Avec Hugo Clément, journaliste et présentateur de l’émission "Sur le front" sur France 5.
Retrouvez "En toute subjectivité" sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/en-toute-subjectivite
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00:00 Il est 7h21 en toute subjectivité ce matin avec le journaliste et présentateur de l'émission
00:10 « Sur le front » sur France 5, Hugo Clément bonjour !
00:13 Bonjour Nicolas !
00:14 Hugo, ce matin vous nous parlez de charcuterie.
00:16 Oui, un produit souvent associé à la convivialité, au bon moment entre copains, mais qui cache
00:22 un danger désormais bien connu des scientifiques, les additifs nitrés.
00:26 Ces nitrites sont utilisés dans la charcuterie par les industriels pour donner une couleur
00:31 rose au produit, allonger la durée de conservation et accélérer le processus de fabrication.
00:36 Économiquement c'est très intéressant, le problème c'est que ces nitrites sont
00:40 mauvais pour la santé.
00:42 Leur consommation régulière augmente de manière significative le risque de développer
00:46 un cancer colorectal.
00:48 Selon Santé publique France, il ne faudrait pas manger plus de 150 grammes de charcuterie
00:53 par semaine, ça représente 3 ou 4 tranches de jambon, pas plus.
00:57 Le problème c'est que 63% des français dépassent ce seuil.
01:01 Résultat, la Ligue contre le cancer estime qu'environ 4000 nouveaux cancers peuvent
01:06 être attribués chaque année en France à la consommation de viande transformée.
01:09 Et pourtant Hugo, ces additifs nitrés sont toujours utilisés.
01:13 Oui, le gouvernement demande aux industriels de réduire l'utilisation des nitrites,
01:17 mais les autorise toujours.
01:19 Plus de 70% de la charcuterie vendue dans la grande distribution en contiendrait.
01:23 Ça paraît fou quand on sait que la communauté scientifique, et notamment l'ANSES, l'agence
01:28 de sécurité sanitaire, écrit noir sur blanc qu'il y a un lien entre ces nitrites et
01:32 le risque de cancer.
01:33 Début avril, les députés écologistes ont bien tenté de faire interdire les additifs
01:38 nitrés dans la charcuterie en déposant une proposition de loi à l'Assemblée, mais
01:41 elle a été rejetée par les députés Renaissance.
01:44 Une semaine plus tard, le député Modem, Richard Ramos, lui-même membre de la majorité,
01:49 a retenté le coup en essayant lui aussi de faire interdire ces nitrites.
01:53 Il a été soutenu par la France Insoumise, l'EPS, les Écolos et le RN, mais rebelote
01:59 le groupe Renaissance à voter contre.
02:01 Colère de Richard Ramos qui accuse la majorité de continuer à faire mourir les pauvres.
02:06 Car il est vrai que les nitrites sont surtout présents dans la charcuterie industrielle,
02:11 principalement consommée par les personnes issues de milieux modestes.
02:14 Il existe des charcuteries sans nitrites ajoutées, mais elles sont un peu plus chères.
02:18 Et pourquoi la majorité refuse-t-elle d'interdire ces produits ?
02:21 Le gouvernement suit les arguments des industriels en disant que c'est trop compliqué de produire
02:25 sans nitrites.
02:26 Mais selon Richard Ramos, c'est parce que le gouvernement actuel est sous l'influence
02:30 des lobbies de la charcuterie, c'est lui qui le dit.
02:32 Et il est vrai que ces lobbies sont très actifs.
02:34 Je ne sais pas si vous connaissez Nicolas, l'application Yuka, qui permet de scanner
02:38 des produits au moment de les acheter et qui vous renseigne sur les ingrédients et leur
02:41 possible impact sur la santé.
02:42 Forcément, quand vous scannez du jambon qui contient des nitrites, les voyants s'affichent
02:47 au rouge et vous alertent sur le risque de cancer.
02:49 Et bien figurez-vous que les industriels de la charcuterie ont multiplié les procédures
02:54 judiciaires contre Yuka pour forcer l'application à ne plus évoquer le caractère cancérogène
02:59 des additifs nitrés.
03:00 Yuka a gagné certains procès, d'autres procédures sont toujours en cours, la bataille
03:05 des nitrites ne fait que commencer.
03:07 Hugo Clément, merci.