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Le nutri-score à l'épreuve du Terroir
Europe 1
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15/06/2023
Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.
Retrouvez "Voyage en absurdie" sur : http://www.europe1.fr/emissions/chronique-en-absurdie
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Transcription
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00:00
Emmanuel Ducrox du journal L'Opinion.
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- J'avais pas envisagé les élèves, le saccage des serres de nantes comme une tentative de libération des salades,
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je vois les choses totalement différemment maintenant.
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- Oui, bah écoutez, avec un peu d'imagination.
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On parle du Nutri-Score ce matin, Emmanuel, ça revient dans l'actualité,
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deux élus se sont emparés du sujet cette semaine pour dire leur agacement.
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Alors d'abord la présidente socialiste de la région Occitanie, Carole Delga,
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et puis la députée Rassemblement National du Lot-et-Garonne, Hélène Laporte.
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- Oui, toutes deux sont préoccupées par le classement que le Nutri-Score réserve à des produits de leur terroir.
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La première se désespère que le Roquefort soit noté E, c'est-à-dire la plus mauvaise note.
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La seconde que les pruneaux d'Agin, autrefois notés A, soient désormais notés C,
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après une révision des grilles de calcul du label.
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Alors les deux élus défendent l'exclusion des produits AOP, appellation d'origine protégée,
00:45
IGP, indication géographique protégée, on révise, de la notation Nutri-Score.
00:50
Même si elle n'est pas obligatoire, selon elle, elle n'est pas adaptée à des produits ancestraux,
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à des recettes de terroir immuables.
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Je vous signale que le débat n'est pas seulement français,
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on l'a aussi en Italie où on partage avec nous une certaine idée de la table,
01:03
et là-bas ce sont le parmesan et l'huile d'olive qui sont mal notées et qui agitent les débats.
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- L'huile d'olive, parce que c'est sûrement jugée trop gras, j'imagine.
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- C'est que du gras, donc forcément c'est très mal noté.
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- Bah oui, mais c'est du bon gras.
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Comment se fait-il que ces produits du terroir, a priori de qualité, soient aussi mal notés justement, Emmanuelle ?
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- Alors j'allais dire, rien de personnel.
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Le Nutri-Score ne donne qu'une indication, ce sont les qualités nutritionnelles.
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C'est une balance entre des nutriments et des aliments à privilégier,
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par exemple les fibres, les protéines, les fruits, les légumes, les légumineuses,
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et ce, à limiter la quantité d'énergie, les acides gras saturés, le sucre, le sel.
01:36
Ça et rien que ça, il n'y a pas de notation sur le processus de fabrication,
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les transformations éventuelles, les additifs, la qualité des ingrédients,
01:44
pas de notion d'équilibre alimentaire avec le reste de la ration alimentaire non plus.
01:48
Et puis en plus, le Nutri-Score fonctionne sur des portions standards qui sont assez folles,
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100 grammes ou 100 millilitres, pas du tout adaptés à un produit comme le Roquefort,
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on s'en enfile rarement 100 grammes d'un coup, moi ça m'arrive mais c'est voilà.
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Et puis 100 millilitres d'huile d'olive, quand même, il faut être assez pervers pour boire ça au petit-déjeuner.
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- Un verre au petit-déjeuner, j'allais vous dire.
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Les défenseurs du Nutri-Score assurent qu'il n'est pas pénalisant pour les produits du terroir.
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- Et oui, parce qu'ils martèlent qu'on fait dire au Nutri-Score ce qu'il ne dit pas.
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Ce n'est qu'un marqueur qui permet des comparaisons au sein d'une gamme de produits.
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Ça n'enlève rien au fait qu'il est préférable de choisir des produits AOP ou IGP quand on fait ses courses.
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Ils offrent des garanties plutôt que des produits ultra transformés.
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Mais il y a vraiment un gros déficit de pédagogie parce que c'est exactement ce que les consommateurs comprennent.
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"Ah tu y vas, euh t'y vas pas".
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Comment leur en vouloir une lettre "euh" sur fond rouge, ça fait vraiment super super cancre.
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- Alors le paradoxe de cette affaire de Nutri-Score, c'est que contrairement à ce que l'on pourrait penser,
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les grands noms de l'agrémentaire, de l'agréo-alimentaire, ils sont plutôt favorables, ils ne s'opposent pas du tout au Nutri-Score.
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- D'ailleurs ils l'ont tous adopté parce que justement ça ne dit rien des processus de fabrication.
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Les détracteurs du classement expliquent que le Nutri-Score rate sa cible, il prétend combattre la malbouffe,
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mais en ce sens-là c'est vraiment un faux ami.
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En fait il donne une prime à la transformation.
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Les grands noms de l'agréo-alimentaire se sont lancés dans une course à la note A ou B pour produits pourtant très transformés.
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Les fabricants de plats tout près par exemple ont la possibilité d'améliorer leur note en enlevant un peu de sel,
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en remplaçant un ingrédient par un autre.
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Pas forcément meilleur sur le papier, mais moins mal noté nutritionnellement.
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Et pour les consommateurs, ça ressemble à un feu vert ! Bingo ! Marketing !
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A l'inverse, la marge de manœuvre est nulle pour le Roquefort AOP ou pour le Pruneau IGP.
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On ne peut rien changer à la recette et tant mieux, ça s'appelle la typicité.
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Le Roquefort est condamné à la lettre E alors qu'il n'incarne pas la malbouffe.
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Alors tout ça, ça n'est pas juste.
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Le Nutri-Score trouve effectivement ses limites face aux traditions gastronomiques et à leur idée de la qualité,
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qui est dans l'économie d'artifice.
03:50
- Signature Europe 1, Emmanuel Ducroix. Merci beaucoup Emmanuel.
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