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  • 13/03/2023
Le sociologue et essayiste, Mathieu Bock-Côté, revient sur la relation entre les islamistes et la France : «Peut-on dire que les islamistes détestent la France ?»

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Transcription
00:00 - Oui, avec raison. La scène était particulière. Sonia Mabrouk était, à quelle époque, l'émission,
00:05 sur le service public. Lorsqu'on ne répète pas le crédo, le discours officiel, on est
00:11 plongé dans un lit de scorpions, il faut bien le dire. Et par ailleurs, elle était
00:14 accueillie avec une condescendance agressive et elle a tenu la ligne sans jamais se coucher
00:19 devant ça. Franchement, chapeau. Aller là-bas, ça ne va pas de soi.
00:22 - Vous y étiez aussi. - Ça m'est déjà arrivé. Mais bon, j'avais
00:25 été accueilli avec plus de politesse qu'on ne l'a reçu, si je peux me permettre. Cela
00:29 dit, il y a une phrase qui est sortie, vous l'avez mentionnée, les progressistes, les
00:33 islamistes radicaux, non, les islamistes et les écolos radicaux n'aiment pas la France.
00:37 Et là, il y a Élise Lucey qui est présente et qui se faisait une fierté d'exprimer sa
00:41 condescendance tout au long de son passage. Et là, elle dit, ah bon, vraiment, c'est quoi
00:45 le lien entre les trois? Et je reviendrai sur le lien. Mais, mais, mais, mais, mais,
00:48 elle dit donc, les progressistes n'aiment pas la France, les écolos radicaux, les islamistes
00:53 n'aiment pas la France. Puis là, elle semble étonnée. Elle ne semble pas considérer que
00:57 cette phrase va de soi. Pour Élise Lucey, lorsqu'on dit les islamistes n'aiment pas
01:01 la France, haïssent la France, c'est vu comme une espèce de phrase agressive, inutile,
01:06 qui ne suscite pas l'adhésion immédiate, qui suscite la perplexité.
01:09 Alors là, j'ai deux hypothèses pour comprendre cette réaction qui, quant à moi, relève
01:13 du déni de réalité. La première, dans la tête des journalistes militants de gauche,
01:18 hein, pléonasme, eh bien, lorsqu'ils entendent quelqu'un qui est associé dans leur esprit
01:23 à l'autre camp, qu'ils ne traitent pas comme une collègue, mais qu'ils traitent comme
01:26 le corps étranger, on ne peut lui accorder rien, rien, rien, même que les islamistes
01:31 n'aiment pas la France, ce serait déjà une concession de trop.
01:33 L'autre hypothèse, c'est qu'Élise Lucey ne considère pas que les islamistes détestent
01:38 la France et qu'elle considère finalement que cette phrase est en elle-même problématique.
01:41 Après la décennie qu'on a traversée, après les progrès de l'islamiste dans les quartiers,
01:45 je me demande comment on peut avoir cette réaction, mais je crois, je crois vraiment
01:48 que c'est ça la réponse. Élise Lucey, dans les circonstances, semblait perplexe à l'idée
01:52 qu'on puisse dire que les islamistes détestent la France.
01:54 Qu'est-ce que vous entendez par là? Peut-être qu'elle a juste posé la question?
01:58 Si elle a posé la question, on l'a exprimé avec un ton, un air dubitatif, mais tellement
02:02 condescendant, tellement fier de montrer qu'on ne participe pas aux basses passions de ceux
02:07 qui s'inquiètent de l'islamisme. Mais moi, j'ai une hypothèse par rapport à ça. C'est-à-dire
02:11 si, si on avait demandé « est-ce que pour vous l'extrême droite déteste la femme?
02:17 », elle aurait dit absolument « ça va de soi ». « Est-ce que l'extrême droite déteste
02:20 la France? », elle aurait dit oui, assurément. « Est-ce que l'extrême droite déteste
02:23 la démocratie? », je ne doute pas un instant qu'elle aurait dit « ça va de soi ».
02:26 Pourquoi, pourquoi alors considère-t-elle justement que dire que les islamistes n'aiment
02:30 pas la France, ça ne va pas de soi? Parce que dans l'esprit de la psychologie politique
02:33 de la gauche médiatique, eh bien, tout ce qui relativise ce qui, dans leur esprit, est
02:38 le seul danger qui compte, l'extrême droite qui est partout, bon, tout ce qui relativise
02:43 ce danger, donc par exemple les islamistes, eh bien, ça doit être laissé de côté,
02:47 ça doit être traité comme un facteur secondaire, rien ne doit remettre en question la seule
02:51 menace qui soit l'extrême droite. Mais, soit dit en passant, les progressistes, lorsqu'ils
02:56 multiplient les pseudo-accommodements raisonnables avec l'islam le plus militant, je ne parle
03:00 même pas de l'islamisme terroriste, avec l'islam le plus militant qui voile les femmes,
03:05 qui exige la burqa dans l'espace public, qui occupe quelquefois l'espace public avec
03:08 des prières publiques, qui analyse l'alimentation, qui exige la séparation des corps dans les
03:14 piscines publiques et ainsi de suite, ce n'est pas un problème, ça? On ne pourrait pas
03:17 dire qu'il y a une forme de détestation des mœurs de la France à travers ça? Quand
03:20 le progressisme tend la main à l'islamisme parce que les deux se disent l'Occident doit
03:25 pécher pour ses péchés passés, il n'y a pas quelque chose qui relève de la détestation
03:30 de la France à travers cela? Et quand les écolos radicaux, quant à eux, nous disent
03:34 que fondamentalement le monde occidental a tellement péché qu'aujourd'hui il doit programmer
03:37 sa propre extinction démographique pour ne plus peser sur le sort de la planète, il n'y
03:43 a pas une détestation de la France à travers tout ça? Alors moi je pense que fondamentalement
03:46 oui, il fallait le dire, mais affirmer cela sur le service public, c'était heurter un
03:52 tabou, c'était finalement obliger de répéter le seul slogan qui compte, « Seule l'extrême-droite
03:56 nous menace, le reste ne compte pas ». Encore une fois, je le disais plus tôt, « no pasaran
04:00 » le réel ne passera pas, le service public est là pour barricader l'espace public
04:04 contre la réalité.
04:05 Merci.
04:06 [Musique]
04:09 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]

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