- 12/01/2024
Philippe Leclerc De Hauteclocque, un général devenu le héros de la France Libre. Il est né le 22 novembre 1902 à Belloy-Saint-Léonard qui se situe dans la Somme et déjà enfant, il rêve d'être un militaire reconnu comme ses ancêtres. Entré à Saint-Cyr, il est déjà repéré par les hauts gradés et voit en lui un excellent officier. Il est affecté à Mayence, à Trèves, puis au Maroc où il reçoit la médaille de la légion d'honneur. En 1940, refusant la défaite, il rejoint Londres pour continuer la lutte auprès du général De Gaulle, qui lui confie la mission de rallier le Cameroun pour qu'elle rejoigne la France Libre. La légende du général Leclerc De Hauteclocque est née. Voici son histoire, son enfance jusqu'à sa lutte en Libye dans cette première partie.
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00:00:00 Dans son bureau de Fort Lamy, à l'abri des solitudes immenses du Sahara, celui qui était
00:00:23 alors le colonel Leclerc pouvait vivoter tranquillement. Il allait rallier le Cameroun, il avait un
00:00:30 beau commandement, pourquoi ne se serait-il pas imprégné de l'esprit de la ligne Maginot?
00:00:35 La guerre, n'est-ce pas attendre que les autres fassent quelque chose? Si Leclerc et
00:00:41 ses soldats s'étaient dit cela, ils n'auraient pas été des Français libres. Mais parce
00:00:46 qu'ils ont voulu, eux, combattre et vaincre, la France envahie a pu en dépit de tout apporter
00:00:52 une contribution éclatante à la bataille d'Afrique. En Érythrée, en Éthiopie, en
00:00:58 Libye, elle avait lutté, au Faisan, elle a conquis. Enfants de France, rêvez d'être
00:01:05 un jour des Leclerc, apprenez ce que vaut une libre volonté française.
00:01:11 Je prends l'avion avec mon état-major. Le point d'arrivée est Colomb-Béchar. Notre
00:01:27 pilote a des difficultés à communiquer avec notre destination. Il va alors décider de
00:01:31 suivre à basse altitude les rails qui mènent à cette ville. Trois personnes de mon état-major
00:01:35 se sont mises à se déplacer à l'arrière de l'avion. Et là, je me suis rappelé tous
00:01:39 les événements de ma vie. Ma jeunesse, comment je suis rentré dans l'armée, et comment
00:01:44 je suis devenu pour certains une légende de la France libre. Je vais tout vous raconter.
00:01:49 Et après ces deux parties de documentaire, je n'aurai plus de secret pour vous. Alors,
00:01:54 laissez-moi vous raconter le fil des événements de ma vie.
00:01:56 [Musique] La France Libre, un documentaire de Jean-François Le Corbusier. Un film de Jean-François Le Corbusier.
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00:03:22 Je m'appelle Philippe Leclerc de Haute-Cloche. Je suis né le 22 novembre 1902 à Bélois-Saint-Léonard,
00:03:28 une petite commune qui se situe dans la Somme, tout près de la grande ville d'Amiens.
00:03:32 Je suis le cinquième enfant et le second fils de mes parents. Mon père, Adrien de Haute-Cloche,
00:03:38 maire de la commune dans laquelle nous habitons, est un homme autoritaire et il rejette sans
00:03:42 fin de laisse les valeurs de la République, comme la Marseillaise, qu'il ne souhaite pas entendre
00:03:46 les 14 juillet lors de la fête nationale. Ma mère s'appelle Marie-Thérèse Van der Kruis de Oisières,
00:03:52 une femme qui m'a appris à ne jamais laisser dominer les pensées négatives qui peuvent nous ruiner
00:03:56 la santé mentale, mais également à contrôler ses sauts d'humeur, ce qui n'est pas évident pour moi.
00:04:01 Quand j'ai atteint mes sept ans, j'ai commencé à remporter mes premières victoires sur moi-même.
00:04:06 J'espère battre mon défaut à l'avenir. Je dois encore beaucoup apprendre sur ma personne,
00:04:11 mais je laisse le temps faire son travail. Dans les bois, je pratique mon sport favori,
00:04:15 qu'est la chasse. Je chasse les lapins ou les écureuils, mais je vais commencer à créer des
00:04:20 tactiques pour mieux débusquer mes petites proies, et je vais même les enseigner à ma jeune soeur
00:04:24 Colette, qui est pour le coup très attentive. Mais la petite vie de famille tranquille sera
00:04:29 rapidement stoppée. Les Allemands souhaitent une nouvelle fois se mesurer à notre grande France.
00:04:34 C'est pour ça que mon père et deux de mes oncles sont appelés à prendre les armes lors de la
00:04:38 mobilisation générale du dimanche 2 août 1914. Mon grand frère, qui se prénomme Guy, entre,
00:04:44 lui, à l'école de Saint-Cyr, où il fera partie des futurs grands officiers de cette guerre.
00:04:49 Quant à moi, je ne suis pas encore un homme pour entrer dans l'armée. Je dois donc continuer
00:04:54 d'aller à l'école. En octobre 1915, je gagne le collège jésuite de la Providence à Amiens.
00:05:00 Je me fais très vite remarquer par mes camarades, qui me surnomment Aristot. Même mes professeurs
00:05:05 sont impressionnés par mon caractère. Mais oui, je ne crache pas dans mes mains pour dire la vérité
00:05:09 aux gens qui m'entourent. Quand quelque chose ne va pas, je le dis. Mais je travaille dur pour
00:05:14 réussir à rendre fier mon père qui est loin de moi. Et c'est pour ça que je remporte tous les
00:05:18 premiers prix. Le soir, je vois les lueurs et les canonnades venant du front. C'est là que j'ai pris
00:05:24 une décision importante. Je me souvenais de mon oncle Valerant, qui avait une poitrine remplie de
00:05:29 médailles et qui a malheureusement été tué au champ d'honneur le 22 août 1914. Mon père m'a
00:05:34 toujours dit que je lui ressemblais beaucoup, mais ça je ne l'ai jamais remarqué. On ne le remarque
00:05:38 jamais quand on ressemble à quelqu'un. On ne fait que hausser les épaules et approuver ce qu'on nous
00:05:42 dit. À la fin de la guerre, mon père est revenu lui aussi avec des médailles plein le poitrail.
00:05:47 Maintenant, c'est clair, je veux être comme eux. Un futur militaire reconnu et médaillé, comme mes
00:05:53 ancêtres l'ont été. À la fin de l'année scolaire de 1920, je suis ravi d'annoncer à mon père que
00:06:01 j'ai obtenu mon baccalauréat avec une mention de surcroît. Ses yeux pétillent de bonheur pour moi,
00:06:06 et il m'a inscrit à l'école Sainte Geneviève à Versailles, qui est une école pour se préparer aux
00:06:10 concours de Saint-Cyr. Je ne peux pas échouer si près du but. Ma mère m'enseigne qu'il faut savoir
00:06:15 se dépasser pour réussir dans la vie. Pour éviter de penser à la peur, je décide de travailler,
00:06:20 et quelquefois, c'est vrai, je suis un peu indiscipliné. Comme à mon habitude, mon caractère
00:06:25 est très vite remarqué. Que ce soit les professeurs ou mes camarades, ils s'aperçoivent que je ne
00:06:30 me laisse pas faire. Même les petites bagarres ne me font pas peur. En famille, nous avons
00:06:35 célébré le mariage de mon frère Guy, qui s'est marié à la fille d'une baronne de Gargan. Je vais
00:06:41 souvent le voir, et cette fois-là, j'aperçois une jolie jeune fille, qui se nomme Marie-Thérèse
00:06:45 de Gargan. Une fille qui me ressemble, et qui est pieuse tout comme moi. Après avoir senti cette
00:06:51 sensation bizarre en moi, j'ai dit à ma mère qu'avec elle, ce ne sera jamais dur de marcher dans
00:06:55 le droit chemin. Je suis éperdument amoureux d'elle. Jamais je ne remercierai assez le bon
00:07:00 Dieu de m'avoir donné une pareille femme. En 1922, je franchis les portes de Saint-Cyr. Je suis
00:07:07 dans la promotion Metz et Strasbourg. C'est ici que je deviens un cavalier laborieux et que je
00:07:12 surclasse tous mes condisciples, et en 1923, je termine parmi les premiers de ma promotion. Je
00:07:18 vais pouvoir intégrer la cavalerie, qui est l'arme de la noblesse. Mon commandant m'a même fait une
00:07:23 appréciation flatteuse dans mon dossier. Un officier a poussé dans l'intérêt de l'armée, qui a les
00:07:28 plus belles qualités militaires et les a développées par un travail acharné. Par son énergie et sa
00:07:33 persévérance, il a tiré très bon parti de dispositions médiocres pour l'équitation. Pas mal, vous ne
00:07:39 trouvez pas ? En 1925, j'entre à l'école d'équitation de Saumur, d'où je ressors major de ma
00:07:45 promotion. Et le 10 août 1925, je me marie avec Marie-Thérèse, mais je lui ai tout de suite posé
00:07:50 une question qui est importante pour moi. Laquelle vous allez me dire ? Si elle accepte de toujours
00:07:55 passer après la France ? Oui, c'est bizarre de poser cette question à la femme qu'on aime, mais
00:08:00 j'ai un destin à accomplir au sein de l'armée. En octobre de la même année, je suis affecté à
00:08:06 Maillance, puis à Trèves, où j'effectue un stage dans un escadron d'automitrailleuses. C'est là que
00:08:11 j'ai appris à conduire et à tripoter des mécaniques au frais du gouvernement. Être derrière la
00:08:16 mécanique, c'est bien beau, mais je suis un homme d'action. C'est pour ça que je demande mon
00:08:20 transfert au Maroc. Mais avant de partir, j'ai vu la naissance de notre premier fils, Henri, un
00:08:27 futur militaire comme son papa. Enfin, je l'espère. En octobre 1926, je dois rejoindre le 8e régiment
00:08:35 de sa fils à Taza, avec les galons de lieutenant. Mais la reddition d'Abdelkrim a mis un terme à
00:08:41 la guerre du Rif, et donc je suis arrivé trop tard. À la place, je dois former les élèves
00:08:46 officiers marocains avec qui je noue des relations amicales, et ainsi grâce à eux j'ai pu
00:08:50 perfectionner mon arabe. Un an après, le 18 août 1927, mon deuxième fils qui se prénomme Hubert
00:08:56 est venu au monde sous la chaleur écrasante du Maroc. En 1929, je suis transféré à un poste
00:09:05 plus important. Je dois aller à Mzizel, dans le Haut Atlas, où la rébellion est encore bel et
00:09:10 bien présente. Je me suis juré d'accomplir mon devoir d'officier, même si les conditions sont
00:09:15 risquées. Ma femme, en plus, va donner naissance à notre troisième enfant, ou encore un petit
00:09:20 garçon, qui se prénomme Michel. Mais la zone n'étant pas certaine pour ma famille, je leur
00:09:25 demande pour leur sécurité de retourner en France. Une fois revenu au pays, ils vont s'installer
00:09:30 près de Bélois, au château de Tailly-l'Arbramouche, qui a été offert par les Oisières. Désormais
00:09:35 seul avec mes hommes dans ce désert, j'improvise certaines choses pour notre lutte, mais mes
00:09:40 supérieurs ne sont pas au courant de mes stratégies. Le 13 juillet 1930, je remporte mon premier
00:09:45 combat contre la tribu des Haïtamou. Lors de cette mêlée, j'ai pu constater que j'étais blessé
00:09:50 au pouce. Mais ce n'est qu'une blessure superficielle, rien de grave. Grâce à cette victoire, je
00:09:55 gagne une citation à l'ordre de l'armée. Durant l'hiver, je suis muté à l'état-major de Rabat,
00:10:02 parce que mes supérieurs m'ont reproché d'avoir pris une trop grande liberté dans le désert.
00:10:06 Mais ce qu'ils n'ont pas encore compris, c'est que c'est le prix à payer pour avoir de belles
00:10:10 victoires. Du coup, en février 1931, je décide de devenir instructeur à Saint-Cyr, même si j'essaye
00:10:17 d'avoir un nouveau poste qui se trouve en première ligne. Mais malheureusement, je n'y suis pas
00:10:21 arrivé. A peine arrivé à Saint-Cyr que l'on me donne déjà un surnom, qui est la Barre de Fer.
00:10:26 Oui, un drôle de surnom, je l'avoue. Mais c'est dû à mes sautes d'humeur, qui sont devenues
00:10:30 de pire en pire à cause du paludisme que j'ai contracté au Maroc. Mais je suis également
00:10:34 intransigeant, car à l'heure actuelle dans l'armée, il y a beaucoup de laissés-aller.
00:10:38 Mais mes élèves m'admirent, comme moi j'ai admiré mon oncle, mon père et mes ancêtres
00:10:42 dans leur fête-guerre.
00:10:44 À l'été 1933, je décide de prendre une permission pour aller au Maroc. Mais pas pour me reposer,
00:10:52 pour me battre. Eh oui, des vacances à la guerre. Mais pour avoir satisfaction à mes attentes
00:10:58 et être au feu de l'action, je suis allé taper à la porte du prestigieux général Henri Giraud.
00:11:02 J'ai réussi à le convaincre, et il m'a donné le commandement de la région de Tinerir.
00:11:06 Dès mon arrivée, je redessine les manœuvres d'attaque sans en informer le haut commandement.
00:11:11 Le 13 août, après plusieurs jours de combat dans le massif de Lamdoun, j'ai réussi à
00:11:16 obtenir une deuxième victoire. Ce qui m'a valu une deuxième palme à ma croix de guerre,
00:11:20 pour mon mépris du danger et un sens du terrain absolument remarquable comme ils me l'ont notifié.
00:11:25 Malheureusement, ma réussite a fait des envieux et des jaloux, voire même j'irrite mes supérieurs.
00:11:31 Après ces deux victoires au Maroc, je reçois la médaille de la Légion d'honneur,
00:11:35 un peu tard à mon goût, puisque je ne la reçois que deux ans plus tard, soit le 16 janvier 1936,
00:11:40 enfin bref. Mais en septembre 1935, j'ai obtenu le grade de capitaine, et j'ai obtenu à Saint-Cyr
00:11:47 le commandement des postulants de la seconde année à la cavalerie, qui se prénomme l'escadron.
00:11:51 Croyez-moi, je ne vais pas l'éménager. L'instruction automobile arrive enfin au sein de l'école.
00:11:57 Je décide donc d'organiser des manœuvres combinées avec l'aviation. Ma technique a été constatée
00:12:02 par le colonel Le Gentilhomme, le commandement en second de l'école. Il a noté sur mon dossier
00:12:08 « possède au plus haut point l'esprit de devoir et le fanatisme de son métier,
00:12:12 vertu qu'il s'était forcé de communiquer à ses élèves et il y a réussi.
00:12:16 Joint à ses qualités d'intelligence, de travail, d'énergie et de modestie, la passion des responsabilités
00:12:21 et du commandement est de la plus haute valeur morale. Officier à pousser dans l'intérêt de l'armée. »
00:12:26 Des éloges qui me placent vraiment sur un piédestal.
00:12:30 Avant que la mécanique ne s'installe à Saint-Cyr, je repère un cheval, avec une couleur magnifique.
00:12:36 Un alésan, qui s'appelle Eris XVI. Je souhaite l'enfourcher et faire de lui un cheval de combat.
00:12:42 Certains me préviennent qu'il a un petit caractère, et moi aussi, donc ça tombe bien, on va bien s'entendre.
00:12:48 Mais au moment de l'enfourcher pour une maloeuvre militaire, il s'est cabré et m'a fait tomber au sol.
00:12:53 La conséquence de cette chute, le tibia cassé. On va me réparer tout ça, mais ma façon de marcher va être un peu différente.
00:13:00 Et puis, cette fracture ne me décourage pas du tout. À l'avenir, je vais prendre une canne pour m'aider à marcher
00:13:05 et pour que cette démarche ne se voit pas. Mais vous allez connaître cette canne un peu plus tard.
00:13:11 La France traverse une crise plutôt étrange avec ses manifestations antimilitaristes et la montée du nazisme en Allemagne.
00:13:19 Tout ça ne sent pas bon. Mais je m'efforce à continuer de préparer mon concours à l'école de guerre.
00:13:25 Je suis l'un des premiers au classement. En septembre 1938, je suis mobilisé lors de la crise tchécoslovaque.
00:13:33 Mais pour une très courte durée seulement, car une autre guerre se prépare.
00:13:37 Et celle-là, je le sens, elle va frapper la France en plein cœur.
00:13:42 Désormais, je suis père de six beaux enfants et une poitrine remplie de décorations.
00:13:47 Que demander de plus à mon âge, si ce n'est de protéger ma famille d'une future guerre ?
00:13:52 En septembre 1939, suite à la déclaration de guerre, je suis affecté à l'état-major de la 4e division d'infanterie,
00:14:02 qui sont sous les ordres du général Muss.
00:14:05 Que ce soit sur la ligne Maginot, dans la forêt Mosellan ou à Montreuil-sur-Mer,
00:14:09 j'impressionne tout le monde avec mon énergie.
00:14:12 Énergie qui m'a permis de conduire des excursions au sein des lignes ennemies.
00:14:16 Elles sont juste en face de nous. Ils sont comme nous, terrés dans une ligne de défense.
00:14:20 Mais eux, c'est la ligne Siegfried.
00:14:23 Chaque jour gagné constitue un bénéfice et permet de rattraper notre retard face aux Allemands.
00:14:28 Le 10 mai 1940, les Allemands entrent en Belgique et aux Pays-Bas,
00:14:33 et les troupes motorisées par les Ardennes belges,
00:14:35 qui étaient infranchissables pour le haut commandement français, maintientent du parle.
00:14:40 Pendant deux semaines, je ne vais pas arrêter de bouger.
00:14:42 Je me rends au PC, puis en première ligne, et ensuite auprès des unités encerclées pour empêcher l'inéluctable.
00:14:48 Mais les Allemands sont partout, et avancent très vite.
00:14:52 Ils sont en plus dotés d'armes beaucoup plus modernes que nous.
00:14:55 Nous, nous devons reculer à chaque fois qu'ils avancent.
00:14:58 Le 28 mai, je suis avec mon unité dans la ville de Lille,
00:15:01 où nous avons retrouvé les vestiges de l'armée du Nord, qui a perdu son chef, le général Giraud,
00:15:05 qui a été capturé une semaine plus tôt.
00:15:08 Nous savions que les Britanniques se sont occupés d'évacuer ses troupes à Dunkerque,
00:15:12 et nous espérions que certains de nos camarades français puissent être évacués avec eux pour continuer la lutte.
00:15:16 Donc nous avons continué à nous battre pour leur donner du temps.
00:15:20 Mais face à la pression allemande, l'unité présente à Lille a déposé les armes le 1er juin.
00:15:25 Même les Allemands ont rendu les honneurs en les saluant militairement.
00:15:29 Mais mon destin n'est pas de rester derrière les barbelés.
00:15:32 J'ai demandé l'accord à mes supérieurs si je peux m'évader, mais aucun de mes camarades ne veut me suivre.
00:15:38 Je suis parti seul, sur les routes, avec un vélo qui avait été abandonné.
00:15:42 Sur les routes, je me débrouille pour ne pas être repris.
00:15:46 Donc je pars de place en place, de porte en porte et de cachette en cachette.
00:15:50 Je suis finalement arrivé à Cambrai, où je suis démasqué.
00:15:54 Mais avec mes papiers d'identité et mon ordonnance de Kinin à l'appui,
00:15:57 je leur dis que je suis réformé en raison de ma nombreuse progéniture et du paludisme que j'ai contracté au Maroc.
00:16:03 J'ai finalement eu gain de cause le 1er juin.
00:16:07 Le 4 juin, après avoir franchi à la nage le canal Crozat,
00:16:10 je réussis finalement à rejoindre la 23ème division française, qui se trouve à une dizaine de kilomètres de Saint-Quentin.
00:16:17 Je m'aperçois que le chef de la 7ème armée est le général Frère,
00:16:20 qui avait commandé Saint-Cyr durant les 4 années que j'avais passé là-bas en tant qu'instructeur,
00:16:24 et aussi quand il a appuyé mon escapade marocaine lors de mes congés d'été en 1933.
00:16:29 On a été ravis de se revoir, même si dans le fond, on savait que tout était perdu.
00:16:34 Dans la nuit du 9 au 10 juin, je suis affecté au PC du 2ème groupement cuirassé, au sud de Rottel.
00:16:40 Ce groupe d'armée a été constitué rapidement, avec les vestiges de trois divisions blindées françaises et des éléments d'une brigade cuirassée polonaise.
00:16:47 En somme, c'est un essai tardif de Panzer Division. En retard, comme toujours.
00:16:52 Mais je communique mon énergie à mes hommes,
00:16:55 et on a même réussi sous l'impulsion de la 3ème division cuirassée à aider les fantassins du général Delattre de Tassigny.
00:17:01 Mais l'ordre de repli tombe entre nos mains.
00:17:04 Ce qui est incroyable, c'est que rien n'arrête ces vers de gris.
00:17:08 Le 15 juin, alors que je fais route vers la Seine, la Luftwaffe nous a repérés, et nous mitraillent sans relâche.
00:17:15 Et là, pas de chance, blessure à la tête.
00:17:18 Je suis évacué à mon grand désarroi, puis je suis pris en charge dans une infirmerie à Avalon,
00:17:24 qui, par ailleurs, sera prise par les Allemands dès le lendemain.
00:17:27 La captivité ? Hors de question. Je décide de tromper l'ennemi sur mes qualités en tant qu'officier,
00:17:33 et aussi à cacher la gravité de ma blessure.
00:17:36 Je décide de m'évader le 17 juin pour ensuite rejoindre le château d'Etole, qui est la propriété du beau-père de ma sœur Colette.
00:17:43 Arrivé sur place, c'est l'effroi. Je suis figé par ce que je vois.
00:17:47 Les Allemands. Ils sont déjà là, en train de boire comme des trous à fêter leur victoire éclair.
00:17:53 Je décide de prendre des effets civils et en vélo, qui me permettra de rejoindre Paris trois jours plus tard.
00:17:59 Je me cache dans le siège social des Wendels, qui sont des amis, et qui se trouvent non loin des Champs-Élysées.
00:18:04 Je vais en profiter pour changer mes bandages et soigner mes nouvelles plaies.
00:18:08 Cette soirée me permet de réfléchir. Qu'est-ce que je fais ?
00:18:12 Soit je rejoins ma femme et mes six enfants qui ont besoin de moi, surtout en ces temps durs, ou alors…
00:18:18 Commande à tous les Français libres de continuer le combat, là où ils seront et comme ils pourront.
00:18:28 Il est par conséquent nécessaire de grouper…
00:18:33 Mais qu'est-ce que j'entends ? Le général de Gaulle, l'auteur du livre vers l'armée de métier et le fil de l'épée, est à Londres.
00:18:40 Et il nous appelle à continuer la lutte en le rejoignant ?
00:18:43 C'est décidé. Je vais continuer à me battre aux côtés du général de Gaulle.
00:18:47 Mais avant ça, il faut que je prévienne ma famille et que je dise au revoir à ma portée de Marcassin.
00:18:53 Grâce à l'aide de ma sœur Yvonne, qui m'a procuré un osweiss, j'ai pu franchir la ligne de démarcation pour rejoindre ma famille,
00:18:59 qui se trouve dans une propriété viticole en Gironde, qui appartient à ma belle famille.
00:19:03 Ma femme et mes enfants m'ont retrouvé barbu, fatigué et la tête encore dans les bandages.
00:19:08 Je leur explique que je dois partir loin d'eux pour continuer la lutte et sauver l'honneur de la France.
00:19:14 Marie-Thérèse, la femme que j'ai épousée, a une force incroyable et me laisse accomplir mon destin.
00:19:20 C'est grâce à elle si j'ai la force de continuer.
00:19:23 Elle apaise mes doutes et mon âme.
00:19:26 Sa force est ma force.
00:19:28 Le 4 juillet, je pars à Bayonne, espérant avoir un visa pour aller en Espagne puis au Portugal.
00:19:38 Pour que ce soit accepté, je vais falsifier mon passeport et jouer la comédie en prétextant que je dois aller aux États-Unis.
00:19:44 Mais ces gardes sont tenaces, je n'obtiens rien d'eux.
00:19:47 Je tente ma chance de l'autre côté des Pyrénées.
00:19:50 Et le 11 juillet, j'arrive à Perpignan.
00:19:52 Les fonctionnaires français et espagnols sont beaucoup moins stricts.
00:19:56 Et le soir même, j'ai réussi à atteindre Cerbère.
00:19:59 Une fois arrivé sur les lieux, la police espagnole m'arrête et a découvert les 15 000 francs que j'ai sur moi.
00:20:05 Ils m'ont aussitôt pris pour un trafiquant.
00:20:07 N'importe quoi, je n'ai pas la tête d'un trafiquant.
00:20:10 Enfin, c'est finalement le juge de Figueres qui prend la décision de me relâcher et m'inflige une amende.
00:20:15 Au fait, j'ai oublié de le mentionner pour protéger ma famille, mais j'ai décidé de changer de nom.
00:20:21 Désormais, je m'appelle Leclerc.
00:20:24 François Leclerc.
00:20:26 Le 16 juillet, au soir, je réussis à atteindre Madrid où je me suis rendu à l'ambassade britannique qui m'ont délivré un visa.
00:20:33 Ensuite, je prends le bateau pour me rendre à Liverpool.
00:20:36 Je remarque que je ne suis pas le seul français à faire ce voyage.
00:20:39 Tous veulent rejoindre le général de Gaulle et continuer la lutte pour libérer notre belle France.
00:20:45 Le 25 juillet, je suis arrivé à Londres, et je souhaite rencontrer l'homme qui m'a fait changer d'avis.
00:20:51 Je l'ai rencontré à son QG de Carlton Gardens, et je lui raconte tout ce que j'ai vécu.
00:20:57 Lui aussi est stupéfait de mon énergie, ce qui pourrait être très positif pour lui et la future armée qu'il souhaite mettre en place.
00:21:03 De Gaulle, qui est en manque d'officier, m'a promu chef d'escadron.
00:21:07 Je fais une demande auprès des képis blancs de la Légion étrangère qui sont restés en Angleterre après être revenus de Norvège.
00:21:13 Mais le colonel Raoul Magrin-Werneret, alias Monclerc, refuse mon offre de service.
00:21:18 Je pense certainement qu'il connaît ma réputation.
00:21:21 Du coup, je dois m'orienter vers une autre armée.
00:21:25 Il y a les chars du lieutenant Volvet, qui sont revenus eux aussi de Narvik.
00:21:29 Mais finalement, De Gaulle va me confier une mission.
00:21:32 Rallier l'Afrique équatoriale française et le Cameroun à la France libre,
00:21:36 avec l'aide du juriste René Pleven et du capitaine Claude Etier de Bois-Lambert.
00:21:40 Je n'y connais rien de cette partie de l'Afrique.
00:21:43 En somme, il faut faire changer d'avis ces peuples pour qu'ils se rangent du côté de De Gaulle, et non soutenir la politique de Vichy.
00:21:48 On va essayer ça.
00:21:50 Désormais, me voilà en route pour l'Afrique.
00:21:54 Winston Churchill nous a prêté l'un de ses avions, le Clyde.
00:21:59 Nous arrivons à Bathurst, puis à Freetown.
00:22:02 Je ne suis pas tout seul, je suis avec René Pleven et Claude Etier de Bois-Lambert.
00:22:06 Le 12 août, nous arrivons à Lagos, où nous sommes accueillis avec un petit mélange de sympathie et de frilosité par les autorités britanniques.
00:22:13 Ces dernières ont peur que l'on provoque son voisin français du Niger.
00:22:17 C'est ironique de dire ça, sachant que nous-mêmes sommes des Français.
00:22:20 Mais je dois régler une affaire, surtout avec le général Giffard, le commandant en chef de la région, qui refuse de voir la croix de Lorraine associée à l'Union Jack.
00:22:29 Nous avons reçu de nouvelles informations à propos de pays ralliés à notre cause.
00:22:33 Apparemment, le Cameroun serait prêt à nous rejoindre, car le haut-commissaire Richard Bruno a pris contact avec Londres un mois auparavant.
00:22:40 Enfin, jusqu'à ce que Vichy voit sa traîtrise et décide de faire le ménage.
00:22:44 J'explique au général Giffard qu'il faut qu'on s'y rende de toute urgence, mais il me dit qu'il n'a qu'un bataillon de tirailleurs sénégalais à sa disposition.
00:22:51 Et encore, ils sont échoués au Gold Coast au Ghana. En plus, les officiers ont décidé de refuser de tirer sur des Français.
00:22:57 Je lui confirme que nous ne serions en aucun cas responsables si l'autre camp tire le premier.
00:23:02 Mais je m'aperçois qu'il est beaucoup trop tôt pour envisager une opération.
00:23:06 Je dois donc recruter des officiers au sein du bataillon sénégalais, et les troupes peuvent choisir entre le ralliement avec nous ou non.
00:23:12 Le colonel Edgar de l'Armina nous rejoint, et avec lui, il ramène les troupes du Levant. C'est une excellente nouvelle pour la suite de notre lutte.
00:23:19 Nous avons fait route à Fort Lamy, où la plupart des civils et militaires sont impatients de voir le Tchad rallier à la France libre.
00:23:25 Le Sénégal et la Côte d'Ivoire sont des pays qui seraient idéaux pour encadrer et entraîner les hommes pour la première action de combat qu'on doit mener.
00:23:32 René Pleven, de son côté, va apporter au gouvernement Héboué le coup de pouce nécessaire pour que le pays bascule de notre côté une bonne fois pour toutes.
00:23:40 Le War Office et Churchill acceptent que l'on rejoigne Victoria, la capitale du Cameroun.
00:23:46 Le 24 août, le général Giffard met son droit de veto sur cet accord, et demande même au navire qui me transporte moi et mes troupes de faire demi-tour.
00:23:54 Mais avec ma force de persuasion, je réussis quand même à persuader le commandant du navire à nous déposer à bon port, ce qu'il fait.
00:24:01 Je dois revoir mes plans, car pour transporter les tirailleurs, je compte sur l'aide britannique pour qu'ils puissent nous prêter des camions.
00:24:08 Mais je remarque que les Sénégalais désertent, certainement à cause du général Giffard. Il a envoyé des émissaires pour les manipuler. Quel crapule ce Giffard !
00:24:17 Heureusement, il me reste 300 hommes, mais tous me disent que ce serait impossible de continuer la lutte. Ce à quoi je leur réponds, ne me dites pas que c'est impossible !
00:24:26 Cette phrase, je l'ai souvent répétée aux élèves qui sont passés sous mes ordres lorsque j'étais à Saint-Cyr.
00:24:31 Avec 300 hommes, on peut faire beaucoup de choses. Dans la nuit du 26 et 27 août, je prends une décision, et 22 de mes hommes vont écouter ma décision dans le hangar de Tycho.
00:24:41 Nous allons libérer le Cameroun, et nous allons devoir faire très vite, car les nouveaux gouverneurs et commandants militaires nommés par Vichy doivent arriver dans moins de 24 heures.
00:24:50 Le jour même, j'apprends une très bonne nouvelle. Félix Héboué, épaulé par René Pleven et le lieutenant-colonel Jean-Colonel Adorno ont proclamé le ralliement du Tchad à la France Libre.
00:25:00 À 4h du matin, mon équipe et moi prenons la mer pour rejoindre le Cameroun. Pendant 24h, nous avons navigué dans des eaux difficiles, peuplées par toutes sortes d'animaux, du crocodile au douanier.
00:25:12 Le lendemain, à 2h, je décide de tomber à l'eau et de mettre pied à terre. Je remarque que le comité d'accueil n'est pas là.
00:25:20 Finalement, nous nous rencontrons dans la maison du docteur Mosé, et je remarque sur son visage un défaitisme.
00:25:25 En me voyant, il ne cache pas son étonnement de voir un colonel aussi jeune. Il ne sait pas en revanche que je me suis autoproclamé colonel pour cette mission.
00:25:33 Je ne leur cache pas que personne ne nous accompagnera, mis à part ceux qui veulent nous suivre. Les autres colonies suivront l'exemple du Cameroun.
00:25:41 Et après, ce sera la France entière qui va continuer la lutte aux côtés de l'Angleterre.
00:25:45 Je mise sur les officiers, des capitaines qui sont assis au fond de la salle, dont un en particulier, Louis Diot, qui connaît le Sahara comme sa poche depuis sa sortie de Saint-Cyr.
00:25:55 Il m'a alors assuré qu'il me suivrait. Je distribue les tâches et la mission de certains pour que tout se passe bien.
00:26:01 Mes hommes vont se disperser sur Douala, avec très peu d'armes, mais ça va le faire.
00:26:05 Les points névralgiques sont occupés, et à 11h, je m'autoproclame commissaire général et je proclame que le Cameroun a rallié la France libre.
00:26:13 Apparemment, face à l'annonce de cette nouvelle, Churchill a été très étonné.
00:26:17 Pour le moment, seul Douala est sous notre contrôle. Je dépêche des émissaires dans le reste du pays, notamment Ayahoundé.
00:26:25 Le 28 août, la compagnie Diot arrive dans la ville, qui tombe entre nos mains sans avoir tiré un coup de feu.
00:26:31 Le général de Gaulle revendique aussitôt que le pays est tombé sous l'étendard de la Croix de Lorraine.
00:26:35 Le général de Gaulle a confirmé mes cinq galons pour récompenser ma force et ma volonté pour la France libre.
00:26:41 Le Cameroun va nous fournir une escouade de guerriers qui deviendront les piliers de ma future deuxième division blindée.
00:26:47 Dio Kilichini, le capitaine Crépin, le lieutenant Drone rejoindront les rangs de ma division.
00:26:53 Je vais également faire un discours à la radio pour sensibiliser le plus de monde possible à notre cause.
00:26:59 Les gens de Vichy se sont laissés arracher une capitulation honteuse.
00:27:04 Cette lâcheté inspirait surtout le dégoût quand on connaissait leur écroulement moral et intellectuel.
00:27:09 Ils semblent décider maintenant à continuer la guerre dans le camp allemand.
00:27:13 J'appelle cela de la trahison.
00:27:16 Leurs ennemis sont les ennemis de Hitler.
00:27:19 Leurs alliés sont les alliés de Hitler.
00:27:22 Voilà le fait brutal qui domine le drame.
00:27:25 On parlait jusqu'ici de l'axe Berlin-Rome, je crois que nous pouvons également parler de l'axe Berlin-Vichy.
00:27:31 J'espère que ce discours va être entendu et que beaucoup vont ouvrir les yeux sur la France de Vichy,
00:27:36 et qu'il faut se rallier à notre cause pour libérer notre France de ce fardeau.
00:27:41 Avec ma nouvelle fonction de commissaire général, je décide d'arpenter le Cameroun pour qu'il puisse s'améliorer économiquement.
00:27:50 Avec René Pleven, nous avons décidé de créer une relance économique pour montrer à toute l'Afrique que la France libre aide ses alliés.
00:27:57 Mais je suis avant tout un soldat, et pour moi, la seule chose qui compte, c'est la victoire.
00:28:03 Je dois de nouveau parler à la radio pour sensibiliser de futurs combattants et redonner l'espoir à certains qui ne croient plus en un meilleur avenir.
00:28:10 Je vous fais lecture de ce que j'ai prononcé à la radio.
00:28:13 Français de l'AOF, Français de Dakar, Français de l'Afrique du Nord,
00:28:20 L'heure sonne pour vous, le devoir vous appelle.
00:28:24 Écoutez, venant de France, la supplique de votre mère, de votre femme.
00:28:29 Écoutez la voix de votre fils qui vous parle.
00:28:32 Toi, qui es encore libre, lutte pour nous délivrer.
00:28:35 Sois digne de notre courage à nous, qui ne pouvons plus rien.
00:28:39 Nous t'en supplions, dresse-toi, fier aux côtés de ceux qui combattent pour abattre nos oppresseurs.
00:28:45 Les tirailleurs de Mangin ont monté la garde à Mayence.
00:28:48 Ceux du Cameroun leur succéderont.
00:28:50 Combien de mois, combien d'efforts réclamera la victoire ?
00:28:54 Je l'ignore, mais nous l'aurons.
00:28:57 Le 8 octobre 1940, le corps expéditionnaire se rapproche de moi pour s'intégrer aux Forces Françaises Libres.
00:29:03 Le général de Gaulle espère prendre Dakar, mais malheureusement, c'est un cuisant échec.
00:29:08 Mais de Gaulle a toujours réussi à trouver les mots pour motiver ses troupes.
00:29:11 Désormais, les Forces Françaises Libres détiennent 18000 soldats.
00:29:16 Leur mission est de protéger les Français, de les protéger, de les protéger.
00:29:21 Enfin, c'est surtout grâce aux bataillons de tirailleurs d'AEF, sinon nous n'aurions jamais atteint ce nombre d'hommes.
00:29:26 Je vais sans cesse plaider auprès de De Gaulle, que j'accompagne lors de sa tournée d'AEF,
00:29:30 qu'il peut compter sur moi et que je suis prêt à obéir à ses ordres.
00:29:34 Le général a pointé du doigt un territoire qui n'est pas encore sous sa bannière et qui est resté fidèle à Vichy.
00:29:39 C'est le Gabon.
00:29:41 Depuis le 15 septembre, des colonnes motorisées et des FNs sont en train de se déployer.
00:29:46 C'est le Gabon.
00:29:48 Depuis le 15 septembre, des colonnes motorisées et des FNs se sont infiltrées dans le pays en franchissant les frontières voisines.
00:29:55 J'ai décidé d'engager une partie des chars du lieutenant Volvay, qui est arrivé de Londres avec le général De Gaulle.
00:30:01 Mais c'est maintenant que je m'en aperçois. La forêt gabonaise est un enfer pour les chars.
00:30:06 Toutes les colonnes doivent s'arrêter.
00:30:09 Je vais y aller et tâtonner le terrain en éclaireur dans le village de Mizik.
00:30:13 Je ne vais pas hésiter à déchaîner ma colère sur Dio qui ne cesse d'immobiliser les troupes.
00:30:17 Un rapport me parvient.
00:30:19 Le commandant Parran est arrivé le premier à l'embarainer.
00:30:22 Mais il est face aux défenseurs qui sont hostiles à toute idée de ralliement.
00:30:26 Le combat semble désormais inévitable.
00:30:29 Tirer sur des français, je ne vais pas dire que j'aime ça, mais si on peut éviter, alors autant saisir cette option.
00:30:35 Si on veut que tout le pays tombe, il faut frapper en son cœur.
00:30:38 En soit, la ville de Libreville.
00:30:41 Je vais donc proposer à De Gaulle de faire passer mes troupes dans le bayou.
00:30:44 L'ennemi ne s'attendra pas que je passe par là.
00:30:47 Mais le général rechigne mon idée, car il ne veut plus que les français tirent sur d'autres français,
00:30:51 comme la dernière fois à Dakar.
00:30:53 Je ne me laisse pas vaincu.
00:30:55 L'armée n'a, qui a à peu près la même détermination que moi, donne son feu vert, mais soudainement passe à l'orange.
00:31:02 De Gaulle nous impose quatre conditions pour réaliser cette opération.
00:31:05 Mais les deux premières doivent retenir votre attention.
00:31:08 Il veut un maintien du dialogue avec les troupes adverses pour limiter au maximum les pertes dans les deux camps.
00:31:12 Il veut également l'appui naval des britanniques.
00:31:15 Mais Churchill suspend sa force navale à participer à nos opérations,
00:31:19 car il souhaite d'abord connaître les échanges qu'ont eu Pétain et Hitler à Montoir, le 24 octobre.
00:31:24 Je dois avouer que ça ne donne pas là une très belle image de la France.
00:31:27 Enfin bref.
00:31:29 Le capitaine de frégate Thierry d'Argentlieu, en charge de la partie maritime, m'expose les faiblesses de mon plan.
00:31:34 Il me fait comprendre que sans l'appui de la flotte et de l'aviation, ce sera difficile de réussir.
00:31:39 Comme si je ne le savais pas.
00:31:41 L'essentiel est d'avoir le moral pour combattre.
00:31:44 Et là, on peut s'en passer de l'aviation et de la flotte.
00:31:47 Très bien, je vais m'en passer des accords de Thierry d'Argentlieu.
00:31:50 Et je vais donner les ordres à mes troupes.
00:31:52 Pour libérer la France de l'occupation de ces vers de gris,
00:31:58 je n'ai d'autre choix que de tourner le dos à l'institution militaire que je chérissais jusqu'ici.
00:32:02 Le 27 octobre, je suis nommé avec le capitaine de frégate Thierry d'Argentlieu,
00:32:06 membre du Conseil de Défense de l'Empire qui a été créé à Brazzaville.
00:32:11 Le général de Gaulle pense que les britanniques vont enlever les préventions dont il fait l'objet
00:32:15 suite à la décision de Pétain qui est d'entrer dans la voie de collaboration.
00:32:19 Mais les britanniques ont les oreilles bouchées et décident de ne rien améliorer.
00:32:23 Le général nous a finalement donné l'accord d'intervenir pour reprendre Libreville.
00:32:27 Thierry d'Argentlieu et le commandant marmier de l'aviation me rejoignent pour cette attaque.
00:32:31 Nous allons de nouveau tirer sur des français.
00:32:34 La marine britannique de l'amiral Cunningham nous rejoint et va nous aider à débarquer.
00:32:39 Nous arrivons à la baie de Monda, au nord de Libreville.
00:32:43 Mais l'effet de surprise s'est envolé à cause de l'aviation de Vichy qui nous repère et nous mitraille.
00:32:48 Nous subissons nos premières pertes, mais je ne compte pas faire demi-tour.
00:32:52 Je débarque sur l'île de Monoma que je choisis comme sas d'entrée.
00:32:56 Le soir même, je suis à la tête de mes troupes pour débarquer sur les côtes gabonaises.
00:33:00 Mais avant ça, je réunis mes officiers pour leur donner leurs ordres de mission.
00:33:05 Comme ils connaissaient mieux le terrain, les Camerounais seront en avant-garde.
00:33:09 Ils seront suivis de près par les légionnaires qu'emmènera le commandant Marie-Pierre Cunning
00:33:13 puisque le colonel Magrin-Verneret avec d'autres refuse de combattre des compatriotes.
00:33:18 A 8h du matin, nous voilà en route pour débarquer sur les côtes gabonaises.
00:33:22 Mais nous nous heurtons à une sacrée résistance.
00:33:25 Nous devons éviter l'aérodrome, il est beaucoup trop défendu.
00:33:29 Je laisse place en première ligne à un lieutenant, mais je ne la quitte pas pour autant.
00:33:33 Par ailleurs, j'ai échappé de très peu à la mort.
00:33:35 A la nuit tombée, nous avons subi très peu de pertes.
00:33:38 Enfin, nous, oui, mais pas la marine.
00:33:40 Car au large, les marines françaises et britanniques ont riposté
00:33:43 et ont coulé la vis au Bougainville et ont touché le sous-marin Poncelet qui s'est par la suite s'abordé.
00:33:48 Le colonel Claveau, commandant militaire du Gabon, a demandé à cesser le feu à Libreville uniquement.
00:33:54 Je décide de sauter sur l'occasion.
00:33:56 Je fais avancer mes légionnaires et tirailleurs vers la capitale,
00:33:59 mais les marins de la France Libre nous ont accueillis.
00:34:02 C'est Thierry d'Argentlieu qui a obtenu la reddition du général Tétu,
00:34:06 qui a été récemment nommé gouverneur général de l'AEF par Vichy.
00:34:10 Le Gabon est conquis, mais au prix de 7 tués et 23 blessés de notre côté,
00:34:15 et 26 morts et 725 prisonniers sont à déplorer du côté de Vichy.
00:34:19 Lors de l'enterrement du capitaine d'espion, j'ai déclaré que nos camarades sont morts en vainqueur.
00:34:24 C'est moi qui ai voulu cette opération.
00:34:27 Et je vais avouer en public que j'aurai sans cesse des regrets pour ces échanges violents entre FFL et les troupes de Vichy.
00:34:33 Thierry d'Argentlieu va sans cesse me reprocher que je ne cesse de prendre tous les lauriers pour cette opération alors que je n'étais pas le seul à agir.
00:34:40 C'est vrai, il n'a pas tort.
00:34:42 Mais secrètement, sans parler à personne, j'ai fait prisonnier toutes les autorités vichistes, y compris l'évêque de Libreville, Monseigneur Tardy.
00:34:50 Maintenant, je dois rallier les troupes du Gabon à notre cause, mais à cause de ces événements, la grande majorité d'entre elles refuse de se joindre au FFL.
00:34:59 Mais je n'ai pas envie de m'embarrasser avec tout ça.
00:35:02 Je souhaite m'occuper tout particulièrement du Cameroun, car je suis commissaire général.
00:35:06 Grâce à De Gaulle, je ne me vois plus comme un officier supérieur, mais comme un administrateur civil.
00:35:11 Mais le FFL a encore besoin de moi pour continuer la lutte.
00:35:15 Le général De Gaulle me nomme à la tête d'un régiment de tirailleurs sénégalais, au Tchad, dont le gouverneurat revient à l'ancien député de Nancy, Pierre-Olivier Lapi.
00:35:23 J'accuse un peu le coup, mais je respecte les ordres de notre chef et je le soutiendrai toujours, surtout un Césaire les plus sombres.
00:35:30 Par contre, je perçois très vite la stratégie géographique du Tchad.
00:35:34 Elle serait un promontoire de la France libre dans l'océan d'une Afrique du Nord et de l'Ouest, qui est encore aux mains de Vichy.
00:35:40 De Gaulle a choisi les premières cibles militaires du FFL, la Libye et l'Erythrée.
00:35:46 Il a même pointé du doigt les oasis de Mourzouk et de Koufra, qui se situent dans le royaume des Cénoussis.
00:35:52 J'atterris le 25 novembre au Tchad.
00:35:58 Je me rends à N'Djaména et Undé, qui ont la même heure, mais tout le reste du pays est en décalage horaire avec le reste de l'AEF, et ça, c'est un véritable problème.
00:36:06 Je fais la rencontre avec les troupes locales, et c'est plus compliqué qu'au Cameroun.
00:36:11 Comme à mon habitude, je vais faire preuve d'autorité pour dissimuler ma difficulté à nouer le contact.
00:36:16 Je vais donc réclamer auprès de ces hommes une obéissance et une motivation pour continuer la lutte,
00:36:20 et je leur promets qu'un jour, ils débarqueront en France et que je serai à leur tête.
00:36:24 Et cette promesse, je la tiendrai.
00:36:27 Moi, je suis obligé de rester ici. Je ne participerai pas à cette campagne, qui cette fois est contre l'axe.
00:36:33 Je fixe une mission à mes troupes. Leur propre but en Libye est de se concentrer sur Koufra et Mourzouk,
00:36:38 plutôt que la capitale du Fezan, sinon la campagne prendra beaucoup trop de temps.
00:36:43 Je n'ai pas autant de matériel que les forces de l'Axe, mais c'est un défi de réussir cette opération.
00:36:48 Je vais d'ailleurs sillonner tout le pays pour rendre visite aux troupes.
00:36:51 Ma raideur peut agacer beaucoup de monde, mais mon esprit d'initiative efface ce défaut.
00:36:56 Je vais me frotter au commandement de l'Afrique Française Libre, les AFL,
00:37:00 qui, je remarque, ne sont pas autant déterminés que moi, et pourtant, il le faut, car ça donne envie aux hommes de se battre.
00:37:06 Seule l'armina, qui est nommée haut-commissaire, me ressemble au niveau de mon point de vue.
00:37:10 Ensemble, nous faisons comprendre à De Gaulle les dangers du projet qu'il entretient de rallier l'AOF, l'Afrique Occidentale Française.
00:37:17 Et nous plaidons ensemble pour une action sur Koufra, qui sera beaucoup plus ciblée, mais avec des retombées de la propagande, ça, il peut en être sûr.
00:37:24 Nos troupes se déplacent vers le nord du Tchad, à Fort-Largeau.
00:37:28 Plus de 160 véhicules sont en attente pour attaquer, et 3000 chameaux vont compenser les véhicules qui manquent.
00:37:34 402 hommes sont prêts à en découdre avec l'Axe.
00:37:37 Ce sont les deux sections d'infanterie du lieutenant Jacques Florentin, le groupe nomade de l'Enedi du capitaine Fernand Barboteux,
00:37:43 la compagnie André Geoffroy qui vient du Cameroun, et de Pierre de Rénépons, mon cousin.
00:37:48 Les deux automitrailleuses de l'adjudant Jules de Touche et les six pièces d'artillerie du lieutenant Roger Seychaldi seront également présents.
00:37:55 Pour me seconder dans cette tâche, je peux compter sur le capitaine Jacques de Guilbon.
00:37:59 Ce polytechnicien est un connaisseur de l'Afrique, car il y est déjà allé en 1935.
00:38:04 Mais mon défaut, c'est que je délègue très peu.
00:38:07 Je veux tout voir, tout savoir et tout commander.
00:38:10 Même l'armina me le reprochera.
00:38:12 Il ne cessera de me dire que ce n'est qu'une patrouille de combat que je commande.
00:38:16 Il faut que je désigne un chef et que je lui fasse confiance.
00:38:19 J'ai du mal à suivre ce conseil.
00:38:21 J'aime m'assurer que tout est parfait et que personne ne contredit ou ne change mes ordres.
00:38:26 Pour connaître le terrain, je vais demander une reconnaissance photographique au-dessus de la zone de Koufra.
00:38:31 Le 28 décembre, je monte dans un avion qui me transporte à Ounian-Grakebir, qui se trouve à la frontière libyenne.
00:38:38 Le capitaine Lager ne souhaite pas décoller à cause des vents de sable.
00:38:41 S'il le faut, je prendrai le manche moi-même, mais j'ai dû attendre trois jours, trois longs jours avant de voir les deux avions décoller.
00:38:48 Mais un seul est revenu.
00:38:50 L'autre a dû se poser en catastrophe au milieu des lignes ennemies et sera sauvé in extremis d'une fin horrible par les Italiens.
00:38:56 Je vais reconnaître auprès du capitaine Lager que c'était ma faute.
00:38:59 Par contre, lui est revenu avec des images exceptionnelles de Koufra.
00:39:02 Et grâce à ça, on va pouvoir analyser le terrain.
00:39:05 J'aperçois sur les photos le fort central, qui est massif et qui surplombe la palmerie.
00:39:10 C'est un trop gros morceau. Je vais donc concentrer mon action sur les dépendances et l'aérodrome.
00:39:15 Comme j'ai écrit dans une lettre pour De Gaulle, quelles que soient les difficultés, nous irons et nous réussirons.
00:39:21 Mais le raid que les britanniques ont fait sur Mourzouk avec le Long Ranch Desert Group est prématuré.
00:39:27 Mais comme le Major Ralph Bagnole connaît le désert libyen comme sa poche, alors faisons-lui confiance, même si je n'aime pas leur irruption sur mes terres.
00:39:34 Par contre, je refuse que le lieutenant-colonel Colonador Nano participe à l'opération.
00:39:39 Il croit que je ne le sais pas, mais il a négocié secrètement avec les britanniques pour avoir en échange un accès au carburant du nord tchadien.
00:39:45 Il me sous-estime.
00:39:48 Je dois me concentrer maintenant sur mon objectif. Mes troupes seront transportées à Do Chamo.
00:39:54 Mais une chose m'interpelle. Je ne peux pas laisser Fezanne seulement aux mains des britanniques, car la France pourra peut-être convoiter cette région après la guerre.
00:40:02 Le 6 janvier 1941, je décide de changer ma décision.
00:40:06 Colonador Nano rejoint les 75 membres du Long Ranch Desert Group, en compagnie du capitaine Jack Massu et des trois autres compatriotes.
00:40:13 Le 11 janvier, l'équipe va mener son raid à Mourzouk, où on dénombre la mort de 80 ennemis.
00:40:19 Le Major Bagnole a atteint son objectif. Mais du côté du FFL, on a perdu Colonador Nano.
00:40:25 Il faut qu'on se serre les dents et qu'on le venge à présent.
00:40:28 Je vais demander au général de l'Armina de faire écho de cette perte et la réussite de l'opération.
00:40:33 Mourzouk confirme ma stratégie. Il faut agir vite, car la rapidité d'exécution est un gage quasi certain de réussite.
00:40:40 Le raid de Tejere que j'ai lancé en même temps en est une preuve ultime.
00:40:44 Il y avait de l'audace. Le groupe de nomades du capitaine Sarazac a couvert 400 km à Do Chamo, et la surprise était là.
00:40:51 Mais les italiens nous ont vu venir, car un Chamo, ce n'est pas un véhicule motorisé.
00:40:55 Donc les italiens ont contenu l'assaut du groupe nomade. La vitesse est donc la preuve de la réussite d'un raid.
00:41:01 Le 23 janvier, l'attaque de Faya Larjo commence, et c'est Bagnold qui en est en charge.
00:41:07 Je lui ai dit de garder le silence radio pour éviter que l'ennemi nous repère.
00:41:11 Mais il n'a pas respecté mes recommandations.
00:41:14 Il a utilisé sa radio pour communiquer, et il s'est pris 8 jours plus tard dans un gatapan au détour du Djebel Chetif.
00:41:20 Nous nous sommes donc repliés pour mieux nous organiser.
00:41:23 Le bilan, un mort, 3 véhicules détruits, l'arrestation de Bagnold, et les italiens se sont emparés de nos plans d'opération.
00:41:30 La poisse ! Par mesure de sécurité, nous sommes obligés de faire demi-tour jusqu'à notre dernier poste à Tecro au nord du Tchad.
00:41:36 Je dois réfléchir désormais à un nouveau plan. Persévérer ou renoncer ? Ce mot-là n'est pas dans ma nature.
00:41:44 Nous n'avons plus l'effet de surprise maintenant, alors nous allons mettre la pression à l'armée italienne.
00:41:49 Je demande à l'aviation de bombarder Koufra. Le commandant Jean Astier de Villatte m'a assuré que ses équipages peuvent larguer des bombes sur la muraille.
00:41:57 Tu parles ! Ces raides n'ont rien fait du tout ! Ils ont bombardé à l'aveugle ! Ces aviateurs sont des incapables !
00:42:03 L'aviation, c'est comme la cavalerie, ça marchera s'il le faut à la cravache !
00:42:07 Dorénavant, je vais prendre les choses en main contre l'avis de certains de mes officiers.
00:42:12 Je vais conduire une reconnaissance avec une vingtaine de véhicules jusqu'à Koufra.
00:42:16 Nous sommes arrivés aux abords de la ville le 7 février dans la nuit.
00:42:20 Avec mes jumelles, j'ai repéré un indigène qui se promène seul. C'est le moment !
00:42:24 Avec un petit groupe, nous l'avons suivi jusqu'à sa demeure, et une fois que nous nous sommes engaufrés chez lui,
00:42:28 je l'ai interrogé en arabe, et il m'a conduit au chef du village.
00:42:32 Ce dernier va me dire que les italiens ont pour habitude de se barricader dans le fort la nuit.
00:42:36 Très bonne nouvelle, nous allons avoir l'avantage.
00:42:39 Je donne aussitôt l'ordre au capitaine de Guilbon de foncer sur le terrain d'aviation et de détruire les deux appareils qui y sont parqués et de disparaître rapidement.
00:42:46 L'action a réussi.
00:42:50 Mais désormais, nous sommes pourchassés par l'aviation italienne qui a été mise en alerte.
00:42:54 Nous faisons repli jusqu'à notre base à Técro, mais je ne compte pas abandonner l'opération sur Koufra.
00:43:00 J'ai reçu des nouvelles plutôt satisfaisantes de la part des britanniques.
00:43:04 En longeant la Méditerranée, ils sont sur le point d'entrer à Tripoli.
00:43:07 Et le 14 février, le GQG britannique du Caire me rapporte que les italiens sont en train d'évacuer Koufra.
00:43:13 Trois jours plus tard, nous nous mettons en route vers le nord, sans traîner.
00:43:17 Le 18 février, j'envoie les patrouilles des capitaines de Renepont et Geoffroy à appâter les unités blindées de l'armée italienne.
00:43:23 Mais le sable grippe leurs armes et ils ne peuvent pratiquement plus s'en servir.
00:43:27 Je vais demander à mon cousin de prendre à revers l'ennemi, puis il sera rejoint par Geoffroy.
00:43:31 Cette fois, on a réussi, les troupes italiennes fuient, et celles du capitaine Renepont les poursuivent, mais elle lui échappe.
00:43:38 Ils sont revenus à l'aube dans notre dos.
00:43:40 Ah, ces italiens ! Mais ce qu'ils ne savent pas, c'est que j'ai plus d'un tour dans mon sac.
00:43:44 Je demande à mes hommes avec l'aide de l'aviation de les contourner, et là, les italiens, pris au piège, décident de fuir à toutes jambes.
00:43:51 Maintenant, nous devons prendre possession du fort.
00:43:54 Ma technique, elle est simple, ne pas jeter ces hommes dans des assauts meurtriers.
00:43:58 Il faut juste attendre et le faire mûrir.
00:44:00 En plus, nous avons réussi à piéger les italiens.
00:44:03 Je ne voulais pas m'encombrer de l'artillerie, mais le lieutenant Seccialdi m'a montré qu'on pouvait les transporter.
00:44:09 Alors nous avons pris un canon, un seul, et avec ce seul canon, nous avons tourné tout autour du fort,
00:44:14 en faisant croire aux italiens qu'ils étaient encerclés par notre artillerie.
00:44:18 Mais à présent, nous devons renforcer le fort, pour éviter qu'il ne retombe aux mains des italiens.
00:44:22 Je constate d'ailleurs que les italiens n'ont pas de renfort de leur aviation, surtout dès que nos avions commencent à apparaître dans le ciel.
00:44:28 Je vais ensuite aller discuter avec les tribus locales,
00:44:31 et je vais leur promettre le retour de la prospérité si la France contrôle la région.
00:44:35 Le matin du 28 février, les italiens envoient un indigène qui est leur émissaire,
00:44:43 pour demander à notre artillerie d'épargner le secteur du fort où se situe l'infirmerie.
00:44:47 Dans l'après-midi, c'est un officier qui se présente sans autorisation,
00:44:50 pour se renseigner sur les conditions d'une réédition.
00:44:53 En soirée, comme il n'y a toujours pas d'accord, je demande à l'artillerie d'intensifier les tirs.
00:44:57 Le lendemain, un troisième italien franchit la porte du fort et entame des discussions,
00:45:02 et elles sont beaucoup trop longues, ça commence à m'énerver.
00:45:05 En compagnie du capitaine Guillibond et du sous-lieutenant Ruet, je me présente devant l'édifice,
00:45:09 puis je me rue dans la salle d'honneur pour sommer tous les officiers de se rendre sans condition.
00:45:13 Le capitaine Colonna a l'air choqué de mon culot et de mon autorité,
00:45:16 il va ensuite dicter l'acte de réédition. Nous investissons le fort le lendemain.
00:45:21 Par contre, la propagande va utiliser la victoire de Koufra de manière excessive.
00:45:25 Ils vont même aller jusqu'à larguer des tracts ventant ma gloire.
00:45:28 Même la BBC s'y met en annonçant que nous avons fait prisonnier plus de 1000 soldats italiens.
00:45:33 Le 6 mars 1941, je suis nommé compagnon de la Libération,
00:45:37 et vous connaissez certainement le serment que j'ai fait à mes hommes.
00:45:40 « Jurez de ne déposer les armes que lorsque nos couleurs, nos belles couleurs,
00:45:44 flotteront à nouveau sur la cathédrale de Strasbourg ».
00:45:47 À vrai dire, je ne me suis pas adressé comme ça à mes hommes.
00:45:50 C'est le 2 mars que j'ai prononcé ces paroles.
00:45:52 Mais vous voulez savoir quel était le vrai discours ?
00:45:55 Alors je vais vous le dire mot pour mot.
00:45:57 Ça ferait plaisir au général de Gaulle qu'on lui fasse hommage de cette victoire importante pour le Tchad.
00:46:02 C'est capital pour le Tchad. Mais pour la France, c'est très peu.
00:46:06 Ne croyez pas que ça va s'arrêter là.
00:46:09 Au fond, nous ne déposerons les armes que quand nos couleurs,
00:46:12 nos belles couleurs, flotteront sur Metz et sur Strasbourg.
00:46:15 Ça ne ressemble pas à ce que dit l'histoire.
00:46:18 Mais cela ne change pas ma vision.
00:46:20 Et pour moi, le seul but qui m'incombe est de libérer la France.
00:46:23 Koufra est la première étape d'une longue série de victoires vers la libération.
00:46:27 Bon, même si certains de mes officiers pensent que Koufra n'est un tas de cailloux sans intérêt pour nous.
00:46:31 C'est à la fois exact, mais c'est avant tout un premier pas vers quelque chose de grand.
00:46:35 Le général de Gaulle souhaite qu'on prenne possession de Fezanne avant les Britanniques.
00:46:43 Mais un gros problème est arrivé en Afrique du Nord.
00:46:46 Eh oui, l'arrivée en renfort de l'Afrika Korps, avec à sa tête le général Erwin Rommel,
00:46:51 qui dès son arrivée reprend toutes les localités qui avaient été prises par la 8e armée.
00:46:55 Nous n'avons pas assez de force pour tenter de combattre en solitaire dans le sud de la Libye.
00:47:00 Je refuse de mettre mes hommes en danger et je décide de replier nos hommes au Tchad,
00:47:04 sauf pour les unités du capitaine Barboteux qui doivent attendre l'arrivée des Britanniques au fort de Koufra.
00:47:09 La tâche sera quand même ardue,
00:47:12 car Koufra a révélé les défauts du manque de synchronisation avec les Britanniques.
00:47:17 Si la 8e armée ne contre-attaque pas au même moment dans le Nord,
00:47:20 toute nouvelle initiative française dans le sud de la Libye sera compromise.
00:47:24 Il faut patienter, mais pour éviter que la flamme de Koufra ne s'éteigne,
00:47:28 je décide d'écrire à mes troupes le 21 mars, pour leur donner envie de continuer à se battre.
00:47:32 Je vais vous lire ce que j'ai écrit.
00:47:34 Aujourd'hui, il s'agit de tenir, séparer des nôtres,
00:47:38 sous un climat éprouvant, dans des conditions morales et physiques souvent pénibles,
00:47:42 en ayant parfois l'impression d'être inutile.
00:47:45 Tenez, tenez aussi longtemps qu'il le faudra.
00:47:48 Un bon officier doit avoir la capacité de s'adapter au terrain et à ses hommes.
00:47:56 Mon cousin René Pont m'a dénoncé le laissé-aller qu'il a subi dès son arrivée à Fort Lamy,
00:48:00 mais je vais le lui reprocher.
00:48:02 Ce ne sont pas ses hommes qui sont responsables du laissé-aller, mais bien lui.
00:48:06 Il doit faire montrer l'exemple.
00:48:08 En me posant dans mon bureau ou à faire la revue de mes hommes, je m'aperçois d'une chose.
00:48:13 Mes préjugés antisémites ont disparu,
00:48:15 et je suis totalement contre les lois antisémites qu'a mis le gouvernement de Vichy en place.
00:48:19 Mais je vais conseiller au général de Gaulle qu'à l'avenir,
00:48:22 il devra laisser les mesures prises par le maréchal Pétain,
00:48:25 en particulier celles renforçant l'autorité centrale et celles favorisant la famille.
00:48:30 Je vais avoir une discussion avec mon ami Bob Ker-Sauzon qui est en poste à l'état-major allié au Ker,
00:48:34 pour avoir des véhicules adaptés au désert, de l'armement lourd, des munitions, de l'essence,
00:48:38 pour qu'enfin la France Libre puisse continuer la lutte avec le matériel adéquat.
00:48:43 Par contre, je dois laisser partir notre lamentable groupe de bombardements de Blindheim.
00:48:48 Leur commandant est un fumiste, il a toujours gonflé ses bilans lors du bombardement de Koufra.
00:48:53 Je vais mener la vie dure à mon pilote,
00:48:55 qui doit me faire sillonner le pays pour rechercher du matériel et des volontaires.
00:48:59 Je lui ai donné l'ordre de décoller alors qu'il m'a déconseillé de prendre les airs à cause d'une tempête de sable.
00:49:04 Nous avons tourné dans le ciel pendant trois jours.
00:49:07 Et dans le réservoir, il ne restait plus que 30 litres de carburant,
00:49:10 quand soudain le pilote a pu identifier et atterrir à faille à large eau.
00:49:14 Je ne sais pas pourquoi, mais en sortant, je lui ai fait une accolade.
00:49:18 En fait, c'est là que j'ai compris que ces hommes sont en réalité très courageux.
00:49:22 Je vais continuer comme à mon habitude de renforcer notre armée.
00:49:26 Je méprise totalement les tensions politiques qui peuvent exister à Londres.
00:49:30 Mon seul but est d'y arriver.
00:49:32 Je vais écrire au lieutenant-colonel François Ingold,
00:49:35 le commandant de la garnison de Fort Archambault,
00:49:37 de mes ressentiments envers tout ça.
00:49:40 Quelles que soient les difficultés et les résultats atteints,
00:49:45 nous battre constitue la seule raison d'être du mouvement France Libre.
00:49:49 N'en déplaise aux messieurs qui, à Londres, s'efforcent de tresser des couronnes.
00:49:54 J'ai la même rage envers le gouverneur au Tchad, Pierre-Olivier Lapi,
00:49:58 envers lequel je ne vois qu'un ancien socialiste adepte du funeste Front Populaire.
00:50:02 Je vais harceler le général de l'Armina pour avoir plus de matériel.
00:50:06 En plus, il est incapable de gérer quoi que ce soit,
00:50:09 même si, je pense, il essaie de faire ce qu'il peut avec les moyens qu'il a.
00:50:13 Je vais alors frapper à la porte du commandant britannique, mon cher vieux Kersozon,
00:50:18 puis je vais aller voir le capitaine de Guilbon
00:50:20 qui aura peut-être plus de chance que moi pour mendier du matériel à la War Office.
00:50:24 Je sais que j'agace mes chers amis britanniques,
00:50:27 mais sans le matériel adéquat, je ne peux faire la guerre.
00:50:30 Finalement, les généraux de sa majesté m'envoient plus de 430 véhicules,
00:50:34 10 automitrailleuses, 6 canons de 75mm,
00:50:37 4 canons Beaufort qui vont nous servir à répliquer contre les avions ennemis.
00:50:41 Ils sont en voie d'acheminement vers Fort Lamy.
00:50:43 Mais ça ne me satisfait pas pour autant.
00:50:45 Pour améliorer le transport, je souhaite l'ouverture d'une route
00:50:48 entre Fort Lamy et Fort Archambault, à la frontière de Lubangi.
00:50:51 Et puis, les convois venant de Port Gentil vont à chaque fois sur les mauvaises pistes,
00:50:55 et perdent du temps.
00:50:56 Grâce aux ingénieurs français, la route peut être ouverte en 3 mois,
00:50:59 ce qui est une très bonne nouvelle.
00:51:01 Quant à moi, je vais réquisitionner tout ce qui roule dans le nord
00:51:04 pour boucler les 1000 km supplémentaires pour atteindre Zouar
00:51:07 que j'ai érigé en base avancée.
00:51:09 J'ai demandé également du renfort,
00:51:11 car mes unités ont besoin de nouvelles recrues, du sang frais.
00:51:14 Londres m'envoie 10 aspirants qui sont issus de la première promotion d'officiers
00:51:18 formés à partir de jeunes français ayant rallié Londres avec des moyens de fortune.
00:51:22 La nouvelle école d'officiers qui a ouvert à Brazzaville m'a aussi envoyé de nouvelles recrues.
00:51:27 Des recrues manquant d'expérience, mais ça ne va pas me décourager pour autant.
00:51:30 Car dès leur arrivée, chacun aura son poste qui sera adapté aux besoins de notre armée.
00:51:35 Comme nous laissons de côté le chameau pour le remplacer par la voiture,
00:51:39 je chassais les personnes qui avaient le permis de conduire.
00:51:42 Il y en a un par exemple, le lieutenant Robert Dubois, qui m'a dit qu'il était professeur de lettres.
00:51:46 Je lui ai dit que ça ne lui servirait pas ici, et maintenant il est à la tête d'un train.
00:51:50 J'ai créé deux compagnies de découverte et de combat,
00:51:53 mélange de saharienne italienne et LRDG britannique.
00:51:56 Le capitaine Geoffroy reçoit le commandement de la première compagnie
00:51:59 et le capitaine Jacques Massu de la deuxième.
00:52:02 Et encore des querelles politiques.
00:52:06 Personnellement, je ne m'en mêle pas, j'ai déjà assez à faire avec mon armée.
00:52:10 Le 2 avril, lors du conseil de défense de l'Empire,
00:52:13 ils demandèrent mon avis sur l'hypothèse d'une invasion britannique en Syrie.
00:52:17 Je leur ai spécifié qu'aucune intervention des Français libres de l'extérieur ne doit être prévue.
00:52:22 Le FFL est une structure beaucoup trop fragile et il faut faire très attention.
00:52:27 C'est pour cela qu'il faut la préserver.
00:52:29 Le général de Gaulle m'a nommé général de brigade le 10 août,
00:52:32 mais je ne voulais pas de cet avancement pour ce que j'ai fait à Koufra,
00:52:35 car cela pourrait provoquer des jalousies au sein de l'Afrique française libre.
00:52:38 Mais de Gaulle m'a très clairement fait savoir qu'il s'en foutait de mon opinion.
00:52:42 Ça au moins, c'est dit.
00:52:44 Il m'a accordé quelques mois de délai pour collecter sur le champ de bataille les lauriers adéquats.
00:52:48 Londres ne cesse de faire des éloges à mon sujet dans leur propagande.
00:52:52 Vichy devrait les lire.
00:52:54 J'ai envoyé une lettre à ma femme pour lui dire qu'elle n'hésite pas à vendre notre bien
00:52:57 pour sa sûreté et celle de nos enfants.
00:52:59 Ce qu'elle a fait, elle a vendu cheval, vache, volaille, grains
00:53:03 pour se protéger au mieux des futures difficultés.
00:53:05 L'acheteur est un ami à nous, mais Vichy a fait le lien entre Haute-Cloque et mon nom actuel, Leclerc.
00:53:11 Du 12 au 14 juillet 1941, j'ai su que mon épouse a été détenue à la commande en tour
00:53:16 pour avoir manifesté son décontentement à l'occupant allemand qui était dans notre demeure.
00:53:20 Une fois sortie, elle est partie dans une ferme vers les Pyrénées pour préserver nos enfants.
00:53:24 Elle conservera un cheval pour moyen de transport et se servira des animaux de ferme comme garde-manger.
00:53:30 Après ces nouvelles pas très glorieuses, j'ai soudainement eu le cafard pour les miens.
00:53:34 Il faut que je repasse à l'action pour être plus puissant.
00:53:37 Le 22 juillet, puis le 29 octobre, je me suis mis d'accord avec le général Hawkins,
00:53:42 commandant les forces britanniques en Afrique de l'Ouest,
00:53:44 pour que l'on combine nos efforts lors de la prochaine offensive en Méditerranée.
00:53:48 Il est convenu que je dois investir Fezanne au même moment que la 8ème armée,
00:53:52 qui elle, doit entrer en tripolitaine.
00:53:54 Mais nos armes qui nous ont été promises se font attendre,
00:53:57 et même le feu vert de l'opération n'arrive pas.
00:54:00 Je pensais que tout était foutu, car le général Auchinleck a lancé son armée contre Tobrouk,
00:54:05 qui est encerclée depuis le mois d'avril par Rommel.
00:54:08 Mais en fait, je me suis lourdement trompé.
00:54:10 Ce n'est que de Gaulle qui joue au donnant-donnant avec les britanniques.
00:54:13 Comme ils n'ont pas voulu de la première brigade française libre au nord de la Libye,
00:54:17 eh bien ils refusent l'emploi au sud de nos troupes du Tchad,
00:54:20 car ils pensent qu'on sera utilisé en diversion pour soulager le fardeau.
00:54:23 Ce n'est pas possible cette réaction ! De Gaulle va m'entendre !
00:54:26 Sans plus tarder, je lui envoie une lettre dans laquelle j'affirme qu'il est honteux
00:54:29 de ne pas utiliser la France combattante,
00:54:31 et que tous les hommes qu'on a réussi à rallier commencent à être exaspérés par cette attente.
00:54:35 Je lui dis également que ce n'est pas de Londres qu'on peut commander une pareille boutique.
00:54:39 Je veux juste lui faire comprendre qu'il est obligé de céder aux britanniques
00:54:42 au sujet de la politique de Lucas. En fait, c'est un acte purement politique.
00:54:46 Le visage de mes hommes montre un moral au plus bas.
00:54:48 Pour entretenir une arme, on doit s'en servir !
00:54:51 Je m'en fiche. Je vais continuer à discuter avec le commandement britannique.
00:54:55 Le général De Gaulle me fait un rappel à l'ordre, et dans un premier temps souhaite me ménager.
00:54:59 Oh, s'il croit que ça va m'arrêter !
00:55:01 Et puis je me reposerai qu'après la guerre.
00:55:03 Je vais donc continuer à discuter avec les britanniques.
00:55:06 Ah, la réponse de De Gaulle n'a pas tardé.
00:55:09 Il m'a écrit dans une lettre à Sissé.
00:55:12 Je blâme le général Leclerc et vous-même de ne pas m'avoir tenu au courant de ces négociations.
00:55:18 En tout cas, je vous prescris et prescris à Leclerc de ne considérer leurs résultats
00:55:21 que comme un projet qui ne nous engage absolument à rien aussi longtemps que vous n'aurez pas reçu mes ordres.
00:55:26 Il ne s'agit pas du tout que chacun joue son propre jeu.
00:55:30 Je ne décolère pas de cette situation.
00:55:34 De Gaulle met de côté notre armée alors qu'elle peut se battre aux côtés des britanniques.
00:55:38 Ce n'est que le 20 décembre que De Gaulle promet de ne donner qu'un ordre général d'exécution
00:55:42 et que je pourrai déclencher à ma guise une opération aux côtés des britanniques.
00:55:45 A la fin de sa lettre, De Gaulle stipule « J'ai confiance en vous et en vos troupes et je vous aime bien ».
00:55:51 Nous avons tous les deux de sacré caractère, mais il est vrai qu'en cette fin d'année 1941,
00:55:55 avec l'entrée en guerre des Etats-Unis et l'attaque des Allemands en URSS,
00:55:59 l'avenir de la guerre peut connaître du changement.
00:56:02 Le 21 janvier 1942, la nouvelle année commence bien.
00:56:05 Les troupes de l'Afrika Korps a refoulé la 8ème armée vers l'Egypte.
00:56:09 Nous ne pouvons plus organiser de grandes offensives au sud de la Libye,
00:56:12 car la contre-attaque de l'Afrika Korps a en même temps anéanti le dépôt de carburant de Fort Lamy par le biais de la Luftwaffe.
00:56:18 300 000 litres de carburant ont été détruits.
00:56:21 Et dire que le commandement français ne voulait pas installer de défense antiaérienne
00:56:25 parce que le lieu était trop loin au nord des côtes nord-africaines, quel beau gâchis !
00:56:30 Le 4 février, je vais réussir à convaincre De Gaulle de dupliquer le modèle Koufra,
00:56:37 c'est-à-dire organiser une série d'attaques sur des postes du Fezzan et Mourzouk,
00:56:40 avec une troupe mobile qui réussit à atteindre son objectif et à repartir aussi vite.
00:56:45 Ça doit être une piqûre de rappel pour les forces de l'Axe,
00:56:48 qui doivent après cette attaque faire attention sur leur flanc d'une menace française.
00:56:52 Les britanniques ne contredisent pas l'opération, puisque je ne leur demande aucun matériel,
00:56:56 mais les américains eux pensent que ce sera un échec, sans un appui aérien et sans un matériel adéquat.
00:57:01 Je suis conscient des failles qui sont présentes, mais il faut dépasser nos capacités actuelles.
00:57:06 Je veux envoyer un message à nos compatriotes restés en France et à nos ennemis,
00:57:10 que des français continuent à se battre envers et contre tout.
00:57:13 J'ai une foi tellement inébranlable en la Providence que je suis certain du succès.
00:57:17 Je sais les risques considérables que ça représente pour le mouvement français tout entier,
00:57:21 car cela peut devenir une débâcle militaire, mais nous devons le faire.
00:57:25 Fezzan est l'occasion de mettre à l'épreuve les compagnies de découverte et de combat.
00:57:29 Le 20 février 1942, deux groupes nomades et six détachements distincts de sous-marins,
00:57:34 comme j'aime bien les appeler, franchissent la frontière libyenne.
00:57:37 Le 27 février au soir, je suis aux côtés de Massu, qui s'empare d'Huiguel-Québir.
00:57:42 Dans la nuit du 1er au 2 mars, je me dirige auprès de Dio pour comprendre
00:57:45 pourquoi le commandant n'est pas venu à bout de Tejere.
00:57:48 Avec mon pistolet au point, je capture cinq soldats errants dans la nuit,
00:57:51 puis je vais même m'exposer à l'aviation italienne pour aider à désensabler des véhicules.
00:57:55 Puis je lance à Dio "En avant !" et avec ma canne dans la main,
00:57:59 nous avançons vers la position de Tejere, suivie par le groupe du sergent-chef Thulier.
00:58:03 Vingt minutes après, je suis le second à entrer dans le fort,
00:58:06 qui est désert, mais avec un sol maculé de sang.
00:58:09 Maintenant, direction Hummel à Raneb, mais je constate que Massu est en difficulté.
00:58:15 Le 4 mars, je retrouve l'endroit que nous avions laissé.
00:58:18 Ah, que de souvenirs ! Enfin, revenons au vif du sujet.
00:58:21 Les avions italiens sont de plus en plus nombreux.
00:58:24 Je décide de réunir mes officiers et on constate que l'effet de surprise n'est plus là.
00:58:28 Il faut lever le siège. Nous retournons donc au Tchad.
00:58:31 Je suis satisfait d'avoir une nouvelle fois infligé une raclée supplémentaire à ces macaronis.
00:58:36 Désormais, j'accepte mon nouveau grade de général de brigade.
00:58:40 Mon nouveau képi est pour le moins atypique.
00:58:42 En fait, c'est une Chechya avec une visière en carton et deux étoiles qui ont été prélevées sur un uniforme italien.
00:58:47 Bon, ça fera l'affaire pour le moment. À l'avenir, j'en aurai un beaucoup mieux.
00:58:51 Mais j'espère qu'en Allemagne, on s'aperçoit que toute la France n'est pas vassalisée sous leur régime méprisant
00:58:56 et qu'à l'heure actuelle, toute leur clique de dégénérés tremble à Berlin.
00:59:00 Car un jour, mes troupes entreront en Allemagne.
00:59:03 On m'a télégrifié que mes troupes sont la fierté de la France.
00:59:06 Il y a de quoi sourire aujourd'hui, mais on aura notre revanche.
00:59:09 Charles de Gaulle a d'autres projets pour moi.
00:59:12 Le 25 mars 1942, il souhaite que je prenne le commandement supérieur de l'AFL.
00:59:18 Je veux rester avec mes hommes sur le terrain, alors j'ai envoyé à de Gaulle un télégramme
00:59:22 lui affirmant que je ne suis pas diplomate et que je n'y connais rien en politique.
00:59:26 Je suis inapte pour aller à Brazzaville.
00:59:28 Pour moi, le général Serre serait parfait pour ce rôle,
00:59:31 ou même le médecin général Cissé serait très bien également.
00:59:34 Moi, je ne suis pas fait pour ça.
00:59:36 De Gaulle m'a rappelé ma réussite au gouvernorat de Cameroun.
00:59:40 Il m'a dit que je ne devais pas m'inquiéter pour mon élévation rapide
00:59:43 et qu'il doit utiliser chacun d'entre nous suivant ses aptitudes à rejoindre son ralliement.
00:59:47 De Gaulle est très convaincant dans ses propos, car il est sûr que les Alliés entreprendront
00:59:51 une grande opération en France et souhaite que l'on prépare une unité pour libérer notre pays.
00:59:56 Avant de partir, j'ai déclaré à mes hommes,
00:59:59 comme tout bon tchadien, j'étais prêt à charger Brazzaville de tous les crimes.
01:00:03 Il n'est pas agréable de penser que dans quelques jours je serai le criminel.
01:00:06 J'ai réussi à négocier pour que ce soit le colonel Ingold à la tête de mes anciennes troupes.
01:00:11 Maintenant, il est temps de leur dire adieu.
01:00:13 Buvez du whisky, c'est votre seule distraction.
01:00:15 Mais pas plus que le foie ne peut en supporter.
01:00:18 Me voilà dans ma nouvelle fonction.
01:00:23 Je ne compte pas changer mes habitudes.
01:00:25 Je veux tout savoir avant d'imprimer ma marque.
01:00:27 Lors de ma tournée des territoires, je suis quand même fortement mitigé.
01:00:31 J'expose les problèmes à De Gaulle.
01:00:33 L'impression qui domine, c'est la division.
01:00:36 La FL nous montre aujourd'hui que le français ne s'est pas transformé aussi vite que les avions.
01:00:41 Il a fort peu changé.
01:00:43 Et puis en plus, je ne supporte pas cette routine d'avant-guerre.
01:00:46 Pour moi, tant que la France est occupée, c'est un devoir impérieux pour chacun de ses compatriotes
01:00:51 de se consacrer entièrement à la libération de la mère patrie.
01:00:54 Comme la majorité des français libres déployés à l'étranger,
01:00:57 je dénonce sans cesse l'évolution qu'il y a entre le Conseil de Défense et le Comité National.
01:01:02 Il y a également le rapprochement avec la résistance intérieure et les partis politiques qui ne me place pas beaucoup.
01:01:07 Le 24 avril 1942, De Gaulle annonce qu'il se déclare démocrate, républicain,
01:01:12 attaché au suffrage universel et partisan d'une révolution économique et sociale.
01:01:17 Et rien que ça, moi aussi je souhaite une révolution, car la Troisième République est responsable de cette débâcle.
01:01:22 Il faut que la France fasse table rase de l'entre-deux-guerres et qu'elle ne se compromette pas avec ceux qui l'ont façonné.
01:01:27 D'ailleurs, je ne vais pas hésiter à en parler avec De Gaulle dans différentes lettres.
01:01:31 Le 3 juin, je vais évoquer les méthodes de 1939 de Londres.
01:01:34 De Gaulle m'a refait un appel à Londres, en me signifiant que je dois avoir du respect et que je ne dois pas faire de comparaison.
01:01:40 Je suis franc, et ça, personne ne peut m'enlever ce défaut.
01:01:43 Après avoir constaté comment est la FL, je vais travailler durement pour la remettre dans la trajectoire de la guerre.
01:01:49 Le Tchad en sera le premier grand bénéficiaire.
01:01:52 Hommes, camions, avions, munitions, matériels sanitaires, tout sera envoyé là-bas grâce à un nouveau réseau routier.
01:01:57 Et ceux qui ne répondent pas à mes attentes auront affaire à moi.
01:02:01 En vérité, j'ai très vite trouvé les problèmes qui allaient mettre des freins à mes projets.
01:02:05 Le comité national va congédier le médecin général Cissé,
01:02:08 parce qu'il a ouvertement critiqué l'attitude du général De Gaulle lors de la demande de Washington
01:02:12 de faire de la Pointe-Noire une escale pour ses avions en route vers l'Asie.
01:02:16 Ils ont décidé de supprimer le haut commissariat.
01:02:18 Dorénavant, je dois suivre les ordres directs du comité national.
01:02:21 En fait, Londres prend totalement en main la FL.
01:02:24 En plus, je rentre en conflit avec Félix Héboué, qui me reproche de ne pas me cantonner aux questions militaires.
01:02:29 Le gouverneur général va même répandre une rumeur à mon sujet,
01:02:33 soit disant que je pactiserai secrètement avec les États-Unis pour obtenir les équipements qui me font défaut.
01:02:38 En plus, le 5 mai 1942, sans en avertir De Gaulle, les troupes britanniques investissent Madagascar.
01:02:44 Ils ont préféré négocier avec les autorités locales de Vichy.
01:02:48 En plus, Winston Churchill interdit De Gaulle de s'éloigner de l'Angleterre.
01:02:51 De Gaulle me soutient s'il y a une rupture de lien avec le gouvernement britannique.
01:02:55 Mais je dois traquer cette cinquième colonne qui passe par l'évêque de Brazzaville.
01:02:59 J'étudie en même temps à tête reposée la mise en défense de la FL,
01:03:03 c'est-à-dire arrêter les citoyens britanniques et américains et confisquer leurs biens, y compris militaires,
01:03:08 mais également la possibilité de tirer sur les alliés.
01:03:13 J'ai su les nouvelles de la campagne en Afrique du Nord.
01:03:16 Apparemment, la brigade du général Conning s'est couverte de gloire à Bir Hakeim.
01:03:20 Il a résisté face aux troupes de Rommel. La Légion étrangère, c'est vraiment d'incroyables soldats.
01:03:25 Quant à moi, ma voix est portée sur la politique et je continue de dire que la FL soutient le général De Gaulle.
01:03:31 Ce qui n'améliore pas la situation, c'est la publicité que fait Londres, les États-Unis et Berlin à mon sujet,
01:03:36 disant que je suis le visage de la France combattante.
01:03:39 Mais cette propagande est fausse. Il y en a qui sont sur le terrain et qui sont plus méritants que moi.
01:03:43 C'est une très grosse erreur au point de vue de la propagande.
01:03:46 J'ai reçu la première lettre de mon épouse en juillet. Ça m'a remonté le moral.
01:03:50 Mais à cause du paludisme, mes excès de colère sont toujours présents.
01:03:54 Le commandant Véziné peut en témoigner.
01:03:56 « Vous devez dire que je suis le dernier des salauds. Vous ne le dites pas, mais vous le pensez.
01:04:00 C'est vrai que j'ai un caractère impossible, mais si vous saviez les efforts que je fais tous les jours pour me corriger... »
01:04:05 Le pauvre. Il ne m'a rien fait et je m'énerve dessus.
01:04:08 Il faut que je contrôle ce vilain défaut.
01:04:11 En septembre 1942, le général De Gaulle est venu faire une visite à l'AFL,
01:04:16 mais il n'a rien prononcé, de peur certainement de saper le moral des troupes.
01:04:20 Le 8 novembre 1942, les troupes américaines et britanniques débarquent sur les côtes de l'Afrique du Nord,
01:04:26 en baptisant cette opération « Opération Torch ».
01:04:29 De Gaulle ne nous a pas prévenu que cet événement allait avoir lieu,
01:04:32 mais il nous a dit qu'il n'était pas au courant car il a été écarté des réunions que les alliés faisaient.
01:04:36 Pour ma part, ce débarquement est une bonne nouvelle, enfin les choses bougent.
01:04:40 Par contre, quand j'ai su que les américains avaient installé à Alger ce traître de Darlan, je ne pouvais pas accepter ça.
01:04:46 J'ai demandé à De Gaulle si on ne pouvait pas en profiter pour frapper Fezanne ou le Niger.
01:04:51 Il a accepté, mais souhaite d'abord se concentrer sur Fezanne.
01:04:54 Mais il a changé sans cesse d'avis. C'est après que j'ai compris que c'était dû aux accords d'Alger.
01:04:59 Et lors de l'assassinat de Darlan, c'est le général Giraud qui a pointé le bout de son nez.
01:05:03 Les troupes françaises qui sont au Maroc et en Algérie rejoignent la lutte contre les allemands.
01:05:08 C'est pour ça que De Gaulle ne voulait pas qu'on le voit comme une personne qui a divisé l'opinion française.
01:05:13 Le 14 novembre, De Gaulle a prévenu Londres de mes intentions et m'a confirmé qu'il faut lancer les troupes dans le Fezzane,
01:05:18 Gadames, puis Tripoli pour Terminus lorsque la 8e armée touchera le golfe de Sirte.
01:05:23 5 000 hommes et 800 véhicules sont prêts à franchir la frontière libyenne.
01:05:27 Le 19 novembre, De Gaulle souhaite que le Niger et le Togo doivent être une option.
01:05:32 L'après-torch est devenu n'importe quoi au niveau de l'organisation française.
01:05:36 Les américains veulent décider de qui va commander les FFL, c'est hors de question.
01:05:41 Notre seul et unique chef est le général De Gaulle.
01:05:44 Pour ce qui est du cabinet Laval, en fusillant deux douzaines d'individus au retour, le nettoyage pourra être fait.
01:05:50 De mon côté, je continue à rechercher des effectifs, perfectionner les véhicules pour la conduite dans le désert, ainsi que les rations alimentaires pour les hommes.
01:05:58 Le 30 novembre, De Gaulle me fixe enfin le top départ. Ce sera le 2 décembre 1942.
01:06:04 Nous souhaitons attaquer en même temps que les troupes du général Montgomery.
01:06:07 Mais dans l'esprit du grand quartier général britannique au Caire, ce n'est pas la même idée.
01:06:11 Non, ils voyaient notre opération comme une ambition de De Gaulle pour faire main basse sur le Fezzane et ensuite s'imposer dans le joli bien.
01:06:17 En vérité, cette ambition-là, ce n'était pas l'ambition de De Gaulle.
01:06:20 Les britanniques vont me donner l'ordre que les troupes ne dépassent pas le 28e parallèle.
01:06:24 En somme, il fallait que nos troupes restent dans le Fezzane.
01:06:27 En revanche, je refuse la présence de ces deux officiers britanniques qui sont censés administrer le territoire conquis.
01:06:33 Le général Alexander, le commandant en chef des forces du Moyen-Orient, me prévient de la date de son offensive qui est fixée le 16 décembre 1942.
01:06:41 Il me prend vraiment pour un idiot. Il faut qu'il s'élance 48 heures plus tôt et De Gaulle maintenant me dit d'attendre.
01:06:46 Ça m'énerve. Je donne l'ordre à mes hommes de rentrer en action.
01:06:49 Ils doivent respecter un mouvement de tenaille.
01:06:51 L'un de mes officiers réussit à couvrir en un temps record plus de 1000 km sur de mauvaises pistes pour cingler sur Seba, à 500 km au nord du Tchad.
01:06:58 Dio, lui, conquiert Ruig-el-Kebir, où il met sur pied une base aérienne pour raccourcir les délais de ravitaillement et pour contrecarrer l'aviation italienne déjà en action.
01:07:07 Après plusieurs accrochages avec la Saharienne, Dio réussit à atteindre son objectif le 30 décembre.
01:07:12 Je veux absolument qu'on me transporte là-bas.
01:07:14 Mais le commandant de Saint-Péreuse, à la tête du nouveau groupe de bombardement Bretagne, m'en dissuade à cause du danger.
01:07:20 À cause de mon caractère bien trompé, je suis quand même arrivé sur place le 31 décembre, pour observer l'échec de l'attaque conçue par Dio.
01:07:26 Par contre, une bonne nouvelle me parvient.
01:07:28 Le capitaine Drone obtient la capitulation italienne.
01:07:31 Par la suite, ce sera Gatroun, puis Mourzouk.
01:07:33 Avec le contrôle de Seba, je suis au bord de la frontière fixée par les Britanniques.
01:07:37 De Gaulle donne pour objectif la Tripolitaine, puis la Tunisie comme objectif finaux.
01:07:42 Geoffroy se dirige vers le nord en s'emparant de Braque, Churef et Mizda.
01:07:47 Tripoli n'est plus qu'à 160 km.
01:07:49 De Gaulle pointe du doigt un objectif plus que politique, des cités mythiques du commerce des caravanes, Gat et Gadames, qui se situent à la frontière algérienne et qui pourraient servir pour l'armée d'Afrique du Nord.
01:08:00 De Gaulle souhaite qu'on devance les Méharistes sahariens, et si on y arrive, qu'ils penchent sous notre commandement.
01:08:05 Mais les villes sont très loin de mon axe central de progression.
01:08:08 Il faudrait que je tente une opération à aéroporter.
01:08:11 Mais l'appareil a dû faire demi-tour à cause des défenses anti-aériennes.
01:08:14 Je vais confier l'objectif à la compagnie des Hogars.
01:08:17 Le 26 janvier 1943, le capitaine Charles-Élie d'Abzac, du groupe nomade de Borkou, entre le premier dans Gadames.
01:08:24 Dès que je l'ai su, je suis parti rencontrer le général Delay, commandant de l'Est saharien.
01:08:28 En gage de ses bonnes dispositions, Delay m'offre des cartes très précieuses, où figurent en particulier les voies empruntables par des véhicules pour contourner la ligne Mares,
01:08:37 qui est un système de fortification pour barrer la route de Tunis qui est aujourd'hui utilisée par les Allemands.
01:08:42 Mais le général Giraud, qui a remplacé l'amiral d'Arland, m'appelle à prendre le titre de commandant en chef civil et militaire de l'Afrique du Nord.
01:08:48 Je refuse, car je n'ai qu'un seul chef, et c'est De Gaulle.
01:08:52 Les forces françaises se rejoignent un peu partout.
01:08:54 Les groupes du Tchad continuent d'avancer à Tripoli, et mon avant-garde fait jonction avec la 8e armée britannique.
01:09:00 Ça fait trois semaines que je demandais un entretien avec le général Montgomery.
01:09:04 Maintenant, nous pouvons parler.
01:09:06 Je dois dire que l'on se méfie l'un de l'autre.
01:09:08 Mais je vais leur faire une proposition.
01:09:10 Contre le rééquipement de mes hommes, les 2300 FFL passent sous ses ordres.
01:09:14 Le général Montgomery a l'air satisfait de ce deal et l'accepte.
01:09:18 Mais le GQG du CAIR n'apprécie pas qu'on ait pris le contrôle administratif du Fiesan.
01:09:22 Il est vrai que je l'ai promis lors de notre entretien avec Montgomery que l'on ne s'en mêlerait pas.
01:09:26 Et maintenant que les FFL sont sous les ordres de Montgomery,
01:09:29 le général Alexander va nous rappeler que toutes les villes qu'ils ont conquises doivent passer sous l'union de Jacques.
01:09:34 Le 10 février 1943, des négociations vont s'ouvrir et un accord est trouvé.
01:09:39 La zone administrative française s'arrête au 28ème parallèle.
01:09:43 C'est une première victoire pour nous, car nous n'étions pas prévus pour le partage de l'Afrique du Nord.
01:09:47 Il ne reste plus qu'à régler les cas de Gadames, Sinawen et Derge que les militaires britanniques veulent sous leur contrôle.
01:09:54 Mais le Foragnofis seront face à un nouveau problème avec de Gaulle.
01:09:58 Je suis secondé par le lieutenant-colonel Delange, qui est promu gouverneur militaire du Fiesan.
01:10:03 Je vais demander à ce que le Fiesan reste sous administration française,
01:10:06 en dépit des proclamations édictées par les britanniques dans le reste de la Libye.
01:10:10 Le GQG livre enfin le matériel dont mes hommes ont besoin.
01:10:14 Tous subissent de véritables chocs thermiques.
01:10:17 Mes hommes peuvent enfin revêtir des battle dress qui sont dignes de ce nom.
01:10:21 Et avec ça, l'arrivée considérable de canons, camions, pièces anti-chars et même des renforts humains.
01:10:26 24 sapeurs et une batterie anti-aérienne britannique, mais également des frères de résistance,
01:10:31 les grecs libres du sacré Squadron qui sont sous les ordres du colonel Christodoulos Gigantes.
01:10:35 Mes hommes peuvent se reposer, ils sont désormais rééquipés.
01:10:39 Ils prendront le nom de Force L et seront utilisés par les britanniques pour tenir Xachilan,
01:10:44 pour éviter un revers de l'ennemi.
01:10:46 Le 23 février, je donne l'ordre à toute la Force L de s'enterrer
01:10:50 et il ne faut que rien ne dépasse dans cette végétation très éparse.
01:10:53 Je vais répartir les hommes méticuleusement pour que personne ne passe,
01:10:57 car en face de nous, ce ne sont pas des amateurs, c'est l'Afrika Korps.
01:11:00 Et eux, c'est une véritable machine de guerre.
01:11:03 Le 21 février, je donne l'ordre à toute la Force L de se reposer.
01:11:07 Je vais répartir les hommes méticuleusement pour que personne ne passe,
01:11:11 car en face de nous, ce ne sont pas des amateurs, c'est la force de l'ennemi.
01:11:15 Je vais répartir les hommes méticuleusement pour que personne ne passe,
01:11:19 car en face de nous, c'est la force de l'ennemi.
01:11:22 Je vais répartir les hommes méticuleusement pour que personne ne passe,
01:11:26 car en face de nous, c'est la force de l'ennemi.
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