Parlons Vrai chez Bourdin avec le Dr. Frédéric Kochman, pédopsychiatre à Lille.
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04:26 - D'interroger l'enfant et d'interroger aussi ceux qui vivent avec lui plusieurs heures par semaine,
04:31 en particulier les instituteurs, ça peut être d'autres personnes de la famille, d'autres proches, la nounou, etc.
04:38 qui souvent vont avoir un regard qui est plus sensible que celui des parents.
04:41 Tout se passe comme si, en tant que parents, on avait beaucoup de mal à percevoir que notre enfant a changé,
04:47 s'est transformé ou est en souffrance psychique.
04:50 - Quels moyens faut-il déployer pour prendre en charge ces souffrances psychiques des enfants ?
04:57 - Alors, les moyens déployés sont énormes et là, on a un énorme problème dans notre pays.
05:02 Vous savez que vous parlez à l'un des 600 pédopsychiatres survivants en France, pour 20 millions de jeunes.
05:10 Vous vous rendez compte ? On est très, très, très insuffisant.
05:13 Aujourd'hui, si vous voulez prendre un rendez-vous, par exemple, pour une de vos proches qui aurait des idées suicidaires aujourd'hui,
05:18 dans un centre médico-psychologique, vous allez avoir un an d'attente.
05:21 C'est le temps d'attente national dans un centre médico-psychologique aujourd'hui en France.
05:26 - Mais pourquoi, Dr Kochman ? Pourquoi ?
05:29 - Parce que ça fait juste 40 ans qu'on le dit et qu'on le crie haut et fort,
05:34 et on voit la catastrophe aujourd'hui de santé publique, le nombre de médecins qui ont baissé.
05:40 Vous voyez, la moyenne d'âge des pédopsychiatres que je suis, c'est 62 ans.
05:43 Autrement dit, on va encore plus vers la catastrophe.
05:45 Dans les 5 à 10 ans qui viennent, les trois quarts des pédopsychiatres seront à la retraite,
05:49 et on n'a pas assez de jeunes pour nous remplacer.
05:52 - Oui. Rien à voir les moyens alloués à la pédopsychiatrie ou à la psychiatrie.
05:58 Non, rien à voir, par exemple, avec les moyens alloués au cancer ou aux maladies cardiovasculaires.
06:04 - Rien à voir, alors que la souffrance est terrible, que, par exemple, chez les jeunes de moins de 15 ans,
06:10 il y a 1 000 jeunes qui vont mourir cette année de suicide, et sûrement plus.
06:15 Il s'agit... La naurégie est une maladie mortelle potentiellement aussi.
06:18 Donc il s'agit de troubles graves qui ont un impact absolument majeur sur la vie sociale, scolaire, familiale, personnelle des jeunes,
06:26 et on n'a pas du tout suffisamment les moyens en France.
06:28 - Oui. Quel conseil, maintenant, donneriez-vous aux parents ?
06:32 D'abord, d'être attentif, évidemment, sur le comportement de l'enfant,
06:37 mais que faut-il regarder, observer ?
06:41 - Alors, il faut rechercher des changements brutaux de comportement, d'alimentation.
06:48 Un enfant qui se met, par exemple, à devenir très irritable, à s'isoler des autres, à refuser d'aller en classe,
06:57 quelque chose qui change et qui est une rupture brutale par rapport à son fonctionnement antérieur,
07:01 que ce soit dans son comportement, dans sa façon d'être, il s'isole complètement dans sa chambre, par exemple.
07:07 Et donc, pour les parents, il faut pouvoir poser les bonnes questions et dire comment ça va dans ta vie actuellement.
07:13 Est-ce qu'il y a des personnes autour de toi qui te font du mal ?
07:17 Il va falloir rechercher des dangers autour d'un enfant, et en particulier, on sait les dangers aujourd'hui qui peuvent être dans l'environnement scolaire.
07:23 Un enfant sur dix souffre de harcèlement scolaire grave, par exemple.
07:26 - Les écrans, Dr Kochman ?
07:29 - Les écrans peuvent être une partie du problème lorsque ces écrans sont envahissants,
07:35 lorsque le jeune passe des heures et des heures par jour devant un écran.
07:38 Par exemple, l'été arrivant, il serait effectivement tout à fait anormal qu'un enfant passe des heures dans la pénombre
07:45 plutôt que d'être dehors au skate park avec ses copains.
07:48 Donc les écrans peuvent être une bonne chose à partir du moment où ils sont consommés avec modération.
07:52 Et comme toute substance addictive, il s'agit de les garder avec modération.
07:56 - La santé psychique des écoliers, finalement, n'est jamais ou très rarement observée dans le cadre scolaire.
08:08 - Oui, parce que dans notre fonctionnement scolaire, par exemple, la prise en charge du psychisme, de la souffrance psychique,
08:17 n'a jamais été une priorité en santé publique depuis des générations.
08:21 Contrairement, par exemple, aux pays anglo-saxons, vous savez par exemple qu'aux États-Unis, prenons cet exemple,
08:25 il y a des centres médico-psychologiques qui sont parties intégrantes des écoles et on y va comme on va en cours.
08:34 Donc on n'a pas du tout pris en compte cet état de souffrance psychique.
08:38 Mais vous savez, il faudrait un grenelle de la pédo-psychiatrie en France et de la psychiatrie tout court.
08:42 Les centres médico-psychologiques, qui sont 90% des lieux de consultation, ont été créés en post-68, en post-mai 68.
08:49 Il s'agissait d'une façon de gérer la psy à l'époque qui n'a plus rien à voir avec la psy 2023.
08:55 Donc il faudrait remettre tout à plat et refonder complètement une stratégie nouvelle de santé psychique pour nos jeunes et donc l'avenir de notre pays.
09:03 Merci Dr Kochman, merci pédo-psychiatre à Lille. Merci beaucoup, c'était passionnant, 12h15.