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  • 28/02/2023
Actrice de renom, Isabelle Huppert, vient nous présenter un film choc, « La Syndicaliste », où elle incarne une femme agressée suite à son travail sur des dossiers sensibles d’entreprises de nucléaire françaises. Enquête, mensonges, trahison… L’histoire est celle de Maureen Kearney interprétée avec justesse par Isabelle Huppert.

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Transcription
00:00 Alors nous sommes très très heureux ce matin de vous recevoir dans Télé Matin.
00:04 Bienvenue Isabelle Huppert.
00:05 Bonjour à vous.
00:06 On est absolument ravis.
00:07 Vous serez demain à l'affiche du film "La syndicaliste", l'histoire vraie de Maureen Kierney,
00:11 une syndicaliste chez Arriva, le géant du nucléaire,
00:14 et qui est devenue une lanceuse d'alerte.
00:16 C'est une histoire vraie. On va regarder tout de suite la bande-annonce.
00:18 Maureen Kierney s'est fait agresser chez elle. C'est quoi cette histoire ?
00:29 Vous pensez quand même pas que j'y suis pour quelque chose ?
00:31 Vous avez des ennemis ?
00:32 Depuis un an, je travaille sur un dossier sensible chez Arriva.
00:36 Vous pouvez nous en dire plus ?
00:38 Rodrigo fait des engues à Arriva.
00:39 Il négocie avec des Chinois dans le dos du Coréen maman.
00:42 Vous avez des preuves ?
00:43 Il veut devenir numéro un mondial du nucléaire.
00:47 Si vous balancez ça, vous allez prendre des coups.
00:49 Excusez-moi pour le retard.
00:50 Vous, vous n'êtes pas convaincu.
00:51 Vos questions à la direction, vos gérémiens auprès du ministre,
00:54 vous vous prenez pour qui ?
00:55 Faites attention.
00:56 Il y a beaucoup de pression politique dans ce dossier.
00:58 Fais gaffe, c'est toi qui joue dans la cour des grands.
01:00 Madame Kierney, à part vos empreintes et celles de vos proches, on n'a rien trouvé.
01:04 Mais j'étais violée !
01:05 Vous pensez qu'elle pourrait avoir tout inventé ?
01:07 Moi, des agressions sans trace d'agresseur, j'en connais pas.
01:09 Et la cicatrice, alors ? Qui me l'a faite ?
01:11 C'est le même que votre scotch, je n'y crois pas à la version de votre femme.
01:14 Arrêtez de dire "mon scotch".
01:15 Je n'arrêterai pas tant que je n'aurai pas leur peau.
01:19 T'es vraiment devenu obsessionnel, c'est chiant la longue.
01:21 Vous êtes toute seule.
01:23 Ils ne se font jamais faire, surtout pas à une femme.
01:27 Vous la connaissiez, cette histoire complètement hallucinante ?
01:31 Pas du tout.
01:32 Pourtant, elle est récente.
01:33 2012.
01:34 Elle a commencé en 2012 et terminée…
01:37 Enfin, elle n'est pas vraiment terminée d'ailleurs.
01:39 En 2017, je crois.
01:41 Je n'en avais jamais entendu parler.
01:42 On a tous entendu parler des problèmes d'Areva, d'Anne Lauvergne, etc.
01:45 Mais cette syndicaliste, qu'est-ce qui vous a touché chez Maureen ?
01:48 Parce qu'il y a plein de choses chez cette femme.
01:50 Elle a un côté Erin Brokovitch, elle a un côté victime,
01:52 elle a un côté coupable, sans tout dévoiler.
01:54 Elle est héroïne, elle est forte, elle est faible.
01:56 Qu'est-ce qui vous a touché chez elle ?
01:58 C'est tout ça à la fois.
01:59 Vous avez raison de dire "qu'est-ce qui m'a touchée"
02:01 parce que c'est vrai qu'elle est finalement assez émouvante
02:05 à la fois dans sa détermination, sa conviction et sa fragilité.
02:10 Enfin, sa fragilité…
02:11 Elle subit une double peine, Maureen Kerney.
02:14 Elle est d'abord agressée, très très sauvagement.
02:17 Il y a presque du rituel satanique dans cette agression,
02:22 avec cette lettre qu'on dessine sur le ventre.
02:25 Le had arrive sur le ventre.
02:26 Le had, voilà.
02:28 Et ensuite, dans un deuxième temps, assez rapidement,
02:31 on ne la croit pas.
02:33 On remet sa parole en doute.
02:35 Ce qui lui arrive est tellement inimaginable,
02:37 tellement invraisemblable.
02:39 Il n'y a pas de témoin, évidemment.
02:41 Donc on ne la croit pas.
02:42 C'est tout le combat qu'elle va mener pour faire entendre sa parole.
02:47 Elle renonce dans un premier temps.
02:49 Et puis elle repart à l'attaque et on finit par l'incorporer.
02:53 On finit par chuter, il ne faut pas tout dire.
02:55 - Vous avez raison.
02:57 Elle se bat pour sauver notamment 50 000 emplois.
03:00 Et puis ensuite, on voit qu'elle n'a pas le profil de la victime idéale.
03:04 C'est ça son problème ?
03:05 - Oui, voilà.
03:06 Elle n'est pas la bonne victime.
03:08 D'abord, on est un peu attrigué par son apparence,
03:11 alors qu'elle est comme ça.
03:13 - Vous avez beaucoup joué de ça, de l'apparence ?
03:15 - J'ai complètement joué de ça.
03:17 Je me suis complètement inspirée de son chignon,
03:19 de ses lunettes.
03:20 Les lunettes, c'est toujours intéressant au cinéma.
03:22 - Le regard.
03:23 - Vous, dans le film, et elle, elle est absolument impressionnante.
03:27 Ce film, il est troublant aussi parce qu'il y a les vrais personnages.
03:31 Il y a Anne Lauvergeon, il y a Arnaud Montebourg,
03:33 il y a Henri Proglio, il y a Luc Courcel.
03:35 Il y a tous les personnages.
03:36 Nicolas Sarkozy, tout est vrai.
03:38 - François Hollande.
03:39 - François Hollande, tout est vrai.
03:41 Il y a une partie romancée là-dedans.
03:42 - Tout est vrai, mais c'est du cinéma, ce n'est pas un documentaire.
03:46 Donc quand la fiction s'en parle d'un sujet comme ça,
03:48 il y a forcément des libertés,
03:50 à lesquelles Maureen Kerney souscrit complètement.
03:54 Ce n'est pas vraiment des libertés, c'est une manière d'interpréter
03:58 et peut-être aussi d'accentuer,
04:01 enfin de le rendre assez palpable, ce trouble qu'elle a suscité.
04:05 Parce que c'est ça qui rend aussi l'histoire très cinématographique.
04:10 Et au fond, c'est de faire croire autant au visage de la vérité
04:14 que de celui du mensonge.
04:16 - Ce qui est très troublant là encore,
04:17 c'est que si on ne savait pas que c'est une histoire vraie,
04:19 on n'y croirait pas forcément.
04:20 C'est là que c'est quand même complètement hallucinant.
04:23 Maureen Kerney, elle a vu le film.
04:25 Dix ans après, ça l'a bouleversé.
04:27 Écoutez ce qu'elle en a dit.
04:28 C'était dans le journal de 13h sur France de ce week-end.
04:30 - Un jour, j'étais secouée.
04:34 Car c'est une chose de vivre quelque chose à l'intérieur.
04:39 Mais comme vous voyez sur l'écran,
04:41 six ans condensés en deux heures,
04:44 on se rend compte de tout ce qu'on a vécu.
04:46 - On sent qu'elle est bouleversée.
04:49 Vous, vous n'avez pas voulu la rencontrer
04:50 avant de tourner le film. Pourquoi ?
04:52 - Justement pour me sentir plus libre.
04:55 Je ne craignais pas d'ailleurs
04:57 qu'elle me donne des indications.
04:59 Mais je ne l'ai pas souhaitée
05:00 et elle ne l'a pas souhaitée non plus.
05:02 Donc moi, ça me permettait de m'emparer de ce personnage
05:06 d'une manière de laisser jouer mon imagination.
05:09 - Est-ce qu'il y a une pression supplémentaire
05:10 quand on incarne quelqu'un de vrai avec une histoire vraie ?
05:13 - Non, pas du tout.
05:14 Mais justement, si je l'avais rencontrée,
05:15 ça aurait peut-être donné une pression.
05:17 Ça me suffisait d'avoir quand même entièrement...
05:21 de l'avoir entièrement copiée.
05:23 Ça, c'est quand même pas si fréquent.
05:25 Elle présentait un modèle tellement inspirant
05:27 avec son chignon un peu itchcockien,
05:29 sa manière de s'habiller, ses bijoux.
05:32 Ça fabriquait tout de suite un personnage
05:34 très insolite et très cinématographique.
05:36 - Isabelle Hubert, est-ce qu'on peut faire ce genre de film
05:38 sans adhérer à la cause ?
05:39 Est-ce que vous êtes convaincue, vous,
05:41 de la justesse de son combat ?
05:42 Est-ce que vous avez des doutes ?
05:43 Est-ce que...
05:44 - On peut être convaincue, oui.
05:46 Elle se bat pour sauver 50 000 emplois.
05:48 - Oui.
05:49 - Voilà, c'est la cause principale.
05:51 Même là, le thème autour du nucléaire,
05:56 au fond, c'est pas son argument premier,
05:59 même si finalement,
06:01 elle anticipe quelque chose dans son combat.
06:03 Mais elle, c'est une syndicaliste,
06:06 donc elle veut simplement sauver 50 000 emplois.
06:09 C'est beaucoup quand même.
06:10 - C'est énorme, c'est énorme.
06:11 - Isabelle Hubert, on est en pleine...
06:12 On prend un petit pause.
06:13 On est en pleine période de conflit social
06:15 dans le pays.
06:16 Quel regard vous portez sur d'autres syndicalistes
06:18 d'aujourd'hui ?
06:19 Philippe Martinez, Laurent Berger,
06:20 ils pourraient être des personnages
06:21 cinématographiques aussi ou pas, vous croyez ?
06:24 - Oui, sans doute, comme les hommes politiques,
06:26 comme tous les gens qu'on voit apparaître.
06:29 - Même si vous ne pourriez pas les incarner, ceux-là ?
06:31 Ce serait plus compliqué.
06:32 - Encore plus.
06:33 Il y a toujours un peu de spectacle, bien sûr,
06:35 dans la représentation qui nous est donnée, bien sûr.

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