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  • 17/04/2023
Avec Paul Moreira, journaliste

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##SUD_RADIO_MEDIA-2023-04-17##

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News
Transcription
00:00 Sud Radio Média, 10h10h30, Valérie Exper, Gilles Gansman.
00:05 Bonjour Gilles.
00:06 Bonjour Valérie.
00:07 Ah ben j'ai pas de retour, je m'attends pas à laisser de meufs autour.
00:10 Bonjour Paul Morera.
00:11 Bonjour.
00:12 Vous êtes journaliste, réalisateur et on va pouvoir, on peut voir en fait, dès à présent
00:16 sur la plateforme d'Arte un documentaire que vous avez réalisé au nom du maintien de
00:22 l'ordre.
00:23 C'est sur arte.tv.
00:24 Ce sera diffusé le mardi 30 mai à 20h55.
00:28 On est dans l'actualité, la preuve aujourd'hui.
00:32 Oh puis ce soir, une fois qu'il aura parlé, je pense que ça va un peu bouger.
00:36 Avec, oui, Libération ce matin qui publie un sondage qui exprime l'opinion des Français
00:43 sur la démocratie qui est en danger et puis une interview de Sébastien Rocher qui est
00:47 un grand spécialiste de la police et du maintien de l'ordre.
00:49 Vous vous êtes interrogé sur ce qui s'est passé, ce qui a à un moment changé dans
00:55 la tactique, dans la technique du maintien de l'ordre.
00:58 On parle de fusils, on parle pratiquement de maintien de l'ordre qui ressemble plus
01:05 à l'armée que à la police.
01:06 Et on va en reparler avec vous.
01:07 Oui, c'est en deux parties.
01:09 La deuxième partie sur le fameux LBD et les accidents.
01:14 Et la première fois quand même, moi, c'est ça qui m'a marqué.
01:17 La première fois où on braque une arme sur une personne alors qu'elle n'est pas en légitime
01:24 défense.
01:25 Et c'est ça le LBD.
01:26 C'est qu'on braque une arme et jusqu'ici on braquait pas les armes sur les gens.
01:30 Moi, ça m'a fasciné votre doc.
01:31 Mais j'ai aussi des critiques.
01:34 Non, non, c'est une enquête remarquable qui s'est faite sur plusieurs années et on va
01:41 en reparler.
01:42 Mais là, c'est le zapping.
01:43 Sud Radio Média, l'instant zapping.
01:46 Le zapping, c'était facile pour vous.
01:49 C'est vrai que c'est avec plaisir.
01:50 Paul Morera, vendredi, que voulez-vous ? On va parler des méthodes de la police avec
01:55 votre documentaire.
01:56 Il faut dire que vous pourrez faire une saison 2 avec tout ce qui se passe en France.
02:00 Et sur BFM, ils étaient en direct en train de commenter une action qui avait lieu, qui
02:06 est très contestée, dont vous parlez dans votre documentaire, la Nass.
02:09 Alors là, on voit des membres des forces de l'ordre qui sont en train de frapper les
02:12 gens.
02:13 Oui, qui les frappent.
02:14 Parce que les gens refusent peut-être de bouger ou ne bougent pas.
02:19 C'est un peu confus.
02:21 Est-ce que ces personnes...
02:22 Il y a du gaz à l'homogène.
02:23 Je voudrais quand même connaître ce qui se passe.
02:28 Les gens, là, vous me disiez qu'ils sont matraqués pour bouger, mais ils sont pris
02:30 en cercle, en tonnelle par les forces de l'ordre.
02:32 Donc, ils pouvaient aller nulle part.
02:34 C'est vrai.
02:35 Mais peut-être en fait que ces personnes sont Nassées, parce que là, c'est bien ça.
02:41 Il s'agit pour vérifier les identités et éviter qu'elles puissent partir en cortège
02:47 sauvage.
02:48 C'est légal ou pas, finalement, la Nass ?
02:50 Apparemment, le Conseil d'État avait condamné l'utilisation de la Nass, mais c'est comme
02:54 faire pipi dans l'eau, parce que ça n'a eu aucun impact.
02:56 Mais ce qu'il faut dire sur la Nass, c'est une méthode.
03:01 J'ai rencontré des centaines, des dizaines de policiers.
03:04 Aucun policier de terrain n'a justifié la Nass.
03:08 De Lavoine, qui est le commandant de CRS, me donne une interview sur le camp d'entraînement
03:14 et dit "nous, la Nass, on est contre, en fait, parce que c'est un multiplicateur de tensions".
03:18 La Nass, c'est une décision politique, c'est une décision d'encadrement, en fait, c'est
03:23 une décision d'étouffement.
03:24 Et quand j'interview ce personnage incroyable qui était l'ancien chef de la police de
03:31 Seattle, je lui pose la question, parce que la Nass, c'est mondial, c'est pas une particularité
03:36 française, c'est nouveau, mais c'est pas une particularité française.
03:39 Et donc Norm Stemper, qui a été pendant 30 ans chef de la police à Seattle pendant
03:44 les fameuses émeutes contre l'OMC en 1999, il me dit "je vais vous expliquer à quoi
03:50 ça sert la Nass.
03:51 La Nass, ça va justifier votre niveau de répression.
03:54 Parce que quand vous collez des policiers tout près de gens qui sont des antagonistes,
03:58 des manifestants, vous êtes sûr qu'il va y avoir de la bagarre.
04:01 Parce que c'est humain, chacun son cerveau reptilien, on va finir par se frotter, on
04:05 va finir par se cogner, et vous allez justifier votre niveau d'engagement, vous allez justifier
04:10 les gaz lacrymogènes, vous allez justifier les ballons caoutchouc, vous allez justifier
04:14 tout ce que vous avez déployé.
04:15 Donc la Nass, c'est une sorte de prophétie maléfique autoréalisatrice.
04:20 On est sûr, quand on fait une Nass, qu'il va y avoir des problèmes.
04:24 D'ailleurs c'est intéressant, parce que ce policier qui commente sur l'antenne de
04:26 BFM, il est super ennuyé.
04:28 Ils sont tous contre les flics.
04:30 - Et vous montrez, on voit un moment dans le documentaire...
04:32 - C'était Dominique Rizet, le journaliste de L'Ontario.
04:34 - Pardon, j'ai confondu.
04:35 - Mais il est positionné dans la ZAR.
04:37 - Il y a des charges à l'intérieur des Nass.
04:39 - Ça c'est ce qu'on voit à un moment dans votre documentaire.
04:41 - Et puis là aussi, quand il les tape.
04:43 Suite à ces débordements de manifestations, Xavier Bertrand lui demande que l'on s'évite.
04:49 Il est assez pessimiste sur la suite en France.
04:52 - On ne peut pas continuer comme ça.
04:54 On a tant quoi d'avoir aussi, comme en Angleterre, une députée un jour qui est assassinée.
05:00 Un drame comme celui-là.
05:01 Il est temps aussi de comprendre que si on ne met pas un terme à toute cette tension,
05:06 on va connaître un chaos dont on est aujourd'hui si proche.
05:09 Et l'important, c'est que personne ne fasse cette politique du pire.
05:14 En tout cas, je ne la ferai jamais.
05:15 Et je pense qu'il faut aussi bien se démarquer du rôle, du sale rôle notamment que joue
05:21 la France insoumise, et aussi de la dissimulation, du mutisme du Front National qui profite de
05:27 cette situation.
05:28 - On est proche du chaos ?
05:30 - Je ne sais pas si on est proche du chaos.
05:32 En tout cas, il y a un moment où le dialogue a été rompu et où il a été remplacé par
05:36 l'affrontement dans la rue.
05:37 C'est sûrement la révolution la plus grande à venir, l'intelligence artificielle et son
05:43 fameux chat GPT qu'on voit un peu partout.
05:45 Alors vous savez Valéry, qu'un sénateur a demandé que l'on sache où vint les infos
05:50 parce qu'il faut qu'on rentre des infos, qu'on envoie des documents.
05:52 Eh bien, où ça va ? Vous savez que des gens de Samsung ont envoyé quand même des documents
05:57 de Samsung pour résoudre des problèmes qu'ils avaient par chat GPT.
06:01 Et Samsung s'est aperçu qu'ils envoyaient des documents secrets et confidentiels sur
06:06 des téléphones, puisqu'ils veulent un nouveau téléphone pliable.
06:09 Ils envoyaient carrément toute la notice pour que chat GPT résolue l'affaire à leur
06:15 place.
06:16 Ce qu'il a fait d'ailleurs.
06:17 Et Quotidien, du coup, a été voir les sénateurs français et ils ont laissé chat GPT poser
06:24 la question.
06:25 Journaliste est-il un métier remplaçable ? Pour le savoir, Paul a demandé à chat GPT
06:29 de générer une question que l'on pourrait poser à un sénateur sur l'intelligence artificielle.
06:33 Et il faut reconnaître que le résultat n'était pas si mal.
06:35 Comment comptez-vous réguler l'intelligence artificielle pour qu'elle soit utilisée de
06:38 manière éthique et responsable ?
06:39 Elle est de votre question.
06:40 Vous trouvez ? Ah oui.
06:41 Elle n'est pas de moi.
06:42 Ah bon ? Elle est de chat GPT.
06:43 C'est un bon piège en tout cas.
06:44 Ça c'est une question fondamentale.
06:45 Je fais un séminaire de mon groupe dans quelques mois.
06:51 Chat GPT génère donc des questions fondamentales qui effectivement font parler les sénateurs.
06:56 Toute évolution crée des changements imprévisibles et en général inconfortables.
07:01 Pour vous confier un secret, ma première question, elle a été écrite par chat GPT.
07:03 Elle n'est pas si mauvaise que ça.
07:05 Non, elle est banale.
07:07 C'est du chat GPT signé.
07:09 C'était Gérard Longuet à la fin.
07:11 Il y en a beaucoup qui débarquaient un peu.
07:13 J'ai vu la séquence.
07:14 Mais ce matin à lire, je crois que c'est dans Le Parisien, chat GPT a réussi à retrouver
07:21 l'origine d'un cancer sur un patient dont les médecins n'arrivaient pas à trouver.
07:25 Donc c'est un logiciel qui a été mis en place avec chat GPT.
07:30 Mais c'est vrai que ça ouvre des perspectives assez incroyables.
07:33 Moi ça me fait peur.
07:34 A vous ?
07:35 Si on prend un peu d'altitude, il y a un moment où effectivement on espère quand même
07:41 que les robots vont nous remplacer et qu'on va prendre des vacances.
07:43 Moi j'aime bien faire de la radio.
07:47 Khadmerad et Danny Boon pour finir Valérie étaient des invités de C'est à vous.
07:50 L'humeur était joyeuse, l'alcool coulait à flot avec modération.
07:54 Vous avez vu dans tout le jeu.
07:57 Et ça a chanté Danny Boon à la guitare et ça a chanté du Charles Aznavour.
08:02 Vous avez évité l'asara ?
08:09 J'ai évité l'asara, j'ai évité The Voice.
08:23 Je ne vous ai pas dit The Voice.
08:25 Je vous vois quand je fais des efforts.
08:27 Absolument.
08:28 On se retrouve dans un instant avec Paul Morera pour parler d'un doc qui va vous passionner.
08:33 Vous auditeurs de Sud Radio qui êtes particulièrement sensibles au maintien de l'ordre justement
08:39 et au dérapage.
08:40 Ça s'appelle "Au nom du maintien de l'ordre".
08:42 C'est déjà sur RTTV.
08:43 Vous me disiez Paul Morera qu'il y a déjà plus d'un million de personnes qui ont regardé.
08:48 Oui, en fait maintenant les télés, je pense que si elles veulent survivre, il faut qu'elles
08:52 fassent ça.
08:53 Il faut qu'elles fonctionnent comme une plateforme.
08:55 Netflix, ils mettent en ligne, les gens regardent.
08:56 Ils n'attendent pas le jour D, le 30 mai.
08:58 Parce que là le 30 mai c'est loin et on est en plein dans ce questionnement par rapport
09:02 aux violences dans les manifestations d'un côté comme de l'autre.
09:06 A tout de suite.
09:07 Sud Radio Média, l'invité du jour.
09:11 Avec vous sur Sud Radio pour parler de ce documentaire "Au nom du maintien de l'ordre".
09:17 Paul Morera est notre invité, journaliste, réalisateur.
09:21 C'est disponible sur la plateforme arte.tv dès maintenant.
09:25 Et puis ce sera diffusé sur l'antenne d'Arte le mardi 30 mai à 20h55.
09:31 Mais c'est vrai que c'est l'actualité en ce moment qu'il y a énormément de débats
09:35 autour du maintien de l'ordre avec les manifestations.
09:39 Est-ce qu'on voit, est-ce qu'il y a été, vous allez nous dire ce qui a été le point
09:42 de départ pour vous de ce documentaire.
09:44 Mais la question c'est quand est-ce que les manifestations ont commencé à devenir des
09:49 opérations militaires.
09:50 Puisqu'on a vu des chars au moment des Gilets jaunes.
09:53 On voit des policiers de plus en plus équipés.
09:55 Et ça s'apparente plus à des opérations militaires qu'à du maintien de l'ordre.
10:00 D'où vous êtes parti pour ce doc ?
10:03 Alors d'abord sur un plan personnel, moi je suis parti du fait qu'avec mon complice,
10:08 le caméraman Pedro da Fonseca, quand le mouvement des Gilets jaunes démarre, on se dit c'est
10:14 un truc historique.
10:15 Il y a quelque chose d'inhabituel qui est en train de se passer.
10:18 Et pendant 2-3 mois on passe tous nos samedis après-midi comme ça pour rien avec une caméra
10:24 en train de filmer au niveau du terrain ce qui se passait.
10:26 Pour témoigner.
10:27 On ne savait pas trop ce qu'on allait en faire.
10:28 Mais on se disait qu'il fallait être là.
10:30 Qu'il fallait record, enregistrer ce qui était en train de se passer.
10:34 Et le 8 décembre, j'ai quand même un moment un peu de révélation.
10:40 C'est-à-dire je me dis, les moyens qui sont mis face à une population certes furieuse,
10:45 certes furieuse.
10:46 Mais c'est des moyens.
10:48 Il se trouve qu'on revenait de Raqqa en Syrie où on avait couvert la dernière bataille
10:52 de Raqqa avec Pedro.
10:53 Et on se dit, mais attend il y a plus de blindés sur les Champs-Elysées qu'on en a vu à
10:57 Raqqa.
10:58 Donc il y a un moment où il y a un problème.
10:59 Le niveau de menaces n'étant pas le même.
11:02 Parce que quand même il y avait des gens très violents parmi les gilets jaunes.
11:04 Mais il y avait beaucoup de gens aussi qui étaient dans une demande d'empathie, qui
11:07 étaient dans une situation sociale terrible.
11:10 Et donc il y avait cette espèce de mélange.
11:12 Et on s'est dit, moi je me suis dit, il y a quelque chose qui est en train de basculer
11:17 en fait.
11:18 Qui est en train de se militariser.
11:19 Bon donc après on a convaincu Arte qui courageusement s'est dit, bon ben on y va.
11:25 On fait un truc sur le maintien de l'ordre, sur sa militarisation, sur son évolution,
11:29 en essayant d'avoir un regard un peu en profondeur.
11:31 On a cherché la manif zéro.
11:34 Comment on dit ? Patience zéro.
11:37 Le moment où ça commence.
11:38 - Et ça commence quand ? - Et ça commence quand même les blindés
11:41 dans les rues, les balles en caoutchouc etc. sur des manifs qui ne sont pas des émeutes.
11:46 Ça commence en 99 à Seattle aux Etats-Unis.
11:51 C'est une grande manif, la première manif alter mondialiste contre le sommet de l'Organisation
11:57 mondiale du commerce.
11:58 Et on rencontre le chef de la police à l'époque.
12:01 - Qui est incroyable dans le document.
12:02 - Norm Stamper, qui est un personnage incroyable.
12:05 Parce que c'est lui qui décide de faire venir les blindés.
12:08 C'est lui qui décide d'ouvrir le feu.
12:09 C'est lui qui décide en fait de militariser le maintien de l'ordre.
12:14 - Et dans le doc il est en rédemption.
12:15 - Et dans le doc, c'est ça.
12:17 Il commence par dire "ouais voilà, il fallait faire bouger la Scarfour et tout".
12:20 Et j'ai fait la pire connerie de ma carrière.
12:22 Et il dit "j'ai ouvert le feu sur des militants que j'ai radicalisés".
12:29 Et il dit "quelque part, j'ai créé plus de violence que je n'en ai contrôlée".
12:38 Et le mec est devenu une sorte de militant de la réforme de la police, avec une sorte
12:43 de sincérité.
12:44 C'est un personnage énorme.
12:45 - Il faut le regarder, on ne va pas tout raconter.
12:47 Mais c'est vrai que ce n'est pas uniquement centré sur la France.
12:51 Il y a aussi des exemples sur l'Allemagne, sur ce qui se passe en Allemagne.
12:55 Aux Etats-Unis, il y a la vidéo de George Floyd qui est absolument terrible à revoir.
13:01 Mais c'est vrai qu'on voit qu'il y a aussi plus de violences dans les manifestations elles-mêmes.
13:07 On a des groupes organisés.
13:09 Donc il fallait bien que la police puisse répondre aussi.
13:11 - Parce que vous donnez la parole à tout le monde, à des policiers.
13:15 - Non, non, non.
13:16 - Non, pas à tout le monde.
13:17 - Moi, c'est ça qui a été...
13:19 C'est-à-dire que moi, je trouve que vous faites un doc de parti pris.
13:23 Et ce qui est assez incroyable, c'est votre intelligence et le journaliste que vous êtes.
13:28 C'est-à-dire que vous n'avez presque que des gens de la police.
13:32 Quand on regarde, vous n'avez que deux personnes qui ont reçu deux flash-balls et qui ont perdu leur oeil.
13:38 Il n'y a rien d'autre.
13:39 Tout le reste, c'est des policiers, c'est Claude Guéant.
13:42 C'est des gens qui sont de l'autre côté.
13:45 Et vous allez, par ce prisme-là, critiquer la police et leur méthode.
13:49 Alors moi, j'ai trouvé ça dingue de prendre ce parti pris,
13:52 de dire que c'est la police elle-même qui va faire son propre procès.
13:56 Quand ils disent "oui, oui, on nous dit de rentrer dans la gueule des Gilets jaunes".
13:59 Vous dites "oui, mais là, par exemple, à voter, il y a un truc qui se marre".
14:04 Et vous avez donc un documentaire, moi je trouve que c'est un documentaire parti pris contre la police,
14:10 avec que la police à l'intérieur.
14:12 Le documentaire, c'est vrai qu'à un moment donné, je me suis dit qu'il aurait pu s'appeler "Les préfets ont la parole".
14:17 Parce qu'il y a 60% de préfets qui parlent.
14:20 Oui, c'est incroyable.
14:21 Mais des préfets qui sont devenus Gilets jaunes.
14:24 Pour l'un d'entre eux.
14:25 Pour l'un d'entre eux, et qui critiquent.
14:27 Mais vous avez aussi, moi cette scène m'a frappée,
14:30 je me suis demandé comment vous aviez pu la filmer dans un camp d'entraînement de CRS.
14:33 Mais là, on a un commandant de CRS en exercice,
14:37 qui vous parle du maintien de l'ordre, et qui dit aussi qu'il n'est pas forcément d'accord.
14:42 Donc moi, je suis d'accord avec Gilles, mais en même temps, ça montre aussi que de l'intérieur,
14:46 il y a beaucoup de questions qui se posent sur ce maintien de l'ordre.
14:49 Il ne faut pas considérer les flics comme une force maléfique ou diabolique.
14:53 La plupart du temps, c'est des gens comme vous et moi, qui aimeraient bien que ça se passe mieux que ça.
14:57 Ils sont dans une situation où...
15:01 C'est pour ça que j'ai essayé d'aller dans l'ADN de ce qui se passe.
15:04 Pourquoi à un moment donné, un flic pète les plombs ?
15:07 Quelle est cette culture qui fait que, dans certains cas,
15:11 on dérive vers la bagarre plus que le maintien de l'ordre ?
15:15 Norm Stamper, l'Américain, m'a été d'une aide incroyable.
15:17 Parce qu'il dit "There's a little dirty secret, cops like action."
15:21 Il y a un sale petit secret, les flics aiment l'action et ils aiment la bagarre.
15:24 Il faut faire attention parce que ça, c'est un truc humain.
15:29 C'est une donnée humaine.
15:31 Chaque représentant politique devrait savoir que,
15:33 quand il met dans un cas conflictuel au contact des policiers et des manifestants,
15:37 il va y avoir de la bagarre.
15:39 C'est pour ça que le maintien de l'ordre à la française a, pendant des années,
15:42 été fondé sur un truc, c'est la distance.
15:44 150 mètres de distance.
15:46 C'était Grimaud en 1968, etc.
15:48 Et donc, il gère quand même...
15:50 C'est quand même le maintien de l'ordre qui avait ses lettres de noblesse,
15:53 qui a été exporté partout.
15:55 Et quand je fais un documentaire,
15:58 j'essaie toujours d'avoir les responsables devant.
16:02 Moi, si vous voulez, mon seul vrai parti pris dans cette histoire,
16:07 c'est le fusil à balles en caoutchouc.
16:11 Je pense qu'il faut interdire cette arme, très honnêtement.
16:14 Je pense qu'il faut interdire cette arme parce qu'on l'a vu, on était sur le terrain.
16:17 - Elle est létale ou pas pour vous ?
16:19 - Quand on enfonce une boîte crânienne, peut-être on ne tue pas,
16:22 mais qu'elles sont telles...
16:24 - Ce qui n'arrive pas dans l'œil...
16:26 - Il y a des gens...
16:28 Aux États-Unis, ils utilisent une autre méthode, c'est le beanbag.
16:31 C'est-à-dire que c'est plusieurs petits projectiles en caoutchouc,
16:34 ça fait des dégâts monstrueux.
16:36 Une histoire d'un gamin à Austin qui se retrouve en état végétatif.
16:40 La police de Austin s'est regardée dans une glace,
16:44 elle a dit "Rien !".
16:46 Le gamin ne faisait rien, il était juste spectateur.
16:48 "Rien ne justifie d'utiliser des armes comme ça."
16:50 Ils les ont interdites, Austin n'est pas à feu et à sang.
16:53 Je pense qu'il faut se poser la question
16:56 "Est-ce que les policiers allemands sont contre ?"
16:59 J'interview un policier d'un grand syndicat allemand,
17:02 il dit "Je suis contre, parce que ces trucs,
17:04 on n'arrive pas à contrôler où va la balle."
17:06 - Dans le doc, il y a Claude Guéant,
17:08 qui a été celui qui a commandé ces armes pour la France.
17:11 - C'est un truc de dingue,
17:13 Claude Guéant a peur de regarder, il dit
17:15 "Moi, comment je les ai achetées ? Pour maîtriser les forcenés,
17:17 parce que des types qui prennent leur famille en otage,
17:19 on ne veut pas les tuer forcément,
17:21 on leur met une balle dans le ventre,
17:23 et du coup on peut les contrôler."
17:25 Très bonne utilisation.
17:27 Quelques années après, c'est utilisé en banlieue pour les émeutes.
17:29 Bon, ok, pourquoi pas, ça peut être dangereux.
17:32 Et puis deux ans après, on tire sur des lycéens
17:34 qui mettent des poubelles devant leur établissement.
17:36 On leur arrache un oeil. C'est pas possible.
17:38 - Mais il y a aussi de plus en plus de blessés chez les policiers.
17:41 Quand on fait référence à Seattle,
17:43 c'était aussi la création des Black Blocs.
17:45 C'est là que les Black Blocs ont commencé à apparaître.
17:47 Donc on a aussi, pour les policiers,
17:50 une adaptation qui était logique
17:52 face à la modification du type de manifestants qu'ils avaient face à eux.
17:56 - Alors je vais dire un truc qui n'est pas très politiquement correct.
17:58 Le niveau de violence baisse.
18:00 Dans le documentaire, justement,
18:02 je confronte le commandant d'Avoine,
18:04 qui est un commandant de Serres,
18:06 donc qui connaît bien l'histoire du maintien de l'ordre français.
18:08 Et je parle d'une manif parmi tant d'autres des années 70,
18:11 ça va être bientôt le 50e anniversaire,
18:15 du 21 juin 1973.
18:17 Manifestation appelée par la Ligue Communiste
18:21 pour attaquer un meeting à la mutualité de l'extrême droite.
18:26 Mais là, il faut voir les images.
18:28 Je les avais mises dans le film.
18:30 C'est 100 rangs, casqués, barres de fer, cocktails Molotov,
18:35 une préparation militaire, déjà avec des Tokiwokis.
18:38 Mais ça n'a rien à voir.
18:40 Certes, les Black Blocs, c'est des vandales.
18:42 Mais là, on est face à des gens qui étaient militairement préparés.
18:47 D'ailleurs, Avoine le reconnaît lui-même.
18:49 Il dit que c'est un niveau de violence incroyable.
18:51 Il dit que le problème qu'on a aujourd'hui,
18:53 c'est que vous avez sur le même terrain
18:55 quelqu'un qui va vous parler de sa grand-mère,
18:57 et un autre qui va vous lancer un cocktail Molotov,
18:59 et on ne sait pas quoi faire, on n'a pas les codes.
19:01 - Moi, je voulais vous demander,
19:02 parce que vous avez rencontré les différents préfets,
19:04 est-ce que vous pensez qu'au moment des Gilets jaunes,
19:07 Emmanuel Macron a eu peur ?
19:09 - Oui, bien sûr.
19:11 Oui, je pense. Je pense.
19:13 Je pense qu'il a eu peur.
19:15 A mon avis, pas vraiment.
19:17 Parce que dès le premier jour, j'y étais pas.
19:19 On n'en voyait que des jeunes de notre agence
19:21 couvrir le premier événement,
19:23 où effectivement, les Gilets jaunes sont arrivés
19:25 en rue du Faubourg Saint-Honoré,
19:27 à peu près à 150 mètres de l'Elysée.
19:29 - L'image est folle, hein, de rencontre.
19:31 - En fait, là, on se dit,
19:33 si c'était vraiment des fous furieux,
19:35 ils auraient poussé.
19:36 Il y a une douzaine de flics qui sont devant, comme ça.
19:38 Ils auraient poussé.
19:40 Ils sont eux-mêmes étonnés. Ils se disent,
19:42 "Mais qu'est-ce qu'on fout là ?"
19:44 Moi, je pense que c'était des gens vraiment en détresse.
19:46 Il n'y avait aucune intention insurrectionnelle.
19:48 Mais que la logique de la violence,
19:50 samedi après samedi,
19:52 a radicalisé ces gens.
19:54 Et puis, bon, il y a une donnée objective
19:56 du moment, quoi.
19:58 Il y a une situation que les gens ressentent comme très injuste,
20:00 de grande précarité sociale, etc.,
20:02 qui est une réalité, que personne ne nie.
20:04 Et que, tant que ça, c'est pas traité,
20:06 les gens, ils sont à vif.
20:08 - Mais c'est un phénomène mondial.
20:10 C'est ça qui est intéressant
20:12 dans le documentaire.
20:14 C'est qu'on voit que c'est partout,
20:16 comme ça. Donc, c'est pas propre à la France.
20:18 - Oui, bien sûr.
20:20 On voit les manifs au Chili.
20:22 Il y en a eu au Brésil. Il y en a eu au Liban.
20:24 Et à chaque fois, c'est toujours la même chose.
20:26 C'est un petit truc qui touche
20:28 au quotidien.
20:30 Genre, augmentation du prix
20:32 du ticket de bus.
20:34 Et qui montre quand même que les gens
20:36 sont dans une difficulté matérielle
20:38 grande. - Mais pour rebondir sur ce que
20:40 vient de dire Valérie, est-ce que
20:42 nos violences sont pas...
20:44 Je mesure que c'est
20:46 une question journalistique.
20:48 Nos violences ne sont pas pires que dans les
20:50 autres pays, qu'on entend tous sur
20:52 Macron, qu'on ait une dictature et tout ça.
20:54 En fait... - Dans l'État policier.
20:56 - Dans l'État policier, dans les autres pays, c'est les
20:58 mêmes méthodes et c'est la même
21:00 répression ou pas ?
21:02 - Alors, beaucoup moins forte. Par exemple,
21:04 les Allemands, il y a cette
21:06 doctrine de la désescalade. - Oui, mais ils veulent faire
21:08 interdire les manifs, ils veulent faire
21:10 interdire les... - Les
21:12 uniformes. Oui, c'est-à-dire le cadre
21:14 légal est beaucoup plus grand en Allemagne
21:16 qu'en France. Par exemple, nous, on filme
21:18 une manif où ils arrêtent une manif et
21:20 ils envisagent même de la disperser parce que
21:22 y'a un type qui avait une pancarte qui disait
21:24 "Le gouverneur est une bite".
21:26 Ce qui en France, c'est quand même...
21:28 C'est le début, quoi. - Banal.
21:30 - Et là,
21:32 vraiment, franchement, pendant quelques instants, ils se disaient
21:34 "On va disperser une manif pour cette petite
21:36 pancarte". Donc, il y a aussi une
21:38 certaine dureté législative. Mais
21:40 c'est vrai qu'en France, ces derniers temps,
21:42 notamment à cause du gilet jaune, le niveau d'engagement
21:44 était très fort. - Oui. A lire dans
21:46 Libération, un sondage via Voice,
21:48 les Français ont de plus en plus de mal à tolérer
21:50 les violences commises par les
21:52 manifestants, 75%,
21:54 et celles commises par les forces
21:56 de l'ordre, 61%.
21:58 Donc, là aussi,
22:00 c'est toujours un peu plus
22:02 nuancé que GoodCop,
22:04 BadCop, c'est
22:06 toujours un petit peu plus
22:08 subtil et plus
22:10 compliqué à commenter. En tout cas,
22:12 c'est un document qu'on vous recommande
22:14 au nom du maintien de l'ordre sur Arte TV,
22:16 sur la plateforme d'Arte TV.
22:18 - Oui, même sur YouTube.
22:20 Sur YouTube, vous tapez Paul Morera.
22:22 - Le mardi 30 mai
22:24 à 20h55, ce sera sur Arte TV
22:26 en direct. - C'est top.
22:28 - Il y a deux soins à croire.
22:30 - Deux volets avec des images
22:32 qui sont assez saisissantes
22:34 depuis des interviews
22:36 assez cash. - Et les futures.
22:38 Les futures est inquiétant.
22:40 - Merci à vous, Paul Morera. Dans un instant,
22:42 c'est Jean-Jacques Bourdin.

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