Les 4 vérités - François Gemenne
  • il y a 10 mois
Thomas Sotto reçoit François Gemenne, chercheur, membre du GIEC sur le plateau des 4 vérités. 


La France est-elle toujours un pays au climat tempéré ? Avec le réchauffement climatique et les nombreux phénomènes météorologiques extrêmes que rencontre notre pays depuis quelques années, on est loin du compte. « Ça va devenir un pays au climat méditerranéen et surtout un pays au climat de plus en plus instable. Avec une augmentation des phénomènes extrêmes, une augmentation de leur fréquence, mais aussi de leur intensité. Ça va bien entendu jouer sur les sinistres couverts par les assurances. Tout ça va avoir un gros coût économique et affecter de nombreuses activités agricoles et économiques », a prévenu François Gemenne. Épisodes de sécheresse, nappes phréatiques à sec, chaleur étouffante, orages extrêmes, tous ces phénomènes sont désormais « structurels » sans « retour à la normale ».


Des séismes liés au réchauffement climatique ?


Vendredi 16 juin, un tremblement de terre d'une magnitude de 5,8 sur l'échelle de Richter a été ressenti dans les Deux-Sèvres. Et une réplique sismique d'une magnitude de 5 a été ressentie la nuit suivante, aux alentours de 4h30. De Bordeaux à Rennes en passant par Limoges, bon nombre d'habitants ont senti la terre trembler. Ce phénomène rare peut-il avoir un lien avec ce dérèglement climatique ? « On pensait que non. Il y a de nouvelles études expérimentales qui donnent à penser qu’il pourrait finalement y avoir un lien, mais aussi avec les pompages que l’on fait de façons souterraines. Ça reste à confirmer, mais c’est intéressant de voir que les phénomènes climatiques pourraient avoir un impact avec les phénomènes géophysiques ».


L’ONU s’alarme


« La réponse du monde est pitoyable », s’est alarmée l’ONU. Comme le précise Thomas Sotto, certains pays semblent ne pas réellement jouer le jeu dans la lutte contre le réchauffement climatique, notamment l’Arabie saoudite ou quelques « petits États pétroliers », précise notre invité. Le but étant le suivant : faire preuve d’ambition et engager des transformations structurelles dont on a besoin. Comme l’indique François Gemenne, il faudrait, pour atteindre les objectifs l’Accord de Paris, que les émissions de gaz à effet de serre baissent de 6 % par an. « Aujourd’hui, elles sont toujours en train d’augmenter de 1 % par an. Tous les pays sont dans la même situation, simplement, nous ne sommes pas encore dans la dimension requise », a-t-il indiqué. Mais, quid de la place de l’industrie pour tenter de nous sortir de ce problème ? « Les technologies ne peuvent pas être un prétexte pour ne pas nous poser des questions quant à la manière dont l’économie et nos sociétés sont organisées ». Bien évidemment, le besoin de pétrole et de gaz sera présent dans les prochaines années. « Il faut couper le robinet progressivement. Tant que l'on investira dans les énergies fossiles, on n’en sortira pas. Or, il faut en sortir ». La situation actuelle provoque de vives oppositions, notamment entre ceux qui veulent promouvoir de grands projets d’infrastructures et ceux qui vont s’inquiéter de l’impact immédiat, en termes de biodiversité. C’est le cas avec la ligne Lyon-Turin. Pour François Gemenne, l’enjeu est « aussi de décarboner la route ». Mais, à quel moment la situation va-t-elle devenir irréversible ? Selon notre expert, « d’ici 30 ans, des zones de la planète seront inhabitables ». Mais, il rassure : la France sera nettement moins touchée que les pays du sud. « Ce qu’il faut aujourd’hui, c’est éteindre l’incendie et aider les pompiers », a-t-il conclu.