• il y a 11 mois
Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo

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00:00:00 19h c'est l'heure, face à l'info, bonsoir à tous.
00:00:04 Édition spéciale évidemment avec ce nouveau Premier ministre qui a été nommé aujourd'hui.
00:00:09 On l'attendait hier soir, on l'a eu aujourd'hui.
00:00:11 On va décortiquer un peu cette actualité.
00:00:14 Tout de suite avec vous Simon Guilin, l'actualité ce soir.
00:00:18 Bonsoir Christine et bonsoir à tous.
00:00:20 On l'apprend ce soir, la compagnie Air France prévoit de reprendre ses vols vers Tel Aviv à partir du 24 janvier prochain.
00:00:26 Ils avaient été suspendus après l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre.
00:00:31 En France, les plus démunis, particulièrement touchés par l'épisode de grand froid,
00:00:35 une femme sans domicile fixe a été retrouvée morte sous sa couverture.
00:00:38 Cet état carpentera dans le Vaucluse.
00:00:40 Une autopsie doit être réalisée pour confirmer la cause de son décès.
00:00:44 Et puis ce chiffre, près de 7000 migrants sont morts ou ont disparu en tentant de rejoindre l'Espagne l'année dernière.
00:00:51 C'est ce que révèle le dernier rapport de l'ONG espagnole Caminando Fronteras.
00:00:55 L'année 2023 a été marquée par un afflux migratoire sans précédent dans l'archipel des Canaries, chère Christine.
00:01:01 Merci beaucoup mon cher Simon.
00:01:04 Au sommaire ce soir, on en oublierait presque que c'est un homme de gauche.
00:01:09 Qui est Gabriel Attal ?
00:01:11 Comment expliquer sa popularité à droite ?
00:01:13 Le plus jeune Premier ministre de l'histoire de la Ve République a donc été nommé par Emmanuel Macron.
00:01:19 Gabriel Attal, ancien militant PS, est-il encore un homme de gauche ?
00:01:22 Pourquoi cette popularité à droite ?
00:01:25 L'édito de Mathieu Bocoté.
00:01:27 En pleine nomination, Gabriel Attal était au travail.
00:01:31 Et à peine nommé, il est déjà sur le terrain.
00:01:34 Bain de foule dans le Pas-de-Calais.
00:01:36 À peine nommé, il sera chargé de redonner un second souffle au quinquennat d'Emmanuel Macron.
00:01:42 Le nouveau Premier ministre montre qu'il prend pleinement la mesure de ses nouvelles fonctions.
00:01:47 Quelle politique latente, quelle feuille de route, quel défi !
00:01:50 Alors qu'une partie de l'opposition l'attend déjà de pied ferme.
00:01:53 L'analyse de Dimitri Pavlenko.
00:01:56 Gabriel Attal, le plus jeune Premier ministre de l'histoire de la Ve République,
00:02:00 il répond qu'il ne veut y voir qu'un symbole de l'audace et du mouvement.
00:02:05 Est-ce le jeune adapté à son époque ?
00:02:08 Quels sont les avantages et les inconvénients de cette jeunesse ?
00:02:11 En quoi l'âge est une condition de succès ou pas ?
00:02:15 Et face au péril jeune, Emmanuel Macron a-t-il choisi la carte jeune ?
00:02:20 L'analyse de Guillaume Bigot.
00:02:23 Gabriel Attal aura été ministre de l'Éducation nationale que pendant quelques mois.
00:02:27 Un passage est clair, qu'il ne le permettra pas réellement de suivre ses dossiers
00:02:31 malgré sa volonté affichée lors de sa passation de pouvoir.
00:02:34 Et si la notion de suivi des dossiers n'était pas la priorité du gouvernement ?
00:02:39 Quel suivi pour les JO, pour la sécurité ?
00:02:41 Le décryptage de Charlotte Dornévas.
00:02:44 Et puis c'est une formule lancée par Vincent Trimolet du Figaro.
00:02:48 La nomination de Gabriel Attal marquerait le début de l'après Macron.
00:02:53 Comment envisager justement les rapports à venir entre le Premier ministre et le chef de l'État ?
00:02:58 Jeu de lumière et d'ombre, jeu de pouvoir en perspective.
00:03:01 L'édito de Mathieu Beaucoup.
00:03:04 Une heure pour prendre un peu de hauteur avec nos éditeurs réalistes.
00:03:07 D'ailleurs nous irons dans un instant dans le Pas-de-Calais
00:03:10 rencontrer Thomas Bonnet pour faire un point sur le déplacement du Premier ministre.
00:03:15 Allez c'est parti ce soir.
00:03:16 D'un instant à l'autre nous irons évidemment suivre Gabriel Attal.
00:03:33 Il doit rencontrer d'un instant à l'autre des élus, des sinistrés puisqu'il est en déplacement sur le terrain.
00:03:38 On verra ça dans un instant.
00:03:39 Mais d'abord Mathieu, une page se tourne.
00:03:41 Fini Elisabeth Borne et Gabriel Attal est donc bel et bien nommé Premier ministre par Emmanuel Macron.
00:03:47 Il faut former un nouveau gouvernement.
00:03:49 On n'y est pas pour l'instant.
00:03:50 Si on a des informations, évidemment on le dira en direct.
00:03:54 Mais d'abord Mathieu, la nouvelle est bien accueillie par la Macronie.
00:03:58 Mais aussi à droite, il faut le souligner,
00:04:00 où celui qui est le plus jeune Premier ministre de l'histoire de la Ve République a été applaudi.
00:04:05 Comment expliquer cette popularité à droite de Gabriel Attal?
00:04:09 Et est-ce que c'est un homme qui vient de la gauche, mais est-il encore à gauche?
00:04:15 Reste à voir ce que veut dire être de gauche ou de droite.
00:04:17 Mais ce qui est certain, c'est qu'effectivement, les idées qu'on prête à Gabriel Attal, et je reviendrai,
00:04:24 sont effectivement majoritaires à l'Assemblée et dans le pays.
00:04:28 Le problème c'est qu'elles ne sont pas majoritaires dans son propre groupe.
00:04:31 Évidemment, si Gabriel Attal décidait de former un gouvernement en prenant l'aile droite de la Macronie,
00:04:36 les LR et le RN, alors il aurait tout à fait la majorité nécessaire pour gouverner.
00:04:40 Mais apparemment, ce n'est pas exactement son plan.
00:04:42 J'y reviens. Comment a-t-il construit sa popularité?
00:04:45 Parce que si c'est un politicien de carrière qui est là depuis longtemps,
00:04:49 sa popularité est assez nouvelle.
00:04:51 On lui reconnaissait du talent, on lui reconnaissait du charisme,
00:04:54 mais on ne lui reconnaissait pas encore cette popularité qui est telle
00:04:57 qu'aujourd'hui certains veulent faire une forme d'Attalmania,
00:05:00 moins de quelques heures après sa nomination.
00:05:03 Alors autour de quoi? Il l'a créée, il l'a constituée autour de thèmes de droite.
00:05:09 On va les lister pour voir de quelle manière il s'est construit comme l'homme de droite
00:05:14 du bloc de centre qui venait de la gauche.
00:05:16 Premier élément, la rupture avec la Baïa.
00:05:20 Il faut simplement le dire, il y a pendant des mois, on parle de la Baïa
00:05:23 et on se retrouve avec Papendiaïe, je reviendrai, qui est le point d'aboutissement de tout ça.
00:05:27 Papendiaïe qui dit « C'est pas possible, d'ailleurs c'est pas si grave,
00:05:30 et de toute façon j'ai pas les moyens, je ne veux pas le faire. »
00:05:33 Attal arrive, il dit « Ma décision fondatrice, celle par laquelle je me ferai connaître des Français,
00:05:38 c'est interdiction de la Baïa. C'est comme ça, c'est réglé, on n'y peut rien,
00:05:41 c'est ce que je veux et c'est ainsi. »
00:05:43 Autorité, efficacité, récompense.
00:05:45 Oui, on croyait, et là c'est intéressant parce qu'on croyait que non seulement
00:05:48 c'était pas grave et qu'en plus on n'avait pas le droit de le faire.
00:05:51 On a appris qu'un, c'était grave et deux, on a le droit de le faire.
00:05:54 Et l'argument « L'état de droit ne nous permet pas d'interdire la Baïa »,
00:05:57 apparemment d'un ministre à l'autre, la définition des interdictions de l'état de droit peuvent évoluer.
00:06:03 C'est intéressant, de ce point de vue, ça pourrait s'appliquer à d'autres questions.
00:06:06 Deuxième élément, je vous le disais, volontarisme.
00:06:09 On est devant une classe politique dont la principale fonction depuis 30 ans
00:06:13 consiste à nous dire qu'ils ne peuvent pas faire ce qui est nécessaire,
00:06:16 mais que les Français doivent s'adapter à ce qui est inévitable.
00:06:19 Et là, qu'est-ce qu'on nous dit ? C'est que l'inévitable, nous dit Attal,
00:06:22 c'est comme ça qu'il s'est construit, c'est la volonté politique.
00:06:25 « Sachez que si je veux, je peux ». Alors là, encore une fois, c'est étonnant,
00:06:29 parce que la logique du « si je veux, je peux » et « si c'est nécessaire, on va le faire »,
00:06:33 ce n'est plus la logique des politiques, et lui marque sa rupture ainsi.
00:06:38 J'ajoute une renoue avec l'autorité, l'autorité à l'école, la question de l'uniforme.
00:06:42 On sent tous aujourd'hui qu'on est devant le grand débraillé contemporain.
00:06:46 On est devant une école où les garçons ne sont plus certain d'être des garçons,
00:06:49 les filles ne sont plus certaines d'être des filles,
00:06:51 on ne sait plus exactement ce dont il est question, tout le monde a les cheveux bleus,
00:06:54 c'est quand même assez terrifiant. Et là, il arrive et dit que l'uniforme
00:06:57 va être le symbole de l'autorité retrouvée. Est-ce que ça épuise la question de l'autorité ?
00:07:02 Bien sûr que non. Mais sachant que la politique, ce n'est pas que technique,
00:07:05 ce n'est pas que technocratie, bonsoir Mme Born, mais que fondamentalement,
00:07:11 c'est des questions de symboles, de fond, il dit « par l'uniforme, je marque le fait
00:07:15 qu'il y a une faille culturelle dans ce pays et on va chercher à la combler ».
00:07:19 Ensuite, il ne parle pas la langue de bois, ce n'est pas un détail,
00:07:22 ce n'est pas un détail qu'il ne parle pas la langue de bois,
00:07:24 il parle un langage politique capable d'être compris par la population.
00:07:27 Donc finalement, on s'entend, on n'est pas ici devant un propos révolutionnaire,
00:07:31 il a simplement remis de l'avant ce qu'on appelait il y a très peu d'années le bon sens.
00:07:36 Mais le bon sens est aujourd'hui, on pourrait dire transgressif.
00:07:40 Et sa popularité, ne l'oublions pas, c'est qu'il vient après Papandyaï.
00:07:43 C'est très important, Papandyaï, un ministre qui a réussi à se faire rejeter
00:07:48 avec une vigueur réelle par une bonne partie de la société française,
00:07:52 tellement c'était le ministre non pas de l'éducation, mais de la rééducation.
00:07:57 Et là, qu'est-ce qu'on voit? Eh bien, Attal arrive, il a rompu avec lui
00:08:01 et a marqué une claire, claire rupture avec le symbole du deuxième tour,
00:08:07 qui était Papandyaï.
00:08:09 Tout ça, ça nous donne effectivement un profil qui n'est pas,
00:08:12 je reprends la formule de Charlotte hier, l'anti-Bardella.
00:08:16 Au contraire, c'est le Bardella de substitution.
00:08:19 C'est Bardella sans le RN, en quelque sorte.
00:08:21 Si on veut, parce qu'apparemment, on doit tout penser en termes de RN aujourd'hui.
00:08:24 Donc, c'est un peu la réponse.
00:08:26 Comment faire du Bardella sans être Bardella?
00:08:29 Comment être capable d'occuper ce terrain-là sans être du RN?
00:08:32 Comment être jeune sans être l'autre jeune?
00:08:35 Et son profil sociologique répond à cela.
00:08:39 - Je fais une parenthèse pour l'instant.
00:08:41 Le siant doué de la politique, on l'applaudit et tout.
00:08:43 - Mais toi, on va y arriver. - Non, non, non, attends, attends, attends.
00:08:45 Viens, viens. J'ai un petit sondage que je vais vous montrer tout à l'heure.
00:08:48 Les Français, on va en parler.
00:08:50 - Non, non, non, mais effectivement, en ce moment, on est dans le moment, effectivement,
00:08:53 de l'enthousiasme participatif. - Bisous à Marc Monon, pendant que j'y pense.
00:08:55 Marc Monon n'a pas pu être là ce soir. Bonsoir à Guillaume Bigot, pardon.
00:08:57 - Bonsoir. - Je suis un peu... - Bonsoir à Marc.
00:08:59 - Bonsoir à Marc qui nous regarde et bonsoir à Guillaume Bigot. Bonsoir à tous.
00:09:02 - Alors autrement dit, Atal, une force, on ne peut pas le wokiser.
00:09:06 C'est-à-dire que c'est assez facile... - Oui, mais c'est une sorte de victoire de l'anti-wokisme.
00:09:09 - Oui, oui, de ce point de vue, oui. De ce point de vue, c'est-à-dire que Emmanuel Macron comprend
00:09:13 que s'il décide de faire du wok et du surwok, ça se retourne contre lui.
00:09:17 Donc là, il décide de nommer Atal qui est...
00:09:20 Donc on ne peut pas le wokiser. C'est impossible.
00:09:22 Sur ce créneau-là, il est impec, comme qu'il dirait.
00:09:25 J'ajoute une chose et ça, ce n'est pas un détail.
00:09:28 Libé, SOS, parce qu'on sait qu'il a fait son coming out, comme on dit aujourd'hui,
00:09:32 donc il est ouvertement homosexuel.
00:09:34 Dans mon avis, on se contrefout, les gens font ce qu'ils veulent de leur vie.
00:09:37 Ce n'est pas un sujet d'intérêt public.
00:09:39 Sauf pour SOS homophobie qui intervient en disant,
00:09:43 formidable, sa nomination prouve qu'il n'y a pas d'obstacle pour les homosexuels
00:09:47 qui voudraient accéder aux plus hautes fonctions en France.
00:09:49 Mais on était au courant.
00:09:50 Et puis Libé nous dit la même chose.
00:09:52 C'est une victoire, un triomphe de l'ouverture,
00:09:55 le premier premier ministre gay de l'histoire de la Ve République.
00:09:58 Premièrement, on n'en sait rien.
00:10:00 Et deuxièmement, la chose importante, c'est que ce sont les seuls à en parler.
00:10:03 Ce sont les seuls.
00:10:04 Et là, c'est drôle parce que Atal, sa préférence sexuelle, ça ne nous concerne pas.
00:10:09 Il ne joue jamais sur ça.
00:10:11 Il ne joue pas à la manière d'autres ministres qui parlent sans arrêt des questions
00:10:15 LGBTQ2TI+.
00:10:18 Ils ne parlent jamais de ça.
00:10:20 Donc certains, Libé et SOS homophobie,
00:10:23 ils veulent communautariser en disant l'un des nôtres vient d'y arriver.
00:10:26 Et lui, il ne se définit pas du tout autour de ça.
00:10:29 Donc encore une fois, un autre crédit à droite, entre guillemets,
00:10:31 c'est le refus de la logique communautariste.
00:10:33 Alors là, il y a une telle vague d'amour autour de lui
00:10:36 que certains disent non, ne quittez pas le ministère de l'Éducation.
00:10:39 Ne le quittez pas jamais.
00:10:41 Vous étiez le ministre tant attendu.
00:10:43 J'y reviens.
00:10:44 Les réformes qu'il annonçait à l'Éducation, c'est du simple bon sens.
00:10:46 Mais il y avait une telle demande de bon sens
00:10:49 qu'il suffisait d'en donner un peu pour donner l'impression qu'on en avait beaucoup.
00:10:53 Alors à qui va-t-il plaire, je dirais, à travers cela?
00:10:57 Oui, à la droite, assurément.
00:11:00 Mais aussi, et je reviendrai dans un instant,
00:11:03 une partie de la gauche qui est la gauche, on pourrait dire, en manque de valse.
00:11:06 C'est-à-dire cette gauche à la recherche néo-chevènementiste,
00:11:09 à la recherche d'un créneau républicain,
00:11:11 qui aimerait tant être de droite tout en demeurant de gauche.
00:11:13 - La gauche perdue.
00:11:14 - Oui, mais la gauche qui se sentait oubliée.
00:11:16 Elle a désormais son porte-parole, celui en qui elle peut espérer.
00:11:20 De ce point de vue, la droite elle-même va s'inquiéter.
00:11:23 Parce que qu'est-ce que ça veut dire être de droite
00:11:25 quand l'autre occupe tout cet espace-là?
00:11:27 La question se posera aussi.
00:11:28 - Alors, est-ce qu'il n'y a pas la tentation d'idéaliser?
00:11:31 Je le disais tout à l'heure, le nouveau premier ministre.
00:11:33 Justement, pas des applaudissements, pas tous.
00:11:36 - Ah non, mais quand même beaucoup.
00:11:38 Il y a quelque chose d'assez remarquable.
00:11:40 Celle-là, c'est la tentation de l'ébobissement.
00:11:42 C'est-à-dire, on est dans ce moment où normalement,
00:11:44 le journaliste, le commentateur, l'éditorialiste
00:11:46 devraient décrypter les raisons de la popularité de Gabriel Attal.
00:11:49 Ce qui est une question intéressante.
00:11:51 Pourquoi soudainement apparaît-il comme l'homme providentiel
00:11:54 de la Macronie après Macron?
00:11:56 N'exagérons rien, mais ça devrait être comme ça qu'on nous le présente.
00:11:59 Mais là, je crois que chez plusieurs,
00:12:01 l'envie de participer à l'enthousiasme collectif
00:12:03 - et tel collectif étant celui du micro-média médiatique -
00:12:06 est telle que c'est à qui réussira à tailler le plus beau compliment
00:12:10 pour le nouveau premier ministre.
00:12:12 Vous êtes le surdoué, le plus brillant, le plus jeune.
00:12:15 Vous êtes encore plus jeune que la jeunesse.
00:12:17 Vous êtes exceptionnel.
00:12:19 Donc là, c'est la liste des complimenteurs qui se présentent.
00:12:22 C'est l'esprit de caste, de cour et des médias qui est assez fascinante.
00:12:27 Et d'un pays à l'autre, je dirais que ça, ce n'est pas nécessairement partagé.
00:12:30 La fascination pour le pouvoir de tant de journalistes
00:12:33 qui rêvent eux aussi de raconter leur off avec le nouveau premier ministre.
00:12:36 Eux aussi dire « moi, j'en suis proche, on s'est connus, on se connaît,
00:12:40 nous aussi on est copains ». Donc là, chacun y voit son petit compliment.
00:12:43 C'est assez agaçant, me semble-t-il, parce qu'on peut reconnaître
00:12:46 de vraies vertus à Gabriel Attal, sans pour autant basculer
00:12:51 justement dans l'ode à Saint-Gabriel qui vient nous délivrer du gouvernement antérieur.
00:12:58 - Alors regardez, on va s'arrêter tout de suite.
00:13:01 Permettez-moi de vous interrompre pour vous montrer ce sondage.
00:13:04 Non mais parce qu'il y a des journalistes, il y a ceux qui commentent.
00:13:07 Mais que pensent les Français de Gabriel Attal ?
00:13:10 Faites-vous confiance à Gabriel Attal en tant que premier ministre ?
00:13:13 52% des Français disent non, 48% disent oui.
00:13:17 Sondage, c'est ça pour ces news à réaliser.
00:13:20 - Oui, Paul, qu'est-ce que vous voulez dire ?
00:13:21 - Non, je voulais rajouter que dans le détail, ce qui est intéressant,
00:13:23 c'est qu'à droite, 69% des électeurs de droite trouvent Gabriel Attal à leur goût.
00:13:28 - 68% ?
00:13:29 - Mais plus que dans le camp Renaissance.
00:13:31 Il est plus populaire chez les électeurs de LR que chez les électeurs de Renaissance.
00:13:35 C'est 67% chez Renaissance.
00:13:37 - C'est exactement ce que nous disait Mathieu Bocoté.
00:13:39 Mais, recentrons-nous. Pas auprès des Français.
00:13:44 - Mais, chère Christine, vous savez, si la vie des Français comptait en politique...
00:13:49 - Pardon, les images indirectes, pardonnez-moi.
00:13:51 Il vient de rencontrer des élus sur place.
00:13:53 Rappelons qu'il est à Clermaret, dans le Pas-de-Calais, pour les inondations.
00:13:57 C'est son premier déplacement, alors on ne peut pas ne pas en parler.
00:14:00 On suit en direct, mais on vous écoute surtout.
00:14:02 - Alors, vous allez voir la séquence qui va... On peut la prédire.
00:14:06 D'abord, là, c'est l'homme le surdoué ci, le surdoué ça.
00:14:09 Donc là, on va avoir droit à la séquence, comme je dis, de fascination enthousiasmée.
00:14:13 Donc là, il va avoir la une des quotidiens, des hebdos, Attal.
00:14:18 C'est à qui va être le premier à dire, en fait, c'est véritablement...
00:14:21 Il va triompher en 2027.
00:14:23 Donc là, il y aura cette séquence-là.
00:14:25 Et ensuite, il y aura la prochaine séquence qui viendra, je reviendrai en deuxième chronique,
00:14:28 le rapport entre lui et Macron.
00:14:30 Il va mettre en scène les tensions dans la Macronie et ensuite avec Emmanuel Macron.
00:14:34 Mais ce qui est certain, il faut y revenir, c'est qu'il se construira aussi
00:14:39 par le rejet qu'en fera une partie de la gauche.
00:14:41 Il ne faut pas l'oublier.
00:14:43 Une partie de la gauche va dire, il est terrible.
00:14:45 En fait, c'est un petit, petit mini-Macron.
00:14:47 Et plus encore, c'est un homme de droite qui passe pour un homme de gauche.
00:14:50 Alors que, donc là, il y aura le rejet qu'une partie de la gauche aura...
00:14:54 qu'elle exprimera à son endroit, va contribuer, cela dit, à sa popularité,
00:14:58 parce que cette gauche mondaine est très puissante médiatiquement,
00:15:01 mais beaucoup moins dans la population.
00:15:03 Et ensuite, il ne faut pas oublier la réaction.
00:15:05 Il va coller un tir de barrage politique.
00:15:07 Et on a vu Marine Le Pen, qui a aujourd'hui donné un peu le signal du discours des droites
00:15:11 en disant, en fait, Gabriel Attal, ce n'est justement que le nouveau décor d'Emmanuel Macron.
00:15:17 Donc, c'est le nouveau personnage d'Emmanuel Macron.
00:15:19 C'est le nouveau pantin d'Emmanuel Macron.
00:15:21 Et ça, c'est un discours qu'on va entendre beaucoup à droite et à gauche.
00:15:24 On va tout faire pour macroniser Gabriel Attal,
00:15:29 alors qu'Emmanuel Macron va tout faire, quant à lui, pour sataniser.
00:15:34 Petite question sub-dédiée. Est-ce qu'il y avait eu cette séquence d'indulations,
00:15:38 comme vous dites, pour Elisabeth Borne ?
00:15:40 Non, non, non. Il y avait...
00:15:41 Je ne sais pas, je me suis dit, j'ai peut-être raté quelque chose.
00:15:43 Non, non, vous n'avez rien raté.
00:15:44 C'est mieux de comparer, ça, pour autant.
00:15:46 On était dans un moment d'admiration froide.
00:15:48 C'est-à-dire, on disait, une techno qui renonce au charisme,
00:15:51 qui renonce à la politique dans ce qu'elle a d'abrasif.
00:15:53 Une techno qui explique sous le langage de la raison froide,
00:15:56 voilà ce qu'il faut pour la France.
00:15:58 C'est le genre de compliments qu'on aimerait percevoir dans la vie.
00:16:00 Alors, dernière question, Mathieu Bocoté.
00:16:02 Est-ce que Gabriel Attal est encore un homme de gauche, pour terminer ?
00:16:04 Alors, on ne décide jamais par soi-même si on est de gauche.
00:16:07 Il ne faut jamais l'oublier.
00:16:08 C'est-à-dire, c'est la gauche qui décide si on est de gauche avec elle.
00:16:11 Et ensuite, la question de l'homme de gauche,
00:16:13 qui était de gauche, mais qui n'est plus de gauche, selon la gauche,
00:16:16 c'est de dire, je suis encore de gauche, mais c'est la gauche qui n'est plus avec moi.
00:16:19 On connaît ce type de raisonnement.
00:16:21 Je pense que, sur le fond des choses, dans son état suisse,
00:16:23 il s'est engagé au Parti socialiste quand il était jeune.
00:16:25 C'est un garçon bien né, et ça vaut la peine de le dire,
00:16:28 donc on comprend qu'il soit de gauche.
00:16:30 La gauche est l'expression intellectuelle articulée
00:16:32 des privilèges sociaux et moraux de notre époque.
00:16:35 Son ancien socialiste sur les questions sociétales.
00:16:37 Les questions sociétales, c'est particulier.
00:16:39 C'est les questions sur lesquelles la gauche est manifestement majoritaire en France.
00:16:42 Et sur ces questions-là, c'est un homme de gauche.
00:16:44 Il n'y a pas de doute là-dessus.
00:16:46 Cela dit, ce ne sont pas les questions les plus clivantes.
00:16:48 Ce ne sont pas sur elles qu'on se construit une crédibilité politique aujourd'hui.
00:16:53 Donc, philosophiquement, c'est un progressiste.
00:16:55 Je pense qu'on peut le dire.
00:16:57 Je pense que c'est par ailleurs un progressiste qui sait que le réel existe.
00:16:59 Et de ce point de vue, c'est quand même assez rare dans son camp.
00:17:02 Il sait que la population existe. Il sait que le réel existe.
00:17:05 Il sait, en fait, je pense que la chose est là,
00:17:07 il sait que la majorité des Français ne sont pas avec son camp.
00:17:12 Alors, point final en un mot,
00:17:14 est-ce qu'il va se comporter vraiment comme un homme de gauche?
00:17:16 On le verra lorsqu'il…
00:17:18 On va voir s'il va diaboliser, oui ou non, l'autre moitié du pays qui ne pense pas comme lui.
00:17:22 Va-t-il diaboliser l'ERN, Reconquête, les LR, tous ceux qui ne pensent pas comme lui?
00:17:26 S'il ne diabolise pas, s'il n'est pas sectaire, s'il tend la main,
00:17:30 s'il entre dans la définition des forces vives, l'autre moitié du pays,
00:17:33 peut-être qu'il ne sera plus un homme de gauche comme on les connaissait.
00:17:36 – Merci beaucoup pour votre regard.
00:17:39 Je rappelle que Marc Menand n'est pas là.
00:17:41 Il est resté bloqué par la neige chez lui.
00:17:43 Il a fait un petit bain de neige…
00:17:45 – En maillot de bain, il m'a raconté ce matin.
00:17:48 Bon, il n'est pas parmi nous, mais Guillaume Bigot est là et on l'embrasse bien fort.
00:17:52 – Mais je ne fais pas de bain de neige. – Ah bon?
00:17:54 – Non. – D'accord.
00:17:55 Alors, on va aller tout de suite rejoindre Thomas Bonnet,
00:17:58 qui est sur le terrain, qui est donc dans le Pas-de-Calais.
00:18:02 Thomas Bonnet, vous êtes dans le Pas-de-Calais,
00:18:04 Gabriel Attal à peine nous met à enfiler tout de suite son costume de Premier ministre.
00:18:09 Quel message, selon vous, il a voulu faire passer là, ce soir?
00:18:14 – Eh bien, écoutez, Christine, sans doute le message d'un Premier ministre à l'action.
00:18:20 Moins de dix minutes après la passation des pouvoirs,
00:18:22 il a pris le convoi ministériel pour se rendre ici, dans le Pas-de-Calais,
00:18:27 écouter les sinistrés, écouter les élus locaux.
00:18:30 Alors, sur la forme, c'est un Gabriel Attal dans la compassion,
00:18:33 dans l'empathie que nous avons pu observer ce soir.
00:18:37 Il était notamment présent à une réunion qui s'est déroulée juste derrière moi
00:18:40 avec des habitants qui ont été sinistrés par les inondations,
00:18:43 des élus locaux aussi, qui nous disent qu'il a écouté longuement
00:18:47 ce que les habitants avaient à dire.
00:18:50 Un Premier ministre à la tâche, donc.
00:18:52 Notons, en comparaison, qu'Elisabeth Borne avait attendu trois jours
00:18:55 avant son premier déplacement en tant que Première ministre.
00:18:58 Voilà peut-être une des premières différences dans le style
00:19:02 entre Gabriel Attal et Elisabeth Borne.
00:19:05 Elle, que l'on a beaucoup décrit comme hors sol,
00:19:07 lui a déjà les deux pieds sur le terrain.
00:19:10 Merci Thomas Bonnet d'être envoyé spécial sur place
00:19:15 avec Charles Baget pour les images.
00:19:18 Merci infiniment.
00:19:19 On va écouter, juste avant de vous écouter, Dimitri,
00:19:22 Gabriel Attal aujourd'hui qui a déclaré
00:19:25 "La France n'est pas en déclin, la France rime avec sursaut".
00:19:29 Intéressant, non ?
00:19:31 Je pense en particulier aux classes moyennes,
00:19:34 aux classes de la classe moyenne.
00:19:37 Cœur battant de notre pays, artisan de la grandeur
00:19:40 et de la force de notre nation française.
00:19:42 Ces femmes, ces hommes, ces familles
00:19:44 qui se lèvent tous les matins pour aller travailler,
00:19:47 qui peuplent notre territoire et que l'on n'entend pas souvent,
00:19:50 mais qui sont toujours au rendez-vous de leurs responsabilités.
00:19:53 Des Français doutent, mais au fond, je sais qu'ils espèrent aussi.
00:19:58 Car au fond de nous, au plus profond de nos consciences de Français
00:20:02 la France ne rimera jamais avec déclin.
00:20:05 Car la France, elle rime avec sursaut,
00:20:07 elle rime avec audace,
00:20:09 elle rime avec grandeur.
00:20:11 Alors avant de vous écouter,
00:20:13 puisqu'on va parler des défis qui attendent Gabriel Attal avec vous, Dimitri,
00:20:18 c'est intéressant d'écouter un extrait où il dit
00:20:20 "Vous pouvez tous compter sur moi",
00:20:22 même les élus de l'Outre-mer, quand même.
00:20:24 Je veux, pour conclure, m'adresser directement aux Français,
00:20:28 à tous les Français, où qu'ils vivent,
00:20:30 dans l'Hexagone, dans les Outre-mer ou à l'extérieur de nos frontières,
00:20:33 quel que soit leur parcours de vie,
00:20:35 quelle que soit leurs opinions politiques,
00:20:37 peu importe qui ils aiment ou ce en quoi ils croient,
00:20:40 je veux leur dire qu'ils pourront toujours compter sur moi.
00:20:43 Leur dire qu'avec le Président de la République,
00:20:46 chaque jour, chaque minute, chaque seconde leur sera consacré.
00:20:50 Parce qu'il n'y a rien de plus beau, rien de plus fort,
00:20:54 rien de plus grand que de servir la France et les Français.
00:20:58 - Dimitri Pavlenko, déjà votre réaction par rapport à ce qu'il vient de dire ?
00:21:02 - Je vais en parler de son discours, c'était très intéressant.
00:21:05 - On va directement à votre honneur.
00:21:07 Il sera chargé de redonner une sorte de second souffle
00:21:10 à ce second quinquennat d'Emmanuel Macron.
00:21:12 Quelle est sa feuille de route ?
00:21:14 Quelle politique il va mener ?
00:21:16 Quels sont les défis qu'il attende ?
00:21:18 C'est la question qu'on se pose justement aujourd'hui.
00:21:20 - Oui, il en a livré des pistes dans ce discours
00:21:22 qui, j'ai trouvé dans l'ensemble, était quand même assez scolaire,
00:21:25 globalement, c'était très appliqué.
00:21:27 - C'est une bonne transition.
00:21:29 - C'est vrai, on l'a senti appliqué.
00:21:32 Mais d'ailleurs, il n'a oublié, je crois, rien ni personne,
00:21:35 parce que là, vous avez mentionné qu'il a cité les élus locaux,
00:21:37 les Outre-mer, mais il a aussi remercié le Parlement,
00:21:39 les partenaires sociaux, sa famille politique,
00:21:41 chacun de ses prédécesseurs à Matignon,
00:21:43 Edouard Philippe, Jean Castex, Elisabeth Borne,
00:21:45 ses collaborateurs, les oppositions,
00:21:48 les Français, évidemment, les Outre-mer.
00:21:50 Ah si, il y en a un, alors il ne l'a pas oublié,
00:21:53 franchement, il l'a expédié d'entrée,
00:21:55 c'est Emmanuel Macron.
00:21:57 Alors que si vous réécoutez ce qu'a dit Elisabeth Borne,
00:22:00 à chaque phrase, pratiquement, elle a rappelé
00:22:02 la tutelle présidentielle sur son action,
00:22:04 "j'ai travaillé conformément à la volonté du président de la République",
00:22:07 avec Gabriel Attal, franchement, on se serait cru
00:22:09 en régime parlementaire, on aurait cru
00:22:12 qu'il avait gagné les élections législatives, comme en Allemagne,
00:22:14 ils sont partis avec les élections,
00:22:16 comme s'il n'y avait pas de président, en fait.
00:22:18 Et Mathieu va développer tout à l'heure,
00:22:20 parce que c'est aussi une manière de se présenter aux Français.
00:22:23 Alors, le programme, les défis de Gabriel Attal,
00:22:26 en fait, c'est déjà hyper chargé, donc vous avez vu,
00:22:28 il est parti, séance tenante,
00:22:30 là où devait se rendre Elisabeth Borne aujourd'hui même,
00:22:33 donc dans le Pas-de-Calais,
00:22:35 terrain d'urgence, une intervention forte de l'État.
00:22:38 Alors d'ailleurs, dans le détail, quand on voyait un petit peu
00:22:40 les séquences où il voyait les gens,
00:22:42 il avait l'air, comment dire, un peu ailleurs,
00:22:44 j'ai trouvé, évidemment, il vient d'être nommé Premier ministre,
00:22:47 un peu maladroit, il a fallu Christophe Béchut,
00:22:49 qui est sur place, le ministre de la Transition écologique,
00:22:51 le présente en disant "voilà ce que va dire le Premier ministre dans un instant".
00:22:55 Voilà, il y avait une côté, il faut rentrer dans les chaussons,
00:22:58 d'une certaine manière.
00:23:00 Et à un moment, il a formé dans ce discours,
00:23:03 donc dans la cour de Matignon,
00:23:06 il a fait une espèce de nuage de mots,
00:23:08 vous avez cité quand il dit "sursaut, audace, grandeur et non déclin",
00:23:12 et après il enchaîne, il dit en moins de 30 secondes
00:23:14 "action, transformation, reprise en main, garder le contrôle de notre destin,
00:23:18 libérer le potentiel français", et puis il enchaîne sur
00:23:21 "classe moyenne qui travaille et ne s'y retrouve plus,
00:23:23 protéger notre modèle social, sécurité, service public, santé,
00:23:27 hôpital, souveraineté nationale et européenne, immigration,
00:23:30 transition écologique, valeur travail, simplification".
00:23:34 Voilà, en 30 secondes il dit tout ça,
00:23:36 et c'est quoi ? C'est le lexique gouvernemental et macronien de base,
00:23:41 là-dedans, vraiment, il n'a oublié aucun des mots-clés.
00:23:44 Alors, plus original, j'ai trouvé, il a promis de dire la vérité.
00:23:48 Un politique qui vous promet de dire la vérité, ça change.
00:23:51 Ça fait peur, selon vous, Charles ?
00:23:54 C'est son premier mensonge !
00:23:56 Il a promis aussi, et alors là c'est vraiment une rupture
00:23:58 assumée, je pense, avec Elisabeth Borne, Mathieu en parlait juste avant,
00:24:01 il a promis de respecter les oppositions, d'écouter les oppositions.
00:24:05 Alors ça c'est assez sa marque de fabrique, ça on l'a remarqué.
00:24:08 Mais voilà, effectivement, il est reconnu pour ça,
00:24:10 on peut discuter avec Gabriel Attal,
00:24:12 c'est quelqu'un qui est assez agréable, voilà.
00:24:14 Est-ce qu'il va extrême-droitiser tout le monde ?
00:24:16 On verra bien, mais enfin, voilà, il y a cette promesse
00:24:18 faite aux Français de ne jamais les lâcher,
00:24:21 de ne jamais les abandonner, de dire la vérité,
00:24:23 de respecter les oppositions.
00:24:25 Ça dessine une espèce de portrait de personnalité politique.
00:24:29 Oui, alors Gabriel Attal, il a aussi dit d'emblée
00:24:32 "J'emmène avec moi à Matignon la cause de l'école,
00:24:35 c'est l'une de mes priorités absolues", faut-il le croire ?
00:24:37 Ah oui, alors ça c'est vraiment la phrase clé,
00:24:39 "J'emmène avec moi à Matignon la cause de l'école".
00:24:42 Alors, est-ce que ça veut dire qu'il va cumuler
00:24:44 les deux fonctions, Premier ministre et ministre de l'Éducation ?
00:24:46 C'est assez peu probable, quand même,
00:24:48 c'est une administration, c'est 1 200 000 fonctionnaires,
00:24:50 quand même, l'Éducation nationale, c'est pas le genre de poste
00:24:52 où vous vous y consacrez une demi-heure par-ci, par-là,
00:24:55 entre deux dossiers, les inondations,
00:24:57 ou l'assurance chômage, vous pouvez pas, c'est pas possible.
00:25:00 Quoique, c'est déjà arrivé, hein, Raymond Barr,
00:25:02 de 78 à 76, est à la fois Premier ministre
00:25:05 et ministre de l'Économie et des Finances,
00:25:08 parce qu'on lui reconnaît cette compétence particulière,
00:25:11 c'est Giscard qui disait de lui, le président de la République à l'époque,
00:25:13 c'est le meilleur économiste de France,
00:25:15 bon voilà, Raymond Barr a fait ça, il y a eu des situations d'intérim,
00:25:17 mais enfin, ce serait très surprenant que Gabriel Attal
00:25:20 conserve le portefeuille de l'Éducation,
00:25:23 avec d'ailleurs un regret, qui a été exprimé
00:25:25 par les syndicats de l'Éducation, de dire,
00:25:27 un ministre qui promettait, finalement,
00:25:29 il s'en va au bout de six mois, c'est dommage,
00:25:31 je laisse à Charlotte le soin de développer dans un instant.
00:25:33 Vous nous direz, à Charlotte, si la baïa reviendra à l'école.
00:25:36 C'est intéressant aussi, parce qu'on sait qu'il a
00:25:39 pris un petit déjeuner avec Emmanuel Macron ce matin,
00:25:42 Gabriel Attal, pendant deux heures et demie,
00:25:44 est-ce qu'ils ont parlé de ça ?
00:25:45 Est-ce qu'il y a eu une négociation entre le président ?
00:25:47 Rappelez-vous, il avait dit Emmanuel Macron, fin août,
00:25:49 il avait dit "école, domaine réservé du président,
00:25:52 maire des batailles",
00:25:54 et Gabriel Attal a dit aussi "l'école, c'est la maire des batailles".
00:25:58 Alors ça, je crois que ça va être le premier défi, en fait,
00:26:00 de Gabriel Attal, dans l'exercice de ses nouvelles fonctions.
00:26:03 Est-ce qu'il aura de l'autonomie ?
00:26:04 Parce que l'autonomie, il ne faut pas oublier qu'Emmanuel Macron
00:26:06 a toujours été très interventionniste,
00:26:08 à commencer par le choix des collaborateurs du Premier ministre.
00:26:11 Vous savez, il y a quatre postes qui comptent dans la République.
00:26:13 Vous avez le président de la République, le Premier ministre,
00:26:16 directeur de cabinet du Premier ministre
00:26:18 et secrétaire général de l'Élysée.
00:26:20 Et Emmanuel Macron avait voulu imposer son directeur de cabinet
00:26:26 à Édouard Philippe, en l'occurrence Nicolas Revelle,
00:26:29 qui est aujourd'hui le patron de la PHP.
00:26:31 Édouard Philippe n'avait pas cédé.
00:26:33 Nicolas Revelle, il était arrivé directeur de cabinet de Jean Castex,
00:26:36 qui n'avait pas eu le choix de ses collaborateurs.
00:26:38 Est-ce que Gabriel Attal va avoir l'attitude pour choisir
00:26:41 avec qui il va travailler ?
00:26:44 Je pense que ça va être peut-être le premier défi pour lui.
00:26:46 Alors, vous avez parlé des défis de Gabriel Attal à Matignon.
00:26:49 Quels sont les autres ?
00:26:50 Parce qu'on a envie de l'entendre sur la loi immigration.
00:26:52 Oui, oui, oui, oui.
00:26:53 On a envie de savoir, effectivement, que...
00:26:55 Mais avant ça, je pense, vous savez,
00:26:57 c'est comme quand vous arrivez dans une boîte
00:26:59 ou chez un nouvel employeur,
00:27:00 il y a une question de management et de périmètre.
00:27:03 Est-ce que... J'ai parlé de l'autonomie.
00:27:05 Il va y avoir la question de l'autorité.
00:27:07 Parce que l'âge, qui est vanté comme une qualité,
00:27:09 quand vous avez Bruno Le Maire,
00:27:11 qui était votre patron à Bercy,
00:27:12 qui a 20 ans de plus que vous,
00:27:13 ça va pas être très évident, forcément, de mettre...
00:27:16 Pendant pas un an avec Guillaume Bigot.
00:27:17 Exactement, exactement.
00:27:18 Gérald Darmanin, aussi, il a l'air d'un coup très vieux, Gérald Darmanin.
00:27:22 Il n'a que 10 ans de plus que Gabriel Attal.
00:27:24 Il n'a que 42 ans, je crois.
00:27:25 Donc, je suis plus vieux que Gérald Darmanin.
00:27:28 Et d'un coup, il a l'air très vieux, Gérald Darmanin,
00:27:31 en comparaison de Gabriel Attal.
00:27:33 Alors, Edouard Philippe, je vous en parle même pas.
00:27:35 Et comme par hasard, on sait...
00:27:38 Joe Biden.
00:27:39 On sait que ceux qui ont crié et ont hurlé...
00:27:42 Joe Biden pourrait être l'arrière-grand-père, peut-être, de Gabriel Attal.
00:27:47 On s'en vient rigoler, un peu.
00:27:49 Ceci dit, on blague, mais Trump, Biden,
00:27:51 plus de 150 ans à eux deux.
00:27:54 Bardella...
00:27:56 Bon, je ne vais pas plus loin.
00:27:58 Je laisse à Guillaume Bigaud de fonder tout ça.
00:28:00 Cette espèce jeunesse, ça nous intéresse.
00:28:02 Parfaitement la base de la pédagogie.
00:28:03 Mais, enfin, voilà.
00:28:04 Tout le personnel politique de la Macronie, finalement,
00:28:06 se retrouve assez ringardisé.
00:28:07 Mais il y a un enjeu d'autorité, du coup, pour Gabriel Attal.
00:28:10 Alors, après, il faut constater que, pour Gabriel Attal,
00:28:14 il n'y a pas de grand texte dans les tuyaux.
00:28:16 Vous l'avez dit, les retraites, la loi immigration,
00:28:19 qui étaient un peu les deux promesses de campagne d'Emmanuel Macron,
00:28:22 ça y est, c'est passé.
00:28:24 Alors, il va y avoir peut-être la ME,
00:28:26 puisque vous vous rappelez qu'Elisabeth Borne
00:28:28 avait écrit une lettre s'engageant à mettre sur la table,
00:28:31 à produire un texte sur la question de l'aide médicale d'État.
00:28:34 Est-ce que Gabriel Attal va se sentir tenu
00:28:36 de tenir cette promesse de sa prédécesseur ?
00:28:39 Ça n'est pas sûr.
00:28:40 En fait, le vrai défi, pour lui, c'est les élections européennes.
00:28:42 On ne va pas se le mentir, c'est dans cinq mois.
00:28:44 Et vous savez que l'objectif du Rassemblement national,
00:28:47 qui court loin, loin en tête devant,
00:28:49 plus de 10 à 12 points d'avance dans les sondages sur Renaissance,
00:28:52 ce qui n'est pas d'ailleurs forcément un avantage,
00:28:54 d'être si loin devant, cinq mois avant.
00:28:56 Rappelez-vous Alain Juppé, présidentiel,
00:28:58 dans les sondages, c'était l'hyper favori en 2016.
00:29:01 On a vu ce que ça a donné,
00:29:02 il n'était même pas sur la ligne de départ pour la présidentielle.
00:29:04 Donc là, pour Jordane Bardella, il y a aussi une équation de ce genre.
00:29:07 Et Gabriel Attal, qui, dans les quatre débats
00:29:10 qui l'ont opposé à Jordane Bardella
00:29:12 pendant la campagne présidentielle,
00:29:14 c'est intéressant de les revoir.
00:29:15 Il y en avait notamment un très très bon,
00:29:17 chez Cyril Hanouna, on les voit face à face.
00:29:20 Que dit Gabriel Attal ? Il dit
00:29:22 "Je ne suis d'accord sur rien avec Jordane Bardella,
00:29:24 mais on s'estime, connivence générationnelle, etc."
00:29:27 D'accord sur rien ?
00:29:28 Bon, on a vu que ça n'était pas le cas finalement,
00:29:30 et qu'il était plutôt étiqueté "assez proche".
00:29:32 Et en fait, c'est ça, Gabriel Attal,
00:29:34 il va être une espèce de chien de chasse,
00:29:36 et je ne mets aucune dimension péjorative
00:29:38 quand je parle de chien de chasse,
00:29:40 chien de chasse pour chasser Jordane Bardella.
00:29:44 Parce que l'enjeu, c'est la survie du Bloc central,
00:29:47 quand même d'ici 2027, ça c'est François Bayrou qui dit ça.
00:29:49 Vous imaginez les européistes laminés aux élections européennes,
00:29:52 c'est l'humiliation absolue.
00:29:54 Les autres défis, vous avez évidemment les Jeux olympiques,
00:29:59 et le défi sécuritaire que ça représente.
00:30:02 Je ne passe pas sur l'aspect chantier,
00:30:04 parce que j'ai vu ce matin qu'on avait accompli 84% des travaux.
00:30:07 C'est comme les barres de téléchargement, vous savez, les travaux aussi.
00:30:10 C'est plutôt bon signe si on est à 84% des chantiers.
00:30:14 En revanche, vous avez vu les chiffres annuels de la délinquance,
00:30:17 ce sont les premiers chiffres,
00:30:20 mais on en a beaucoup parlé sur CNews aujourd'hui,
00:30:24 avec de l'ordre de 1000 faits, coups et blessures signalés,
00:30:28 chaque jour en France, 1000 par jour,
00:30:31 signalés, et il y a tout ce qu'on ne signale pas évidemment.
00:30:34 Gérald Darmanin a dit concernant les JO,
00:30:37 que 100% des forces de police et de gendarmerie
00:30:40 seraient mobilisées pendant les Jeux du 24 juillet au 11 août.
00:30:44 100% ! Mais qu'est-ce qu'on fait avant les Jeux olympiques ?
00:30:47 Qu'est-ce qu'on fait après, pendant les Jeux olympiques ?
00:30:49 Qu'est-ce qu'on fait pendant les Jeux ?
00:30:51 Parce qu'il va y avoir des problématiques toutes bêtes pour les policiers et gendarmes
00:30:53 de garde d'enfants, de garde alternée,
00:30:55 enfin vous voyez, une espèce de cauchemar administratif.
00:30:57 J'ai lu aussi qu'il fallait qu'on trouve 20 000 agents de sécurité,
00:31:00 il y avait des formations à Tour-de-Bran, en ce moment dans les AFPA,
00:31:03 les associations de formation professionnelle pour les adultes.
00:31:06 Ça va être un des dossiers, ça, pour Gabriel Attal.
00:31:09 Et puis, vous avez, je crois aussi, le risque économique,
00:31:12 la récession de l'économie française, avec le péril budgétaire qui va derrière,
00:31:17 quand même 110-115% de ratio de dettes sur PIB,
00:31:20 quand même de dettes publiques, c'est quand même un vrai sujet.
00:31:22 Est-ce que Gabriel Attal, qui a été ministre des Comptes publics,
00:31:25 qui s'est fait connaître, qui a su tirer profit de ce poste un petit peu austère,
00:31:28 pas forcément très en lumière, rappelez-vous, je vous ai rappelé la formule,
00:31:31 en avoir pour ses impôts, est-ce que Gabriel Attal sera dans le camp de la dépense
00:31:35 ou dans le camp de la rigueur ?
00:31:37 Ça, c'est un vrai sujet. Bruno Le Maire est un peu tout seul sur ce sujet de la rigueur.
00:31:41 Il va être aussi obligé, en tant que Premier ministre, d'avoir un oeil sur la marmite sociale,
00:31:46 parce qu'on voit que ça bloblote.
00:31:48 On parlait des agriculteurs en Allemagne, mais en France aussi.
00:31:51 Oui, justement, on voudrait en parler, on n'a pas encore le temps,
00:31:53 mais on va en parler, on va en parler.
00:31:54 Dans tous les villages, moi j'étais dans le sud-ouest,
00:31:56 mais on n'est pas dans tous les villages, on a retourné les panneaux à l'entrée des villages.
00:31:59 On était les premiers à en parler ici, dans France Info,
00:32:01 de l'agroïgne des agriculteurs en France.
00:32:03 Et en Allemagne, dites-nous un mot, quand même.
00:32:05 En Allemagne, alors là, c'est toujours pareil, les révoltes agricoles,
00:32:08 c'est-à-dire que vous avez des raisons locales, nationales.
00:32:11 Eux, c'est parce que, pour des raisons, encore une fois, de dettes publiques,
00:32:14 enfin de dépenses publiques,
00:32:16 Joe Biden, Olaf Scholz, viennent supprimer un avantage fiscal sur le gasoil non routier.
00:32:22 On a les mêmes problèmes en France.
00:32:24 C'est de l'ordre d'un milliard d'économies que le gouvernement allemand veut faire sur les agriculteurs.
00:32:28 Et bien voilà, ça déclenche des colères.
00:32:29 Mais des colères, vous en avez eu en Hongrie, vous en avez eu au Portugal,
00:32:32 vous en avez eu aux Pays-Bas, vous en avez en France.
00:32:34 On aura des mouvements sociaux massifs des agriculteurs dans les semaines à venir.
00:32:37 Je ne prends pas grand risque à vous annoncer cela,
00:32:39 parce qu'ils sont vraiment furieux pour tout un tas de raisons.
00:32:42 Fiscalité, les normes, etc.
00:32:44 La concurrence, les accords internationaux, vous voyez.
00:32:46 Donc ça, c'est sur la table de Gabriel Attal.
00:32:48 Et je ne vous parle même pas de la réforme de l'assurance chômage qui est en train de se préparer,
00:32:52 où là, il est question vraiment de réduire nettement l'allocation chômage pour que le travail,
00:32:58 pour que les gens se disent, finalement, j'ai toujours plus intérêt à travailler qu'à rester chez moi.
00:33:02 Ça, ça fait partie des gros dossiers 2024.
00:33:04 Bon courage, Monsieur le Premier ministre.
00:33:06 Alors, Charlotte Dornelas, on voit qu'on est en train d'aduler.
00:33:11 C'est normal, c'est le premier jour.
00:33:13 Et puis, comme on disait tout à l'heure, c'est aussi, il y a une différence entre Elisabeth Borne et Gabriel Attal.
00:33:19 Il y a une nette différence.
00:33:21 Est-ce qu'on n'est pas là en train de lécher avant de lyncher ?
00:33:24 Est-ce que ce n'est pas justement la période de grâce,
00:33:26 avant le coup de massue qui ne va pas tarder à tomber ?
00:33:29 Parce qu'on sent que tout le monde regarde et quand même surveille un peu Gabriel Attal
00:33:33 et attend le moindre faux pas.
00:33:35 Il y a les oppositions qui joueront leur rôle d'opposition,
00:33:38 qui ont déjà d'ailleurs commencé à le faire et qui l'attendent très clairement au tournant.
00:33:41 D'autant qu'en effet, le profil, on sent, les gêne un peu.
00:33:45 Il y a des profils qui sont plus faciles à gérer pour une opposition d'emblée,
00:33:50 surtout vu les dernières décisions, ou plus exactement les dernières paroles
00:33:54 qu'il a prononcées comme ministre de l'Éducation nationale.
00:33:57 Parce que moi, il y a une chose qui m'étonne quand même un petit peu,
00:33:59 c'est que des déclarations qui sont aussi spectaculaires que la baïa,
00:34:03 il y a par exemple les discours de Gabriel Attal à l'époque sur la fraude,
00:34:07 la fraude sociale et la fraude fiscale.
00:34:09 Souvenez-vous, on en avait beaucoup parlé ici.
00:34:11 Qui a pris la suite de ce dossier ? Je ne sais pas.
00:34:13 Je veux bien savoir et je veux bien en entendre parler.
00:34:16 Par ailleurs, Gabriel Attal a aussi été porte-parole du gouvernement,
00:34:19 d'un autre gouvernement en l'occurrence, mais sous la Macronie.
00:34:22 Avec toutes les contradictions que ça a comporté, on ne l'a jamais vu se reposer.
00:34:25 En plein Covid ?
00:34:26 Voilà, ou juste après, parce que c'était Olivier Véran pendant le Covid.
00:34:29 Ou juste après.
00:34:30 Ou juste après, mais on ne l'a jamais vu s'opposer à un quelconque...
00:34:34 Non, il était ministre de la Santé Olivier Véran pendant le Covid.
00:34:36 C'était pendant le Covid.
00:34:37 Donc, il était porte-parole pendant le Covid.
00:34:40 Avec toutes les contradictions que ça comportait,
00:34:43 on ne l'a jamais vu s'opposer évidemment à un ministre ou à un autre.
00:34:46 Quand même, les ministres n'étaient pas forcément d'accord.
00:34:48 Il s'est bien joué de l'en même temps.
00:34:50 C'est avant tout, dans l'histoire longue, dans la petite histoire longue
00:34:54 de Gabriel Attal en politique, c'est d'abord un pur produit de la Macronie.
00:34:58 Avec les contradictions internes de la Macronie elle-même.
00:35:01 Donc, évidemment, Gabriel Attal, on se souvient là, en l'occurrence,
00:35:04 et d'ailleurs c'est pour ça en partie qu'il a été choisi,
00:35:07 de toutes les déclarations qu'il a faites à l'Education nationale.
00:35:09 Alors, il emporte avec lui la cause de l'Education nationale,
00:35:12 mais qui va s'en charger réellement ?
00:35:14 Qui va suivre en effet ces questions-là ?
00:35:16 Donc, comment dire ? Est-ce qu'il est aujourd'hui léché avant d'être lynché ?
00:35:20 C'est toujours la tentation et c'est toujours un peu ce qui se passe dans le débat.
00:35:23 Après, est-ce qu'il est surtout adulé aujourd'hui pour de bonnes raisons ?
00:35:26 J'ai un énorme doute.
00:35:27 D'ailleurs, on va parler de ces dossiers qui ne sont pas suivis avec vous dans un instant.
00:35:32 Votre regard, Guillaume Bigot, sur le fait qu'il soit adulé aujourd'hui,
00:35:36 est-ce que ça annonce déjà que c'est le calme avant la tempête ?
00:35:39 Votre regard aussi sur cette passation de pouvoir qui a eu lieu aujourd'hui ?
00:35:42 En fait, d'abord, la remarque de Dimitri est très juste.
00:35:47 Il a vraiment fait un peu l'économie d'Emmanuel Macron dans son petit laïus.
00:35:54 C'est étonnant parce qu'il est un peu le fils prodige du macronisme.
00:36:00 C'est le meilleur élève du macronisme.
00:36:03 C'est presque d'ailleurs une projection du président de la République.
00:36:05 On dit que le président de la République, tel narcisse, aime à se mirer dans les petites vidéos qu'il fait, etc.
00:36:10 Mais là, il s'est projeté presque lui-même son meilleur élève en plus jeune.
00:36:15 Et peut-être que la créature peut lui échapper ou pas exactement être totalement sous son contrôle, on verra.
00:36:22 Le deuxième point, c'est que je pense que c'est évidemment, comme dit un vieil adage romain,
00:36:30 c'est la roche tarpéenne est proche du capitole.
00:36:32 C'est-à-dire que le capitole, c'est la gloire, c'est la puissance.
00:36:35 Et quand on arrive à ce niveau-là, et en plus aussi vite, la roche tarpéenne,
00:36:39 c'est là où on projetait les condamnés à mort, on les jetait du ravin.
00:36:43 Et effectivement, la chute est très proche de la gloire.
00:36:48 En fait, il y a un paradoxe comme ça.
00:36:49 Plus on monte, plus on monte vite, et plus on peut tomber, et plus on peut tomber vite.
00:36:53 Mathieu, votre sentiment sur cette séquence ?
00:36:55 Je pense qu'elle pose une question très particulière aux Républicains.
00:37:00 Pourquoi ?
00:37:01 Parce que là, Gabriel Attal, si on voit le positionnement qui est le sien,
00:37:04 c'est que globalement, il n'y a pas de différence de fond médiatique par rapport au positionnement
00:37:10 que prennent les Républicains pour dire « voilà notre espace ».
00:37:13 Donc la droite est trop souvent une ancienne gauche.
00:37:16 En fait, une droite, c'est la gauche un peu en retard, c'est la gauche au ralenti, c'est la gauche pâle.
00:37:21 Et là, puisque Gabriel Attal va occuper, pour l'instant tout le moins, cet espace,
00:37:26 critique de la fraude sociale, critique, on l'a dit, de la question de l'islamisme,
00:37:30 défenseur d'une vision traditionnelle de l'école,
00:37:32 là, il oblige la droite, donc le RN a leur propre créneau, on le sait, reconquête son créneau.
00:37:37 Mais pour la droite, elle est déjà écartelée, parce qu'une partie était tentée par la Macronie,
00:37:41 mais l'autre disait « non, regardez, la Macronie, c'est Mme Borne ».
00:37:43 Là, ça devient compliqué, là, ça devient très compliqué pour la droite LR.
00:37:47 Donc Gabriel Attal va l'obliger, dans tout ce jeu, va l'obliger à se demander
00:37:51 comment elle se positionne et ce à quoi elle croit.
00:37:53 Est-ce qu'elle va être encore plus écartelée qu'hier ?
00:37:55 C'est pas rejeté comme idée.
00:37:57 Il faudra qu'ils jouent avec les LR, puisqu'ils sont en majorité relative à l'Assemblée.
00:38:02 Oui, parce que finalement, c'était assez facile, je dirais, pour les droites d'avoir Elisabeth Borne
00:38:07 et de dire « regardez, c'est ça le macronisme ».
00:38:09 Mais en fait, on se rend compte que le vrai problème du macronisme, aujourd'hui, c'est Emmanuel Macron,
00:38:13 parce que les zigzags qu'on a vus, la perte de crédibilité de la France sur la scène internationale,
00:38:19 parfois ridiculisée, ça infuse et dans l'opinion, c'est des choses qui restent.
00:38:24 Donc finalement, Gabriel Attal, s'il a un agenda plutôt marqué à droite,
00:38:30 quelque part, il va dévitaliser, aujourd'hui, les forces politiques qui ont le vent en poupe
00:38:35 et qui se sentent en confiance, finalement.
00:38:37 Donc je pense qu'il va falloir vraiment suivre comment on va exister, ORN comme chez LR,
00:38:42 face à un Premier ministre, Gabriel Attal, qui développerait un agenda de droite.
00:38:48 Attention, il faut savoir que la première opposition, s'il développe un agenda de droite…
00:38:52 Dans ses rangs.
00:38:53 Voilà, exactement. Ça va être à l'Assemblée nationale, dans les rangs de la Macronie.
00:38:57 Alors, il est réputé bon négociateur, il va falloir effectivement qu'il le prouve.
00:39:00 Alors, j'ai trouvé une petite pépite pour vous, une petite pépite à regarder.
00:39:05 Parce que le plus jeune Premier ministre de la Ve République, avant c'était qui ?
00:39:11 Laurent Fabius.
00:39:12 Laurent Fabius. Est-ce que vous vous rappelez ce qu'il avait dit, Laurent Fabius, à propos de sa jeunesse ?
00:39:16 Parce qu'évidemment, lorsqu'il était Premier ministre, il a été tellement critiqué,
00:39:22 ou parfois applaudi aussi, pour sa jeunesse. Vous vous rappelez un peu ou pas ?
00:39:25 Non. Pas du tout.
00:39:26 Non, pas du tout. C'est vrai que personne d'entre vous n'est aimé.
00:39:29 J'avais trop quatre ans.
00:39:30 Je me souviens des carottes râpées et du nom à l'Union européenne, pour le reste.
00:39:33 Il n'y a que Marc Menon qui était né.
00:39:35 On va écouter un extrait, justement, de la réponse de Laurent Fabius à propos de sa jeunesse.
00:39:42 Bon, la jeunesse, vous savez, la jeunesse, la jeunesse, la jeunesse, c'est pas une recette miracle.
00:39:51 C'est un atout, je crois. Mais les problèmes, ils existent, que je sois jeune ou que je sois moins jeune.
00:39:57 Et il y a des gens qui sont beaucoup plus âgés que moi, qui ont de grandes capacités.
00:40:00 Il ne faut donc pas tomber non plus dans une espèce de mode où on dirait avant tel âge, c'est formidable.
00:40:05 Après tel âge, ça ne vaut plus rien.
00:40:07 Il avait l'air vieux, quand même, déjà.
00:40:09 Il avait l'air vieux, trouvé ?
00:40:11 Un jeune vieux, oui.
00:40:12 Gabriel Attal a l'air d'un jeune usé, en fait, avec ses cheveux blancs.
00:40:16 On peut appeler ça un énarque aussi.
00:40:18 Non, puis il a assuré sa longévité, ce Lassi-Laurent Fabius.
00:40:21 Ah oui, tout à fait. C'est bien vu. Parce que c'est vrai qu'il faut arriver jeune, mais aussi tenir et rester.
00:40:27 Votre regard, maintenant, on va s'arrêter avec vous, Guillaume Bigot, justement, sur cet aspect jeune.
00:40:31 Atout, inconvénient de cette jeunesse.
00:40:33 Si on a vu, effectivement, que Laurent Fabius, il a tenu et résisté, il s'est bien transformé.
00:40:38 Est-ce que c'est un signe d'audace de la part du président d'avoir nommé Gabriel Attal,
00:40:43 comme l'a souligné Gabriel Attal lors de sa passation de pouvoir aujourd'hui ?
00:40:46 On peut partir de ce principe.
00:40:48 Il y a une volonté, de toute façon, chez Emmanuel Macron de faire tomber des records.
00:40:52 Donc déjà, c'était un président qui était le plus jeune de la Ve République,
00:40:55 le seul réélu sans être en cohabitation.
00:40:58 Et puis il y a cette volonté d'aller toujours plus haut, plus loin, plus fort avec les Jeux Olympiques et autres.
00:41:02 Donc là, il y avait l'idée que Fabius avait 37 ans, il allait faire mieux que nommé,
00:41:08 faire plus jeune, en fait.
00:41:10 Et effectivement, Gabriel Attal, 34 ans, 9 mois, pour l'instant, il tient le record.
00:41:15 Alors, vous avez rappelé Laurent Fabius, il avait 37 ans en 1984.
00:41:19 Mais il y a aussi un autre précédent, c'était sous la 4e République,
00:41:22 c'est Félix Gaillard qui avait été nommé président du Conseil,
00:41:25 sachant que président du Conseil, il y avait peut-être moins de responsabilités,
00:41:28 il avait 38 ans en 1957.
00:41:31 Donc, en fait, Gabriel Attal, effectivement, il semble incarner ce que veut Emmanuel Macron pour la France,
00:41:36 il l'avait dit pendant ses voeux, la régénération,
00:41:40 c'est-à-dire vraiment le fait de monter les nouvelles générations.
00:41:44 Et peut-être que là, il y a la volonté aussi de souligner le dynamisme, la jeunesse,
00:41:50 quelque chose comme le renouvellement de la France,
00:41:55 quelque chose qui relèverait de la vitalité.
00:41:59 Parce qu'on a quelques exemples, et notamment en Europe,
00:42:02 de premiers ministres très jeunes, je pense aux chanceliers autrichiens,
00:42:05 Sébastien Kurz, 31 ans, ou alors à Sana Marrin,
00:42:10 la première ministre de Finlande, qui a été nommée à 34 ans.
00:42:13 Enfin, ce sont des pays qui n'ont pas autant de poids sur la scène internationale.
00:42:16 Si on regarde des pays qui vraiment comptent dans l'arène internationale,
00:42:19 il y a vraiment une exception française, très très forte.
00:42:22 Joe Biden, Dimitri en parlait tout à l'heure, 81 ans,
00:42:26 le duel avec Trump, ça va être un duel pas en chaise roulante,
00:42:29 Trump a 77 ans, ça ne va pas être deux jeunots qui s'affrontent.
00:42:33 Il y a un qui est vif, l'autre qui l'est moins.
00:42:35 Alors ça, c'est certain, c'est certain.
00:42:37 Mais Lula, c'est la même chose, 78 ans, Xi Jinping, 70 ans, Vladimir Poutine, 71 ans.
00:42:43 On ne peut pas dire que sur le monde, dans les grands pays,
00:42:46 gouvernent des perdreaux de l'année, c'est le moins qu'on puisse dire.
00:42:49 Donc, effectivement, ça a l'air d'être un coup assez audacieux de la part d'Emmanuel Macron.
00:42:54 Peu, à mon avis, quand même aussi tempérer cette audace.
00:42:57 D'abord parce que, pour deux évidences qui, pour moi, tombent sous le sens,
00:43:01 même si ce n'est pas nécessairement partagé par l'époque,
00:43:03 c'est d'abord, je pense qu'il faut vraiment lutter contre l'âgisme,
00:43:06 comme il faut lutter contre le sexisme, le genreisme, comme on dit aujourd'hui.
00:43:09 Moi, je pense que le pouvoir, d'abord, n'a pas d'âge, comme il n'a pas de sexe.
00:43:13 Le pouvoir, c'est une fonction et une incarnation symbolique.
00:43:18 On le voit très bien, c'est la formule de Kantorowicz,
00:43:21 Ernst Kantorowicz, qui était un théoricien, un historien du Moyen-Âge,
00:43:25 qui a théorisé cette idée qu'il y a les deux corps du roi,
00:43:28 le corps physique et le corps symbolique.
00:43:29 Vous savez, dans l'ancienne France, on disait "le roi est mort, vive le roi".
00:43:33 Et on le voit en Grande-Bretagne, quand il y a un souverain,
00:43:36 ou là, une souveraine, Elisabeth II, qui était montée sur le trône,
00:43:39 elle était extrêmement jeune, son père était mort,
00:43:41 elle est devenue souveraine, ça n'a posé de problème à personne,
00:43:44 qu'il s'agisse d'une femme, mais d'une femme extrêmement jeune.
00:43:46 Et d'ailleurs, elle est restée tout autant reine d'Angleterre
00:43:48 quand elle était très âgée.
00:43:49 Donc, je pense que le pouvoir, il faut le rappeler, n'a ni âge ni sexe,
00:43:52 c'est une incarnation symbolique, il faut avoir une fonction d'eux.
00:43:55 Bien sûr, à chaque âge, de la vie correspond des qualités et des défauts.
00:43:59 On peut dire que la jeunesse, c'est l'âge de l'audace, c'est l'âge de la fougue,
00:44:02 ça peut être aussi l'âge de l'inexpérience, à l'inverse, la sagesse, la prudence,
00:44:06 peuvent être des caractères liés à la maturité, c'est sûr,
00:44:10 mais là, pour le coup, il y a une dimension très personnelle,
00:44:12 ça correspond quand même à une équation personnelle, pour le coup.
00:44:16 Et je pense que la deuxième évidence est rappelée par l'adage populaire,
00:44:19 la valeur n'attend pas le nombre des années.
00:44:22 Et à cet égard, ce que fait Emmanuel Macron, est-ce que c'est si révolutionnaire que ça ?
00:44:26 On a un peu oublié, mais Gambetta, par exemple, Léon Gambetta,
00:44:29 une des grandes figures de l'histoire de France,
00:44:31 il a 32 ans quand il est au balcon de l'Hôtel de Ville,
00:44:34 le 4 septembre 1870, et qu'il proclame la République.
00:44:37 On a oublié que Saint-Just, nous étions en 1793,
00:44:40 Saint-Just a pris la tête des armées du Rhin et a redressé la situation.
00:44:45 Et il avait 26 ans, c'est beaucoup plus jeune que Gabriel Attal.
00:44:49 Alexandre Le Grand, c'est très jeune, 34 ans, c'est vrai, 34 ans et 9 mois,
00:44:53 mais Alexandre Le Grand était mort à 32 ans,
00:44:56 et il avait déjà conquis le monde,
00:44:57 et laissé une trace de feu inaltérable dans l'histoire des hommes.
00:45:00 Donc, vous voyez, il faut quand même relativiser,
00:45:02 ce n'est pas le macronisme qui a inventé le jeunisme.
00:45:06 Est-ce que Gabriel Attal est très jeune,
00:45:08 ou bien il est surtout ultra adapté à son époque d'aujourd'hui ?
00:45:12 Je pense qu'il est surtout très adapté.
00:45:14 Il est suradapté, c'est vraiment le fils de son époque,
00:45:17 et c'est un autre moyen de relativiser son jeunesse.
00:45:19 D'abord, pourquoi ? Parce qu'on est dans une époque, évidemment, d'image,
00:45:23 alors on peut dire que l'image, ça a toujours eu du poids en politique,
00:45:26 il faut quand même, voilà, on symbolise quelque chose.
00:45:30 Plus on est jeune, plus on est beau d'ailleurs,
00:45:32 plus on est charismatique, etc.,
00:45:34 et plus on peut avoir un effet symbolique important.
00:45:37 Avec la télévision, ça a été renforcé,
00:45:39 et on ne va pas rappeler, c'était un grand classique,
00:45:41 mais le débat Kennedy-Nixon 1960,
00:45:43 c'est le démarrage du poids de l'image,
00:45:46 vraiment très, très, très puissant dans la politique,
00:45:49 quasiment en temps réel,
00:45:50 où les hommes politiques deviennent un peu des savonnettes,
00:45:53 et on les choisit un peu sur des critères marketing,
00:45:56 mais là, on n'est plus à l'âge de la télévision,
00:45:58 on est à l'âge du numérique,
00:45:59 on est à l'âge de la communication constante, non-stop.
00:46:03 Et donc là, il y a un paradoxe,
00:46:05 c'est que les digital natives, comme on dit en anglais,
00:46:07 c'est-à-dire ceux qui sont nés avec leur image projetée en permanence,
00:46:11 il y a une petite vidéo qui circule de Gabriel Attal
00:46:13 qui a 9 ans à l'école alsacienne,
00:46:15 mais effectivement, cette génération-là a l'habitude de se voir
00:46:17 et de se filmer en permanence.
00:46:19 Donc, il y a quelque chose comme, eh bien, ils sont jeunes,
00:46:22 plus ils sont jeunes, plus ce sont des vieux routiers de l'image,
00:46:25 plus ce sont des vieux routiers de la communication.
00:46:28 C'est le paradoxe.
00:46:29 Alors, ça ne garantit pas un succès absolu.
00:46:31 L'irrésistible Sana Marijn, la finlandaise,
00:46:34 elle s'est quand même,
00:46:36 elle s'est un peu pris les pieds dans Instagram,
00:46:37 puisqu'en 2022, on l'a vu un peu émêchée faire la fête avec ses amis.
00:46:40 Donc bon, mais on voit bien que ces jeunes,
00:46:43 et c'est vrai de tous les jeunes en politique
00:46:45 et de tous les jeunes en général dans le milieu professionnel,
00:46:47 ils ont une espèce de sur-contrôle de l'image,
00:46:50 une habitude de l'image.
00:46:51 Enfin, il y a un deuxième paradoxe qui paraît assez évident,
00:46:54 si on y réfléchit, c'est que sauf à être,
00:46:57 disons, un ultra-techno comme M. Fabius,
00:47:00 en général, quand les gens sont portés
00:47:03 au devant de la scène en dépit de leur jeune âge,
00:47:06 c'est qu'ils ont une espèce de précocité politique,
00:47:09 c'est qu'ils ont une force politique par eux-mêmes.
00:47:11 Jean-Marie Le Pen est devenu député à 28 ans,
00:47:14 François Mitterrand est devenu ministre à 31 ans.
00:47:17 Donc voilà, en général, ces jeunes politiques sont des faux jeunes,
00:47:20 sont des jeunes mais tendances mûres,
00:47:22 ce sont des vrais faux jeunes.
00:47:24 Parce que si on compare, par exemple,
00:47:26 Gabriel Attal à Elisabeth Borne,
00:47:28 on se rend compte que Gabriel Attal, c'est lui,
00:47:30 le vieux routier politique.
00:47:31 Il y a 17 ans de militantisme dans les jambes.
00:47:34 Madame Borne, elle a commencé à vraiment
00:47:36 militer en politique en 2017,
00:47:38 en rejoignant le parti du président de la République.
00:47:40 Elle avait 56 ans.
00:47:41 Quand Gabriel Attal a commencé, il avait 17 ans.
00:47:44 De 2006 à 2016, il n'est pas encore connu du tout,
00:47:47 il fait 10 ans de militantisme au Parti socialiste.
00:47:49 Donc il est blanchi sous le harnais d'une certaine façon.
00:47:52 Et si on compare aussi, toujours à Madame Borne,
00:47:54 sur le plan du suffrage universel,
00:47:56 ce qui est quand même très important en démocratie,
00:47:58 enfin encore pour l'instant,
00:48:00 n'en déplaise à l'Union européenne,
00:48:01 Madame Borne, elle a été parachutée en 2022 à 61 ans.
00:48:05 C'est la première fois qu'elle se frotte au suffrage universel.
00:48:08 Dans le Calvado, c'est à 61 ans.
00:48:09 Tandis que Gabriel Attal est conseiller municipal déjà,
00:48:12 il a 25 ans et il devient député à 28 ans.
00:48:16 Donc je pense que c'est le premier Premier ministre,
00:48:19 disons, aussi de l'ère Macron, qui a deux caractéristiques.
00:48:22 La première, c'est de ne pas être un technocrate.
00:48:24 Il se chuchote qu'Alexis Kohler,
00:48:27 le secrétaire général de l'Elysée,
00:48:29 qui est un très grand technocrate devant l'Eternel,
00:48:31 s'est dit "mais non, vous ne pouvez pas, Monsieur le Président,
00:48:34 nommer un Premier ministre qui n'est pas un technicien,
00:48:36 en fait, et qui connaît les rouages de l'État
00:48:38 comme un haut fonctionnaire".
00:48:39 Et deuxièmement, c'est la première fois
00:48:40 qu'un Premier ministre, en dépit de son jeune âge,
00:48:42 et ça me semble plus significatif que son âge,
00:48:44 c'est quelqu'un qui a aussi un capital politique,
00:48:47 un véritable crédit politique, en arrivant à Matignon.
00:48:50 Je vous presse un petit peu, mais en 30 secondes.
00:48:53 Quels sont les avantages et les inconvénients de la nomination ?
00:48:56 Non, mais on a beaucoup de sujets encore à voir.
00:48:58 La nomination d'un Premier ministre aussi jeune que Gabriel Attal.
00:49:01 Avantages, inconvénients ?
00:49:03 On va essayer de faire très très vite,
00:49:05 mais moi, je pense qu'il n'y a pas vraiment d'avantages, en fait.
00:49:07 Tous les avantages qui existent, il y en a quelques-uns,
00:49:09 ils sont d'une certaine façon biodégradables.
00:49:12 Ils ne vont pas durer très longtemps.
00:49:14 Une hirondelle ne fait pas le printemps,
00:49:16 un perdrot politique non plus.
00:49:17 Et je pense qu'il y a un aspect "waouh",
00:49:19 un aspect nouveauté, un aspect un peu gadget,
00:49:22 mais forcément, ça ne va pas durer,
00:49:24 parce qu'il va se confronter au réel.
00:49:27 Et je n'en piète pas aussi sur la question de quel bilan il a,
00:49:31 quel résultat il a obtenu,
00:49:33 parce qu'on lui fait beaucoup de crédit,
00:49:34 mais quel résultat exactement il a obtenu.
00:49:36 Je pense qu'il y a, bien sûr,
00:49:38 ce qu'a souligné le sondeur Jérôme Fourquet,
00:49:41 la méthode Attal qui plaît aux Français,
00:49:43 faire un diagnostic original,
00:49:44 apporter des méthodes sans tabou, etc.
00:49:46 Mais c'est un beau fruit politique, Gabriel Attal,
00:49:49 sauf qu'il n'a pas encore porté ce fruit.
00:49:51 Il n'a pas encore donné sa récolte, d'une certaine façon.
00:49:55 Et il y a quand même le risque de le carboniser à Matignon,
00:49:58 ça c'est très important.
00:49:59 Donc le principe à l'avantage,
00:50:01 c'est bien sûr que c'est faire pièce à Jordan Bardella.
00:50:03 Bien sûr, c'est l'anti-Jordan Bardella.
00:50:05 C'est presque d'ailleurs un hommage rendu
00:50:07 à l'efficacité politique de Jordan Bardella
00:50:09 et à une manifestation de la crainte qu'éprouve la Macronie.
00:50:13 Parce que pour l'instant, il y a 10 points d'écart,
00:50:15 c'était souligné tout à l'heure,
00:50:16 entre le résultat du RN et les résultats du parti présidentiel.
00:50:20 Et donc le but, là, c'est de réduire,
00:50:22 c'est de réduire, d'égaliser un peu les scores.
00:50:26 Le problème, c'est que là, évidemment,
00:50:28 être très jeune et incarner une politique de boomer,
00:50:30 incarner une politique qui plaît aux retraités,
00:50:32 ça va peut-être être une contradiction dans les termes.
00:50:34 Être aussi, faire pièce à Jordan Bardella,
00:50:37 quand on est très jeune, c'est bien.
00:50:38 Mais quand on est très jeune et qu'on incarne un peu,
00:50:40 d'une certaine façon, le favori, le chouchou,
00:50:43 la vidéo où il est absolument,
00:50:46 trop trop sympa, Gabriel Attal, quand il a 9 ans,
00:50:49 la vidéo commence par dire,
00:50:51 oui, mais c'est l'école du Gratin,
00:50:52 l'école alsacienne, c'est l'école du Gratin du tout Paris.
00:50:55 Donc c'est un peu, je pense qu'on ne va rien lui passer
00:50:59 s'il se plante.
00:51:00 Au contraire, on va dire que c'est le favori,
00:51:01 que c'est le chouchou,
00:51:02 et sa jeunesse va être décrite comme une inexpérience
00:51:05 et se retourner contre lui.
00:51:06 En résumé, je pense que la jeunesse,
00:51:08 c'est la seule maladie dont on est à peu près sûr de guérir.
00:51:11 Et la popularité à Matignon, c'est la même chose.
00:51:13 Ces derniers mois, j'ai consacré toute mon énergie
00:51:16 à redonner espoir aux Français en nevant
00:51:18 au redressement de notre école.
00:51:20 J'emmène avec moi ici à Matignon cette cause.
00:51:22 C'est la mère de toutes les batailles.
00:51:24 Elle sera l'une des priorités absolues
00:51:26 de mon action à la tête du gouvernement.
00:51:29 Si ma fille peut arrêter de m'envoyer des SMS en même temps,
00:51:31 je pourrais lui dire que je fais une émission en direct.
00:51:34 C'est la jeunesse.
00:51:35 - Elle m'empêche de faire valide.
00:51:37 - C'est la jeunesse.
00:51:38 - Ça, c'est le tweet de Gabriel Attal
00:51:40 à propos du fait qu'il emmène avec lui,
00:51:43 il dit qu'il emmène avec lui la cause de l'école à Matignon.
00:51:47 Mais on va voir avec vous, Charlotte Donnelas,
00:51:49 la question qu'on a envie de se poser.
00:51:51 Est-ce que ce n'est pas aussi une façon
00:51:54 de ne pas suivre les dossiers,
00:51:57 que de le nommer tout de suite à Matignon ?
00:51:59 Beaucoup s'en désolent.
00:52:00 Que penser de ce passage éclair remarqué déjà
00:52:02 dans ce ministère clé à l'éducation nationale ?
00:52:04 - La première chose à remarquer,
00:52:06 et qui peine un peu à se frayer un chemin,
00:52:08 on va dire, dans le commentaire,
00:52:10 c'est que le passage a été éclair.
00:52:12 Tout le monde lui ségré depuis hier.
00:52:14 On dit qu'il a quand même tout bousculé
00:52:16 à l'éducation nationale.
00:52:18 Il est resté six mois à l'éducation nationale
00:52:20 et avant de bousculer l'éducation nationale,
00:52:22 il va falloir un peu plus que six mois, à mon avis.
00:52:24 Et ce n'est même pas une critique adressée à Gabriel Attal.
00:52:27 Il échappe lui-même à un bilan qu'on ne peut pas faire.
00:52:29 C'est absolument impossible de le tenter.
00:52:32 Il a dit des choses, ce n'est pas rien de briser certains tabous,
00:52:36 mais il a dit des choses.
00:52:37 Les tabous qu'il a brisés sont exactement les tabous
00:52:40 que sa famille politique, dans laquelle il a milité
00:52:43 pendant des années et qui a fait toute sa force politique,
00:52:46 combattait précisément.
00:52:48 En effet, l'interdiction de la baïa a beaucoup marqué,
00:52:51 mais c'est la question du redoublement
00:52:53 remis entre les mains des professeurs,
00:52:55 la question des groupes de niveau,
00:52:57 donc la petite entaille dans la question du collège unique,
00:53:00 le tabou parmi les tabous,
00:53:02 la question de la réécriture des enseignements
00:53:04 en se concentrant sur le noyau scolaire,
00:53:06 c'est précisément ce que sa famille politique a combattu
00:53:10 quand il était militant dans ses rangs.
00:53:12 Donc on peut aussi interroger précisément le macronisme.
00:53:15 On se dit, Gabriel Attal, c'est la fin du en même temps.
00:53:18 Attention quand même, attendons de voir.
00:53:20 Évidemment, parce que jusqu'à maintenant,
00:53:22 ce n'est pas ce qu'il a prouvé.
00:53:23 Et justement, ce qui a plu quand il était à l'éducation nationale
00:53:27 n'est pas nécessairement ce qu'il a forgé politiquement.
00:53:30 Donc ce n'est pas une conclusion sur le cas Gabriel Attal à Matignon,
00:53:35 c'est juste une interrogation,
00:53:36 étant donné qu'il est impossible de faire le bilan
00:53:39 de l'action qu'il a menée probablement à Matignon.
00:53:42 Attendons de voir ce qu'il fera
00:53:44 à la fois de ce qu'il a commencé à l'école,
00:53:46 parce que j'entends bien qu'il emmène la cause à Matignon.
00:53:50 Je ne lui ferai aucun procès sur la place qu'aura cette cause,
00:53:53 mais je rappelle que les violences faites aux femmes
00:53:55 sont la cause nationale du quinquennat,
00:53:57 qu'hier c'était le sport qui était la cause parmi les causes
00:54:00 de l'année d'Emmanuel Macron.
00:54:02 Donc il va aussi être Premier ministre d'un président
00:54:04 qui nous sort une cause nationale à chaque fois qu'il prend la parole.
00:54:06 Donc ce n'est pas évident non plus de prioriser les actions,
00:54:09 surtout que toutes ces causes ont une importance,
00:54:12 comment dire, une grande importance d'abord
00:54:14 et méritent toutes quasiment une révolution
00:54:16 dans la manière de les aborder.
00:54:17 Ce qu'il avait dit sur la fraude qu'on évoquait tout à l'heure,
00:54:20 ce qu'il avait dit lui-même sur la fraude sociale et fiscale,
00:54:23 ce qu'il a dit aussi en arrivant à l'école,
00:54:25 et je note qu'entre les gros jalons qu'il a posés
00:54:29 simplement à l'éducation nationale et sa nomination à Matignon,
00:54:32 entre les deux on a eu le classement PISA
00:54:34 qui nous montre une baisse de niveau vraiment vertigineuse
00:54:40 qui mérite clairement une révolution.
00:54:42 Par ailleurs, si on s'écarte un peu du cas, Gabriel Attal,
00:54:45 parce que vous posiez la question du suivi des dossiers
00:54:48 et même du suivi de l'impulsion politique qui est donnée,
00:54:52 on a eu, je le répète quand même,
00:54:54 depuis qu'Emmanuel Macron est président de la République,
00:54:56 Jean-Michel Blanquer, Papendiaï et Gabriel Attal.
00:54:59 Les trois n'ont pas donné la même impulsion initiale.
00:55:03 Alors on peut trouver des points communs
00:55:05 notamment entre Jean-Michel Blanquer et Gabriel Attal,
00:55:07 mais pas sur tout et certainement pas sur ce qui a
00:55:09 véritablement marqué chez Gabriel Attal.
00:55:12 On n'en avait pas nécessairement entendu parler
00:55:14 dans la bouche de Jean-Michel Blanquer.
00:55:16 Évidemment il est plus facile de les rapprocher l'un et l'autre
00:55:20 en mettant Papendiaï au milieu,
00:55:21 mais c'est quand même le même président qui les a nommés
00:55:24 et qui nous explique que l'école est la mère de toutes les batailles
00:55:26 et qu'elle appartient au président de la République.
00:55:28 Moi ça me fait peur en fait, je ne sais pas quelle est la cohérence
00:55:30 d'un tel discours, parce que si c'est la mère de toutes les batailles
00:55:33 et que ça mérite une implication totale,
00:55:37 comment est-il possible qu'un même homme
00:55:39 nomme ces trois personnes-là à la suite les unes des autres
00:55:42 pour suivre un dossier correctement ?
00:55:44 Ça semble très compliqué.
00:55:46 Donc au-delà de la question de la pertinence d'un remaniement
00:55:49 qu'on a évoqué hier évidemment,
00:55:51 puisque quand on dit remaniement on dit nouveau cap,
00:55:53 alors le cap en l'occurrence à l'Éducation nationale
00:55:55 il a été fixé il y a six mois.
00:55:57 Il était nouveau en effet dans la bouche de Gabriel Attal,
00:55:59 mais donc quel est le sens de ce remaniement
00:56:02 précisément sur la question de l'école et donc de Gabriel Attal ?
00:56:05 La question évidemment elle est entière au moment où il est nommé à Matignon.
00:56:10 Donc je pense que l'aura qu'il y a autour de Gabriel Attal
00:56:14 est très largement sur le terrain de la communication
00:56:18 de Gabriel Attal et encore une fois je le redis,
00:56:20 ça n'est pas un procès dans la mesure où il est impossible
00:56:23 de faire autre chose du passage de Gabriel Attal à l'Éducation nationale.
00:56:26 Ce qui est sûr c'est qu'il faut aussi entendre
00:56:28 la réaction première des profs qui sont les premiers concernés
00:56:31 et qui disent "mais c'est une blague".
00:56:33 Il y a vraiment cette réaction-là et je pense que derrière les professeurs
00:56:36 il y a quand même beaucoup de Français qui se disent
00:56:38 "mais comment est-il possible de passer d'un ministère à l'autre
00:56:40 comme ça en trois mois, en six mois, sans que le suivi des dossiers
00:56:43 n'apparaisse être une priorité ?"
00:56:45 - Alors certaines choses ont pourtant été faites, par exemple avec la loi immigration,
00:56:49 sur un autre sujet tabou dans le débat politique français.
00:56:52 Est-ce qu'il n'y a pas là aussi des résultats ?
00:56:55 - Alors il y a des résultats, en l'occurrence le résultat c'est
00:56:57 la promesse d'une loi sur l'immigration, une loi sur l'immigration.
00:57:00 Bon alors on va essayer de la suivre et de voir ce qu'elle va devenir.
00:57:03 - Des milliers de régularisations par an.
00:57:05 - Mais justement, il faut reprendre là encore une fois depuis le début
00:57:08 et je ne reprends que les deux quinquennats d'Emmanuel Macron en l'occurrence.
00:57:12 Donc j'essaye de me placer quand même dans un environnement
00:57:14 où on peut exiger un minimum de cohérence et de suivi des dossiers.
00:57:17 Il y avait une première loi qui avait été votée,
00:57:19 parce que là on a l'impression que c'est la loi immigration d'Emmanuel Macron,
00:57:22 une première loi quand Gérard Collomb était ministre de l'Intérieur.
00:57:26 Alors pareil, quelques curseurs avaient été déplacés,
00:57:28 on se souvient notamment de ce qui avait fait hurler à l'époque dans la loi,
00:57:31 c'était la prolongation de la durée de rétention en centre de rétention administrative
00:57:35 pour pouvoir améliorer le nombre d'expulsions.
00:57:37 Bon, le bilan de la première loi sur l'immigration du quinquennat d'Emmanuel Macron,
00:57:43 c'est toujours plus d'entrées sous Emmanuel Macron, d'entrées notamment irrégulières.
00:57:48 Un ministre, Gérard Collomb, qui au moment où il quitte ses fonctions de ministre de l'Intérieur,
00:57:52 nous explique qu'il nous reste quelques années avant de nous taper dessus,
00:57:55 avant d'être face à face, mais c'est ça que ça veut dire, avant de nous taper dessus.
00:57:58 Un président qui promet 100% d'OQTF avec la loi,
00:58:02 mais qui en fait refait une loi derrière,
00:58:04 nous expliquant que ça va nous permettre d'augmenter le nombre d'OQTF,
00:58:07 on est toujours à 10%,
00:58:08 et qui ne s'en donne pas les moyens dans la foulée.
00:58:12 Donc quelques années plus tard, on a Gérald Darmanin qui arrive
00:58:15 et qui nous propose une nouvelle loi.
00:58:17 En nous disant quoi ? On va pouvoir expulser plus rapidement.
00:58:21 Nous explique Gérald Darmanin au moment même où le Conseil d'État
00:58:25 lui explique que le dernier en date qu'il a pu expulser,
00:58:28 en y mettant du sien, parce que Gérald Darmanin a mis tout le ministère de l'Intérieur
00:58:32 sur des cas particuliers, on l'a vu avec ses délinquants étrangers, notamment terroristes.
00:58:36 Et au moment où il nous dit "on va faciliter les expulsions",
00:58:38 le Conseil d'État dit "alors le dernier aux Zbeks en date que vous avez expulsé,
00:58:41 vous allez le rapatrier".
00:58:43 En même temps, on a le président de la République qui nous promettait 100% d'OQTF,
00:58:48 qui était un des aspects vraiment de la loi de Gérald Darmanin,
00:58:51 qui nous dit le soir même "je vais quand même saisir moi-même le Conseil Constitutionnel
00:58:55 parce qu'il y a des trucs, je ne suis pas très à l'aise dans cette loi".
00:58:57 C'est pareil, les mots ne sont pas exacts, il l'a dit un peu mieux que moi,
00:59:00 mais c'était quand même vraiment l'idée.
00:59:02 Et quelques jours plus tard, on a la Cour des Comptes,
00:59:05 on a suffisamment expliqué que Pierre Moscovici s'était arrogé le droit
00:59:11 de dire quand il pouvait intervenir ou non,
00:59:13 mais on a quand même la Cour des Comptes qui nous explique que,
00:59:16 en gros, dans son rapport, la Cour des Comptes nous dit que
00:59:21 la politique de l'État en la matière, sur vraiment ce que visait la loi,
00:59:26 est absolument catastrophique.
00:59:28 1) incapacité à éloigner correctement,
00:59:30 2) faille béante dans la protection des frontières,
00:59:32 3) surcharge des administrations,
00:59:34 4) coup terrible d'une politique jugée inefficace.
00:59:38 Et là, on a Gérald Darmanin, le même jour, qui nous dit
00:59:41 "En 2023, on a réussi à éloigner 4 686 étrangers délinquants,
00:59:46 soit une augmentation de 30%", nous dit-il.
00:59:49 Évidemment que c'est impressionnant.
00:59:50 4 800, la Cour des Comptes nous dit quoi ?
00:59:52 En 3 ans, il y a plus de 400 000 OQTF qui ont été prononcés.
00:59:57 Et on le sait désormais, les OQTF, c'est une petite part de l'immigration illégale.
01:00:00 Donc là, on remet tout en perspective,
01:00:02 et on se dit "Quel va être le suivi sur ce dossier immigration ?
01:00:06 Et ça dépasse de loin tel ou tel ministre.
01:00:08 Quel va être le suivi sur un dossier ?"
01:00:10 On nous dit "Bon c'est bon, la loi est votée, maintenant on passe à autre chose."
01:00:13 On passe à autre chose, et la Cour des Comptes nous rappelle 3 jours après
01:00:15 qu'on ne passe pas du tout à autre chose.
01:00:17 En fait, on a toujours... Le problème est entier en réalité, au milieu de nous.
01:00:21 Message envoyé à Gabriel Attal, évidemment.
01:00:23 On le suivra sur la loi immigration, notamment.
01:00:25 Alors, il y a aussi la perspective des JO.
01:00:27 Dernière question, Charlotte Dornelas.
01:00:29 L'événement inquiète sur le terrain de la sécurité,
01:00:31 notamment, là encore, quel suivi ?
01:00:33 La question des JO, c'est très intéressant.
01:00:36 Parce qu'après le Stade de France, on nous avait dit
01:00:38 "On va mettre en place un plan zéro délinquance JO."
01:00:41 Alors bon, les Français, j'imagine qu'il y en a beaucoup qui ont réagi comme moi,
01:00:44 qui ont dit "Bon alors c'est génial le plan zéro délinquance pour les JO,
01:00:47 mais zéro délinquance tout court, ce serait vraiment encore mieux."
01:00:50 Évidemment, pour les touristes, on nous expliquait "Il faut zéro délinquance."
01:00:53 Mais là, aujourd'hui, quand vous parlez aux policiers,
01:00:55 notamment en Seine-Saint-Denis,
01:00:57 puisque c'est là que beaucoup de choses vont se passer aux Jeux Olympiques,
01:01:00 ils disent "Ok, le plan zéro délinquance, en fait, c'est le même travail policier que d'habitude,
01:01:04 mais avec une cadence accélérée, avec les mêmes problèmes de réponse pénale qu'on connaît par cœur."
01:01:09 Et là, les policiers commencent à vous dire
01:01:11 "Pendant les JO, il y aura 100% des policiers sur le terrain,
01:01:14 donc on va saturer le terrain, on sait faire, ça devrait bien se passer."
01:01:18 Mais il va se passer quand, septembre-octobre ?
01:01:20 Quand nous allons avoir des policiers qui sont déjà épuisés avant les JO,
01:01:23 qui le seront encore plus après,
01:01:25 qui n'auront pas pris une seule demi-journée de vacances,
01:01:28 et septembre-octobre, c'est ce qui commence à les inquiéter.
01:01:31 Et il y a un commissaire notamment qui m'a dit
01:01:33 "Mais ça, évidemment, cette question-là n'existe pas dans le discours politique et dans les préoccupations,
01:01:37 parce que c'est le dossier JO qui occupe tout le monde en ce moment."
01:01:40 Et on voit que le suivi sur le long terme, il est décidément compliqué.
01:01:43 Merci beaucoup, nous on suivra les dossiers non suivis.
01:01:46 Merci.
01:01:47 Non mais c'est vrai, il faudra absolument les suivre.
01:01:50 Mathieu Bocoté, on se rappelle par exemple de ce qu'il y avait Nicolas Sarkozy,
01:01:53 et François Fillon, "Le feu, la glace, l'homme des villes, l'homme de la campagne."
01:01:57 Non mais c'est vrai, il y avait l'homme des stars,
01:02:00 et celui qui ne fréquentait pas du tout les stars.
01:02:03 On va étudier avec vous ce rapport qu'il pourrait y avoir entre Emmanuel Macron et Gabriel Attal.
01:02:08 C'est une formule lancée par Vincent Tremolet du Figaro.
01:02:11 La nomination de Gabriel Attal marquerait le début de l'après-Macron.
01:02:15 Comment envisager le rapport entre ces deux hommes ?
01:02:18 Disons que le contraste est moins marqué dans ce cas.
01:02:20 On a l'impression qu'on a, même si les deux hommes ne sont pas les mêmes,
01:02:23 l'un est davantage passionné par l'économie,
01:02:25 l'autre semble davantage un militant de carrière
01:02:28 qui, par ailleurs, a fait sa marque sur autre chose.
01:02:31 Ils ont quand même l'air d'avoir une plus grande proximité.
01:02:34 L'élément central, c'est qu'on doit revenir sur ce qu'on pourrait appeler
01:02:37 la théorie conspirationniste du pantin de Macron.
01:02:40 Je m'explique.
01:02:41 Quelle est cette théorie conspirationniste ?
01:02:43 Emmanuel Macron, tellement incapable de supporter la présence de quelqu'un
01:02:48 qui lui ferait un peu d'ombre, n'aurait nommé à Matignon qu'un homme
01:02:52 qui serait son double, son double avec un peu moins de talent.
01:02:55 Donc, il aurait été à la recherche d'une figure pâle, d'une figure sans envergure.
01:02:59 Or, qu'est-ce qu'on voit ?
01:03:01 Cette idée qu'Emmanuel Macron veut à tout prix un nain pour être capable de le dépasser,
01:03:05 ça ne correspond pas nécessairement aux objectifs du président de la République
01:03:09 dans les circonstances.
01:03:10 Quel est maintenant le seul véritable enjeu d'Emmanuel Macron ?
01:03:13 C'est d'éviter que Marine Le Pen l'emporte en 2027.
01:03:16 C'est la seule question pour lui.
01:03:17 Veut-il être le dernier président de la Ve République avant l'élection
01:03:20 de ce que ces gens appellent l'extrême droite ?
01:03:23 Si tel est le cas, ça viendrait, quels que soient ses succès,
01:03:25 quels que soient ses réussites, ça viendrait balayer ces deux quinquennats.
01:03:29 Ce serait finalement Emmanuel Macron, c'est celui qui a rendu possible Marine Le Pen.
01:03:33 Il ne peut pas se représenter pour la battre une troisième fois,
01:03:36 donc il a besoin d'un vrai successeur.
01:03:39 Un vrai successeur, ça ne peut pas être qu'un pantin.
01:03:42 Un vrai successeur doit avoir sa marge d'autonomie pour créer son personnage politique.
01:03:47 Un vrai successeur doit être autre chose en fait qu'une figure secondaire
01:03:52 qu'on envoie se battre parce que c'est une bataille comme une autre.
01:03:54 Et de ce point de vue, et c'est paradoxal,
01:03:57 mais Emmanuel Macron a tout intérêt à donner le plus d'espace de déploiement possible
01:04:03 à Gabriel Attal pour qu'il puisse construire son propre personnage politique,
01:04:08 d'autant qu'il arrive avec une légitimité, on dira charismatique entre guillemets,
01:04:13 à la différence d'autres personnes qui rêvent de succéder à Emmanuel Macron.
01:04:17 On peut penser à François Béroud qui a une forme de légitimité par l'ancienneté,
01:04:22 ou Édouard Philippe, la légitimité plus technique, une forme de néo-jupéisme.
01:04:27 Qu'est-ce qu'on voit ici?
01:04:29 On est dans une situation où Emmanuel Macron ne peut pas inférioriser Gabriel Attal,
01:04:34 il ne peut pas chercher à lui faire de l'ombre jusqu'à l'écraser,
01:04:37 il ne peut pas l'étouffer, sans quoi s'il présente un tout petit homme en 2027,
01:04:41 son successeur serait un tout petit homme, il serait balayé par le moment Marine Le Pen.
01:04:46 Ce n'est pas un jeu d'alternance dans la Ve République,
01:04:49 c'est un jeu d'alternative à la grandeur de la classe politique, ce n'est pas la même chose.
01:04:53 - Est-ce que cette nomination risque d'attiser les tensions au sein de la Macronie?
01:04:57 - J'ai l'impression de revivre l'épisode « Chirac baladur »
01:05:02 mais qui sont les nouveaux personnages là-dedans?
01:05:04 C'est Gérald Darmanin et Gabriel Attal.
01:05:07 On est devant deux personnes qui ne cachent pas leur ambition pour la suite.
01:05:12 Gérald Darmanin ne l'a jamais caché et Gabriel Attal non plus.
01:05:15 Or là, qu'est-ce qu'on voit en laissant de côté Gérald Darmanin,
01:05:18 qui a quand même avalé des couleuves dans l'espoir d'être Premier ministre,
01:05:21 il a quand même dit beaucoup de choses, il a tout fait pour montrer qu'il n'était pas l'homme de droit.
01:05:25 - Vous nous dites toute l'année qu'il fait avaler des couleuves aux Français, vous n'allez pas le défendre là?
01:05:29 - Non, je ne sais pas qu'il fait avaler des couleuves, je note simplement qu'il a fait tout ce qu'il pouvait
01:05:35 pour être un Premier ministre macroniste. Ça n'a pas fonctionné.
01:05:38 Donc là, la question qu'on peut se demander dans cette querelle, je ne dirais pas des frères ennemis,
01:05:42 parce qu'ils ne viennent pas exactement du même serail, c'est est-ce que finalement,
01:05:45 Gérald Darmanin va soit conserver son poste pour mener sa bataille de l'intérieur
01:05:49 ou va-t-il finalement bouder en disant « vous êtes le fils préféré, je suis le fils boudé,
01:05:54 je serai le chef de l'opposition intérieure et finalement, c'est l'indésiré qui triomphera. »
01:05:59 Chose certaine, dans la macronie, il y aura aussi des coups de couteau.
01:06:02 Et on va terminer avec un tweet de Gérald Darmanin.
01:06:05 « Félicitations à Gabriel Nathal. Je lui souhaite une pleine réussite au service des Français. »
01:06:10 Excellent tweet du programme, merci à tous.
01:06:13 Rendez-vous demain. Ouh là là, on a des dossiers, plein de dossiers dont on veut parler.
01:06:17 On parlera de tout ça demain. Tout de suite, Pascale Prohleur, Des Pro 2. À demain.
01:06:20 *bruit de déchiquetage*