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  • 05/06/2023
La famille de Lindsay, collégienne de 13 ans, qui a mis fin à ses jours le 12 mai dernier, après avoir été victime de harcèlement au collège et sur les réseaux sociaux, a été reçue par Pap Ndiaye au ministère de l'Éducation nationale. Jeudi, le ministre avait admis sur BFMTV que le suicide de la jeune fille était "un échec collectif" et assuré suivre "personnellement" le dossier.

Interrogée à la sortie de l’entretien avec le ministre, la mère de Lindsay a déclaré ne pas avoir trouvé Pap Ndiaye “sincère”.

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Transcription
00:00 - Bonsoir Maître Debusson. - Bonsoir.
00:01 - Merci d'être avec nous, vous êtes l'avocat des parents de l'INSEE.
00:03 Je parlais d'amertume, de colère froide tout à l'heure,
00:05 comment vous décririez leur état d'esprit ?
00:07 - Écoutez, ils attendaient des réponses,
00:09 ils attendaient qu'il y ait une reconnaissance
00:12 de la responsabilité des divers intervenants,
00:14 que ce soit au niveau du collège, de l'académie,
00:16 et donc du corps enseignant,
00:17 et donc au sens large de l'éducation nationale.
00:20 C'était une reconnaissance de cette responsabilité
00:23 qui était partielle à demi-mot,
00:26 et donc c'est la raison pour laquelle il y a cette amertume
00:28 dans la bouche de mes clients,
00:30 qui attendait des réponses,
00:31 qui attendait d'abord et avant tout une prise de conscience,
00:34 une prise de conscience avérée, réelle, profonde,
00:37 face au fléau que constitue le harcèlement scolaire
00:41 au niveau national,
00:42 puisqu'on en a parlé à plusieurs reprises ces derniers jours.
00:45 10% des élèves au collège, à l'école primaire, au lycée
00:48 sont harcelés en France,
00:49 et à travers ce drame,
00:51 c'était aussi un combat qui est mené par les parents de l'INSEE
00:55 et qui veulent tout faire pour éviter que ce drame ne se reproduise.
00:58 Et mis à part quelques excuses qui semblaient peut-être,
01:03 c'est ce qu'ils ont dit, je vais...
01:04 - Il y a eu des excuses, le ministre s'est excusé.
01:06 - Oui, il y a eu des excuses au niveau de...
01:08 Ce qui a été évoqué, c'est la reconnaissance d'un échec collectif,
01:11 ça avait déjà été dit.
01:13 Des manquements, bien sûr,
01:14 mais à la santé que le ministre s'abritait derrière
01:18 l'enquête administrative,
01:20 alors même qu'il y a beaucoup d'anomalies
01:21 qui sont absolument catastrophiques.
01:24 - On va revenir sur cette enquête dont vous parlez,
01:27 mais ça peut paraître un détail au vu du drame
01:30 que vivent les parents de l'INSEE,
01:31 mais je crois que c'est vous qui l'avez redit tout à l'heure,
01:34 rencontre tardive.
01:36 - Bien sûr.
01:36 - Vous considérez que le ministre a tardé ?
01:38 - Mais il est délirant quand on est ministre de l'Éducation nationale
01:41 de ne pas se rendre immédiatement au collège,
01:43 de ne pas prendre son téléphone
01:44 et encore mieux, aller voir immédiatement les parents de l'INSEE.
01:46 Il a fallu attendre trois semaines
01:48 pour que le secrétariat principal du ministre prenne attache
01:52 avec la maman de l'INSEE,
01:54 trois semaines pour qu'on lui propose un rendez-vous.
01:56 Donc effectivement, une prise de conscience extrêmement tardive
01:58 et qui fait écho à cette indifférence,
02:02 voire à ce comportement méprisant des professeurs de ce collège
02:06 qui n'ont jamais pris attache avec la maman de l'INSEE.
02:08 - Personne, aucun prof ?
02:09 - Personne ne l'a appelé, personne ne lui a écrit,
02:10 personne n'a partagé avec elle quelques mots de compassion.
02:12 - Attendez, aucun prof ?
02:13 - Aucun professeur du collège,
02:15 elle l'a encore répété tout à l'heure sur le plateau,
02:18 aucun d'un de vos concurrents de CNews,
02:21 aucun professeur du collège ne lui a apporté quelques mots de compassion,
02:25 ne l'a appelé, ne lui a écrit un mot,
02:26 et n'est venu même à la marche blanche.
02:28 C'est totalement sidérant.
02:29 Ça montre et ça signe un mépris évident d'une partie du corps enseignant
02:34 vis-à-vis de la mort de l'INSEE,
02:36 qui est absolument bouleversant.
02:38 - C'est un mépris ou c'est un malaise vis-à-vis de ce sujet-là ?
02:40 - Quand on voit, encore une fois, l'accumulation de dysfonctionnements,
02:44 le mot est tellement faible, mais on va dire dysfonctionnement,
02:46 mais énorme à tous les niveaux du collège,
02:49 de l'académie, du corps enseignant,
02:51 ça devient sidérant et il y a une forme de comportement
02:55 qui s'éloigne de l'humanité qu'on peut attendre
02:57 de professeurs et d'individus qui sont là pour protéger les enfants et les élèves.
03:01 - Deux choses.
03:03 D'abord, sur l'insincérité, moi je suis un peu gêné.
03:05 Je n'étais pas avec vous, mais je trouve que c'est difficile
03:07 de dire que quelqu'un n'est pas sincère
03:09 dans le sens où on exprime tous nos sentiments.
03:12 - Parce que je rappelle que c'est ce que la mère de l'INSEE dit,
03:14 qu'elle a trouvé le ministre, c'est pas sincère.
03:15 - C'est un peu délicat.
03:17 Deuxième chose, la responsabilité du ministre,
03:20 elle est évidemment engagée,
03:22 mais on voit bien qu'il ne peut pas être comptable
03:24 de tous ces dysfonctionnements-là.
03:25 Et ce qui est intéressant dans ce que vous décrivez,
03:27 c'est le sentiment qu'on a d'une espèce de tabou,
03:30 encore assez lourd d'une certaine façon,
03:33 et d'une profession enseignante,
03:34 des enseignants qui ne savent pas appréhender ce genre de problème.
03:39 Parfois le cachent peut-être parce qu'ils ont peur eux-mêmes
03:42 de déstabiliser l'institution,
03:44 mais ce qui est révélateur dans cette affaire,
03:46 c'est qu'on a bien le sentiment qu'il y a un problème d'appréciation,
03:50 mais collective, c'est-à-dire que ce n'est pas seulement le ministre.
03:52 On a l'impression, effectivement, dans ce que vous décrivez,
03:54 que c'est l'ensemble de l'éducation nationale
03:56 qui est un peu mal à l'aise et qui n'a pas les outils,
03:58 qui ne sait pas comment réagir à ces situations-là.
04:01 Est-ce que ce n'est pas ça qui est le plus inquiétant ?
04:02 - Je ne suis pas d'accord avec vous.
04:03 Il y a un minimum d'humanité à avoir.
04:05 Quand un enfant de 13 ans vous appelle à l'aide, au secours,
04:09 tous les jours, chaque semaine, que ce soit les professeurs,
04:11 que ce soit le responsable du collège,
04:13 et que tout le monde lui tourne le dos, à elle,
04:15 mais aussi à sa mère pendant des mois,
04:17 qu'après sa mort, personne ne va passer un coup de fil à la maman.
04:19 Et vous parliez de l'appréciation qui a été faite.
04:23 J'étais présent. Je ne vais pas dire quel est mon sentiment.
04:26 Je vais relayer le sentiment du beau-père qui est comme son père,
04:29 puisqu'il élève depuis qu'elle a l'âge de 3 ans,
04:32 et de sa maman.
04:34 Ils ont ressenti une absence de sincérité dans le cadre des déclarations.
04:38 - Vous pouvez donner aussi votre sentiment.
04:39 Pourquoi cacher votre sentiment à vous ?
04:41 - Écoutez, moi, je trouve encore une fois
04:43 qu'on est dans le prolongement de ce déni,
04:47 de ce déni vis-à-vis de ce fléau que constitue le harcèlement.
04:50 Et ce qu'on appréhendait, c'était d'être reçu par un ministre
04:55 qui, parce que cela fait l'actualité,
04:58 est obligé de nous recevoir,
04:59 et se retrouve presque obligé de nous faire des excuses.
05:03 Rien de concret n'est ressorti de cet entretien qui n'a duré qu'une heure.
05:07 Évidemment, il n'est pas responsable de ce qui s'est passé.
05:09 En revanche, cette prise de conscience paraît tout à fait limitée.
05:12 - On verra ça. Nora, puis Géraldine.
05:14 - Après, évidemment que ce que vivent les parents de Lindsay,
05:18 sa famille, est un drame absolu.
05:21 Et on voit qu'il commence à y avoir quand même une prise de conscience de cette réalité.
05:25 La problématique, c'est que vous pouvez avoir une prise de conscience.
05:28 Et je ne suis pas ici pour excuser quoi que ce soit de la part du Question National.
05:32 Mais on a affaire aujourd'hui à une institution qui est absolument exsangue,
05:36 avec des professeurs, et il suffit d'en discuter avec eux,
05:38 qui sont absolument débordés,
05:41 parce qu'ils sont parfois dans l'incapacité aussi de répondre à cette violence entre les jeunes,
05:47 qui en plus se passe sur un espace cyber qui est finalement une nouvelle place publique,
05:51 mais qu'on est dans l'incapacité de contrôler, y compris pour les adultes.
05:54 Et c'est ça qui est terrible, c'est-à-dire que les cas de cyberharcèlement
05:57 qui concernent des adultes, vous, nous, parfois on les subit,
06:00 et la réponse pénale ne suit pas, la police n'est pas en capacité.
06:04 Vous avez beau avoir le programme Phare qui a été mis en place,
06:08 quel moyen vous avez derrière ?
06:10 Le programme Phare c'est un programme qui est dédié à la lutte contre le harcèlement scolaire,
06:13 mais qui en est, on va dire, à ses balbutiements.
06:16 À ses balbutiements, qui n'a pas de moyens, et après, de manière même plus précise,
06:20 quand vous voyez qu'aujourd'hui il n'y a plus de médecins scolaires,
06:22 il n'y a plus de psychologues scolaires,
06:24 il y a même des établissements où il n'y a même pas d'infirmiers ou d'infirmières scolaires.
06:28 Donc j'entends, et effectivement il faut qu'il y ait une réponse,
06:31 et le fait d'écarter les élèves harceleurs est déjà une première réponse,
06:37 plutôt que l'élève harcelé, le problème c'est qu'on ne sait pas comment arrêter ça sur les réseaux sociaux.
06:41 Mais là, est-ce qu'on ne demande pas à une institution qui est déjà en difficulté,
06:48 est-ce qu'on ne demande pas aux professeurs de répondre à une nécessité qui doit être faite ?
06:54 À un enjeu, à un défi qui est sociétal et qui va bien plus loin encore
06:59 que la simple institution scolaire, les familles, le corps médical,
07:05 et évidemment police, justice.
07:06 Maître de buisson, et ensuite Géraldine.
07:08 Absolument, absolument.
07:09 Ce que nous attendions c'était une prise de conscience sincère, réelle,
07:12 et qui s'accompagne en toute logique de moyens importants.
07:16 On a évoqué le programme Phare, on a attendu qu'on nous annonce des actions concrètes,
07:20 beaucoup plus de moyens.
07:21 Il y a un problème d'éducation au niveau des parents qui est à la base de tout ça,
07:24 mais ce qui est absolument essentiel c'est de lancer un programme massif de sensibilisation de la jeunesse,
07:30 dès l'école primaire, au collège, au lycée, en associant les parents d'élèves,
07:34 les professeurs, les instituteurs et les élèves eux-mêmes,
07:36 mais ça passe par des moyens considérables.
07:37 Tous les experts qui ont analysé le programme Phare nous disent
07:41 qu'il y a un manque de moyens considérables.
07:42 Nous avons évoqué ce problème, nous n'avons eu aucune réponse.
07:45 Et il y a une autre difficulté que j'évoquerai avec vous tout à l'heure
07:48 concernant les réseaux sociaux.
07:49 On va parler des réseaux sociaux, absolument.
07:50 Il y a une loi qui arrive, c'est-à-dire avec des mesures concrètes.
07:52 Je suis assez d'accord avec mes collègues, mais on n'attend pas d'un ministre,
07:57 et heureusement qu'il réagisse à chaud à des cas particuliers,
08:01 en plein mouvement d'émotion.
08:04 C'est la meilleure façon de prendre des mauvaises décisions
08:09 ou des décisions mal calibrées.
08:11 Il y a le drame que vit cette famille que vous accompagne, dont vous vous occupez.
08:17 Il y a la question du suicide d'adolescents.
08:20 Il faut quand même rappeler que depuis 1985,
08:23 le nombre de suicides d'adolescents a été divisé par trois.
08:26 Il est au plus bas historique.
08:29 Ça veut dire quand même que des progrès ont été accomplis.
08:33 Je ne dis pas qu'il reste énormément de choses à faire,
08:35 mais il y a la question du suicide d'adolescents
08:37 et il y a la question du harcèlement qui est un autre sujet.
08:40 Et qui est, c'est vrai, de plus en plus ténant.
08:43 Les deux peuvent se relier, mais il ne faut pas en faire...
08:45 C'est un peu plus complexe que ça.
08:48 Donc la question du harcèlement est encore un autre sujet
08:51 qui, Nora l'a très bien dit, commence à être pris en compte,
08:54 commence tout juste à être appréhendé dans toute sa complexité.
08:57 Moi, j'ai été aussi très gênée depuis deux jours
08:59 d'entendre dans certains débats comme une envie de bûcher
09:03 pour ces enfants harceleurs qui ont aussi 13 ans.
09:06 Et je pense qu'il y a tout un accompagnement à repenser.
09:09 Et Nora l'a dit très justement,
09:10 une insuffisance massive de moyens psychologiques.
09:14 Sachant que sur ces suicides d'adolescents aujourd'hui,
09:18 60% de ceux qui sont passés à l'acte
09:20 avaient appelé à l'aide médecins généralistes ou autres
09:24 le mois précédent.
09:25 Et il ne s'est rien passé.
09:26 Donc c'est vrai pour l'institution scolaire,
09:28 c'est vrai pour la médecine, c'est vrai pour tout.
09:31 On ne sait pas comment résoudre ça
09:33 parce qu'on n'a plus les structures et le maillage
09:36 suffisants dans la société pour réellement le prévenir.
09:40 Et je pense que le corps enseignant,
09:42 je ne sais pas pourquoi il n'est pas intervenu,
09:44 on parlait éventuellement de malaise,
09:45 mais quand on n'a pas les moyens,
09:47 quand on reçoit ces appels et qu'on n'a pas de moyens à mettre en face...
09:51 Moi j'en ai vu dans les collèges de mes enfants,
09:54 je l'ai vu d'enseignants qui me disaient
09:58 "on appelle, on appelle, il n'y a pas de psychiatres".
10:01 Il n'y en a pas.
10:02 Ce n'est pas un mythe, il y en a zéro.
10:04 Comment vous faites dans ces cas-là ?
10:05 Maître, un point précis, les réseaux sociaux.
10:09 Aujourd'hui le ministre de l'Éducation dit
10:11 "on va se réunir avec le ministre de l'Intérieur,
10:13 avec le secrétaire d'État au numérique, etc.
10:15 pour voir comment on peut essayer de faire pression
10:17 sur les grandes compagnies, etc.
10:19 Facebook, contre laquelle vous allez porter plainte d'ailleurs,
10:22 ainsi qu'entre le collège, l'académie, les policiers, etc.
10:25 Mais sur les réseaux sociaux,
10:28 c'est là-dessus précisément que vous sentez le gouvernement impuissant ?
10:32 Le ministre nous a fait un aveu sidérant.
10:35 Il nous a expliqué aujourd'hui
10:37 que l'État français n'était pas capable
10:39 d'exercer des mesures de contrainte sur Facebook, sur Instagram, sur TikTok,
10:43 qu'il n'avait aucune prise sur les réseaux sociaux,
10:45 qu'ils continuaient d'évoluer en toute impunité et en toute opacité.
10:48 Et même à monétiser, via la publicité,
10:53 des flux, notamment le flux qui concerne "L'INSEE est enfin morte", etc.
10:57 Des flux qui sont alimentés...
10:58 Ce sont des bouclés qui sont rancés sur les réseaux sociaux.
11:01 Des flux qui sont alimentés par des propos violents, haineux, etc.
11:03 Donc on a un comportement criminel des réseaux sociaux
11:06 qui évolue en toute impunité, avec un ministre qui vient de me dire aujourd'hui
11:09 "L'État ne peut rien faire."
11:10 Mais attendez, attendez, attendez, là-dessus...
11:11 Il y a une loi qui arrive avec des mesures très concrètes.
11:13 En juillet, il y a une loi en discussion numérique
11:15 qui est censée notamment pouvoir bannir des réseaux sociaux des harceleurs.
11:20 Alors il faut une décision du juge, donc ça mettra du temps.
11:22 Et puis, il y a ce que je trouve particulièrement intéressant,
11:25 c'est que tout mineur de 15 ans devra avoir l'autorisation expresse de ses parents,
11:28 donc le contrôle parental, pour pouvoir avoir un profil social et être sur les réseaux sociaux.
11:33 - En attendant, vous dites, Maître, que les réseaux sociaux se font de l'argent,
11:36 avec des drames comme celui de l'INSEE.
11:39 - Toutes les entreprises qui, aujourd'hui,
11:43 se rapprochent d'Instagram, de Facebook et de TikTok
11:46 pour envoyer des messages publicitaires,
11:48 ces messages publicitaires, ils apparaissent entre deux messages haineux,
11:51 que ce soit pour l'INSEE ou d'autres cas extrêmement graves.
11:53 Et c'est entretenu délibérément par des réseaux sociaux qui disent au gouvernement,
11:57 puisque le ministre me l'a dit tout à l'heure,
11:59 "Non, on ne va pas collaborer avec vous."
12:01 C'est totalement sidérant, ça veut dire aujourd'hui.
12:03 Et c'est ce qu'a révélé le scandale,
12:05 enfin, je parle de scandale d'affaires, en tout cas de drame humain de l'INSEE,
12:08 c'est qu'on a atteint un degré de violence absolument inouï,
12:12 puisque même après sa mort, sa mémoire continue d'être souillée sur les réseaux sociaux
12:17 et que plus personne, rien ni personne n'est capable d'arrêter ce déferlement de haine et de violence.
12:22 On reçoit encore aujourd'hui des vidéos, jour après jour,
12:25 concernant l'INSEE, concernant sa meilleure amie, dont je défends les intérêts,
12:28 concernant la petite Océane qui était présente à la conférence de presse,
12:31 qui a appelé aujourd'hui sa maman depuis les toilettes en disant,
12:33 "Je suis insultée toute la journée et qui va être déscolarisée."
12:37 Et personne ne fait rien.
12:38 - Dans le même collège, dans le même collège.
12:40 - Ni le responsable du collège, ni les professeurs,
12:43 dont évidemment certains sont des professeurs de qualité, mais personne ne mettra...
12:46 - Mais attendez, qu'est-ce que vous dites ?
12:48 Est-ce qu'il y a un problème particulier avec ce collège-là ?
12:52 - Il y a un gros problème avec ce collège, mais il y a des problèmes avec beaucoup de collèges aussi.
12:56 Il y a un manque de moyens, c'est évident.
12:58 La raison pour laquelle nous avons déposé plainte contre la police,
13:01 c'est parce que la police fait face aux mêmes difficultés, un manque de moyens évident.
13:05 - Elle avait été prévenue ?
13:06 - Mais la police, une plainte de cinq pages détaillées, explicites, extrêmement alarmantes,
13:09 a été communiquée.
13:10 Trois mois et demi ont été pris par des policiers qui n'ont pas pu mener d'enquête.
13:13 J'ai du mal à penser que ces policiers n'ont pas voulu mener d'enquête.
13:16 - Le ministre de l'Éducation dit aujourd'hui qu'il va falloir justement
13:19 que le lien entre l'échelle d'établissement et la justice se fasse plus rapidement
13:24 et que l'échelle d'établissement signale plus et plus vite des cas de harcèlement.
13:28 - Ça, c'est une bonne chose, on en a parlé, c'est une mesure intelligente,
13:32 mais ce n'est pas suffisant.
13:33 On ne peut pas être reçu aujourd'hui par le ministre qui nous dit
13:35 "Mis à part ça, rien n'est prévu.
13:37 On ne va pas augmenter les moyens destinés à l'éducation,
13:39 destinés à des cellules de crise vis-à-vis du harcèlement,
13:42 on ne va pas renforcer le programme phare et on ne peut rien faire contre les réseaux sociaux".
13:45 - Il vous a clairement dit "On ne fera pas tout ça".
13:47 Le ministre vous a dit "On ne fera pas, on ne va pas renforcer".
13:50 - On va augmenter, mais clairement, qu'est-ce qui va se passer, concrètement ?
13:53 On n'a pas de réponse concrète.
13:55 Donc, langue de bois politique habituelle, politique de l'autruche,
13:57 et des parents qui sont désespérés qui sortent de l'as.
14:00 - On ne peut pas réagir à chaud à un cas particulier.
14:04 Ce n'est pas très responsable d'exiger ça.
14:07 C'est un aspect revanchard qui est aussi un peu excessif.
14:13 - Pas du tout.
14:15 Ce que je veux dire, c'est qu'il n'y a eu aucune prise de conscience
14:18 qui a été traduite pendant une heure.
14:20 - C'est le sentiment de votre cliente.
14:22 - C'est le sentiment de ma cliente, du papa.
14:24 - Ce n'est pas forcément la réalité.
14:26 - On verra si des mesures concrètes ont été prises.
14:28 - Vous vous souvenez du petit Lucas qui s'est suicidé il y a aussi quelques semaines
14:31 et qui était harcelé.
14:33 - Quatre ados reconnus coupables de harcèlement.
14:35 - Exactement, quatre ados reconnus coupables de harcèlement.
14:37 Aujourd'hui, on attend dans les prochains mois la décision de justice quant à la peine.
14:42 Il y a eu une prise de conscience.
14:44 Tout ceci ne serait jamais arrivé devant la justice
14:48 s'il n'y avait pas eu cette prise de conscience.
14:50 Et là, il y a quand même un début de réponse.
14:52 Même si cela n'empêche pas malheureusement ces drames,
14:56 il y a quand même une prise de conscience.
14:58 - Nous avons jugé inefficace.
15:00 Nous verrons s'il y aura des actions concrètes qui seront mises en œuvre.
15:03 Nous pensons que ce ne sera pas le cas.
15:05 L'avenir nous dira si nous avons raison.
15:07 Ce qui est sûr, c'est qu'ils continuent tous d'être harcelés dans ce collège
15:11 et que personne ne fait rien.
15:13 - Comment vous expliquez ce qui se passe dans ce collège en particulier ?
15:17 L'absence totale de soutien du proviseur et du personnel éducatif
15:21 pour la petite Lindsay.
15:24 Par conséquent, est-ce que vous pensez que le personnel éducatif
15:27 pourrait être passible de poursuites judiciaires ?
15:30 Est-ce que vous pensez que le proviseur de ce collège
15:33 porte une responsabilité dans le suicide de Lindsay ?
15:36 - Une responsabilité pénale, bien sûr.
15:38 On a déposé plainte pour lui pour non-assistance à personne en péril.
15:41 Il avait reçu cette lettre de suicide de Lindsay,
15:44 qu'il a mis directement en cause en disant "je suis allé le voir à plusieurs reprises".
15:47 Il m'a dit "non mais arrête avec tes bêtises, on n'en parle pas,
15:50 ça reste entre nous".
15:51 Quand la mère a désespéré, l'a appelée, est allée le voir,
15:53 elle dit "la meilleure chose que vous pourriez faire,
15:55 c'est punir votre fille et lui enlever son téléphone portable".
15:57 Les défaillances, encore une fois, sont...
15:59 Et plusieurs mois avant, jour après jour, elle est derrière son téléphone.
16:01 - Est-ce que c'est parce que ce monsieur est un salaud,
16:04 ou est-ce que c'est parce qu'il a des...
16:05 Est-ce que structurellement, il y a un problème dans l'éducation nationale ?
16:07 - On va juste se calmer un petit peu, parce que...
16:10 Balancer aussi à la vindicte comme ça un chef d'établissement,
16:13 des professeurs, dans une enquête qui démarre encore une fois,
16:16 on va juste éviter un certain nombre de propos.
16:19 - D'autant qu'il y a eu une conférence de presse de l'inspection académique
16:22 qui a eu quand même un contact, prise en charge.
16:25 - Et on a une enquête en cours, il y a une enquête qui est en cours au niveau administratif,
16:28 il y aura une enquête en cours aussi du côté judiciaire.
16:31 Moi, il y a une chose que je voulais vous poser comme question,
16:33 une dernière chose, vous rencontrez avec les parents de l'INSEE,
16:36 Brigitte Macron, mercredi.
16:38 Qu'attendez-vous d'elle ?
16:40 - D'être un peu mieux accueilli, d'avoir un peu plus d'émotion,
16:43 mais je pense que ce sera le cas.
16:45 Et puis, encore une fois, un échange plus sérieux,
16:50 qui pourrait être concrétisé par un accompagnement dans le temps,
16:53 et une écoute, une écoute attentive de ses parents qui ont été abandonnés,
16:57 qui n'ont pas cessé de multiplier les alertes,
17:00 et qui se sont tournés vers toutes les institutions,
17:04 et qui aujourd'hui sont en attente d'être écoutés, de voir...
17:08 Ils ne sont pas dans une logique de vindicte,
17:10 ils ne m'ont jamais dit "nous voulons que les harcèleurs soient condamnés au redemande", etc.
17:14 Ils m'ont simplement dit, ils le répètent,
17:16 "nous voulons que les responsabilités soient établies,
17:18 que les fautes soient reconnues".
17:20 Cette logique-là, elle est en ligne, en adéquation parfaite
17:24 avec la dignité qu'ils ont développée depuis le début de cette affaire,
17:28 et enfin, grâce aux médias, il y a une prise de conscience nationale,
17:32 et aux réseaux sociaux, c'est toute la dualité des réseaux sociaux
17:35 qui ont suscité un élan d'adhésion au niveau national,
17:37 et qui a permis qu'il y ait une véritable prise de conscience de la population
17:41 vis-à-vis de ce drame.
17:42 - Vous conviendrez du coup qu'il n'est pas forcément de bon goût
17:46 d'entretenir une pression médiatique maximale
17:49 pour que la justice aille plus vite,
17:51 il y a des enquêtes en cours, et effectivement, ça prendra du temps.
17:54 - Nous ne voulons pas que ça aille plus vite,
17:56 nous voulons simplement qu'on nous dise,
17:57 "on a entendu le message, on a compris qu'il y avait un problème en France,
18:00 et on va tout faire pour que ce problème cesse".
18:02 - Merci Maître Lemuisson d'avoir été avec nous ce soir en direct dans 22h max.

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