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  • 19/03/2023
Chaque dimanche, #LeGrandRDV reçoit un invité politique dans le Grand Rendez-Vous, en partenariat avec Europe 1 et Les Echos.

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Transcription
00:00 Bonjour à tous et bienvenue à vous au Grand Rendez-vous.
00:05 Bonjour Manuel Bompard, coordinateur de la France Insoumise, député des Bouches-du-Rhône
00:10 de la NUPES.
00:11 C'est votre Grand Rendez-vous ce dimanche à la veille, évidemment d'une semaine
00:14 et d'une journée.
00:15 Demain, crucial, alors qu'en sera-t-il pour cette ou ces motions de censure, notamment
00:21 celle qui est transpartisane, à laquelle vous allez apporter vos votes ? Quelle sera
00:24 l'attitude des LR ? C'est le véritable enjeu.
00:26 Et puis dans les rues de France, les mobilisations improvisées se poursuivent.
00:30 La pression ne cesse d'augmenter sur Emmanuel Macron, rattrapé par une colère vive.
00:35 Il cherche une voie de sortie, le président de la République.
00:38 Comment imaginez-vous la suite ? Alors que les ministres Dussopt et Bruno Le Maire ont
00:43 dit ce matin dans le JDD le parisien que tout le processus démocratique a été finalement
00:48 respecté.
00:49 Pour vous interroger sur ce sujet, je suis entourée de mes camarades, Nicolas Barret
00:53 et Mathieu Boccote, bonjour à vous.
00:57 Mathieu, Manuel Bompard, des rassemblements qui se tiennent un peu partout en France,
01:00 des mobilisations plus ou moins spontanées.
01:03 Hier en particulier dans la capitale, ce fut une soirée de tension.
01:07 Est-ce que vous soutenez ce type d'action ? Est-ce que même vous les encouragez ?
01:10 Bien évidemment, j'encourage les mobilisations populaires, citoyennes, qui font face à ce
01:17 qui s'est passé jeudi à l'Assemblée nationale, qui a un coup de force tout à fait inacceptable.
01:22 Et ces mobilisations, elles sont légitimes parce qu'elles s'opposent à une réforme
01:27 qui, je le rappelle, n'a pas de légitimité populaire.
01:29 Les sondages le disent, plus de 70% des Français sont opposés à cette réforme.
01:33 Cette réforme, elle rencontre l'hostilité de l'ensemble des organisations syndicales
01:37 de salariés.
01:38 Et cette réforme, elle n'a même pas de majorité de députés à l'Assemblée nationale
01:42 pour la voter.
01:43 Et donc, face à un tel passage en force, je considère effectivement que la mobilisation
01:47 populaire, la mobilisation citoyenne, c'est la solution pour obtenir le résultat qu'on
01:52 attend, c'est le retrait de cette réforme.
01:53 Mais est-ce qu'il y a eu un changement de nature, effectivement ? Et vous avez raison,
01:56 vous évoquez ces mobilisations populaires, elles vont certainement se poursuivre.
02:00 Mais depuis quelques jours, on voit que ce sont des manifestations spontanées, avec plus
02:04 ou moins aussi de la casse et des violences.
02:06 Est-ce que ce mouvement-là aussi, qui a un côté un peu insurrectionnel, vous l'encouragez ?
02:10 Mais d'abord, les organisations syndicales elles-mêmes ont appelé à un certain nombre
02:13 de rassemblements.
02:14 Vous savez qu'il y a une journée de manifestation qui va avoir lieu jeudi prochain.
02:18 Il y a des mouvements de grève aussi qu'il ne faut pas oublier, notamment de grève reconductible
02:21 dans un certain nombre de secteurs.
02:22 Mais ensuite, face à un tel passage en force, je comprends la volonté d'un certain nombre
02:27 de citoyens dans un cadre pas toujours organisé, de dire "mais on ne va pas se laisser faire
02:31 sans réagir".
02:32 Et je pense que le gouvernement a une très lourde responsabilité.
02:35 C'est lui qui est responsable par exemple de ce qui s'est passé hier dans les rues
02:39 de la capitale, Manuel Bampard ?
02:41 Écoutez, c'est évident.
02:42 D'ailleurs, je lisais dans la presse ce matin que le président de la République avait été
02:45 informé avant même la décision d'utiliser le 49.3 que dans cette hypothèse, ça déclencherait
02:51 des mobilisations.
02:52 Il y avait une note des renseignements territoriaux, il y avait les organisations syndicales qui
02:55 depuis plusieurs semaines alertaient en disant "mais écoutez, on est dans un mouvement social
03:00 pacifique, large, déterminé, qui est le plus puissant depuis 50 ans dans ce pays".
03:05 Les manifestations, qu'on en croit les chiffres des organisations syndicales ou même les
03:08 chiffres de la police, sont les plus puissantes depuis 50 ans dans ce pays.
03:12 Et face à cela, vous avez un gouvernement qui fait la sourde oreille.
03:15 Donc ensuite, il ne faut pas s'étonner que vous ayez des gens qui se disent "mais ça
03:18 sert à quoi d'aller manifester pacifiquement si à la fin ça ne produit pas de résultat".
03:21 Mais jusqu'où soutenez-vous ces mouvements ? Lorsqu'il y a des feux de poubelles, lorsqu'il
03:25 y a des barricades, lorsqu'on attaque des CRS.
03:27 Pour vous, ça demeure une opposition légitime ?
03:29 Non mais moi, j'ai toujours considéré que les attaques contre les personnes n'étaient
03:33 pas la solution.
03:34 Et je ne pense pas que brûler trois poubelles va nous permettre de gagner.
03:37 Je le dis de manière très franche.
03:39 Mais ne comptez pas sur moi si vous voulez pour venir faire ce matin des leçons de bonne
03:43 manière en disant aux gens "ça c'est bien" ou "ça c'est pas bien".
03:45 Donc c'est inefficace, mais est-ce que c'est condamnable en tant que tel sans prendre au
03:48 bien, sans prendre aux personnes ?
03:49 Mais sans prendre aux personnes, c'est toujours condamnable, bien évidemment.
03:52 Mais maintenant, la question qui nous est posée, c'est pourquoi les gens en arrivent
03:56 à de telles manières d'agir ? Parce qu'ils ont l'impression que toutes les autres manières
03:59 d'agir ne fonctionnent pas.
04:01 C'est-à-dire que selon vous, c'est Emmanuel Macron qui a poussé à bout et au bout finalement
04:05 à de telles…
04:06 Il y a dix jours, je lisais dans la presse que selon un conseiller du président de la
04:11 République, le président de la République ne reculerait pas, hormis s'il y avait un
04:15 mort ou hormis si Paris était en feu.
04:17 Ce n'est pas moi qui ai tenu ces propos, c'est les conseillers du président de la
04:20 République.
04:21 Ils sont souvent rapportés dans la presse.
04:22 En tout cas, ils ont été rapportés dans la presse, mais vous aurez noté qu'ils
04:24 n'ont pas été démentis.
04:25 Donc je dis, attention, le président de la République et le gouvernement prennent une
04:29 très lourde responsabilité s'ils continuent à s'entêter ou s'ils continuent le déni
04:34 que j'ai entendu jeudi soir de la part de la Première Ministre ou qu'on lit encore
04:38 ce matin dans la presse.
04:39 Tout va bien, Madame la Marquise.
04:41 Tout va bien ? Les propos ?
04:44 Parlons-en.
04:45 Olivier Dussopt, dans le journal du dimanche et Bruno Le Maire dans le Parisien, affirment
04:49 que tout le processus démocratique a été respecté, que la Première Ministre va mettre
04:53 en jeu sa responsabilité, ce qui est le cas demain.
04:56 Moi, je vais vous dire, il n'y a pas une seule étape du processus démocratique qui
04:59 a été respectée.
05:00 Pas une seule ?
05:01 Pas une seule, d'abord parce que le gouvernement a choisi une méthode de débat à l'Assemblée
05:05 nationale et au Sénat, un véhicule législatif, c'est comme ça qu'on parle aujourd'hui, qui
05:09 a un projet de loi de finances de la sécurité sociale rectificatif, qui lui a permis de
05:13 comprimer le temps des débats et donc de les interrompre à l'Assemblée nationale.
05:17 Ça, c'est pas illégal.
05:18 Non, mais je ne vous dis pas que c'est illégal, c'est dans la Constitution.
05:21 Mais sans être illégal, on peut considérer que c'est illégitime.
05:24 On a le droit de le penser.
05:25 D'ailleurs, peut-être que le Conseil constitutionnel le dira.
05:28 On verra.
05:29 Quand on est arrivé au Sénat, quand on est arrivé au débat au Sénat, le gouvernement
05:32 a eu recours à un vote bloqué pour empêcher les oppositions de continuer leur travail
05:36 d'amendement.
05:37 Et ensuite, quand on est arrivé sur le vote final, le gouvernement passe par un 49-3.
05:41 Donc si pour M.
05:42 Le Maire, c'est un processus démocratique normal, alors je dois dire qu'on n'a vraiment
05:46 pas la même conception.
05:47 Il parle même, Bruno Le Maire, regardez, Manuel Bompard, il dit que la majorité sort
05:49 en lambeaux sur la tête.
05:51 Non, non, non, elle sort grandie, voilà ce qu'il répond, et il y voit un acte d'autorité
05:55 qui peut-être sera salué un peu plus tard.
05:57 Je pense que c'est très méprisant pour les parlementaires de la minorité présidentielle
06:02 dont un certain nombre, depuis jeudi, ont dit à quel point ils avaient été choqués
06:05 et outrés par l'utilisation de l'article 49-3.
06:09 Donc je ne suis pas sûr que M.
06:10 Le Maire, c'est comme ça qu'il va rassurer les députés qui le soutiennent.
06:14 Après, c'est un classique, malgré tout, l'utilisation du 49-3.
06:16 On a vu ça des dizaines de fois sous la Ve République.
06:19 Ce n'est pas quelque chose qu'on découvre là aujourd'hui.
06:21 Sans aucun doute, c'était le centième 49-3 qui a été utilisé par Elisabeth Borne.
06:26 Mais encore une fois, ce n'est pas parce que c'est prévu dans la Constitution
06:29 que c'est acceptable ou que c'est légitime.
06:31 Et deuxièmement, ce 49-3-là, il intervient après, encore une fois,
06:37 je vous le redis, une mobilisation qui est extrêmement puissante
06:39 et donc il a un caractère particulièrement inacceptable.
06:41 – Vous insistez sur la légitimité.
06:43 Vous dites "ce 49-3 n'est pas légitime".
06:46 Alors dans quelles circonstances le 49-3 peut-il être légitime ?
06:49 – Moi, Mathieu Bocoté, je suis pour la suppression du 49-3.
06:52 Je ne suis pas d'accord avec le fait qu'on puisse utiliser
06:54 l'article 49-3 de la Constitution.
06:56 Donc si vous me demandez mon point de vue,
06:58 je considère que le 49-3 est toujours une brutalité et un passage en face.
07:01 – Revenons à ce qui est en train de se dérouler.
07:03 Il y a cette journée de mobilisation jeudi,
07:04 nous reviendrons à ce qui va se passer politiquement, évidemment dès demain.
07:08 Qu'est-ce qui est en jeu dans les rues de France, Manuel Bompard, selon vous ?
07:12 Certains emploient des mots comme "le chaos", "la révolte" et même "davantage".
07:16 Est-ce que vous reprenez à votre compte ces mots qui sont quand même,
07:20 j'allais dire, puissants et qui appellent à une réalité qui pourrait tout renverser ?
07:24 – La révolte, oui, puisque se révolter contre une injustice,
07:27 ça me paraît être quelque chose de légitime et quelque chose de noble.
07:31 Mais il ne faut pas faire dire aux gens, en tout cas à la grande,
07:34 l'immense majorité des gens qui se mobilisent,
07:36 autre chose que ce qu'ils disent réellement.
07:38 Ce qu'ils disent c'est que cette réforme ne doit pas voir le jour
07:41 et ils appellent le Président de la République, la Première Ministre,
07:44 le gouvernement a tout simplement renoncé.
07:46 Et moi je les soutiens dans cette revendication.
07:48 – Vous y voyez un mouvement type Gilets jaunes ?
07:50 Dans ce qu'on voit aujourd'hui, ces derniers jours.
07:52 – Écoutez, je pense quand même que ce mouvement-là a une différence majeure
07:56 avec la mobilisation des Gilets jaunes, c'est que c'est l'intersyndicale,
07:59 unis, ce qui est assez inédit d'ailleurs depuis une quinzaine d'années dans ce pays,
08:03 qui est à l'initiative et à l'origine.
08:05 Alors c'est vrai que ces derniers jours, il y a eu des mouvements plus spontanés,
08:08 non mais je l'entends, mais moi je pense que ce n'est pas seulement
08:11 les mouvements spontanés qui vont permettre d'obtenir le succès,
08:14 c'est-à-dire le retrait de cette réforme,
08:16 c'est aussi les mobilisations syndicales avec la tête de…
08:18 – Bien sûr, c'est seulement l'enjeu, le retrait de cette réforme,
08:20 il n'y a rien d'autre pour vous, je trouve vos propos,
08:24 si on les compare, un peu assagis aujourd'hui,
08:28 est-ce qu'il n'y a pas un côté "on fait tomber le gouvernement, c'est une autre page" ?
08:31 – René Amabrouk, moi je ne me cache jamais,
08:33 donc je vais vous dire les choses franchement,
08:34 il faut prendre les choses étape par étape,
08:36 oui la première étape c'est de faire tomber cette réforme,
08:39 mais moi je ne me cache pas, ce gouvernement mène une politique
08:42 qui à mon avis n'est pas légitime, n'est pas majoritaire dans la population
08:47 et à partir de ce moment-là, oui, moi j'assume de dire que quand je dépose
08:50 avec mes collègues une motion de censure, c'est pour faire tomber cette réforme,
08:53 mais c'est aussi pour faire tomber ce gouvernement, bien évidemment.
08:56 – Alors, la rue se manifeste assez violemment depuis quelques jours,
08:59 pas ces dernières semaines, mais depuis quelques jours,
09:01 est-ce que vous ne pensez pas que ces manifestations font finalement le jeu du pouvoir ?
09:05 C'est-à-dire finalement, ce sont les alliés inattendus de pouvoir,
09:09 en poussant vers le désordre, qui pourrait pousser une partie importante
09:11 de la population vers le gouvernement.
09:13 – Mais alors qu'est-ce qu'il faut faire ? Rien faire ? Laisser passer ?
09:15 Considérer que ce qui s'est passé…
09:17 – On va en parler, il y a le jeu parlementaire.
09:19 – Oui, c'est acceptable, non mais d'accord, mais…
09:20 – Mais vous ne craignez pas que ce désordre, finalement,
09:22 détourne une partie de la population qui était peut-être contre la réforme,
09:25 mais qui se dit néanmoins, c'est pas une raison de jeter le pays dans le chaos ?
09:28 – Moi, je considère et je souhaite, comme je le souhaite depuis le début,
09:32 que les mobilisations soient des mobilisations de masse,
09:35 et pour que ces mobilisations soient des mobilisations de masse,
09:38 il est clair qu'il ne faut pas qu'elles soient dominées par de la violence,
09:41 ça me paraît une évidence.
09:42 – Donc vous n'êtes pas pour la bordélisation du pays ?
09:44 – Moi, je ne suis pas pour la bordélisation du pays,
09:46 je ne sais pas ce qu'on met derrière le mot bordélisation, mais moi…
09:49 – C'est clair, le bordel, le chaos.
09:50 – Non, mais moi je suis, par exemple, très clairement,
09:52 pour faire en sorte qu'il continue à y avoir des mobilisations très puissantes,
09:55 je suis pour qu'il y ait des mouvements de grève reconductibles,
09:57 je suis pour que ça a un impact sur l'économie,
10:00 puisque apparemment, Emmanuel Macron et son gouvernement
10:02 n'écoutent pas la population quand elle se mobilise massivement.
10:05 – Vous êtes pour que ça ait un impact sur l'économie,
10:06 donc sur nous tous, Manuel Bompard ?
10:08 – En particulier sur…
10:09 – Et surtout les plus fragiles d'ailleurs.
10:10 – Ce qui a un impact sur nous tous, et en particulier sur les plus fragiles,
10:14 c'est cette réforme des retraites, et je pense que,
10:17 comme une grande majorité des Français d'ailleurs,
10:19 puisque j'ai vu que les sondages disent qu'une majorité des Français
10:22 soutiennent les actions, y compris les actions de blocage du pays,
10:25 je pense qu'une grande majorité des Français sont prêts à se dire
10:28 qu'ils préfèrent passer une semaine ou quelques jours difficiles
10:32 pour ensuite avoir deux ans de vie à la retraite supplémentaire,
10:35 vous voyez, donc je suis prêt et je pense que les gens sont d'accord
10:39 avec cette idée qu'il vaut mieux agir maintenant
10:41 pour faire en sorte qu'ensuite, demain, on n'ait pas que les yeux pour pleurer.
10:43 – Alors demain, les yeux pour pleurer, je ne sais pas,
10:45 mais en tout cas, ce sera une journée cruciale pour le gouvernement,
10:48 notamment à l'Assemblée Nationale, avec les motions de censure,
10:51 dont une motion de censure transpartisane, on en parle, une courte pause,
10:55 et on se retrouve avec Manuel Bompard, notre invité ce dimanche.
10:57 Et notre invité ce dimanche, le coordinateur de la France Insoumise,
11:03 député des Bouches-du-Rhône de la NUPES, Manuel Bompard,
11:06 avant d'arriver évidemment à ce qui va se passer demain dans l'Assemblée Nationale,
11:10 nous sommes malgré tout, Manuel Bompard, dans une situation
11:12 qui est scrutée par nos voisins, par la Commission européenne,
11:15 nous avons des déficits colossaux, une dette de 3 000 milliards d'euros.
11:20 Oui, c'est la réalité, vous la contestez celle-là aussi ?
11:23 – Je ne sais pas quelle était votre question, dites-moi.
11:25 – J'y arrive, c'est-à-dire, est-ce qu'on peut se permettre justement
11:27 un tel blocage, un tel statu quo, quand on a une situation
11:30 aussi éruptive, aussi sur le plan financier ?
11:32 – Ben, poser la question au Président de la République.
11:34 – Et vous êtes un responsable de l'opposition ?
11:36 – Oui, enfin, le responsable aujourd'hui de cette situation de tension
11:40 et de cette situation de blocage, c'est l'entêtement du Président
11:44 de la République à passer une réforme, alors que vous avez des millions
11:50 de Français qui y sont opposés, et à la limite, si c'était que
11:53 les oppositions qui n'étaient pas d'accord, vous avez même des voix dedans,
11:57 ce qui constitue la minorité présidentielle, qui ont dit à plusieurs reprises
12:00 "écoutez, cette réforme, pas maintenant, c'est pas le moment,
12:03 il y a l'inflation, c'est compliqué pour les gens".
12:04 – Oui, mais quand vous voyez tous les pays autour de nous
12:05 qui ont repoussé l'âge de la retraite, vous ne vous dites pas quand même
12:07 qu'il y a un problème ?
12:08 – Alors, je vais vous dire plusieurs choses sur ce sujet,
12:10 d'abord, j'étais hier à Marseille avec ma collègue Manon Aubry
12:13 au Parlement européen, elle me disait à quel point,
12:15 dans les autres pays européens, on regardait ce qui se passe en France
12:19 avec beaucoup d'intérêt.
12:20 – C'est ta modèle, un exemple à France en ce moment ?
12:22 – Ah bah oui, certainement, sur sa capacité à résister face à une volonté du pouvoir
12:27 de reporter l'âge de départ à la retraite, et il y a des peuples européens
12:30 partout qui disent "j'espère que les Français vont gagner",
12:33 parce que si les Français gagnent, ça va nous donner de l'encouragement à nous
12:36 pour revenir sur un certain nombre de réformes, qui ont été des réformes
12:39 terribles pour ramener l'âge de départ à la retraite à 65, 66 ou 67 ans.
12:43 Pour le reste, vous savez très bien que nous n'avons pas la même structure
12:45 démographique que les autres pays en Europe, et vous savez aussi
12:49 qu'il y a des pays dans lesquels l'âge de départ à la retraite est à 62 ans,
12:52 je peux vous citer par exemple la Suède, il y a des pays dans lesquels
12:56 l'âge de départ à la retraite est à 60 ans pour les femmes,
12:58 c'est le cas en Autriche par exemple, donc vous voyez,
13:00 c'est pas vrai de dire que partout en Europe, ils travaillent plus longtemps.
13:02 – Mais alors, jusqu'où faut-il aller ?
13:03 Parce que vous avez participé à un rassemblement à Marseille,
13:06 vous êtes député des Bouches-du-Rhône avec un responsable de la CGT
13:09 qui tient des propos, on va dire, assez directs, assez bruts,
13:14 il s'agit de monsieur Olivier Maheux de la CGT,
13:17 – Mateux, Mateux, Olivier Mateux.
13:18 – Pardonnez-moi, Mateux, et lui quand même, il y va assez fort,
13:21 est-ce que vous êtes allié justement dans cette mobilisation ?
13:24 – Ecoutez, Olivier Mateux est le responsable de l'union départementale
13:27 CGT des Bouches-du-Rhône, je suis député des Bouches-du-Rhône,
13:30 quand l'intersyndicale des Bouches-du-Rhône appelle à un rassemblement
13:33 pour obtenir le retrait de cette réforme, j'y participe,
13:35 et les propos d'Olivier Mateux sont des propos d'un syndicaliste
13:40 qui se bat avec détermination et avec panache contre cette réforme des retraites.
13:44 Et donc, avec Olivier Mateux, nous avons des rapports…
13:48 – Son panache peut aller jusqu'à la révolte, voir la révolution.
13:53 – Non, je ne crois pas qu'il ait dit ça,
13:55 je crois qu'il a parlé d'actions nécessaires de blocage de l'économie,
13:59 et encore une fois, je pense qu'il n'est pas le seul à penser
14:02 que ce sont des actions nécessaires et légitimes,
14:04 encore une fois, une majorité des Français sont d'accord avec lui,
14:06 pour le reste, Olivier Mateux est un responsable syndical,
14:08 je suis un responsable politique,
14:10 il arrive que nous participons de rassemblements ensemble,
14:13 mais chacun ensuite a son indépendance, ça me paraît important de le rappeler.
14:17 – Alors Manuel Bompard, tout va se jouer demain,
14:19 avec surtout la motion de censure du groupe Lyot,
14:22 la NUPES soutient cette motion de censure, transpartisane,
14:26 vous allez tous la voter, tous les parlementaires de la NUPES,
14:29 quelle est la probabilité pour que ça passe ?
14:31 – Mathématiquement, les choses sont très claires,
14:34 pour que cette motion de censure passe,
14:37 il faut qu'un certain nombre de députés du groupe Les Républicains
14:40 décident de la voter, ça c'est une règle…
14:42 – Aujourd'hui c'est assez peu probable.
14:43 – On verra, c'est une règle mathématique,
14:45 mais comme ça va se passer demain,
14:47 et que je ne suis pas seulement un spectateur et un acteur,
14:49 je profite de ce micro pour dire aux députés Les Républicains,
14:52 quel que soit ce que vous pensez de cette réforme,
14:55 et y compris si vous pensez qu'il faut reporter l'âge de départ à la retraite,
14:58 ce n'est pas mon point de vue, vous avez le droit de le penser,
15:00 mais là ce qu'on vous demande de savoir,
15:03 c'est si vous êtes d'accord avec la méthode qui a été utilisée,
15:05 avec ces passages en force permanents,
15:07 et je vous rappelle, messieurs et madame les députés Les Républicains,
15:11 qu'en 2006, le contrat à première embauche a été retiré
15:15 par un président de la République de droite, monsieur Chirac,
15:18 en 1995, la réforme des retraites à l'époque a été retirée
15:21 par un Premier ministre de droite, monsieur Juppé,
15:23 et donc quelles que soient les divergences que l'on peut avoir,
15:26 je pense que vous devez voter cette motion de censure,
15:28 parce que vous ne pouvez pas accepter que la représentation nationale
15:30 soit foulée au pied comme elle l'a été jeudi.
15:32 – Les LR l'ont votée au Sénat la réforme.
15:34 – Certains d'entre eux, pas tous, vous avez peut-être remarqué d'ailleurs
15:36 qu'entre les deux lectures au Sénat, il y a eu davantage de votes contre
15:39 et d'abstention à la deuxième lecture qu'à la première,
15:41 donc moi je mets chaque député aujourd'hui devant ses responsabilités.
15:44 – Ce qui m'interpelle c'est qu'aujourd'hui, Manuel Bompard,
15:46 député de la NUPES, est en train de parler, par médias interposés,
15:49 aux députés LR, que vous voyez parfois comme des diables,
15:52 des opposants politiques, et là vous avez un discours pour leur dire
15:56 "Venez avec nous, signez avec nous, votez avec nous".
15:58 – Je ne leur dis pas "Venez avec nous" parce qu'il ne s'agit pas de venir avec nous
16:00 et d'ailleurs ça permet de réagir à d'autres propos qui ont été tenus ce matin
16:04 sur la motion de censure par Monsieur Le Maire et Monsieur Dussopt.
16:07 Quand on vote une motion de censure en France, ensemble,
16:11 vous le savez très bien, il n'y a pas besoin de donner à voir
16:13 une majorité alternative, et donc ce n'est pas parce que différents groupes
16:16 d'opposition vont se regrouper et vont voter cette motion de censure
16:20 qu'ils sont prêts à gouverner le pays ensemble, vous le savez très bien.
16:22 La question qui est posée c'est est-ce qu'on accepte une brutalité
16:25 comme l'utilisation du 49-3 et un passage en force pour faire adopter une réforme
16:29 qui est rejetée par l'immense majorité de la population,
16:32 c'est ça la question qui est posée.
16:33 – Alors si jamais cette motion de censure fonctionnait,
16:37 ça impliquerait l'appui évidemment des députés du Rassemblement national,
16:40 avec lesquels vous ne voulez, à ce que j'en sais,
16:41 n'avoir absolument rien à voir.
16:43 Jusqu'à tout récemment l'idée d'une motion de censure
16:45 conjointe avec les gens du RN, c'était une idée
16:48 que vous interdisiez même d'évoquer, que se passe-t-il ?
16:50 – Non mais il y a déjà eu depuis le début, vous savez on est à la 11ème
16:53 motion de censure depuis le début du quinquennat,
16:56 donc il y a déjà eu des motions de censure
16:58 où les députés du RN ont voté la motion de censure
17:01 et nous avons voté la motion de censure, mais nous n'avons rien à voir.
17:04 – Non mais là ce serait le même texte.
17:06 – Mais ça a déjà été le cas Sonia Mabrouk…
17:08 – Donc ce cordon sanitaire dont vous parliez en fait n'a jamais existé.
17:11 – Il ne faut pas raconter des histoires aux gens.
17:13 – Qui les raconte ?
17:14 – Ceux qui essayent de faire croire que voter une motion de censure en commun,
17:20 même si, ou on va dire faire en sorte que sur une motion de censure
17:23 elle soit votée à la fois par des députés de la NUPES, des députés de l'IOD,
17:26 des députés des Républicains et des députés du RN,
17:29 ne dit rien d'une capacité à gouverner ensemble,
17:32 et c'est évidemment…
17:33 – Non mais très bien, mais vous mettez quand même votre signature
17:37 et vous votez le même texte.
17:38 – Non on ne met pas notre signature puisque cette motion de censure
17:40 elle a été déposée par le groupe IOD,
17:42 elle est co-signée par des députés de la NUPES.
17:45 – Vous mettez votre vote ?
17:46 – Mais oui bien sûr, mais vous savez c'est pas moi qui…
17:48 – Mais vous convenez cela dit qu'il y a quelques semaines encore
17:50 ce scénario aurait été très improbable.
17:52 – Mais non je ne le conviens pas puisque ça s'est déjà produit,
17:54 Emmanuel Coquete, mais c'est pas grave, je connais les leçons
17:57 qu'essayent de faire ensuite les responsables de la minorité présidentielle
18:00 en disant "oh mon dieu vous allez voter le même texte".
18:02 – C'est trois fois où vous dites minorité présidentielle.
18:03 – Parce qu'ils sont minoritaires.
18:04 – Mais c'est une majorité relative.
18:05 – Une majorité c'est plus de 50% M. Mabouk.
18:08 – Donc maintenant vous allez les appeler minorité présidentielle.
18:10 – Mais j'ai toujours appelé minorité présidentielle
18:12 et je continuerai à le faire parce que c'est une réalité mathématique.
18:15 Mais pour le reste je reviens à votre question,
18:18 quand les députés macronistes ont fait adopter une loi
18:21 pour expulser plus facilement les locataires
18:23 qui avaient des problèmes pour payer leur loyer,
18:25 qui l'a voté ?
18:26 Les députés de la minorité présidentielle,
18:28 certains d'entre eux en tout cas,
18:29 et les députés du Rassemblement National.
18:31 – M. Bonpart.
18:31 – Et j'ai entendu personne à l'époque dire "oh mon dieu ils votent le même texte ensemble".
18:34 – Non mais là il y a de la mauvaise foi, pardonnez-moi.
18:36 Nous avons reçu combien de fois de députés et de parlementaires de la NUPES
18:40 qui nous ont dit "jamais, au grand jamais,
18:42 un vote avec le Rassemblement National, ce ne sont pas les mêmes valeurs".
18:45 Et là vous venez tranquillement ce matin nous dire "il n'y a aucun problème".
18:48 Non, non, je ne vous dis pas ça, je vous dis "nous n'avons pas les mêmes valeurs,
18:51 c'est une évidence, nous sommes des opposants frontales
18:55 et nous allons voter une motion de censure
18:57 et quand nous déposons une motion de censure,
18:58 nous formons le vœu qu'elle puisse être votée
19:00 par une majorité des députés à l'Assemblée Nationale".
19:02 Mais Sonia Mahboub, moi je ne suis pas responsable du fait
19:04 qu'il y a 88 députés du Rassemblement National à l'Assemblée Nationale.
19:08 Ce n'est pas moi au deuxième tour des dernières élections législatives
19:11 qui ai été incapable de choisir entre des députés de la NUPES
19:13 et des députés du Rassemblement National.
19:15 Et ce n'est pas moi non plus qui ai voté pour faire en sorte
19:17 que des députés du Rassemblement National
19:19 soient vice-présidents de l'Assemblée Nationale.
19:21 Non mais là vous me sortez l'épouvantail Emmanuel Macron,
19:23 mais quoi qu'il arrive, demain, vous mélangez vos votes avec le Rassemblement National.
19:27 Non, je vote une motion de censure et après chacun fait ce qu'il veut.
19:30 Et je souhaite que cette motion de censure ait une majorité de députés pour gagner.
19:33 Je ne me cache pas Sonia Mahboub,
19:35 je vote une motion de censure avec l'objectif qu'elle soit adoptée.
19:38 Et pour qu'elle soit adoptée, il faut qu'une majorité de députés la vote.
19:41 Après vous souhaitez quoi ? La dissolution ?
19:43 Mais après ça, ce n'est pas à mon pouvoir de le décider.
19:45 Et selon vous, que peut-il arriver ?
19:46 D'abord, je souhaite que la Première ministre tombe,
19:48 parce qu'il me semble qu'elle est incapable aujourd'hui de pouvoir continuer à gouverner.
19:53 Et après, deux choses l'une, soit le Président de la République
19:55 est en capacité de trouver une autre majorité de députés à l'Assemblée Nationale
20:00 pour soutenir sa politique.
20:01 Honnêtement, je ne crois pas que ça existe.
20:02 Soit il n'aura pas d'autre choix que d'aller chercher une autre majorité dans le pays.
20:06 Et ça, c'est le retour aux urnes.
20:07 Voilà, c'est simple, c'est comme ça que ça fonctionne dans la démocratie.
20:10 Quand on a une situation de blocage, on s'en remet aux électrices et aux électeurs.
20:13 Mais si la motion de censure ne passe pas demain,
20:16 alors le gouvernement demeure en droit à en exercer,
20:18 c'est-à-dire il demeure légal, légitimé.
20:20 Si de suite, il peut continuer à gouverner de notre point de vue ?
20:22 Non, moi je pense qu'il est illégitime d'un point de vue populaire.
20:26 Mais d'un point de vue constitutionnel, vous avez raison.
20:28 Si la motion de censure n'est pas votée, tout le monde doit avoir ça en tête.
20:32 Ça veut dire que d'abord, le texte sur les retraites sera adopté
20:35 et ensuite que le gouvernement restera en l'État.
20:37 C'est pourquoi j'ai dit tout à l'heure qu'il y avait un certain nombre de députés
20:41 qui avaient demain une très lourde responsabilité.
20:43 Je m'adresse aux gens qui nous écoutent en leur disant jusqu'à demain
20:46 "interpellez vos députés, mettez-leur devant leur responsabilité".
20:49 Alors justement, on va marquer une pause parce que responsabilité et pression aussi.
20:53 Les députés LR sont au croisement de toutes les pressions
20:56 et il y a aussi quelques débordements.
20:59 Vous verrez dans quelques instants les images de la permanence d'Éric Ciotti
21:02 qui a été dégradé sur ce sujet et d'autres.
21:04 Une courte pause et on se retrouve.
21:07 Et notre invité, Manuel Bompard, coordinateur de la France Insoumise,
21:14 député des Bouges du Rhône de la NUPES,
21:16 avec cette image, Manuel Bompard, sur les réseaux sociaux,
21:19 c'est Éric Ciotti qui l'a postée,
21:21 celle de sa permanence avec ce mot, la motion ou le pavé.
21:25 Puis on y voit aussi sa permanence saccagée.
21:28 Quelle est la limite entre la pression sur les députés LR
21:32 et ce type d'action que vous condamnez, j'imagine ?
21:34 La limite, c'est que la pression, c'est des manifestations,
21:39 la pression, c'est des interpellations par mail,
21:42 c'est des rendez-vous dans une permanence.
21:44 Et moi, je ne me retrouve bien évidemment pas quand on s'attaque à une permanence.
21:48 Mais je veux quand même dire quelque chose,
21:49 parce que les indignations à géométrie variable commencent quand même à m'indigner aussi.
21:55 Quand ma collègue députée de la Creuse, Catherine Couturier,
21:58 se voit sa permanence mûrée et bloquée,
22:00 je n'ai pas entendu un seul parlementaire des Républicains
22:03 ou un seul parlementaire de la minorité présidentielle
22:06 exprimer son soutien et sa solidarité.
22:08 Donc vous voyez, les indignations à géométrie variable,
22:10 ça commence à être assez insupportable.
22:12 Mais moi, je ne suis pas d'accord avec le fait qu'on s'entraide à des personnes,
22:15 je l'ai dit depuis le début, je l'ai toujours dit.
22:17 Donc je ne vais pas me cacher sur ce sujet,
22:19 mais encore une fois, comptez pas sur moi pour donner des leçons de morale aux gens.
22:22 Les gens aujourd'hui, ils ont envie de se moticuler.
22:24 – La morale, c'est leur appel à se…
22:25 – Dire "on ne menace pas de permanence, on ne menace pas du pavé"
22:29 c'est une leçon de morale ?
22:30 – Mais je viens de le faire, donc je ne vois pas en quoi c'est une leçon de morale.
22:33 – Qu'est-ce qu'une leçon de morale pour vous ?
22:34 – Mais parce que je vois bien votre manière de venir expliquer
22:39 qu'à des gens qui se révoltent de manière légitime
22:42 face à un passage en force inacceptable, finalement c'est eux les coupables
22:45 et on oublie quelle est la responsabilité première dans cette situation.
22:48 Et la responsabilité première dans cette situation,
22:50 c'est celle d'un gouvernement qui n'écoute personne,
22:52 qui passe en force, qui fait une bulldozer.
22:54 – C'est pas Emmanuel Macron qui a jeté un pavé contre la permanence d'Éric Ciotti.
22:56 – Non, c'est pas, à priori en tout cas, à priori c'est pas lui certainement.
23:00 – Non, c'est pas ironique, oui.
23:01 – Mais vous êtes d'accord que c'est quand même lui qui génère de la colère,
23:04 qui génère du dégoût, qui génère de la révolte.
23:06 Donc je lui dis, plutôt que d'aller dire aux gens "c'est pas bien de faire ça",
23:10 je lui dis qu'ils prennent ses responsabilités et qu'ils disent
23:12 "maintenant comment on fait en sorte de revenir dans une situation
23:15 qui soit une situation normale, et pour revenir dans une situation normale,
23:18 on écoute les gens, et s'il n'a pas envie de reculer à la limite
23:20 qu'il fasse un référendum".
23:21 Mais quand on est bloqué en démocratie,
23:23 on revient devant les électrices et les électeurs et on leur dit "tranchez".
23:27 C'est comme ça que ça fonctionne.
23:28 – Est-ce qu'il doit parler, le président de la République,
23:31 on parle éventuellement d'une prise de parole à venir dans les prochains jours,
23:34 est-ce qu'il doit parler, et est-ce qu'encore cette prise de parole
23:36 peut avoir un impact sur le cours des choses aujourd'hui ?
23:39 – Il doit parler si c'est pour dire quelque chose d'intéressant,
23:42 si c'est pour faire comme madame la Première ministre je dis,
23:45 je lui conseille plutôt de s'abstenir, parce que si c'est pour répéter
23:48 les mêmes éléments de langage, les mêmes mensonges,
23:50 et penser que ça va produire un résultat différent maintenant qu'il y a deux mois,
23:56 je pense que dans ce cas-là il vaut mieux s'abstenir.
23:57 Si c'est pour dire qu'il retire sa réforme, je l'invite à parler,
24:00 pas mercredi, mardi ou le lendemain, non, tout de suite,
24:03 qu'il dise "bon c'est bon, j'ai compris le message, j'arrête,
24:06 je retire cette réforme, il n'y a pas de honte à reculer,
24:08 il vaut mieux le faire avant qu'on soit dans une situation
24:10 qui soit encore plus difficile".
24:12 – C'est-à-dire encore plus difficile, on dirait que vous promettez quelque chose,
24:15 on a du mal à savoir quelle pourrait être la suite pour vous,
24:18 s'il n'y a pas un recul et si finalement tout se passe "comme prévu".
24:22 – Moi je regarde ce qui se passe sur le terrain,
24:25 et ce que je vois sur le terrain c'est qu'outre les manifestations,
24:28 il y a des mouvements de grève, que vous avez hier la plus grande raffinerie du pays
24:32 qui a décidé d'arrêter ses installations,
24:35 que vous avez à peu près maintenant l'ensemble des raffineries du pays
24:38 qui sont à l'arrêt, que vous avez un mouvement de grève
24:40 chez les éboueurs qui ne vont pas s'arrêter,
24:42 que vous avez des grèves dans l'énergie qui vont se continuer et se poursuivre.
24:46 – Tant que la réforme n'est pas retirée, toutes ces contestations,
24:49 ces grèves, ces blocages sont légitimes ?
24:51 – Ah ben c'est certain, bien évidemment.
24:53 – Mais jusqu'à quand ?
24:53 – Après c'est pas moi, jusqu'à ce que la réforme soit retirée, c'est très simple.
24:56 – Si elle ne l'est pas ?
24:57 – Ça s'appelle un rapport de force, ça s'appelle un bras de fer.
25:00 – Et donc pour vous il est indéterminé M. Bonpart,
25:02 c'est-à-dire jusqu'à ce que l'économie finisse à genoux,
25:04 jusqu'à ce que les blocages s'éternisent ?
25:06 – Je vais donc redire les choses, ce mouvement pour moi est légitime
25:10 jusqu'à ce que la réforme des retraites ait été retirée.
25:13 – Oui mais je vous pose la question, si elle ne l'est pas ?
25:16 – Ben ça si elle ne l'est pas, c'est le président de la République
25:18 qui en portera l'entière responsabilité.
25:21 Vous pouvez pas reprocher à des gens d'utiliser un droit,
25:23 dont je rappelle qu'il y a un droit garanti par la Constitution,
25:25 le droit de grève, malgré des situations qui sont
25:27 des situations économiques extrêmement difficiles.
25:29 – Mais il y a plus grande légitimité pour vous de la rue,
25:31 dans la rue qu'au Parlement ?
25:33 – Ben non mais au Parlement il n'y a pas de légitimité,
25:35 là Mathieu Bocote il vous a pas échappé cette semaine.
25:37 – Il n'y a pas de légitimité ?
25:38 – Non mais il vous a pas échappé.
25:39 – Député vous-même, comment ça il n'y a pas de légitimité au Parlement ?
25:42 – Je me rappelle que je suis député, mais je crois qu'il vous a pas échappé,
25:45 vous peut-être que vous allez vous en rappeler aussi,
25:46 que jeudi il y a eu recours à l'article 49.3,
25:49 donc le texte n'a pas été voté à l'Assemblée nationale.
25:51 – Vous dites qu'il n'y a plus de légitimité au Parlement ?
25:52 – Ce texte n'a pas de légitimité parlementaire.
25:53 – Le texte c'est une chose.
25:54 – Non je parle du texte jeudi qui n'a pas de légitimité parlementaire.
25:58 – Oui mais nous la question c'est la légitimité de la rue
26:00 par rapport à la légitimité du Parlement, c'est-à-dire si demain
26:03 les motions de censure ne passent pas, c'est terminé.
26:05 – Mais ça ne sera pas la première fois qu'un texte est imposé par 49.3
26:10 et qu'ensuite la mobilisation sociale se poursuit,
26:12 il y a même des fois où la mobilisation sociale a réussi à gagner,
26:16 je vous parlais du contrat premier embauche la dernière fois
26:18 qui était passé de mémoire en 49.3 et qui finalement n'avait pas été promulgué.
26:22 – Pour autant le Parlement aura sa légitimité.
26:25 – Mais je ne conteste pas le fait que le Parlement ait une légitimité,
26:27 mais la mobilisation populaire elle a aussi une légitimité.
26:30 – Mais parlez-moi de la hiérarchie, on a du mal à la voir.
26:32 – Mais il n'y a pas de hiérarchie, la responsabilité d'un pouvoir politique
26:37 c'est de gouverner de manière à ne pas opposer la légitimité parlementaire
26:42 et la légitimité sociale.
26:44 Et donc quand on est dans cette situation, il ne faut pas passer en force
26:46 ou essayer de faire dominer l'une par rapport à l'autre,
26:48 quand on est dans cette situation il faut écouter, il faut essayer de penser,
26:51 il faut faire bouger.
26:52 – Mais n'êtes-vous pas en train d'attiser les colères en disant cela ?
26:54 Il y a quand même dans notre pays, dans notre démocratie,
26:56 même si vous semblez croire que nous ne nous y sommes plus,
27:00 qu'il y a une légitimité parlementaire supérieure à la légitimité de la rue.
27:03 Sinon tout est permis.
27:04 – Mais donc quoi ? Donc à partir du moment où la réforme est votée,
27:07 on n'a plus le droit de considérer qu'il faut obtenir son retrait ?
27:10 – Ce n'est pas ce que je dis.
27:11 – Ah si c'est précisément ce que vous êtes en train de dire.
27:13 – Non, moi ce que je veux savoir c'est est-ce que la légitimité du Parlement prédomine ?
27:15 – Mais la légitimité du Parlement elle existe, les lois peuvent être votées,
27:19 je ne l'ai jamais contestée, je ne vais pas…
27:21 mais je ne sais pas ce que ça veut dire dominer l'un par rapport à l'autre.
27:24 – Vous n'avez pas le droit, simplement si…
27:25 – C'est l'état de droit, le fait que voilà, une fois que la réforme est adoptée,
27:30 quelle que soit la procédure, du moment qu'elle est constitutionnelle, c'est là.
27:33 – Bon, donc reprenons, si la réforme…
27:36 Non mais attendez, je vais vous répondre de manière très claire,
27:38 il n'y a aucune ambiguïté dans mes propos.
27:40 Si la réforme est "adoptée", on va mettre "adoptée" entre guillemets,
27:45 puisqu'elle n'aura pas été votée à l'Assemblée nationale,
27:47 mais si la motion de censure, puisque c'est votre question, ne passe pas,
27:51 échoue, alors cette réforme sera considérée comme adoptée.
27:54 Il nous reste un certain nombre de recours, recours au Conseil constitutionnel,
27:59 recours avec la possibilité peut-être d'utiliser un référendum d'initiative partagée,
28:05 ça c'est des options qu'on a sur la table.
28:07 Bon, et ensuite il y a la mobilisation sociale,
28:09 et il y a la grève qui a une légitimité,
28:11 c'est un droit qui est garanti par la Constitution, elle peut se poursuivre,
28:14 et ensuite c'est un rapport de force qui s'enclenche,
28:15 et moi j'espère que ce rapport de force, il va se renforcer dans les prochaines jours
28:19 pour obtenir le retrait de cette réforme.
28:21 Si la probabilité et les motions de censure ne passent pas,
28:24 il y a la rue, et il y a le débat constitutionnel,
28:27 et il y a le référendum d'initiative partagée, c'est ça, ce sont les options à venir.
28:32 Nous utiliserons tous les moyens à notre disposition
28:35 pour faire en sorte que cette réforme ne puisse pas avoir le jour.
28:38 Alors en un mot, imaginons, c'est un jeu de spéculation politique légitime,
28:41 que la réforme finalement passe, traverse les épreuves,
28:44 traverse le test du Conseil constitutionnel,
28:48 donc tout ça, la France serait encore en démocratie,
28:50 même, parce que je comprends que vous placez une tension de légitimité,
28:54 si cette réforme n'est pas retirée, la France demeure néanmoins une démocratie.
28:58 Oui mais elle aura été usée je pense, et elle aura été fatiguée,
29:01 et je pense que ça ne sera pas une bonne nouvelle pour notre démocratie.
29:03 Après il ne faut pas s'étonner que les gens se disent
29:05 "ben finalement ça ne sert à rien d'aller voter",
29:07 parce qu'à la fin les gens font ce qu'ils veulent,
29:09 on n'est jamais entendu et on n'est jamais écouté,
29:11 donc c'est clair que derrière votre question se pose cette situation,
29:14 la situation que l'on vit actuellement pose une question,
29:17 qui est la question du rapport à la Ve République,
29:19 et de notre capacité à construire des institutions
29:22 dans lesquelles tout le monde se retrouve,
29:23 parce que vous voyez bien que le recours au 49.3 par exemple,
29:26 a été rejeté par plus de 80% de la population,
29:29 un sondage qui a été publié dans la semaine,
29:30 donc il y a des gens qui aujourd'hui à travers ce cas de figure là,
29:34 cette situation précise, cette réforme des retraites,
29:36 se disent "et j'en fais partie, cette Ve République,
29:39 c'est une des républiques qui a bout de souffle,
29:40 mais il faut construire de nouvelles institutions
29:42 qui permettent au peuple d'être effectivement acteur,
29:45 et d'avoir davantage de poids et davantage de pouvoir
29:47 dans l'exercice de la politique",
29:48 ça, ça me paraît être une évidence,
29:50 donc il y aura dans tous les cas des conséquences à cette situation,
29:54 et si le gouvernement s'entête à passer en force,
29:57 ses conséquences ça va être une démocratie encore plus abîmée,
30:00 encore plus usée qu'elle l'était déjà avant cette réforme.
30:04 – Permettons de revenir, on parle de la légitimité, de la légalité,
30:07 regrettez-vous finalement au deuxième tour de l'élection présidentielle
30:10 d'avoir soutenu Emmanuel Macron ?
30:11 – Mais je n'ai jamais soutenu Emmanuel Macron
30:13 au deuxième tour de l'élection présidentielle,
30:15 ça c'est des éléments de langage du Rassemblement National.
30:17 – Vous avez voté pour lui.
30:18 – Mais vous n'en savez rien de ce que j'ai voté…
30:20 – Il y a un doute par rapport à Marine Le Pen ?
30:22 – Non mais attendez que les choses soient très claires.
30:23 – Vous n'avez fait ni Macron ni Le Pen ?
30:24 – Non, non, mais ce que j'ai voté ne me regarde que moi d'abord,
30:28 et deuxièmement je vais vous dire,
30:29 moi j'assume les déclarations publiques qui sont les nôtres,
30:31 et je ne change pas d'avis sur ce sujet,
30:33 nous avons dit pas une voix pour le Rassemblement National,
30:35 pas une voix pour Marine Le Pen, je l'assume et je le revendique,
30:38 je n'ai aucun problème avec ce sujet,
30:40 mais je veux dire, et tout le monde peut le comprendre,
30:43 que si Emmanuel Macron a été élu au deuxième tour de l'élection présidentielle,
30:47 vous savez très bien qu'il n'a pas de majorité populaire
30:49 pour soutenir une telle réforme.
30:50 – Mais pardonnez-moi, en venant de quelqu'un qui a dit que le vote n'est pas…
30:52 je vais vous la rappeler, forcément l'alpha et l'oméga de la démocratie…
30:55 – Je n'ai jamais dit ça, mais bon…
30:57 – Monsieur Bonpa…
30:58 – Sonia Mabrouk, si vous voulez…
30:59 – Ne me faites pas sortir le placard archive.
31:00 – Sonia Mabrouk, si vous voulez comparer,
31:02 ça serait un vrai débat qu'on pourrait avoir et qui prendrait un peu de temps,
31:05 le fonctionnement d'une société avec le fonctionnement d'une organisation politique,
31:08 c'est votre choix.
31:09 Je considère que les deux ne sont pas de même nature.
31:11 – Vous espérez être au pouvoir, donc ça vous intéresse ?
31:12 – Bien évidemment, j'espère être au pouvoir,
31:14 et d'ailleurs ça me permet de dire que même si cette réforme est votée,
31:17 même si le mouvement n'obtient pas sa victoire,
31:20 le jour où nous serons au pouvoir, bien évidemment, nous la brogerons
31:22 et nous ramènerons l'âge de départ à la retraite à 60 ans
31:25 avec 40 annuités de cotisation.
31:26 – Le jour où vous serez au pouvoir, c'est une question qui est intéressante,
31:29 parce qu'imaginons, encore une fois,
31:30 c'est le jeu d'imagination des prochaines semaines,
31:31 le gouvernement tombe, il y a les élections,
31:34 Jean-Luc Mélenchon est le candidat en tant que Premier ministre,
31:37 le candidat pour être Premier ministre dans les lupins,
31:39 vous ne savez toujours pas qui serait votre candidat
31:41 s'il y avait des élections demain.
31:42 – Notre présidente de groupe parlementaire c'est Mathilde Panot,
31:44 Jean-Luc Mélenchon a été notre candidat à l'élection présidentielle.
31:47 – Oui, ça on sait tout ça, et donc qui est légitime ?
31:49 – Vous ne savez pas qui est votre chef en ce moment ?
31:50 – Mais mon chef, je pense que Jean-Luc Mélenchon est notre figure…
31:54 – Vous ne soyez pas candidat ?
31:55 – Non mais je pense que je n'apprendrai rien à personne
31:58 en disant que Jean-Luc Mélenchon est notre figure la plus identifiée,
32:01 donc je pense…
32:01 – C'est pas ma question, de Mathieu Bancoté.
32:03 – Si vous me demandez mon avis, il me paraît évident que dans l'hypothèse
32:06 d'une dissolution et de nouvelles élections législatives demain,
32:09 Jean-Luc Mélenchon sera notre meilleur locomotive,
32:11 ça me paraît être une évidence.
32:13 – Vous n'êtes pas tous dans votre parti, vraiment ?
32:16 – Je ne sais pas, vous poserez la question aux autres,
32:17 moi je peux répondre en ce qui me concerne moi,
32:19 et je pense quand même que mon avis est très largement majoritaire
32:23 à la France Insoumise, mais vous poserez la question à d'autres
32:26 si vous le souhaitez, mais en tout cas moi je n'ai pas peur
32:29 d'une éventuelle dissolution et je pense que si cette dissolution
32:32 avait lieu demain, nous retournerions à la bataille
32:34 et chacun pourrait présenter son programme.
32:36 Emmanuel Macron dirait "moi je pense que cette réforme à 64 ou à 65 ans
32:40 est nécessaire" et puis nous, nous dirions "au contraire,
32:42 il faut ramener l'âge de départ à la retraite à 60 ans
32:44 avec 40 annuités de cotisation".
32:46 Marine Le Pen, je ne sais pas trop ce qu'elle dirait
32:48 parce que sur ce sujet elle n'est pas extrêmement claire.
32:49 – Un peu comme vous.
32:50 – Elle dit un peu comme vous.
32:51 – Non, non, elle ne dit pas la même chose que nous.
32:52 – Vous êtes plus proche de Marine Le Pen que d'Emmanuel Macron
32:54 sur cette question.
32:55 – Non, Marine Le Pen ne dit pas la même chose que nous,
32:57 ou alors vous venez de faire un scoop sur ce plateau
32:59 qui est de dire que Marine Le Pen est pour la retraite à 60 ans
33:02 avec 40 annuités de cotisation.
33:03 Vous lui poserez la question,
33:04 je ne suis certainement pas son porte-parole,
33:06 mais ce n'est pas ce qu'elle dit dans le débat public sur ce sujet.
33:09 Donc à un moment il faut avoir des lignes claires,
33:10 des positions claires.
33:11 Notre position c'est la retraite à 60 ans avec 40 annuités de cotisation,
33:14 c'est un progrès social.
33:15 Je pense aux gens quand ils arrivent à 60 ans
33:17 qui n'ont pas la santé, qui ne peuvent pas,
33:20 qui ne sont pas en capacité de travailler deux ans de plus,
33:22 c'est à ces gens-là qu'il faut penser,
33:24 c'est pour ça qu'il y a une telle émotion sur cette bataille.
33:26 Donc je leur dis, nous comprenons cette aspiration
33:28 et nous la portons politiquement avec cette revendication
33:31 de la retraite à 60 ans.
33:31 – Alors justement, la suite on va continuer à en parler,
33:33 davantage autour de votre stratégie Manuel Bompard
33:36 et celle de Jean-Luc Mélenchon,
33:37 votre locomotive comme vous l'avez dit,
33:39 une courte pause et on se retrouve.
33:41 Et notre invité Manuel Bompard dans un moment politique inédit,
33:49 singulier, on verra demain ce qu'il en sera avec l'émotion de censure
33:53 et notamment la motion de censure trans-partisane.
33:56 Nous sommes vraiment dans ce moment politique,
33:59 il s'agit aussi de décrypter Manuel Bompard.
34:02 Sur Europe 1, il y a quelques jours,
34:03 la présidente de l'Assemblée nationale, Yael Bourounprivé,
34:06 affirme qu'il n'y a pas de crise politique à ses yeux.
34:10 – C'est peut-être la seule personne en France qui le pense,
34:12 parce que je pense que toute personne qui est un peu honnête
34:16 admet l'idée que quand on utilise l'article 49.3 de la Constitution
34:20 pour essayer de faire passer en force une réforme des retraites,
34:22 que ça déclenche, y compris dans les soutiens du président de la République,
34:26 des gens qui disent "c'était pas notre volonté, c'était pas notre choix,
34:29 on n'est pas d'accord avec ça".
34:30 Le malaise qui a été celui des députés de la minorité présidentielle
34:34 le jeudi dans l'hémicycle,
34:35 je rappelle qu'il y en a certains qui ont quitté l'hémicycle
34:37 quand la Première ministre est arrivée pour prendre la parole.
34:40 Si ça c'est pas…
34:41 – Ce n'était pas du fait de votre brouhaha, rappelons ce qui a été fait.
34:44 – Sonia Mabrouk, je pensais que vous ne considériez pas
34:48 que chanter la Marseillaise dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale
34:50 soit du brouhaha.
34:51 – Non, je parlais évidemment des tiroirs qui ont été claqués.
34:56 – C'est les députés du Rassemblement national qui ont tapé leur pupitre,
34:59 nous en ce qui nous concernons, et je l'assume totalement,
35:01 nous nous sommes levés et nous avons chanté la Marseillaise.
35:04 – Pour couvrir la voix de la Première ministre.
35:05 – Non, pour rappeler que la souveraineté populaire,
35:08 c'était les députés qui l'apportaient et qui l'exprimaient à cet instant,
35:13 et pas la Première ministre en venant et en disant "je ne vous écoute pas,
35:16 vous n'allez pas pouvoir voter et mon texte va passer".
35:19 – Et Armagnol Ocamp.
35:20 – Oui, cette image on l'a vue même à la une de médias internationaux,
35:24 de journaux internationaux, je pense notamment,
35:26 je crois que c'était le New York Times avec les affiches, etc.
35:31 Vous, vous êtes fier de ce moment-là que vous avez incarné dans l'hémicycle ?
35:36 – Écoutez, je pense qu'il fallait, ça ne pouvait pas rester sans réaction,
35:40 l'utilisation du 49.3 et il fallait qu'à la colère que ça a généré
35:46 chez des millions de citoyens, il fallait qu'il y ait une réponse parlementaire
35:49 et je pense que cette réponse parlementaire, elle était noble,
35:52 elle était solennelle, elle disait quelque chose,
35:55 elle avait une signification politique sur le fait que des députés n'acceptent pas
35:58 qu'on passe en force et donc oui, bien évidemment,
36:00 j'en suis fier et je le revends.
36:01 – Vous évoquez un référendum, le Rassemblement National appelle un référendum,
36:05 vous voteriez un référendum du Rassemblement National là-dessus ?
36:09 – Mais Nicolas Barrett, ça n'existe pas un référendum du Rassemblement National.
36:12 – Proposé par le RN.
36:14 – Mais le RN n'a pas le pouvoir de proposer ou d'obtenir un référendum,
36:18 la seule option qui existe dans la Constitution,
36:20 c'est que le Président de la République décide de déclencher un référendum
36:25 ou qu'il y ait un fameux référendum d'initiative partagée,
36:28 pour ça il faut pouvoir avoir 185 parlementaires, députés ou sénateurs
36:32 et donc le RN ne peut pas réunir les conditions pour pouvoir le faire.
36:36 Donc les seuls qui sont en capacité de le faire, c'est nous et ça tombe bien,
36:38 nous le faisons.
36:39 – Est-ce qu'on peut rester sur cette image des députés,
36:42 surtout de la France Insoumise en majorité, sous le regard bienveillant,
36:47 je ne sais pas si on peut dézoomer, mais on verra dans les tribunes,
36:50 sous le regard bienveillant de celui que vous avez appelé votre locomotive,
36:54 Jean-Luc Mélenchon, il est là pour vous dicter votre conduite ?
36:58 – Non, je ne crois pas, je pense que Jean-Luc Mélenchon était là
37:00 parce que c'était un moment important,
37:02 que depuis le début de la mobilisation sur les retraites,
37:05 il apporte son soutien bien évidemment aux manifestants,
37:09 aux grévistes et à l'opposition politique,
37:11 et donc je pense qu'il considérait que c'était important d'être présent
37:14 dans ce moment, pour le reste nous avons un groupe parlementaire,
37:17 et ce que nous faisons, nous le décidons au sein de notre groupe parlementaire,
37:20 le fait de chanter la marseillaise, nous l'avons décidé
37:22 dans notre réunion de groupe parlementaire le jeudi matin,
37:25 au moment où l'hypothèse du 49-3 est devenue dominante,
37:28 on va dire parmi les différentes hypothèses qui étaient sur la table,
37:31 et voilà notre groupe il est capable de prendre des décisions,
37:34 en lien et en discussion avec Jean-Luc Mélenchon bien évidemment,
37:37 ce serait totalement absurde de se couper de celui qui a apporté
37:42 notre famille politique à 22% des voix à la dernière élection présidentielle.
37:45 - Et la politique a une dimension inévitablement de personnalisation,
37:48 peut-être pas dans la 6e république qui serait la vôtre,
37:51 mais dans la 5e il y a une personnalisation,
37:53 est-ce que Jean-Luc Mélenchon en ce moment peut se présenter comme le recours,
37:56 c'est-à-dire devant un pays divisé, est-ce qu'il peut se présenter comme tel,
37:59 est-ce qu'il a un avenir politique à court et moyen terme Jean-Luc Mélenchon,
38:02 autrement que sous le signe de la figure qui vous inspire ?
38:04 - Ah ben ça me paraît évident. - Ton candidat ?
38:07 - Il me paraît évident qu'à partir du moment où ce qu'on observe là,
38:11 c'est une Macronie qui est à bout de souffle, qui est en fin de règne.
38:15 D'ailleurs j'ai retrouvé un extrait de Bruno Le Maire
38:20 dans la mandature de François Hollande au moment où l'article 49.3 avait été utilisé,
38:24 et Bruno Le Maire disait "le recours au 49.3 c'est le signe d'une fin de règne".
38:28 Alors je reprends ses termes et ses propos,
38:30 le recours au 49.3 est le signe d'une fin de règne.
38:32 Donc la question qui va être posée,
38:34 c'est la question de l'alternative politique au macronisme,
38:37 et clairement ce que nous avons construit avec la NUPES,
38:39 et en particulier autour de la candidature de Jean-Luc Mélenchon à l'élection présidentielle,
38:43 est l'alternative politique pour ce pays.
38:45 - Finalement si c'est une crise de régime, l'alternative c'est vous ou Marine Le Pen ?
38:49 - C'est possible que ce soit comme ça que ça se termine, effectivement.
38:52 Et donc moi je dis aux gens qui nous écoutent,
38:54 dans cette bataille notamment sur les retraites,
38:57 le Rassemblement national a été aux abonnés absents,
38:59 il n'a pas mené la bataille, il n'est pas dans les manifestations,
39:02 il ne soutient pas les grévistes.
39:03 - Il n'était pas invité dans les manifestations.
39:06 - Non mais d'accord, mais il n'a jamais été dans aucune manifestation,
39:09 et s'il n'est pas invité dans les manifestations,
39:11 il devrait se poser la question de savoir pourquoi.
39:13 - Vous ne vous êtes pas accueillis avec des roses et des accolades,
39:14 moi je me souviens de ce qu'avait dit M. Martinez sur Jean-Luc Mélenchon,
39:17 ça ne sentait pas l'amitié à tout vent.
39:19 - Je vous propose Sonia Mabrouk de venir faire un petit tour
39:22 dans la prochaine manifestation avec moi jeudi prochain à Marseille,
39:24 vous verrez, si vous le souhaitez.
39:26 - Mais M. Mélenchon je parle...
39:27 - Mais Jean-Luc Mélenchon il est aussi dans les manifestations à Marseille.
39:30 - Ce n'est pas ta question, heureusement qu'il peut y être.
39:32 - Et je peux vous dire que...
39:32 - Vous avez entendu ce qu'avait dit M. Martinez sur Jean-Luc Mélenchon.
39:35 - Mais alors répondons à votre question,
39:37 est-ce que nous sommes bien accueillis dans les manifestations ?
39:39 Je pense qu'il suffit de venir avec nous pour voir que c'est le cas,
39:42 parce que les gens se disent "merci, c'est beaucoup de merci,
39:45 merci c'est bien qu'on ait des députés qui portent notre parole à l'Assemblée Nationale".
39:48 Pour le reste, Philippe Martinez est à l'intersyndicale
39:52 et à l'initiative des mobilisations,
39:54 et nous nous les appuyons et nous les soutenons.
39:56 - Et vous avez compris qu'ils ne veulent pas de récupération, ni de votre part, ni de...
39:59 D'ailleurs c'est légitime de leur part.
40:01 - Oui c'est tout à fait légitime et aucun d'entre nous n'a l'intention de récupérer quoi que ce soit.
40:04 Mais notre place c'est d'appuyer les mobilisations, de soutenir les grévistes.
40:08 Je vous donne un exemple, on a fait une caisse de grève,
40:10 elle a réuni plus de 500 000 euros pour soutenir les grévistes.
40:13 Je pense que les grévistes ils sont contents de recevoir l'appui financier de la France Insoumise,
40:17 ça ne veut pas dire qu'ils sont obligés de devenir militants au soutien de la France Insoumise.
40:22 - Mais c'est encore l'avenir de votre mouvement Jean-Luc Mélenchon ?
40:26 - Je pense que... En tout cas il participe de l'avenir de notre mouvement,
40:29 mais heureusement il n'y a pas que Jean-Luc Mélenchon dans notre mouvement,
40:31 je comprends ce que vous dites, mais on a aussi,
40:33 et d'ailleurs c'est je crois un sujet sur lequel on peut rendre hommage à Jean-Luc Mélenchon,
40:37 il a fait émerger entre guillemets des figures, des personnalités politiques ces dernières années,
40:43 et c'est une bonne chose parce que maintenant on a une richesse,
40:46 on a un embarras du choix pour la suite,
40:48 mais Jean-Luc Mélenchon il participe, c'est une évidence.
40:50 - Vous avez envisagé la possibilité du duel, donc vous d'un côté, Marine Le Pen de l'autre,
40:54 est-ce qu'on ne peut pas dire que si vos deux blocs en venaient à se confronter,
40:56 la France serait encore plus divisée maintenant, demain qu'elle ne le serait en ce moment ?
41:00 Vous imaginez une France réconciliée si vous alliez face à face entre vos deux camps ?
41:04 - Mais la France vous croyez qu'elle est réconciliée aujourd'hui avec trois blocs,
41:07 on l'a vu lors des dernières élections présidentielles et législatives qui s'affrontent,
41:12 et trois blocs qui ne sont pas compatibles les uns avec les autres,
41:17 c'est ça la situation politique actuelle.
41:19 Il faut bien trouver une issue, il faut dénouer cette situation politique,
41:23 et dénouer cette situation politique ce n'est pas juste en faisant en sorte qu'il y ait un camp
41:27 qui l'emporte sur l'autre, c'est de proposer une sortie politique.
41:30 Et la sortie que nous portons avec Jean-Luc Mélenchon, avec l'idée notamment
41:34 qu'il faut réécrire la Constitution, passer à la 6ème République,
41:37 convoquer une assemblée constituante…
41:38 - Quelle est-il pour réconcilier les Français ?
41:40 - Je pense qu'à travers cette proposition par exemple, c'est une manière de dire,
41:43 comme on ne croit plus aux règles du jeu, on va réécrire ensemble les règles du jeu.
41:47 Donc oui, je crois bien évidemment que c'est une proposition qui permet
41:50 d'aller vers plus d'unité populaire, et je pense que c'est ce sur quoi on doit travailler.
41:54 - Vous ne nous avez quand même pas répondu dans les dernières minutes de l'émission.
41:57 - C'est le sujet, j'ai essayé de répondre à toutes vos questions.
41:59 - Vous avez plongé en élection, la question a été posée par Mathieu Bocoté,
42:02 c'est vrai qu'on se pose la question, qui serait candidat au poste de Premier ministre ?
42:07 - Je vais vous répondre clairement Sonia Mabrouk,
42:09 parce que je n'ai pas l'habitude d'esquiver les questions.
42:11 Il est évident que s'il y a une dissolution et de nouvelles élections législatives demain,
42:15 je souhaite que la NUPES reparte à la bataille unie.
42:18 Bon, premièrement, ensuite, si la NUPES avait une majorité de députés à l'Assemblée nationale,
42:23 il est évident que le Premier ministre émanerait de la composante politique
42:26 qui aurait le plus de parlementaires, c'est comme ça que ça fonctionne en démocratie.
42:30 Donc, a priori, de la France insoumise, puisque c'est le cas aujourd'hui.
42:33 Et à partir de ce moment-là, il me paraît évident que Jean-Luc Mélenchon
42:36 est la personne qui, au niveau de la France insoumise, est le mieux placé pour le faire.
42:40 Mais à ce moment-là, il faudra que nous en décidions et nous en discutions collectivement.
42:43 - Mélenchon, Premier ministre, ça peut encore être un thème de campagne ?
42:46 - Ça peut, oui, mais ça… - Ça le sera ?
42:49 - Je n'en sais rien, je ne sais pas, là vous faites de la spéculation.
42:52 - La crise se verra en quelques jours, si vous n'êtes pas prêts pour une crise en quelques jours,
42:54 vous n'êtes pas prêts à exercer le pouvoir.
42:55 - On est prêts, Mathieu Bocquete, nos candidats sont dans les starting blocks,
43:00 nous n'avons pas peur de la dissolution. - Vos candidats dans les starting blocks ?
43:02 - Mais tous nos candidats sont dans les starting blocks, Mathieu Bocquete. - Ils font le chef, non ?
43:05 - Je revieille. - Mais vous en aurez un, vous inquiétez pas.
43:07 - Non, c'est pas un… - On va faire les choses étape par étape.
43:08 - Mais attendez, je comprends qu'il faut se préparer et je me prépare,
43:12 mais se préparer, ce n'est pas tout à fait la même chose que vous dire où on en est de notre préparation,
43:15 vous comprenez, il y a le fait de se préparer,
43:18 et puis ensuite il y a le fait d'annoncer les choses au fur et à mesure que les choses avancent.
43:20 - Et de s'accorder avec tous les alliés de la NUPES, là encore, ce n'est pas un obstacle anodin ?
43:24 - Oh, certainement, mais… - Ou alors tout va très bien, Mme la Marquise ?
43:27 - Non, moi je ne dis pas, je ne dis jamais tout va très bien, Mme la Marquise,
43:30 mais je ne pense pas, par contre, qu'il y a d'autres…
43:33 je n'ai pas entendu, en tout cas, de figure au sein de la NUPES dire que dans l'hypothèse d'une dissolution,
43:38 ils ne souhaiteraient pas repartir sous l'étiquette de la NUPES,
43:41 j'ai l'impression que tout le monde est plutôt sur cet état d'esprit,
43:43 et je pense que nous avons raison d'être sur cet état d'esprit.
43:45 - Ah, tout le monde, je ne sais pas, récemment j'ai eu Mme Valérie Rabault et d'autres partis socialistes,
43:50 ils décolleraient bien un peu l'étiquette, un peu trop rouge à leur but.
43:54 - En tout cas, la direction actuelle du Parti socialiste me paraît être sur cette orientation.
43:58 - Donc c'est Olivier Faure pour vous qui est légitime et qui décide finalement de la ligne et de la suite.
44:01 - Ce n'est pas à moi d'interférer dans la manière avec laquelle s'organise le Parti socialiste,
44:05 mais je crois qu'il a été désigné, qu'il a la majorité au sein de son conseil national,
44:09 et donc effectivement qu'il est légitime.
44:11 J'ai observé que cette semaine il y avait un sondage, une hypothèse,
44:14 dans l'hypothèse d'une éventuelle dissolution,
44:17 et je vois que la NUPES est en capacité d'arriver en tête des élections, avec 26%,
44:21 c'est ce que disait ce sondage, je prends toujours les sondages avec des pincettes,
44:24 mais c'est intéressant, alors que tout le monde comprend bien
44:26 que si nous allions diviser dans cette élection, ce serait plus difficile.
44:29 L'objectif s'il y a une dissolution c'est de gagner,
44:31 c'est d'avoir une majorité de députés à l'Assemblée nationale,
44:33 c'est pouvoir gouverner ce pays demain.
44:35 - 26%, vous en seriez loin de la majorité.
44:37 - C'est la fin, c'est le dernier mot.
44:39 - La dernière fois, ça ne vous aura pas échappé que les macronistes n'ont pas fait plus de 26%,
44:43 et pourtant c'est eux qui gouvernent aujourd'hui ce pays.
44:45 - Vous êtes prêts, c'est ce que vous nous dites pour ce matin, Emmanuel Bompard.
44:47 - Bien sûr nous sommes prêts, nous sommes déterminés,
44:49 et pour ça il faut continuer la mobilisation dans la rue,
44:52 dans la grève, à l'Assemblée nationale pour gagner.
44:54 - Merci d'avoir été notre invité ce dimanche,
44:56 je remercie également mes camarades, Mathieu Bocoté et Nicolas Barré.
44:59 Très bon dimanche à vous tous, évidemment, à nos téléspectateurs et auditeurs, et à très bientôt.
45:03 [SILENCE]

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