Retrouvez "Pascal Praud et vous" sur : http://www.europe1.fr/emissions/pascal-praud-et-vous
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00:00 Ce que je trouve sidérant c'est le chiffre.
00:02 6 millions. Alors je ne sais pas d'où vient ce chiffre, comment est-il évalué ?
00:07 J'imagine il n'y a pas 6 millions de témoignages.
00:10 6 millions c'est un français sur...
00:14 c'est 10 % des français.
00:16 - Ça ferait environ un français sur 10 alors pour ces chiffres.
00:19 Alors non, à la civise on n'a pas reçu 6 millions de témoignages, on en a reçu énormément. On a été même à un moment complètement
00:25 submergé par tous ces témoignages qu'on a reçus. C'est des chiffres qui s'appuient un petit peu sur des évaluations notamment qui sont faites par l'Union
00:32 européenne sur des évaluations de victimologie,
00:34 notamment le travail de Muriel Salmona qui elle aussi fait partie de la civise.
00:37 Mais je pense même qu'avec ce chiffre on est en dessous de la réalité.
00:41 C'est effectivement un chiffre sidérant parce qu'on a l'impression que dès qu'on commence un petit peu à parler de cette problématique là, on aura
00:48 toujours quelqu'un autour de nous, plus ou moins proche de notre famille, qui va nous dire "moi aussi,
00:53 moi aussi il m'est arrivé ça, moi aussi on m'a fait ça" et je pense que ce chiffre est sidérant et tant mieux qu'il soit sidérant
01:01 parce que justement il doit entraîner une prise de conscience.
01:03 - Deux, trois choses. D'abord je voudrais savoir c'est toujours un homme ou le plus souvent un homme sur une
01:12 jeune femme ou une jeune fille ?
01:14 - C'est majoritairement un homme. Je crois qu'on est dans un chiffre environ 95-98% des agresseurs qui sont des hommes.
01:22 - Et les agressés sont à 80 ou 90% des jeunes femmes ?
01:25 - Alors ça dépend de l'âge. Plus
01:28 la victime sera jeune et plus on aura tendance à avoir une sorte d'équilibre entre garçons et filles qui sont victimes.
01:34 Et effectivement après
01:36 la victime grandissant, là on se rapproche d'une grande grande majorité de victimes qui sont des jeunes filles.
01:42 - Alors vous-même, et vous êtes membre de cette commission indépendante sur l'inceste et les violences, vous êtes président de l'association
01:49 "Les Papillons" et vous avez été violé par votre grand frère
01:53 qui avait dix ans de plus que vous.
01:56 - Moi j'ai été violé de l'âge de six ans à l'âge de neuf ans et mon frère avait dix ans de plus que moi.
02:04 - Alors ça nous paraît toujours invraisemblable.
02:08 Pourquoi ? Parce qu'on se dit que faisaient vos parents ?
02:11 - Alors ça paraît d'autant plus invraisemblable que moi, contrairement à Natacha,
02:18 qui vient de s'exprimer, lorsque j'ai libéré ma parole, ma mère
02:21 m'a dit qu'elle me croyait parce qu'elle s'en était toujours doutée.
02:25 Et j'avoue que pour moi ça a été un deuxième traumatisme, j'étais en pleine libération de ma parole et ça a complètement bloqué ma libération
02:32 de ma parole, de me dire "mais c'est pas possible, comment ma mère,
02:34 qui est censée me protéger, elle a pu laisser faire alors qu'elle s'en doutait ?" Mes parents, je dirais que d'une façon générale,
02:40 l'inceste ça se passe de l'autre côté de la porte, de l'autre côté de la porte de la chambre, de l'autre côté de la porte de la salle de bain.
02:46 Et dans une famille, je dirais à peu près normale, on pense pas qu'il puisse se passer ça derrière cette porte là.
02:52 Après,
02:54 les enfants, la plupart du temps, soit parlent, soit envoient des signaux et il faut être en capacité de les détecter.
02:59 - En même temps que vous parlez, je ne sais pas si vous viviez dans une maison, dans un appartement, mais
03:05 il y a des choses qu'on entend, il y a une proximité, des gens qui vivent ensemble.
03:09 Donc comment, pendant trois ans, vous étiez combien de frères et sœurs ?
03:14 - Il y avait deux garçons et trois filles et il y avait déjà une sœur qui était partie de la maison.
03:20 - Donc vous étiez cinq ?
03:22 - Oui, la problématique c'est que nous on était en bas avec mon frère dans la même chambre.
03:25 Et mes parents et mes autres sœurs étaient en haut.
03:30 - Et ça se passait la nuit ?
03:33 - Alors ça se passait quand mon frère revenait d'internat, puisqu'il était en internat dans le sud de la France.
03:38 Nous on était dans le centre de la France.
03:40 Et ça se passait à chaque vacances, puisque finalement on dormait dans le même lit.
03:44 Et donc ça se passait à chaque vacances, à chaque fois qu'il revenait de son internat.
03:48 Et ça s'est arrêté quand ma mère, une de mes sœurs, est partie de la maison.
03:52 Et que ma mère m'a donné ma propre chambre et qu'elle était à l'étage.
03:56 Et là mon frère, c'était trop problématique pour lui de passer de en bas à en haut sans pouvoir justifier sa venue dans ma chambre.