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  • 12/09/2023
Christophe Bouillon, maire de Barentin et président de l'Association des petites villes de France, sur le plan de rénovation des zones commerciales, dévoilé ce lundi par le gouvernement.

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00:00 8h15, le gouvernement a annoncé un plan pour rénover et moderniser entre 1500 et 1800 zones
00:08 commerciales. La France Moche, comme on la surnomme, 24 millions d'euros débloqués. On en parle avec
00:14 notre invité, le président de l'association des petites villes de France et maire de Barentin,
00:19 Marianne Nacké. Bonjour Christophe Bouillon. Bonjour. Votre zone commerciale de Barentin,
00:23 vous la trouvez moche ? Alors je trouve qu'elle a un peu vieilli, elle a fait son temps comme on
00:28 dit, mais elle a rendu de fiers services et elle continue à rendre de fiers services. On ne peut
00:32 que l'améliorer, il faut la moderniser, l'embellir et la transformer. Elle a été inaugurée en 1973,
00:37 vous pensez qu'elle a besoin de bénéficier du plan du gouvernement ? Oui, d'abord parce qu'elle
00:41 connaît de la vacance. Elle a été faite à une époque où c'était le tout voiture, où c'était
00:45 simple, on mettait des sortes de boîtes à chaussures métalliques au milieu d'une parcelle
00:49 et les gens venaient naturellement. Tout ça a changé, les consommateurs ont évolué, il faut
00:53 faire venir le vélo, il faut que ça soit simple en piéton, que ça soit agréable. Avant c'était la
00:58 grande sortie en région, on venait à la zone commerciale en famille le samedi parce qu'on
01:02 savait qu'on pouvait tout trouver autour de soi et puis c'était attrayant, attractif. Ça l'est
01:07 encore mais ça a besoin de se mettre au diapason des nouvelles habitudes des consommateurs. Donc
01:13 vous allez déposer votre candidature auprès de la préfecture pour être éligible à ce plan ? Oui
01:18 parce que c'est une des plus grosses zones de la région avec 224 enseignes, plus de 120 hectares,
01:24 2500 emplois, il y a de quoi faire mais en même temps il y a des signes d'inquiétude. On a eu des
01:29 grandes enseignes qui ont fermé récemment, il y en a d'autres qui arrivent bien évidemment mais
01:33 c'est pas suffisant. Il faut sans doute avoir aussi une offre de loisirs. Puis on a pris les
01:37 devants, on a fait pendant plus d'un an une grosse étude, un gros travail avec l'ensemble des acteurs,
01:43 les enseignes, les propriétaires. C'est important les propriétaires parce que sur 222 enseignes,
01:47 vous avez 149 propriétaires et vous pouvez rien faire sans eux donc on a besoin de les associer
01:52 dans la démarche de transformation. 224 enseignes, entre 18 et 20% de vacances, vous venez de le dire,
01:59 ça veut dire que c'est un modèle économique qui vacille ? Pas tant que ça parce qu'on a quand même
02:04 encore 72% des achats qui se font dans les zones commerciales. C'est-à-dire qu'ils ne sont pas
02:09 condamnés. D'ailleurs ce plan, c'est pas un plan de liquidation, c'est un plan de transformation,
02:15 c'est-à-dire qu'on cherche à rebondir. Mais encore une fois les consommateurs ont changé. Avant
02:19 c'était le seul moyen, la zone commerciale, de rencontrer physiquement des produits. Depuis
02:24 internet est arrivé et puis il y a des consommateurs qui ont changé. Le e-commerce, les consommateurs
02:29 ont changé leur habitude, il y a la seconde main. Vous savez en l'espace de deux ans en France,
02:33 il y a eu énormément d'enseignes qui ont disparu. Sainte-Marina, André, Pinky, la liste est longue,
02:39 c'est 1200 magasins en France qui ont fermé. Donc les habitudes ont changé, il faut en tenir compte
02:45 et puis de la même façon je pense qu'il faut faire en sorte, et là c'est un maire qui vous parle,
02:49 quand vous avez 120 hectares qui le soir à 19h30-20h s'est fermé, il faut faire en sorte
02:55 que ces morceaux de villes demain soient des quartiers de vie. France Bleu Normandie,
02:59 il est 8h18, nous sommes avec Christophe Bouillon, maire de Barentin, président de l'association
03:03 des petites villes de France. Alors justement, faire de ces quartiers des petites villes,
03:09 c'est une bonne idée parce que par exemple on a demandé aux habitants de Tourville-la-Rivière,
03:13 aux clients qui passaient par là, est-ce que vous viendriez habiter ici ? Et ils ont tout de suite
03:19 dit "oh non". Donc est-ce que vraiment c'est une bonne idée ? Le gouvernement veut justement
03:23 peut-être trouver du foncier, bâtir des logements ? - On n'a pas le choix. Pourquoi on n'a pas le choix ?
03:28 Vous savez on a tous aujourd'hui l'objectif du zéro artificiation net. Pour le faire simple,
03:32 le foncier va devenir rare, il ne faudra plus construire sur de la terre agricole. Il faudra
03:36 densifier et il faudra aller chercher là où il y a du terrain de libre. Et les zones commerciales
03:40 sont l'endroit idéal pour faire cela. D'ailleurs les grandes foncières des grands groupes,
03:46 celles d'Auchan, celles de Carrefour, Carmilla, Noud et etc, ils réfléchissent, regardent sérieusement
03:51 les choses. On a des parkings géants, eh bien il faut faire en sorte d'avoir de la mixité demain.
03:56 Un peu de logement, un peu d'équipement, de services. Il existe déjà dans des zones
04:00 commerciales des équipements. Celles de Barentas, vous avez un collège, vous avez un stade par
04:03 exemple. Mais demain on voudra aussi venir y chercher des services médicaux, pourquoi pas,
04:07 des services administratifs. Faire en sorte à ce que le soir, ça ne soit pas un endroit
04:11 complètement fermé. Bien sûr, ce n'est pas si simple que ça, parce que la réaction des habitants
04:16 est juste. Quand vous regardez les choses aujourd'hui, vous ne vous dites pas "je vais
04:19 faire construire un pavillon ou avoir un appartement au milieu d'un parking". C'est pour ça qu'il y a
04:24 besoin de transformer les choses pour en rendre beaucoup plus attractif. Mais vous savez,
04:27 quand vous regardez dans le nord de l'Europe, prenez par exemple la Hollande, on voit cette
04:31 mixité où vous avez du logement, de la zone commerciale et ça s'intègre parfaitement.
04:36 - Donc c'est possible. Est-ce que tout cela, on a entendu à quelques auditeurs ce matin l'évoquer,
04:40 cela ne va pas se faire au détriment des coeurs de ville, des petits commerçants ?
04:44 - Alors par exemple, on a des programmes "Petite ville de demain" ou "Action coeur de ville" et
04:49 ce n'est pas un hasard. Vous avez beaucoup de ces territoires, de ces communes qui sont investis
04:54 dans ces programmes, qui ont des zones commerciales. C'est-à-dire qu'il ne faut pas opposer les deux.
04:58 C'est vrai qu'à l'époque où se sont créées les zones commerciales, c'était le grand commerce.
05:03 - De quoi habitent vraiment ? Est-ce que les petits commerçants du centre-ville
05:06 n'ont pas déserté pour aller justement dans ces zones commerciales où ils étaient sûrs
05:10 de trouver des clients ? - Alors d'abord, ce n'est pas exactement
05:12 les mêmes clients. Vous savez, la zone d'Achalandise, la zone commerciale de Barentin,
05:17 c'est plus de 500 000 habitants. Le coeur de ville de Pavillie ou de Barentin, ce n'est pas
05:23 la même zone d'Achalandise. Ce n'est pas le même type de commerce. Mais les deux,
05:26 que ce soit la grande surface ou les petits commerces, connaissent aujourd'hui les mêmes
05:29 difficultés. C'est-à-dire la concurrence avec l'Internet, le fait aussi que les consommateurs
05:35 ont changé leur habitude. Je crois que ce qu'il faut, c'est un dynamisme au niveau de la zone
05:39 commerciale et un renforcement du cadre ville dans les centres-villes. Et ce n'est pas contradictoire.
05:44 Vous avez en effet beaucoup de communes qui cherchent plutôt à faire en sorte, à travers
05:50 des marchés, de l'animation, à dynamiser à la fois leur centre-ville et leur centre-bourg,
05:53 et en même temps à faire en sorte qu'on maintienne de l'emploi aussi dans la zone
05:57 commerciale. Je rappelle qu'il y a 2500 emplois par exemple sur la zone commerciale de Barentin.
06:01 Et le gouvernement avait déjà annoncé à l'automne dernier son intention de s'attaquer
06:04 aux entrées de villes avec un plan doté de 5 milliards d'euros. Merci beaucoup Christophe
06:08 Bouillon, président de l'association des petites villes de France.

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