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Alice Renard - Nouvelles têtes
France Inter
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07/09/2023
Retrouvez Nouvelles têtes présenté par Mathilde Serrell sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/nouvelles-tetes
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News
Transcription
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matin le coup de génie de cette rentrée littéraire !
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Si elle était un rire, ce serait celui de Mozart dans le film « Amadeus » de Miloš Forman.
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Un mélange de légèreté et de puissance qui défie les normes puis s'envole dans
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une hilarité d'enfant.
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On l'a diagnostiqué surdoué, à 6 ans aujourd'hui on dirait HPI mais on ne tomberait pas forcément
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plus juste.
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Est-ce que comme Isor, l'héroïne de son premier roman, elle sent que ce qui l'entoure
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est trop étroit pour accueillir ce qui la brûle elle ?
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Si elle avait été un cri, ça aurait été un rugissement.
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Sa première vocation, être dresseuse de fauves.
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Et ce au moins jusqu'en troisième avant de vouloir inventer, je cite, « la machine
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à aller au fond des êtres ».
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C'est l'univers de Zao Desagazan, sa tristesse qui éclate, sa symphonie des éclairs auxquels
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on pense quand on tombe sidéré sur les pages de cette nouvelle voie de la littérature.
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A 21 ans seulement, elle publie un bolide littéraire affranchi des stéréotypes d'âge
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ou de sexe, d'une poésie furieuse, d'une maîtrise bluffante, la colère et l'envie.
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Aux éditions Héloïse Dormesan, Alice Renard, bonjour.
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- Bonjour.
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- Et bravo, ça vous va, vous êtes reconnue ?
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- Ah oui, tout à fait.
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Je vous remercie beaucoup pour ce portrait sonore, tout très fidèle.
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- Qu'est-ce qui vous ressemblait le plus ?
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- Le rire de Mozart.
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J'étais très très heureuse de l'entendre.
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- Et le moins ?
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- Le silence.
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- Hier soir, vous faisiez la rentrée de la Grande Librairie sur France 5 avec Salman
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Rushdie et Amélie Nothomb, normal, à 21 ans.
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Vous êtes propulsée dans cette rentrée littéraire, comment vous le vivez ?
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- Tout à l'heure, justement, vous avez dit que c'était un roman affranchi des catégories
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d'âge.
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- Et là, je fais du jeunisme en me posant la question.
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- Exactement.
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- J'estime que je suis née vieille et que du coup, c'est tout à fait normal tout ce
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qui m'arrive.
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Je plaisante.
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- Question programme télé, vous êtes plutôt drag race d'habitude que la Grande Librairie.
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- Tout à fait.
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- Qu'est-ce qui vous inspire, Keyona, la grande gagnante ?
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- Je trouve que mon roman parle beaucoup de la désassignation des identités et des catégories.
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Aujourd'hui, le domaine où cet élan de désassignation est le plus fort, je trouve que c'est les
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genres.
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C'est eux qui arrivent à faire de cette désassignation une fête.
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Il n'y a pas de gens qui se réunissent pour faire fête de se désassigner de leur âge.
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Il y a des gens qui font des fêtes et des émissions incroyables avec plein de paillettes
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pour se désassigner du genre et se drag race.
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- La colère et l'envie.
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Et c'est dans ce sens-là.
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Pas l'envie et la colère, peut-être qu'on dirait un mot.
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C'est un livre vraiment phénoménal, construit en trois parties.
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Les voix, ou plutôt les pensées, en alternance du père et de la mère d'Isor, petite fille
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mutique qui ne s'exprime que dans des langues fantômes.
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Puis la voix du vieux voisin avec qui elle s'apprivoise.
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Et enfin la voix d'Isor, à travers les lettres qu'elle adresse à ses parents lorsqu'elle
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fugue à 17 ans.
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Qu'elle s'est mise à la table du soleil, comme elle dit, pour rencontrer les hommes
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et les femmes qui ont du turquoise plein les poumons.
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C'est dingue.
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Comment elles sont nées chez vous, ces voix ?
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- La voix d'Isor, je l'ai entendue vraiment au sens où on entend une voix.
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J'ai l'impression qu'elle était là devant moi et qu'elle parlait.
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Enfin, non pas qu'elle parlait, mais qu'elle agissait jusqu'à ce qu'elle parle.
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Et que moi j'étais juste un secrétaire qui était là pour noter ses faits et gestes
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et que c'était ça mon rôle.
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- Mais il n'y a pas que la voix d'Isor, il y a celle du père et de la mère.
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Ce père qui se demande bien ce que cette petite fille a de lui.
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Cette mère qui adore aller récupérer tout ce qu'elle a dans ses tresses parce qu'elle
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fugue déjà la nuit et qu'il faut au matin récupérer des petits branchages de ses évasions
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en fait.
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Ces voix là, elles sont venues comment ? Est-ce que c'est le regard de vos parents sur vous ?
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Est-ce que c'est ce que vous observez dans les yeux des autres ?
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- Les personnages des parents ne sont pas mes parents, mais c'est vrai qu'ils sont
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là pour représenter la manière dont Isor, ce personnage qui est en feu et qui est hors
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des catégories peut être vu et incompris.
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- Et sa voix, elle a peut-être aussi quelque chose de vous.
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On fonce à Bercy comme Isor, dans ce quartier plein de trains qui donne envie de partir.
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Vous vous êtes aussi diagnostiquée, je le disais, surdouée quand vous avez 6 ans.
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Qu'est-ce qu'elle a de vous ?
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- Isor c'est comme une version de moi poussée à l'extrême qui m'a permis de faire une
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catharsis.
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C'est aussi une manière de créer une version enchantée de moi parce que j'ai du mal toute
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seule à créer cette magie, mais j'en ai besoin.
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Et de créer cet avatar qui est magique, c'est une manière de l'inviter dans ma vie, à
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prendre possession de mon corps et à me permettre, depuis qu'elle est là, je me demande toujours
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mais qu'est-ce qu'elle ferait Isor à France Inter ?
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- Elle ferait quoi alors ?
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- Je n'ai pas encore toutes les réponses.
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- Les pièces ne ressemblent plus à ce qu'elles étaient quand elles entrent quelque part.
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Mais vous la voix littéraire, elle vient quand et comment Alice ?
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- Vous voulez dire l'envie d'écrire ?
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- Oui, c'est autre chose de l'écrire.
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- L'envie d'écrire est venue dès que j'ai écrit ma première ligne il y a 7 ans.
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J'ai compris que c'était à ça que je voulais aller.
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- Il y a 7 ans, c'est-à-dire quand vous aviez 14 ans ?
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- Exactement.
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Avant ça, je ne savais pas à quoi appliquer mon intelligence.
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Là, j'ai compris que c'était à ça que je voulais consacrer toute mon énergie.
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- Dans le livre, à travers le personnage du voisin Lucien, vous vous mettez dans la
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peau d'un septuagénaire, puis octogénaire avec les rituels pour tendre des ponts au-dessus
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du vide des journées, des pensées qui s'embrouillent, le regret qu'à nos âges tout devienne vicieux,
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ridicule, interdit.
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Je sais qu'on vous le demande souvent mais vous êtes vieille depuis longtemps dites-vous.
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Comment est-ce qu'on habite un vieil homme ?
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- Je pense que j'ai eu très souvent dans mes autres vies 70 ans et que je m'en souviens
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assez bien.
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C'est pour ça que je peux en parler.
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- Rien de plus simple.
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- C'est mieux que 20 ans, 70 ans ?
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- Les deux en même temps c'est bien.
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- Les deux en même temps c'est bien, oui.
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- C'est la vie d'Alice Renard.
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C'est sujet libre maintenant.
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Vous avez l'antenne pour vous.
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Vous avez écrit un poème, un poème que le personnage d'Isor aurait pu déclamer à
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Lucien.
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- Tout à fait.
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- Te souviens-tu de l'avenir qui rôdait dans la blessure du soir, dans cette ruelle
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d'où l'on voyait la ville pataugée de chaleur ? Le sang de nos fêlures s'écoulait de
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si haut sur ce monde si vaste, empierré et savant de ces jours sans paupières.
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Que nous nous sommes trouvés et la musique qui s'écroulait sur ton torse plat d'homme
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et les destins que l'on a buts à pleine goulée de tendresse comme des pactes secrets, l'ivresse
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aux lèvres de l'oreille, aux lèvres de l'été comme des pendants d'oreilles.
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Le juin de Paris encore, le juin qui piétine d'avant l'avenir, juste avant que tout commence
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et toi qui chantes pour me consoler.
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Te souviens-tu que tu m'as dit alors je rêve d'une joie qui me féconde et je te germe
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dans la nuit profonde où les étoiles sont autant d'aube qui nous rajeunissent.
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- Merci Alice Renard.
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La colère et l'envie publiées aux éditions Héloïse d'Ormesson.
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Bonne Roupe, vous avez déjà reçu le Prix Médius 2023.
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