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"La réindustrialisation de la France ne se fera pas sans l'immigration", affirme Roland Lescure
franceinfo
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12/09/2023
Le ministre délégué chargé de l'Industrie réagit sur franceinfo à la publication d'une tribune par des parlementaires de gauche en faveur, notamment, de la régularisation des sans-papiers dans les métiers en tension.
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- Bonsoir à vous, Roland Lescure. - Bonsoir.
00:02
- 35 députés et sénateurs de Renaissance au Parti Communiste qui publient ensemble cette tribune dans Libération
00:08
pour réclamer des mesures urgentes afin de régulariser les travailleurs sans papier. Est-ce que vous les approuvez ?
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- Oui, moi d'abord cette tribune je la soutiens comme citoyen parce que je pense que l'accueil, l'intégration par le travail,
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ça fait partie des valeurs qui ont fait la France. Mais surtout, en tant que ministre de l'Industrie,
00:25
je vais vous dire une chose, la réindustrialisation de la France dans les 10 ans qui viennent, elle ne se fera pas sans immigration.
00:31
Depuis un peu plus d'un an que j'ai été nommé ministre de l'Industrie, je passe ma vie dans les usines.
00:36
Je peux vous dire qu'aujourd'hui il y a un paquet d'usines en France qui tournent grâce à de la main-d'oeuvre étrangère.
00:42
La Banque Publique d'Investissement a fait une enquête. Il y a aujourd'hui un industriel sur deux qui recrute
00:48
et qui va recruter de la main-d'oeuvre étrangère. Pourquoi ? Parce que dans les 10 ans qui viennent,
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on va avoir besoin d'un million trois cent mille personnes dans l'industrie.
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Des ingénieurs, des soudeurs, des techniciens. Si on en a 600, 700, 800, peut-être même un million qui viennent de France,
01:02
très bien, il faut les former, il faut les qualifier. Il va sans doute falloir aller en chercher ailleurs aussi.
01:07
Vous nous dites ce soir, la réindustrialisation, elle passe par l'immigration. C'est indispensable.
01:13
Oui, ce n'est pas la seule condition.
01:15
Ça va faire débat.
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Non, mais il y a des enjeux de formation. On a encore 7% de chômage.
01:19
On a des quartiers dans lesquels les jeunes doivent sortir et à qui on doit donner envie d'industrie.
01:23
Parce qu'on n'est pas au plein emploi là.
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Ce n'est pas la formule magique, évidemment. Ce que je dis, c'est qu'aujourd'hui, déjà, et c'est ce que disent les signataires de la tribune,
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il y a un certain nombre d'activités qui tournent grâce à de la main-d'oeuvre étrangère.
01:34
Et donc, intégrer par le travail, reconnaître que des gens qui sont en France aujourd'hui font tourner la boutique, si je puis dire,
01:41
c'est une bonne chose. Et puis surtout, je dirais, essayer de passer du fantasme aux faits.
01:46
Est-ce qu'on peut essayer d'objectiver ce débat ?
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Les enjeux d'intégration sont énormes.
01:51
On a encore du chômage trop important dans les populations immigrées.
01:54
Mais on a des besoins.
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Et donc, quand j'entends ici ou là, des fantasmes s'exprimer de manière un peu politique, des caricatures se généraliser,
02:04
j'ai envie de dire, profitons du débat parlementaire pour objectiver tout ça.
02:08
Ayons des débats factuels, objectivés, sur le fait que les besoins sont là et qu'on peut y répondre en partie.
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En partie seulement par l'immigration sélective, économique.
02:18
Le Canada le fait depuis des années. L'Allemagne a dit qu'elle allait le faire.
02:22
- Elle en est revenue, hein ?
02:23
- Non, non. Le Canada ne fait que depuis des années. L'Allemagne va devoir le faire aussi.
02:27
Mais on n'est pas là pour ouvrir les portes en grand. On est là pour sélectionner.
02:30
- Vous êtes tous du même avis au sein du gouvernement ?
02:33
- Je pense qu'on a tous nos sensibilités. Vous savez, ça, ça ne m'étonnerait pas.
02:37
Mais je pense qu'on est tous convaincus.
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Le texte qui a été présenté au Sénat, il y a maintenant plusieurs mois, il avait exactement ces deux dimensions importantes.
02:45
Il faut être extrêmement ferme. Quand la France dit non, elle dit non.
02:49
Et donc sur le régalien, il faut être ferme.
02:51
Et quand la France dit oui, elle doit vraiment dire oui.
02:54
- C'est la formule de Gérald Darmanin, méchant avec les méchants, gentil avec les gentils.
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- Chacun sa formule. Moi je dis, il faut savoir dire oui et non.
03:00
Non de manière extrêmement ferme, mais oui de manière efficace.
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Il faut intégrer les gens qui nous aident à nous développer, à nous projeter vers l'avenir.
03:08
Il y en a beaucoup.
03:09
- Vous comprenez que cette tribune composée, je rappelle, de députés renaissance, modem, mais aussi, ça va,
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chez les écologistes, les socialistes, les communistes,
03:21
elle constitue peut-être une sorte de mise en garde qui ne dit pas son nom au ministre de l'Intérieur,
03:26
qui lui fait les yeux doux, ou du moins il semble faire les yeux doux aux républicains ces derniers temps,
03:31
eux qui disent que c'est une ligne rouge, ce volet du SOPT, de régularisation des travailleurs sans papier.
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Olivier Marlex l'a redit depuis Saint-Malo aujourd'hui.
03:41
Il y aurait une motion de censure si cet aspect-là des choses persiste dans la future loi.
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- Oui, je l'ai entendu parler de totem et de tabou.
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L'immigration, c'est un peu un tabou en France, et notamment sa composante économique.
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Moi j'ai l'habitude de dire que l'industrie française, elle n'a pas de couleur de maillot.
03:55
Quand je vais sauver une entreprise dans la Somme, dans le Nord, dans le Pas-de-Calais ou dans l'Aveyron,
04:02
que les députés soient écolos, communistes, LR, en général ils sont de mon côté.
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Parce qu'au fond, l'industrialisation, d'abord c'est une arme anticolère,
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donc j'ai noté que les Insoumis n'avaient pas signé cette tribune, j'allais dire ça ne m'étonne pas.
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C'est une arme qui donne de l'espoir, et donc il faut donner de l'espoir aux territoires qui depuis 25 ans sont désindustrialisés.
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L'industrie c'est une réponse à ça.
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Et que des députés communistes, Fabien Roussel, je peux vous dire que sur Val d'Une, on se parle beaucoup.
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Il met de la pression, c'est de bonne guerre, mais moi je cherche des solutions, et il m'aide à en trouver.
04:36
Donc on peut, je pense, créer véritablement un arc autour de l'industrie,
04:41
et effectivement, une partie des enjeux d'immigration, l'immigration par le travail, par l'effort, par l'intégration économique,
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elle fait partie je pense des solutions sur lesquelles on doit pouvoir se retrouver.
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- Quand le président de la République dit, je résume, le travail, moi je vous en trouve,
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parce qu'il y a des tas de gens qui n'ont pas de boulot, Roland Lescure,
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vous vous dites, on ouvre les portes de l'immigration pour remplir les futures usines.
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- Non mais on n'ouvre pas les portes, on sélectionne, on fait ce qu'on fait déjà,
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mais on le fait de manière à la fois, je dirais tranquille, calmons-nous un peu, et objective, et efficace.
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Aujourd'hui, vous le savez, il y a des restaurants qui ne tourneraient pas sans manœuvres étrangères,
05:16
il y a des usines qui ne tourneraient pas sans manœuvres étrangères.
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Faisons face à la réalité, ne créons pas trop de fantasmes,
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on n'ouvre en aucun cas les fenêtres en grand, on reste très sélectif.
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Au fond, c'est ce que disait Nicolas Sarkozy il y a 10 ans.
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- Oui, c'est l'exemple canadien. Je rappelle que vous avez...
05:33
- C'est l'immigration choisie, moi j'ai posé...
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- Vous avez dirigé un fonds de pension au Canada, Roland Lescure...
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- Un fonds de pension public, gouvernemental, ce n'était pas le grand capital.
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- Mais quand même, cette tribune est quand même marquée à gauche,
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et on ne sait pas où vous êtes, vous sur cet échiquier-là, en réalité,
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vous êtes dans l'homme de gauche ?
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- Alors, vous savez, moi j'ai... Bon, je viens de la gauche, c'est un secret pour personne,
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j'ai même grandi dans une famille très à gauche.
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Mais j'ai quitté un très beau job au Canada, une vie fantastique que j'avais
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pour rejoindre Emmanuel Macron, le "en même temps", le pragmatisme,
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notre capacité à dépasser les clivages, y compris sur des sujets difficiles.
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L'immigration, c'est un sujet difficile, sur lequel on se bat de manière parfois un peu caricaturale depuis 30 ans.
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Moi, je pense que c'est ça l'ADN de la Macronie.
06:15
Donc, si vous voulez, je vais vous donner une réponse.
06:17
Je suis macroniste, je l'étais en 2017, et je le suis toujours aujourd'hui, plus que jamais,
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parce que je pense que c'est la seule manière de faire avancer la France
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contre des extrêmes qui jouent beaucoup trop sur la colère et sur la peur.
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- Allez, le ministre délégué en charge de l'industrie, Roland Lescure,
06:33
vous soutenez donc cette tribune parue dans Libération.
06:35
Roland Lescure, merci d'avoir répondu aux questions de France Info ici-même.
06:39
- Merci à vous.
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