Invité 7h45 : Hubert Arthaud, frère de Florence Arthaud

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Transcript

00:00 Vous en avez entendu parler, c'est ce film consacré à la navigatrice Florence Arthaud et un film qui fait des vagues à Cannes.

00:06 Le long métrage de Géraldine Danon a été présenté hors compétition au cinéma de la plage

00:11 et à quelques ans, câblure du lieu où les cendres de la navigatrice ont été dispersées,

00:16 c'est un film qui ne plaît pas du tout à sa famille.

00:19 Avec nous justement en studio le frère de la navigatrice décédé dans un crash d'hélicoptère en 2015.

00:24 Il est en Tibois.

00:25 Bonjour Hubert Arthaud.

00:26 Bonjour tous.

00:27 La réalisatrice parle d'un hommage à votre sœur.

00:31 Alors pourquoi ce film vous met en colère ?

00:32 Non, déjà la présentation ça n'a rien d'un hommage, c'est juste une question financière.

00:38 L'hommage, moi je l'ai fait à ma sœur au large des îles de l'Erince

00:43 et de mémoire il n'y avait pas Géraldine Danon.

00:47 Donc non, la façon dont ça s'est passé,

00:49 en fait ils ont racheté les droits d'un bouquin pour justement arriver à faire ce film

00:56 sans l'accord de la famille, sans venir nous voir etc.

01:00 Donc c'est vrai que se présenter aujourd'hui comme une amie,

01:03 ce ne sont pas des comportements très amicaux.

01:06 Ça c'est pour la forme ?

01:07 Mais ça c'est pour la forme.

01:08 Pour le film, ce qui est dommage,

01:11 c'est qu'en fait il passe complètement à côté de la magie du personnage

01:14 et que ce qui est présenté de Florence,

01:16 en fait pour le grand public ne comprendra pas comment une fille qui a été élevée

01:21 on va dire dans une famille pseudo bourgeoise dans le 16ème etc.

01:25 devient tout d'un coup une aventurière etc.

01:28 En fait pourquoi ?

01:29 Nous on a eu la chance d'avoir un père qui était éditeur

01:32 et qui contrairement à ce qui est présenté dans le film

01:35 comme un autoritaire assez bloqué,

01:39 était quelqu'un de très ouvert.

01:40 Lorsqu'il recevait les auteurs à la maison,

01:43 il nous faisait participer.

01:45 Donc on a eu la chance de voir Tabarni,

01:47 Moitecier par exemple, un exemple tout bête,

01:50 vous voyez quand vous avez 7 ans, Moitecier qui arrive,

01:53 votre mère qui lui dit "Bernard je t'ai fait la chambre d'ami" etc.

01:57 et puis Bernard qui répond "Non tu sais Anne-Marie,

01:59 je vais pioter sur le parquet avec mon sac de couchage".

02:02 Forcément quand vous êtes jeune ça vous marque

02:05 et en fait on assistait à ces rendez-vous

02:09 où finalement tous ces marins racontaient leurs manuscrits.

02:13 - Et ça a contribué ensuite à l'épopée de votre sœur.

02:17 - Oui oui tout à fait, ça a complètement contribué.

02:20 On a eu la chance de naviguer sur le bateau de Tabarni

02:23 quand on était très jeune.

02:24 Donc oui la passion de Florence, elle naît à ce moment-là.

02:28 Ensuite mes parents avaient une maison dans le sud

02:31 et puis on avait une espèce de garage à bateau sur l'eau.

02:33 Donc ils avaient leurs copains et pour être peinards,

02:36 ils nous avaient acheté des dériveurs

02:37 et donc on passait nos journées sur des dériveurs.

02:40 Et Jean-Marie et Florence, mon grand frère qui a tout appris à ma sœur,

02:44 quand il y avait un BMS c'était les deux seuls qui étaient...

02:47 - Et vous auriez aimé qu'on raconte tout ça ?

02:49 - Non, ce n'est pas que j'aurais aimé.

02:51 C'est l'histoire de Florence finalement.

02:55 Et c'est comme ça que cette femme,

02:58 qui pèse, allez, tout mouillé, 55 kilos,

03:01 bat les hommes dans des dépressions

03:02 parce qu'elle a acquis, par les voyages que nous a fait faire notre père

03:06 dans des conditions extrêmement simples,

03:08 un sang-froid et en même temps une motivation

03:12 pour aller vers le vrai, vers les choses simples.

03:15 - Mais il est plutôt question dans ce documentaire de son côté "no limit"

03:18 selon vos propres mots, à ce côté, elle aimait faire la fête.

03:20 - Oui, oui, tout à fait.

03:21 - On la présente beaucoup avec des bouteilles d'alcool notamment dans le film.

03:23 C'est ça qui vous gêne de ce côté-là ?

03:24 - Elle est complètement déformée.

03:25 - Qui existait quelque part chez elle ?

03:27 - Oui, qui a existé après parce que, en fait,

03:30 pour être un peu intégrée dans le milieu des marins,

03:32 effectivement on le sait, tous les marins ont l'alcool un peu facile, etc.

03:35 - Et on peut avoir nos démons par ailleurs ?

03:37 - Oui, oui, complètement.

03:39 Mais par exemple, ça commence sur...

03:41 Je ne vois pas tellement ce qu'il y a d'intéressant là-dedans,

03:43 sur son accident.

03:44 En fait, son accident n'est pas traité de façon intelligente.

03:46 - C'est une voiture.

03:47 - Et de façon vraie.

03:48 Bon, son accident, il y a eu un rapport effectivement qui avait été fait à l'époque.

03:51 Personne ne l'avait bu, ce n'est pas elle qui conduisait.

03:53 Elle était à l'arrière et c'est pour ça que...

03:55 - Et là, on la voit avec une bouteille d'alcool au volant, c'est ça ?

03:57 - Oui, c'est...

03:58 - C'est diffamatoire selon vous ça ?

03:59 Au-delà du fait que c'est un peu exagéré ?

04:01 - C'est assez stupide.

04:02 En fait, à l'époque, elle faisait médecine.

04:04 Elle travaillait 10 heures par jour.

04:06 Et puis surtout, en fait, on ne traite pas le...

04:09 Qu'est-ce qui s'est passé ? C'est cet accident qui fait basculer sa décision à l'époque.

04:12 Elle veut être médecin du monde.

04:14 Elle a un accident et comme tous les accidentés graves qui ont été dans le coma, c'est une

04:19 réflexion...

04:20 - Ça déclique.

04:21 - Mon père lui fait faire une traversée de l'Atlantique parce que le professeur lui

04:25 dit "Voilà, il faut qu'elle soit au calme".

04:27 Bim.

04:28 Ensuite, on traverse un autre bateau pour mon frère qui faisait avec ma soeur et mon

04:31 père.

04:32 Et puis à l'arrivée, elle lui dit "Bah écoute papa, je veux faire la route du Rhum".

04:34 Et mon père est tout à fait à l'écoute et il se dit "Merde, dans le fond, j'ai peut-être

04:38 fait une connerie".

04:39 Et il lui trouve un premier bateau.

04:42 - Et tout ça, c'est pas dans le film ? Et on sent que ça vous blesse cette version-là.

04:46 Pourtant, vous l'avez pas vu ce film, vous ? Est-ce que c'est pas compliqué de dire

04:48 "film" si vous l'avez pas vu ?

04:49 - Non, non.

04:50 Moi, mes enfants l'ont vu.

04:51 J'ai vu pas mal d'extraits.

04:52 Je dirais, je donnerais pas leurs commentaires.

04:54 Ils ont été très déçus.

04:55 Les commentaires aussi qu'il y avait dans la salle, c'était "Bon, le film est long.

05:01 Il y a pas mal de scènes pour être clair de cul parce que ça s'appelle comme ça".

05:05 Et en fait, bon, voilà.

05:06 - C'est pas agréable à voir, j'imagine, quand ça serait décédé, évidemment.

05:08 - Si on fait un comparatif avec Le Grand Bleu, Le Grand Bleu a été tourné par Besson.

05:11 Pourquoi c'est devenu un succès ? Parce qu'il y a des images fantastiques, parce que c'est

05:16 Besson.

05:17 Là, il y a pas ça.

05:18 - Ouais, il y a du choc.

05:19 Vous envisagez des actions pour interdire le film en salle ?

05:21 - Non, pas du tout.

05:22 Non, non, non, pas du tout.

05:24 Moi, je pense que la punition va venir d'elle-même.

05:27 C'est-à-dire que le film, les gens vont y aller et 15 jours après, ce sera un flop.

05:31 Parce qu'il n'y a pas de messages ni d'images qui sont puissantes, comme encore une fois

05:37 a su le faire Besson.

05:38 - Il y a aussi des livres sur Florence Arthaud qu'on peut lire pour se faire notre image

05:43 de la navigatrice.

05:44 - Oui, oui, tout à fait.

05:45 - Merci beaucoup Hubert Arthaud d'avoir été avec nous ce matin.

05:47 Belle journée à vous.

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