La campagne lancée il y a une semaine par l'Ademe pour promouvoir la sobriété suscite la colère des commerçants. Interrogé à ce sujet sur France Inter jeudi 23 novembre, le ministre de la Transition écologique assume : "J'ai validé cette campagne et elle ne sera pas retirée", dit-il.
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00:00 Bonjour Christophe Béchu, ministre de la transition écologique et de la cohésion
00:04 des territoires.
00:05 Merci d'être avec nous dans ce 13-14.
00:06 Vous avez validé cette campagne, allez-vous maintenant la retirer ?
00:10 J'ai validé cette campagne, je l'ai vue et je l'assume, elle ne sera pas retirée.
00:15 Aucun des spots ne sera retiré ?
00:17 Aucun des spots ne sera retiré.
00:18 Il faut comprendre une chose, dans une journée normale comme aujourd'hui, il y a 20 000
00:24 spots télé qui sont diffusés sur nos ondes.
00:27 53 spots sur les 20 000 de la journée d'aujourd'hui, c'est la campagne que vous décrivez.
00:31 0,2%.
00:32 Que 0,2% du temps d'antenne publicitaire soit consacré à se demander si tous les
00:39 achats sont utiles, franchement, vu les enjeux de transition écologique, ça ne me semble
00:43 pas déraisonnable.
00:44 La première ministre Elisabeth Borne ne vous a pas demandé de la retirer, aucun des spots ?
00:48 Il y a une chose, exprimée ce matin par Bruno Le Maire, vous faites parler une conseillère.
00:53 Il dit lui c'est maladroit.
00:56 Je considère que c'est une maladresse.
00:58 On aurait dû cibler avec le même message plutôt les plateformes de vente en ligne
01:02 que les commerces physiques.
01:04 Parce que le fait est que le souci qu'on a aujourd'hui avec la surconsommation, c'est
01:08 Chine bien plus que la boutique qui est au pied de chez vous ou au pied de chez moi.
01:11 Et qui peut aussi vendre des articles qui viennent du bout du monde.
01:14 Oui, sauf que quand vous avez une enseigne qui vend des polos à 5 euros, qui a doublé
01:20 son chiffre d'affaires en un an et qui repose sur un modèle où il n'y a pas de place
01:24 ni pour la planète ni pour la durabilité, il y a un sujet.
01:27 Cette campagne, on prend un spot, mais c'est quoi la philosophie ? La philosophie c'est
01:31 de rappeler que nous devons, dans ce que nous consommons, faire attention.
01:34 Il y a une loi portée par Elisabeth Borne, la loi AGEC, qui dit il faut mettre le paquet
01:38 sur le réemploi, sur le recyclage, sur la réparation, sur le reconditionnement et les
01:42 autres spots dont vous ne parlez pas, ils anglent là-dessus.
01:45 On a un spot qui effectivement dit, posez-vous la question de est-ce que vous en avez besoin
01:50 ? 0,2% d'antennes sur le sujet, ça n'est pas déraisonnable.
01:54 Et il n'y a pas une crise, une difficulté, une cacophonie.
02:00 Nous sommes le gouvernement qui dit l'économie.
02:02 On a deux ministres qui ne disent pas la même chose.
02:05 Qui ne disent pas la même chose sur un sujet sur lequel…
02:06 Et une première ministre dont ses conseillers nous disent ça nous gêne et elle souhaite
02:10 que la campagne soit retirée.
02:12 Jérôme Cadet, nous n'opposons pas l'écologie à l'économie.
02:16 Nous disons qu'il faut réindustrialiser le pays.
02:18 C'est le sens de la loi portée avec Bruno Le Maire sur l'industrie verte.
02:21 Nous disons qu'il faut soutenir la filière textile.
02:23 C'est le sens du bonus réparation.
02:24 Mais que pendant quelques jours, on ait 0,2% du temps publicitaire qui puisse être utilisé
02:30 pour faire passer d'autres messages.
02:31 Pas n'importe quand.
02:33 La semaine du Black Friday qui est devenu une espèce de symbole de cette hyper-consommation.
02:37 Alors qu'est-ce que vous leur dites, Christophe Béchu, aux auditeurs pour le Black Friday
02:42 ? N'achetez pas, faites recoudre, regardez dans vos placards.
02:45 D'abord, je veux dire que j'aime les commerçants.
02:47 Avant ça, parce que quand j'entends le président Dewey, ce n'est pas contre les
02:51 commerçants.
02:52 Mais une fois, vous avez 99,8% des autres spots qui vont dire acheter.
02:57 Je dis, on a besoin d'être capable de faire passer des messages qui consistent à se dire
03:00 non, pas acheter, c'est mal, mais est-ce que j'ai besoin ? D'où vient le produit ?
03:05 Et ça, c'est ce que je dis aux auditeurs.
03:06 Est-ce qu'il est réparable si c'est un produit électroménager ? Est-ce que je peux
03:10 me poser la question de la façon dont il a été construit ? De l'endroit où il a
03:14 été fabriqué ? De son bilan carbone ? Ce sont ces éléments-là qu'il faut être
03:18 capable de prendre.
03:19 Christophe Béchu, je veux racheter un polo.
03:21 Est-ce que je peux me dire, celui-là il va, il est un peu froissé, on voit un peu moins
03:25 les couleurs, mais ce n'est pas très grave ?
03:26 Est-ce que c'est ça qu'il faut faire ?
03:28 Il faut qu'on retrouve une forme de sagesse qui existait il y a encore deux générations.
03:32 Avant de se poser la question de jeter pour remplacer, on commençait par se poser la
03:36 question très simplement de la réparation.
03:38 C'est le sens du bonus réparation qu'on a lancé.
03:40 Il faut se poser la question de comment on fabrique les produits, de l'incorporation.
03:43 Le textile made in France, c'est 3% de nos achats.
03:46 Mais la conséquence, c'est forcément moins de consommation.
03:48 Si tout le monde se pose cette question, est-ce que j'ai vraiment besoin de cet article ?
03:52 Parfois la réponse est non.
03:53 C'est la différence entre la sobriété et la décroissance.
03:56 Est-ce que vous savez que depuis 10 ans, le nombre de vêtements en moyenne que chaque
03:59 Français achète a augmenté de 30% ? On n'est donc pas sur une pente qui est une
04:04 pente de baisse.
04:05 En revanche, on est sur un modèle où des commerces physiques sont aujourd'hui concurrencés
04:08 par des plateformes en ligne, avec des politiques marketing ultra agressives et avec des bilans
04:12 carbone qui sont désastreux.
04:13 Christophe Béchu, je vous ai entendu ici même la semaine dernière dire que prolonger
04:16 le glyphosate pour 10 ans, c'était la décision de la Commission Européenne.
04:19 C'était une dinguerie.
04:20 Au même moment, le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, lui justifiait ce choix.
04:25 Est-ce que vous vous sentez un peu seul dans ce gouvernement ?
04:26 Non, parce qu'en l'espèce, je suis ravi que vous me permettiez de revenir sur ces
04:29 propos.
04:30 La Commission Européenne, elle dit qu'il faut autoriser tous les types d'usages.
04:33 Le choix qu'a fait la France sous l'impulsion du Président de la République et de la Première
04:36 Ministre, c'est de dire qu'on interdit tous les usages non agricoles.
04:38 Et pour les usages agricoles, on fait en sorte, partout il y a des alternatives, de les éviter.
04:42 C'est la ligne sur laquelle nous sommes.
04:43 Ce sont des lignes de compromis.
04:45 C'est tellement facile d'être radical et sur des postures.
04:47 Ce gouvernement, il s'efforce d'avancer avec l'ambition de la transition écologique
04:51 et le souci de la fin du mois, pas seulement de la fin du monde.
04:54 Merci Christophe Béchut, ministre de la Transition écologique et de la cohésion des territoires.
04:58 de ce 13-14.