Francis Herbert, président de la Banque alimentaire en Dordogne
Transcript
00:00 La Banque Alimentaire, en première ligne face à l'augmentation de la pauvreté,
00:04 c'est elle qui collecte des denrées pour les associations.
00:06 Elle a de plus en plus de demandes et elle cherche aussi des bénévoles
00:09 avant sa grande collecte prévue dans une semaine.
00:11 On en parle avec le président de la Banque Alimentaire en Dordogne
00:15 qui répond à vos questions, Louis de Bergevin.
00:16 Bonjour Francis Herbert.
00:18 Bonjour.
00:18 Le Secours Catholique a publié hier son rapport
00:21 "La pauvreté s'aggrave en France", c'est sa conclusion.
00:24 Vous le constatez aussi en Dordogne ?
00:26 On le constate bien sûr.
00:28 Nous avons 65 associations partenaires
00:33 et de nombreux bénéficiaires évidemment
00:36 qui demandent de plus en plus de soutien alimentaire.
00:42 C'est-à-dire qu'ils ont besoin de plus de denrées finalement ?
00:44 Ils ont plus de bénéficiaires ?
00:46 Plus de bénéficiaires effectivement et besoin de plus de denrées.
00:50 On le constate tous les jours absolument.
00:53 Vous avez des chiffres sur les quantités de denrées dont vous avez besoin ?
00:57 Alors nous en gros la Banque Alimentaire de la Dordogne
01:00 distribue entre 600 et 700 tonnes de nourriture tous les ans
01:04 et le nombre des bénéficiaires servis en gros c'est 10 000 bénéficiaires par mois en moyenne.
01:12 Donc c'est considérable.
01:14 Et ça a augmenté ?
01:15 Alors ça a augmenté oui, sauf qu'un certain nombre d'associations,
01:20 cinq pour être précis,
01:22 ont choisi d'accompagner leurs bénéficiaires autrement
01:25 sous forme de chèques alimentaires etc.
01:27 Donc mécaniquement le nombre de nos bénéficiaires a diminué un petit peu
01:31 mais en quantité par personne ça augmente, ça c'est sûr.
01:35 Ça veut dire qu'il y a finalement des bénéficiaires qui passent sous les radars en fait,
01:38 qui ne sont plus officiellement bénéficiaires
01:40 mais qui ont toujours besoin d'aide, d'une autre forme d'aide c'est ça ?
01:42 Oui ou qui sont pris en charge autrement,
01:44 qui sont accompagnés autrement, je vous l'ai dit,
01:46 par des chèques alimentaires, par des municipalités, des CCAS par exemple.
01:51 Et vos bénéficiaires, entre guillemets, eux ont besoin de plus d'aide qu'avant ?
01:56 Exactement, on sent bien que le coût du panier alimentaire dans les magasins a augmenté,
02:03 c'est un secret pour personne.
02:05 Depuis la fin de l'année 2022, c'est assez spectaculaire.
02:09 On l'a d'ailleurs bien ressenti nous, lors de la collecte il y a un an,
02:14 exactement lors de la collecte de novembre 2022.
02:17 D'habitude on atteignait sur les deux jours à peu près une centaine de tonnes,
02:21 100-105 et là on est à 90.
02:24 7h45 sur France Bleu, Périgord, la banque alimentaire en première ligne
02:28 face à l'augmentation de la pauvreté, on en parle avec son président en Dordogne,
02:32 Francis Herbert, qui répond à vos questions, Louis de Bargevin.
02:35 Comment on explique tout ça ? C'est principalement dû à l'inflation,
02:38 l'augmentation de nombre de bénéficiaires ?
02:40 Quand on pense qu'un paquet de 1 kg de pâte augmentait de plus de 10%,
02:46 la farine, le beurre, la viande, etc. c'est du mémore,
02:51 c'est considérable pour un ménage qui a déjà du mal à joindre les deux bouts,
02:55 et pour le poste de nourriture dans une famille,
02:59 et surtout quand il y a des enfants, c'est quelque chose d'énorme.
03:03 Ça veut dire que finalement on peut s'acheter moins de choses,
03:06 mais vous aussi vous avez, vous vivez de dons,
03:10 les gens qui vous font des dons, la grande collecte a lieu,
03:14 donc pas ce week-end mais le week-end d'après, vous en avez besoin,
03:17 ces dons-là on imagine aussi que c'est impacté par l'inflation ?
03:20 Absolument, nous recevons essentiellement des dons,
03:23 mais depuis quelques années, depuis le Covid pour être précis,
03:26 nous recevons, nous avons quelques subventions pour acheter,
03:31 nous sommes devenus acheteurs de produits,
03:33 et évidemment ce qu'on a acheté l'année dernière,
03:36 l'équivalent cette année a baissé en volume, ça c'est clair, on le sent clairement.
03:41 C'est inédit, c'est nouveau que vous soyez obligé d'acheter des produits ?
03:45 Tout à fait, c'était pas dans l'ADN de la banque alimentaire au début,
03:49 tout ce que nous récoltions tout au long de l'année,
03:52 j'ai parlé de 600-700 tonnes, c'était collecté gratuitement,
03:57 auprès des magasins, auprès des producteurs locaux,
04:00 après il y a aussi les programmes européens qui nous aident,
04:02 les programmes de l'État bien sûr,
04:04 et puis il y a la collecte, la collecte nationale,
04:08 deux jours par an, fin novembre, et qui est très importante pour nous,
04:11 parce qu'elle nous apporte à peu près 15% de notre approvisionnement annuel.
04:16 Et ça vous inquiète finalement de ne plus pouvoir vivre uniquement des dons ?
04:21 Ça nous inquiète parce qu'on est soumis évidemment,
04:26 comme toutes les autres structures qui doivent acheter des produits alimentaires,
04:32 on est soumis au marché, on est soumis à la concurrence,
04:35 on est obligé évidemment de demander un effort commercial à tout le monde,
04:42 puisque nous commandons en quantité,
04:45 ce n'est pas 5 kilos ou 10 kilos de nourriture que nous commandons,
04:50 mais on commande 10 ou 15 tonnes à la fois,
04:53 donc évidemment c'est une nouvelle activité à laquelle nous devons faire face.
04:58 Et vous cherchez des bénévoles aussi pour cette collecte,
05:01 enfin pour la collecte mais aussi hors collecte,
05:03 vous cherchez des bénévoles en Dordogne ?
05:04 Pour la collecte, là je dirais qu'il y a urgence,
05:06 parce que nous sommes en train de finaliser la couverture des magasins
05:11 pour la collecte du 24 et du 25 novembre,
05:15 il nous manque, j'ai pris la liste,
05:17 il nous manque encore des personnes sur Terrasson, Riberac, Boulazac, Bergerac et Sarla,
05:23 bon la plus grande partie des magasins est couverte,
05:26 mais il y a encore des créneaux qui ne sont pas occupés,
05:28 et s'il n'y a pas de bénévoles avec les gilets oranges à l'entrée des magasins,
05:32 les gens ne donnent pas, donc c'est important qu'il y ait du monde.
05:35 Et alors on imagine qu'il faut aller sur votre site pour être bénévole,
05:40 on vous mettra en tout cas sur France Bleu Périgord toutes les informations
05:43 si vous voulez venir participer à cette grande collecte,
05:47 donc pas ce week-end mais le week-end prochain le 24 et le 25 novembre.
05:50 Un numéro de téléphone et puis un mail évidemment.
05:52 On mettra toutes les informations sur notre site internet.
05:54 Merci beaucoup Francis Herbert.
05:55 Et de même pour nous recruter nos bénévoles tout au long de l'année aussi,
05:58 j'ai oublié de le dire, c'est très important.
06:00 Vous êtes donc président de la banque alimentaire en Dordogne,
06:03 merci d'être venu sur France Bleu Périgord.