J’apprends à m’aimer. Gros chantier - La chronique de Lisa Delmoitiez - Vidéo Dailymotion

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Lisa prend la mission d’apprendre à s’aimer comme sa Sagrada Familia à elle.  Retrouvez la chronique de Lisa Delmoitiez dans la Bande Originale sur France Inter et sur https://www.radiofrance.fr/franceinter

Transcript

00:00 Voici Lisa Delmoiti !

00:02 *applaudissements*

00:04 Lisa, tu n'aurais pas fait le film comme ça toi !

00:06 Non, désolée, je n'aurais pas fait votre film comme ça !

00:09 Contexte d'abord, dans l'Arche de Noé, on l'a dit, Valérie Lemercier, vous gérez une association pour jeunes LGBTQIA+

00:15 dans laquelle, Finnegan Holtfield, vous êtes forcée de travailler dans le cadre de travaux d'intérêt général, généraux, on peut dire les deux.

00:22 Ce qui est un peu vexant pour votre personnage Valérie quand on y pense.

00:26 Je trouve ça toujours vexant quand un juge voit ton taf et se dit "ah ouais bosser là, ça serait une bonne punition ça !"

00:31 Imaginez si demain il y a un nouveau chroniqueur forcé de rejoindre l'équipe pour des travaux d'intérêt général.

00:36 Pour Alexandre, Laura et moi, chroniqueurs, c'est notre job de rêve, puis t'as le nouveau "alors pourquoi t'es là ?" "bah j'ai tué quelqu'un !"

00:42 *rires*

00:43 Et puis je pense que si je bosse un jour dans un monde original, je serais dégoûtée à vie, puis je coupe les bêtises.

00:47 *rires*

00:48 Moi c'était juste ma passion, t'as vu ?

00:50 *rires*

00:51 Dans le film, l'association Large de Noé accueille des jeunes LGBTQIA+ mis à la rue par leur famille,

00:56 parce qu'en 2023, malheureusement, des gens doivent encore se justifier leur sexualité.

01:01 Enfin des gens, non, les personnes LGBTQIA+.

01:03 Les hétéros, eux, ils ne doivent jamais justifier.

01:05 Pourtant, il y en a, ils font des dingueries.

01:07 Ils ne doivent jamais s'expliquer eux.

01:09 Vous me connaissez, j'approuve la dinguerie, mais si on parle de pratiques que Dieu n'approuve pas,

01:13 j'ai des potes gays et des potes hétéros, c'est pas toujours ceux qu'on croit qui s'enfilent des légumes en étant accrochés à une croix.

01:18 Mais c'est toujours le gay qui est discriminé.

01:20 *rires*

01:23 Et puis les gens, je trouve les gens ont de drôles de critères pour évaluer une relation.

01:26 Si ton fils te dit qu'il aime les hommes, ce qu'il te dit, c'est qu'il est capable d'aimer.

01:30 C'est ça l'essentiel.

01:31 Moi je dis, on ne devrait pas avoir à faire un coming out sur qui on aime, mais sur comment on aime.

01:35 Parce que là, il y a matière à corriger.

01:37 Pas de "Papa, je crois que je suis gay, mais Papa, je crois que je suis toxique".

01:41 Voilà, là il y a un truc à régler quand même.

01:43 Comment t'aimes, c'est ça qui compte.

01:45 Les gens qui vont préférer un fils hétéro et connard qu'un fils gay et sain.

01:48 Non, moi si un jour je deviens mère, je ne l'espère pas pour personne,

01:52 *rires*

01:54 Si un jour je deviens mère, moi je vais toujours préférer mon fils qui se fait enculer par son amoureux

01:58 plutôt que celui qui bat sa femme, je vous le dis.

02:00 Bon et point bonus aussi pour mon fils qui se fait enculer par sa femme.

02:03 Parce que là, ça prouve qu'il est déconstruit.

02:05 *rires*

02:07 Si elle se donne à fond, littéralement.

02:09 Mais non, celui qu'on va rejeter, c'est toujours l'enfant LGBTQIA+.

02:13 Franchement, il y a des assos comme dans le film, où les jeunes ont une place pour 6 mois.

02:17 Donc le fonctionnement c'est qu'en 6 mois, ils doivent trouver un travail,

02:20 ils doivent trouver un logement, ils doivent s'accepter comme ils sont.

02:23 Valérie, 6 mois pour s'accepter comme ils sont ?

02:27 Moi j'ai 31 ans, je ne suis toujours pas convaincue.

02:29 *rires*

02:30 - Moi je vous rassure, j'ai 59 ans et moi non plus.

02:32 - Ok, je suis rassurée, 6 mois c'est hyper court.

02:34 Et je parle de mon expérience, alors que moi mes parents ne m'ont pas jeté à la rue

02:36 parce qu'ils n'étaient pas d'accord avec ma sexualité.

02:38 Moi mes parents, ils ne passent pas leur journée à penser à ma sexualité.

02:41 Je crois même qu'ils ont pris le choix conscient de ne pas y penser du tout.

02:44 *rires*

02:45 Ils ont un travail, ils ont des hobbies, là je crois qu'ils doivent commander du bois pour l'hiver.

02:48 Savoir qu'ils retournent ma fille, ce n'est pas au sommet de leur to-do liste.

02:51 *rires*

02:53 Je trouve ça...

02:54 Je trouve ça bien.

02:55 Mais même dans cet environnement, il me faut plus de 6 mois pour m'accepter.

03:00 Moi je prends la mission d'apprendre à m'aimer comme ma sagrada familia à moi.

03:04 C'est ambitieux, le chantier va prendre une plombe, mais patience quand ce sera fini,

03:09 putain ça va de la gueule.

03:11 Et puis bon, comme la sagrada familia, c'est pas parce que je ne suis pas terminée que tu ne peux pas venir visiter.

03:14 *rires*

03:16 Comme sur tout chantier, travaillons en équipe.

03:19 D'où l'intérêt de la association comme l'Arche de Noé,

03:22 qui crée une communauté pour les jeunes abandonnés par leur famille.

03:24 Sérieux, les parents dont le monde s'effondre parce que leur parent est gay,

03:27 trouvez-vous un hobby.

03:28 Même si c'est en pleurant et en priant, si tu passes tes journées à imaginer ta fille baiser,

03:31 c'est toi le problème, c'est pas ta fille.

03:33 Bravo !

03:35 (Applaudissements)

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