais sur les sujets agricoles.
00:22:56 Et c'est pour ça que moi, je souhaite qu'on retire l'agriculture des accords commerciaux
00:22:59 et qu'on ait une exception agricole, une protection de notre agriculture,
00:23:03 comme on a une exception culturelle.
00:23:06 Moi, je suis favorable à ça.
00:23:07 En tout cas, j'aimerais que le débat soit posé,
00:23:09 parce que ça pose d'autres questions, mais j'aimerais que ce débat-là soit posé.
00:23:12 - Donc, vous ne comprenez pas la position des membres de votre majorité à Bruxelles
00:23:16 qui soutiennent le Green Deal, le Farm to Fork, de la ferme à la fourchette ?
00:23:20 - Si, on a des enjeux, quand même, de baisse des émissions de CO2 qui sont importants
00:23:26 et qu'on doit aller vers ça.
00:23:27 Évidemment, il faut dans nos accords commerciaux actuels,
00:23:30 puisque l'agriculture fait partie des accords commerciaux,
00:23:32 que les clauses miroirs deviennent une norme et pas une exception.
00:23:36 - Donc, c'est la réciprocité des normes d'un produit importé, c'est ça la clause miroir ?
00:23:40 - Tant que l'agriculture reste dans les accords commerciaux,
00:23:42 il faut absolument qu'on ait une clause miroir dans ces accords.
00:23:44 - C'est une des questions importantes, techniques.
00:23:46 Vous avez beaucoup dit, vous, Rachel, dans l'agriculture, il y a culture.
00:23:49 - Oui, et ça, évidemment, il faut le maintenir.
00:23:52 - Et on trouve que c'est un sujet.
00:23:53 Alors, effectivement, cette colère, et j'espère que ça mènera au bout,
00:23:57 parce que ça interroge énormément de choses.
00:24:00 Effectivement, l'exception, sortir l'agriculture du marché.
00:24:05 On parle beaucoup de souveraineté agricole,
00:24:08 mais cette souveraineté agricole, elle doit être aussi accompagnée
00:24:12 et elle généra, à mon avis, la citoyenneté agricole.
00:24:15 Réapprendre à nos jeunes comment on s'alimente.
00:24:18 Je suis sûre qu'il y a beaucoup de nos jeunes qui vont vers la malbouffe, etc.,
00:24:24 qui ne savent pas que les endives, c'est à telle saison,
00:24:26 que le maïs, c'est à telle saison.
00:24:29 Réapprendre à se nourrir aussi.
00:24:31 - Absolument. Allez, une petite pause.
00:24:32 On se retrouve dans un instant.
00:24:33 Gabrielle Etal, le Centre indien, s'entretiendra avec la Confédération paysanne.
00:24:37 Ce sera à 18h30.
00:24:38 On en parlera dans un instant.
00:24:39 On sera rejoint par Nadine Morano, députée européenne,
00:24:42 justement, Les Républicains.
00:24:43 A tout de suite dans Punchline.
00:24:47 17h30, on se retrouve en direct dans Punchline.
00:24:49 Sur C News, d'abord le rappel des titres de l'actualité avec Simon Guylain.
00:24:52 Simon.
00:24:53 - A l'occasion de ces voeux olympiques aux sportifs,
00:24:59 Emmanuel Macron a affirmé que le défi sécuritaire était immense
00:25:02 pour les Jeux olympiques.
00:25:04 30 000 policiers et gendarmes seront à pied d'oeuvre
00:25:06 chaque jour sur le territoire.
00:25:08 Par ailleurs, le chef de l'État juge plus que jamais atteignable
00:25:11 l'objectif de voir la France accéder au top 5 des pays les plus médaillés.
00:25:15 L'armée israélienne annonce la mort de 24 de ses soldats
00:25:18 dans la bande de Gaza hier.
00:25:19 C'est le plus lourd bilan en une seule journée depuis le 27 octobre.
00:25:23 Parmi les victimes figurent 21 militaires réservistes.
00:25:26 Au total, ce sont 221 soldats de Tsaïl qui ont été tués au combat
00:25:30 depuis le début de la guerre.
00:25:32 Et puis, les urgences en Dordogne vont rester inaccessibles la nuit,
00:25:35 sans appel préalable au SAMU.
00:25:37 Cette régulation de nuit ne devait durer que 4 mois,
00:25:40 mais elle a été généralisée,
00:25:41 alors qu'elle devait être une solution temporaire.
00:25:44 Une situation causée par un manque de médecins urgentistes
00:25:46 dans le département, Laurence.
00:25:48 Merci beaucoup Simon Guilain pour le rappel des titres de l'actualité.
00:25:50 On a été rejoint à plateau par Nadine Morano.
00:25:52 Bonsoir Nadine Morano, députée européenne Les Républicains.
00:25:56 D'abord le terrain, je vous passe la parole ensuite.
00:25:58 On rejoint Mathieu Devese et Sacha Robin.
00:25:59 Vous vous trouvez sur l'Assez, dans l'Oise.
00:26:02 Comment ça se passe autour de vous ?
00:26:03 Quelle est l'ambiance, Mathieu ?
00:26:05 Bonsoir Laurence.
00:26:10 Une cinquantaine de tracteurs et une centaine d'agriculteurs
00:26:13 sont mobilisés ici, à Beauvais, dans l'Oise,
00:26:16 depuis 10 heures ce matin.
00:26:18 Nous sommes sur l'autoroute Assez.
00:26:20 Une autoroute qui est désormais bloquée
00:26:21 dans les deux sens de circulation par des agriculteurs.
00:26:24 Vous le voyez et vous pouvez l'imaginer,
00:26:26 bien sûr des agriculteurs déterminés et surtout en colère.
00:26:29 C'est véritablement le sentiment qui prédomine ici, dans l'Oise.
00:26:33 Je vous propose d'écouter ces témoignages.
00:26:35 Ce sont des cris du cœur.
00:26:36 20 ans que les politiques nous promettent toujours
00:26:40 d'améliorer les choses dans les exploitations,
00:26:42 d'améliorer les revenus.
00:26:43 Et on s'aperçoit que ça fait 20 ans que les revenus baissent.
00:26:46 Ça ne me gêne pas de travailler 60 heures.
00:26:47 Ce n'est pas le fait de travailler 60 heures,
00:26:48 c'est de travailler pour gagner très peu
00:26:51 et d'avoir une pression morale énorme.
00:26:54 Je passe énormément de temps dans ma ferme,
00:26:57 au détriment certainement de ma famille par moments.
00:27:00 J'ai cinq enfants qui veulent vivre de l'agriculture plus tard,
00:27:03 qui rêvent de ça.
00:27:05 Je ne sais pas ce que je leur offrirai plus tard.
00:27:07 Je ne sais pas.
00:27:10 Tous le disent ici, le gouvernement est prévenu.
00:27:13 Il n'y aura pas de levée des actions de blocage
00:27:16 tant qu'il n'y aura pas d'annonce concrète,
00:27:18 tout simplement, de la part de l'exécutif.
00:27:20 Merci beaucoup Mathieu.
00:27:21 De Wez avec Sacha Robin sur La Saise.
00:27:24 On entend cette colère des agriculteurs.
00:27:26 Il y a évidemment la compassion pour la famille
00:27:29 de cette jeune agricultrice qui est morte à Pamier,
00:27:32 dans la Riège.
00:27:33 Cette colère-là, Nadine Morano,
00:27:35 elle ne date pas d'hier,
00:27:36 elle ne date pas d'Emmanuel Macron.
00:27:38 Elle remonte à des années,
00:27:39 parce que ça fait des années que les agriculteurs
00:27:41 nous disent "on ne s'en sort pas".
00:27:42 On rajoute des normes françaises aux normes européennes.
00:27:45 On en fait plus que ce qu'on devrait faire en réalité.
00:27:48 Si vous me permettez, je voudrais d'abord m'associer,
00:27:50 moi aussi, à la douleur de la famille d'Alexandra.
00:27:54 Les agriculteurs payent encore une fois un lourd tribut
00:27:58 et vraiment, je m'associe à la fois à leur colère
00:28:02 et à leur peine.
00:28:03 Maintenant, pour en revenir à ce qui se passe
00:28:05 dans la situation actuelle,
00:28:07 où il y a des mesures extrêmement concrètes
00:28:08 à prendre, notamment le gel de la taxe du GNR,
00:28:13 du gasoil non routier pour les agriculteurs,
00:28:16 ça me semble indispensable.
00:28:17 Cette accumulation de normes,
00:28:19 mais qui sont surtransposées,
00:28:21 parce que j'entendais ce que disait
00:28:22 le président de la FN et ce soir,
00:28:23 et beaucoup de nos agriculteurs,
00:28:25 parce que vous n'avez pas un agriculteur qui dit
00:28:27 "on ne veut plus d'Europe".
00:28:28 Vous n'entendez jamais ça dans la bouche des agriculteurs.
00:28:31 Mais ils disent "on veut une Europe
00:28:32 qui soit cohérente, protectrice
00:28:34 et qui nous permette de vivre".
00:28:35 Or, dans les mesures qui sont prises
00:28:37 et dans les textes qui sont pris au Parlement
00:28:40 et qui sont ensuite surtransposés
00:28:42 avec des normes, mais qui les écrasent.
00:28:44 Et ils n'arrivent plus à appliquer ces normes.
00:28:47 Ils perdent beaucoup de temps à appliquer ces normes.
00:28:50 Et quand j'entendais le ministre de l'Agriculture
00:28:52 tout à l'heure, à l'Assemblée nationale,
00:28:54 répondre à Julien Dive, député LR,
00:28:56 qui connaît bien les questions agricoles,
00:28:58 en disant "mais non, les députés macronistes,
00:29:00 Renaissance, au Parlement européen,
00:29:03 ils défendent la cause des agriculteurs".
00:29:04 Je vous ai emmené les listes de votes
00:29:06 pour que vous voyiez.
00:29:07 Elles sont consultables, évidemment,
00:29:09 sur le site du Parlement européen.
00:29:11 Vous pourrez retrouver les votes
00:29:12 de vos députés français.
00:29:14 Et c'est pour ça que je vous incite vraiment
00:29:16 à bien réfléchir le 9 juin.
00:29:17 - Et ça montre quoi, ça, alors ?
00:29:18 - Parce que le texte sur ce qu'on appelle
00:29:21 la stratégie de la ferme à la table,
00:29:23 pour lequel les députés, les Républicains français,
00:29:26 ont voté contre, et donc vous pouvez retrouver
00:29:29 notre liste de votes et nos votes
00:29:32 sur le Parlement européen.
00:29:34 Mais l'autre texte aussi, sur la restauration
00:29:36 de la nature, où nous avions voté
00:29:39 pour une motion de rejet de ce texte.
00:29:41 Ces textes, qu'est-ce qu'ils disent ?
00:29:43 En fait, ces textes imposent
00:29:46 une décroissance agricole.
00:29:48 Et donc de mettre 10% des terres agricoles
00:29:50 en jachère, et on est en train de vouloir
00:29:53 faire baisser la production de nos agriculteurs.
00:29:56 Et on leur dit maintenant...
00:29:56 - Tout en important, parce qu'on a besoin...
00:29:58 - Tout en important.
00:29:59 Je vous rappelle que la France était
00:30:01 derrière les États-Unis,
00:30:02 le deuxième pays exportateur.
00:30:04 On est passé à la septième place.
00:30:06 Aujourd'hui, un poulet sur deux est importé.
00:30:08 70% des produits de la mer sont importés.
00:30:11 Je pourrais continuer longtemps comme ça
00:30:13 sur tout ce qu'on importe aujourd'hui,
00:30:15 alors qu'on devrait permettre 30% des légumes
00:30:18 et 71% des fruits aujourd'hui.
00:30:21 Donc, il faut laisser nos agriculteurs nous nourrir.
00:30:24 C'est la base vitale d'un pays, les agriculteurs.
00:30:27 Ils sont là pour nous nourrir.
00:30:29 On a besoin d'eux et on les empêche
00:30:31 de travailler, on les empêche de gagner leur vie.
00:30:33 Donc, à un moment, toutes ces normes les écrasent.
00:30:36 Ils n'en peuvent plus.
00:30:37 Alors, on leur dit, vous vous rendez compte,
00:30:38 il y a le réchauffement climatique.
00:30:40 Vous, vous êtes agriculteur.
00:30:41 Alors, vous avez plusieurs missions.
00:30:42 Première mission, nourrir les gens.
00:30:44 Deuxième mission, faire attention
00:30:45 à tous nos espaces naturels, de vie,
00:30:48 les espaces, les zones sensibles.
00:30:51 Et donc, vous devez replanter des haies.
00:30:53 À un moment, on leur disait,
00:30:54 il faut faire des grands champs,
00:30:56 des grandes étendues.
00:30:57 Maintenant, on leur dit, non, pour la biodiversité,
00:30:59 vous aurez, vous pourrez toucher des aides supplémentaires
00:31:02 de la PAC, la PAC Verdi, en fait, la PAC verte.
00:31:06 Mais si vous mettez en application
00:31:09 les mesures contraignantes environnementales.
00:31:11 Et donc, du coup, on est en train de,
00:31:14 on va obligatoirement produire moins.
00:31:16 D'ailleurs, les Américains, eux, ont produit,
00:31:19 ont prévu de produire 40% de plus.
00:31:21 Et quand ils ont fait l'analyse dans les services...
00:31:24 - Et pas avec nos normes.
00:31:25 Et pas avec nos normes.
00:31:27 - Et quand ils ont fait l'analyse
00:31:29 de la stratégie européenne de la ferme à la table,
00:31:33 les Américains ont dit,
00:31:34 la stratégie européenne, elle va amener
00:31:36 à 12% de production en moins,
00:31:38 à une augmentation des prix entre 9 et 90%.
00:31:41 On se dit, mais on est fous.
00:31:43 La Chine explique qu'il faut absolument produire
00:31:46 pour être en autosuffisance.
00:31:48 Et nous, on dit à nos agriculteurs,
00:31:50 ah ben non, là, maintenant,
00:31:52 on va retenir de la nature.
00:31:54 Et qui fait ça, Laurence Ferrari ?
00:31:56 Qui fait ça ? Il faut que vos téléspectateurs
00:31:58 le sachent, c'est que le président
00:32:00 de la commission environnement
00:32:01 au Parlement européen, c'est Pascal Canfin.
00:32:04 Et donc Pascal Canfin,
00:32:05 quel est son... - Macroniste.
00:32:06 - Alors, il est d'abord...
00:32:07 C'était un vert qui est passé chez Macron,
00:32:10 qui a été ministre de France Hollande,
00:32:12 en charge du développement,
00:32:13 et qui est un vert, mais jusqu'auboutiste,
00:32:16 jusqu'auboutiste, avec qui on ne peut pas
00:32:19 arriver à trouver des dispositifs
00:32:21 qui permettent d'assurer ses missions
00:32:23 pour les agriculteurs.
00:32:24 Donc moi, je dis que la priorité,
00:32:26 plutôt que de dire, ah ben l'Europe, l'Europe,
00:32:28 c'est pas que l'Europe.
00:32:29 Il faut que tous les dispositifs français
00:32:32 soient remis sur la table, mais maintenant,
00:32:34 parce que ça aurait dû être fait depuis longtemps,
00:32:36 en disant, vous devez toucher vos aides de la PAC.
00:32:38 Il y a des agriculteurs qui devaient toucher
00:32:40 depuis mi-octobre des aides de la PAC
00:32:42 qui n'ont pas été versées, tout est en retard,
00:32:44 parce qu'il faut contrôler, vérifier
00:32:46 qu'ils ont bien mis en oeuvre les mesures
00:32:48 pour tailler les... comme ci, comme ça.
00:32:50 Et donc, vous avez rien que sur la taille des...
00:32:52 Vous avez un listing de 12...
00:32:55 - 14.
00:32:56 - 14, entre 14 et 12.
00:32:58 - 14.
00:32:58 - On entend le coup de gueule de Naldine Morano.
00:33:02 Il y a beaucoup de choses à en dire.
00:33:04 J'aimerais juste qu'on parte à l'Assemblée nationale.
00:33:06 Vous avez évoqué Marc Fesneau.
00:33:07 Il a répondu, lui aussi, aux oppositions,
00:33:09 et notamment à une députée de la France insoumise.
00:33:11 Écoutez cet échange, et après,
00:33:13 on reviendra sur ce qui a été dit.
00:33:14 Nos agriculteurs sont en compétition
00:33:19 avec le reste du monde,
00:33:20 et vous continuez à signer les accords de libre-échange.
00:33:24 Le monde agricole a toujours su s'adapter,
00:33:26 et aujourd'hui encore, il est prêt.
00:33:28 Il suffit de lui donner les moyens.
00:33:30 Sans mesures ambitieuses, nos campagnes risquent de finir
00:33:33 aussi vides que la loi que nous attendons depuis un an.
00:33:36 Alors, réveillez-vous, monsieur le ministre.
00:33:38 Les agriculteurs disparaissent,
00:33:40 il y a un suicide tous les deux jours.
00:33:41 Des centaines de familles sont détruites chaque année
00:33:44 à cause de l'incertitude et de la précarité
00:33:46 des marchés agricoles.
00:33:47 Ça suffit, vos discours creux et vos reculades.
00:33:50 Les paysans veulent vivre de leur travail.
00:33:52 Je pense que chacun doit faire aussi son examen de conscience,
00:33:55 si je peux me permettre.
00:33:56 Alors moi, je prends mes responsabilités,
00:33:59 mais vous, je vous invite à prendre les vôtres.
00:34:02 À prendre les vôtres pour qu'on trouve le juste prix
00:34:04 et la rémunération,
00:34:05 et à prendre les vôtres pour qu'enfin on leur dise
00:34:08 qu'on leur fait confiance
00:34:09 et qu'on va les accompagner dans les transitions,
00:34:12 pas qu'on va les braquer
00:34:13 et pas qu'on va leur caler un modèle
00:34:15 qui n'existe que dans des utopies,
00:34:18 qui n'existe nulle part sur la Terre.
00:34:20 Allez sur le terrain, écoutez-les !
00:34:22 Écoutez-les !
00:34:24 La colère qui s'exprime,
00:34:27 la colère qui s'exprime,
00:34:29 c'est une colère d'un sentiment de relégation,
00:34:32 de mépris et de déclassement.
00:34:34 Et c'est ça contre lequel il faut lutter.
00:34:37 Voilà pour Marc Fesneau.
00:34:37 Vous étiez dans l'hémicycle tout à l'heure
00:34:39 quand il a prononcé cette phrase.
00:34:41 Oui, mais moi j'aimerais revenir sur ce qu'il dit.
00:34:44 Allez-y, ouvrez le débat avec Nadine Moradot.
00:34:46 Non mais parce qu'on peut faire des grands constats
00:34:48 et des grandes phrases politiques,
00:34:50 mais moi je voudrais juste parler du terrain.
00:34:52 Qu'est-ce qui aujourd'hui empêche,
00:34:54 depuis plusieurs années d'ailleurs,
00:34:57 les agriculteurs de produire et de gagner de l'argent ?
00:34:59 Ce sont les sécheresses à répétition.
00:35:01 C'est le manque d'eau, c'est la grêle,
00:35:04 c'est le changement climatique.
00:35:05 Et si les agriculteurs ne s'adaptent pas
00:35:08 à ce changement climatique,
00:35:09 ils n'arriveront pas à produire et à nous nourrir.
00:35:12 Donc leur faire croire que le réchauffement climatique,
00:35:15 ce n'est pas grave et qu'on peut rester,
00:35:17 continuer à produire dans ce modèle-là
00:35:19 en utilisant des pesticides, des engrais, etc.
00:35:22 Il faut aller sur le terrain, il faut voir les sols,
00:35:24 il faut voir l'état des sols.
00:35:25 Certes, les rendements agricoles ont fait qu'augmenter
00:35:28 après la guerre grâce aux pesticides et aux engrais azotés.
00:35:31 Mais aujourd'hui, ce n'est plus le cas.
00:35:33 Et on ne va pas pouvoir continuer comme ça.
00:35:34 Le sol ne va pas le supporter.
00:35:36 Alors oui, peut-être qu'à un moment donné,
00:35:39 il va falloir changer de modèle de production.
00:35:41 Et je ne vise pas un modèle en particulier,
00:35:43 je vise tous les modèles,
00:35:44 puisque tous les modèles doivent évoluer.
00:35:46 Même en bio, on a des difficultés.
00:35:49 Mais ce n'est certainement pas en mentant aux agriculteurs,
00:35:51 en leur disant "continuez de produire comme ça",
00:35:53 puisque de toute façon, ce modèle de production
00:35:56 ne leur a pas amené du revenu,
00:35:57 et ça depuis des années et des années.
00:36:00 Et donc, il va falloir, il faut leur dire la vérité,
00:36:03 assumer le changement climatique,
00:36:05 l'adaptation au changement climatique
00:36:07 et le changement des modes de production.
00:36:09 Si ça doit passer par une baisse de production momentanée,
00:36:13 évidemment, quand on passe en bio,
00:36:15 le temps que la nature et que le sol
00:36:18 se remettent en bon fonctionnement,
00:36:21 il y a une baisse de production.
00:36:22 Mais après, on retrouve des niveaux de production corrects.
00:36:25 Continuons avec les pesticides,
00:36:27 continuons avec les endérits azotés et phosphatés,
00:36:29 continuons à détruire nos sols,
00:36:31 on verra si les rendements agricoles continuent d'augmenter.
00:36:33 - Éric, peut-être un mot sur ce débat ?
00:36:35 - Oui, ça c'est juste le réchauffement climatique
00:36:36 qui bouleverse, y compris évidemment l'agriculture.
00:36:40 Mais le vrai sujet, me semble-t-il,
00:36:42 moi j'adhère tout à fait à ce que vous venez de dire.
00:36:44 - Ce n'est pas contradictoire d'ailleurs.
00:36:46 - Non, mais si vous voulez, le vrai sujet...
00:36:47 - Vous venez parler de la baisse de production.
00:36:49 - Mais bien sûr, mais...
00:36:50 - Attendez, madame...
00:36:51 - Pardon, désir sur le...
00:36:53 - Non, mais juste, ce qui est complètement déroutant,
00:36:56 si vous voulez, c'est que l'Europe,
00:36:57 au-delà des normes qu'elle empile,
00:36:59 l'Europe se met en position, j'allais dire,
00:37:01 de laver plus blanc,
00:37:03 alors que vous êtes entouré de marchés,
00:37:06 vous parliez du Mercosur tout à l'heure,
00:37:08 on peut parler des Etats-Unis,
00:37:09 la façon dont ils produisent du poulet,
00:37:10 la façon dont ils produisent du maïs, par exemple,
00:37:14 qui ne respectent aucune norme.
00:37:15 C'est-à-dire que l'Europe va peut-être sacrifier
00:37:18 ses agriculteurs, va peut-être sacrifier
00:37:20 une partie de ses agriculteurs
00:37:22 pour sauver l'intégralité de la planète.
00:37:23 - C'est pas les sacrifier.
00:37:24 - Mais si vous voulez, dans...
00:37:25 Non, mais je vais vous faire une comparaison,
00:37:27 je vais vous faire une comparaison,
00:37:28 après je me tais.
00:37:29 On a poussé les agriculteurs à faire du bio,
00:37:31 vous êtes d'accord, en leur disant "c'est formidable,
00:37:33 il y a beaucoup de gens dans les villes
00:37:34 qui veulent consommer du bio,
00:37:36 ils pensent que c'est meilleur pour leur santé,
00:37:37 les produits ont moins de pesticides
00:37:39 et en plus, vous allez faire du bien à la Terre".
00:37:41 Bien, ça me rappelle, si vous voulez,
00:37:43 une époque où on disait aux Français
00:37:44 "il faut acheter du diesel et laisser tomber l'essence".
00:37:46 Puis après, on s'est mis à taxer le diesel.
00:37:49 En fait, le bio était sans doute une bonne idée,
00:37:51 sauf qu'avec la crise de l'inflation,
00:37:52 la consommation s'est effondrée,
00:37:54 les chaînes qui vendent du bio dans les cités
00:37:57 ont fermé leurs portes, ont fait faillite
00:37:59 et l'agriculteur qui était parti pour faire du bio,
00:38:02 à la fois pour faire du bien à la Terre
00:38:04 et pour augmenter son revenu,
00:38:06 il s'est trouvé grand jambon comme devant.
00:38:07 - Parce que le consommateur aujourd'hui
00:38:09 n'est pas prêt à payer les services environnementaux
00:38:12 que les agriculteurs doivent fournir.
00:38:16 C'est obligé, ils aménagent le territoire,
00:38:18 ils entretiennent le territoire, ils sont obligés.
00:38:20 Il n'y a pas que produire, il y a aussi préserver la biodiversité,
00:38:23 préserver nos paysages.
00:38:24 Donc, le consommateur n'est pas prêt aujourd'hui à le faire.
00:38:27 Donc, c'est aux politiques publiques
00:38:29 de soutenir les agriculteurs qui sont engagés
00:38:32 dans des démarches, que ce soit bio
00:38:34 ou autres démarches environnementales.
00:38:35 C'est aux politiques publiques de le faire,
00:38:37 puisque le consommateur aujourd'hui n'est pas prêt
00:38:40 à rémunérer le producteur sur les services environnementaux.
00:38:43 - Alors justement, on va écouter.
00:38:44 On en a posé la question à nos téléspectateurs.
00:38:46 Est-ce que vous êtes prêts à payer un petit peu plus
00:38:47 pour donner un peu d'air, un bol d'air aux agriculteurs ?
00:38:50 Beaucoup sont coincés par le pouvoir d'achat.
00:38:51 Écoutez la réaction.
00:38:53 - Tout est relatif.
00:38:54 Si c'est 50 centimes, oui.
00:38:58 Bon, si c'est au-delà, non, moi je ne pourrais pas.
00:39:01 Financièrement, je ne pourrais pas.
00:39:03 Ou alors, voilà, il faut augmenter les retraites,
00:39:05 il faut augmenter les salaires.
00:39:06 Oui, parce que les agriculteurs,
00:39:08 moi je connais un petit peu ce milieu-là.
00:39:10 Il y en a qui crèvent la dalle.
00:39:12 Il y a des gros qui gagnent de l'argent,
00:39:14 mais les trois quarts des petits, là, ils crèvent de faim.
00:39:16 - On peut payer un peu plus cher,
00:39:18 mais pour de la qualité, oui, on peut payer un peu plus cher.
00:39:21 - Un peu plus, oui, c'est certain, oui.
00:39:23 C'est tout à fait normal, ce serait normal.
00:39:26 - Mais je ne vois pas combien je pourrais mettre.
00:39:29 C'est selon.
00:39:30 - On a dit de Montrano, on les entend, là, les Français,
00:39:32 qui sont eux-mêmes très, très justes.
00:39:34 - Bien sûr, mais vous savez, quand vous allez faire vos courses,
00:39:37 moi, je vais faire mes courses aussi,
00:39:39 et quand vous regardez le prix des légumes ou le prix des fruits,
00:39:43 quand vous prenez une clémentine qui vient du Maroc,
00:39:47 voire même de l'Espagne ou de la France,
00:39:49 ou nos clémentines corses,
00:39:52 qu'est-ce qui pèse sur le prix ?
00:39:55 C'est le coût du travail.
00:39:57 C'est le coût du travail, c'est le coût des normes,
00:39:59 c'est les coûts qui pèsent, le coût du travail.
00:40:03 Quand vous mettez un euro pour produire une clémentine au Maroc
00:40:07 et quand vous voyez le coût en termes de coût du travail en France,
00:40:11 c'est énorme.
00:40:12 Donc, c'est sur tous ces sujets, ce que dit madame, elle est agricultrice.
00:40:15 Donc, moi, je vis dans un territoire très rural
00:40:18 et les agriculteurs, on les rencontre régulièrement.
00:40:20 On les voit, on les entend.
00:40:22 Moi, j'entends votre discours.
00:40:23 Je trouve que votre discours, il n'est pas en contradiction,
00:40:26 en fait, avec ce qu'on a envie de dire.
00:40:28 Et je pense que tous les agriculteurs peuvent se retrouver dans le fait de dire
00:40:31 qu'on veut produire mieux parce qu'on a conscience
00:40:34 qu'on a en responsabilité l'avenir des terres,
00:40:38 de nos enfants, de la production.
00:40:40 Mais en même temps, vous ne pouvez pas leur dire que,
00:40:43 d'une manière arbitraire comme ça, on va consacrer 10 %,
00:40:46 alors que la PAC, c'est 4 % de mise en jachère des terres,
00:40:49 on va mettre 10 % sur la loi sur la restauration de la nature.
00:40:54 On rend 20 % aux exploitations,
00:40:59 enfin à la nature, en fait, de ce qui devrait revenir aux exploitations agricoles.
00:41:04 Alors, vous pouvez me le dire comme vous voulez,
00:41:05 mais à partir du moment où vous retirez des surfaces agricoles,
00:41:10 par définition, vous allez moins produire.
00:41:12 Et en fait, vos collègues agriculteurs nous le disent.
00:41:15 Nous, on est écrasé par les normes.
00:41:17 On est écrasé par ce qu'on nous demande en termes de contrôle.
00:41:20 On est écrasé par la fiscalité, par le coût du travail, par les prix.
00:41:23 - Alors, votre réponse, Sandrine Lefeur ?
00:41:25 - Donc, il faut comprendre que mettre des terres en jachère,
00:41:28 c'est bénéfique à l'agronomie et au sol.
00:41:32 C'est ce que j'expliquais tout à l'heure.
00:41:34 On va devoir, à un moment donné, changer de modèle.
00:41:36 C'est-à-dire, oui, il va falloir que les terres se reposent.
00:41:39 Quand il y avait le sujet des néonicotinoïdes,
00:41:41 moi, je n'ai pas de betterave sucrière chez moi en Bretagne.
00:41:43 Je me suis déplacée en Essonne.
00:41:45 J'ai vu...
00:41:46 Je suis sortie, j'ai vu l'état des sols.
00:41:50 J'ai compris tout de suite, en fait.
00:41:52 J'ai compris tout de suite, on n'a pas des sols comme ça en Bretagne.
00:41:55 Il y a clairement besoin de diversifier les productions
00:41:58 et de ramener peut-être un peu d'élevage dans des zones
00:42:01 où on a perdu cet élevage-là et de restructurer les sols.
00:42:04 Le sujet des néonicotinoïdes et des pucerons
00:42:09 qui viennent attaquer la betterave,
00:42:11 c'est un manque de rotation, de diversité, de repos du sol.
00:42:15 Donc, moi, je pense qu'au niveau européen,
00:42:17 le green deal, le repos des sols, c'est essentiel, en fait.
00:42:23 On a besoin de retrouver cette rotation agricole qu'on a perdu.
00:42:26 Quitte à ce qu'il y ait des agriculteurs qui se cassent la figure
00:42:28 parce qu'ils n'ont plus de revenus.
00:42:29 Ils ne se casseront pas la figure, justement.
00:42:31 Pourquoi ils sont dans la rue, vos collègues ? Expliquez-nous.
00:42:34 Mais ça, c'est un manque de revenus.
00:42:37 Ça, c'est des négociations commerciales.
00:42:39 On a fait Egalim 1, Egalim 2.
00:42:41 Malheureusement, avec les crises Covid et inflationnistes qu'on a connues,
00:42:45 on n'a pas pu en voir les bénéfices.
00:42:46 Mais dès 2019, déjà, les négociations commerciales
00:42:50 allaient mieux grâce à cette loi Egalim.
00:42:52 Mais maintenant, il faut qu'on oblige la grande distribution,
00:42:57 qui depuis la crise sanitaire et inflationniste,
00:43:00 ne respecte plus la loi dans les négociations commerciales.
00:43:03 On les oblige à respecter la loi dans les négociations commerciales.
00:43:07 Et c'est à elles de prendre sur leurs marges
00:43:09 et pas de tirer les prix payés aux producteurs vers le bas.
00:43:12 On parlait du bio.
00:43:13 Moi, le bio, il est un peu plus cher sorti producteur.
00:43:18 Mais c'est la grande distribution et les magasins spécialisés
00:43:22 qui multiplient par 3, par 4, par 5 le prix payé aux producteurs.
00:43:26 Moi, je sais, j'ai déjà vendu des légumes sortis de coopératives.
00:43:30 Quand je regarde le prix qu'ils me sont payés,
00:43:32 quand je regarde le magasin dans lequel ils sont vendus,
00:43:35 c'est multiplié par 4 ou par 5.
00:43:37 C'est là le problème, en fait.
00:43:39 Et aujourd'hui, certes, il y a un besoin pour les consommateurs
00:43:43 de retrouver du pouvoir d'achat, etc.
00:43:45 Ça, c'est un sujet.
00:43:46 Mais il y a aussi la grande surface doit prendre sur ses marges,
00:43:50 rémunérer correctement l'agriculteur
00:43:52 et pouvoir offrir un produit accessible aux consommateurs.
00:43:55 Louis Drangmel.
00:43:56 En vous écoutant, il y a beaucoup de choses qui apparaissent comme du bon sens,
00:44:00 mais il y a aussi d'autres choses que vous n'évoquez pas forcément.
00:44:02 Et beaucoup d'agriculteurs, pour eux, c'est une aberration.
00:44:05 J'ai fait une toute petite liste.
00:44:06 Vous parliez tout à l'heure des pesticides.
00:44:09 Où est-ce qu'on en est dans les alternatives aux pesticides ?
00:44:11 Je pense que 90 ou 100 % des agriculteurs
00:44:14 sont tout à fait prêts à ne pas utiliser de pesticides
00:44:16 si on leur propose un produit qui ne pose aucun problème pour l'environnement.
00:44:21 On leur dit qu'ils polluent trop.
00:44:22 Mais on vient d'écouter dans le reportage avant
00:44:24 qu'un tracteur, le prix du tracteur a augmenté 30 à 40 %.
00:44:28 Il n'y a pas de tracteur électrique français ni européen.
00:44:30 Et donc, en fait, ils sont dans une situation complètement coincée.
00:44:32 Ce n'est pas des anti-écolo, évidemment.
00:44:34 Ils veulent transmettre et s'ils veulent transmettre à leurs enfants.
00:44:36 On écoutait une mère de famille tout à l'heure.
00:44:38 Elle ne veut pas leur transmettre une ferme qui ne va rien rapporter
00:44:41 avec une terre qui est complètement atrophiée et qui ne peut rien donner.
00:44:44 Ensuite, il y a les accords.
00:44:46 - Il faut que c'est bientôt la fin de l'émission.
00:44:48 - Il y a les accords de libre-échange.
00:44:49 Là, c'est des choix politiques.
00:44:51 Et c'est des choix politiques qui engagent un gouvernement, un chef de l'État.
00:44:54 Le président de la République a pris des positions là-dessus.
00:44:57 Il y a la question des bassines.
00:44:58 On en a beaucoup parlé.
00:45:00 La question de l'irrigation et des retenues d'eau, ça se fait depuis tout le temps.
00:45:04 - Alors, une réponse de Sandrine Leffert.
00:45:05 Il ne reste une minute.
00:45:06 - Et enfin, le dernier point que j'avais identifié,
00:45:09 c'est la politique de montée en gamme qui a été décidée par le président de la République
00:45:13 et qui manifestement ne rencontre pas le succès qui avait été voulu par Emmanuel Macron.
00:45:16 - Et la concurrence commerciale, vous en parlez, l'homme ?
00:45:18 - Je vais essayer de répondre très rapidement.
00:45:20 Pour les pesticides, c'est clairement...
00:45:21 On doit contraindre les firmes multinationales
00:45:24 de mettre leur budget recherche beaucoup plus sur les produits de biocontrôle.
00:45:27 Je prends un exemple, c'est le ciment.
00:45:28 Aujourd'hui, on sait que les cimentiers, ils ont du ciment vert.
00:45:30 Si demain, on n'interdit pas le ciment classique,
00:45:33 jamais ils ne mettront en marché le ciment vert.
00:45:35 Et pourtant, ils ont les solutions.
00:45:36 Dans les pesticides, c'est la même chose.
00:45:37 Ils ont les solutions, mais tant qu'on ne les interdit pas,
00:45:39 malheureusement, ils ne les mettront jamais sur le marché.
00:45:42 Sur le GNR, on a déjà une stratégie qui a été mise en œuvre.
00:45:46 On a réduit la défiscalisation sur le GNR.
00:45:50 Donc, on y a déjà répondu aux agriculteurs.
00:45:53 D'ailleurs, ils ont obtenu aussi, sur la redevance des produits phytosanitaires,
00:45:56 une baisse de taxes.
00:45:58 C'est 50 millions d'euros perdus pour la transition énergétique et écologique,
00:46:01 pour les agences de l'eau notamment.
00:46:04 Sur l'irrigation, moi, je suis bien d'accord qu'on fasse des retenues collinaires,
00:46:07 mais pas des bassines comme à Saint-Sauline, où on pompe dans les nappes phréatiques.
00:46:10 On est en train de vider les nappes phréatiques pour remplir des bassines.
00:46:13 Ça, c'est pas tenable. Il faut qu'on fasse des retenues collinaires.
00:46:16 En Bretagne, on a l'eau qui part directement à la mer.
00:46:18 Faisons des retenues collinaires.
00:46:19 Mais là, on va se heurter aux écologues qui ne sont pas d'accord.
00:46:22 Vous voyez, il y a tous ces sujets-là.
00:46:23 En tout cas, c'est passionnant.
00:46:25 Effectivement, on voit que la vie des paysans est au cœur de nombreuses problématiques.
00:46:30 Et vous avez vu cette concurrence, il y a beaucoup de choses qui dépendent.
00:46:37 D'ailleurs, que l'Europe et d'ailleurs que de la France, en fait.
00:46:39 Et qui ne seront pas de qualité comme on peut les faire dans notre pays.
00:46:43 Merci beaucoup d'être venue, madame Lefer. Merci, Nadine Moradot.
00:46:45 Petite pause. On se retrouve dans un instant dans Punchline, sur CNews et sur Europe 1.
00:46:48 On reviendra sur la mort de cette agricultrice, Alexandra Sonnac.
00:46:52 Elle avait 37 ans. Elle a été percutée par un chauffard dans l'arrivée.
00:46:56 A tout de suite.
00:46:57 Bonsoir à tous et bonsoir à toutes.
00:47:02 Bienvenue dans Punchline, ce soir sur CNews et sur Europe 1.
00:47:05 Le prix du sang, les paysans l'ont toujours payé. Aujourd'hui comme hier.
00:47:08 Alexandra, une agricultrice de 37 ans, est décédée cette nuit à Pamlier, dans l'Ariège.
00:47:13 Son mari et sa fille sont grièvement blessés après qu'une voiture ait foncé sur un barrage.
00:47:17 La mort est leur lot quotidien.
00:47:19 Le prix du sang, ce sont aussi les suicidés, les pendus, les défenestrés,
00:47:23 qui dans leur ferme mettent fin à leur jour parce qu'ils pensent qu'ils n'ont pas d'autre solution.
00:47:27 Pour mettre leur famille à l'abri que de s'en remettre aux assurances.
00:47:30 De tout temps, les révoltes paysannes ont secoué l'histoire de notre pays,
00:47:34 de la grande Jacquerie au Bagaude, des croquants du Quercy au Chouan,
00:47:38 en passant par la fronde contre Louis XIII, où les paysans se sont retrouvés grougeons comme deux vents.
00:47:43 À chaque fois, il s'agissait pour le peuple de dire à un pouvoir sourd et aveugle,
00:47:48 non au taxe, non à la dîme et à la gabelle des temps modernes, non à l'injustice,
00:47:52 laissez-nous vivre et non pas survivre.
00:47:54 Une fois encore, il faut attendre des morts pour que nos dirigeants se réveillent,
00:47:58 pour que ces paysans, dont le pas régulier est séculaire valamble,
00:48:02 soient entendus, pris en considération après tant de peines et de souffrances niées.
00:48:06 Amis, entend-tu les craies sourds du pays qu'on enterre ?
00:48:11 On n'en dit pas ce soir dans Punchline.
00:48:12 Il est 18h, bienvenue sur Europe 1 et sur CNews.
00:48:25 D'abord, le rappel des titres de l'actualité.
00:48:27 À l'occasion de ses voeux olympiques, au sportif Emmanuel Macron a affirmé
00:48:30 que le défi sécurité était, je cite, "immense" pour les Jeux olympiques.
00:48:34 30 000 policiers et gendarmes seront à pied d'oeuvre chaque jour sur le territoire.
00:48:38 Le chef de l'État, qui juge par ailleurs, plus que jamais atteignable,
00:48:41 l'objectif de voir la France accéder au top 5 des pays les plus médaillés.
00:48:46 Nouveau drame dans une cité à Marseille.
00:48:48 Un homme de 24 ans a été tué d'une balle dans la tête.
00:48:50 Ça s'est passé hier après-midi dans la cité des Oliviers, au nord de Marseille.
00:48:54 La victime était connue de la justice, notamment pour trafic de drogue.
00:48:57 Une enquête pour homicide volontaire.
00:48:59 En bande organisée, a été ouverte et confiée à la police judiciaire.
00:49:03 Les demandes d'asile atteignent un niveau record en France.
00:49:06 Plus de 142 000 demandes ont été enregistrées l'année dernière,
00:49:10 soit une hausse de 8,6% par rapport à l'année précédente.
00:49:13 Cette augmentation est nettement inférieure à la moyenne européenne,
00:49:17 précise le patron de l'OFPRA.
00:49:19 Et puis, 109e jour de détention pour les otages
00:49:22 détenus par l'organisation terroriste du Hamas dans la bande de Gaza.
00:49:25 Trois de ces otages sont français.
00:49:27 Ils se nomment Ofer, Orion et Oad.
00:49:29 Nous pensons à tous ces otages ce soir et à leurs familles.
00:49:32 Nous demandons une fois de plus leur libération immédiate et sans condition.
00:49:36 Il est 18h01 sur Europe 1 et sur CNews.
00:49:38 Bienvenue si vous nous rejoignez.
00:49:39 Nous sommes avec nos invités.
00:49:41 Louis de Ragnel, chef du service politique d'Europe 1.
00:49:43 - Bonsoir Laurence.
00:49:43 - Rachel Khan, essayiste et juriste.
00:49:45 - Bonsoir Laurence.
00:49:45 - Eric Revelle, qui est journaliste.
00:49:46 - Bonsoir.
00:49:47 - Sabrina Medjeber, essayiste et sociologue.
00:49:49 - Bonsoir Laurence.
00:49:50 - Et deux agriculteurs.
00:49:51 Je suis à plaisir d'accueillir Patrick Legra, de la coordination orale.
00:49:54 - Bonsoir.
00:49:55 - Et vous êtes venu avec Pascal Bétaille.
00:49:56 Bonsoir à vous.
00:49:57 Vous êtes Bétaille, vous êtes agriculteur aussi.
00:50:00 On va entendre votre voix.
00:50:01 Et ce que j'ai dit tout à l'heure, je pense qu'il y a de nombreux Français qui le pensent,
00:50:05 que vous êtes le cœur battant de notre pays.
00:50:06 On va écouter l'un des vôtres, un agriculteur qui a Agen,
00:50:09 a dévarsé devant la préfecture des tripes, du lisier et de la peinture rouge.
00:50:13 Écoutez pourquoi.
00:50:15 - Là c'est la représentation des tripes et des cendres du paysan,
00:50:18 des agriculteurs, des paysans.
00:50:21 Ça représente ça, c'est un symbole fort.
00:50:23 On y laissera nos tripes et nos cendres s'il faut,
00:50:25 mais on va se défendre.
00:50:27 On va arrêter de crever comme ça la bouche ouverte.
00:50:30 On va se défendre jusqu'au bout.
00:50:32 Et s'il faut laisser nos tripes et nos cendres, c'est un symbole ça.
00:50:35 C'est ce qu'on voulait, on veut montrer à l'État jusqu'à où on est capable.
00:50:39 Je ne sais pas ce qu'ils attendent.
00:50:40 Il y a eu cette pauvre collègue agricultrice qui est décédée,
00:50:44 je ne sais pas ce qu'ils attendent.
00:50:45 Là il faut des réponses fortes, c'est des mesures directes qu'il nous faut là.
00:50:49 Ce soir il nous faut des réponses.
00:50:51 Là ce n'est plus possible.
00:50:55 Patrick Legras, on sent que la colère monte,
00:50:57 évidemment le drame de Palmier dans l'Ariège,
00:51:00 on va en parler dans un instant, la mort d'Alexandra.
00:51:03 Ça fait que vraiment il faut qu'on vous entende ce soir ?
00:51:07 Pascal en parlera mieux que nous, il est du Sud,
00:51:09 ce que je ne comprends pas et je pensais qu'en faisant un peu la provocation lundi,
00:51:15 et on l'avait dit que lundi soir on aurait sorti
00:51:20 le monde agricole au moins d'un mauvais pas,
00:51:23 parce que c'était le terme,
00:51:24 il y avait des possibilités de sortir quelque chose de symbolique.
00:51:30 Je ne comprends pas qu'on reste là, on attend quoi ?
00:51:35 On vous l'avait dit hier...
00:51:37 Vous êtes ému ce soir ?
00:51:39 Oui, parce que là c'est dramatique,
00:51:43 mais on va à Bruxelles, on l'avait fait, on savait que c'était important,
00:51:47 mais là si c'est le cas vraiment,
00:51:49 on se rend compte que Bruxelles décide de tout,
00:51:51 c'est-à-dire qu'aujourd'hui,
00:51:52 la souveraineté, on ne va même plus parler de souveraineté alimentaire,
00:51:56 notre peuple français n'est plus souverain,
00:51:58 c'est-à-dire qu'est-ce qu'on attend ?
00:52:00 Le rendez-vous a été fait par Matignon,
00:52:04 avec les personnes qu'il connaissent depuis des années,
00:52:07 cette congestion, et même ensemble ils n'arrivent pas à sortir
00:52:11 des objectifs ou des solutions.
00:52:14 C'est désespérant.
00:52:15 J'aimerais qu'on évoque la mémoire d'Alexandra Sonnac,
00:52:17 vous étiez sur place, on va en parler dans un instant avec vous,
00:52:20 Pascal Bétheil, je reviens avec Florian Doré
00:52:23 sur ce qui s'est passé, sur les circonstances de ce drame.
00:52:26 Son métier, elle l'aimait et il l'avait récemment réaffirmé
00:52:31 sur les réseaux sociaux avec cette photo.
00:52:33 Alexandra Sonnac, 35 ans, a perdu la vie ce mardi matin,
00:52:38 mortellement fauchée par une voiture sur la National 20,
00:52:40 à Pamier dans la Riège,
00:52:42 alors qu'elle manifestait avec d'autres agriculteurs.
00:52:45 Depuis 2016, elle tenait une exploitation familiale
00:52:48 à Saint-Félix-de-Tournegas, à quelques kilomètres des lieux du drame.
00:52:52 Dans sa ferme, Alexandra élevait des vaches limousines
00:52:55 et cultivait du maïs.
00:52:57 Originaire de Marseille, cette passion pour l'agriculture,
00:53:00 elle l'avait depuis toujours.
00:53:01 Dès sa jeunesse, elle rêvait de vivre à la campagne
00:53:04 et de travailler au contact des animaux.
00:53:06 Agricultrice, mais aussi mère de deux enfants,
00:53:09 son mari et l'une de ses filles, âgées de 14 ans,
00:53:12 ont été grièvement blessées dans l'accident.
00:53:14 En hommage à Alexandra, une minute de silence
00:53:16 a été respectée par les agriculteurs
00:53:18 sur les différents sites de mobilisation,
00:53:20 mais également à l'Assemblée nationale.
00:53:23 Voilà pour ce qu'on le sait de cette personnalité,
00:53:26 Alexandra Sonnac, vous étiez sur place,
00:53:28 monsieur Béthaye, qu'est-ce qui s'est passé ?
00:53:29 Enfin, vous n'étiez pas loin ?
00:53:31 Moi, j'étais sur le blocage d'Agen,
00:53:34 voilà, après ça ce matin, c'est dramatique,
00:53:37 on ne sait pas ce qui s'est passé, c'est un accident,
00:53:40 c'est des idiots, quand on fait ça, c'est des idiots,
00:53:42 on ne fonce pas sur un barrage.
00:53:44 Voilà, je n'en sais pas plus,
00:53:46 mais c'est lamentable, c'est dramatique,
00:53:48 c'est dramatique et c'est irréversible.
00:53:51 Bien sûr.
00:53:51 Louis Dragnel, est-ce que l'on en sait plus
00:53:53 sur les occupants de cette voiture
00:53:55 qui a fauché Alexandra Sonnac ?
00:53:57 Oui, trois personnes de nationalité arménienne,
00:54:00 donc un couple et une amie du couple,
00:54:03 et donc les trois étaient visés par une obligation
00:54:06 de quitter le territoire français.
00:54:07 Ils avaient fait une demande d'asile en 2022,
00:54:10 une demande qui avait été rejetée,
00:54:12 puis ils ont fait plusieurs recours
00:54:14 devant les juridictions administratives.
00:54:16 Ils ont encore une fois été déboutés,
00:54:17 donc à l'automne 2023, il y a quelques semaines seulement,
00:54:20 une obligation de quitter le territoire français
00:54:23 a été prononcée contre les trois personnes
00:54:25 qui occupaient le véhicule.
00:54:26 Donc cette obligation de quitter le territoire français
00:54:29 n'a pas été exécutée,
00:54:30 c'est la raison pour laquelle ces trois personnes
00:54:33 se trouvaient encore sur le territoire national.
00:54:34 Mais il n'y avait pas d'intention de foncer dans ce barrage,
00:54:38 c'est-à-dire des procureurs.
00:54:39 Il y a eu effectivement une conférence de presse
00:54:40 du procureur de la République tout à l'heure,
00:54:42 et qui a expliqué que, en tout cas d'après les éléments
00:54:44 dont il dispose, il n'y a aucune intentionnalité
00:54:48 de produire cet accident et encore moins de donner la mort.
00:54:51 C'est la raison pour laquelle on parle pour l'instant
00:54:53 de domicile involontaire.
00:54:55 - Monsieur Bétheil, encore une fois,
00:54:57 comment c'est possible ce genre de choses ?
00:54:58 C'est sécurisé, on imagine que vous vous faites attention,
00:55:00 les agriculteurs, quand vous faites des barrages,
00:55:02 vous mettez des bottes de paille,
00:55:03 tout est signalisé, encadré par les forces de l'ordre ?
00:55:06 - Voilà, tout est encadré par les forces de l'ordre.
00:55:09 Il y a un service de sécurité même des agriculteurs,
00:55:11 tout est organisé.
00:55:12 Comment ils se sont retrouvés face à cette voiture, je ne sais pas.
00:55:17 La voiture n'a rien à faire là.
00:55:18 Le barrage s'était coupé, la route était coupée,
00:55:21 ils ont dû faire quelque chose qu'il ne fallait pas.
00:55:22 Ça, c'est clair et net.
00:55:24 Ce qui est lamentable, c'est qu'une fois de plus,
00:55:26 ça tombe sur des gens qui ne veulent plus être sur le territoire.
00:55:29 Et là, on peut dire quand même que les politiques sont responsables.
00:55:32 C'est eux les responsables.
00:55:33 Maintenant, il va falloir qu'ils assument leur légèreté.
00:55:37 - Sur tous les plans ?
00:55:38 - Sur tous les plans. Mais ça, c'est le pire.
00:55:42 Quand il y a une fille qui est morte, c'est lamentable.
00:55:46 - Éric Reuvel, on est face à cette situation.
00:55:49 Les barrages qui se multiplient, les blocages se multiplient.
00:55:52 Les agriculteurs ne veulent pas en rester là.
00:55:54 Ils ont des doléances extrêmement précises.
00:55:56 Marc Fesneau, le ministre de l'Agriculture,
00:55:57 arrive sur place à Pamier dans quelques instants.
00:56:00 Est-ce qu'il y a une porte de sortie ?
00:56:01 Il y a une solution négociée possible ou pas ?
00:56:05 - Le gouvernement est dans l'obligation de trouver une porte de sortie.
00:56:08 Je ne sais pas si elles seront à la hauteur de vos attentes,
00:56:13 les différents syndicats d'agriculteurs.
00:56:16 Mais ce qu'on a du mal à comprendre,
00:56:19 et je rejoins un peu votre point de vue,
00:56:20 c'est que quand il faut autant de temps pour trouver des solutions
00:56:25 et les proposer à la négociation, deux choses l'une,
00:56:27 ou bien vous ignorez quel était l'état du malaise des agriculteurs,
00:56:31 et ça, c'est un aveu politique dramatique,
00:56:34 ou bien, et l'un n'exclut pas l'autre,
00:56:37 ou bien vous êtes obligé d'aller d'abord à Bruxelles,
00:56:40 demander si on peut proposer ceci ou si on peut proposer cela,
00:56:44 ce qui prend un peu plus de temps que de décider seul à Paris,
00:56:47 mais là, ça veut dire que la souveraineté alimentaire française
00:56:50 est remise en cause, et pardonnez-moi, c'est l'arme absolue.
00:56:53 Pour moi, il y a deux armes dans l'histoire d'un pays,
00:56:55 il y a l'alimentation et la démographie.
00:56:57 Si vous n'êtes plus souverain en matière d'alimentation,
00:57:00 c'est-à-dire que vous êtes obligé de demander à Bruxelles
00:57:02 qu'est-ce que vous pouvez faire comme concession financière
00:57:04 vu le plan vert qui est sur la table, qui est en négociation,
00:57:08 est-ce que vous ne pouvez pas faire ?
00:57:09 Ça veut dire qu'en fait, on n'a plus notre sort entre nos mains,
00:57:13 et ça, c'est un sujet qui devrait intéresser tous les Français.
00:57:16 Patrick Legras.
00:57:16 Non, ça oui, mais il y a des choses fortes,
00:57:20 je pense que c'est un problème aussi, je vais être brutal, mais d'ego.
00:57:24 Il y a des lois qui ont été faites, imposées,
00:57:30 ces derniers mois, ces dernières années, par le gouvernement actuel.
00:57:33 Je pense qu'il y a une volonté de ne pas faire marche arrière.
00:57:37 Quand je vois notre ministre de l'Agriculture, que j'ai vu en rentrant,
00:57:40 s'énerver autant et qu'il parfois dise "vous vous énervez trop",
00:57:43 je pense qu'aujourd'hui, l'énervement, il n'est pas du côté des agriculteurs,
00:57:46 l'énervement, il est sur des gens qui tout doucement,
00:57:50 avec la négociation faite des responsables,
00:57:53 je ne dis pas de la FNSEA, mais des responsables,
00:57:56 ont amené cette crise.
00:57:58 La crise, elle n'est pas venue du jour au lendemain.
00:58:00 Oui, là, elle est visible du jour au lendemain,
00:58:02 mais ça fait des mois, des années.
00:58:03 Je vais prendre un exemple que j'avais oublié.
00:58:06 Aujourd'hui, il faut savoir qu'à part d'heure de cette année,
00:58:08 on va avoir des satellites qui vont regarder nos parcelles
00:58:10 tous les trois ou quatre jours.
00:58:12 Cet argent-là, il n'a pas été voté par Pierre-Paul Jacques.
00:58:15 Mais pourquoi ? Pourquoi ils vont regarder vos parcelles ?
00:58:16 Eh bien, il faut leur demander à vos politiques.
00:58:18 Pourquoi on fait ça ?
00:58:19 Mais pourquoi ?
00:58:19 Assolez-vous aussi !
00:58:20 On commence...
00:58:21 Vous êtes électeur aussi !
00:58:23 Non, mais aujourd'hui, c'est-à-dire que si on le fait aujourd'hui,
00:58:25 parce qu'on va aller jusqu'au bout, si on le fait sur des champs,
00:58:28 pourquoi on ne le fait pas sur les hommes ?
00:58:29 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, tout ce qui a été fait,
00:58:32 ça a bien été négocié avec M. Rousseau ou Mme Lambert,
00:58:35 qui aujourd'hui est responsable européenne.
00:58:37 Donc aujourd'hui, tous ces gens qui s'effarouchent de ce qui se passe...
00:58:39 Ça, c'est vos leaders syndicaux,
00:58:40 vous ne les mettez pas dans votre cœur.
00:58:42 - Bagarre, bagarre... - J'entends.
00:58:44 Non, mais aujourd'hui, tous ces gens-là,
00:58:46 nous, on ne nous a pas demandé.
00:58:48 On a été évité.
00:58:49 Aujourd'hui, vous pensez que demain, les gens vont être contents.
00:58:52 Vous ne voyez pas l'argent que ça coûte de passer sur les champs
00:58:53 et de dire "Tiens, on va prendre tous les trois ou quatre jours
00:58:55 pour savoir ce qu'on fait."
00:58:56 Donc aujourd'hui, faire marche arrière, ce n'est pas possible.
00:58:58 C'est une volonté politique.
00:59:00 Ce n'est pas possible de leur part.
00:59:01 - J'entends. - Voilà.
00:59:02 - M. Bétaille, quand vous entendiez votre collègue tout à l'heure,
00:59:04 Agin qui dit "C'est nos tripes", là, qu'il a sur...
00:59:07 - Oui, j'étais hier soir à Agin avec lui.
00:59:09 Ils sont en cours cette nuit là-bas
00:59:10 et je pense que c'est la prochaine nuit aussi.
00:59:13 Mais en plus, en apprenant l'amour de cette dame,
00:59:16 je pense que ça a amplifié l'émotion.
00:59:20 Mais la situation actuelle de l'agriculture,
00:59:24 on en est là.
00:59:27 M. Attal arrive au pouvoir, on va prendre 10% sur l'électricité.
00:59:31 Ils ont fait l'accord pour taxer le GNR.
00:59:35 Ça, ils devraient l'enlever de suite, mais de suite, ne plus me parler.
00:59:38 On fait venir maintenant des produits laitiers de Nouvelle-Zélande.
00:59:42 Comment ça peut arriver ça ?
00:59:43 Notre profession, nos syndicats, M. Rousseau, on sait qui il est.
00:59:46 Il a été d'accord. Ils ont signé, il est d'accord.
00:59:49 Plus le reste, on ne sait pas.
00:59:50 - Donc vous vous sentez doublement trahi ?
00:59:52 - Moi non, parce que je ne suis pas à la FNSA.
00:59:55 Mais les gars qui sont avec nous, parce qu'il y a des gars de la FNSA qui sont avec nous,
00:59:58 à Pamier et à Toulouse, ce sont des gars de la FNSA.
01:00:00 Ils sont restés sur les cannes, alors que leur dirigeant voulait arrêter les manifs.
01:00:05 Et Rousseau, on sait qui il est.
01:00:06 - Donc ça veut dire que la base, elle déborde complètement ?
01:00:07 - Bien sûr, bien sûr.
01:00:09 - Les syndicats. Un dernier mot, Louis Dragnel, vous vouliez parler des écologistes.
01:00:12 - Non mais, parce que moi, j'entends votre colère, mais qui est le responsable selon vous ?
01:00:19 Yacine.
01:00:19 - Non mais quel mouvement politique ?
01:00:21 Parce que tout ça, en fait, ce n'est pas le fruit du hasard.
01:00:24 C'est un enchaînement de décisions politiques,
01:00:28 de gens notamment qui, au nom de la transition écologique notamment,
01:00:32 ont tout fait pour vous empêcher de travailler, de vivre, de vos revenus.
01:00:36 Et moi, j'y vois, en fait, il y a deux responsables politiques.
01:00:39 Il y a les ultra-libéraux d'un côté, qui considèrent que peu importe la qualité du produit,
01:00:44 la souveraineté, ce n'est pas très important.
01:00:45 Et si on peut avoir des poulets moins chers de Nouvelle-Zélande,
01:00:47 où d'ailleurs, c'est plutôt mieux que de produire des poulets français.
01:00:51 Et effectivement, de l'autre côté, l'écologie politique,
01:00:54 qui prétendant défendre la nature à votre place, a fini par vous tuer.
01:00:59 - En face de vous, vous n'avez pas des parleurs ou des hommes politiques
01:01:02 qui ont été briefés pour vous convaincre.
01:01:04 Aujourd'hui, vous avez des gens qui parlent avec leur tripe, vous l'avez vu.
01:01:06 La personne sur le barrage qui en est malade,
01:01:09 parce qu'évidemment, on fait les choses pour se battre.
01:01:11 En arrivée à voir le décès de quelqu'un qu'on a motivé,
01:01:15 je me doute que ça doit être épouvantable pour lui.
01:01:18 Aujourd'hui, tout ce dossier,
01:01:21 ce n'est pas nous les beaux parleurs qui nous avons promis
01:01:23 monts et merveilles, comme la personne avant,
01:01:25 que ça va aller, l'écologie, laisser reposer des sols.
01:01:28 Mais nous, on est là pour nourrir les gens.
01:01:31 Au meilleur coût, d'accord, mais avec un produit de qualité.
01:01:34 Pourquoi on insiste sur les importations ?
01:01:36 Sans normes, ce n'est pas nous.
01:01:38 C'est bien les gens qui font venir les marchandises.
01:01:41 Ce n'est pas nous, producteurs. Nous, on veut les vendre.
01:01:43 - Personne ne vous accuse. Il y a bien des responsables.
01:01:46 - Aujourd'hui, je pense que les responsables se connaissent.
01:01:48 Vous les connaissez. Nous, on n'est pas là.
01:01:50 Tous ces responsables, c'est le passé.
01:01:52 Ça ne nous intéresse plus.
01:01:53 Nous, ce qu'on veut, c'est aujourd'hui et demain.
01:01:55 Et arrêtez de nous baratiner.
01:01:56 Ça, on ne veut pas de baratins, on veut des faits.
01:01:59 C'est tout.
01:01:59 - Petite pause. On vous retrouve dans un instant
01:02:01 dans PUNCHLINE sur CNews et sur Europe 1.
01:02:02 On y coutera. Tiens, Gabriel Attal,
01:02:04 il s'est exprimé cet après-midi à l'Assemblée nationale.
01:02:07 Il parle des enjeux. Il dit qu'il veut parler sans tabou.
01:02:10 On va parler avec lui. À tout de suite.
01:02:12 18h18, on se retrouve en direct dans PUNCHLINE
01:02:17 sur CNews et sur Europe 1.
01:02:18 Tout de suite, on part à Pamier, dans l'Ariège,
01:02:20 où se trouve Stéphanie Rouquier.
01:02:22 Stéphanie, le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau,
01:02:24 doit arriver d'un instant à l'autre
01:02:26 pour, évidemment, rendre hommage à Alexandra Sonnac.
01:02:30 - Oui, effectivement, le ministre de l'Agriculture,
01:02:35 Marc Fesneau, va arriver d'ici quelques minutes
01:02:37 après le drame survenu sur la commune de Pamier,
01:02:40 la mort de cette agricultrice sur un barrage.
01:02:42 Eh bien, le ministre va rencontrer à la mairie des élus,
01:02:45 mais aussi des représentants de la FDSEA
01:02:48 et des jeunes agriculteurs.
01:02:49 Alors, on nous explique que, possiblement,
01:02:51 il pourrait faire une déclaration juste à son arrivée.
01:02:54 Bien sûr, nous allons suivre ça.
01:02:56 Mais sachez bien qu'en parallèle,
01:02:57 les blocages se poursuivent dans la région
01:03:00 et bien au-delà.
01:03:01 Des agriculteurs plus motivés que jamais,
01:03:03 ils ne veulent rien lâcher.
01:03:05 Des agriculteurs aussi extrêmement touchés par ce drame.
01:03:09 Ils nous expliquent qu'ils veulent poursuivre leurs actions
01:03:12 en hommage à leur collègue Alexandra,
01:03:14 qui a perdu la vie sur un barrage.
01:03:15 - Merci Stéphanie. Vous revenez vers nous, évidemment,
01:03:17 si Marc Fesneau arrive.
01:03:19 Monsieur Vétheil, vous avez des enfants
01:03:21 qui veulent reprendre votre exploitation.
01:03:22 Est-ce qu'ils ont encore envie, vos enfants ?
01:03:25 - Comment ?
01:03:25 - Ils ont encore envie ?
01:03:26 - Envie, oui.
01:03:26 - De se lancer dans ce métier si difficile, si dur ?
01:03:29 - Il y est.
01:03:30 - Pardon ?
01:03:30 - Il est dans le bain, ça y est.
01:03:31 Depuis quatre ans, il est avec moi.
01:03:32 Il y est dans le bain.
01:03:33 - D'accord.
01:03:33 - Il a fait ses...
01:03:34 - Il a quel âge ?
01:03:35 - 24 ans.
01:03:36 - 24 ans, OK.
01:03:37 Donc ça y est, la relève est là.
01:03:39 - La relève est là, bien sûr.
01:03:40 Il y en a d'autres.
01:03:41 Il a fait ses opérations foncières,
01:03:43 des achats de foncières,
01:03:44 ses voisins sont partis à la retraite.
01:03:46 Donc il y est là.
01:03:47 Avec les emprunts, les quotients, les banques.
01:03:49 Et on y va.
01:03:50 - Mais qu'est-ce que vous allez leur laisser ?
01:03:51 C'est ça, Patrick Legrat aussi.
01:03:53 Vous avez aussi des enfants qui veulent reprendre ?
01:03:55 - Mon fils qui est installé avec moi,
01:03:58 il s'est installé aussi jeune,
01:03:59 mais il commence à se poser des questions
01:04:01 parce que les banques ont du mal à suivre,
01:04:08 le contexte est compliqué,
01:04:09 les conditions climatiques, on l'a vu cette année,
01:04:11 il y en a eu des en fait très secs.
01:04:12 Nous, on a eu jusqu'à 2000 millimètres,
01:04:14 c'est-à-dire 2 mètres cubes d'eau,
01:04:16 2 mètres d'eau sur les terres.
01:04:18 Voilà, on a déjà un métier complexe,
01:04:20 on a un métier déjà stressant
01:04:23 et l'administration a décidé par idéologie
01:04:26 de nous remettre un peu plus de stress.
01:04:28 Et ça, c'est ce que je disais hier,
01:04:30 puisqu'on a perdu un copain Eric,
01:04:32 les gens le supportent de moins en moins bien,
01:04:34 mais ça ne se voit pas.
01:04:34 - Il s'est suicidé, vous nous l'aviez dit hier.
01:04:37 Il y en a deux par jour.
01:04:38 - Il y en a qui se sont moqués en disant que c'était...
01:04:40 Eh bien, je vais vous dire, pour vous dire que j'étais proche,
01:04:42 c'était quelqu'un qui avait travaillé à la ferme de Montpellier.
01:04:44 - D'accord.
01:04:45 Qui a pu se moquer de lui ?
01:04:47 - Parce que les réseaux, c'est ça,
01:04:48 c'est-à-dire qu'on fait ça pour dire,
01:04:50 on fait du sensationnel pour défendre,
01:04:52 pour dire, pour faire de l'audimat,
01:04:54 mais je trouve ça dégueulasse.
01:04:55 Mais c'est tout, il faut vivre avec, il faut se blinder.
01:04:57 De toute façon, si on est là, par rapport à tout ce qui se passe,
01:04:59 c'est parce qu'on fait partie des mecs blindés,
01:05:01 parce qu'on nous a cassés, on nous a...
01:05:03 Mais c'est normal, mais on fait partie de quelques-uns où on est blindés.
01:05:05 Mais aujourd'hui, la jeunesse est beaucoup plus difficilement
01:05:08 costaud, rustre, que l'on peut l'être,
01:05:11 parce que c'est notre éducation qui a fait ça aussi.
01:05:13 - Mais les gars qui se suicident, il n'y a vraiment plus aucune option ?
01:05:15 Ils se disent, c'est la seule façon que je puisse mettre les miens à l'abri ?
01:05:18 - Non.
01:05:19 J'en ai un autre, le dernier, qui était aussi un,
01:05:22 je veux dire, un beau-frère de mon voisin et de ma voisine.
01:05:25 Il s'est suicidé le lendemain qu'il a vu le film sur l'agriculture.
01:05:30 Et c'était un gars, je peux vous dire, jamais...
01:05:32 C'était un bâtant.
01:05:33 C'est pour ça, ce qui se passe, non, c'est pas des gens qui ont des problèmes.
01:05:36 Mais il y a un moment, et tout ça nous est arrivé,
01:05:38 en agriculteur, je peux le dire, et tout le monde se reconnaîtra,
01:05:41 il y a un moment où on se dit, mais est-ce que je tournerons ?
01:05:43 Est-ce que c'est moi qui vais bien ?
01:05:44 Ou est-ce que c'est le système qui va pas ?
01:05:46 Et si vous faites le mauvais choix ?
01:05:48 Ça tient, tout...
01:05:49 Je suis certain qu'il y a des centaines ou des milliers qui ont risqué ça,
01:05:53 qui se sont dit, est-ce que je tournerons ?
01:05:55 - Alors, on va peut-être écouter Marc Fesneau,
01:05:57 ministre de l'Agriculture, à Pablier dans la Riège.
01:05:59 - J'ai souhaité, nous avons souhaité venir ici,
01:06:02 d'abord pour témoigner de l'émotion de la nation,
01:06:07 l'émotion du gouvernement, du président et du Premier ministre,
01:06:09 face au drame qui est arrivé ce matin,
01:06:11 et qui a malheureusement fauché la vie d'une jeune femme.
01:06:15 Je pense à sa fille, qui est en grand péril,
01:06:18 je pense à son époux, lui aussi.
01:06:21 Et donc, c'était aussi pour témoigner de ça auprès du monde agricole,
01:06:24 du drame qui nous touche tous, qui les touche eux d'abord,
01:06:27 dans leurs revendications,
01:06:29 dans ce moment où ils veulent exprimer un certain nombre de choses.
01:06:34 Et donc, c'est la première chose que je suis venu faire ici à Pablier.
01:06:36 Je ne voyais pas, je n'imaginais pas ne pas dire à la profession agricole,
01:06:40 au nom de la nation et à la nation, on sait pas quoi le gouvernement,
01:06:42 c'est nous tous, ça s'est exprimé cet après-midi à l'Assemblée nationale.
01:06:45 Je crois qu'il y a beaucoup d'émotions dans le pays.
01:06:47 Cela. Et puis, une deuxième chose, évidemment,
01:06:49 c'est dans ce moment de crise particulier,
01:06:52 on est à l'œuvre avec le Premier ministre, avec le Président de la République
01:06:56 pour apporter des réponses dont j'entends qu'elles soient concrètes et rapides
01:07:01 pour un certain nombre d'entre elles,
01:07:02 même s'il y a des choses qui peuvent prendre un peu plus de temps.
01:07:05 Les agriculteurs, ils ont besoin de renouer la confiance,
01:07:07 non seulement avec leurs gouvernants,
01:07:09 mais ils ont besoin de renouer la confiance avec la société,
01:07:13 avec la chaîne alimentaire, enfin bref,
01:07:16 le moment qu'on traverse est un moment de crise de défiance.
01:07:19 Le monde agricole, il nous dit écoutez-nous, regardez-nous,
01:07:22 faites attention à nous,
01:07:24 et c'est la sédimentation de ce que peut-être nous n'avons pas su percevoir les uns et les autres,
01:07:30 c'est la sédimentation de dizaines d'années parfois de choses,
01:07:32 et je prends ma part et nous devons chacun prendre notre part sur le sujet.
01:07:35 Il faut regarder les choses avec modestie, et c'est ça qui est devant nous.
01:07:38 Le Premier ministre s'est engagé,
01:07:41 et il le redira dans les heures qui viennent ou dans les jours qui viennent,
01:07:44 à apporter une réponse rapide, c'est-à-dire d'ici la fin de la semaine sans doute,
01:07:49 première réponse rapide, et puis une temporalité sur les autres sujets
01:07:53 sur lesquels il faut qu'on avance.
01:07:56 Il y a un certain temps que je suis engagé dans la vie publique,
01:07:57 ça fait 25 ans que sur ces sujets-là j'entends parler de simplification,
01:08:00 je l'ai vu comme élu local, je l'ai vu comme responsable politique,
01:08:03 maintenant il faut y aller, maintenant il faut que ça change.
01:08:07 Et donc voilà les deux choses que je venais faire aujourd'hui,
01:08:10 ce que je vais faire à l'instant à la mairie de Pamier,
01:08:12 en remerciant les élus d'être présents,
01:08:14 et les agriculteurs qui sont très touchés par ce drame.
01:08:17 C'était une jeune femme qui était très engagée, très dynamique.
01:08:20 Je vais faire ces deux choses-là cet après-midi ici à Pamier,
01:08:23 et puis après nous mettre à l'œuvre très rapidement,
01:08:26 on a commencé évidemment à le faire,
01:08:27 il y avait des choses qui étaient prévues d'ailleurs dans le projet de loi
01:08:30 qu'il nous faut étoffer, dans le pacte qu'il nous faut étoffer,
01:08:33 pour répondre à cette détresse et cette colère.
01:08:35 Merci beaucoup.
01:08:37 Voilà donc pour Marc Fesneau, votre ministre de l'Agriculture, Patrick Legra.
01:08:41 Je vous ai entendu lever les yeux au ciel pendant qu'il parlait,
01:08:43 enfin je vous ai vu surtout lever les yeux au ciel,
01:08:45 je vous ai entendu soupirer.
01:08:46 Comme j'ai dit, la coordination ça fait 30 ans qu'on dit que ça ne va pas,
01:08:49 depuis le début de la PAC.
01:08:50 Comme je répète, et je le répète à chaque fois,
01:08:52 la PAC, les aides, on n'en voulait pas.
01:08:54 On a fait ça à l'époque pour que les prix pour le consommateur restent bas.
01:08:58 Quand je vois ce qui se passe en électricité,
01:09:02 je vais rester correct en disant que c'est du foutage de gueule,
01:09:05 parce qu'aujourd'hui...
01:09:05 La hausse de 10% ?
01:09:07 Ben oui, on met 10% sur l'électricité,
01:09:08 mais on ne va pas mettre 10% sur la nourriture.
01:09:10 Il faut m'expliquer pourquoi.
01:09:12 Parce que d'un côté, ça rentre dans les poches de l'État,
01:09:13 et de l'autre côté, ça rentre dans les poches des agriculteurs.
01:09:15 Ça va être difficile à expliquer.
01:09:17 Moi, je dis aujourd'hui haut et fort,
01:09:19 et Pascal l'a dit, si jamais ça attend la fin de semaine,
01:09:23 ça va mal finir bien plus vite.
01:09:26 Je l'ai déjà dit lundi, je le redis aujourd'hui,
01:09:29 s'il faut huit jours aujourd'hui pour un ministre,
01:09:32 un premier ministre et un président français avec les pouvoirs,
01:09:36 avec l'ensemble des politiques derrière eux
01:09:38 pour aider les agriculteurs,
01:09:39 s'il lui faut huit jours, il faut changer de métier.
01:09:42 C'est-à-dire l'aide la plus rapide, ce serait la taxe ?
01:09:46 Aujourd'hui, la coordination,
01:09:47 ma présidente Véronique Lefloch, le secrétaire général
01:09:50 sont aujourd'hui en rendez-vous, ça fait déjà un moment.
01:09:52 Je pense qu'il faut qu'aujourd'hui,
01:09:54 ils puissent dire au moins quelque chose pour détendre.
01:09:56 En plus, il y a eu un décès,
01:09:57 vous avez vu comment sont les présidents.
01:09:59 Nous, on essaye, en tant que responsable national,
01:10:01 de tenir les gens.
01:10:02 Qu'est-ce que vous voulez tenir quelqu'un
01:10:03 quand on leur dit "on verra d'ici la fin de la semaine"
01:10:05 et qu'il y a un décès et d'autres personnes
01:10:07 qui sont à l'hôpital de façon très, très grave ?
01:10:11 C'est ça, qu'est-ce que vous voulez qu'on dise ?
01:10:12 Et après, on va dire "vous, responsable syndicaux agricoles
01:10:15 et agriculteurs, vous n'êtes pas responsable".
01:10:17 On n'est pas responsable ? Mais qu'est-ce qu'on attend là ?
01:10:19 Donc ça va continuer, Pascal Betteye ?
01:10:21 Ça va continuer, ça c'est sûr.
01:10:23 Et je crains que ça s'empire parce que je ne sais pas
01:10:25 jusqu'à quand l'autorité va accepter ça.
01:10:28 Donc il risque de nous mettre les forces de l'ordre en face.
01:10:32 Et là, ça va dégénérer parce qu'on ne partira pas.
01:10:35 Alors, Louis Drignal.
01:10:36 Vous disiez tout à l'heure, il faut dire quelque chose pour détendre.
01:10:39 Qu'est-ce qui pourrait détendre aujourd'hui ?
01:10:41 Je me répète, lundi, j'ai dit, parce que c'est un souhait,
01:10:45 le GNR, c'est tout simple.
01:10:47 On lâche sur le ZNR.
01:10:49 Les aides des gens qui sont en cessation de paiement,
01:10:51 les 200-300 millions d'euros qui doivent être versés
01:10:54 depuis le mois d'octobre, c'est tout simple.
01:10:56 Quand je vois qu'on donne 18 millions d'euros
01:10:58 pour transférer la flamme olympique,
01:10:59 je pense qu'on peut trouver, en moyenne,
01:11:02 pour des gens depuis le mois d'octobre,
01:11:03 200-300 millions pour régler ce qu'il leur est dû.
01:11:06 Pourquoi on ne le fait pas ?
01:11:07 Ce n'est pas nous qui pouvons répondre.
01:11:09 Nous, on dit, on donne des éléments déclencheurs
01:11:11 pour calmer à la fois la crise, la déception,
01:11:15 et aujourd'hui, gagner du temps.
01:11:16 Mais là, c'est vraiment de la mauvaise foi.
01:11:19 Patrick Legras, les Français vous soutiennent, vous le sentez.
01:11:22 Toutes les études le montrent.
01:11:23 Il y a presque huit Français sur dix qui sont derrière les paysans.
01:11:26 C'est une bonne nouvelle, quand même ?
01:11:28 Vous n'êtes pas abandonné, au moins, des Français ?
01:11:30 Oui, mais la bonne nouvelle, c'est une chose.
01:11:32 Le problème aujourd'hui, c'est d'être soutenu.
01:11:34 C'est bien, mais c'est un peu comme quelqu'un qui est malade.
01:11:37 Être soutenu quand on va mal,
01:11:38 ça ne va qu'un temps et ça ne va pas longtemps.
01:11:41 Aujourd'hui, d'être soutenu, ça calme certaines personnes,
01:11:45 surtout en groupe, on arrive à les raisonner.
01:11:47 Mais s'il n'y a rien de fait, très, très rapidement,
01:11:49 et vous le savez d'ailleurs,
01:11:50 il y a d'autres professions qui, aujourd'hui,
01:11:53 se posent des questions en disant
01:11:54 « mais est-ce que les agriculteurs ne se posent pas une bonne question ?
01:11:57 Est-ce que les agriculteurs, aujourd'hui,
01:11:58 ils arrêtent de travailler parce que ce n'est pas leur style ? »
01:12:01 Et puis ils se disent « mais qu'est-ce qu'on fout, là, depuis quelques mois ?
01:12:04 On nous met des clauses en plus,
01:12:05 est-ce que nous aussi, on n'est pas asphyxiés ? »
01:12:08 Comme disait Pascal, évidemment, on en parle des gens,
01:12:11 c'est encore des gens qui ne devaient pas être là.
01:12:12 Alors on dit « oui, mais là, tout de suite,
01:12:14 oui, oui, mais ça, c'est pas de chance.
01:12:16 Mais attendez, pas de chance,
01:12:17 c'est des centaines, des milliers de pas de chance ! »
01:12:20 - Rachel Cannes, vous lui ai posé une question.
01:12:21 - Oui, je lui ai posé une question
01:12:23 qui était un petit peu en écho avec la vôtre, Laurence.
01:12:26 Effectivement, on a beaucoup parlé de l'Europe,
01:12:28 on a beaucoup parlé des dirigeants, de l'État.
01:12:30 C'est vrai que lorsqu'on a certains députés,
01:12:32 notamment à l'extrême gauche,
01:12:33 qui ne font que de se mobiliser sur des pays étrangers,
01:12:37 notamment sur le Hamas et Gaza,
01:12:40 on se demande quelle est leur responsabilité aussi.
01:12:44 Aujourd'hui, ils se découvrent fervents défenseurs de l'agriculture,
01:12:47 alors qu'il y a 80% de leurs tweets
01:12:48 qui ne concernent pas du tout notre territoire.
01:12:50 C'est un peu gênant.
01:12:51 Je voulais juste vous demander, en tant que citoyen,
01:12:56 nous, quelle est notre part de responsabilité aussi
01:12:59 pour vous accompagner ?
01:13:02 - On disait avec Pascal, là depuis deux jours,
01:13:04 on dort très, très peu.
01:13:05 On essaye de répondre à tout le monde.
01:13:08 Je pense qu'aujourd'hui, on est des paysans
01:13:11 et on va rester paysans.
01:13:12 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, ces questions ne sont pas importantes.
01:13:15 J'en ai moi-même parfois répondu,
01:13:16 mais aujourd'hui, on n'en est pas là.
01:13:17 Aujourd'hui, nous, notre job,
01:13:20 je dirais cet aspect consommateur,
01:13:22 évidemment, cet aspect...
01:13:23 Alors, je vais vous donner...
01:13:24 Parce que là, on est dans la technique,
01:13:25 c'est un peu comme je disais.
01:13:26 L'aspect technique aujourd'hui,
01:13:28 c'est que ces produits bas importés,
01:13:30 ils répondent à un besoin bas de prix
01:13:34 pour le consommateur qui ne s'en sort plus
01:13:35 à cause des inflations.
01:13:37 Donc aujourd'hui, on vous dit,
01:13:39 il ne faut pas s'inquiéter.
01:13:40 Le produit qu'on importe, ce n'est pas votre bon produit,
01:13:43 c'est un produit pour faire du bas de gamme.
01:13:45 Donc, ne vous inquiétez pas,
01:13:46 vous, votre produit, on va le vendre au prix mondial.
01:13:49 Sauf que nous, on n'est pas au prix mondial.
01:13:51 Donc, on fait quoi ?
01:13:52 Alors, on le sait très bien, la malbouffe,
01:13:54 c'est un des critères de mortalité plus important.
01:13:58 Alors nous, on est fiers, on exporte des bons produits.
01:14:01 Et puis nous, nos agriculteurs qui produisent des bons produits,
01:14:04 ils ne vont pas être consommés par nos enfants,
01:14:06 par les gens de notre patrie,
01:14:08 parce qu'on n'a pas les moyens.
01:14:10 Mais non, attendez, il faut arrêter.
01:14:11 Alors par contre, on va faire des écologies.
01:14:13 Attendez, alors je vais dire quelque chose
01:14:14 parce qu'on me l'a dit, ça fait deux fois.
01:14:16 Aujourd'hui, on ne s'est pas donné d'argent.
01:14:17 Par contre, pour un portable, si on casse sa vitre,
01:14:20 on va avoir 10 euros par M. Béchu.
01:14:23 Mais non, mais attendez, c'est quoi la principale ?
01:14:25 C'est quoi la principale chose dans la vie ?
01:14:27 C'est bien vivre en famille,
01:14:29 de ne pas avoir de drame comme on vient de vivre,
01:14:31 et puis de manger, de se faire plaisir.
01:14:33 Nous, c'est ça la bonne bouffe française.
01:14:35 Alors c'est quoi aujourd'hui ?
01:14:35 Enfin, être français, ça va être quoi ?
01:14:38 Ça va être quoi les critères d'être français ?
01:14:40 Comme on dit votre période,
01:14:41 laisser poser les terres, acheter, tout importer.
01:14:46 Ça va être quoi ?
01:14:47 Moi, dites-moi ce que va être le bon français demain.
01:14:50 Donc, vous êtes pour une citoyenneté agricole.
01:14:52 La citoyenneté agricole, mais je dirais de nos produits.
01:14:56 Oui, bien sûr.
01:14:57 Oui, oui, mais quand je dis de nos produits,
01:14:59 parce qu'aujourd'hui, le manque de traçabilité,
01:15:02 ce que vous achetez en industrie,
01:15:03 comme je dis, il y a 5-10 % en direct et le reste, c'est en indirect,
01:15:05 c'est des bons produits agricoles,
01:15:07 parce qu'il n'y a pas la chaîne de la traçabilité.
01:15:09 Ce produit qui est acheté à l'étranger,
01:15:10 qui est fabriqué en France ou en Europe,
01:15:12 il a cette belle souveraineté.
01:15:14 Et ça, par contre, ça ne dérange personne.
01:15:16 Patrick Legrand part sur le terrain.
01:15:17 Mathieu Devese et Sacha Robinson sur l'autoroute A16.
01:15:20 Dans l'Oise, Mathieu, une mobilisation des agriculteurs autour de vous
01:15:24 qui va durer au moins jusqu'au bout de la nuit, c'est ça ?
01:15:27 Effectivement, chère Laurence, la nuit est tombée ici dans l'Oise
01:15:34 et pourtant, nous avons toujours une cinquantaine de tracteurs
01:15:37 et une centaine d'agriculteurs qui restent mobilisés ici à Beauvais.
01:15:40 Nous sommes précisément sur l'A16,
01:15:43 une autoroute bloquée depuis 10 heures ce matin
01:15:45 dans les deux sens de circulation.
01:15:47 Et autour de nous, des agriculteurs déterminés, bien sûr,
01:15:49 et surtout en colère.
01:15:51 C'est vraiment le sentiment qui prédomine ici.
01:15:53 Ils souhaitent durcir le ton au sujet des normes qui leur sont imposées.
01:15:57 Aujourd'hui, nous disent-ils, un agriculteur passe presque autant de temps
01:16:00 à faire son boulot qu'à remplir ses papiers.
01:16:03 Les charges explosent et les revenus baissent.
01:16:05 Alors, dans ce contexte, certains agriculteurs vont passer la nuit ici.
01:16:09 Et demain, en fin de matinée, ils prendront la direction de Paris
01:16:12 pour faire pression, nous disent-ils, sur le gouvernement
01:16:15 et avanceront vers la capitale
01:16:17 tant qu'il n'y aura pas d'annonce concrète de la part de l'exécutif.
01:16:20 Merci Mathieu Devesse, Sacha Robin.
01:16:22 Vous allez monter sur Paris, M. Bétheil, avec vos collègues
01:16:26 ou vous restez chez vous ?
01:16:27 On voit au jour le jour tout seul.
01:16:29 Au jour le jour ?
01:16:30 On ne peut pas laisser tomber la jungle non plus.
01:16:32 Bien sûr.
01:16:33 M. Legras, dernier mot ?
01:16:35 Vous êtes au courant, demain on va à Bruxelles,
01:16:37 parce que, comme dit un collègue du Sud,
01:16:40 parce qu'ils ont l'accent qui fait passer mieux les mots,
01:16:42 je pense que ceux qui ont les couilles, ils sont à Bruxelles.
01:16:45 Voilà, donc demain on va à Bruxelles,
01:16:47 on va se donner cette journée pour réfléchir.
01:16:49 Je pense que le retour de Bruxelles,
01:16:52 avec les échanges et les eurodéputés, les commissions,
01:16:54 il y a beaucoup de monde qui va venir,
01:16:55 d'ailleurs même on ne gérera pas tout parce que
01:16:58 toutes les heures, on a plus de monde qui vont venir
01:17:00 justement au Parlement européen.
01:17:02 Je pense que le débrief, comme j'ai dit,
01:17:03 il sera fait demain soir ou jeudi matin
01:17:06 et j'espère que dès ci-là,
01:17:07 le gouvernement aura pris ses responsabilités.
01:17:11 Allez, tout de suite le rappel des titres de l'actualité,
01:17:13 il est 18h33, on est en direct sur Europe 1 et sur CNews
01:17:15 et c'est Simon Guilain.
01:17:17 L'armée israélienne annonce la mort de 24 de ses soldats
01:17:23 dans la bande de Gaza.
01:17:24 C'est le plus lourd bilan en une seule journée
01:17:25 depuis le 27 octobre.
01:17:27 Au total, 221 soldats de Tsal ont été tués au combat
01:17:30 depuis le début de la guerre.
01:17:33 La RATP veut recruter en masse pour redresser
01:17:35 les transports parisiens.
01:17:37 Le groupe lance pour la deuxième année consécutive
01:17:39 une campagne de recrutement pour améliorer le service
01:17:42 et surtout, afin d'être prêt pour les Jeux Olympiques de Paris,
01:17:45 la RATP a recruté 6600 personnes en 2023
01:17:49 et vise 5300 nouveaux recrutements cette année.
01:17:53 Et puis coup d'éclat pour le film français
01:17:54 « Anatomie d'une chute » avec 5 nominations aux Oscars.
01:17:58 Le long métrage de Justine Trier est notamment nommé
01:18:00 dans les prestigieuses catégories du meilleur film
01:18:03 et du meilleur réalisateur.
01:18:05 De son côté, le film « Oppenheimer » réalisé par Christopher Nolan
01:18:08 cumule 13 nominations.
01:18:10 La 96e cérémonie des Oscars aura lieu le 10 mars à Hollywood.
01:18:15 Merci beaucoup Simon, Guylain, merci à Patrick Plegras
01:18:17 et Pascal Betteye.
01:18:18 Bon courage pour la suite de votre combat.
01:18:20 On va recevoir dans un instant Gilles Kepel
01:18:23 pour parler d'un autre enjeu de civilisation,
01:18:25 la lutte contre l'islamisme.
01:18:26 A tout de suite dans Punchline sur CNews et Europe.
01:18:28 18h39, on se retrouve en direct dans Punchline sur CNews et sur Europe.
01:18:36 Gilles Kepel est notre invité.
01:18:37 Bonsoir Gilles Kepel.
01:18:38 Merci d'être avec nous.
01:18:40 Vous êtes spécialiste de l'islam.
01:18:42 Votre dernier livre c'est « Prophète en son pays »
01:18:44 aux éditions de l'Observatoire.
01:18:45 On va évoquer évidemment cette lutte contre l'islamisme
01:18:49 qui est au cœur de vos ouvrages, vos nombreux ouvrages.
01:18:51 J'aimerais qu'on parte un instant, si vous le permettez,
01:18:53 d'abord en Israël au 109e jour de la guerre,
01:18:56 avec un très lourd trébut payé par les soldats israéliens.
01:18:58 24 morts sur la journée d'hier dans la bande de Gaza.
01:19:02 Sur place tout de suite Jérôme Rampnow et Olivier Gangloff.
01:19:05 Al-Azhar annonçait le décès de 24 soldats hier,
01:19:09 dont 21 réservistes dans une opération qui visait à placer des mines
01:19:13 dans un bâtiment dans la zone tampon entre Gaza et Israël.
01:19:17 Un terroriste a tiré au lance-missiles sur ce bâtiment.
01:19:20 Les mines se sont actionnées et le bâtiment s'est effondré sur les soldats.
01:19:24 Un jour que Benjamin Netanyahou considère comme l'un des jours
01:19:27 les plus difficiles depuis le début de la guerre.
01:19:30 C'est effectivement le bilan le plus lourd en perte humaine en 24 heures
01:19:33 depuis le début de l'offensive le 27 octobre.
01:19:36 Alors que les combats continuent, dans Ranounès,
01:19:39 la ville est totalement encerclée par les forces de Tsahal,
01:19:42 qui est un centre opérationnel du Hamas dans le secteur.
01:19:45 Il faut savoir que d'après les médias locaux,
01:19:47 Israël aurait proposé une trêve de deux mois
01:19:50 contre le retrait de ses troupes de certaines zones de Gaza,
01:19:53 ce qu'aurait refusé le Hamas.
01:19:55 Merci beaucoup Jérôme Rampnow, Olivier Gangloff.
01:19:58 Gilles Kepel, on voit que ces négociations
01:20:00 autour de la libération des otages sont extrêmement difficiles.
01:20:03 On aurait eu une proposition d'une nouvelle trêve pour les libérer.
01:20:06 Il y a beaucoup de pays qui sont à l'œuvre, évidemment.
01:20:08 Le Qatar et l'Égypte notamment.
01:20:11 Oui, et la Russie aussi, puisque M. Bogdanov,
01:20:14 qui est l'envoyé spécial de Vladimir Poutine pour le Moyen-Orient
01:20:17 et le vice-ministre des Affaires étrangères,
01:20:20 a reçu il y a trois jours à peu près une élégation du Qatar,
01:20:24 à qui il a indiqué maintenant il faut libérer les otages
01:20:28 en échange de prisonniers palestiniens,
01:20:30 et notamment trois citoyens russes.
01:20:32 Alors quand la Russie, qui soutient l'axe du sud,
01:20:37 si vous voulez, dont le Hamas est parti,
01:20:41 donne ce message, c'est un message appuyé, disons.
01:20:45 Donc on voit bien qu'il y a aujourd'hui un certain nombre de forces
01:20:49 qui souhaitent mettre en place une nouvelle trêve,
01:20:52 y compris à l'intérieur de l'establishment israélien.
01:20:55 C'est la première fois qu'on voit quand même de très forts clivages
01:20:58 dans le comité de défense qui dirige le pays,
01:21:02 avec l'ancien chef d'état-major, M. Eisenkot, le général Gant, etc.,
01:21:06 qui souhaitent une trêve pour faire l'échange,
01:21:10 qui considèrent que de toute façon il n'y aura pas,
01:21:12 comme l'a dit l'ancien chef du Shin Bet, M. Ayalon,
01:21:15 dans une interview à Arez récemment,
01:21:17 il n'y aura pas de photo de victoire israélienne.
01:21:20 Si vous voulez, il faut prendre langue avec le Hamas
01:21:24 pour mettre en place un processus de trêve,
01:21:28 négocier la sortie des otages,
01:21:30 parce que la fin des otages, la libération des otages,
01:21:33 ça signifie pour Israël et pour tous les adversaires de M. Netanyahou
01:21:39 que celui-ci va perdre le pouvoir,
01:21:41 puisqu'il est très probable que les centristes de sa coalition,
01:21:44 à ce moment-là, vont se retirer du soutien au gouvernement,
01:21:48 et ça veut dire à la Knesset qu'il y a de nouvelles élections.
01:21:50 Or, en fait, il n'y a pas d'avenir dans la région,
01:21:54 pense un nombre croissant d'Israéliens.
01:21:57 M. Netanyahou est crédité d'environ 15% de sondage,
01:22:01 ce qui est très bas, avec M. Netanyahou qui,
01:22:04 selon la plupart d'entre eux,
01:22:06 porte une responsabilité gigantesque en ayant clivé le pays,
01:22:11 ce qui a permis le 7 octobre, etc.
01:22:13 Et ce qu'on voit aujourd'hui,
01:22:15 qui est sans doute l'un des jours les plus meurtriers dans le civre,
01:22:21 on a un peu le sentiment quand même
01:22:23 que le gouvernement de M. Netanyahou met les bouchées doubles
01:22:28 pour essayer d'obtenir le plus de résultats possibles,
01:22:31 ragnouner, etc.
01:22:32 Parce que les objectifs n'ont pas été remplis.
01:22:35 Au départ, il fallait tuer Yair Yassinouar,
01:22:38 il fallait descendre...
01:22:39 - Tous les leaders du Hamas qui n'ont pas été tués.
01:22:41 - Voilà.
01:22:41 - Mais est-ce que j'ai bien compris ?
01:22:43 Vous nous dites que c'est le gouvernement de Benjamin Netanyahou
01:22:46 qui est en partie responsable du 7 octobre, Gilles Kepel ?
01:22:48 - Non, pas du tout.
01:22:49 Non, non.
01:22:49 Oui, enfin, oui, pardon.
01:22:51 Oui, enfin...
01:22:52 - En aucun cas ?
01:22:52 - Oui, parce qu'il a désorganisé.
01:22:54 Oui, tout à fait, parce qu'il a désorganisé profondément Israël,
01:22:57 si vous voulez, avec la loi qui voulait mettre de côté
01:23:03 la cour constitutionnelle.
01:23:05 Le pays s'est clivé complètement en deux.
01:23:07 Vous aviez des manifestations partout.
01:23:09 - Ce ne sont pas les Israéliens qui ont mené les attaques du 7 octobre.
01:23:10 - Non, non.
01:23:11 - C'est bien le Hamas.
01:23:12 - Bien sûr.
01:23:12 Non, mais les conditions étaient très favorables, si vous voulez.
01:23:16 Moi, je suivais les sites arabes à ce moment-là.
01:23:18 Le Hezbollah Hamas, c'était cache-majoire.
01:23:21 Israël est complètement clivé.
01:23:23 Et si vous voulez, M. Netanyahou, en soutenant les ministres Colón,
01:23:28 M. Smotrich, M. Benvir, etc., dans la politique d'annexion
01:23:33 et des annexions illégales en Cisjordanie, a déplacé toute l'armée
01:23:36 qui était les commandos opérationnels sur la bande de Gaza,
01:23:39 qui se sont trouvés en Cisjordanie, ce qui a facilité énormément
01:23:42 le travail au Hamas, qui a pu pénétrer très facilement,
01:23:46 sans compter que lui-même a été convaincu que le Hamas
01:23:51 n'attaquerait pas, parce qu'il avait fait financer
01:23:55 par le Qatar Yair Yassinouar et les autres, et il s'était dit,
01:23:58 bon, ils peuvent toujours raconter ce qu'ils veulent.
01:24:00 En réalité, ils veulent s'enrichir.
01:24:02 Et il n'avait pas du tout pris la conscience du phénomène.
01:24:06 Si vous voulez, il y a eu une erreur stratégique de sa part
01:24:09 pour des raisons internes, pour rester au pouvoir,
01:24:11 pour ne pas aller en prison, pour avoir le soutien
01:24:12 de l'extrême droite, qui a eu un effet catastrophique.
01:24:16 Et en ce sens, pour la société israélienne aujourd'hui,
01:24:20 il porte une lourde responsabilité, si vous voulez,
01:24:23 dans la situation.
01:24:24 Mais évidemment, le responsable sont les terroristes du Hamas.
01:24:27 Il a fourni une situation qui a été une opportunité
01:24:31 exceptionnelle pour l'attaque.
01:24:33 Et dramatique.
01:24:34 Parlons un peu de notre pays, la lutte contre l'islamisme.
01:24:37 Vous avez été un des premiers à alerter sur la montée
01:24:41 du djihadisme d'atmosphère.
01:24:43 On en a malheureusement des cas très régulièrement.
01:24:46 Vous avez le sentiment que les lignes ont bougé
01:24:47 dans notre pays ? Ou pas ?
01:24:49 Oui, indéniablement, il y a eu une prise de conscience,
01:24:53 notamment quand on revient à la période la plus basse
01:24:57 du point de vue de la prise de conscience de l'État,
01:25:00 quand Mohamed Merah, en 2012, assassine à Toulouse
01:25:05 et à Montauban des soldats français qu'il croit musulmans
01:25:09 comme apostas, parce qu'ils auraient trahi l'islam.
01:25:12 Ensuite, des enfants juifs et leurs professeurs
01:25:15 à l'école Osara Torah.
01:25:18 Le patron du renseignement à l'époque déclare
01:25:20 que c'est un loup solitaire circulé, il n'y a rien à voir.
01:25:23 C'était une catastrophe.
01:25:24 Et en fait, c'est le mouvement qui a abouti à Charlie Hebdo,
01:25:30 à l'assassinat de Charlie Hebdo et à l'hyper-kachère.
01:25:34 Aujourd'hui, il y a eu une prise de conscience
01:25:36 beaucoup plus importante, notamment avec la notion
01:25:40 de séparatisme qui est désormais entrée dans la culture
01:25:43 de gouvernement.
01:25:44 Et on voit bien que, disons, ce qu'on appelle
01:25:47 les organismes du haut du spectre, la DGSI en particulier,
01:25:51 ont eu un très grand nombre de succès.
01:25:55 En revanche, le problème qui se pose aujourd'hui,
01:25:58 et depuis la réforme que Nicolas Sarkozy a faite
01:26:01 et qui a dissous les renseignements généraux,
01:26:04 on voit que tout ce qui concerne l'analyse
01:26:07 de ce qu'on appelle les signaux faibles,
01:26:09 où justement se développe le djihadisme d'atmosphère,
01:26:12 c'est-à-dire le renseignement territorial
01:26:14 et le parent pauvre de l'organisation
01:26:17 du renseignement français.
01:26:18 Or, c'est là que beaucoup de choses se produisent
01:26:21 pour éviter justement le passage à l'âge.
01:26:23 Et c'est là qu'on détecte les signaux.
01:26:24 Une question peut-être de Sabrina Medjaber
01:26:26 et ensuite Louis de Reynald.
01:26:27 Oui, bonsoir, monsieur Keppel.
01:26:29 Étant observatrice des mutations anthropologiques
01:26:32 dans certains quartiers qui sont aujourd'hui des zones
01:26:35 ou des théâtres d'opérations liées au djihadisme,
01:26:39 parce qu'il y a une absence de contraintes
01:26:42 en termes d'observation du trafic d'armes,
01:26:45 une population qui est culturellement très réceptive
01:26:47 à l'islamisme, un islamisme qui s'est aussi construit
01:26:50 au fur et à mesure des décennies par le clientélisme.
01:26:53 On connaît tous la dap'une mosquée, trois mandats,
01:26:55 des financements d'associations qui ont aussi permis
01:26:57 l'émergence et la consécration de l'islamisme dans les quartiers.
01:27:00 Ne pensez-vous pas qu'au regard des émeutes
01:27:04 qui ont eu lieu au mois de juin,
01:27:06 qu'un jour il se pourrait que le prochain point de bascule
01:27:09 soit dans les quartiers à la fois la lutte confessionnelle
01:27:12 et à la fois les quartiers lourdement armés,
01:27:15 c'est-à-dire symboliquement une femme voilée
01:27:17 ayant son arme tirant sur les forces de l'ordre,
01:27:20 c'est-à-dire le clan rival de l'État ?
01:27:22 - Gilles Geppel.
01:27:22 - Alors ça, je ne sais pas si on peut faire
01:27:24 des scénarios d'anticipation aussi terrifiants,
01:27:28 mais effectivement, ce qui s'est passé au mois de juin dernier
01:27:32 est très préoccupant parce qu'on voit comment
01:27:35 il y a eu une sorte d'emballement,
01:27:39 alors qu'il n'y avait pas d'incitation islamiste au départ,
01:27:45 mais on voit qu'au fond, l'ordre a été rétabli,
01:27:50 à la fin, ou le calme plus exactement a été rétabli,
01:27:53 à partir du moment où un certain nombre d'intermédiaires religieux
01:27:57 ont dit "on arrête le jeu" et aussi,
01:28:00 on a mentionné aussi les trafiquants divers
01:28:03 pour lesquels le désordre gêne le business, comme on dit.
01:28:06 On l'a vu aussi lors de l'affaire,
01:28:09 de l'assassinat du jeune Thomas.
01:28:12 - À Crépole.
01:28:12 - Voilà, à Crépole, où une expédition "punitive"
01:28:17 montée par des groupes d'extrême droite
01:28:19 a vu que l'un des personnages en question
01:28:22 était isolé dans un camion, risquait de se faire faire la peau,
01:28:25 et c'est un leader religieux qui a réussi à avoir l'ascendant
01:28:29 sur ceux qui voulaient le mettre à mal.
01:28:31 Donc, ça indique, si vous voulez, qu'il y a d'autres systèmes
01:28:36 de pouvoir, d'allégeance, etc., dans un certain nombre de quartiers.
01:28:41 Une situation qui est aujourd'hui d'autant plus préoccupante
01:28:45 que, comme ça a été mentionné tout à l'heure,
01:28:48 vous avez des forces politiques qui considèrent
01:28:52 qu'il faut s'allier au diable, éventuellement,
01:28:56 pour pouvoir être réélu.
01:28:58 Alors, en même temps, tout ça, ça fait partie d'un enjeu global.
01:29:03 Et il me semble que ceux qui se sont mis, d'une certaine façon,
01:29:07 du côté obscur de la force, si on regarde aujourd'hui
01:29:10 l'évolution des intentions de vote en leur faveur,
01:29:15 baissent significativement.
01:29:17 Maintenant, on n'est pas à l'abri, on ne sait pas encore
01:29:21 comment vont se recomposer les forces politiques françaises,
01:29:24 comment la montée en puissance du Front national,
01:29:27 enfin, pardon, du Rassemblement national,
01:29:29 qui est en tête dans les sondages, va se traduire,
01:29:33 qui va apparaître comme l'opposant le plus important.
01:29:37 Est-ce que ce sera une coalition de gauche ?
01:29:39 Est-ce que ce sera une renaissance autour du président de la République ?
01:29:43 Tout ça fait partie des impondérables.
01:29:45 Mais bien évidemment, la question des quartiers est importante,
01:29:49 à la fois parce qu'elle révèle d'intentions de vote propre,
01:29:54 éventuellement, ou de vote pour ou vote contre,
01:29:57 et aussi parce qu'aujourd'hui, c'est devenu un objet de fixation,
01:30:03 bon ou mauvais, de la société française,
01:30:05 et qu'une partie du basculement de la France vers la droite
01:30:09 et l'extrême droite, aujourd'hui, est principalement due à la hantise
01:30:13 de ce qui est en train de se dérouler dans des quartiers
01:30:16 dont un certain nombre de gens ont le sentiment
01:30:18 qu'on ne maîtrise plus ce qui s'y produit.
01:30:21 On a cet ensemble, et bien sûr, il ne s'agit pas de jeter de l'huile sur le feu,
01:30:28 mais précisément, une meilleure connaissance de tout cela
01:30:31 est extrêmement importante, et c'est ça que je passe mon temps à déplorer.
01:30:35 On en a parlé dans le cas du renseignement tout à l'heure,
01:30:37 mais c'est la même chose à l'université,
01:30:40 les études, où en dépit d'efforts louables d'un certain nombre d'individus,
01:30:44 les budgets ne sont pas là, la connaissance pas là,
01:30:47 et surtout, les relations, la construction de relations,
01:30:51 de formation d'élites républicaines dans les quartiers,
01:30:54 aujourd'hui, me semble-t-il, laisse à désirer.
01:30:56 Louis Drayne a une question.
01:30:57 Du coup, on vous le sent un tout petit peu fataliste,
01:30:58 parce que face à cette bascule d'une partie de la société
01:31:03 qui ne croit plus au discours politique,
01:31:05 et qui se dit qu'il y a trop d'immigration,
01:31:07 que l'islam radical est trop présent sur le territoire français,
01:31:10 est-ce que vous pensez quand même qu'il y a quelque chose qui est faisable ?
01:31:14 Est-ce qu'il y a la possibilité de remaitriser l'immigration,
01:31:17 à la fois légale et illégale,
01:31:19 de redonner une forme de souveraineté aussi de la France dans ses quartiers,
01:31:24 de faire en sorte que tous les français qui doutent,
01:31:27 et aujourd'hui qui n'y croient plus,
01:31:29 à nouveau puissent y croire et se dire qu'un avenir commun est possible ?
01:31:33 Oui, bien sûr, et en fait, il y a deux questions dans votre question,
01:31:36 puisque d'abord, il y a les flux migratoires illégaux,
01:31:39 et ça, bien sûr, c'est quelque chose qui est insupportable,
01:31:43 et pour la plupart de la population, puisque là, on est un peu,
01:31:47 moi, j'habite en grande partie dans le Midi,
01:31:50 et on voit bien les gens qui passent, malgré les contingents de police,
01:31:55 qui vont ensuite, qui ne parlent pas français,
01:31:57 qui n'ont pas d'emploi ni de papier.
01:31:59 Aujourd'hui, il y a eu les chiffres explosions,
01:32:00 record historique des demandes d'asile en France.
01:32:02 En Allemagne et en Italie aussi.
01:32:05 Il y a beaucoup de gens qui se disent qu'on n'arrive pas à maîtriser notre pays.
01:32:06 Et qui rejoignent ensuite le marché de la drogue,
01:32:10 parce que c'est là qu'ils ont des emplois, avec tout ce que ça engendre.
01:32:12 Donc, ça, c'est une chose.
01:32:14 Et là, évidemment, ce sont des politiques très importantes à mener,
01:32:18 et ne serait-ce que parce que les électeurs jugent les gouvernements là-dessus.
01:32:22 L'autre facteur, c'est pour la population résidente.
01:32:26 On a quand même aujourd'hui en France, toute une, comment dire,
01:32:30 une classe moyenne issue de l'immigration maghrébine,
01:32:34 et pas encore complètement africaine, mais ça commence déjà,
01:32:37 qui est très présente dans la société,
01:32:41 et qui justement est intégrée à la société française,
01:32:45 qui s'y identifie beaucoup plus qu'à des fantasmes politico-religieux
01:32:51 venus du pays d'origine ou sur le web,
01:32:53 et qui est justement en opposition aux radicaux.
01:32:58 Or malheureusement, je pense que celle-là et cela,
01:33:01 parce qu'il y a beaucoup de femmes parmi eux,
01:33:04 ne disposent pas suffisamment de soutien, de visibilité, etc.
01:33:08 et sont traitées un peu comme par-dessus l'agent.
01:33:12 Moi, je l'ai vu notamment dans une ville comme Nice,
01:33:16 où j'ai beaucoup aidé des associations de jeunes femmes
01:33:20 qui notamment avaient lutté après l'attentat du camion du 14 juillet 2016
01:33:26 pour lutter contre la radicalisation dans les écoles.
01:33:29 La plupart étaient originaires du Maghreb.
01:33:32 Bon, et le soutien de l'État, le soutien local,
01:33:36 n'est pas à la hauteur de ce qu'il devrait être.
01:33:39 Si on ne s'appuie pas aussi sur les gens qui, dans ces populations,
01:33:44 croient dans la France, croient dans la société,
01:33:46 s'identifient à ces valeurs qui sont les leurs comme elles sont les nôtres,
01:33:50 on est défaillant.
01:33:52 Et là, je crois qu'il y a aussi quelque chose
01:33:54 qui n'est pas complètement à la hauteur.
01:33:57 - Vous restez malgré tout optimiste ?
01:33:59 - En amour.
01:34:01 - Oui, mais parfois, la réalité, quand on regarde la liste des faits divers,
01:34:05 la surreprésentation d'auteurs de ces faits qui sont issus de l'immigration,
01:34:10 des gens qui sont sous OQTF qui auraient dû être expulsés,
01:34:13 on a l'impression qu'il y a beaucoup de gens qui se disent
01:34:15 "tous les jours, c'est à peu près le même profil"
01:34:17 et on continue d'accepter une immigration légale et illégale
01:34:20 toujours plus importante.
01:34:22 - C'est bien. Pourquoi le ventre pour le Rassemblement national augmente ?
01:34:25 C'est l'un des éléments clés.
01:34:28 Mais l'optimisme ne veut pas dire la naïveté.
01:34:33 Ça veut dire qu'il faut croire à quelque chose en s'en donnant les moyens
01:34:38 et surtout ne pas être dupe.
01:34:40 Moi, j'ai passé mon temps à analyser les phénomènes que vous décrivez
01:34:45 en essayant de rassigner des causes, d'indiquer des remèdes.
01:34:48 J'ai fait X rapports.
01:34:49 Je ne peux pas dire que ça a été toujours suivi des faits,
01:34:52 mais tant que je suis vivant, je continue et je ne me décourage pas.
01:34:56 - Merci en tout cas, Gilles Kepel,
01:34:58 prophète en son pays aux éditions de l'Observatoire.
01:35:00 Merci d'être venu ce soir sur nos antennes.
01:35:02 C'est nous, Europe 1. Merci, Sabrina.
01:35:04 Et merci, Louis Dragnel.
01:35:05 Dans un instant, vous retrouvez sur Europe 1.
01:35:07 Céline Giraud pour Europe 1 Soir et Christine Kelly pour Face à l'Info.
01:35:11 Bonne soirée à vous sur nos deux antennes et à demain.
01:35:12 [Musique]