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  • 14/03/2023
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Chaque jour, des invités opposent leur point de vue sur l'actualité politique. Ce mardi, Olivier Dartigolles et Mathieu Bock-Côté.
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Transcription
00:00 Le Club de la presse Europe 1, dernière ligne droite pour la réforme des retraites.
00:05 Demain, examen du texte en commission mixte paritaire.
00:08 Tout le monde sait à peu près ce que c'est maintenant.
00:09 Les 14 députés et sénateurs qui vont être réunis vont-ils parvenir à se mettre d'accord
00:14 sur une version commune ? On va en parler.
00:15 C'est une phase cruciale du projet de loi.
00:18 Moins cependant que le vote qui doit avoir lieu juste après, surtout à l'Assemblée
00:22 nationale.
00:23 Alors apparemment Emmanuel Macron est plutôt confiant.
00:25 Il pense avoir une majorité solide, nous dit le Parisien.
00:28 Qu'en pensent nos éditorialistes ? On va parler aussi avec eux du mouvement, de la
00:32 grève des éboueurs.
00:33 C'est la sensation du mouvement, du mouvement social contre la réforme.
00:36 Bonjour Mathieu Bocoté.
00:38 Bienvenue sur Europe 1 également.
00:39 Olivier Dardigolle, chroniqueur politique.
00:41 Bonjour Olivier.
00:42 Bon la grève des éboueurs peut-être pour commencer, ça vire à la bataille politique.
00:46 Mathieu, il y a combien de kilomètres de tonnes de poubelles là devant chez vous ? Vous
00:49 me disiez.
00:50 Beaucoup, beaucoup, beaucoup l'Himalaya en fait je crois.
00:52 En fait c'est assez fascinant.
00:53 Je peux me permettre d'un point de vue étranger.
00:55 C'est la capacité qu'ont certaines minorités radicales de confisquer, même pas la vie,
01:00 l'espace public, mais les règles élémentaires de l'hygiène sociale, les règles élémentaires
01:04 de l'hygiène publique.
01:05 On nous a parlé pendant des années de santé publique et ainsi de suite.
01:07 Mais en ce moment, parce que le droit de grève est à ce point sanctuarisé en France, à
01:11 ce point sacralisé, à ce point absolutisé, il dépasse tous les autres droits disponibles,
01:16 notamment celui d'évoluer dans un environnement un peu sain.
01:18 Donc le droit de grève est tyrannique dans les circonstances et permet à des minorités
01:23 entêtées d'aller au-delà des moyens de pression légitimes et de prendre en otage
01:28 toute une ville.
01:29 - Je suis désolé, cher Mathieu, ne quittez pas le studio.
01:31 Vous avez devant vous un soutien au mouvement de grève.
01:34 - Mais j'en occupe toutes !
01:35 - Mais sans le couteau entre les dents, la vraie indécence, la vraie saleté, la vraie
01:41 puanteur, c'est de proposer deux ans de plus à des travailleurs qui ont exprimé au cours
01:49 des missions, à la télé, à la radio, leurs conditions de travail, ces métiers essentiels
01:54 qui ont été mis au pinacle lors du confinement et la crise sanitaire, qu'on a redécouvert
02:01 pour beaucoup, comment se passaient des boueurs.
02:03 - Mais Olivier, j'entends ce que vous dites...
02:04 - On nous avait dit qu'ils allaient être valorisés.
02:05 - J'entends ce que vous dites...
02:06 - On leur dit deux ans de plus.
02:07 - Non mais j'entends ce que vous dites sur les grévistes, le droit de grève...
02:09 - Mais il faut le rappeler.
02:10 - Mais est-ce qu'il n'y a pas une faute politique d'Anne Hidalgo, par exemple, maire de Paris,
02:13 qui ostensiblement affiche son soutien et ne fait rien finalement pour la salubrité
02:18 de la vie ? Ça fait partie des missions d'un maire aujourd'hui.
02:21 - Mais dans notre pays aujourd'hui, il y a des fautes politiques à tous les niveaux.
02:25 L'exécutif n'a pas su aujourd'hui avoir une séquence de véritable empathie pour les
02:30 métiers difficiles.
02:31 Anne Hidalgo affirme son soutien, mais pourrait aussi davantage prendre un maille avec les
02:39 maires d'arrondissement pour voir véritablement, dans les arrondissements où la situation
02:43 est difficile, voir comment les choses peuvent se passer.
02:45 - Alors il y a 10 arrondissements où il y a des poubelles partout, 10 autres où apparemment
02:48 ça se passe bien parce qu'il y a une collecte privée.
02:50 - Il y a deux choses là-dedans.
02:52 Premièrement, évidemment que les métiers difficiles dont on parle méritent la plus
02:55 grande considération, ça va de soi.
02:56 Mais on peut dissocier, je crois, cette question de ce que j'appellerais l'ivresse des moyens
03:00 de pression.
03:01 C'est-à-dire quand un petit groupe...
03:02 Vous savez, tout est rapport de force en dernière instance dans ce monde.
03:05 Et quand un petit groupe comprend qu'il est capable de prendre en otage une société,
03:09 de la bloquer, il y a une ivresse dans le rapport de pouvoir alors exercé, au-delà même
03:13 du contenu de la revendication.
03:14 On l'a vu au moment de la question des carburants cet automne.
03:19 Et ça, je pense que c'est très marqué dans la culture politique française.
03:22 Je ne dirais pas ce plaisir, mais à tout le moins, cette jouissance qu'il y a pour la
03:27 minorité qui croit incarner les désœuvrés, les déclassés, les marginaux, eh bien on
03:31 va faire plier la société et plus encore en visant les arrondissements où en plus
03:35 on croit qu'il y a les plus puissants.
03:36 - C'est une lecture, je l'entends.
03:38 Il y a aussi le fait que notre pays a perdu aussi une culture qui a perdu son sens.
03:44 Il a pu exister aujourd'hui, par le passé, de se faire rapprocher des positions antagonistes
03:50 par le compromis.
03:51 Le gouvernement aurait pris la grande question du travail qui vient d'exploser au cours
03:55 des dernières semaines.
03:56 - Attendez, vous avez un exemple de compromis politique récent, Olivier Dardigolle, parce
04:00 que là, je cherchais, je ne vois pas.
04:02 - Le Conseil national de la résistance a été un joli compromis historique.
04:05 Non mais déjà, il est fondateur.
04:09 À l'époque de Pompidou, il pouvait y avoir entre les intérêts du capital et jusqu'à
04:17 rappeler les intérêts du travail, des compromis.
04:21 Le père Dassault, le père Dassault dans mon département, quand il y avait un début
04:23 de grève, il disait, allez les petits, il disait bon, il y a eu du partenarisme.
04:27 Quel est le problème ? Bon, ça, ça, je peux.
04:29 Ça, ça, je ne peux pas.
04:30 Et les copains me disaient, ils sont maintenant retraités, on repartait de Paris dans le train
04:35 pour la Côte Basque et on faisait la fête.
04:37 - J'entends parfaitement votre argument, mais permettez-moi d'ajouter.
04:40 - Aujourd'hui, le capitalisme est trop gourmand.
04:41 - Vous enrobez tout ça de références historiques fort légitimes et passionnantes, mais il
04:45 y a une question aujourd'hui d'hygiène publique à Paris, très concrète, qui se dérobe
04:50 à toutes les symbolisations, toutes les mises en récit.
04:52 Il y a une question d'hygiène publique, il y a des rats, c'est dégueulasse, il faut
04:56 quand même le dire minimalement.
04:57 Et Paris, ce n'est pas exactement non plus Cleveland.
04:59 - Paris, c'est aussi Nantes, Saint-Brieuc, Le Havre, un certain nombre de villes qui
05:02 connaissent la même situation.
05:03 - Mais le Cleveland de la France, ce n'est pas l'Ohio.
05:05 C'est un pays qui se distingue, si je peux me permettre là-dessus encore une fois, non
05:09 seulement par sa dite capacité touristique, mais c'est un pays qui a une certaine civilité,
05:13 on n'est pas dans une forme de résidu.
05:16 Alors qu'est-ce qu'on voit ici?
05:17 Finalement, l'hygiène publique est complètement sacrifiée.
05:19 Ce n'est quand même pas un détail, quoi qu'on pense, les références au père Dassault
05:22 et à Georges Pompidou.
05:23 - Mathieu Bocoté, Olivier d'Artigas, vous êtes le nôtre débatteur du Club de la presse
05:27 Europe 1, 8h50.
05:28 Je voudrais que vous discutez aussi de cette commission mixte paritaire qui va donc se
05:33 réunir demain.
05:34 Julien Bayou, l'écologiste, appelle les Français à interpeller, je le cite, dans le respect,
05:40 les parlementaires membres de la commission mixte paritaire et donc dans un tweet, il
05:44 livre la liste des 14 élus.
05:45 Il en ressort que vous en avez 10 qui sont favorables à la réforme, 4 qui lui sont
05:50 opposés.
05:51 Vous y croyez-vous ça, Olivier d'Artigas, la désinterpellation dans le respect?
05:55 C'est leur mettre une flèche dans le dos quand même, à ces parlementaires.
05:58 - Oui, c'est un peu trop les listes, pour tout vous dire.
06:00 Mais je trouve plutôt sain que les citoyens, à l'échelle de leur circonscription, interpellent
06:06 leurs députés, leurs représentants, pour connaître leur positionnement sur ce vote
06:10 qui arrive.
06:11 Bon, la messe est dite concernant la commission mixte paritaire.
06:14 - Vous pensez ? - Oui, 10 sur 14.
06:17 La commission sera conclusive, certains amendements, propositions des sénateurs LR ne seront pas
06:25 retenues, telles que le CDI senior.
06:27 Ça n'est pas d'ailleurs retenu à la demande des députés LR.
06:31 On voit bien dans quelle situation se trouvent aujourd'hui les républicains.
06:35 Elle sera conclusive.
06:36 Là où véritablement il y a un suspense, c'est savoir si au final, après tout ça,
06:42 à la fin de l'histoire, le deal entre la Macronie et LR va tenir avec un vote.
06:49 - On va en parler.
06:50 - Si, il va falloir ressortir de nouveau le 49-3, ce qui serait un échec pour le gouvernement.
06:55 - Mathieu Boccone.
06:56 - Je suis ici cette semaine et je me demande s'agit-il d'un vrai trailer ou d'une mauvaise
06:59 comédie ?
07:00 - Trailer, bande-annonce.
07:01 - Non, pas trailer, suspense, un film d'action.
07:02 Est-ce qu'on est vraiment en train de se dire qu'est-ce qui va se passer exactement ? Est-ce
07:11 qu'il y aura le vote, il n'y aura pas le vote ? Est-ce que vraiment il y a de l'hésitation
07:14 ou est-ce qu'on n'est pas dans la mise en scène habituelle du commentaire politique
07:19 qui s'excite à l'idée qu'il y a la possibilité d'une incertitude ?
07:21 - Quand vous entendez Emmanuel Macron dire, il s'invite hier en réunion préparatoire,
07:26 c'est inhabituel, réunion de majorité, et il dit "non, non, nous aurons une majorité
07:30 forte au moment du vote", alors que depuis on sent monter, vous le dites vous-même,
07:35 des membres de la majorité dire que c'est quand même très incertain, les LR sont illisibles,
07:40 etc.
07:41 - Sur les LR, si je peux me permettre là-dessus, c'est que leur position entre les LR du Sénat
07:45 et les LR de l'Assemblée, et à l'Assemblée, entre les LR type Marlex, les LR type Pradier,
07:50 je ne sais plus ce que sont les LR.
07:51 Je crois, si on le dit, ne pas être seul dans cette position, tous ceux qui étaient
07:54 traditionnellement LR ne les reconnaissent plus.
07:56 - Mais vous pensez qu'il y a une dramatisation du vote ?
07:59 - Inévitablement.
08:00 - On fait croire que ça va être un certain alors que c'est joué d'avance, vous pensez ?
08:02 - Je me pose la question, je pense que le commentariat politique a besoin en tant que
08:05 tel de créer justement du suspense vrai ou faux, et je me demande s'il n'est pas en
08:09 train de s'auto-intoxiquer dans un récit qui l'excite lui-même, ou est-ce que véritablement
08:14 on est au seuil d'une incapacité à trouver une majorité, et si tel est le cas, c'est
08:18 une véritable crise totale pour la Macronie.
08:20 - Olivier Dardigonna.
08:21 - Je vous remercie, mais je me risque à une autre lecture.
08:24 Emmanuel Macron avait indiqué en début de premier quinquennat, de mémoire c'était
08:29 sur l'affaire Benalla, « soyez fiers d'être des amateurs ».
08:32 - Et ils ont réussi ?
08:33 - Je ne vois pas comment il peut y avoir une telle mise en récit par l'exécutif ce week-end
08:38 et encore aujourd'hui sur l'idée « nous n'irons pas au 49-3 car ce serait un échec
08:43 pour nous en fait », et ne pas avoir aujourd'hui l'assurance de cette majorité.
08:49 La PQR est pleine d'une aujourd'hui, où ils font le décompte à l'échelle des départements
08:54 des grandes régions.
08:55 Il y a des sites où vous pouvez suivre le décompte infernal.
08:59 - Circonscription par circonscription, que pense que va voter tel député ?
09:04 - Par rapport au dilemme entre pièces de théâtre déjà écrites, dont on connaît,
09:09 ou alors véritable « thriller », véritable, disons, inquiétude qui s'installe.
09:16 Je suis plutôt sur l'inquiétude, mais on s'enlève de l'exécutif.
09:19 - Alors attendez, moi je vais vous donner le décompte.
09:21 - On devient spécialiste de tout ça.
09:24 - Mais c'est très intéressant, 196 députés se disent certains de voter la réforme des retraites.
09:28 Il faut quand même 287.
09:32 - Parce qu'il y a deux législatives partielles, donc on est à 287.
09:36 - Voilà, donc vous voyez, 196, 287, il en manque.
09:40 - Mais attention, ça c'est pour la motion de censure.
09:43 - 91.
09:44 - Non, ça c'est pour la motion de censure, où il faut une majorité absolue, réelle.
09:50 - Ah oui, pardon, vous avez raison.
09:51 - Là, ce sera sur les...
09:52 - C'est la majorité relative.
09:53 - Attention, il y a aussi les petits malins qui auront un impératif familial,
09:57 qui auront un problème de train et qui peuvent se faire porter pâle aussi.
10:01 - Mais cela dit...
10:02 - Ce sera sur les présents.
10:03 - Et on y revient, cela dit, autant d'énergie politique et sociale mobilisée
10:07 pour une réforme finalement pas si majeure...
10:09 - Oui, je sais que ça vous dépasse, ça vous entend que...
10:11 - Ça vous dépasse, ça vous dépasse.
10:12 - Ce qui, par ailleurs, révèle le caractère amateur, pour ne pas dire un peu pied-niclé,
10:17 d'une classe politique qui réussit même à décourager ceux qui voudraient la soutenir de la soutenir.
10:22 C'est-à-dire le nombre de gens, on en a déjà parlé ici, le nombre de gens que l'on peut connaître
10:25 qui sont plutôt favorables à l'idée de cette réforme, qui en comprennent la nécessité,
10:28 mais qui se sont dit au bout de quelques jours, quelques semaines,
10:30 "non désolé, je n'en serai pas solidaire", parce que leur manière de la défendre
10:33 rend cette réforme indéfendable selon les lois de la politique,
10:36 pas de la technique des retraites, mais sur le plan politique,
10:38 il y a quelque chose d'indéfendable dans les discours qui ont tellement varié.
10:41 On la défendait pour A, ensuite pour non A, pour B, pour non B,
10:45 à un moment donné, on en vient à perdre, on le repère.
10:47 - Alors j'entends votre regard comme les personnes à Montesquieu,
10:50 mais si ça nous passionne, c'est qu'on a encore l'idée que,
10:54 Jean Ferrat le disait, c'était très beau, que la France peut faire frissonner encore le reste du monde.
10:58 - Elle le peut, pas nécessairement par son système des retraites.
11:01 - Et le fait qu'on puisse se dire qu'on ne va pas obligatoirement
11:05 vers un temps plus long au travail, mais qu'il peut y avoir
11:09 un troisième temps de vie hors travail, avec quand même une utilité sociale,
11:13 est un sujet passionnant.
11:15 - Un dernier mot, je me permets de l'évoquer, puisqu'on en parlait la semaine dernière,
11:19 pour vous donner raison, dans la presse américaine et ailleurs,
11:21 d'un côté, il y a la perplexité, est-ce que les Français se mobilisent vraiment
11:25 pour deux ans de plus ? C'est étonnant.
11:27 Et de l'autre côté, les Français, si admirables, ils descendent dans la rue
11:29 pour défendre leurs droits, si admirables, on est jaloux pour ça.
11:33 - On termine sur ça. - Voilà, Jean Ferrad, le CNR,
11:36 Marcel Dassault, les grands noms convoqués.
11:38 - Si vous me faites venir, je viens avec mon Panthéon.
11:42 - Je vais tes sardoues alors, et grâce, pour nous réconcilier.
11:45 - Merci à tous les deux, Olivier D'Artigolle, Mathieu Beaucoupté,
11:48 nos plumes du Club de la Presse européen du Marathi.
11:50 Bonne journée à tous les deux.

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