Anne Mauchamp, Présidente du tribunal judiciaire de Bergerac

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00:00 C'est la cinquième édition de la Nuit du Droit ce soir.

00:02 L'objectif c'est d'ouvrir les portes de la justice aux citoyens,

00:05 de leur faire connaître son fonctionnement.

00:07 Et ce matin on reçoit la présidente du tribunal judiciaire de Bergerac

00:10 pour répondre à vos questions, Louis de Bergevin.

00:12 Bonjour Anne Mochon.

00:14 Bonjour M. de Bergevin.

00:16 Il y a une méconnaissance de la justice, une défiance aujourd'hui ?

00:21 Écoutez, c'est ce que révèlent effectivement les sondages d'opinion.

00:25 Je pense que cette défiance, cette méconnaissance,

00:28 elle est à la hauteur des attentes que nos concitoyens ont à l'égard de notre justice.

00:33 C'est la raison pour laquelle Mme la procureure et moi-même,

00:35 nous souhaitons à chaque fois que cela est possible,

00:37 ouvrir le palais de justice à nos concitoyens pour qu'ils puissent le découvrir.

00:42 Vous dites qu'il y a une trop grande attente,

00:44 une grande, pas une trop grande, une grande attente des citoyens envers la justice,

00:48 mais est-ce qu'il y a aujourd'hui une...

00:52 On parle de défiance, est-ce qu'il y a aujourd'hui aussi une méconnaissance ?

00:55 Est-ce que les citoyens ne connaissent pas assez bien le fonctionnement de la justice ?

00:58 Ils la connaissent effectivement très très mal.

01:01 C'est quelque chose qui est constaté constamment,

01:05 qu'il s'agisse de la justice civile ou de la justice pénale.

01:09 Ils ne connaissent pas nos modes de fonctionnement, nos contraintes,

01:12 et pour autant ils ont une forte attente.

01:14 C'est pour cette raison-là que l'on souhaite communiquer

01:17 et leur faire découvrir nos modes de fonctionnement

01:19 et leur permettre d'être en contact avec les personnels qui y travaillent

01:24 pour connaître nos contraintes

01:26 et savoir ce que l'on peut aussi offrir de positif.

01:28 - Et à qui la faute ?

01:29 Est-ce que c'est parce que l'école n'explique pas assez comment ça se passe ?

01:33 Est-ce que c'est parce que la justice ne montre pas assez le déroulé ?

01:39 - La faute est certainement partagée.

01:40 Je pense que l'école, effectivement, a sa responsabilité

01:43 parce que le système judiciaire devrait être connu de nos concitoyens et des jeunes.

01:49 Mais c'est aussi sans doute notre faute.

01:50 C'est pour ça qu'il faut ouvrir nos portes et communiquer et parler à nos concitoyens

01:56 pour qu'ils sachent comment nous fonctionnons

01:58 autrement qu'à travers des émissions télévisées plus américaines qu'autre chose.

02:04 - Et c'est indispensable qu'on ait confiance en la justice ?

02:07 C'est un pilier de notre démocratie ?

02:09 - C'est un pilier de notre démocratie.

02:11 Il n'y a pas de société équilibrée, sans justice,

02:15 qui fonctionne de manière satisfaisante.

02:17 Il faut remédier à ces dysfonctionnements lorsqu'il y en a,

02:20 mais aussi la faire connaître mieux.

02:22 - 7h47, c'est la cinquième édition de la Nuit du Droit.

02:26 Ce soir, on en parle ce matin avec Anne Mochamp,

02:28 présidente du tribunal judiciaire de Bergerac,

02:30 qui répond à vos questions, Louis de Bergemin.

02:31 - Justement, pour mieux faire connaître cette justice,

02:35 vous organisez la Nuit du Droit au tribunal de Bergerac ce soir.

02:39 Cette Nuit du Droit, concrètement, c'est quoi ?

02:41 On ouvre les portes du tribunal ?

02:44 - On ouvre les portes du tribunal au public le plus large possible.

02:47 Tous ceux qui le souhaitent peuvent s'y rendre.

02:50 On accueillera des intervenants,

02:53 puisque nous avons souhaité mettre à l'honneur la justice civile

02:57 avec Mme la procureure de la République cette année.

02:59 Nous accueillerons notamment des classes de lycéens

03:02 qui ont choisi l'option droit au bac

03:05 accompagnée de leur professeur, Mme Flourey.

03:08 Mais nous souhaitons accueillir un public diversifié,

03:10 des entrepreneurs, des représentants d'organisations salariales, patronales,

03:14 tous les auxiliaires de justice qui, quotidiennement, travaillent à nos côtés.

03:18 Tous ceux qui le souhaitent pourront découvrir

03:22 ce qui est présenté à cette occasion-là,

03:24 à savoir les modes alternatifs de règlement des différents.

03:26 - Alors ça, c'est effectivement le thème de votre Nuit du Droit cette année.

03:31 Je reviens juste sur un exemple.

03:32 À Dijon, des étudiants vont juger Voldemort, c'est le méchant dans Harry Potter,

03:37 un procès pour violence contre mineurs avec arme.

03:40 C'est un petit peu comme ça qu'on intéresse tout le monde,

03:42 notamment les jeunes à la justice ?

03:45 - Oui, il faut trouver des pistes, disons,

03:48 des sujets qui peuvent attirer et intéresser.

03:52 Donc, pourquoi pas ?

03:54 Chaque juridiction a une idée différente.

03:57 C'est ça qui en fait toute la variété.

03:59 Et à travers tout le territoire national,

04:00 il y a des initiatives qui sont totalement originales à chaque fois.

04:06 - Et le parti que vous prenez ce soir,

04:11 c'est d'évoquer les modes alternatifs de règlement des litiges.

04:14 Par exemple, les recours à l'amiable pour des différents entre voisins.

04:18 Ça aussi, c'est une chose qui peut rapprocher la justice des citoyens,

04:21 la rendre plus concrète et plus rapide ?

04:24 - C'est quelque chose, en tout cas, qui leur est proposé par la justice

04:27 et qui peut leur permettre de redevenir acteurs de leur différent.

04:31 La solution, quand il y a un litige, ce n'est pas uniquement une décision de justice.

04:35 Ça peut aussi être œuvré pour renouer un dialogue.

04:38 C'est le cas, par exemple, dans les affaires de succession,

04:41 dans les familles entre voisins, comme vous le dites.

04:44 C'est un des outils qui est à notre disposition,

04:46 un outil qui est complètement méconnu.

04:49 - Et qui est plus simple ?

04:50 - Qui peut permettre, sur le long terme, d'avoir un effet positif.

04:52 - C'est un outil plus simple à utiliser ?

04:55 - Un outil pas forcément plus simple, non,

04:57 mais un outil qui a des effets bénéfiques différents,

04:59 qui peut, sur le long terme, résoudre mieux un litige qu'une décision de justice,

05:05 notamment lorsque les personnes sont amenées à se côtoyer à l'avenir.

05:11 C'est le cas de voisins, par exemple,

05:12 ou dans les litiges à caractère familial.

05:15 Donc, ce n'est pas plus simple,

05:15 ça demande autant de temps et d'investissement,

05:18 mais ça peut avoir des effets plus positifs.

05:21 - Merci Anne Mochon, présidente du tribunal judiciaire de Bergerac,

05:25 qui organise sa première nuit du droit ce soir.

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