00:04 Vous n'auriez pas fait un livre sur les répicultes ?
00:07 Non, je n'aurais pas fait comme ça !
00:09 Dans 150 répicules du cinéma, Patrice Lecomte, vous posez votre regard sur des punchlines intemporelles de classiques du 7ème art.
00:18 Et on accuse souvent le porno de créer des attentes irréalistes en nous faisant croire que dans la vraie vie, les mecs ont tous des gros stubs.
00:25 Mais on ne parle pas assez des scénaristes comme vous Patrice !
00:28 Qui nous font croire, qui m'ont fait croire pendant des années que dans la vraie vie, les mecs ont de la répartie.
00:34 Alors que non ! Il n'y a que dans les films que les gens ont le sens de la formule.
00:37 De la même manière que j'ai compris que dans la vraie vie, la seule chance que j'ai de me faire retourner par deux pompiers,
00:42 c'est si je fais un malaise et il faut être deux pour vous mettre sur la civière ma petite dame !
00:46 Mais je sais aussi que la seule chance que j'ai qu'un mec me dise "T'as de beaux yeux, tu sais"
00:50 c'est si c'est mon ophtalmo, à la limite. Et je le soupçonne de dire ça à toutes ces patientes.
00:55 Vous nous vendez du rêve Patrice. Et c'est moche.
00:58 Il y a des femmes qui en veulent à Walt Disney de leur avoir fait miroiter le prince charmant.
01:01 Bon moi ça je m'en bats les couilles, ça ne m'a jamais excité, les mecs qui me regardent dormir, je fais de la penée du sommeil.
01:06 Mais j'en veux aux scénaristes de m'avoir fait croire que tous les mecs avaient la tchatche.
01:10 Tu vis un moment romantique, tu fais l'amour avec ton amoureux. Imaginez.
01:14 Enlacé, c'est magique. Alors tu dis "Ok, je vais me la jouer, et t'as la sunshine of the spotless mind".
01:19 Tu le regardes dans les yeux et tu lui dis "Je suis précisément là où je veux être".
01:23 Sur ma bite tu veux dire ?
01:25 Mais je parle dans l'absolu, trou du cul, un peu de poésie, merde.
01:29 Moi à cause des répliques cultes dans Annie Hall de Woody Allen, j'ai cru pendant 15 ans que les petits mecs à lunettes avaient de l'esprit.
01:35 Non, vous savez ce qu'ils ont les petits mecs à lunettes ? Ils ont des lunettes, c'est tout.
01:39 Décidément Woody Allen de déception en déception.
01:42 Après je m'inclus dans le lot, je ne suis pas la plus rapide du paquet non plus.
01:45 Moi j'ai toujours une excellente répartie dans la douche, 3 heures après la condensation qui a eu lieu.
01:51 Du coup maintenant en premier rendez-vous je propose des dates dans ma douche.
01:54 Ça n'a rien de sexuel, je te jure, c'est juste que c'est sous le pommeau que je suis la plus vive.
01:58 Mais nous au moins on a l'excuse d'avoir personne pour écrire nos répliques.
02:02 Alors que dans les films il y a des punchlines en or comme celle dans votre livre Patrice.
02:05 Mais parfois une seule phrase nulle peut te détruire un film.
02:08 Alors voilà deux conseils pour ne pas se planter dans un dialogue, vous me direz si vous êtes d'accord.
02:13 Déjà arrêtons avec les films où le héros parle tout seul.
02:17 Dans la vie personne ne fait ça, sauf tous les mecs qui ont des podcasts.
02:20 Mais dans plein de films, dans plein de films, tu as la meuf qui quitte la pièce,
02:24 puis le héros qui dit tout haut à personne "Ah qu'est-ce que je l'aime".
02:28 Mais enfin c'est n'importe quoi.
02:30 Et puis à nouveau ça donne des attentes irréalistes.
02:32 Moi maintenant quand un mec refuse de me dire qui m'aime, je me dis "Bon, peut-être qu'il fait partie de ces mecs qui préfèrent le dire tout seul".
02:37 Ce qui est horrible aussi c'est quand le héros du film parle avec un autre personnage,
02:41 mais tu comprends que c'est juste le scénariste qui essaye de nous faire passer une info à nous.
02:45 Un bon exemple c'est dans "Plaisir coupable ultime", Perle Harbor.
02:49 Le film, pas la bataille, je noue pas des américains pour le fun.
02:52 À un moment, les japonais larguent des bombes sur Hawaï,
02:55 et le héros en plein milieu du bordel, il court pour leur vie, dit à son pote
02:58 "Je crois que la deuxième guerre mondiale a commencé".
03:01 Mais enfin, personne ne dit ça.
03:03 Quand tu sais écrire, tu fais comprendre au public où on en est dans l'histoire, sans qu'il s'en rende compte.
03:07 Imaginez, c'est comme si moi je ne travaillais pas mes chutes,
03:10 et pour faire comprendre que j'arrivais à la fin, je disais juste "Je crois que la chronique est terminée".
03:18 - Lisa Delmoitié, elle est où et quand ? - A la Nouvelle Seine, le 19 décembre prochainement.