Marie Léautey, auteure "Le monde sous mes pieds"

ici Normandie (Seine-Maritime - Eure)

22/09/2023

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00:00 Vous écoutez le 6/9, France Bleu Normandie.

00:04 8h16, une grande championne est avec nous ce matin.

00:09 On l'a déjà reçue il y a un an pour son tour du monde en courant.

00:13 Pendant 825 jours, 6 jours sur 7, 30 000 kilomètres parcourus.

00:18 Une incroyable aventure qu'elle raconte dans un livre,

00:21 "Le monde sous mes pieds", et elle répond à vos questions, Marianne Nacké.

00:24 Bonjour Marie-Léauté.

00:25 Bonjour, merci de me recevoir.

00:27 Merci à vous.

00:27 Comment une sportive amateur, vous étiez en bonne partie du dimanche, on peut le dire,

00:31 en est arrivée là à faire cette course folle ?

00:34 D'abord c'est le testament du fait que quelqu'un d'ordinaire

00:39 peut tout à fait se lancer dans ce type d'aventure qui paraît hors norme.

00:42 L'élément qui a fait vraiment la différence, c'est que j'en avais une envie folle,

00:46 une envie depuis toujours, et que sur les coups de mes 40 ans,

00:50 je me suis dit "je ne peux pas garder cette envie en moi, c'est trop grand".

00:53 Et j'ai décidé de me lancer, au risque de tout mettre sur la table et de tout perdre,

00:58 mais j'y suis allée avec tout ce que j'avais,

01:00 je me suis préparée du mieux que je pouvais,

01:02 mais j'insiste, effectivement, je ne suis pas une athlète de haut niveau,

01:05 ni une championne extraordinaire, j'ai juste une grande volonté, je pense.

01:08 A l'origine, vous travaillez dans la finance à Singapour,

01:11 changement complet de perspective pour établir quand même deux records du monde,

01:15 dans le tour du monde en courant le plus rapide pour une femme.

01:18 Oui, c'est vrai, mais en même temps si vous regardez la population,

01:23 nous sommes sur 8 milliards d'individus,

01:25 il n'y a que 7 personnes au monde qui ont fait ce tour du monde en courant.

01:28 Donc maintenant, 2 femmes et 5 hommes.

01:30 Donc j'ai envie de dire, la prochaine femme qui a la volonté chevillée au corps

01:33 de se lancer dans l'aventure, fait tout à fait tenter d'avoir son propre record du monde.

01:37 C'est plus une inspiration, je pense que c'est juste pour montrer la voie,

01:40 pour dire que c'est possible, que c'est faisable,

01:43 mais j'aimerais bien que ce club s'agrandisse,

01:46 parce que c'est une aventure tellement fabuleuse,

01:47 je le raconte dans le livre parce que j'ai envie de le partager,

01:50 continuer à faire vivre cette aventure, ça vaut le coup.

01:52 Il n'y a pas besoin pour être aventurier, explorateur, pour partir dans ses rêves,

01:57 il n'y a pas besoin d'avoir des capacités physiques extraordinaires.

02:00 C'est surtout du mental en fait.

02:02 Exactement, l'expression est très galvaudée, très utilisée,

02:05 tout se joue au mental, mais dans ce type d'aventure,

02:08 qui est de l'endurance, ça se joue effectivement au mental.

02:12 France Bleu Normandie, il est 8h18, nous sommes avec Marie Léauté,

02:16 et elle a le monde sous ses pieds.

02:17 Dans ce livre, Marie Léauté vous confie un périple avec beaucoup de joie,

02:22 mais aussi des moments très difficiles, lesquels ?

02:25 Des moments très difficiles, en fait, ce que j'explique,

02:27 il n'était pas difficile en soi ce tour du monde,

02:29 parce que j'avais l'envie d'y aller tous les jours.

02:31 Mais effectivement, il y a des conditions difficiles qu'on rencontre.

02:33 On rencontre la canicule, on rencontre le grand froid,

02:36 des -10°, de la neige, des tempêtes, on rencontre ça naturellement,

02:39 vu que je suis tous les jours à courir en pleine nature.

02:43 On traverse aussi des montagnes, comme par exemple la Cordillère des Andes.

02:46 Pour moi, c'était mythique d'aller traverser ces montagnes,

02:48 et en même temps, quand on traverse la Mairie du Sud, on n'a pas le choix.

02:51 À un moment donné, il faut les grimper ces montagnes, effectivement.

02:53 On se retrouvait à courir un marathon du niveau de la mer

02:56 jusqu'à 4000 mètres d'altitude, et puis de continuer avec ces...

03:00 Tout ce qui a été difficile, finalement, a été magnifié

03:02 par le fait que l'expérience était extraordinaire.

03:05 Vous voyez, donc ce n'était pas l'élément difficile que je retiens.

03:08 Je me rends compte qu'il y a eu des moments où c'était...

03:10 - Vous n'avez jamais eu envie de craquer, de dire "ça suffit, je rentre, j'arrête", quoi ?

03:13 - Mais pour moi, ça n'avait même pas de sens, en fait, de se dire "j'arrête, je fais quoi ?

03:16 Je m'arrête sur le bord du trottoir et j'y vais, c'est fini."

03:19 Ça n'a pas de sens, parce que l'aventure, elle était tellement fabuleuse

03:22 et c'était tellement présent à mon esprit

03:24 que j'étais dans une aventure hors norme, extraordinaire, fabuleuse.

03:28 Jamais je me suis dit "en fait, ce voyage, non, c'est pourri,

03:30 tiens, je vais prendre l'avion, j'irai plus vite."

03:31 Non, non, moi, je voulais vraiment cette expérience-là,

03:33 donc jamais ça m'a lâché.

03:35 - On le voit sur la couverture de votre livre que je montre à la télévision,

03:38 vous êtes avec une poussette.

03:40 Alors c'est quand même une image assez particulière.

03:41 Est-ce que Paul nous la racontait un petit peu ?

03:43 Pourquoi vous aviez une poussette avec vous ?

03:44 - Quand je me suis préparée et que j'ai commencé les entraînements,

03:47 abominablement, on s'est posé la question de la logistique,

03:49 vu que j'y allais en solo.

03:50 J'avais personne à mes côtés pour me dire "tiens, moi aussi,

03:53 je vais abandonner mon boulot pendant deux ou trois ans,

03:55 et puis voilà, arrivera ce qui arrivera."

03:57 Donc je savais que j'allais y aller toute seule,

03:59 et la question s'est posée de savoir comment je transporte mes affaires, finalement.

04:02 Je n'avais pas besoin de grand-chose,

04:03 mais si je mettais tout dans un sac, ça faisait à peu près 12 kilos.

04:06 Et rapidement, je me suis dit "si j'ai un sac de 12 kilos sur le dos,

04:09 je cours à la blessure."

04:10 Et pour moi, blessure, c'est l'arrêt du périple. Donc c'était hors de question.

04:13 J'ai trouvé cette solution de la poussette,

04:15 qui finalement s'est avérée être ma meilleure alliée,

04:17 parce que, de facto,

04:19 la plupart des gens qui me voient s'imaginaient qu'il y avait un bébé dans cette poussette.

04:22 Et en fait, une femme avec un bébé, ça représente un tabou universel,

04:26 mais vraiment universel, sur tous les continents où j'ai couru.

04:29 Une forme de protection de la part des gens qui me voient,

04:31 de la bienveillance,

04:33 et je ne me suis jamais sentie être une proie ou une femme seule sur des routes un peu isolées.

04:37 Toujours j'ai ressenti que ce que ça générait chez les hanches,

04:39 c'était une envie de voir si je vais bien, si le bébé va bien,

04:43 est-ce que vous voulez de l'eau, voilà.

04:44 C'était ce genre de réaction.

04:45 - Et c'est toutes ces rencontres aussi que vous racontez dans ce livre.

04:48 Alors, ça fait un an que vous êtes rentrée, qu'est-ce que vous faites maintenant ?

04:50 - D'abord, j'ai passé beaucoup de mois,

04:53 j'ai consacré beaucoup de mois à l'écriture,

04:55 parce que je voulais vraiment l'écrire, et l'écrire bien.

04:57 Je voulais lui rendre justice à ce voyage que j'estime extraordinaire.

05:00 Et je voulais transmettre d'abord la passion,

05:02 et puis aussi la valeur d'aller dans le monde.

05:06 Parce que dans nos vies, qui sont essentiellement sédentaires,

05:08 on reçoit du monde l'image qu'on en reçoit par les médias,

05:11 par les livres, par ce qu'on nous dit aussi, par ce qu'on en voit.

05:14 Et ça a une vraie valeur d'y aller soi-même, pour voir.

05:18 Moi, j'ai vu un monde qui m'a époustouflée tous les jours.

05:21 Et je n'avais pas besoin d'être aux antipodes pour que ça m'époustouffe.

05:23 Même en traversant la France en courant du nord au sud,

05:26 d'est en ouest, etc.

05:28 J'ai adoré traverser cette France et je l'ai découverte.

05:31 Donc pour moi, cette année a été dédiée à ça,

05:34 à raconter le mieux que je pouvais, et à partager la passion.

05:37 - Et ce week-end, vous allez sûrement suivre le marathon de Rouen,

05:40 qui se court demain, qui est complet pour le 10 km.

05:43 Merci beaucoup Marie Léauté, auteure de « Je le remontre »

05:46 pour nos téléspectateurs, le monde sous mes pieds, aux éditions Calman-Lévis.

05:50 C'est notre conseil, France Bleu Normandie.

05:51 Vous serez en dédicace aussi cet après-midi à Rouen,

05:54 à la librairie L'Armitière, à 18h.

05:55 Merci d'être venue nous voir ce matin.

05:57 - Merci à vous.

05:58 - Marie Léauté à réécouter, à revoir sur francebleu.fr.

06:03 Il est 8h22.

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