DIMANCHE EN POLITIQUE France Bleu Roussillon France 3 Pays Catalan

  • l’année dernière
Nicolas Garcia , vice président du CD 66 et président du syndicat des nappes du Roussillon

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00:00 Bonjour et bienvenue dans les studios de France Bleu Roussillon.
00:02 Bonjour à tous, bienvenue sur l'antenne de France 3 Pays Catalan.
00:06 C'est une première, toutes nos équipes techniques se sont mobilisées pour vous proposer
00:10 cette offre supplémentaire à vous auditeurs et téléspectateurs.
00:13 Et c'est l'heure du grand entretien avec Nicolas Garcia, vice-président du département
00:17 des Pyrénées-Orientales en charge de l'eau et président du syndicat des nappes du Roussillon.
00:21 Bonjour Nicolas Garcia.
00:22 Bonjour.
00:23 Alors même si quelques orages et des pluies sont tombés ces derniers jours, il n'est
00:27 pas tombé de pluie significative depuis plus d'un an.
00:30 Le département des Pyrénées-Orientales est le département le plus sec de France.
00:35 Comment s'annonce cet été ? Comment partager l'eau ? C'est l'enjeu du moment.
00:39 Un arrêté de crise a été pris le 10 mai dernier.
00:40 Il vient d'être prolongé jusqu'à fin juillet.
00:43 C'est le plus haut niveau d'alerte en France.
00:45 Concrètement, pas d'arrosage ou un arrosage limité.
00:48 Pas de remplissage des piscines individuelles, pas de lavage des véhicules.
00:51 Alors Nicolas Garcia, quelle est la situation actuellement ? Est-elle aussi préoccupante
00:56 qu'il y a deux mois ?
00:57 Le mois de juin nous a fait beaucoup de bien.
01:00 Des pluies en Cerdagne, un petit peu dans le Val-Espire, dont le barrage de Vinsa qui
01:05 alimente la vallée de la Tête est plein.
01:07 Il est transparent, c'est-à-dire il rentre 15 m3/s, il sort 15 m3/s.
01:12 Le double des besoins à peu près aujourd'hui.
01:15 Sur la vallée de la Tête, les nappes quaternaires superficielles s'arrosant parce que les canaux
01:21 sont pleins.
01:22 La situation est bien différente et assez dramatique dans la glie, notamment pour le
01:27 monde agricole et aussi pour l'eau potable.
01:29 Les communes comme Espira de la glie qui n'ont que 50 jours d'avance d'eau potable par exemple,
01:35 aujourd'hui s'il ne peut pas plus.
01:36 Sur le Thèque, il n'y a pas de barrage, donc c'est plus compliqué.
01:40 L'eau descend rapidement vers la mer, il passe à Elne à peu près 5-6 m3/s.
01:47 Donc malgré tout, ça s'est aussi un petit peu amélioré, mais il n'a pas plus dans
01:53 la plaine.
01:54 Et donc les nappes sont dans un état critique, mis à part celle de la Tête, sont dans un
01:58 état critique, surtout les nappes quaternaires qui sont beaucoup sollicitées.
02:03 Et là, on pompe beaucoup plus dans le Pliocène qui est une nappe profonde qu'il faut protéger,
02:10 sauvegarder pour deux raisons principales, pour les générations futures et aussi pour
02:14 maintenir le biseau salé à distance, notamment dans la zone côtière d'Argelès.
02:20 Et donc il ne faut pas baisser la garde, parce qu'on a besoin d'arriver jusqu'à la fin
02:26 de l'été, jusqu'à peu près fin octobre, mi-octobre pour continuer d'arroser.
02:32 On sait que les bouillouses sont pleines et qu'elles pourront prendre le relais, mais
02:36 voyez l'eau que nous avons aujourd'hui, elle a ça, au 15-20 août il y en a plus,
02:40 il n'y a pas les bouillouses.
02:41 Donc il faut que je crois qu'on continue à être parcimonieux, qu'on continue...
02:46 - Est-ce qu'on pourra remplir par exemple le lac de Villeneuve de la Rao dans les prochains jours ?
02:50 - Et donc l'inquiétude, j'allais terminer là-dessus, aujourd'hui la Rao ne se remplit pas,
02:56 il se vide, il sort 200 litres/seconde, il rentre 130 litres, on a rentré en une semaine
03:02 80 000 m3, c'est à peu près l'évaporation.
03:05 On aurait pu rentrer un million de m3 en une semaine, ce qui nous aurait fait beaucoup
03:09 de bien parce qu'au-delà de la réserve d'eau il y a les cyanobactéries, quand l'eau baisse,
03:14 donc la qualité de l'eau, chaque fois que le niveau baisse, la qualité est impactée,
03:18 que ce soit dans les nappes, ou dans les fleuves, ou à la Rao.
03:21 - Comment expliquer Nicolas Garcia justement que le lac de Villeneuve ne connaisse pas
03:25 la même embellie que l'ac de Vinsa dont il dépend avec les canaux ?
03:30 - Aujourd'hui si on avait l'adducteur qu'on est en train d'étudier et qui était prévu
03:35 par les concepteurs, on rentrerait 2 m3/seconde de manière tout à fait indépendante.
03:43 Donc on aurait un million de m3 en une semaine.
03:46 Pourquoi il ne se remplit pas ? Parce qu'il se remplit par un canal qui prend sa source
03:50 AI sur tête, sur ce canal il y a bien sûr des gens qui prélèvent en toute légalité,
03:57 c'est prévu, le monde agricole, etc.
03:59 Quelques prélèvements qui ne sont pas autorisés chez les particuliers, et il y a un accord
04:04 qui a été esquillé, mais avec Perpignan, et donc nous avons...
04:09 C'est Perpignan qui a la vanne un petit peu, et donc c'est pas simple.
04:13 Il y a aussi le fait que la priorité donnée aux canaux...
04:16 - Quand vous dites "c'est Perpignan qui a la vanne et c'est pas simple", ça veut dire
04:18 quoi ? Vous n'arrivez pas à vous entendre ?
04:19 - C'est pas simple de s'entendre, oui effectivement on discute, il y a des réunions qui vont être
04:24 provoquées je pense par monsieur le préfet, mais je crois qu'il faut qu'on passe au stade,
04:28 en attendant d'avoir l'adducteur, il faut qu'on passe au stade de la priorité.
04:32 Il y a beaucoup d'agriculteurs qui arrosent sur l'Arao, et s'il y a beaucoup de prise
04:38 d'eau et qu'il y a beaucoup d'évaporation, on risque d'avoir des problèmes de cyanobactéries.
04:42 En quantité on y est pas, on passerait, mais s'il y a des cyanobactéries on passera pas.
04:46 Donc c'est compliqué.
04:48 Bon, ce canal, il est esquillé, mais il alimente la vallée du Teck.
04:54 Il est pris sur la tête et il alimente la vallée du Teck, et donc les canaux de la
04:59 tête sont prioritaires, ce qui est tout à fait logique.
05:01 Aujourd'hui il y a de l'eau pour tout le monde, et il y a de l'eau dans le canal.
05:04 Et donc voilà, à un moment donné il va falloir que, j'ai envie de dire une autorité un
05:09 peu supérieure, mettre les gens autour de la table et que l'on puisse discuter quoi.
05:13 - Alors il y a des activités économiques autour de ce lac de Vignoves de l'Arao, il
05:17 y a un camping, il y a des paillottes, beaucoup de gens se demandent s'ils pourront s'y
05:20 baigner, ils pourront s'y baigner quand même ?
05:21 - Le 17 juin, c'est-à-dire samedi, la baignade est ouverte.
05:24 Elle est surveillée tous les jours par l'ARS et le département pour les cyanobactéries.
05:28 - Dans le cas d'incendie, les pompiers pourront écoper dans le lac ?
05:32 - Alors aujourd'hui le lac est bas, le grand lac est bas.
05:36 On va dire que plus il y a d'eau, moins c'est dangereux pour écoper et pour les canadiens.
05:43 Donc je pense que ce n'est pas les mêmes conditions qu'à Vinsa, il fallait qu'à
05:48 Vinsa il y ait une cote précise, la cote de 165, mais là je pense qu'ils pourront
05:52 le faire, mais c'est très compliqué.
05:54 - Alors on a compris dans le tableau que vous nous avez dressé en tout début de cette
05:57 émission qu'on n'était pas encore sortis de l'auberge.
06:00 Pour parler trivialement, est-ce qu'on peut craindre cet été des coupures d'eau aux
06:04 robinets chez nous, dans les Pyrénées-Orientales ?
06:06 - Alors très peu de gens peuvent affirmer ça.
06:11 On ne va pas manquer d'eau, parce qu'on a un pliocène qui est ce qu'il est.
06:16 Le problème du pliocène, c'est que la quantité, on peut assurer à peu près la quantité
06:20 dont on a besoin, mais c'est le niveau de pression qu'on ne sait pas maîtriser et
06:24 c'est le niveau de pression qui maintient aujourd'hui le biseau salé à distance.
06:28 Donc on ne va pas manquer d'eau.
06:30 Sauf que quand on pompe, je vais essayer d'être le plus simple possible pour les auditeurs
06:38 et les téléspectateurs, quand on pompe sur la rivière ou sur le quaternaire, on a le
06:44 pliocène en réserve.
06:45 On peut avoir une quantité, on sollicite beaucoup les machines, les outils, les tuyaux, il y
06:50 a des casques.
06:51 On a une casque sur le quaternaire, on a une casque sur la rivière, on se replie sur le
06:55 pliocène.
06:56 Quand on n'utilise plus que le pliocène, on n'a plus de ressources.
06:59 Donc si on a une casque sur une pompe ou une casque sur une grosse canard, ce qui arrive
07:05 fréquemment sur le pliocène, on peut rester coupé demi-journée.
07:09 Le temps de la réparation peut rester coupé, mais ce n'est pas un manque d'eau.
07:13 Alors il y a des communes, il y en a 26 sous surveillance, il y a des communes qu'on ne
07:18 cite pas pour ne pas les stigmatiser, mais il y a quelques communes qui ont des soucis,
07:23 il y a quelques communes qui n'ont plus d'avance d'eau.
07:26 Vous aviez le maire d'Espira, il y a je crois 50 ou 54 jours d'eau.
07:32 Il y a des maires qui nous appellent, ils n'ont plus que 80 cm sur la pompe, ils ont
07:36 déjà descendu la pompe et ne paient pas les plus bas.
07:38 Donc on ne dort pas tranquille.
07:40 Et on surveille le biseau salé, c'est l'ARS qui s'en charge avec les services des syndicats
07:46 des nappes du département, en lien avec la chambre aussi.
07:49 On n'est pas tranquille sur un certain nombre d'endroits où le biseau salé pourrait entrer
07:54 parce qu'on ne maîtrise pas la pression qu'il faut pour le maintenir.
07:57 - Alors pour qu'on dorme un petit peu plus tranquille, justement, quelles sont les restrictions
08:00 qu'il faut impérativement respecter ? Rappelons-les peut-être.
08:03 - Alors toute eau qui n'est pas, on va dire, indispensable.
08:07 Il faut savoir, je le répète, que tout mètre cube économisé aujourd'hui est un mètre
08:13 cube économisé sur le pliocène.
08:15 Parce que quand on n'a plus de quaternaire, on tape sur le pliocène et donc un mètre
08:18 cube utile économisé.
08:20 Donc toutes les eaux qui ne sont pas indispensables.
08:23 Qu'est-ce qui est indispensable aujourd'hui ? Le monde agricole, l'hygiène, la santé
08:29 des gens, les bêtes.
08:30 Voilà.
08:31 Le reste, on peut vivre sans.
08:33 - Le tourisme, on peut vivre sans dans le département ?
08:35 - Non, non, on ne peut pas vivre sans.
08:36 Moi je suis pour qu'on accueille les touristes et je ne suis pas pour qu'on ait un message
08:40 de tranquillité en direction des touristes.
08:42 On avait réussi à faire passer un message national.
08:45 Il faut quand même noter que c'est le premier plan sécheresse qui fonctionne.
08:48 Parce que les économies d'eau, selon nos chiffres, les chiffres de l'ARS, ont donné
08:52 entre 10 et 15% d'économies.
08:54 Ce qui est énorme quand on prend le volume.
08:56 Mais bien sûr qu'il faut accueillir les touristes.
08:59 De toute façon, aujourd'hui, on ne peut pas dire aux touristes de ne pas venir.
09:02 Mais il ne faut pas affaiblir le message qu'on a envoyé.
09:05 C'est-à-dire que les touristes qui viennent ici, moi j'ai confiance, les gens qui viennent
09:09 ici ne sont pas plus abrutis, pardonnez-moi l'expression, que les Catalans et les Catalans.
09:13 Et donc ils savent où ils viennent, ils savent faire des économies, ils sont sensibles à
09:17 l'environnement.
09:18 Il faut simplement leur dire, plutôt que 140 litres au jour, essayez d'en prendre 100.
09:21 Ça fera du bien à tout le monde.
09:22 - C'est du bon sens.
09:23 Si je ne me trompe pas, le tourisme représente 3% de la consommation d'eau, c'est ça à
09:27 peu près ?
09:28 - Mais ce n'est pas un chiffre qu'il faut prendre comme ça.
09:30 Parce que ça c'est la consommation sur le territoire et sur l'année.
09:33 Mais je vais vous en donner un autre chiffre.
09:35 Aujourd'hui, si on prend la moyenne nationale, c'est 4,5 millions de mètres cubes qui sont
09:40 prélevés par les 30 millions de nuitées.
09:42 10 dans le marchand, 20 dans le non-marchand.
09:44 30 millions de nuitées, ça fait à peu près 4,5 millions de mètres cubes.
09:48 C'est 10% des 45 millions qu'on prélève dans la nappe.
09:52 Sauf que, et ça aussi le maire d'Argenès l'a dit sur votre antenne une fois, sur l'antenne
09:57 de France Bleue en tout cas, sauf que c'est sur une période très courte, entre 4 et
10:03 5 mois, enfin autour de 4 mois, parfois 3 mois, et sur une zone limitée, la côte.
10:08 Et donc là, c'est plus 3%.
10:11 C'est parfois 20 ou 25% du prélèvement estival.
10:14 Si on pouvait l'étaler sur l'année et sur l'ensemble du territoire, effectivement.
10:20 Mais là, ça ne veut pas dire par là qu'il faut interdire le tourisme, ce n'est pas
10:24 le débat du jour, mais ça veut dire par là qu'il faut continuer sur les messages.
10:29 Les gens qui viennent ici, ils aiment ce département, ils vont tout faire pour que
10:32 ça se passe bien.
10:33 Et le préfet a salué cette semaine les efforts faits par tous, les agriculteurs, les particuliers,
10:38 et effectivement les professionnels du tourisme avec des économies assez substantielles
10:43 en eau.
10:44 Donc une prise de conscience collective.
10:46 Je vous propose qu'on aborde peut-être la deuxième partie de cette émission.
10:50 Le temps passe vite.
10:51 On le disait, le tourisme et l'agriculture sont les deux principales sources de revenus
10:56 de ce département.
10:57 C'est ce qu'on va évoquer avec notre invité dans quelques instants.
11:00 Je laisse Stéphanie Maurat de France Bleue nous le présenter.
11:02 C'est l'heure d'appeler à nous rejoindre le contradicteur de ce dimanche en politique.
11:06 Il s'agit de Bruno Villa, président de la FDSEA 66, mais également producteur de fruits
11:11 et légumes, pêche, nectarine, abricots, kiwis, fraises, poires, tomates, concombres.
11:16 Voteur, elle se trouve à Saint-Cyprien et à Palau d'Elvidre.
11:19 Bonjour Bruno Villa.
11:20 Bonjour.
11:21 Vous en voulez aux politiques sur la gestion de cette situation ? Les premiers mois de
11:24 l'année 2023, vous étiez quand même extrêmement remonté.
11:27 Est-ce que cette colère est passée ?
11:28 Non, pas vraiment.
11:31 Aujourd'hui, notre colère n'est pas passée parce qu'on a une saison déjà à réaliser
11:38 qui est compliquée, qui a démarré dans une situation très critique avec le déficit
11:43 en eau.
11:44 Comme ça a été dit, on a quand même eu la chance d'avoir un peu d'amélioration
11:48 depuis un mois, ce qui est quand même extraordinaire parce qu'on ne s'y attendait pas.
11:52 Et ça, c'est vraiment...
11:54 Ça montre bien qu'on a quand même de la ressource dans ce département, quand même,
11:58 malgré tout, et qu'on a aujourd'hui besoin de pointer du doigt tout ce qui n'a pas fonctionné
12:06 les mois derniers, de façon à faire en sorte qu'on trouve toutes les solutions et rapidement,
12:11 pour éviter que ce qu'on vient de traverser, malgré le point principal qui est le manque
12:16 d'eau et le manque de pluie, sur lequel personne n'y peut rien, on trouve quand même toutes
12:21 les solutions et qu'on rectifie tout ce qui n'a pas fonctionné jusqu'à présent.
12:24 Alors, est-ce qu'on peut faire aussi un point sur les récoltes ? On est en pleine récolte
12:27 de l'abricot, d'autres récoltes vont arriver.
12:29 Quel est le bilan, là, à la fois pour les fruits, mais aussi pour les arbres ? Parce
12:34 qu'on a bien compris qu'il y avait deux aspects.
12:35 Alors, on a des situations qui sont très différentes sur le territoire et en fonction
12:40 de l'accès à l'eau que les producteurs.
12:41 Donc, on a des zones qui ont été un peu plus préservées, même si elles ont été
12:45 affectées par les restrictions en eau, puisque le fait d'arroser moins les cultures, ça
12:49 génère moins de production, moins de calibre et a des conséquences aussi sur la production
12:55 de l'année prochaine parce que les arbres poussent en moins.
12:58 Les bois de cette année sont de la production de l'année prochaine, donc ça va affecter
13:02 quand même deux saisons.
13:03 On a, et ça a été dit, une zone qui est particulièrement affectée par la sécheresse,
13:09 c'est la vallée de la Glie.
13:10 Ça fait des mois que l'eau ne coule plus dans la rivière.
13:12 On a des producteurs qui n'ont jamais eu accès à l'eau depuis le début de la saison,
13:16 qui ont perdu toute la production et qui aujourd'hui risquent de perdre leur verger,
13:21 les arbres, puisqu'en fait, ils ne peuvent pas les arroser.
13:24 Et ça, c'est vraiment la zone la plus critique de notre département et les gens qui sont
13:27 le plus en détresse aujourd'hui.
13:29 Quelle question alors vous souhaitez poser à M. Garcia ? Quel est l'un des principaux
13:32 acteurs de l'eau avec M. le Préfet et d'autres, bien sûr ?
13:35 Oui, c'est ça.
13:36 La question que je souhaite te poser, c'est est-ce que dans les mois qui viennent, on
13:42 voit aujourd'hui, ça a été évoqué, la difficulté qu'on a alors qu'on est dans
13:45 la difficulté de trouver des solutions entre différents interlocuteurs pour remplir Villeneuve
13:53 de la raille, parce que les gens n'arrivent pas à s'entendre.
13:55 Et on se dit, demain, si on veut trouver tout un tas de solutions, parce que c'est comme
14:01 ça qu'on arrivera à trouver des solutions demain, c'est en additionnant tout un tas
14:04 de nouvelles solutions.
14:05 Alors M. Garcia, on va le laisser répondre peut-être, M. Garcia ?
14:08 Oui, je comprends la difficulté.
14:11 Bon, on a une difficulté importante sur la glie qu'on connaît depuis quelques temps,
14:17 mais qu'on connaît mieux maintenant, c'est que pour que l'eau descende dans la glie,
14:21 il faut deux fois plus d'eau que dans la tête.
14:23 Pourquoi ? Parce qu'il y a des failles après-estagelles et il faut que le karst, je la fais simple,
14:28 se remplisse d'abord, le karst qu'il y a sous les corbières, avant que l'eau passe
14:31 par-dessus.
14:32 Le problème des agriculteurs, il y a eu une demande de forage qui est étudiée, enfin
14:37 je veux dire par là que nous, nous ne sommes que ceux qui donnons les chiffres au préfet.
14:40 On ne décide pas avec le préfet, mais Bruno Villa, on se voit souvent, on participe aux
14:44 mêmes réunions, on prend des décisions ensemble et l'eau, on essaie de la partager,
14:49 c'était le sujet.
14:50 Mais, donc, par exemple, si on autorise un forage sur Espirat, il faut qu'on se pose
14:56 la question, est-ce que c'est la même nappe que celle de la ville, qui elle, n'a que
15:00 50 jours d'avance ? Par exemple, c'est une question.
15:04 Est-ce qu'on peut jouer la solidarité avec les gens qui sont autour, qui peuvent avoir
15:09 peut-être des forages qui fonctionnent ? Bon, je sais que c'est à l'étude et c'est compliqué.
15:14 Ce que je veux dire par là, c'est que l'Arao, de toute façon, les agriculteurs sont allés
15:21 mettre une plaque à Léon Jean-Grigory, à Vincent, et sans doute qu'ils ont eu raison.
15:27 Donc la voie d'Outre-Tombe de Léon Jean-Grigory, c'est qu'il faut faire l'adducteur, parce
15:32 qu'il était prévu au départ, et c'était très intelligent.
15:34 - C'est-à-dire qu'ils ont salué le travail des anciens, qui ont permis de faire en sorte
15:37 qu'on ait de l'eau jusqu'à aujourd'hui, et maintenant ?
15:39 - Ils vous ont reproché de ne rien avoir lancé depuis 20 ans.
15:43 Mais quand on a montré les PV du fonctionnement de Vincent, tout le monde a reconnu que si
15:49 on avait lâché de l'eau, par exemple, au mois de janvier, c'est à la demande des irrigants.
15:53 Parce qu'il faut bien se dire qu'à Vincent, et c'est pratiquement unique, à Vincent, le
15:58 barrage c'est la propriété du département, et l'eau c'est la propriété des irrigants.
16:02 Et c'est en concertation avec les irrigants, sauf maintenant où c'est le préfet qui décide,
16:07 qu'on lâche l'eau.
16:08 Mais au départ, il y avait un adducteur qui était prévu, précisément par les concepteurs
16:12 de la Rao et de Vincent.
16:14 - Alors justement, Bruno Villa, est-ce qu'un adducteur entre Vincent et le lac de Villeneuve,
16:19 ça suffit ? Qu'est-ce que vous voudriez de plus ?
16:22 - Mais cette histoire d'adducteur, quelque part, c'est 80 millions d'euros d'investissement
16:28 pour pallier en fait un problème d'entente et de coordination entre deux parties.
16:32 Certes, c'est vrai que le canal de Perpignan, il mériterait de l'entretien, des améliorations,
16:38 pour faire en sorte qu'il y ait de l'eau qui soit mieux canalisée et mieux entretenue,
16:43 de façon à ce qu'il en arrive plus à Villeneuve de la Rao.
16:46 Mais ça pourrait suffire.
16:48 Et si effectivement le conseil départemental souhaite investir 80 millions d'euros, moi
16:52 je pense qu'il y a une multitude de projets qui pourraient bénéficier de cette enveloppe
16:56 financière un peu partout sur le territoire.
16:58 La vallée de la Glisse, fameux gouffre, pourquoi n'étudions-nous pas le fait de faire une
17:03 déviation de la rivière pour qu'on puisse quand même faire couler de l'eau sans qu'elle
17:07 passe dans ce gouffre, pour qu'elle puisse arriver en bas sans qu'on en perde la moitié.
17:10 Le fameux forage, c'est pas la faute du conseil départemental, mais ça fait un mois et demi
17:15 qu'on travaille sur une solution, on n'en a toujours pas trouvé, les producteurs, ils
17:18 sont en train de crever.
17:19 Sur Villeneuve de la Rao, moi je pense qu'une coordination entre la mairie de Perpignan
17:25 et le conseil départemental et l'ensemble des interlocuteurs du territoire permettrait
17:30 de trouver des solutions intelligentes pour sécuriser tout le monde, pour amener de l'eau
17:34 et optimiser la gestion du canal et la ressource à Villeneuve de la Rao.
17:39 - Ce que Nicolas Garcia a appelé en début d'émission.
17:41 - Oui, mais ça ne suffirait pas parce que la différence entre l'époque de Léon-Jean
17:45 Grégory et aujourd'hui, c'est qu'on a perdu 400 mm d'eau.
17:48 Et que quand on les a...
17:50 - Qui tombe du ciel.
17:51 - Qui tombe du ciel.
17:52 Et quand on les a, il faut pas qu'elle arrive à y être sur tête, il faut qu'elle parte
17:55 directement de Vincent quand on les a et en plus sur le chemin, elle pourrait remplir
18:01 peut-être une retenue de stockage, peut-être alimenter l'aspre, peut-être alimenter une
18:05 nappe ou quelques exploitants agricoles importants.
18:08 Donc moi je crois que ça avait été prévu par le concepteur à une époque où il n'y
18:12 avait pas besoin, il ne fallait pas investir ça.
18:14 Mais ça a été prévu parce qu'on avait déjà prévu qu'on pourrait manquer d'eau.
18:17 Et donc là, la Rao c'est une ressource, c'est pas Bruno qui me démentira, c'est une ressource
18:22 vitale.
18:23 C'est pas quelques mètres cubes qu'il faut.
18:24 Si aujourd'hui on était en capacité de la remplir en quelques semaines, je pense qu'on
18:29 pourrait respirer à tout point de vue.
18:31 Et la déviation sur la rivière, sur le fleuve Aguilie ?
18:34 Le dernier point c'est que malheureusement le département par la loi NOTRe a des compétences
18:39 limitées.
18:40 On gère les barrages, mais on ne peut plus gérer, c'est le syndicat qui gère la rivière.
18:45 Ok, mais sur l'idée ça vous paraît réalisable ou pas ?
18:47 Sur l'idée il faut faire le travail des techniciens, pourquoi pas.
18:50 Pourquoi pas.
18:51 Aujourd'hui il y a de nouveaux besoins parce que la pluviométrie a baissé.
18:54 Donc s'il y a une dérivation à faire, pourquoi pas.
18:57 Après il faut régler le problème des débits réservés, etc.
18:59 Il ne faut pas non plus assécher le karst, parce qu'on vient de s'apercevoir que ce
19:03 n'est plus de merdos, et que le karst, quand l'aggli coule pas, il baisse énormément.
19:08 Et donc il faut aussi que le karst soit alimenté.
19:10 Mais il y a des solutions techniques.
19:12 Probablement il faut se mettre autour de la table et bosser.
19:14 Mais je crois qu'une des avancées de la période qu'on vient de vivre, c'est qu'enfin
19:18 il y a des gens autour de la table là, et qui réfléchissent et qui bossent ensemble
19:22 et qui se parlent.
19:23 C'est déjà un point positif de cette période.
19:26 S'il y en a quelques-uns, c'est celui-là.
19:28 C'est vrai que le préfet a beaucoup concerté ces derniers temps.
19:31 - Dernière question à M. Villa.
19:32 Est-ce qu'il y a une juste compensation pour les agriculteurs actuellement concernant
19:35 leurs fruits et leurs arbres ?
19:36 - Non, malheureusement.
19:38 Aujourd'hui il y a des compensations, on n'en a pas beaucoup.
19:41 On attend encore des éléments qui permettront d'accompagner les producteurs.
19:45 Aujourd'hui c'est les producteurs de la vallée de l'aggli qui ont tout perdu et
19:49 qui risquent de perdre leur outil de travail.
19:51 Ils n'ont eu aucune aide, aucune compensation, et pour le moment on ne voit rien venir.
19:56 Donc effectivement, on sait très bien que c'est une situation compliquée.
19:59 Et la meilleure des aides qu'on puisse leur amener aujourd'hui, c'est de leur trouver
20:04 une solution pour avoir un peu d'eau, pour que leurs arbres survivent.
20:08 Et c'est même ça qu'on n'arrive pas à mettre en œuvre.
20:10 On a besoin de lâcher du barrage de Karamanie, qui a aujourd'hui quasiment 14 millions de
20:15 mètres cubes, de l'eau au moins pour essayer de faire en sorte qu'elle arrive jusqu'à
20:18 chez eux pour qu'ils puissent arroser, trouver une solution pour ce forage, pour leur amener
20:23 de l'eau temporairement.
20:24 Mais c'est indispensable.
20:25 Mais ça fait déjà plusieurs semaines qu'on demande que ça bouge et rien ne bouge.
20:29 Et c'est ça qui nous inquiète parce qu'il y a le court terme et le long terme.
20:32 Et sur le long terme, quand on voit que dans l'urgence et dans la difficulté, on n'a
20:36 pas de solution, on se dit comment va-t-on faire pour trouver les bonnes solutions ? Parce
20:39 que tout le monde est à conscience de la situation.
20:42 Mais il va falloir se mettre tous deux mains autour de la table, trouver des solutions
20:46 et les mettre en œuvre rapidement.
20:47 Et je pense qu'aujourd'hui, on a dans notre malheur la chance d'être un département
20:52 pilote sur lequel on peut réaliser tout un tas de développement et on nous aidera,
20:58 y compris nationalement, pour que ça puisse se faire.
21:00 Si on est assez intelligent collectivement pour le porter, parce qu'on a envie de montrer
21:04 qu'on est capable de faire les choses autrement, y compris chez nous, mais aussi en France.
21:08 C'est justement l'objet de la troisième partie de cette émission.
21:10 Le temps passe vite.
21:11 Merci beaucoup, Bruno Villa, d'être venu porter la voix des agriculteurs dans cette
21:15 émission.
21:16 La troisième partie de cette émission, c'est les solutions à court et long terme.
21:19 Comment faire pour que ce département devienne le plus vertueux de France, puisque la nature
21:24 n'est plus assez généreuse ? Il faut moins prélever, notamment.
21:28 Or, en ce moment, on se constate qu'on fore à tout va, j'ai envie de dire.
21:31 Tout à fait.
21:32 C'est normal.
21:33 C'est interdit.
21:34 Le préfet autorise pour raccorder des masses isolées, des habitations isolées, etc.
21:40 Ils n'ont pas d'autre moyen.
21:41 Alors, il n'y a aucun forage qui peut se faire sans contrôle.
21:44 Premièrement.
21:45 Deuxièmement, tout forage qui concerne des gens qui sont connectés au réseau est interdit.
21:53 Ils sont autorisés sous contrôle, avec une demande préalable.
21:58 Les forages pour les masses isolées, on va dire les gens qui n'ont plus d'eau potable,
22:04 et même les forages agricoles.
22:06 Monsieur Villa vient d'en parler, j'ai participé aux réunions préparatoires, sont soumis à
22:11 une étude bien précise, parce qu'il faut bien se dire une chose, il y a des gens qui
22:15 me disent "mais je ne prends pas de l'eau potable, je prends dans le forage".
22:18 C'est la même eau.
22:19 Il n'y a pas de 46 000 eaux, il y a deux nappes et elles sont pour tout le monde.
22:23 Pour l'eau potable, pour tous les usages.
22:24 Donc aujourd'hui, il y a des gens qui viennent forer de l'étranger, il y a des gens qui
22:28 viennent forer des départements voisins, il y a des gens qui s'exposent à de grosses
22:32 amendes.
22:33 On a signé une lettre, on a co-signé une lettre, le président de la Chambre des métiers,
22:38 le préfet et moi-même comme président du syndicat des nappes, à tous les foreurs,
22:42 ils sont tenus de dire aux gens qui les sollicitent qu'ils ne peuvent pas faire n'importe quoi
22:50 et ils doivent déclarer.
22:51 - Les contrôles, ils sont assez nombreux ?
22:53 - Alors, on est dans...
22:55 - Vous dites, ils s'exposent à une amende, mais est-ce que les amendes elles tombent depuis
23:00 le début de l'année ?
23:01 - Il y en a qui tombent, dans ma commune il y en a qui sont tombées, c'est pas moi qui
23:04 les mets, parce qu'après il faut que ce soit le procureur qui applique, mais nous avons
23:08 l'OFB qui peut, bon, il y a 13 ou 14 agents, c'est toute la misère de la biodiversité,
23:17 la police de l'eau en fait, bon ils sont suffisamment, insuffisamment nombreux.
23:21 - Ils sont une dizaine ?
23:22 - Ils sont oui, quand on compte tout, ils doivent être une dizaine sur le terrain,
23:25 c'est le problème de tous les services publics qui ont été aujourd'hui amoindris par les
23:30 divers gouvernements qui se sont succédés, et puis après il y a les maires qui veulent
23:33 jouer le jeu.
23:34 Moi dans ma commune, c'est pas populaire, mais j'ai décidé de jouer le jeu.
23:38 - Vous êtes un peu seul, d'ailleurs, dans le département ?
23:41 - Oui, peut-être, mais quand je vois ma PM, elle a ordre, quand elle voit une dérique,
23:46 elle a une euphorie de s'arrêter et de poser des questions.
23:48 - Un problème qu'ont tous les maires aussi, c'est celui des fuites, pour économiser l'eau
23:52 il faut éviter les fuites, quel est l'état du réseau dans les Périnées-Orientales ?
23:55 - Alors l'état du réseau, il faut toujours l'améliorer, mais on est en milieu rural,
24:01 donc sur Perpignan on est autour de 75 et en milieu rural 74%.
24:06 C'est un chiffre qui est bien, un bilan qui est bien, il faut progresser.
24:11 Sauf que, ce qu'on disait tout à l'heure, le département pilote, ça restera une incantation
24:17 si l'état met pas d'argent.
24:20 Parce que s'il y a que la région et le département qui sont là pour aider, on n'y arrivera pas.
24:25 Moi je vous donne un exemple, on a fait dans ma commune, c'est la communauté de communes
24:28 qui a la compétence, on a fait un quartier, à peu près 1500 habitants, 800 000 euros
24:34 pour le rendement des réseaux.
24:35 800 000 euros.
24:36 Il y a des communes qui ne peuvent pas faire ça.
24:39 - On approche de la fin déjà de cette émission, il nous reste encore un petit peu de temps
24:42 heureusement.
24:43 Le département aussi, la responsabilité des services d'incendie, évidemment pour
24:47 éteindre les feux il faut de l'eau, on redoute des méga-feux, est-ce qu'on se rend
24:52 capacité de le faire ?
24:53 - Oui, je pense qu'on s'est bien organisé, sous la présidence de la présidente du département,
25:01 le préfet et le colonel, celui qui commande en tout cas le SDIS, on s'est organisé,
25:08 il y a des cuves qui ont été récupérées dans plein de caves, on a de l'eau en réserve
25:13 un peu partout, on peut de nouveau aller à Vinsa, il y a la mer, donc à peu près
25:19 si on arrive à faire un petit peu remonter la RAO, on aura de quoi, mais on redoute naturellement,
25:26 même si c'est plus, nous on fait un petit peu de bien, on redoute de passer un été,
25:30 on en est déjà à plus de 400 départs de feux, je crois, c'est quand même énorme
25:35 pour la période, donc on fera face, le service départemental d'incendie et de secours,
25:42 fera face, c'est préparé, simplement avec un mois et demi d'avance, on a mis en place
25:47 une stratégie de surveillance, il y a des drones qu'on n'avait pas, il y a le bombardier
25:52 d'eau qui est arrivé.
25:53 Donc le message global c'est vigilance, on peut profiter de l'été mais soit, vigilance.
25:59 Nous on accueille, il faut qu'on accueille les gens ici, c'est comme ça, c'est aussi
26:02 la tradition, il y a aussi des Catalans qui vivent à Paris, à Toulouse, à Nantes, qui
26:06 veulent venir voir leur famille, on les attend, mais il faut qu'ils soient vraiment parcimonieux
26:11 comme nous devons l'être d'ailleurs, parce qu'on n'est pas plus vertueux, il n'y a pas
26:15 quelque chose qui nous rend moins ou plus vertueux que les autres.
26:17 - Rassurez-nous en quelques mots, ce sera quand même un été où on pourra prendre
26:20 du plaisir en Pays catalan.
26:21 - Il faut prendre du plaisir, il reste du bon vin, il faut prendre du plaisir, la mer,
26:27 quand on va à la mer, c'est un plaisir aussi d'aller partager des choses avec les gens,
26:31 on n'est pas obligé de s'enfermer un autre soir dans notre piscine.
26:35 On peut vivre sans piscine.
26:37 - On va terminer sur cette note optimiste, merci beaucoup Nicolas Gartia, merci à Bruno
26:42 Villa, merci bien sûr Stéphanie.
26:44 Bonne continuation sur le réseau France Bleu, c'était un plaisir de co-présenter avec
26:47 vous cette émission.
26:48 Au revoir sur France.tv et sur Francebleu.fr.
26:50 Bon dimanche à tous !

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