À Voix Haute - Charles Edouard, l'albinisme - Vidéo Dailymotion

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Charles-Édouard est un jeune mannequin international, atteint d’albinisme. Il nous explique comment il a fait de cette différence une force, même si son parcours n’a pas toujours été évident

Transcript

00:00 J'ai peut-être pas les mêmes cheveux qu'un tel.

00:03 Ma peau est peut-être beaucoup plus claire qu'un tel,

00:05 mais je reste un être humain.

00:07 Salut, je m'appelle Charles-Edouard.

00:08 J'ai 23 ans et comme vous pouvez le voir, je suis albinos.

00:12 Aujourd'hui, j'ai fait de cette faiblesse ma principale force

00:14 car je suis mannequin international.

00:16 Alors, l'albinisme est une anomalie génétique

00:19 qui se manifeste par plusieurs caractéristiques, on va dire.

00:23 On va retrouver le manque de pigmentation.

00:25 La peau des albinos est vraiment très blanche

00:28 parce qu'on n'a quasiment pas de mélanine.

00:32 On va retrouver également des problèmes liés au niveau de la vue.

00:35 Les albinos, on est très sensibles, nous sommes des êtres très sensibles,

00:39 mais nous sommes des êtres humains, comme tout le monde.

00:43 On ne mérite pas d'être discriminés de la sorte

00:48 parce que moi, ça a vraiment été un de mes majeurs soucis dans ma vie

00:52 et je me suis battu pour en faire une force.

00:55 Ça peut être des moqueries, on va dire, à l'école, que ce soit en cours.

00:58 C'est dur à encaisser.

01:00 Ça veut être quand on t'arrête dans la rue,

01:03 on va te regarder bizarrement.

01:05 Directement, on va te faire comprendre que tu n'es pas normal, en fait,

01:08 parce que moi, quand je me regardais dans le miroir,

01:10 j'avais l'impression d'être normal,

01:12 mais c'est les gens qui m'ont fait comprendre qu'en fait, non,

01:15 il y a un problème qui ne va pas avec toi

01:17 et tout de suite, tu te crées des barrières.

01:20 Tu te crées des barrières, tu te crées des barrières

01:22 et tu te renfermes sur toi-même.

01:24 C'est-à-dire que moi, pour surmonter tout ça, depuis tout petit,

01:28 j'ai toujours pris ça sur le ton de la rigolade

01:30 et ça me permettait d'avoir moins mal, on va dire.

01:33 Au fond de moi, je ressentais de l'incompréhension.

01:36 Je n'ai peut-être pas les mêmes cheveux qu'un tel.

01:40 Ma peau est peut-être beaucoup plus claire qu'un tel,

01:42 mais je reste un être humain.

01:44 Discriminer quelqu'un parce qu'il est différent,

01:46 je trouve que ce ne sont pas des choses à faire, tout simplement.

01:49 Le moment, on va dire, où j'ai senti

01:51 que je faisais vraiment face à de la discrimination,

01:55 c'était à une rentrée de classe.

01:57 J'arrive et tout avec ma petite sœur

01:59 et là, il y a tout le monde qui commence à se mettre autour de moi,

02:02 à me poser des questions.

02:03 "Ouais, tu t'es fait adopter."

02:05 "Pourquoi ta sœur, elle est noire et toi, tu es blanc ?"

02:08 Quand tu grandis au fur et à mesure,

02:10 tu peux te dire que c'est de l'incompréhension

02:12 vis-à-vis de ces personnes-là,

02:13 mais quand tu es dans les faits, à l'instant T,

02:16 moi, j'avais l'impression d'être oculé, on va dire.

02:19 J'avais l'impression d'être un singe dans un cirque.

02:23 Ma mère m'a tout de suite fait comprendre

02:25 que certes, t'es différent, mais fais-en une force, tu vois.

02:30 Elle m'a aussi appris à être dur,

02:33 à être dur, à encaisser les mots,

02:35 encaisser les moqueries,

02:36 parce que les gens sont de plus en plus durs, on va dire.

02:40 Les gens ont de moins en moins d'empathie.

02:43 À l'heure d'aujourd'hui, je suis fier de ce que je suis en train d'accomplir,

02:46 malgré les handicaps que j'ai.

02:48 J'ai voulu devenir mannequin, en fait.

02:49 C'est tout bête, en fait.

02:50 J'étais sur mon canapé, je scrollais sur mon téléphone.

02:53 On était en plein Covid-19,

02:55 je suis tombé sur un son de Jack Muse,

02:56 et quand je suis tombé dessus, ça a été comme une illumination.

02:59 J'avais l'impression de regarder un film, une histoire.

03:03 Ça veut dire que quand j'ai regardé les mannequins défiler comme ça,

03:06 je me suis dit que j'ai envie d'être mannequin.

03:08 Tout le temps, ma mère me demandait,

03:09 "Charles, il faut que tu trouves quelque chose à faire dans ta vie.

03:13 Tu veux être quoi ? Est-ce que tu as des rêves ?"

03:14 Et je lui répondais jamais.

03:16 Et quand je suis tombé sur ce show,

03:18 je lui ai clairement dit que moi, en fait,

03:20 "Maman, j'ai envie d'être mannequin."

03:22 Au début, Margarda, elle a rigolé.

03:23 Elle a dit, "Ouais, mais ils sont 10 000 à vouloir être mannequin.

03:26 Arrête."

03:27 J'ai dit, "Ouais, mais je vais y arriver.

03:29 T'inquiète, je vais y arriver.

03:30 Si je me donne les moyens, je vais y arriver."

03:32 Elle n'était pas très pour, au début,

03:35 mais je lui ai montré que je pouvais y arriver.

03:39 J'ai envoyé je ne sais pas combien de mails.

03:41 Refus sur refus.

03:42 "Tu n'as pas les mensurations ?"

03:44 "Non, ceci, non, cela, non, ceci."

03:45 Mais j'ai continué, j'ai continué.

03:47 Je me suis dit, "OK, comme elle ne veut pas de moi,

03:48 je vais changer de stratégie.

03:49 Je vais envoyer des mails en Angleterre."

03:51 J'ai envoyé un mail, des mails à plusieurs agences en Angleterre.

03:54 Il y a l'agence, mon agence actuelle, Model One,

03:56 qui est l'une des plus grandes agences à Londres,

03:58 qui m'a dit qu'elles étaient intéressées.

04:00 Ils m'ont organisé un test, un shooting sur Paris

04:02 et je l'ai réussi haut la main.

04:04 Une semaine après, je reçois le contrat et c'est la fête.

04:07 Franchement, j'étais tellement heureux.

04:10 Et ensuite, j'ai enchaîné avec une campagne Make Up For Ever

04:13 et tout s'est enchaîné.

04:14 Le projet dont je suis le plus fier,

04:16 j'étais allé à Milan pour la Fashion Week de Milan.

04:19 J'arrive un jour avant.

04:20 On me fait comprendre qu'en fait, Charles,

04:22 toi, il n'y a aucun autre mannequin.

04:23 À toi, tout seul, tu vas représenter toute la collection.

04:26 J'ai dit, "Non, vous mentez."

04:28 J'ai l'impression d'être dans un rêve.

04:30 Limite, j'allais pleurer et tout.

04:31 Et quand les images sont sorties, quand j'ai vu les vidéos,

04:34 j'étais tellement fier de moi.

04:35 Il y avait ma vidéo et tout dans des magasins de Londres et tout.

04:40 J'étais extrêmement content.

04:42 J'ai reçu énormément de bonheur.

04:43 J'ai envoyé à ma mère, à mes proches.

04:45 Ils étaient tous très fiers de moi.

04:47 Et j'ai envie de continuer.

04:49 J'ai envie de continuer et d'apporter ma pierre à l'édifice

04:52 pour faire avancer le monde de la mode, on va dire.

04:55 Moi, ça me ferait vraiment plaisir

04:57 qu'un petit albinos se reconnaisse en moi, on va dire.

05:01 Qu'ils disent que lui, il est albinos,

05:03 mais il a signé dans une grande agence.

05:06 Il fait des shows, il fait des Fashion Week, il fait des campagnes.

05:09 Donc, c'est vraiment ça l'objectif.

05:10 J'aimerais être la voix pour ces personnes-là

05:12 et leur montrer qu'il y a de l'espoir.

05:15 J'ai fait de ma faiblesse une force.

05:17 Aujourd'hui, si je gagne de l'argent et que je fais ce que j'aime,

05:21 c'est parce que j'ai transformé cette faiblesse en force.

05:23 Et je pense qu'il n'y a rien de plus beau, on va dire,

05:27 de prendre un malheur

05:28 et de le transformer en quelque chose d'exceptionnel, on va dire.

05:31 J'aurais pu me lamenter sur mon sort

05:33 et me dire qu'en fait, je n'ai pas d'avenir.

05:36 Comme je l'ai dit, j'ai été éduqué par une femme très forte

05:39 et elle m'a fait comprendre qu'il faut toujours aller de l'avant.

05:43 C'est ça qui nous rend plus forts dans la vie de tous les jours.

À Voix Haute - Charles Edouard, l'albinisme

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