Les invités de Laurence Ferrari débattent de l'actualité dans #Punchline du lundi au jeudi.
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00:00:00 Bonsoir à tous et bonsoir à toutes, bienvenue dans Punchline.
00:00:03 Ce soir sur CNews, le jeune de 16 ans qui a assassiné sa professeure d'espagnol hier
00:00:07 à Saint-Jean-de-Lune va sans doute être placé en détention provisoire.
00:00:11 C'est en tout cas ce qu'a demandé le procureur de Bayonne qui a retenu la préméditation
00:00:14 pour son acte.
00:00:15 L'adolescent a affirmé avoir entendu une voix qui lui aurait commandé de commettre
00:00:20 ce meurtre.
00:00:21 On va revenir sur sa personnalité à la lumière des nombreux détails qui ont été révélés
00:00:25 par la justice.
00:00:26 On sera sur place avec notre correspondante dans un instant.
00:00:29 Et puis dans l'affaire Pierre Palmade cette fois, c'est demain que la cour d'appel
00:00:33 doit se prononcer sur son placement en détention.
00:00:36 La famille des victimes de cet accident terrible de la route s'exprime ce soir sur CNews
00:00:41 et demande plus de sévérité pour l'acteur qui est actuellement hospitalisé et sous
00:00:45 bracelet électronique.
00:00:46 Voilà, on débat de ces thèmes d'actualité dans un instant, juste après le rappel des
00:00:50 titres de l'actualité.
00:00:51 Allez tout de suite, 17h pile, on est en direct dans Punchline sur CNews, le rappel
00:01:12 des titres de l'actualité.
00:01:13 Le verdict est tombé au procès de la rue Erlanger.
00:01:22 Hessia Boulare s'est condamnée à 25 ans de réclusion criminelle.
00:01:26 Elle est jugée coupable d'avoir provoqué l'incendie d'un immeuble le 5 février
00:01:30 2019.
00:01:31 10 personnes avaient perdu la vie dans ce drame.
00:01:34 Le parquet avait requis 27 ans de prison.
00:01:37 Le procureur de Bayonne s'est exprimé au lendemain de l'assassinat d'une professeure
00:01:43 d'Espagnol hier à Saint-Jean-de-Luz.
00:01:44 Selon lui, il pourrait s'agir d'un meurtre avec préméditation.
00:01:49 A 15h01, le silence a été respecté dans tous les collèges et lycées de France.
00:01:54 L'adolescent de 16 ans principal suspect dans cette affaire devrait être placé en
00:01:59 détention provisoire.
00:02:01 Près de 115 000 Ukrainiens ont trouvé refuge en France depuis le début de la guerre.
00:02:07 Cet accueil a coûté 500 millions d'euros.
00:02:09 Près de 260 millions ont été dépensés pour l'hébergement.
00:02:14 Au total, 80% de ces Ukrainiens sont des femmes et 20 000 enfants sont scolarisés sur le
00:02:20 territoire.
00:02:21 Et justement, Pedro Sanchez étant en Ukraine, le Premier ministre espagnol s'est rendu
00:02:26 à Kiev ce jeudi.
00:02:28 Il a exprimé son soutien à l'Ukraine à la veille du premier anniversaire du début
00:02:33 de l'invasion russe dans le pays.
00:02:34 Il rencontre cet après-midi le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
00:02:39 Merci beaucoup Adrien Spiteri pour ce rappel des titres de l'actualité.
00:02:43 Il est 17h02, on est en direct sur CNews.
00:02:45 Nous sommes avec Eric Nolot, journaliste et écrivain.
00:02:48 Bonsoir à vous.
00:02:49 Bonsoir Laurence, bonsoir à tous.
00:02:50 Bonsoir Jérôme Béglé, directeur général de la rédaction du JDD.
00:02:52 Bonsoir.
00:02:53 Bonsoir à vous, le docteur Jean Dorido.
00:02:55 Bonsoir.
00:02:56 Merci d'être avec nous.
00:02:57 On va avoir évidemment besoin de votre avis concernant ce qui s'est passé à Saint-Jean-de-Lune.
00:03:01 Maître Dylan Slama est avec nous.
00:03:03 Bonsoir maître.
00:03:04 Et Sébastien Fergeau, directeur du site Atlantico.
00:03:06 Bonsoir.
00:03:07 On va évidemment tout de suite écouter ce qu'a dit le procureur de Bayonne, M.
00:03:11 Jérôme Bourrier, cet été.
00:03:12 Il y a quelques instants, on l'a vécu en direct sur CNews.
00:03:15 Il est revenu sur l'Eiffel, sur la personnalité de la professeure, mais surtout évidemment
00:03:19 sur la personnalité de ce jeune de 16 ans qui est toujours placé sous le régime de
00:03:24 la garde à vue.
00:03:25 On va écouter le procureur expliquer que l'élève n'était pas connu des services
00:03:29 de police, mais qu'il était néanmoins suivi par un psychiatre.
00:03:33 Pendant ce cours, durant lequel l'enseignante se trouvait au tableau, debout, un élève
00:03:45 s'est levé, s'est saisi d'un rouleau de saut palin, s'est approché de la porte
00:03:58 de la classe, qu'il a verrouillé à l'aide du verrou.
00:04:03 Il s'est ensuite dirigé vers son professeur d'espagnol en sortant de ce saut palin un
00:04:13 couteau, un couteau de cuisine avec une lame de 18 cm.
00:04:18 Et en s'approchant d'elle, il lui a porté un coup en levant la main droite au-dessus
00:04:29 de la tête.
00:04:30 Voilà, un coup fatal puisque malgré les secours, la professeure était pratiquement
00:04:37 morte sur le coup.
00:04:38 Jérôme Rompneau, vous êtes notre envoyé spécial sur place.
00:04:41 Est-ce que le procureur est revenu sur les motivations de l'acte de cet adolescent
00:04:45 de 16 ans ?
00:04:46 Oui, Laurence, le procureur de la République est revenu longuement sur les motivations
00:04:51 de ce jeune homme.
00:04:52 Il a expliqué lors de sa garde à vue qu'il entendait régulièrement une petite voix,
00:04:56 une petite voix qui est toujours présente au fond de lui, une petite voix qu'il a
00:05:00 décrite comme manipulatrice, égocentrique et qu'il avait poussé à réaliser ce meurtre.
00:05:04 Il a aussi expliqué aux enquêteurs qu'il avait eu une altercation avec un camarade
00:05:09 le jour avant et qu'il aurait voulu réaliser cet acte devant lui pour le choquer.
00:05:14 Il avait aussi une certaine animosité, il est revenu sur ce point-là avec sa professeure
00:05:18 d'espagnol, une professeure où il avait de mauvaises notes, à la différence des
00:05:22 autres matières où tout se passait bien car le procureur a bien expliqué que c'était
00:05:26 un garçon intelligent, travailleur mais solitaire.
00:05:29 Un garçon solitaire qui était arrivé en début d'année dans cet établissement,
00:05:33 dans son ancien établissement.
00:05:34 Il avait été harcelé, depuis il a été suivi par un psychologue.
00:05:38 Il avait même fait une tentative de suicide en octobre 2022, une tentative de suicide
00:05:43 avec des médicaments.
00:05:44 Alors maintenant, il va falloir développer un petit peu plus ses motivations avec d'autres
00:05:49 psychologues lors d'expertises un peu plus approfondies.
00:05:52 Merci beaucoup Jérôme.
00:05:53 Rentre-nous sur place avec Antoine Estep.
00:05:55 C'est très important, docteur Dorido, cette petite voix dont il dit qu'il lui aurait
00:06:01 demandé de passer à l'acte, de commettre ce meurtre, donc en prenant la veille au
00:06:07 soir un couteau de cuisine et en l'amenant en classe.
00:06:09 C'est-à-dire que oui, si les experts finalement s'accordent sur le fait que c'est vraiment
00:06:18 la réalité du vécu de cet adolescent, si vraiment il entend des voix étrangères dans
00:06:24 son esprit qui lui ordonnent de passer à l'acte, là c'est vraiment un cas d'école
00:06:31 de ce qu'on appelle le délire psychotique.
00:06:34 La personne perd pied, elle n'est plus dans la réalité.
00:06:37 Et là, pour les professionnels du droit, ça justifie à tout le moins une altération
00:06:43 du discernement, voire même une abolition du discernement.
00:06:46 La définition même de l'abolition, c'est que la personne est au sens psychiatrique
00:06:53 du terme, dans un épisode de délire.
00:06:56 Mais alors, comment est-ce que c'est compatible avec le fait qu'on veuille le placer en
00:07:01 détention provisoire ? Alors là, je vais peut-être me tourner vers vous, maître Slamard,
00:07:05 c'est que l'abolition du jugement met placement en détention, donc ça veut dire qu'on pense
00:07:10 qu'il est en pleine position de ses moyens.
00:07:11 Oui, mais c'est parce que l'abolition ou même l'altération du discernement ne pourra
00:07:13 pas être décidée tout de suite.
00:07:15 Comment ça se passe très concrètement ? Le temps de la garde à vue, il va voir un
00:07:18 expert psychiatre qui va donner son avis, mais c'est un avis, on va dire, provisoire,
00:07:22 parce qu'il le voit très rapidement, un quart d'heure, une heure, la garde à vue
00:07:24 c'est quand même très resserré, il y a des auditions à faire, il y a des entretiens
00:07:27 avocats, il y a un médecin à voir, il y a beaucoup, beaucoup d'investigations à
00:07:30 faire.
00:07:31 Donc, le expert psychiatre qui va le voir, il va donner une espèce de premier avis,
00:07:34 mais plus tard, bien sûr, ça devrait être confirmé par une autre expertise psychiatrique,
00:07:38 un autre expert qui ira le voir, le cas échéant, bien sûr, en maison d'arrêt, là, il passera,
00:07:41 certains passent parfois, j'en connais même, qui parfois, ils vont deux jours de suite
00:07:44 pour passer vraiment deux fois six heures avec l'individu pour vraiment essayer de reconnaître
00:07:48 et de connaître les ressorts de l'individu.
00:07:50 Donc, ça sera normalement beaucoup mieux étayé par la suite dans le cadre de l'information
00:07:54 judiciaire et parfois même, il peut y avoir plusieurs expertises, expertise contre expertise,
00:07:58 parfois ils ne sont pas d'accord entre eux, parfois on peut aller jusqu'à trois expertises
00:08:00 différentes.
00:08:01 Donc, l'abolition du discernement ne pourra pas judiciairement être reconnu, ni tout
00:08:05 de suite, ni dans les semaines à venir.
00:08:06 Ça va être un processus long et qui aboutira, le cas échéant, à une abolition du discernement
00:08:10 et donc à une irresponsabilité pénale, mais tout ça, on le saura vraisemblablement
00:08:13 pas d'ici, avant au moins une bonne année, je pense.
00:08:16 On va écouter juste un autre extrait du procureur et je vous passe la parole ensuite, sur les
00:08:20 premiers mots qu'a déclaré le jeune garçon après avoir tué sa professeure.
00:08:24 Écoutez le procureur.
00:08:25 Cet élève mis en cause donc, est entré dans la salle de classe voisine, jouxtant
00:08:35 celle dans laquelle se déroulait ce cours d'espagnol et à ce moment-là, il faut le
00:08:41 noter aussi et le saluer, sont intervenus deux professeurs qui lui ont demandé de lâcher
00:08:50 son arme, ce qu'il a fait en déposant le couteau au sol, qui l'ont apaisé, maîtrisé
00:09:00 et à ce moment-là, ce garçon aurait déclaré j'ai ruiné ma vie, tout est fini et il aurait
00:09:09 fait état également de ce que quelqu'un aurait pris possession de son corps.
00:09:15 Voilà donc pour les premiers mots de ce jeune, Éric Nolot, c'est un récit glaçant
00:09:20 en fait de ce qui s'est passé avec un coup, un seul coup qui a littéralement sectionné
00:09:25 l'ordre de cette enseignante.
00:09:27 Je ne me prononcerai pas sur les aspects psychiatriques ou juridiques, nous disposons de spécialistes
00:09:31 bien mieux qualifiés que moi, mais je ne crois pas, la suite de l'enquête peut-être
00:09:36 le confirmera ou l'affirmera, qu'on puisse tracer une frontière hermétique entre un
00:09:39 fait divers et ce qui se passe plus généralement dans le reste de la société.
00:09:43 Ce que j'entends par là, c'est que je ne peux pas m'empêcher de relier cet acte
00:09:48 aussi insensé soit-il à la dégradation du statut de professeur en tant que figure
00:09:53 d'autorité, à la dégradation de l'école en tant que sanctuaire, qui est maintenant
00:09:57 l'école est ouverte aux quatre vents de la société, et j'ai du mal à croire que
00:10:01 c'est un hasard qu'on s'en prenne de plus en plus à des professeurs.
00:10:05 Certes, de façon moins dramatique, là de manière mortelle, mais j'ai l'impression
00:10:10 que cette dégradation de la figure du professeur est une sorte d'appel d'air pour que des
00:10:16 actes de plus en plus violents soient commis contre eux.
00:10:18 Je suis d'accord.
00:10:19 Il y a une réalité qui est qu'il y a eu une augmentation de 20% des agressions contre
00:10:23 les professeurs.
00:10:24 Mais là, est-ce que l'objet de la fixation psychotique de ce garçon aurait pu se porter
00:10:27 sur quelqu'un d'autre, docteur Dorédo, que sur ce professeur, dans laquelle, par
00:10:31 exemple, dans une matière dont il n'était pas hyper spécialiste, visiblement ? Est-ce
00:10:36 que ça aurait pu se porter sur quelqu'un d'autre ?
00:10:38 C'est toujours très compliqué de refaire le film.
00:10:41 Le fait est que, comme vous le dites, les faits sont là.
00:10:46 Ce garçon, admettons, ce sont ses déclarations, admettons qu'il était sous l'emprise d'un
00:10:53 délire psychotique à ce moment-là.
00:10:55 Eric Nolot pose une bonne question.
00:10:58 Est-ce que ce sont les circonstances actuelles qui facilitent le passage à l'acte en fin
00:11:03 de compte sur un professeur plutôt que, regardez, il y a des psychotiques qui s'en prennent
00:11:08 à leurs parents, à leurs grands-parents ?
00:11:10 Ça existe tous les ans.
00:11:11 Lui, ça s'est passé à ce moment-là.
00:11:14 On entend qu'il a été victime de harcèlement, ce garçon, dans son précédent établissement.
00:11:19 C'est un garçon manifestement solitaire.
00:11:22 Suivi par un médecin psychiatre, sous antidépresseur.
00:11:26 On en sait beaucoup plus sur son tableau clinique.
00:11:28 C'est très difficile d'imaginer un autre scénario que les faits qui sont là et cette
00:11:35 pauvre enseignante qui est morte sous ce coup de couteau.
00:11:39 Jérôme Béglé, vous êtes plus sur la thèse de la hausse de la violence envers les professeurs,
00:11:44 incarnation de l'autorité ?
00:11:45 De toute façon, la hausse de la violence contre les professeurs, elle est patante et
00:11:48 elle est constante depuis 25 ans.
00:11:50 Donc, là, c'est manifeste de même façon.
00:11:52 Non seulement on ne respecte plus le professeur, mais les parents d'élèves ne respectent
00:11:56 plus le professeur.
00:11:57 Comment voulez-vous que les élèves eux-mêmes respectent le professeur encore ?
00:12:00 Là, comment irais-je dire que c'est un délire psychotique ?
00:12:04 24 heures, 36 heures après les faits, ça mérite d'être un peu investigué.
00:12:10 Moi aussi, je peux dire que j'ai une petite voix qui m'a parlé pour me dire si c'est
00:12:13 ça.
00:12:14 Donc, il faudra quand même prendre un tout petit peu de précautions.
00:12:16 Ce n'est pas parce qu'on est suivi par un psychiatre ou un psychologue, ce n'est pas
00:12:19 parce qu'on est solitaire, ce n'est pas parce qu'il faut...
00:12:22 Oui, oui, tout mis bout à bout, il n'y a pas de...
00:12:25 Mis bout à bout, comme vous dites.
00:12:26 Ce que je remarque, c'est l'extraordinaire banalité de tout ça.
00:12:29 Dire que voilà, j'ai une voix, je prends un couteau dans la cuisine, je le mets dans
00:12:32 un rouleau de sopalin, j'arrive à l'école, je rentre dans ma classe, j'invite la professeure
00:12:37 qu'on m'a désignée, je donne un seul coup.
00:12:39 Je ferme la porte à clé.
00:12:41 Je ferme la porte à clé.
00:12:42 Une fois que j'ai porté ce coup mortel, je lâche le couteau.
00:12:46 C'est effrayant à la fois de banalité, de froideur et malheureusement, vous comprendrez
00:12:53 le mot que je veux dire, d'efficacité à la fin.
00:12:55 Et ça, c'est sûr que ça peut faire peur à tous les professeurs de France et de Navarre.
00:12:59 Et à tous les parents d'élèves aussi.
00:13:00 Et à tous les parents d'élèves, évidemment.
00:13:01 Et à tous les parents qui ont des enfants de cet âge-là, je ne sais pas si ça fait
00:13:04 un jour, sur ce drame.
00:13:06 Il est impossible d'avoir un avis sur ce qu'apprécie effectivement le temps et les
00:13:11 expertises diront ce qu'il en est.
00:13:13 En revanche, il y a quelque chose qui est certain ailleurs en France et qui entre en
00:13:17 résonance quand même avec les éléments qu'on entend sur le parcours de ce jeune
00:13:21 garçon, c'est la souffrance des adolescents, la santé mentale des adolescents est en grave
00:13:26 détérioration.
00:13:27 Il y a beaucoup de données d'enquête qui ont été publiées sur le sujet.
00:13:30 On le voit, c'est le cas chez les jeunes garçons comme chez les jeunes filles, sur le nombre
00:13:33 de suicides, sur le nombre de cas de dépression, de souffrance, de tics.
00:13:38 Vous savez, il y a eu des épidémies de tics pendant le confinement qui sont liées de
00:13:43 gens qui avaient des tics, qui les poussaient jusqu'à l'hospitalisation de tics extrêmement
00:13:46 violents chez les adolescents.
00:13:47 Vous voulez dire des tocs ? Non, des traînements fonctionnels.
00:13:48 Non, je parle vraiment des tics.
00:13:49 D'accord.
00:13:50 Des tics, quand vous avez un tic, enfin bref, le visage grimaçant ou d'être saisi de
00:13:56 mouvements sporadiques.
00:13:57 Il y a eu une épidémie de tics d'ailleurs qui s'est un peu dissipée après le confinement.
00:14:02 Je voyais aussi des données qui ont été publiées par le ministère américain de
00:14:05 la Santé qui les a consolidées, qui montrent que précisément, on a beaucoup dit que c'était
00:14:08 lié au confinement et que ce n'est pas tant ça lié au confinement, mais qu'on est dans
00:14:12 la poursuite de courbes et qu'on voit une très nette inflexion il y a une douzaine
00:14:16 d'années, c'est-à-dire plus ou moins quand même au moment où sont apparus les réseaux
00:14:19 sociaux.
00:14:20 Alors, c'est très difficile de faire des études qui établissent un lien de causalité
00:14:24 parce qu'il faut énormément de temps et ça porte sur des millions d'individus.
00:14:27 Mais il y a quand même quelque chose de profondément préoccupant.
00:14:31 Nos enfants et des adolescents vont mal à l'heure actuelle.
00:14:35 Et évidemment, la pandémie n'a rien à arranger.
00:14:37 Encore une fois, la petite voix qui vous parle dans la tête, c'est symptomatique de quelle
00:14:42 pathologie, docteur Dorédo ?
00:14:44 C'est vraiment symptomatique de ce qu'on appelle un délire au sens psychiatrique du
00:14:48 terme.
00:14:49 Alors, il y a différentes pathologies qui peuvent provoquer des délires.
00:14:51 Le grand public connaît bien la schizophrénie.
00:14:53 C'est quand même l'occasion de rappeler qu'il y a 1 personne sur 100 atteinte de schizophrénie.
00:14:59 C'est quand même énorme.
00:15:00 Il y en a 600 000 en France.
00:15:01 Et que Dieu merci, tous les schizophrènes ne sont pas de potentiel criminel.
00:15:05 Pour autant, c'est un fait que le délire, c'est quand la personne, elle n'est plus
00:15:10 dans la réalité.
00:15:11 Elle voit des choses que nous ne voyons pas.
00:15:13 Elle entend des choses que nous n'entendons pas.
00:15:14 Si vous voulez vous faire une idée du délire, on a tous vécu des cauchemars déjà.
00:15:20 Vous dormez, vous faites un très mauvais rêve.
00:15:22 Et le cauchemar est très, très réel.
00:15:23 Et c'est arrivé, je pense, à tout le monde d'avoir peur, de se réveiller le cœur à
00:15:28 400 à l'heure.
00:15:29 En fait, le psychotique, c'est ça.
00:15:31 La personne, elle est dans notre réalité consensuelle que nous partageons.
00:15:35 Sauf que lui, il est dans son cauchemar.
00:15:37 Et on a vu ça dans les années 70.
00:15:40 Les personnes prenaient beaucoup de psychotropes très forts, du LSD, des choses comme ça.
00:15:44 Il y a des personnes qui sautaient à la fenêtre par l'époque parce que la peur, la personne,
00:15:48 elle voit un monstre comme nous pouvons nous voir un monstre dans un cauchemar, avoir très
00:15:51 peur.
00:15:52 Lui, c'est dans sa réalité.
00:15:53 Et même une personne qui, dix minutes avant, était comme vous et moi, est tout à fait
00:15:58 en capacité de souvenir une conversation.
00:16:00 Elle a tellement peur parce qu'elle voit des choses qui n'existent pas pour nous,
00:16:04 qu'elle saute par la fenêtre ou qu'elle passe à l'acte de façon très grave, criminelle
00:16:09 contre quelqu'un.
00:16:10 On va juste écouter à ce propos-là de La Petite Voix le procureur de Bayonne.
00:16:14 Durant sa garde à vue, le mis en cause a fait état, a mis en avant une petite voix
00:16:24 qui lui parle, un être qu'il décrit comme égoïste, manipulateur, égocentrique, qu'il
00:16:32 incite à faire le mal et qui lui aurait suggéré la veille de commettre un assassinat.
00:16:40 Voilà, donc pour ce constat, Maître Slama, qu'est-ce qui va se passer pour ce jeune
00:16:46 garçon désormais ?
00:16:47 Il y a une nouvelle information judiciaire qui va être ouverte, c'est automatique en
00:16:51 matière criminelle, ce qui est bien sûr le cas.
00:16:53 Et ensuite, il y aura plusieurs possibilités.
00:16:55 Mais bien sûr, la détention provisoire sera envisagée pour lui.
00:16:58 Et on a vu les pas de fourmis qu'on a fait depuis hier, où on n'avait aucune idée
00:17:01 du mobile.
00:17:02 Bon, là, on a fait des petits pas de fourmis dans la compréhension.
00:17:03 Mais le but, c'est de se rapprocher encore plus de la manifestation de la vérité.
00:17:07 C'est le terme judiciaire qu'on emploie.
00:17:08 Le procès sera vraisemblablement dans dix mois, peut-être dans deux ans.
00:17:11 Les délais sont très, très longs en France.
00:17:12 Mais le but, ce sera que l'esquisse de discussion que l'on peut avoir, notamment sur la base
00:17:17 de la conférence de presse du procureur, c'est qu'on puisse, dans la salle d'audience, bien
00:17:21 sûr, dans un an, dans deux ans, quand il y aura le procès, avoir des discussions, des
00:17:25 débats.
00:17:26 C'est le terme qu'on emploie, beaucoup plus possé, à l'aide des psychologues et des psychiatres
00:17:29 et des avocats qui connaîtront le dossier, qui auront vu l'individu pendant des heures
00:17:33 et des heures et qui seront plus à même d'essayer d'expliquer aux magistrats et
00:17:36 aux jurés qu'est-ce qui s'est passé, comment est-ce qu'un individu qu'on peut
00:17:40 croire normalement constitué peut arriver à de telles extrémités.
00:17:43 Et simplement pour rebondir, je comprends que dans ce drame-là, et même dans les autres
00:17:46 drames qui ont pu toucher la société française ces dernières semaines ou ces derniers mois,
00:17:49 il y a toujours la tentation de dire « si on avait mieux fait respecter le professeur,
00:17:53 si on avait été plus répressif sur l'alcool, on pourrait, on pourrait, et on refait souvent.
00:17:57 » Je voudrais juste dire quelque chose qui peut-être est peu audible, mais qui est une
00:18:00 vérité.
00:18:01 Aucune société dans l'histoire de l'humanité n'est parvenue à éradiquer le crime.
00:18:05 Le risque zéro n'existe pas et n'existera jamais.
00:18:08 C'est difficile à entendre et ce n'est pas une manière d'excuser ou de justifier
00:18:11 quoi que ce soit, mais c'est une réalité qui doit être dite parce qu'en fait, des
00:18:15 faits divers malheureusement de cette nature, il y en aurait toujours et c'est vrai qu'on
00:18:18 peut toujours faire un focus médiatique ou politique d'ailleurs, et ensuite essayer
00:18:22 de se dire « ah ben qu'est-ce qu'on a mal fait ? ». C'est vrai qu'on peut toujours
00:18:25 mieux faire, c'est vrai qu'il faut s'améliorer, mais c'est vrai, et c'est très inaudible
00:18:28 mais je le dis quand même, qu'il n'y a parfois d'autre choix que d'accepter que
00:18:31 c'est un phénomène.
00:18:32 M. Khaim parlait de le crime phénomène normal d'une société, c'est une maladie,
00:18:37 c'est un fléau qu'aucune société n'ait jamais parvenu à éradiquer et à mon avis
00:18:40 seule une société totalement totalitaire pourrait le faire.
00:18:43 - Eric Nolot ?
00:18:44 - Est-ce qu'on peut tout de même s'accorder sur le fait que le traitement de faits divers
00:18:48 disons comparables peut influer sur la psyché de certains individus ? Évidemment, vous
00:18:53 savez que je parle de Samuel Paty.
00:18:54 Quand vous voyez Samuel Paty et qu'on découvre que l'éducation nationale n'a quand même
00:18:58 pas fait tout ce qu'il fallait, ni avant, ni après, je regrette, mais le crime s'exerce
00:19:04 dans une certaine société, dans un certain air du temps, moi je m'interroge.
00:19:08 Même s'il entend une voix, la voix lui intime de s'en prendre à un professeur, la voix
00:19:12 ne lui intime pas de s'en prendre à quelqu'un d'autre.
00:19:14 Or, tout le monde sera d'accord autour de cette table, le statut du professeur est dégradé.
00:19:18 Auparavant c'était les hussards noirs de la République, c'était une figure verticale,
00:19:23 une figure d'autorité, maintenant c'est une figure souvent méprisée et abandonnée
00:19:27 par sa propre hiérarchie.
00:19:28 Parce que tous les faits divers sont des faits de société, c'est la question.
00:19:30 C'est une vraie question.
00:19:31 C'est une question que nous posons très souvent ici.
00:19:32 Alors juste, on va continuer cette discussion, mais j'aimerais qu'on rejoigne Antoine
00:19:35 Estève qui est avec nous et qui, évidemment, peut nous parler de cette minute de silence
00:19:39 qui a été observée dans une partie des écoles françaises, celles qui ne sont pas
00:19:43 en vacances scolaires bien sûr, Antoine, parce que ce drame suscite beaucoup d'émotions
00:19:47 au plan local, à Saint-Jean-de-Luz, mais aussi à l'échelle de la nation.
00:19:51 Oui, effectivement, c'est un drame national maintenant.
00:19:56 C'est en ces termes que nombre de parents d'élèves nous ont parlé de ce qui s'est
00:20:01 passé dans ce lycée hier et aujourd'hui.
00:20:03 Et puis ces hommages aujourd'hui, vous le disiez, sont très importants pour les élèves.
00:20:07 On a pu en rencontrer quelques-uns tout à l'heure lorsqu'ils sont sortis de Saint-Thomas-d'Aquin
00:20:11 après cette minute de silence à 15 heures.
00:20:13 Ils ont pu rencontrer des professeurs, ils ont pu s'entretenir aussi avec l'encadrement
00:20:17 de leur institution.
00:20:19 Ils ont pu évidemment prier pour ceux qui sont croyants.
00:20:22 C'est ce qu'ils nous ont raconté tout à l'heure.
00:20:23 Ils ont pu échanger dans des ateliers de travail.
00:20:26 Alors, de travail, évidemment, c'est un travail psychologique avec les unités mobiles
00:20:30 du rectorat qui sont ici présentes, des psychologues qui sont à l'écoute aujourd'hui, évidemment,
00:20:34 mais surtout demain, après-demain, la semaine prochaine et peut-être un mois s'il le faut.
00:20:39 C'est ce qu'on nous a confirmé ici.
00:20:41 Ils resteront le temps qu'il faudra, les psychologues, pour écouter les élèves.
00:20:44 Alors, j'ai pu m'entretenir tout à l'heure, par exemple, avec Adelina, une jeune de seconde,
00:20:49 numéro 2.
00:20:50 Elle était dans le couloir, juste à côté de la salle dans laquelle ça s'est passé
00:20:53 hier.
00:20:54 Je n'aurais jamais pu imaginer rester chez moi aujourd'hui.
00:20:57 J'avais besoin de voir mes copains, mes copines.
00:21:00 J'avais besoin de revoir des professeurs pour avoir confiance en moi.
00:21:03 Elle a utilisé des mots très forts.
00:21:05 Elle a dit aussi qu'elle serait là certainement lundi matin pour la reprise des cours, mais
00:21:09 que sans doute, bon nombre d'élèves ne viendront pas reprendre les cours lundi matin,
00:21:14 qu'ils ne souhaitent pas, évidemment, reprendre les cours tout de suite.
00:21:17 Ils auront besoin d'un certain temps d'adaptation avant de revenir dans l'institution.
00:21:20 Bien sûr.
00:21:21 Merci beaucoup Antoine.
00:21:22 On va regarder un peu ce qu'a dit Romerant, qui était cette enseignante qui a été tuée.
00:21:26 Visiblement, elle a été aimée de ses élèves.
00:21:28 On va regarder son portrait avec Mathilde Cuvillers-Flormat.
00:21:32 Agnès Lassa l'enseignait à l'espagnol.
00:21:35 Âgée de 52 ans, cette professeure du lycée privé catholique Saint-Thomas d'Aquin à
00:21:40 Saint-Jean-de-Luz était appréciée de ses élèves.
00:21:42 On était tous troublés, tous choqués.
00:21:44 On a tous eu la même réaction.
00:21:45 Que ça arrive ici et que ça lui arrive à elle.
00:21:48 C'était une professeure, elle n'avait rien de spécial, elle était gentille.
00:21:53 C'était une très bonne enseignante à aider les gens qui avaient des difficultés.
00:21:56 J'en garde des très bons souvenirs.
00:21:58 Une prof passionnée.
00:21:59 Elle aimait son boulot, elle voulait tout faire pour qu'on réussisse.
00:22:01 Elle n'était pas très sévère, elle n'était pas très autoritaire avec nous.
00:22:05 Elle était vraiment une prof idéale.
00:22:07 Une professeure idéale, mais également une très belle personne, selon la maire de Biarritz,
00:22:11 qui connaissait cette enseignante par le biais de ses enfants.
00:22:14 Mon aîné a eu cette professeure comme professeure principale.
00:22:19 Au sens noble du terme, une gentille personne et une femme très à l'écoute des élèves
00:22:25 et très désireuse d'accompagner les enfants dans ce qu'on appelle une forme de bienveillance.
00:22:31 En tout cas, elle traduisait cet esprit-là.
00:22:34 Cette enseignante décrite comme à l'écoute et discrète a perdu la vie hier.
00:22:38 Une enquête a été ouverte pour assassinat.
00:22:40 Effectivement, il faut aussi prendre en charge, docteur Dorédo, les élèves qui ont assisté
00:22:46 au drame.
00:22:47 Quand on voit son professeur se faire poignarder sous les yeux, il y a de quoi être traumatisé
00:22:51 pour longtemps.
00:22:52 Oui, c'est vraiment ça.
00:22:54 C'est hélas de mieux en mieux documenté.
00:22:57 On a eu le 13 novembre 2015, on a eu Nice, la promenade des Anglais.
00:23:02 Et puis là, on est dans une classe.
00:23:06 C'est un huis clos, une classe, c'est un endroit familier.
00:23:08 C'est un endroit qui est censé être sanctuarisé, être rassurant, réassurant pour les enfants,
00:23:16 les adolescents qui s'y rendent.
00:23:18 Et c'est un fait que d'être témoin d'un tel crime, même apprendre à posteriori,
00:23:26 avoir été présent pendant que ce crime avait lieu, ça peut vraiment créer des stress,
00:23:32 des chocs très forts.
00:23:33 Et là, le danger, c'est vraiment l'idée de faire le tri et d'identifier les personnes
00:23:37 qui ont été le plus impactées pour faire en sorte que justement, qu'il n'y ait pas
00:23:41 un stress post-traumatique qui soit en train de s'installer dans l'esprit de chacun.
00:23:46 Le procureur a mentionné le fait que le lycéen s'était disputé la veille avec un de ses
00:23:50 camarades et qu'il aurait perpétré ce geste en présence de cet autre adolescent.
00:23:55 Donc, on imagine le poids qui pèse sur les épaules de cet adolescent aujourd'hui qui
00:24:00 se dit voilà.
00:24:01 Je pense aux parents aussi.
00:24:03 Tout le monde culpabilise dans cette histoire.
00:24:05 Il va y avoir un travail à faire pour ne pas culpabiliser justement le seul responsable.
00:24:10 C'est ce garçon.
00:24:11 À moins qu'il ait été justement sous l'emprise d'un délire psychotique.
00:24:15 Maintenant, c'est de la justice.
00:24:16 Il y a aussi les analyses toxicologiques qu'on n'a pas encore, maîtresse Lamar, qui pourraient
00:24:20 changer la donne.
00:24:21 Oui, bien sûr, ça peut changer la donne.
00:24:24 Pas complètement.
00:24:25 Malheureusement, le drame est arrivé.
00:24:26 Mais c'est vrai qu'encore une fois, ça permettra d'en savoir un peu plus sur le plan judiciaire,
00:24:29 éventuellement sur les peines encourues.
00:24:31 Parfois, les choses peuvent influer.
00:24:32 Également d'ailleurs sur l'abolition du discernement qui, depuis la loi du Pomoretti,
00:24:36 peut être exclue si jamais des substances, et notamment de la drogue, est prise dans
00:24:40 le but d'opérer un crime.
00:24:43 Mais bon, tout ça est très dur à prouver.
00:24:45 Mais effectivement, oui, là, le temps de la garde à vue, c'est une enquête accélérée
00:24:48 en fait qui se passe.
00:24:49 Donc, il y a l'enquête accélérée qui se passe pendant, on va dire, 48 heures le temps
00:24:52 de la garde à vue.
00:24:53 Mais à chaque fois avec des conclusions qui ne sont pas forcément définitives et pas
00:24:55 très abouties.
00:24:56 Et ensuite, on va, j'ai presque envie de dire, répliquer cette enquête, mais sur le temps
00:25:00 long et donc de manière beaucoup plus aboutie et de manière beaucoup plus précise, avec
00:25:04 des experts qui prendront le temps, sur la base notamment de ce qui aurait été recueilli
00:25:07 pendant ces 48 heures, d'aller au bout, d'exploiter, de contredire, de débattre, d'entendre les
00:25:11 uns les autres en présence des avocats, etc.
00:25:13 Jérôme Béglé, ça interpelle tout le monde, évidemment.
00:25:16 Et chacun se dit qu'est-ce qu'on aurait pu faire pour empêcher ça ? Est-ce qu'il y
00:25:20 avait des signaux ?
00:25:21 Alors, on va regarder si...
00:25:22 Chacun de ses proches doit refaire le film.
00:25:24 Bien sûr.
00:25:25 D'abord les parents, d'abord les très proches de cet adolescent, d'abord une partie de l'équipe
00:25:29 pédagogique qui va se dire est-ce que quelques jours avant, il a donné des signes qui pouvaient
00:25:33 laisser prévoir un tel drame ? En fait, non.
00:25:36 Les signes, ils sont toujours à bas bruit.
00:25:38 Très bon élève, mention très bien au brevet.
00:25:40 Il va toujours être interprété différemment ensuite.
00:25:43 Après, évidemment, la question qui va se poser, c'est comment on peut faire que ça
00:25:48 ne se reproduise nulle part ailleurs ? Il y a un peu moins de 60 000 écoles en France.
00:25:53 On imagine bien que c'est impossible de mettre des gendarmes ou des policiers en
00:25:59 entrée de chaque école, que les portiques de sécurité ont montré aux Etats-Unis il
00:26:02 y a 25 ans qu'ils étaient d'une efficacité très limitée.
00:26:06 Après, je rejoins ce que disait en début d'émission Eric, c'est-à-dire évidemment,
00:26:11 il faut dire qu'il y a un certain nombre de figures tutélaires auxquelles on ne touche
00:26:15 pas.
00:26:16 Ça s'appelle le prêtre ou le pasteur, ça s'appelle le maire, l'élu local, ça s'appelle
00:26:23 le professeur et ces gens-là...
00:26:25 Le policier.
00:26:26 Le policier, évidemment.
00:26:27 Le gendarme.
00:26:28 Je pourrais ajouter le pompier.
00:26:29 Je pourrais ajouter le médecin.
00:26:31 Et que ces gens-là, ils ont, je dirais, des passeports d'immunité qui doivent être
00:26:35 compris comme tels par l'ensemble de la population.
00:26:37 Mais là, c'est un problème d'éducation, un problème aussi de médias et de ce qui
00:26:41 dit plus de la parole publique.
00:26:42 Là, le travail, si on commence aujourd'hui, il y en a pour 30 ans.
00:26:46 Eric Nolot, un dernier mot là-dessus ?
00:26:47 Oui, je crois que c'est un travail d'ensemble.
00:26:49 Je crois que ce serait naïf et surtout inefficace de se concentrer uniquement sur cet acte en
00:26:54 disant qu'il faut juste traiter le côté psychiatrique.
00:26:57 Il y a quelque chose, ça s'appelle des valeurs, en effet, des figures tutélaires.
00:27:01 Tout un vocabulaire qui n'a pas bonne presse, surtout ces derniers temps.
00:27:04 Peut-être qu'il est temps de les remettre à l'honneur.
00:27:06 Allez, on fait une petite pause.
00:27:07 On se retrouve dans un instant dans Punchline.
00:27:08 Sur CNews, on reviendra sur l'affaire Pierre Palmad.
00:27:10 C'est demain que la cour d'appel doit se prononcer sur le fait qu'il n'a pas été placé en
00:27:14 détention provisoire.
00:27:16 La famille des victimes de l'accident de la roue témoigne ce soir sur CNews pour demander
00:27:22 plus de sévérité.
00:27:23 On l'écoute dans un instant.
00:27:24 17h30, on est en direct sur Punchline.
00:27:29 Sur CNews, tout de suite le rappel des titres de l'actualité avec Adrien Spiteri.
00:27:33 Le G7 lance un appel au FMI.
00:27:41 Les ministres des Finances des sept pays demandent un nouveau programme d'aide à l'Ukraine
00:27:46 d'ici la fin mars.
00:27:47 Ils ont publié un communiqué commun aujourd'hui.
00:27:50 Demain, cela fera un an que l'invasion russe en Ukraine a commencé.
00:27:55 Des résultats historiques pour la douane française en 2022.
00:27:59 Près d'11 millions d'articles de contrefaçon ont été interceptés contre 9 millions en
00:28:04 2021.
00:28:05 Les saisies de tabac et de drogue atteignent également des records.
00:28:09 Selon le ministère de l'Intérieur, un plan d'action a été mis en place pour renforcer
00:28:14 la lutte contre ces trafics.
00:28:16 Et puis le salon de l'agriculture ouvre ses portes ce samedi à la porte de Versailles
00:28:21 à Paris.
00:28:22 Cette année, la star c'est Ovalie, la vache et l'égérie de cette 59e édition.
00:28:27 Vous la voyez sur ces images.
00:28:29 Elle est âgée de 5 ans et pèse 800 kilos.
00:28:32 Merci beaucoup pour les détails.
00:28:35 Merci Adrien Spiteri pour ce rappel des titres de l'actualité.
00:28:38 17h31, on se retrouve sur le plateau de Punchline.
00:28:41 On va maintenant évoquer l'affaire Pierre Palmade.
00:28:43 Vous savez que l'acteur est actuellement à l'hôpital sous bracelet électronique.
00:28:47 Mais le parquet de Melun avait demandé un placement en détention provisoire.
00:28:52 La cour d'appel va se décider demain, en tout cas va donner sa décision demain à
00:28:58 ce sujet.
00:28:59 Comment ça se passe Maître Slama ? On accueille le commissaire Vallée d'ailleurs qui vient
00:29:02 d'arriver.
00:29:03 Bonsoir commissaire.
00:29:04 Un appel, c'est extrêmement rapide.
00:29:05 Ce sont trois magistroits qui disent oui/non, placement en détention ou pas, c'est ça
00:29:08 ?
00:29:09 C'est ça exactement.
00:29:10 En fait, il y a une audience qui se tient.
00:29:11 On a une demi-heure, trois quarts d'heure.
00:29:13 D'abord, un résumé des faits est fait par un des trois magistrats qui composent la
00:29:16 cour d'appel.
00:29:17 Ensuite, c'est la personne qui a fait appel qui plaide ou qui requiert en premier.
00:29:20 Ce qui veut dire que là, demain, c'est l'avocat général, le représentant du ministère
00:29:23 public qui va commencer en prenant la parole et en demandant vraisemblablement l'information
00:29:29 de l'ordonnance qui a été prise afin qu'il y ait un placement en détention provisoire.
00:29:32 C'est ce qu'il va demander.
00:29:33 Ensuite, c'est l'avocat de la Défense qui prendra la parole pour expliquer pourquoi
00:29:36 il s'y oppose.
00:29:37 Et enfin, c'est le mis en cause, le mis en examen qui aura la parole en dernier.
00:29:41 Ici, Pierre Palmade.
00:29:42 En général, les délibérés se font effectivement dans la foulée.
00:29:44 Tout ça peut prendre du temps parce que tout le monde est convoqué à 9h.
00:29:47 Mais s'il vous plaît, il y a dix affaires qui sont convoquées à 9h et elles sont prises
00:29:50 les unes à la suite des autres.
00:29:51 En général, on voit très souvent les avocats attendre dans la fameuse salle des pas perdus
00:29:55 et on peut passer à 10h, 11h.
00:29:56 C'est très dur de savoir exactement comment ça va se passer en vertu du fait de l'écho
00:30:02 médiatique.
00:30:03 Peut-être qu'ils pourraient passer en premier pour éviter de solliciter trop de gardiens,
00:30:05 de sécurité, d'escorte, etc.
00:30:07 Mais rien n'est sûr.
00:30:08 On parle là de ce qui concerne l'accident de la route.
00:30:12 On est bien d'accord.
00:30:13 Il ne s'agit pas des autres affaires.
00:30:14 Les deux autres affaires, l'une pour stupéfiants et l'autre pour images pédopornographiques,
00:30:19 sont au stade de l'enquête préliminaire.
00:30:20 Pour l'instant, il est mis en cause, mais il n'est pas mis en examen.
00:30:22 Il ne peut même pas être placé en détention.
00:30:24 Pierre Palmade n'a même pas accès à ces dossiers, ni lui ni ses avocats.
00:30:26 C'est bien pour l'affaire d'homicide involontaire, de blessure volontaire.
00:30:30 C'est vrai qu'on est toujours homicide involontaire, mais rappelons quand même que l'enquête
00:30:33 est ouverte pour homicide involontaire.
00:30:35 Il va y avoir un débat scientifique et juridique sur le statut du foetus, vivant, viable, etc.
00:30:39 Il y aura un débat pour savoir si, in fine, ce terme-là, cette qualification juridique-là,
00:30:43 pourra bien être retenue dans le cadre d'une éventuelle condamnation.
00:30:46 Docteur Dorideau, quelqu'un qui est hospitalisé, sous traitement, peut être placé en détention ?
00:30:51 Oui, en tout cas, aux yeux de la loi, ça n'est pas problématique.
00:30:57 Et après, même aux yeux de la psychologie moderne, de moment qu'il a accès à ces
00:31:04 traitements, du moment qu'il a accès aux soins nécessaires, oui, il peut être.
00:31:09 Je vais vous passer la parole dans un instant, mais j'aimerais qu'on écoute les victimes,
00:31:12 parce qu'il ne faut pas oublier l'état de santé dans lequel se trouve actuellement
00:31:16 encore au moins une personne, le père de famille et son fils, en tout cas.
00:31:22 On va écouter le frère de cet homme, c'est Jeanne Cancard qui a obtenu son témoignage
00:31:26 et il dit ses inquiétudes à propos de l'état de santé de son propre frère.
00:31:31 Je suis triste, mon frère est cassé de partout, je veux savoir dans quel état il sera à
00:31:40 son réveil, on ne sait pas s'il sera handicapé.
00:31:43 Les médecins nous ont dit qu'il y avait un risque que mon frère meure, j'ai peur
00:31:49 qu'en arrivant à l'hôpital, on m'annonce que mon frère est mort, je vis avec cette
00:31:53 angoisse.
00:31:54 Je suis toujours là, 24h.
00:31:57 Merci, voilà pour ce témoignage.
00:31:59 Jeanne Cancard, vous êtes avec nous, c'est vous qui avez recueilli ce témoignage, il
00:32:02 y a beaucoup d'inquiétudes évidemment sur l'état de santé de cette personne qui reste
00:32:06 hospitalisée.
00:32:07 Oui, il est toujours dans le coma, Youssef, il a 38 ans, il a d'ailleurs eu ses 38 ans,
00:32:11 c'est son anniversaire, le jour de l'accident.
00:32:13 Il est toujours dans le coma, il a subi 6 opérations, une 7ème intervention cette fois-ci au niveau
00:32:17 du bassin, d'où intervenir aujourd'hui, où demain ses proches qui se relaient tous
00:32:21 les jours à son chevet nous disent qu'ils ne savent pas vraiment quand est-ce qu'il
00:32:25 pourra se réveiller.
00:32:26 Les médecins ont déjà essayé à plusieurs reprises, mais la douleur, la souffrance,
00:32:29 elle est trop forte, donc dans ce cas-là, il replonge dans le coma.
00:32:32 Surtout aujourd'hui, ce qui inquiète particulièrement ses proches, son frère qu'on a rencontré,
00:32:36 c'est que les médecins sont incapables de dire s'il pourra de nouveau marcher.
00:32:40 Normalement, sa jambe gauche, elle est très touchée, très affectée.
00:32:43 Pour rappel, cet homme, il était maçon dans le désalientage, c'est un métier très physique,
00:32:48 il ne pourra plus faire, c'est ce que nous ont dit ses proches.
00:32:51 Et puis il y a aussi évidemment son fils, âgé de 6 ans, qui lui était à l'arrière
00:32:55 du véhicule au moment de l'accident.
00:32:57 Lui, il est sorti du coma, mais il est toujours hospitalisé, il a toujours la mâchoire cassée,
00:33:02 donc très compliqué pour lui de parler, de manger.
00:33:04 Et puis aussi, ce que nous a confié sa famille, c'est qu'il pourrait être sujet à des crises
00:33:09 d'épilepsie, donc il aura un traitement tout au long de sa vie.
00:33:12 Qu'est-ce qu'attendent ces victimes de la justice aujourd'hui, Jeanne Cancard ?
00:33:15 C'est assez clair.
00:33:16 Quand on leur parle justement de ce qu'ils attendent de la justice, de ce qu'ils attendent
00:33:21 de demain, avec justement l'appel du parquet de Melun qui demande le placement en détention
00:33:26 provisoire de Pierre Palmade, eux ce qu'ils nous disent c'est "nous ce qu'on veut c'est
00:33:30 que Pierre Palmade il aille en prison".
00:33:31 Ils n'arrivent pas à comprendre en fait pourquoi la norme, parce que c'est finalement la norme
00:33:35 aujourd'hui en France, non pas la détention provisoire mais le placement sous contrôle
00:33:40 judiciaire, ils n'arrivent pas à comprendre aujourd'hui pourquoi Pierre Palmade n'est
00:33:43 pas en prison.
00:33:44 On a vu cette image qu'on a tous vu de Pierre Palmade qui sort en marchant du tribunal,
00:33:50 il a l'air de, selon ses proches, selon les personnes qui l'ont vu, de plutôt bien se
00:33:54 porter sur ces images, donc ça, ça leur a fait beaucoup de mal parce que ce qu'ils
00:33:57 nous disent, et c'est une phrase qu'ils répètent souvent, c'est que finalement aujourd'hui
00:33:59 j'ai l'impression que ceux qui sont en prison c'est Youxel et son enfant qui sont aujourd'hui
00:34:03 entre quatre murs dans l'hôpital.
00:34:05 Effectivement, voilà pour ce ressenti de la famille des victimes.
00:34:08 Merci beaucoup Jeanne Cancard.
00:34:09 Jean Begley, vous voulez dire quelque chose ?
00:34:11 Ce que je veux dire ne doit pas être mal pris, mais il n'y a aucun scandale au fait
00:34:15 que Pierre Palmade ne soit pas emprisonné aujourd'hui.
00:34:17 D'abord, en droit français, la détention et la détention provisoire sont l'exception.
00:34:23 Par ailleurs, il n'est pas chez lui, il a un brasset électronique et est dans un service
00:34:28 d'addictologie d'un hôpital, preuve que la première des choses à faire, c'est de soigner
00:34:33 sa dépendance que l'on sait importante aux drogues.
00:34:36 Que le parquet ait fait appel dans ce genre de situation, c'est quasi systématique.
00:34:41 Pour se couvrir, si vous permettez l'expression, le parquet va aller au deuxième degré de
00:34:47 juridiction.
00:34:48 Ce qui est plus exceptionnel, c'est que l'affaire soit en deuxième degré de juridiction
00:34:51 et examinée si vite, généralement, il y a quand même un petit peu plus loin.
00:34:56 Ça prend un peu plus de temps.
00:34:58 Par ailleurs, il y aurait des risques de récidive immédiate.
00:35:03 Ce serait une autre affaire, on dirait en prison.
00:35:04 Là, on sait que c'est un accident de la route provoqué par une prison.
00:35:08 Donc si vous voulez, on ne peut pas dire que la notoriété, la célébrité, l'argent
00:35:12 ou l'aspect médiatique de l'affaire aient poussé Pierre Palmade, les juges à laisser
00:35:19 que Pierre Palmade serait en addictologie.
00:35:21 Je crois même qu'en fait, ce qui va se passer pourrait être l'exact contraire.
00:35:25 D'accord.
00:35:26 Si il y a une émotion considérable, une pression médiatique, on va dire pour abaisser
00:35:32 la pression.
00:35:33 Mais il n'y a pas de scandale à ce qu'il ne soit pas en prison aujourd'hui.
00:35:36 Il faut quand même le dire.
00:35:37 Éric Nolot, rapidement.
00:35:38 Oui, j'ai l'agrément de la perspective.
00:35:39 J'ai l'impression que quelle que soit la décision qui sera rendue demain, l'affaire
00:35:42 a été tellement médiatisée qu'elle sera sujette à caution.
00:35:45 Parce que soit on dira on a cédé à l'opinion publique en mettant Pierre Palmade en prison,
00:35:50 s'il va en prison, soit s'il n'y va pas, on dira, vous voyez, il est protégé par
00:35:53 son statut de VIP.
00:35:55 C'est le problème de ces affaires médiatiques.
00:35:57 On a un doute sur la sérénité de la justice au moment de rendre la décision.
00:36:01 On ne peut pas, je pense, rester imperméable à cette pression énorme qu'il y a autour
00:36:05 de cette affaire.
00:36:06 Et puis je sais qu'on va juger que l'accident de la route.
00:36:09 Le reste va forcément être dans les têtes, même si les juges vont essayer d'en faire
00:36:15 abstraction.
00:36:16 Ça ne devrait pas.
00:36:17 Mais ce sont des humains.
00:36:18 En même temps que d'être des juges, moi j'ai un doute qu'on puisse à ce point faire
00:36:22 abstraction de tout ce qu'on a cru comprendre, cru apprendre, puisque rien n'est confirmé
00:36:26 pour le moment.
00:36:27 Oui, peut-être dire une chose pour revenir sur les déclarations et sur le ressenti des
00:36:29 victimes ou des proches des victimes qu'on peut comprendre.
00:36:31 Je voudrais dire qu'effectivement, ils ne comprendraient pas que Pierre Palmade ne soit
00:36:34 pas en prison.
00:36:35 Et je peux comprendre que les victimes disent ceci pour deux raisons.
00:36:37 La première, c'est que la justice n'est pas toujours très compréhensible.
00:36:39 Instinctivement, c'est difficile de comprendre que Pierre Palmade est présumé innocent.
00:36:43 Et c'est compliqué de comprendre qu'aujourd'hui, et même demain, il ne sera pas condamné.
00:36:47 Il le sera peut-être dans un an, dans 18 mois.
00:36:49 Mais la décision de demain, ce n'est pas condamné en prison, pas en prison, donc pas
00:36:53 condamné.
00:36:54 Ce n'est pas ça.
00:36:55 Mais je comprends que ce ne soit pas instinctif.
00:36:56 Ce qui fait que je peux comprendre les déclarations des victimes ou des proches des victimes.
00:36:58 Et la deuxième, c'est que des victimes, on peut le comprendre aussi, c'est totalement
00:37:03 légitime.
00:37:04 Lorsqu'il y a une immense souffrance, la peine la plus dure, la peine la plus sévère
00:37:08 pourrait ne jamais être à la hauteur de leur souffrance.
00:37:10 Et si vous voulez, on pourrait comprendre même les victimes qui diraient, mais moi,
00:37:14 effectivement, certains pourraient dire, moi, j'ai pris perpétuité si je suis handicapé
00:37:17 à vie.
00:37:18 Et donc, même s'ils venaient d'être condamnés à 10 ans, 20 ans, 30 ans, ce qui n'est
00:37:21 même pas possible juridiquement, mais des victimes pourraient toujours ressentir dans
00:37:24 leur chair que ce n'est pas assez.
00:37:25 Mais justement, la justice, c'est aussi la mise à distance de ce ressenti des victimes.
00:37:29 Ça peut choquer, mais ce que je veux dire, c'est que c'est aussi pour ça que la justice
00:37:31 fonctionne.
00:37:32 Et si jamais on rendait vraiment la justice au diapason de la souffrance des victimes,
00:37:36 on se rapprocherait de la loi d'Utah-Lyon et on pourrait réhabiliter certaines pratiques
00:37:40 qui, fort heureusement à mon avis, ont été abolies.
00:37:41 Donc, on ne peut pas forcément vouloir répondre aux attentes des victimes.
00:37:44 Ce serait trompeur de leur faire croire d'ailleurs que c'est le sens de la justice.
00:37:47 Ce n'est pas ça la justice, ce n'est pas la vengeance.
00:37:49 Commissaire Vallée, quelle est votre réaction de policier à cette affaire Palman ?
00:37:52 Elle est difficile, je sais qu'on va en parler, puisqu'il y a l'affaire qui revient de Monsieur
00:37:57 Allénault.
00:37:58 On va en parler juste après.
00:37:59 Vous savez, derrière ces situations qu'on invoque, il y a des vies, il y a des familles,
00:38:03 il y a des victimes que moi je rencontre quasiment systématiquement, que ce soit des policiers
00:38:06 victimes ou même dans le cadre d'Antoine Allénault avec son père Yannick et sa mère
00:38:09 Isabelle, où j'aime bien rencontrer.
00:38:12 On va rappeler qu'Antoine Allénault est mort, il était à scooter et un chauffard
00:38:16 l'a absolument massacré, un homme sous-stupéfiant qui a été remis en liberté.
00:38:22 Du coup, cette affaire me fait penser à cette affaire-là, parce qu'encore une fois, c'est
00:38:25 un drame de la route causé par une personne qui conduisait en état d'ébriété ce stupéfiant
00:38:29 là, sur l'affaire Palman, c'était sous-stupéfiant uniquement, ce qui est déjà pas mal.
00:38:32 Et on est dans une société de symboles et d'images.
00:38:35 Et souvent les policiers, lorsqu'ils interpellent des voyous assez costauds, assez connus des
00:38:40 services de police, quand il n'y a pas de détention provisoire, quand il n'y a pas
00:38:42 d'incarcération à l'issue de l'urgence de comparution, ils vivent ça finalement
00:38:46 comme un désaveu, parce que la personne est remise en liberté.
00:38:48 Même sur le fond, je partage complètement votre analyse de maître du droit français,
00:38:51 on a des procédures qui permettent à chacun d'assurer sa défense, de rassembler les preuves
00:38:55 et de donner l'expression de son nom.
00:38:57 Ce que je regrette, c'est que les victimes, dans la chaîne pénale, dans le procès pénal,
00:39:00 même si c'est le parquet qui représente les intérêts de la société, on n'est pas
00:39:02 aux Etats-Unis où c'est directement les victimes qui, d'une certaine manière, font
00:39:05 leur procès, on l'a vu avec l'affaire Strauss-Kahn par exemple, où il y a des négociations
00:39:08 en amont, etc.
00:39:09 C'est que les victimes ont toujours le dernier mot de considération, que c'est déshumaniser.
00:39:15 On a aujourd'hui une procédure pénale, on a une justice qui déshumanise les victimes.
00:39:18 Il n'y a pas d'accompagnement moral, il n'y a pas d'accompagnement psychologique, il n'y
00:39:21 a pas d'accompagnement juridique, il n'y a pas d'accompagnement administratif.
00:39:24 Il y a tout ça pour les auteurs des preuves, mais rien pour les victimes.
00:39:26 Tout à fait.
00:39:27 Et le but, ce n'est pas de dire que les personnes mises en cause, les prévenus, les accusés
00:39:30 lorsqu'ils vont en cour d'assises, aient moins de droits que les citoyens français.
00:39:33 Mais le but, c'est de dire que les victimes ont droit au même accès que les personnes
00:39:38 qui sont mises en cause, en tout cas qui sont déférées devant la justice pour répondre
00:39:41 des actes qu'on leur reproche.
00:39:42 Et vous savez, quand vous êtes comparaissant devant une cour d'assises ou devant une chambre
00:39:46 correctionnelle, c'est qu'il y a suffisamment d'éléments qui motivent la justice ou une
00:39:49 instruction à renvoyer les personnes.
00:39:51 Il y a eu une longue enquête minutieuse devant la justice.
00:39:53 J'en termine sur ça.
00:39:54 Le gros problème aussi dans la procédure pénale, c'est les expertises.
00:39:56 En matière d'accidentologie, vous avez énormément d'expertises sur l'impact du véhicule lorsque
00:40:02 il y a eu le choc, sur l'état de la personne qui conduisait, sur la vitesse.
00:40:06 Et ça prend énormément de temps.
00:40:07 On peut demander des contre-expertises dans un tout autre domaine.
00:40:09 Dans l'affaire Traoré avec les gendarmes du Val d'Oise, il y a eu énormément d'expertises
00:40:13 demandées, ce qui fait que ça peut durer des fois des procédures 3, 4, 5 ans.
00:40:16 Et malheureusement, au plus l'instruction dure, au plus les personnes ont le sentiment
00:40:20 que la réponse pénale est distante et ne correspond plus à une situation qui était
00:40:23 celle au moment des faits.
00:40:24 Évidemment.
00:40:25 Jean-Sébastien Ferjou, sur cette sphère palmade, il y a de multiples tiroirs, puisque
00:40:30 on ne parle que du volet sécurité routière et accident de la route.
00:40:33 Est-ce qu'il y a la tentation d'en faire un exemple ? De dire, il est connu, il faut
00:40:38 qu'il aille en détention ? Ce serait la tentation ?
00:40:40 C'est peut-être la tentation.
00:40:43 En tout cas, la justice a vocation à juger un homme pour ce qu'il a fait lui et pas
00:40:46 juger ou en faire un symbole de quelque manière que ce soit.
00:40:52 Après, ça n'empêche pas qu'à l'occasion d'affaires comme celle-là, justement, on
00:40:56 met sur la table toutes les, parfois, les angles morts d'un système.
00:41:01 Et moi, ce qui me frappe, ce n'est pas tant le cas de Pierre Palmade lui-même, c'est
00:41:04 peut-être la forme de ressentiment que doit pouvoir ressentir un certain nombre de familles,
00:41:09 parce que ceux qui ont brisé leur vie ne sont pas connus.
00:41:12 Et pour le coup, il y a beaucoup moins de célérité de la justice, probablement moins
00:41:16 de moyens investis.
00:41:18 Et que vous parliez des expertises, l'expertise, souvent, c'est très long.
00:41:21 Et malheureusement, on manque aussi d'experts.
00:41:23 Et qu'il y a des gens qui attendent très, très longtemps avant de pouvoir bénéficier
00:41:27 des expertises.
00:41:28 Puis après, il y a tout le côté qui peut être aussi les assurances qui cherchent à
00:41:31 négocier, à dire "oui, mais quand même, vous étiez un peu en cause, vous aussi, etc."
00:41:34 Et ça, cette violence-là, je pense qu'elle est ressentie par beaucoup de gens.
00:41:37 Et à tout prendre, cette affaire-là, oui, elle est symbolique, elle met en avant un
00:41:40 certain nombre d'enjeux, mais elle souligne aussi en creux tout ceux dont les autres ne
00:41:44 bénéficient malheureusement que beaucoup moins.
00:41:46 Commissaire Vallée, vous avez évoqué l'affaire Antoine Allénaud, c'est ce jeune homme, fils
00:41:50 du grand cuisinier Yannick Allénaud, qui a été mortellement percuté le 8 mai dernier
00:41:54 alors qu'il circulait en scooter dans Paris.
00:41:57 Le chauffard qui l'a tué était sous l'emprise de stupéfiants, le véhicule qui conduisait
00:42:02 a été volé.
00:42:03 L'homme a été remis en liberté, c'est ce qu'on a appris en fait.
00:42:05 Il a été remis en liberté et placé sous contrôle judiciaire.
00:42:09 Et c'est évidemment ça qui pose question.
00:42:12 On va faire le point avec Yael Benhamou et je vous passe la parole ensuite.
00:42:15 Le 8 mai 2022, Antoine Allénaud, 24 ans, roule en scooter dans le 7ème arrondissement
00:42:21 de Paris quand un homme brûle un feu rouge et le percute mortellement.
00:42:24 Le chauffard conduit une voiture volée sous l'emprise de stupéfiants.
00:42:28 Il est rapidement mis en examen pour homicide et blessure involontaire et placé en détention
00:42:33 provisoire à la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis.
00:42:36 Seulement voilà, 7 mois après l'accident, en décembre dernier, le conducteur est libéré
00:42:41 sous contrôle judiciaire.
00:42:42 Une décision qui est pourtant en adéquation avec la législation française, selon maître
00:42:47 Vanessa Brandon.
00:42:48 Il est extrêmement rare qu'une personne qui ait été placée en détention provisoire
00:42:52 reste en détention provisoire jusqu'à son procès.
00:42:54 Je tiens à le rappeler que la détention provisoire est d'une durée initiale de 4
00:42:59 mois qui peut être renouvelée 4 mois et à nouveau 4 mois, donc en tout 12 mois.
00:43:04 Dans un communiqué, l'association qui porte le nom d'Antoine Allénaud regrette que la
00:43:09 loi française ne permette pas de maintenir en détention provisoire l'auteur des faits
00:43:13 jusqu'au procès.
00:43:14 La date du procès n'a pas encore été annoncée.
00:43:18 C'est un vrai sujet, commissaire Vallée, parce que la détention provisoire qu'il
00:43:22 a fait, en plus, ça n'était pas pour cette affaire, c'est pour une affaire précédente.
00:43:26 Il a fait une détention provisoire pour cette affaire-là, mais il a approfité...
00:43:29 Attendez, si j'ai deux minutes...
00:43:30 Allez-y, mais je vous en prie.
00:43:31 Je pense que d'abord, si je...
00:43:33 Ce sera peut-être le seul temps, une ou deux minutes, si vous me le permettez.
00:43:37 C'est une famille qui m'a bouleversé.
00:43:40 Quand on a eu l'occasion, notamment sur votre plateau, de parler de cette affaire en mai
00:43:44 2022, j'ai Yannick Allénaud, son père, et Isabelle, sa mère, qui m'ont contacté et
00:43:48 qui m'ont demandé de venir les rencontrer près du Grand Palais, puisqu'ils ont leur
00:43:51 restaurant là-bas.
00:43:52 J'ai découvert une famille meurtrie et qui, d'une certaine manière, avait perdu une part
00:43:57 de leur âme lorsque leur fils est décédé.
00:43:59 Lorsque dans la nuit du 8 mai, on leur a appris que leur fils avait été fouché par un multirécidiviste
00:44:04 en état d'ivresse, sous stupéfiants, qui était à bord d'un véhicule volé et dont
00:44:07 il faut rappeler le pédigré.
00:44:08 Violence volontaire aggravée, recel de vol en bande organisée, délirouté.
00:44:13 Il avait cumulé une sorte de crédit revolving judiciaire où il n'avait jamais exécuté
00:44:17 une peine.
00:44:18 Il n'avait jamais été inquiété.
00:44:20 Et vous avez cette famille qui m'indique, le père d'Antoine et d'Yannick, qui me disait
00:44:25 "on m'a présenté mon fils à l'Hôtel Dieu, dans une salle minable, où après, lorsqu'il
00:44:29 a été à l'Institut Médico-Légal, il l'a vu derrière une vitre, et où il y a eu une
00:44:32 déshumanisation, c'est ce que je disais sur l'affaire précédente, de leur qualité de
00:44:35 victime et du suivi dont ils ont droit, auquel ils peuvent prétendre, parce qu'ils ont perdu
00:44:39 un être cher.
00:44:40 Et effectivement, il me disait que son fils chantonnait au feu rouge au moment où ce
00:44:45 chauffard est arrivé devant et lui a percuté et ôté la vie de manière la plus cruelle
00:44:48 qui soit.
00:44:49 Il était au mauvais endroit, au mauvais moment, moi je ne peux pas l'entendre.
00:44:52 Je pense que c'était cet individu qui n'était pas à sa place dans la société, et vous
00:44:56 avez raison de le dire.
00:44:57 Il faut arrêter de dire que la détention, c'est l'exemption, et la liberté, c'est
00:45:00 la règle.
00:45:01 Quand on a des multirécidivistes qu'on ne connaît que trop bien, dont on sait parfaitement
00:45:05 et pertinemment que lorsqu'ils sont en liberté, ils vont recommettre des infractions, le
00:45:08 but de la justice, c'est de protéger la société.
00:45:10 Et vous avez raison, on peste, on succède les faits d'insécurité, que moi je n'appelle
00:45:15 pas faits divers, on succède ces affaires très humaines sur lesquelles on a des tragédies
00:45:20 qui hantent à jamais ces familles, et sur lesquelles rien ne change.
00:45:23 Les peines minimales, les places de prison, la politique du parquet qui doit être ferme
00:45:26 sur les violences volontaires et les intents aux personnes, tout ça, ça ne change pas.
00:45:29 C'est ça le drame de notre société.
00:45:31 C'est que moi je viens sur vos plateaux, dans les médias, pour expliquer ces affaires,
00:45:34 non pas pour critiquer des magistrats ou pour me faire plaisir, mais c'est parce qu'on
00:45:37 aimerait qu'il y ait moins de victimes, le risque zéro n'existe pas, mais il reste
00:45:40 encore des marges de progression pour qu'on ait moins à parler de ces affaires.
00:45:44 Et derrière ces affaires, c'est des familles.
00:45:45 Donc j'ai une pensée pour Yannick, Isabelle, ils m'ont reçu très longuement dans leur
00:45:49 restaurant, une famille modeste, humble, dans la gastronomie française, son fils était
00:45:54 promis un grand avenir dans la gastronomie, il voulait même ouvrir un restaurant burger.
00:45:57 Et il l'avait ouvert.
00:46:00 Mais c'est un drame que vivent des centaines de malheureusement de familles au quotidien
00:46:04 dans notre pays.
00:46:05 Et là, il y a un sentiment de colère, en fait, Jérôme Béglé.
00:46:07 Il y a un sentiment de colère généralisé, vous l'avez dit, c'est que c'est insensé
00:46:12 que le chauffard ait été en liberté au moment où l'accident s'est produit.
00:46:16 Effectivement, il y avait un casier judiciaire long comme le bras.
00:46:19 On ne comprend pas qu'il n'ait pas été emprisonné ou expulsé.
00:46:24 On peut regarder le truc par tous les moyens.
00:46:27 C'est inadmissible.
00:46:28 Et en plus, quand neuf mois après, une famille est brisée, qu'elle apprenne en plus,
00:46:35 je comprends entre deux portes un peu par hasard que l'assassin de leur fils a été
00:46:40 remis en liberté au mois de décembre.
00:46:42 Même si il y a tous les textes juridiques pour le justifier, c'est inaudible pour une
00:46:47 famille.
00:46:48 Pour les Français, pour les Français et pour les Français.
00:46:52 Ensuite, la chose qui est évidemment quand ça vient en plus percuter, si je puis dire,
00:46:56 l'affaire Palmade qui arrive au même moment.
00:46:58 Là, on se dit mais non, je ne sais plus la coupée pleine.
00:47:02 Je redis un peu ce que j'ai dit tout à l'heure.
00:47:07 L'émotion est totalement compréhensible.
00:47:09 Je le redis, la justice, c'est aussi la mise à distance de l'émotion.
00:47:12 Non pas pour prendre des décisions qui sont totalement insensées, mais c'est aussi la
00:47:15 mise à distance de l'émotion.
00:47:17 Vous avez raison, je comprends votre colère, mais il y a deux choses à mon sens qui ont
00:47:21 été un peu mélangées de votre propos.
00:47:23 Il y a la question de la sévérité et cette question s'agissant du chauffard qui aurait
00:47:27 tué cet individu, la question de la sévérité n'est pas terminée puisqu'il n'a pas été
00:47:29 jugé.
00:47:30 Il est potentiellement jugé, je n'en sais rien d'ailleurs, je ne connais pas le dossier.
00:47:33 Je parle des peines précédentes qui ont pu être exécutées.
00:47:35 Je ne connais pas le casier judiciaire.
00:47:36 Il est dans tous les journaux et dans tous les médias.
00:47:38 Je ne peux pas du tout parler de ce casier judiciaire.
00:47:41 On peut être d'accord qu'il ait exécuté ses peines.
00:47:43 Je ne sais pas, je ne connais pas.
00:47:45 Si vous le dites, peut-être, je dis juste que je ne sais pas.
00:47:47 Mais en tout cas, s'agissant de la sévérité sur cette affaire-là, on ne peut rien dire
00:47:49 puisqu'il n'a pas encore été condamné.
00:47:51 Donc on ne peut pas dire que la justice n'est pas sévère avec lui sur cette affaire-là
00:47:54 précisément.
00:47:55 Il est pu prendre le volant d'une voiture il y a 9 mois alors qu'il avait un casier
00:47:58 long comme le bras.
00:47:59 J'ai dit qu'il y avait deux sujets qui étaient un petit peu mélangés.
00:48:02 Le premier, c'est celui de la sévérité sur cette affaire.
00:48:03 Bon, à mon avis, on ne peut rien dire.
00:48:04 Le deuxième sujet, c'est celui de la détention provisoire.
00:48:07 Ça, on peut en parler puisqu'effectivement, bien que pas condamné, bien que présidemment
00:48:10 innocent, il a été remis en liberté sous contrôle judiciaire.
00:48:12 Et à mon avis, il faut distinguer.
00:48:14 Le GLD et le juge d'instruction de l'audience étaient tous les deux d'accord pour qu'il
00:48:17 aille en détention provisoire pour cette affaire.
00:48:19 Des fois, on a le parquet qui demande la place en détention d'une instruction et le GLD
00:48:23 qui ne suit pas.
00:48:24 Les deux magistrats étaient d'accord pour qu'il parte en détention.
00:48:26 Et le juge de liberté a subi le contrôle judiciaire.
00:48:28 Non, il a mis cette personne en détention provisoire en mai 2022.
00:48:31 Oui, mais ensuite, il est sorti.
00:48:32 Il est sorti en fin d'année parce qu'en septembre, il y avait les fameux 4 mois.
00:48:35 Et comme la loi prévoit, comme vous le savez, mettre un an, il a en fait été laissé en
00:48:39 prison jusqu'en décembre parce qu'il purgeait des peines.
00:48:41 Oui, mais il est sorti précédemment.
00:48:42 Il est sorti précédemment.
00:48:43 Il y a un magistrat qui a décidé alors qu'il n'était pas obligé de passer ce qu'il
00:48:46 faut dire.
00:48:47 Est-ce que le parquet a fait appel au détail ?
00:48:48 Ça, je ne sais pas, mais il aurait pu.
00:48:49 Non, il n'a pas fait appel au parquet.
00:48:50 Vous voyez, il y a plusieurs magistrats qui étaient d'accord.
00:48:51 De toute façon, un truc qui est sûr, on est d'accord, c'est que c'est un an maximum.
00:48:55 Comme vous le savez, je ne vous fais pas l'offense de vous le dire.
00:48:57 C'est récidive, c'est rare.
00:48:58 On ne va pas rentrer dans le détail.
00:48:59 C'est vrai que vous avez raison, c'est une usine à gaz.
00:49:01 Le code de procédure pénale, tout le monde s'y perd.
00:49:02 C'est peut-être pour ça que les justiciables ont de moins en moins confiance à la justice.
00:49:25 Je ne sais pas, mais je pense que c'est une des raisons pour lesquelles on ne se rejoints
00:49:46 pas.
00:49:47 On a une personne qui est multirécidiviste.
00:49:48 On prend le risque que malgré un contrôle judiciaire, vous ne le fassiez pas.
00:49:49 Il y aurait qu'à voir la semaine prochaine.
00:49:50 Exactement.
00:49:51 Est-ce qu'il l'a parce qu'on ne lui a pas retiré son permis ?
00:49:52 Oui, mais vous savez que...
00:49:53 Quand on met l'empilement des faits qui ont abouti au drame, c'est tragique.
00:49:54 Je reviendrai juste sur un point.
00:49:55 C'est un problème de justice.
00:49:56 Il y a des gens qui ont été éliminés.
00:49:57 Il y a des gens qui ont été éliminés.
00:49:58 Il y a des gens qui ont été éliminés.
00:49:59 Il y a des gens qui ont été éliminés.
00:50:00 Il y a des gens qui ont été éliminés.
00:50:01 Il y a des gens qui ont été éliminés.
00:50:02 Il y a des gens qui ont été éliminés.
00:50:03 Il y a des gens qui ont été éliminés.
00:50:04 Il y a des gens qui ont été éliminés.
00:50:05 Il y a des gens qui ont été éliminés.
00:50:06 Il y a des gens qui ont été éliminés.
00:50:07 Il y a des gens qui ont été éliminés.
00:50:08 Il y a des gens qui ont été éliminés.
00:50:09 Il y a des gens qui ont été éliminés.
00:50:11 Je reprends la phrase de la famille qui a dit "assassin de mon fils".
00:50:15 Je le redis tout à l'heure.
00:50:16 Je mets des guillemets à tous les droits.
00:50:18 L'émotion de la famille, on peut la comprendre.
00:50:19 Pour moi, lorsqu'on est observateur et qu'on essaie de parler, il faut mettre un peu à distance cette émotion.
00:50:24 Juste deux choses rapidement.
00:50:27 Tenir l'émotion à distance, on sera tous d'accord avec vous, mais il faut trouver la bonne distance.
00:50:31 Moi, à mon avis, on a perdu la bonne distance.
00:50:33 On se perd dans des choses théoriques.
00:50:35 L'émotion, je trouve qu'elle devrait être prise en compte.
00:50:37 Je peux vous donner un truc ?
00:50:40 Il y a le dossier spécifique des multirécidivistes.
00:50:42 Entre quelqu'un qui fait une bêtise, moi je comprends très bien qu'on lui laisse une chance,
00:50:46 qui ait vraiment des dispositifs pour que le type puisse se réinsérer, ne plus jamais faire de bêtises.
00:50:50 J'entends sous le mot bêtise parfois des choses graves.
00:50:52 Mais dans le cas d'un multirécidiviste,
00:50:54 mais quelqu'un a fait la preuve de sa dangerosité pour les autres, pour la société.
00:50:59 Il faut sévir contre ces gens.
00:51:01 Quand vous les remettez en liberté, ce sont des dangers publics.
00:51:04 La preuve, et là on parle d'un cas spécifique, mais il y en a des centaines comme ça.
00:51:08 Il faut arrêter de considérer qu'un fait divers n'est pas un fait de société.
00:51:11 Il y a des faits divers qui sont des faits de société.
00:51:13 Celui-là en est un.
00:51:14 En un mot, je juge bien sûr que la justice ne doit pas succomber à l'émotion.
00:51:18 Pour autant, imaginez d'expliquer la justice à un enfant qui a en capacité de comprendre les choses.
00:51:24 Là, tout ce qu'on entend depuis un certain temps, ça n'est pas juste.
00:51:27 Quand on entend la famille qui a vécu ce drame terrible dans l'affaire Palmade,
00:51:33 cet enfant de 6 ans qui ne mangera peut-être plus jamais normalement,
00:51:37 je comprends le frère du conducteur qui avait 38 ans qui dit "c'est pas juste".
00:51:44 Je la comprends, l'émotion de la famille de la personne qui a...
00:51:46 Dans justice, il y a le mot "juste". On dit "c'est pas juste".
00:51:49 Antoine Hano qui est mort, sa famille effondrée.
00:51:54 Bien sûr la justice ne doit pas succomber à l'émotion, pourtant c'est pas juste.
00:51:57 Il y a des débats d'experts sur le code de procédure pénale.
00:52:00 En même temps, on entend que ce monsieur multiracidiviste sort de prison, ça n'est pas juste.
00:52:04 Alors peut-être que c'est conforme au code de procédure pénale,
00:52:07 pour autant pour un quidam qui ne connaît pas justement le fonctionnement de la justice,
00:52:11 on dit là "il y a un bug, la France qui est un beau pays, une belle démocratie,
00:52:15 il y a un bug quelque part parce que ça n'est pas juste".
00:52:17 On va reprendre ce débat dans un instant avec vous maître Aslama.
00:52:20 On fait une petite pause, on se retrouve dans un instant dans Punchline, sur CNews et sur Europe 1.
00:52:23 On reviendra aussi sur ce qui s'est passé à Saint-Jean-de-Luz,
00:52:26 avec ce jeune de 16 ans qui dit avoir entendu une voix lui enjoignant d'aller tuer sa professeure d'espagnol.
00:52:32 On l'entendra, le procureur de Bayonne.
00:52:34 A tout de suite dans Punchline, sur CNews et Europe 1.
00:52:36 Bonsoir à tous et bonsoir à toutes, bienvenue dans Punchline, ce soir sur CNews et sur Europe 1.
00:52:43 "Ce n'est pas moi, c'est une petite voix qui m'a dit de faire cela",
00:52:46 voilà les premiers mots du jeune élève de 16 ans qui a poignardé sa professeure d'espagnol hier à Saint-Jean-de-Luz.
00:52:52 Un récit glaçant livré par le procureur de Bayonne.
00:52:55 L'adolescent a été soigné pour dépression et suivi par un médecin psychiatre.
00:52:59 On va revenir sur les détails de cette enquête qui n'est pas encore terminée.
00:53:02 On évoquera aussi l'affaire Pierre Palmade,
00:53:05 puisque la famille des victimes du terrible accident de la route du 10 février dernier
00:53:08 prend la parole ce soir pour réclamer plus de sévérité contre l'acteur
00:53:13 qui est toujours hospitalisé sous bracelet électronique.
00:53:16 Enfin, dans l'affaire du décès en mai dernier du jeune Antoine Alénaud,
00:53:19 le fils du grand cuisinier Yannick Alénaud, on vient d'apprendre
00:53:22 que le chauffard qui lui a ôté la vie en roulant sous l'emprise de supefiants
00:53:26 a été libéré et placé sous contrôle judiciaire.
00:53:29 Voilà, on y revient ce soir après le rappel des titres de l'actualité.
00:53:32 Il est 18h, bienvenue. Si vous nous rejoignez un instant sur Europe 1 et sur CNews,
00:53:48 le verdict est tombé cet après-midi dans le procès de l'incendie de la rue Erlanger à Paris.
00:53:53 Essia Boularez s'est condamnée à 25 ans de réclusion criminelle.
00:53:57 Elle a provoqué l'incendie de son immeuble en février 2019.
00:54:00 10 personnes avaient perdu la vie dans ce drame. Écoutez, c'est très scappé.
00:54:04 C'est une peine lourde, longue. C'est une peine qui correspond aux réquisitoires
00:54:09 de l'avocat général avec laquelle j'étais assez d'accord,
00:54:11 surtout concernant la sûreté et concernant l'obligation de soins
00:54:15 à sa sortie pendant 15 ans, avec 7 ans de prison supplémentaire si elle ne respecte pas les règles.
00:54:20 Donc oui, je trouve que l'obligation de soins c'est hyper important pour nous tous,
00:54:24 pour la sécurité de tous.
00:54:26 Une minute de silence a été observée dans tous les collèges et lycées de France aujourd'hui.
00:54:31 En tout cas ceux qui ne sont pas en vacances scolaires.
00:54:33 Le procureur de Bayonne s'est exprimé au lendemain de l'assassinat
00:54:36 de la professeure d'espagnol hier à Saint-Jean-de-Luz.
00:54:39 Lors de sa garde à vue, le mis en cause a confié entendre une voix qui lui a parlé.
00:54:43 On y revient dans un instant dans PUNISHLINE.
00:54:45 Le prix du carburant, plafonné à 1,99€ le litre dans toutes les stations totales de France.
00:54:51 Une mesure annoncée hier par le patron de Total Energy, Patrick Pouyanné.
00:54:56 Un plafonnement nécessaire selon le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran. Écoutez-le.
00:55:00 C'est un plafond qui, si on regarde les prix qui ont pu être atteints au cours des mois précédents,
00:55:05 peut résulter en une ristourne plus importante que ce que nous avons pu connaître.
00:55:10 Si le prix du litre devait atteindre les 2,40€, ce qui a pu arriver dans notre pays,
00:55:16 vous imaginez bien que du coup l'impact de la ristourne, il est plus important,
00:55:20 puisqu'il serait de l'ordre de 40 centimes.
00:55:23 Et puis Laurent Berger, déterminé à faire plier le gouvernement sur la réforme des retraites.
00:55:27 "Il faut que les Français y croient", a affirmé le secrétaire général de la CFDT.
00:55:32 "Il faut se mobiliser massivement", le 7 mars dernier a-t-il ajouté.
00:55:36 Enfin, près de 115 000 Ukrainiens ont trouvé refuge en France depuis le début de l'invasion russe.
00:55:42 Un accueil qui a coûté 500 millions d'euros. 80% de ces réfugiés sont des femmes et des enfants.
00:55:46 220 000 enfants sont scolarisés dans notre pays.
00:55:50 Voilà, il est 18h02. On est en direct dans PUNCHLINE sur CNews et sur Europe 1 avec Eric Nolot, écrivain et journaliste.
00:55:56 Bonsoir et merci d'être avec nous. Le docteur Jean Dorido, psychologue. Merci beaucoup.
00:56:00 On aura besoin de vous et de votre expertise pour les nombreux sujets qu'on évoque ce soir.
00:56:04 Le commissaire Mathieu Vallée est là. Bonsoir. L'avocat Dylan Slama aussi.
00:56:08 Merci d'être avec nous. Et Jean-Sébastien Ferjou du site Atlantico.
00:56:11 On commence bien sûr par Saint-Jean-de-Luz avec le récit glaçant des faits qui a été déroulé tout à l'heure par le procureur de Bayonne.
00:56:19 Il est revenu à la fois sur les circonstances mais aussi sur la personnalité de ce jeune homme de 16 ans.
00:56:24 On fait le point d'abord avec ce sujet de Micaël Dos Santos et on écoute ensuite le procureur.
00:56:29 Dans ce collège d'Alberville où s'est rendu Papendiaï, l'émotion était palpable.
00:56:39 Elle l'était encore davantage à Saint-Jean-de-Luz.
00:56:42 Au même moment, élèves, proviseurs, enseignants s'étaient réunis dans la cour du lycée Saint-Thomas d'Aquin pour rendre hommage à Agnès Lassalle.
00:56:49 Arrivé dans la matinée, aux côtés de leurs parents, certains d'entre eux en ont profité pour échanger, se recueillir ou évacuer un stress,
00:56:56 comme l'explique ce médecin de la cellule psychologique.
00:56:59 On prévient, on dit, si vous avez des réveillessances de la seine, des choses qui reviennent, des bruits,
00:57:06 le sentiment d'avoir à nouveau, ça s'impose à vous, les images ou des sons de la seine, des cauchemars,
00:57:12 des évitements d'endroits ou de choses qui peuvent faire ressurgir le traumatisme,
00:57:18 tout ça c'est des symptômes qui se traitent donc il faut absolument en parler.
00:57:22 Lors d'un point presse, le procureur de la République a expliqué que l'adolescent de 16 ans avait poignardé sa professeure
00:57:28 après avoir verrouillé la porte de la salle de classe et sorti un couteau caché dans un sopalin.
00:57:33 Le procureur qui a également donné des détails sur sa personnalité.
00:57:37 La mise en cause a fait état, a mis en avant une petite voix qui lui parle et qui lui aurait suggéré la veille de commettre un assassinat.
00:57:50 L'experte note l'absence de désorganisation en lien avec le déroulement des faits.
00:57:55 Placé en garde à vue jusqu'à jeudi, le lycéen continue d'être entendu par la police judiciaire de Bayonne.
00:58:01 On est avec le docteur Jean Dorido, une petite voix qui parle dans la tête de cet élève,
00:58:06 qui lui intime l'ordre d'aller tuer sa professeure d'espagnol, on est dans un cadre de quoi ?
00:58:12 De bouffer des lirandes, de psychose, comment est-ce qu'on peut qualifier cela ?
00:58:15 Une petite voix dans la tête, on est vraiment clairement, si c'est avéré, dans le cadre d'un épisode psychotique.
00:58:23 Après, il y a plein de possibilités, ça peut être une bouffée des lirandes,
00:58:28 ça peut être les premiers symptômes d'un trouble psychiatrique réel et grave,
00:58:36 ça peut être la naissance d'une schizophrénie, on ne devient pas schizophrène à 40 ans,
00:58:41 c'est au moment de l'adolescence que l'on peut devenir schizophrène,
00:58:46 et ça fait partie des symptômes, typiquement, il y a une personne sur 100 qui est atteinte de schizophrénie en moyenne.
00:58:52 Donc, ça peut être effectivement beaucoup de choses,
00:58:56 ce qui est sûr et certain, c'est que si c'est avéré, oui, c'est clairement un cas d'école d'épisode psychotique.
00:59:03 Ce qui est aussi impressionnant, Eric Nolot, c'est que le jeune se paraissait calme, c'est ce qu'a dit le procureur,
00:59:09 il a dit "bon voilà, il y a cette petite voix qui m'a donné cet ordre-là, c'était plus fort que moi, ce n'était pas moi en fait".
00:59:16 Et là, on est un peu dérouté, effectivement.
00:59:19 On est dérouté, puis on se demande si c'est seulement une voix intérieure, s'il n'y avait pas aussi des voix extérieures,
00:59:23 il y a des voix qui sont portées par l'air du temps, peut-être un air du temps qui dit que la figure du professeur n'est plus aussi sacrée qu'elle l'était auparavant,
00:59:31 comme le sont toutes les figures d'autorité, peut-être une voix extérieure portée par l'air du temps qui dit que l'école n'est plus le sanctuaire,
00:59:38 on a voulu en faire pendant un moment.
00:59:41 Je ne crois pas, je pense que c'est tout à fait compatible que la folie, si folie il y a, se combine avec l'air du temps,
00:59:49 avec ce qui se passe ailleurs dans la société.
00:59:51 Ce serait même étonnant que ce ne soit pas le cas, vous voyez, toutes les figures d'autorité contestées, parfois de manière dramatique,
00:59:58 ce n'est pas la première fois, il y a eu le précédent de Samuel Paty.
01:00:02 Moi j'aimerais bien que, en même temps que l'expertise psychiatrique, on nous informe là-dessus,
01:00:08 qu'est-ce qui fait qu'on s'attaque spécifiquement à la figure d'un professeur et pas à une autre figure ?
01:00:14 D'accord, un dernier petit mot de Dr Dorido ?
01:00:16 Pour conclure les propos d'Éric Nolot, c'est un fait par ailleurs que l'école a toujours été un lieu de violence,
01:00:23 c'est pourquoi ça nécessite un cadre extrêmement solide.
01:00:28 Cet élève manifestement avait été harcelé dans son précédent établissement,
01:00:33 on a eu des cas terrifiants de harcèlement scolaire, regardez le jeune Lucas, il n'y a pas si longtemps,
01:00:39 qui a mis fin à ses jours après un harcèlement terrible, sur fond d'homophobie.
01:00:44 On pourrait parler des heures de ces résultats, de la violence du milieu scolaire,
01:00:51 c'est un fait depuis toute la guerre des boutons et autres.
01:00:54 L'enfance, l'adolescence, c'est un âge de la vie qui est propice à la violence,
01:01:00 et c'est un fait, je rejoins Éric Nolot, que manifestement l'école sait de moins en moins encadrer,
01:01:07 canaliser, empêcher cette violence de s'exprimer, et là elle s'est exprimée sur un professeur.
01:01:13 Commissaire Vallée, sur cette affaire terrible, cet adolescent toujours en garde à vue,
01:01:16 peut-être déféré demain et placé en détention provisoire ?
01:01:21 Oui, d'abord, Laurent s'est invité à Sargent de Luz hier,
01:01:24 mais il aurait pu s'inviter dans n'importe quelle classe de France, avec n'importe quel professeur.
01:01:27 Ce qui, malheureusement, nous fera peur dans les semaines, les mois et les années à venir,
01:01:31 c'est qu'on n'avait aucun moyen, dans les actes d'enquête qui avancent,
01:01:34 c'est les déclarations du procureur, de pouvoir détecter un comportement inquiétant
01:01:37 avant le passage à l'acte hier, souvent en terrorisme, ou en multirécidiviste,
01:01:41 on a des signes, vraiment unitoires, je veux dire, on a des détections,
01:01:45 on a des suivis, on a des services spécialisés qui ont des outils et des moyens pour le faire.
01:01:49 Et là, il le dit, pas de difficultés particulières, pas de passage en hôpital psychiatrique
01:01:53 ou un suivi particulier, hormis quelques médicaments qui sont liés à son état de santé
01:01:57 et qui avaient invoqué des problèmes d'ordre personnel.
01:01:59 Donc, malheureusement, je pense qu'au fur et à mesure d'enquête,
01:02:02 on constate qu'il va falloir se résoudre à se dire que, malheureusement,
01:02:05 on n'aurait pas pu éviter ce drame qui est survenu dans cette classe,
01:02:08 où, même si la violence, malheureusement, s'invite de plus en plus dans l'école,
01:02:11 et ce n'est pas le policier que je suis qui va dire le contraire,
01:02:13 normalement, l'école, c'est censé être le sanctuaire de la République,
01:02:16 mais, malheureusement, à des élèves, à devenir des citoyens éclairés,
01:02:19 et on voit que l'école, aujourd'hui, n'est plus épargnée, même si c'est un cas très particulier,
01:02:22 et heureusement isolé, que demain, on n'ait pas une multiplication de ce genre d'événements.
01:02:26 Maître Slama, quel est l'avenir judiciaire de cet adolescent ?
01:02:30 D'abord, on ne sait pas s'il sera jugé ou pas, tout simplement,
01:02:35 si son discernement a été aboli ou pas, mais quoi qu'il arrive,
01:02:39 son avenir, de toute façon, est bien sombre.
01:02:42 Il y a un avenir à court terme et un avenir à long terme.
01:02:44 C'est l'ouverture d'une information judiciaire, vraisemblablement,
01:02:47 une mise en examen et éventuellement un placement en détention provisoire,
01:02:50 le temps de faire, justement, les examens psychiatriques et des expertises
01:02:54 qui permettront d'en savoir plus sur l'éventuelle abolition ou altération du discernement.
01:02:59 Une fois qu'on en saura plus là-dessus, que les experts auront, d'une certaine manière, tranché,
01:03:02 parce qu'eux-mêmes, parfois, ne sont pas d'accord, et à ce moment-là, on peut avoir trois expertises,
01:03:05 et c'est parfois des débats très complexes,
01:03:07 et une fois qu'on en saura plus dans les mois à venir,
01:03:09 mais c'est 6, 8, 9 mois, peut-être encore plus long,
01:03:12 à ce moment-là, on pourra savoir si jamais il peut comparaître devant une cour d'assises,
01:03:16 puisque c'est des faits criminels,
01:03:17 donc si le discernement est altéré ou si jamais il est normal,
01:03:21 il est comparé bien devant une cour d'assises.
01:03:22 C'est seulement si le discernement est dit aboli, qu'à ce moment-là, il est déclaré irresponsable,
01:03:26 et je rassure, bien sûr, les téléspectateurs,
01:03:29 bien qu'irresponsable, il ne sera pas remis en liberté,
01:03:31 il y a un suivi psychiatrique et donc une hospitalisation sous contrainte,
01:03:34 ce qui peut être extrêmement coercitif.
01:03:36 Nos auditeurs aussi qui entendent vos paroles.
01:03:38 Mais on ne peut que se mettre à la place aussi des parents de ce jeune homme,
01:03:42 Eric Nolot, qui doit être dévasté, qui se doit de dire,
01:03:45 "Mais qu'est-ce que je n'ai pas compris ?
01:03:46 Qu'est-ce qui ne fonctionnait pas bien ?
01:03:48 Est-ce que je n'ai pas vu tel ou tel signal que m'a envoyé mon fils ?"
01:03:52 Le procureur a dit, il avait parlé de la petite voix à sa mère,
01:03:55 mais c'était un bon élève, elle ne s'est pas dit,
01:03:57 "Bon, il y a urgence à le faire interner."
01:03:59 Non, mais ça doit être un message adressé à tous les parents,
01:04:02 c'est que même des signaux faibles doivent être pris au sérieux,
01:04:06 que toute alerte doit vraiment...
01:04:08 Alors je sais que ce n'est pas facile,
01:04:10 les parents ont souvent des vies extrêmement complètes, difficiles,
01:04:14 on laisse passer la réflexion d'un adolescent,
01:04:17 mais dans un âge aussi difficile, peut-être que c'est une petite formation
01:04:21 à faire auprès des parents, dès que vous entendez vraiment quelque chose.
01:04:24 Parce que la petite voix, quand même,
01:04:25 tous les adolescents ne déclarent pas des petites voix,
01:04:27 donc c'est quand même un signal, je le qualifie de signal faible,
01:04:29 il n'est peut-être pas si faible que ça.
01:04:31 Il a été suivi en psychiatrie quand même.
01:04:33 Donc voilà, je pense qu'il faut peut-être
01:04:36 pas inviter tout le monde à tomber dans la paranoïa,
01:04:39 mais quand on entend certains mots-clés,
01:04:41 vraiment s'inquiéter et faire une démarche.
01:04:43 Allez, on fait une toute petite pause.
01:04:44 On se retrouve dans un instant,
01:04:45 on évoquera le profil psychiatrique de ce jeune homme,
01:04:47 je vous le disais, le procureur l'a confirmé,
01:04:49 il était en dépression, il était sous antidépresseur,
01:04:52 il était suivi par un médecin psychiatre.
01:04:54 A tout de suite dans Punchline, sur CNews et sur Roro.
01:05:00 18h15, on se retrouve en direct dans Punchline,
01:05:02 sur CNews et sur Roro.
01:05:04 On va repartir à Saint-Jean-de-Luz,
01:05:05 où se trouve l'un de nos envoyés spéciaux,
01:05:07 Jérôme Rantenou.
01:05:08 Jérôme, on a entendu le procureur,
01:05:10 on va le réentendre encore dans un instant,
01:05:12 mais maintenant, que va-t-il se passer
01:05:14 dans les prochaines heures, dans les prochains jours,
01:05:16 pour ce jeune de 16 ans,
01:05:18 qui est donc accusé d'avoir tué sa professeure d'espagnol ?
01:05:20 Jérôme.
01:05:21 Oui, Laurence, alors le procureur a expliqué
01:05:24 que dès demain, il allait déposer une information judiciaire
01:05:28 pour meurtre avec préméditation,
01:05:30 demander aussi le placement en détention provisoire
01:05:33 pour le jeune homme.
01:05:34 Cela va permettre de réaliser d'autres expertises
01:05:37 psychologiques et psychiatriques plus poussées
01:05:39 pour mieux comprendre les motivations de ce jeune homme,
01:05:42 des motivations qu'il a un petit peu développées
01:05:44 lors de sa garde à vue, qui a été prolongée aujourd'hui,
01:05:47 des motivations où il parle surtout
01:05:49 d'une petite voix intérieure qui lui parle régulièrement,
01:05:52 sans arrêt, une petite voix manipulatrice, égocentrique,
01:05:55 qui l'a poussée à réaliser ce meurtre.
01:05:57 Il parle aussi de disputes avec un camarade,
01:05:59 il parle d'animosité envers sa professeure d'espagnol,
01:06:02 une matière où il avait de mauvaises notes,
01:06:04 à la différence des autres matières
01:06:07 où il se passait finalement bien.
01:06:09 C'était un élève travailleur avec de très bons résultats,
01:06:12 mais seul, un élève moyennement intégré
01:06:15 dans l'établissement où il était arrivé en début d'année.
01:06:18 L'ancien établissement où il était,
01:06:19 il avait subi du harcèlement, il a expliqué,
01:06:21 il était d'ailleurs suivi par un psychologue
01:06:24 après une tentative de suicide en octobre 2022,
01:06:26 une tentative de suicide avec des médicaments.
01:06:29 Depuis, il était soigné avec des antidépresseurs.
01:06:31 - Effectivement, merci beaucoup Jérôme Rampnou,
01:06:33 Antoine Maestew, on n'en sait plus, docteur Dorédo,
01:06:35 maintenant sur le profil de ce jeune homme.
01:06:37 Quand il dit une petite voix manipulatrice et égocentrique,
01:06:40 il a quand même le recul nécessaire
01:06:42 pour analyser ce qui s'est passé dans sa tête.
01:06:44 C'est ça qui est surprenant, encore une fois.
01:06:45 - Vous savez, une personne qui traverse des épisodes psychotiques,
01:06:50 ça ne l'empêche pas d'être intelligente,
01:06:52 ça ne l'empêche pas d'être tout à fait comme vous et moi
01:06:57 entre chaque épisode.
01:07:00 Et pour autant, si c'est avéré,
01:07:03 si les propos de ce jeune homme sont vrais,
01:07:08 c'est un fait, c'est épuisant d'avoir une voix dans la tête.
01:07:14 C'est une vraie souffrance pour les personnes
01:07:16 qui vivent ce genre de maladie.
01:07:18 Encore une fois, il faut rappeler que tous les psychotiques
01:07:22 ne sont pas des criminels en puissance, loin s'en faut,
01:07:25 et que pour autant, ils sont très dangereux pour eux-mêmes.
01:07:28 C'est souvent vrai, parce que la personne, elle est épuisée...
01:07:32 - Par ce combat intérieur.
01:07:34 - Oui, par entendre.
01:07:35 On voit ça parfois dans des films, une petite voix dans la tête,
01:07:39 c'est d'abord très anxiogène, très angoissant
01:07:42 d'entendre une voix que personne d'autre n'entend.
01:07:44 Et ça peut conduire aux pires extrémités.
01:07:46 Bien sûr, c'est effrayant pour cette enseignante.
01:07:49 On ne peut avoir qu'une pensée pour elle, pour sa famille.
01:07:52 C'est terrible.
01:07:53 Et même si c'est difficile à dire, c'est une vraie souffrance,
01:07:58 si c'est vrai, pour ce jeune homme.
01:08:01 - On va juste écouter le procureur de Bayonne,
01:08:03 qui revient sur les résultats de l'expertise
01:08:05 qui a été menée depuis qu'il est en garde à vue sur ce jeune homme.
01:08:08 - Cet adolescent a été soumis, à la demande de mon parquet,
01:08:12 à un examen psychiatrique, dont je rappelle qu'il a été réalisé
01:08:17 dans le temps et dans les conditions de la garde à vue,
01:08:21 de sorte qu'il appellera nécessairement
01:08:24 des expertises complémentaires approfondies ultérieures.
01:08:29 Cet examen révèle des traits de personnalité anxieuses,
01:08:33 une forme d'anxiété réactionnelle pouvant perturber son discernement.
01:08:39 Néanmoins, l'expert note l'absence de désorganisation
01:08:45 en lien avec le déroulement des faits.
01:08:48 Il ne retrouve en l'état aucune maladie mentale
01:08:53 de type schizophrénie, état maniaque, mélancolie ou retard mental,
01:08:59 ni aucune décompensation psychiatrique aiguë.
01:09:05 Il décrit des éléments de dépression de l'adolescent évoluant depuis une année.
01:09:12 Qu'est-ce que signifie ce premier examen ?
01:09:18 Que cet adolescent apparaît accessible à une responsabilité pénale,
01:09:25 sous réserve là encore, comme je vous le disais,
01:09:28 des expertises qui devront être ordonnées
01:09:31 et d'une possible altération de son discernement.
01:09:35 Voilà pour le procureur de Bayonne, Maître Slama.
01:09:38 L'enquête n'est pas terminée, elle est loin d'être terminée.
01:09:40 Elle va se poursuivre tous azimuts ?
01:09:42 Bien sûr, non seulement elle est loin d'être terminée,
01:09:44 mais elle vient de commencer.
01:09:45 C'est vrai qu'on a l'impression qu'il y a eu une telle avancée
01:09:48 entre hier et aujourd'hui, que l'avancée donne l'impression
01:09:50 que c'est quasiment abouti, alors que non, c'est une illusion d'optique.
01:09:53 On est encore au tout début de la formation judiciaire.
01:09:55 On en saura plus dans les mois et les années à venir.
01:09:58 On en saura plus, vous faites un rapprochement peut-être
01:10:01 avec un fait de société, est-ce que c'est la figure tutélaire du professeur ?
01:10:04 On peut s'interroger là-dessus.
01:10:05 Moi je pense, est-ce que la formation judiciaire permettra de le savoir ?
01:10:08 Je n'en suis même pas sûr, mais j'ai essayé de regarder un petit peu
01:10:10 et je me suis rendu compte qu'en 1983, en 1984, en 1992, en 1996,
01:10:14 à chaque fois des professeurs ont été tués.
01:10:16 D'ailleurs en 1984, c'était un professeur d'espagnol,
01:10:18 déjà dans le privé, par des élèves.
01:10:19 Donc c'est un phénomène qui n'est pas si nouveau que ça,
01:10:21 à chaque fois avec des réalités qui sont différentes individuellement.
01:10:23 Donc moi je pense que dans le cadre de l'information judiciaire,
01:10:26 la manifestation de la vérité se fera d'abord à un niveau individuel.
01:10:29 Qui est cet individu ? Qu'a-t-il fait ?
01:10:31 Quels sont ses antécédents ? Quel est son profil psychologique, psychiatrique ?
01:10:34 Et on pourra même aller plus loin en perquisition.
01:10:36 Quelles sont ses lectures ? Qu'est-ce qu'il a pu voir sur Internet ?
01:10:38 Je pense d'abord que c'est à ce niveau-là que les magistrats et les enquêteurs
01:10:41 essaieront d'en savoir le plus possible dans les prochains mois et les prochaines années.
01:10:45 Un dernier mot, docteur Dorédo.
01:10:46 C'est-à-dire que là c'est vrai que quand on écoute le procureur de la République,
01:10:51 bon, il y a quand même un monsieur dont c'est le métier, un expert psychiatre,
01:10:54 qui ne relève pas là en l'état de pathologie.
01:10:58 Donc ça viendrait à envisager qu'il était tout à fait lucide
01:11:03 et qu'il n'aurait pas été sous l'emprise d'un délire quand il fait état d'état maniaque.
01:11:07 On a beaucoup parlé de schizophrénie, état maniaque,
01:11:09 c'est ce qu'on appelait jadis la psychose maniaco-dépressive,
01:11:12 ce sont les troubles bipolaires aujourd'hui.
01:11:14 Ça peut provoquer des délires. Là, manifestement, rien de tout ça.
01:11:17 Maintenant, c'est un fait que ça peut rappeler les tueries de masse aux USA.
01:11:24 On a, hélas, fréquemment des jeunes qui passent à l'acte
01:11:27 sur fond de harcèlement, sur fond d'une personnalité introvertie,
01:11:30 on entend "personnalité très anxieuse".
01:11:33 Bon, c'est un fait qu'il va falloir...
01:11:35 Parce que ce sont quand même les mots clés.
01:11:37 On ne peut évidemment pas se prononcer sur ce cas-là,
01:11:39 en particulier les experts psychiatriques,
01:11:41 comme la justice devront, ou psychiatres, devront se prononcer.
01:11:46 En revanche, on entend quand même les mots clés qui entrent en résonance
01:11:49 avec des dimensions qui sont, elles, très présentes dans la société française.
01:11:53 Quand on entend "dépression", "harcèlement",
01:11:55 quand on entend "souffrance", "isolement",
01:11:57 ça, c'est une réalité, justement, qui est grandissante,
01:12:00 qui va grandissant, toutes les études l'établissent.
01:12:02 Les adolescents et les enfants sont plus en souffrance
01:12:05 qu'ils ne l'étaient il y a 15 ans ou il y a 20 ans.
01:12:08 C'est difficile d'en établir les causes avec certitude.
01:12:11 Vraisemblablement, les réseaux sociaux, ils sont quand même pour quelque chose
01:12:14 quand on regarde, c'est vraiment au moment de l'apparition des réseaux sociaux
01:12:17 que ces niveaux de souffrance chez les adolescents se sont mis.
01:12:20 Et donc, je pense que nous sommes face à un tsunami silencieux
01:12:24 de déstructuration psychologique et que nous peinons à le prendre en compte
01:12:29 tout simplement parce que quand on n'est pas soi-même adolescent,
01:12:31 on ne le vit pas, c'est difficile pour les parents,
01:12:33 c'est difficile pour les enseignants et que ce sont des choses nouvelles.
01:12:36 Et ça mène parfois à la consommation de stupéfiants et tout est évidemment lié.
01:12:39 Un dernier mot, Eric Nolot ?
01:12:40 Oui, il y a quand même, dans ce qu'on entend,
01:12:42 un mélange quand même curieux entre la psychiatrie et la psychologie
01:12:45 parce qu'entre la bouffée délirante d'un côté et le fait qu'on a détecté
01:12:51 une animosité envers cette professeure qui s'est disputée avec un élève,
01:12:55 donc ces deux registres extrêmement différents, je trouve ça très troublant.
01:12:58 Donc évidemment, vous avez raison, ça va prendre des mois et même peut-être
01:13:01 des années pour rétablir la vérité.
01:13:03 Mais entre ce que dit le procureur qui bat en brèche un peu le côté délirant
01:13:07 de l'acte et puis ce qu'on apprend par ailleurs, ce qui a précédé
01:13:10 dans les heures qui ont précédé cet acte fatal, je trouve que la piste psychiatrique
01:13:15 est vraiment fragilisée, d'après les premiers éléments de l'enquête.
01:13:18 Dernier point, malheureusement, il a aussi été établi que la violence
01:13:21 tend à avoir un effet mimétique.
01:13:23 Vous parliez des États-Unis, mais chez les adolescents, là encore,
01:13:26 des études sociologiques très vastes ont été menées sur plusieurs dizaines
01:13:29 de milliers d'étudiants et on voit qu'il y a un effet de mimétisme
01:13:33 et de contagion, donc indépendamment encore une fois de ce cas précis
01:13:37 et de ce qui a motivé le geste de ce jeune homme-là.
01:13:40 Pour le reste, la société française est face à un vrai défi.
01:13:42 J'aimerais profiter de la présence du commissaire Vallée pour évoquer
01:13:45 un autre sujet qui est lié à la conduite sous stupéfiance,
01:13:49 c'est l'affaire Antoine Allénaud, ce jeune homme qui a été tué
01:13:52 le 8 mai 2022 par un chauffard qui conduisait sous alcool
01:13:57 dans une voiture volée sous stupéfiance.
01:13:59 C'est le fils du grand chef Yannick Allénaud.
01:14:02 On a appris que ce chauffard a été remis en liberté au mois de décembre
01:14:07 et placé sous contrôle judiciaire.
01:14:10 Il y a beaucoup de colère évidemment de la part de la borde de sa famille.
01:14:14 Il y a une association Antoine Allénaud qui a été créée et qui dit
01:14:18 qu'évidemment dans de telles circonstances, l'association regrette
01:14:22 que la loi française ne permette pas de maintenir en détention provisoire
01:14:26 l'auteur des faits jusqu'au procès.
01:14:28 Vous partagez cette colère, commissaire Vallée ?
01:14:30 Oui, je la partage autant plus que, je vous le disais,
01:14:33 Yannick Allénaud, le père d'Antoine Allénaud et Isabelle, sa mère,
01:14:36 m'ont reçu alors que la douleur les étreignait fortement
01:14:39 dans son restaurant à Paris dans le 8ème.
01:14:42 J'ai entendu la douleur et la souffrance de cette famille
01:14:44 dont leur vie s'est arrêtée le 8 mai lorsque Antoine a été fauché
01:14:48 par ce multi-récidiviste.
01:14:50 Multi-récidiviste ? Il y avait déjà d'autres ?
01:14:53 Il a un pédigré qui est long comme la murale de Chine.
01:14:56 Il n'y a jamais de surprise malheureusement.
01:14:58 Il a été condamné pour des violences volontaires,
01:15:00 pour du recel de vol en bande organisée,
01:15:02 pour des délais routiers.
01:15:04 Il avait été condamné par la justice française à plusieurs peines
01:15:06 qu'il n'a jamais exécutées, pour lesquelles il n'a jamais été inquiété.
01:15:09 C'est pour ça que le syndicat que j'ai l'heure de représenter
01:15:11 demande aux législateurs de mettre en place des peines minimales.
01:15:14 Quand des gens ont été condamnés, recondamnés, représentés,
01:15:17 re-représentés à la justice, qu'ils ressortent et qu'ils recommencent,
01:15:20 le principal objectif de la justice, de notre société,
01:15:23 c'est qu'elle soit protégée de ces dangers publics.
01:15:25 C'est ça la réalité.
01:15:27 C'est la réalité du pouvoir d'une personne qui aurait dû être en prison
01:15:29 et pas sur la voie publique.
01:15:30 Alors que la législation pour des délits, pour faire très simple,
01:15:33 parce que la pression pénale c'est une usine à gaz,
01:15:35 tant pour les enquêteurs lorsqu'ils font les procédures
01:15:37 que pour la justice d'appliquer des mesures qui parfois n'ont ni queue ni tête,
01:15:40 on a une détention limitée à un an.
01:15:42 Il est sorti en décembre, il aurait pu sortir en mai 2023,
01:15:45 de toute façon il serait sorti avant le procès.
01:15:47 Les expertises prennent du temps.
01:15:49 Moi je pense évidemment à sa famille.
01:15:51 Yannick Alléno a créé une association,
01:15:53 je trouve que c'est très admirable et très fort de caractère
01:15:56 de pouvoir perpétuer la mémoire de son fils
01:15:58 en protégeant, en assistant, en accompagnement de ses familles.
01:16:01 Surtout que ça lui a fait cruellement défaut.
01:16:03 Et je tiens à rappeler ici pourquoi je dis que le procès,
01:16:06 c'est la procédure judiciaire déshumanise les victimes.
01:16:08 D'abord parce que c'est la dernière roue du carrosse,
01:16:10 même s'il y a eu quelques efforts faits ces dernières années,
01:16:12 notamment en termes d'avocats et d'accompagnement des victimes.
01:16:14 Parce qu'à l'Institut Médico-Légal, par exemple,
01:16:16 on ne lui a permis de voir son fils qu'à travers une vitre.
01:16:18 Lorsqu'il a été reçu, dans les heures qui ont suivi le décès de son fils,
01:16:21 il a été reçu par la famille de Dieu.
01:16:23 Je n'ai aucun grève contre le personnel
01:16:25 qui travaille dans des conditions difficiles.
01:16:27 Mais par contre, il a été reçu dans une salle délabrée
01:16:29 avec une chaise à moitié cassée.
01:16:31 On voit bien que lorsqu'on a déjà la souffrance
01:16:33 d'un être cher dans sa perte,
01:16:35 derrière on rajoute une double peine,
01:16:37 et là c'est la triple peine avec, évidemment,
01:16:39 cette personne qui ressorte.
01:16:41 La seule prière que je fais, si j'ose dire maintenant,
01:16:43 c'est qu'il ne recommence pas ses méfaits,
01:16:45 sachant que la famille de ce odieux personnage
01:16:47 avait envoyé des fleurs aux obsèques d'Antoine.
01:16:49 Effectivement, moi je pense que ce genre de personnes,
01:16:51 on peut, Eric Lollo le disait tout à l'heure,
01:16:53 faire des bêtises ou une bêtise ou une connerie,
01:16:55 mais au bout d'un moment, quand on en est à 5, 10
01:16:57 ou plusieurs infractions, il faut que la justice
01:16:59 elle passe, sinon malheureusement, les citoyens
01:17:01 ne croient plus en la justice qui doit les protéger.
01:17:03 Tu veux passer la parole à l'avocat qui est à côté de vous,
01:17:05 et qui va nous dire "non mais la loi c'est la loi,
01:17:07 il n'y avait pas d'autre moyen,
01:17:09 on ne peut pas le garder en détention".
01:17:11 Pour le coup, là j'irai encore plus loin que "la loi c'est la loi",
01:17:13 parce qu'il y avait un délai légal d'un an,
01:17:15 et les magistrats ont décidé de le libérer
01:17:17 avant même le terme du délai légal.
01:17:19 Ça veut dire que finalement on aurait pu changer la loi,
01:17:21 là ça n'aurait rien changé, puisqu'ils ont décidé de le passer sous contrôle judiciaire
01:17:23 avant même qu'il ait atteint le maximum possible.
01:17:25 Et lorsque je dis "il", c'est de ce que j'ai compris
01:17:27 encore de ce que vous m'avez dit, c'est le juge de liberté
01:17:29 de détention, mais aussi le procureur et le juge d'instruction,
01:17:31 il n'y a même pas eu d'appel de cette décision.
01:17:33 Donc finalement, en tout cas c'est les magistrats
01:17:35 qui ont pris cette décision alors qu'ils n'y étaient pas obligés.
01:17:37 Ça c'est la première chose que je veux dire.
01:17:39 L'autre chose que je veux dire, et là où pour le coup on pourrait se rejoindre,
01:17:41 c'est que le problème qui se soit remis en liberté,
01:17:43 c'est que le délai avant le procès est très long.
01:17:45 Et là on peut se rejoindre pour le coup, je pense,
01:17:47 parce que ça peut durer des années,
01:17:49 et ça c'est extrêmement problématique.
01:17:51 Parce que j'entends la souffrance des victimes
01:17:53 qui disent que c'est un problème qu'un individu
01:17:55 qui pourrait être condamné ressorte,
01:17:57 mais moi j'entends aussi, et je le dis en tant qu'avocat,
01:17:59 le problème qu'on ait 25% de la population carcérale
01:18:01 aujourd'hui en France qui est présumée innocente.
01:18:03 Et on a 500 personnes tous les ans
01:18:05 qui sortent de prison en étant innocentés.
01:18:07 Et c'est aussi un problème, voyez,
01:18:09 parce que je comprends qu'on puisse dire que cette situation est injuste,
01:18:11 mais on pourrait ramener encore une fois
01:18:13 10 personnes par semaine qui sortent de prison en étant innocentés,
01:18:15 et on aurait aussi un NEMOI qui dirait
01:18:17 "mais c'est totalement injuste d'avoir fait un an, deux ans,
01:18:19 trois ans de détention provisoire alors qu'à la fin on est innocentés".
01:18:21 Et donc la tâche des magistrats,
01:18:23 elle est très compliquée parce qu'il y a cet équilibre à trouver,
01:18:25 et c'est pour ça qu'il existe
01:18:27 beaucoup de garde-fous, des garde-fous que sont notamment
01:18:29 les délais maximum, et les garde-fous c'est aussi
01:18:31 le fait qu'un juge n'est jamais seul à décider.
01:18:33 On l'a dit, il y a le parquet, il y a le juge d'instruction,
01:18:35 le juge de liberté, et éventuellement même
01:18:37 la cour d'appel et donc la chambre d'instruction.
01:18:39 Décision collective. Eric Nolot, votre réaction.
01:18:41 Oui mais ça nous ramène quand même à ce que nous disions tout à l'heure.
01:18:44 L'opinion publique ne peut pas comprendre
01:18:46 ce qui est considéré comme une mensuétude
01:18:48 envers des multirécidivistes.
01:18:50 Quand vous avez une liste de délits
01:18:52 et de crimes longs comme le bras,
01:18:54 quand vous voyez qu'en fait, de commettre un délit,
01:18:56 c'est-à-dire de conduire sous l'emprise
01:18:58 de l'alcool ou de stupéfiants,
01:19:00 sert presque d'excuse à ce qui va se passer.
01:19:02 Sur conscience aggravante.
01:19:04 Oui mais on a l'impression que,
01:19:06 c'est l'abolition du discernement aussi,
01:19:08 qu'il y a quelque chose qui fait
01:19:10 qu'on a l'impression que la justice
01:19:12 ne tient absolument pas compte
01:19:14 du ressenti des citoyens.
01:19:16 Ce n'est pas que la justice, c'est Christiane Taubira
01:19:18 qui a décidé avant les récidivistes.
01:19:20 Oui mais je parle d'une idéologie.
01:19:22 Ou les sursis en tout cas,
01:19:24 vous finissiez par les faire.
01:19:26 Là maintenant, on a considéré que chaque fait,
01:19:28 chaque condamnation était traité séparément.
01:19:30 Et ça c'est une volonté du législateur.
01:19:32 Voilà mais je parle bien d'une idéologie.
01:19:34 Et il y a un moment où il faut corriger dans l'autre sens.
01:19:36 Je ne vous demande pas la loi du talion,
01:19:38 je ne vous demande pas une sévérité, je ne vous demande pas qu'on cogne.
01:19:40 500 personnes qui sont dans la prison pour rien en France,
01:19:42 vous voyez que l'exerverse existe aussi.
01:19:44 L'exerverse existe aussi.
01:19:46 Ce n'est pas plus rassurant, c'est pour dire à quel point
01:19:48 l'équilibre est dur à trouver parce que l'exerverse existe.
01:19:50 Dans le cas que nous évoquons, votre argument ne tient pas.
01:19:52 Cet homme ne va pas être innocenté à la fin de tout ça.
01:19:54 Vous comprenez ?
01:19:56 Il y a quelqu'un de 24 ans qui est mort.
01:19:58 Il y a une disproportion.
01:20:00 Encore une fois, moi je ne suis pas un père tape dur.
01:20:02 Quelqu'un a fait une connerie, je crois que c'est l'honneur
01:20:04 d'une société de lui dire
01:20:06 "tu as le droit à une deuxième chance, on va tout faire
01:20:08 pour que tu puisses saisir cette deuxième chance".
01:20:10 Il ne s'agit pas d'être dans le tout carcéral.
01:20:12 Mais à partir d'un certain degré d'endurcissement
01:20:14 chez ces délinquants,
01:20:16 je crois qu'il faut sévir.
01:20:18 Il faut protéger la société, protéger les parents
01:20:20 de la mort d'un être cher, protéger cet être cher
01:20:22 lui-même, nous protéger tous.
01:20:24 On a l'impression qu'on laisse des dangers publics en liberté.
01:20:26 Tout dernier mot, Jean-Sébastien Ferrand.
01:20:28 D'autant que les délinquants ou les criminels
01:20:30 intègrent quand même cette réalité-là.
01:20:32 Quand vous voyez des gens qui menacent de mort,
01:20:34 d'autres, vous savez Magali Berda, cette influenceuse
01:20:36 qui était menacée de mort, il y avait des gens qui l'écrivaient
01:20:38 en toutes lettres, qui disaient "de toute façon, en France,
01:20:40 si je viens te tuer, de toute façon,
01:20:42 je sais que je prendrai 5 ans et que j'en ferai 3"
01:20:44 ou quelque chose de cet ordre-là.
01:20:46 Donc on voit bien que c'est intégré malheureusement par les délinquants
01:20:48 et les criminels, la perspective de l'ONN
01:20:50 qui sont effectivement faibles par rapport à la gravité de l'effet collé.
01:20:52 Allez, il est 18h31, l'heure du rappel des titres de l'actualité sur Europe 1 et sur CNews
01:20:56 avec Adrien Spiteri.
01:20:58 Des bénéfices records à la SNCF en 2022.
01:21:06 Le groupe a enregistré 2,4 milliards de profits.
01:21:10 Au total, le chiffre d'affaires a progressé de 19,3% sur un an.
01:21:15 Ces bénéfices devraient être consacrés à l'investissement
01:21:18 dans les rails, les gares et le matériel roulant.
01:21:22 La fraude fiscale a explosé en 2022.
01:21:25 Le gouvernement va récupérer la somme record de 14,6 milliards d'euros,
01:21:29 annonce du ministre des Comptes publics, Gabriel Attal.
01:21:32 Il s'est exprimé dans les colonnes du Parisien.
01:21:35 C'est 1,2 milliard d'euros de mieux qu'en 2021.
01:21:40 Et puis la Commission européenne interdit TikTok à son personnel.
01:21:44 Elle dit vouloir protéger les données de l'institution.
01:21:47 Le réseau social fait l'objet d'une surveillance croissante des Occidentaux.
01:21:51 Ils craignent que Pékin puisse accéder aux données des utilisateurs à travers le monde.
01:21:56 La mesure a été dénoncée par TikTok.
01:21:59 18h32, merci beaucoup Adrien Spiteri pour ce rappel des titres de l'actualité.
01:22:03 Merci beaucoup, on se retrouve dans un instant dans Punchline,
01:22:06 sur CNews et sur Europe 1. On évoquera l'affaire Pierre Palmade.
01:22:08 Demain, la cour d'appel va se prononcer sur le fait qu'il soit placé ou non en détention.
01:22:12 La famille des victimes de cet accident demande plus de sévérité
01:22:16 à l'encontre de l'acteur. On les entend dans un instant.
01:22:18 A tout de suite dans Punchline.
01:22:20 18h35, on se retrouve en direct dans Punchline, sur CNews et sur Europe 1.
01:22:26 On accueille Roselyne Fèvre. Bonsoir Roselyne.
01:22:28 Bonsoir Nance.
01:22:29 Vous êtes journaliste, chef du service politique à France 24.
01:22:32 Vous avez écrit ce livre "Les battements du cœur du coulibri" aux éditions Litos.
01:22:37 C'est un témoignage sur les addictions, la toxicomanie en l'occurrence de votre fils.
01:22:42 On va y revenir dans un instant, parce que ça a une grande résonance avec l'affaire Pierre Palmade.
01:22:48 Cette addiction prend le dessus sur ces personnalités comme votre fils.
01:22:55 Je ne fais pas de comparaison entre lui et Pierre Palmade.
01:22:57 C'est vraiment le sujet des addictions qui est au cœur de votre livre.
01:23:00 Pierre Palmade, on va y revenir. On est avec le Dr Jean Dorido, psychologue.
01:23:04 On est toujours avec Maitre Slama.
01:23:06 Demain, il y a une décision importante qui va être prise par la cour d'appel,
01:23:08 qui va décider le placement ou non en détention prévisoire de Pierre Palmade.
01:23:13 Les familles des victimes de cet accident terrible de la route ont décidé de prendre la parole ce soir,
01:23:17 pour demander de la sévérité.
01:23:19 Alors évidemment, il y a le débat sur la justice et le fonctionnement de la justice qu'on aura après.
01:23:23 Mais d'abord, on écoute les explications de Jeanne Cancar et on en débat ensuite.
01:23:27 Depuis bientôt deux semaines, Ergine vit avec la peur constante de perdre son petit frère, Youxel.
01:23:33 Le 10 février dernier, le père de famille était au volant de la voiture percutée par Pierre Palmade.
01:23:38 Après six opérations, il est toujours plongé dans le coma.
01:23:42 Épuisé et cerné par des nuits blanches, son frère nous confie ses inquiétudes.
01:23:46 Je suis dévasté. Mon frère est cassé de partout.
01:23:50 Je veux savoir dans quel état il sera à son réveil. On ne sait pas s'il sera handicapé.
01:23:54 Les médecins nous ont aussi dit qu'il y avait un risque que mon frère ne survive pas.
01:23:59 Au moment de l'accident, le fils de Youxel, 6 ans, était à l'arrière du véhicule.
01:24:04 Son cousin, Omer, a pu lui rendre visite à l'hôpital.
01:24:07 Je l'ai vu ce matin, j'ai parlé avec son médecin.
01:24:10 Il m'a dit qu'il pouvait vivre des crises d'épilepsie à cause du choc.
01:24:13 Du coup, ils lui ont mis des médicaments, si ça lui arrive, pour le contrôler.
01:24:18 À part ça, il a 27 coups de suture.
01:24:20 Il peut dire quelques phrases comme "non", "oui" ou des trucs très simples.
01:24:24 Mais il n'arrive pas à ouvrir sa bouche ou parler ou manger comme avant.
01:24:28 Le fils de Youxel réclame aujourd'hui justice.
01:24:30 Et cela doit passer, selon lui, par la détention provisoire.
01:24:33 Peu importe qu'il soit connu ou pas, la vraie justice, c'est qu'il soit en prison.
01:24:38 Pas qu'ils lui mettent un bracelet.
01:24:40 Ça, c'est un cadeau. La vraie prison, c'est pas ça.
01:24:43 Ce vendredi sera examiné l'appel du parquet de Melun pour le placement en détention provisoire de Pierre Palmade.
01:24:49 Alors Jeanne Cancard, vous êtes en direct avec nous. Bonsoir.
01:24:52 Dans quel état se trouve actuellement la jeune femme, la passagère, le conducteur et le petit garçon ?
01:24:59 Et qu'est-ce qu'ils attendent tous de la justice, leur famille en tout cas ?
01:25:02 Écoutez, pour l'état de santé les plus préoccupants, les plus graves,
01:25:05 ça reste évidemment le conducteur de 38 ans qui lui est toujours placé dans le coma.
01:25:09 Son fils, lui, âgé de 6 ans, est sorti du coma, mais il est toujours hospitalisé dans un état aussi grave, préoccupant.
01:25:16 L'état de santé le plus rassurant, c'est pour la belle-sœur, celle qui était à l'avant,
01:25:20 la passagère avant, au moment de l'accident, cette femme qui a perdu le bébé qu'elle portait au moment de l'accident.
01:25:27 On le rappelle, son état de santé physique est rassurant.
01:25:29 Après, évidemment, il y a des séquelles psychiques, des séquelles invisibles,
01:25:33 puisque hier les membres de sa famille nous disaient que psychologiquement, aujourd'hui,
01:25:37 elle ne sait pas, elle ne peut pas dire si elle pourra de nouveau porter la vie, porter un enfant.
01:25:42 Alors ce qu'ils nous ont dit aussi, ce qui nous a beaucoup marqué hier quand on les a interrogés,
01:25:46 quand ils se sont confiés à notre micro, c'est ce qu'ils attendent aujourd'hui de la justice.
01:25:51 Eux, ils n'arrivent pas dans leur esprit à comprendre que la détention provisoire reste finalement l'exception,
01:25:57 beaucoup en France.
01:25:58 Eux, ce qu'ils voudraient, c'est que demain, lors de l'examen de l'appel du parquet de Melun,
01:26:03 la décision soit prise de placer Pierre Palmade en détention provisoire.
01:26:07 On le rappelle, il est seulement sous contrôle judiciaire, même s'il n'est pas libre de ses mouvements.
01:26:12 Il est à l'hôpital au service addictologie.
01:26:14 Cette famille, elle attend beaucoup de la justice.
01:26:16 Et juste quand même pour comprendre aussi un petit peu leur histoire, c'est une famille kurde qui vient de Turquie.
01:26:20 Ils ont fui, donc ils m'ont dit, un pays dans lequel il n'y avait pas de justice.
01:26:24 Et aujourd'hui, c'est une justice en France sur laquelle ils comptent énormément.
01:26:27 Merci beaucoup, Jeanne Cancart, pour ces précisions.
01:26:29 Docteur Dorido, est-ce qu'on peut déterminer, et ça va être tout l'intérêt de cette décision de la cour d'appel,
01:26:36 si l'état de santé de Pierre Palmade permet une détention ?
01:26:40 Ah ben oui, ça c'est quand même le travail précisément de la justice, aidé par des experts psychiatres,
01:26:47 des médecins, des psychologues, pour évaluer la possibilité effectivement d'une incarcération
01:26:57 qui soit compatible avec l'état de santé.
01:26:59 Donc oui, heureusement que ça s'évalue.
01:27:01 Mais on parle de quelqu'un qui est de multiples addictions.
01:27:04 On a parlé de la cocaïne, d'autres drogues.
01:27:08 Est-ce qu'on peut arriver à faire abstraction de cet état-là pour une décision de détention provisoire ?
01:27:14 C'est-à-dire qu'en fait, sans être devin, je n'ai pas rencontré Pierre Palmade.
01:27:20 Maintenant, le danger majeur, ce serait qu'il tente de mettre fin à ses jours.
01:27:26 La prise massive de tous ces produits, ça provoque ce que les toxicomanes appellent des descentes,
01:27:33 qui sont terribles, avec vraiment des états de profonde dépression.
01:27:39 Donc là, il y a un vrai, vrai danger.
01:27:41 Pour autant, on n'est pas à 24, 48 heures maintenant après les faits.
01:27:45 Et puis quand même, les prisons sont censées protéger les prisonniers, y compris d'eux-mêmes.
01:27:50 Ce n'est pas fait pour que la personne se suicide en prison.
01:27:54 Un petit mot de l'avocat Maître Slama avant de passer à la roselle du thème.
01:27:57 Ça donne peut-être l'occasion de dire, même si c'est ce qui est le plus audible aujourd'hui de le dire,
01:28:00 mais ce que vous dites là donne l'occasion de dire qu'en prison, il existe quand même malheureusement
01:28:04 un certain nombre de violences, parfois violences entre détenus, parfois violences contre eux-mêmes
01:28:09 de la part d'un certain nombre d'individus.
01:28:11 Les suicides, on le sait, sont bien plus élevés dans la moyenne des détenus que dans la moyenne nationale.
01:28:16 Donc c'est vrai que ce n'est pas toujours audible de dire ça.
01:28:18 Et il y a des produits. Les toxicomanes accèdent à des produits en prison.
01:28:22 Donc c'est vrai que c'est une réalité aussi qu'il faut dire.
01:28:25 Et à l'hôpital aussi.
01:28:26 Et j'ajoute à ça que 25% à peu près des personnes qui sont en prison sont présumées innocentes.
01:28:30 Donc il y a une réalité de l'incarcération aujourd'hui en France.
01:28:33 La France est d'ailleurs régulièrement condamnée à ce propos.
01:28:36 Bon, voilà, c'est des choses qu'il faut dire.
01:28:38 Et malheureusement, j'espère qu'un fait divers ne nous obligera pas à nous pencher sur cette question.
01:28:41 Mais il y aurait beaucoup à dire sur la question des conditions souvent indignes dans nos prisons.
01:28:45 Roselyne Fèvre, dans ce livre "Les battements de cœur du colibri", vous racontez l'histoire de votre fils
01:28:49 qui a commencé à 19 ans à fumer de façon très conséquente.
01:28:53 Avant un petit peu, oui.
01:28:54 Mais ça s'est accéléré à 19 ans.
01:28:56 Voilà, exactement.
01:28:57 Qu'est-ce qui s'est passé ? Comment est-ce que vous, vous avez découvert les choses ?
01:29:01 En fait, il a commencé à fumer vers 14-15 ans, mais c'était ce qu'on appelle le pétard récréatif.
01:29:08 Mais c'est le pétard justement qui va susciter des envies permanentes.
01:29:15 Et puis vers effectivement 17-18 ans, je remarque qu'il fume beaucoup, qu'il dort beaucoup le week-end.
01:29:23 Donc j'essaye de... Alors évidemment, on essaie de contrôler.
01:29:27 Alors on fouille les poches.
01:29:29 On trouve.
01:29:30 On trouve.
01:29:31 On engueule.
01:29:32 On lui dit "ben non, cette semaine, t'auras pas d'argent de poche", enfin le truc classique,
01:29:36 qui ne marche absolument pas.
01:29:38 Le pam-pam-cu-cu, ça, franchement, c'est totalement inaudible.
01:29:42 Et puis généralement, plus vous contrôlez, plus votre enfant ou le jeune vous échappe.
01:29:50 Et va mentir.
01:29:51 C'est ça.
01:29:52 C'est ce que vous découvrez.
01:29:53 Petit à petit, vous dites que votre fils devient un autre, en fait.
01:29:56 Qu'un étranger, qu'il devient un étranger.
01:29:58 Ah oui, vraiment.
01:29:59 Au bout de quelques années d'ailleurs de cannabis, et puis après il monte en grade.
01:30:07 Alors, les psychiatres expliquent qu'il n'y a pas d'effet escalade,
01:30:10 c'est-à-dire qu'il fume un oeuf, il ne fume pas forcément un bœuf.
01:30:13 Si je peux m'exprimer ainsi.
01:30:14 Mais il est vrai que, moi en tout cas, ça a été pour lui crescendo.
01:30:18 Et la fois de trop, ça a été des champignons hallucinogènes
01:30:22 qu'il avait trouvés sur Internet, qui s'étaient fait livrer.
01:30:25 Et là, il s'est retrouvé chez les policiers, puisqu'il avait disparu, donc on l'a cherché.
01:30:32 Et il était en cellule de dégrisement, il avait déchiré toutes ses affaires.
01:30:36 Après, on est allé à l'hôpital Saint-Anne, et il était, ce qu'on a dit, en BDA.
01:30:42 C'est quoi la BDA ?
01:30:43 C'est la bouffée délirante aiguë.
01:30:46 Et là, première hospitalisation.
01:30:48 Et ce que vous disiez tout à l'heure,
01:30:51 c'est vrai que pour certaines drogues, il y a des médicaments.
01:30:57 Pour ça, il n'y a pas autre chose que des anxiolytiques, des néroleptiques.
01:31:01 Et donc, ils sont complètement shootés, et on les shoot pendant un mois, deux mois.
01:31:07 Et puis après, ça recommence.
01:31:09 C'est-à-dire qu'après, ils sortent de cure, ils vous mentent, ils vous volent pour se préoccuper.
01:31:16 C'est un cercle absolument vicieux.
01:31:18 Absolument vicieux, c'est terrible d'ailleurs.
01:31:20 C'est à la fois, j'ai trouvé cette expression,
01:31:23 mais quand l'aidant, celui qui aide, est à la fois le poison et l'antidote.
01:31:28 C'est-à-dire que le poison, parce qu'on va contrôler et la personne va continuer à vous mentir,
01:31:35 et l'antidote, parce qu'il faut être là, pour éviter d'aller dormir sous les ponts, de faire trop de bêtises.
01:31:42 Et puis lui, ce qu'on appelle l'addict, il est un coup un collabo et un coup un résistant.
01:31:50 Vous voyez, c'est-à-dire qu'il est dans la collaboration avec la drogue,
01:31:54 et à la fois, il résiste comme il peut, mais il y a une souffrance extraordinaire derrière
01:32:01 qui fait que c'est la maladie et c'est compliqué d'arrêter.
01:32:05 Docteur Dorido, on n'arrive pas à prendre en charge complètement ce type de personnalité
01:32:11 qui décroche à un moment sous l'effet des substances ?
01:32:14 C'est-à-dire qu'en France, on est très en retard sur la prise en charge de la toxicomanie.
01:32:19 Les médecins font un métier sensationnel.
01:32:22 Un toxicomane n'a pas besoin de médecin, dans le sens où il n'est pas malade,
01:32:28 au sens organique du terme.
01:32:31 C'est une problématique de la santé mentale, la toxicomanie.
01:32:35 C'est une problématique des sciences du comportement.
01:32:39 C'est une maladie de la rechute, la toxicomanie.
01:32:42 Bien sûr que la prise de produits, ce sont des produits toxiques.
01:32:45 Donc la prise de produits, ça peut finir par rendre la personne malade.
01:32:49 Elle a besoin à ce moment-là, bien sûr, de médecin.
01:32:51 Pour autant, un toxicomane peut avoir besoin de médicaments.
01:32:54 Ça a été très bien dit par Madame, dans l'urgence,
01:32:58 pour pallier les angoisses terribles, les descentes, etc.
01:33:02 Pour autant, il a besoin d'un accompagnement psychologique.
01:33:06 Le toxicomane peut s'en sortir.
01:33:08 Et puis, jusqu'à preuve du contraire, on n'a rien trouvé de mieux
01:33:11 pour aider un toxicomane que d'anciens toxicomanes.
01:33:14 Des personnes qui vont le prendre en charge, qui vont se serrer les coudes,
01:33:18 qui vont lui dire "Viens, on va te sortir de là".
01:33:20 Et là, il se reconnaît, le toxicomane.
01:33:22 Il voit, c'est un espoir, il voit qu'il y a une vie possible,
01:33:25 une vie heureuse, sans produits.
01:33:28 Et c'est vrai que la science en blouse blanche est impuissante.
01:33:32 On fait des centres, des cures, mais bon, ça ne marche pas.
01:33:35 - Roselyne Fever ?
01:33:36 - Ce que vous évoquez, par exemple, c'est ce qu'on appelle les N1,
01:33:38 les narcotiques anonymes, qui est une communauté thérapeutique.
01:33:42 Et c'est ce qu'on appelle la méthode Minnesota.
01:33:44 Elle est basée sur les alcooliques anonymes.
01:33:48 Vous y allez, vous êtes des groupes de parole.
01:33:51 Et ils ont des communautés thérapeutiques
01:33:54 où ils peuvent recevoir des gens, comme à l'hôpital.
01:33:57 Mais ils n'ont pas d'argent, ils tirent déjà par la queue.
01:34:01 Il n'y a pas de moyens et ils font un travail formidable.
01:34:04 - Et ce que vous racontez très bien aussi dans le livre,
01:34:06 c'est que vous heurtez au maquis de la psychiatrie en France.
01:34:08 C'est-à-dire qu'il n'y a pas un médecin qui vous dit la même chose.
01:34:10 Il n'y a pas un hôpital qui vous propose la même thérapeutique.
01:34:13 Et ça, c'est terrible parce que les patients sont perdus,
01:34:16 complètement perdus, et les familles encore plus.
01:34:18 - Oui, c'est-à-dire que vous voyez un médecin qui va vous faire un...
01:34:22 Alors au début, moi, je n'ai pas eu du tout de diagnostic pendant...
01:34:25 - Vous n'avez rien dit ?
01:34:26 - Non, rien. On ne sait pas pour l'instant, il faut attendre.
01:34:28 Et puis après, ça a été de la bipolarité.
01:34:30 Après, ça a été du TDA, trouble de l'hyperactivité et de l'attention.
01:34:36 Après, ça a été schizophrène.
01:34:38 Je me dis, vous êtes sûre ?
01:34:41 Oui, oui, oui. Et puis après, un autre...
01:34:44 Parce que c'était en fonction de là où il était.
01:34:46 Quand il se retrouvait en province, par exemple,
01:34:50 ça revenait à bipolar ou à schizophrène.
01:34:53 Schizophrène, on l'a eu une fois seulement.
01:34:55 Après, ça a été trouble de la personnalité.
01:34:57 Après, ça a été borderline.
01:34:59 J'ai eu droit à tout.
01:35:00 Et puis la liste des médicaments...
01:35:02 - Voilà, qui assomme.
01:35:04 - Qui assomme, mais plus qui assomme.
01:35:05 - Et la drogue dont vous dites qu'elle était présente dans les services de psychiatrie.
01:35:09 Là, j'hallucine complètement. Et on hallucine en lisant votre livre.
01:35:12 - Oui, parce que principe de base, et ça, c'est un invariant.
01:35:15 Partout où il y a des drogués, il y a de la drogue.
01:35:18 Donc, il y a des gens qui se font, sans vergogne,
01:35:23 qui se font hospitaliser en disant qu'ils entendent des voix.
01:35:27 Et là, comme c'est des services pour certains qui sont fermés,
01:35:34 on est fouillés.
01:35:35 Donc, la première fois, ils arrivent sans rien, sauf qu'ils ont des visites.
01:35:38 Et les visiteurs ne sont pas fouillés.
01:35:40 Ils fouillent les sacs quand vous apportez des affaires.
01:35:42 Et là, la drogue circule.
01:35:45 Et il y a un marché sous-jacent avec même...
01:35:50 C'est la cour des miracles.
01:35:52 Certaines femmes, par exemple, couchent avec des hommes pour avoir gratuitement...
01:35:59 - Dans ces services de psychiatrie. - Oui.
01:36:01 - C'est un constat terrible, docteur Dorénaud.
01:36:03 - Non, mais c'est effrayant.
01:36:04 En fait, si j'ose dire, je me réjouis de ne pas être le seul à le dire sur ce plateau.
01:36:10 C'est un fait.
01:36:12 J'ai entendu combien de personnes dans mon cabinet qui m'expliquent ce que vient de me dire Madame.
01:36:17 Il y a des dealers, évidemment, soit dans les centres ou aux abords des centres.
01:36:22 - Il y en a qui font carrément le guet.
01:36:25 Des dealers qui font le guet pour aller attraper l'addict.
01:36:30 - Il y a de la demande.
01:36:31 Donc, il y a de l'ordre.
01:36:32 - Oui, c'est hallucinant que ces gens ne soient pas plus protégés.
01:36:35 - Oui, premièrement, je trouve ça formidable qu'on puisse aussi parler du volet préventif,
01:36:39 dont on ne parle pas forcément suffisamment.
01:36:40 Mais j'ai peut-être une question à vous poser et je m'excuse si elle est indiscrète.
01:36:43 Je ne sais pas si vous y avez été confronté ou pas.
01:36:45 Mais est-ce que vous avez été confronté également au volet répressif qu'il peut y avoir dans ces affaires-là ?
01:36:50 Et est-ce que, du coup, vous avez un avis sur son efficacité ?
01:36:53 - Non.
01:36:54 Ce qu'il y a eu, c'est qu'un jour, il s'est fait comme beaucoup de jeunes.
01:36:57 Il fumait sous un Porsche dans la rue.
01:37:00 Et les policiers de la BAC sont venus.
01:37:03 Ils ont senti l'odeur.
01:37:05 Et ils ont embarqué les deux qui étaient en train de fumer.
01:37:09 Et après, vous avez le coup de fil du commissariat qui vous appelle.
01:37:15 Et puis, il y a ce qu'on appelle un rappel au règlement.
01:37:18 Donc, vous allez au tribunal.
01:37:21 Et là, vous avez une juge qui dit « c'est pas bien ».
01:37:26 Mais là où elle m'avait marqué, c'est qu'elle...
01:37:29 Alors lui, il s'en foutait complètement.
01:37:31 Mais elle nous expliquait que dans les barrettes de chit,
01:37:35 il y avait des bouts de verre,
01:37:37 il y avait des mélanges de goudrons, de pneus.
01:37:41 - De paraffine.
01:37:42 - Voilà, des trucs...
01:37:43 - Extrêmement nocifs.
01:37:44 - Extrêmement nocifs.
01:37:45 Mais franchement, il n'en a pas...
01:37:48 À cet âge-là, vous réfléchissez pas.
01:37:52 Ce que vous cherchez, c'est à être perché.
01:37:54 Vous êtes content d'être perché.
01:37:55 Et vous ne pensez pas aux conséquences.
01:37:59 Vous avez compris quand vous avez fait des hospitalisations longues, difficiles.
01:38:03 Il y a ce qu'on appelle le "craving", l'envie répressive.
01:38:06 - Absolument.
01:38:07 Est-ce qu'on devient un jour en ancien toxicomane ou pas ?
01:38:10 Est-ce qu'on s'en sort ?
01:38:11 - Oui.
01:38:12 Moi, j'en connais.
01:38:13 J'en connais et j'en connais beaucoup.
01:38:15 Ça peut durer longtemps, ça peut être long, très long.
01:38:18 Et on est tous...
01:38:20 - Inégaux.
01:38:21 - Inégaux face à...
01:38:22 Et puis, il y a des gens qui peuvent fumer toute leur vie.
01:38:26 Il ne se passera rien.
01:38:28 La plupart du temps, pour les jeunes...
01:38:30 Enfin, pour les adultes...
01:38:32 - Je vous écoute attentivement.
01:38:33 - Non, non, je ne suis pas en train de...
01:38:34 Voilà, mais...
01:38:35 Ce n'est pas vous qui allez me contredire.
01:38:37 Je crois que le cerveau arrive à maturation à 25 ans.
01:38:41 Donc, si vous fumez tôt 13-14 ans...
01:38:45 - Il y a des dégâts irréversibles.
01:38:46 - Les dégâts sont parfois irréversibles.
01:38:48 - Oui, c'est vrai que je...
01:38:50 J'aimerais rappeler, on ne peut pas ne pas le dire,
01:38:52 que le virus de l'addiction, il est dans le produit.
01:38:56 - D'accord. Il n'est pas dans l'être qu'il consomme.
01:38:58 - Il n'est pas dans la personne.
01:38:59 Je pense qu'il faut sortir de cette espèce de mythe
01:39:03 comme quoi des personnes, justement...
01:39:05 - On choisit la destruction.
01:39:06 - Consomment la vie sans problème, etc.
01:39:08 Ce n'est pas vrai.
01:39:09 Ce n'est pas vrai.
01:39:10 C'est quand même la base de la toxicomanie.
01:39:13 C'est la personne qui vous dit "Mais ne t'inquiète pas, je gère.
01:39:16 Je t'assure, je gère le produit."
01:39:18 Tôt ou tard.
01:39:19 Alors certes, c'est des personnes chez qui ça met beaucoup de temps.
01:39:22 Tôt ou tard, c'est le produit qui décide
01:39:25 et qui commande.
01:39:26 Et quand même, on parlait de prévention avec M. Slaman,
01:39:30 le meilleur vaccin contre la toxicomanie,
01:39:34 c'est de ne pas consommer de produits.
01:39:36 - De ne pas y commencer.
01:39:37 - De ne pas commencer.
01:39:38 Et quand même, la personne aurait commencé,
01:39:40 de vite vite se dépêcher d'arrêter
01:39:41 tant qu'elle a le sentiment, l'illusion de gérer.
01:39:44 On dit "Si tu gères, décroche alors.
01:39:46 N'en prends plus."
01:39:47 Parce que tant qu'il y a une prise de produit,
01:39:49 ça crée le terrain favorable.
01:39:51 Il y a toujours...
01:39:52 Personne n'est à l'abri d'un problème, d'un souci,
01:39:56 d'une peine de cœur, de job, de ce qu'on veut.
01:39:59 Et là, la personne, elle sombre.
01:40:00 Et après, le chemin pour sortir.
01:40:02 Merci.
01:40:03 - Roselyne Febvre, comme vous voyez l'actualité,
01:40:04 là, aujourd'hui, pratiquement, on a parlé de deux affaires
01:40:06 avec conduite sous stupéfiants.
01:40:08 La mort du jeune Antoine Allénaud,
01:40:10 Pierre Palmade qui décime une famille.
01:40:12 Tous les jours, on a des affaires liées à la drogue.
01:40:15 Elle prend une ampleur aujourd'hui dans notre pays
01:40:18 qui est vraiment notable.
01:40:21 - Oui, et c'est pour ça que l'affaire Palmade,
01:40:24 au-delà du drame tragique pour cette famille,
01:40:29 et pour lui aussi, parce que franchement,
01:40:31 personne n'aimerait être à sa place,
01:40:32 d'avoir décimé une famille.
01:40:34 Je ne sais pas comment il se sent,
01:40:35 mais ça doit être tragique.
01:40:37 Eh bien, c'est l'occasion aussi de poser les choses.
01:40:40 Parce que l'État est garant de nos protections.
01:40:43 Et l'État doit nous protéger.
01:40:45 Or, sur la drogue, alors, on a souvent des images,
01:40:48 grosse saisie de drogue, voilà.
01:40:51 Mais concrètement, qu'est-ce qui est fait ?
01:40:54 J'ai l'impression, enfin, c'est pas l'impression,
01:40:56 que la chose est complètement mise sous le tapis.
01:40:58 C'est le sujet tabou par excellence.
01:41:01 Parce que, parce que il faut des moyens,
01:41:04 parce que c'est compliqué,
01:41:06 il y a une société sans drogue, ça ne marche pas.
01:41:09 Et puis surtout, la stigmatisation du drogué.
01:41:12 Et la lecture sociale ou sociétale de la personne qui se drogue,
01:41:16 elle l'a voulu la destruction, c'est bien fait.
01:41:19 Et pour ses parents, pareil, c'est la même peine ?
01:41:22 Les parents, c'est...
01:41:24 Qu'est-ce qu'ils ont raté ? Qu'est-ce qu'ils ont mal fait ?
01:41:26 Oui, qu'est-ce qu'ils ont fait pour que l'enfant se drogue ?
01:41:28 Il y a quelque chose qui s'est passé ?
01:41:30 Vous êtes suspect ?
01:41:31 On est suspect, oui.
01:41:33 Et vous-même, vous dites, mais qu'est-ce que j'ai fait de travers ?
01:41:35 Or, ça peut être, parfois à l'école, du harcèlement.
01:41:39 Moi, je connais des gens...
01:41:41 Mais le plus, et j'y ai fini,
01:41:44 le drame, c'est qu'il n'y a pas de prévention dans les écoles.
01:41:48 Et le policier qui vient avec sa mallette pour dire que c'est pas bien,
01:41:52 ça ne marche pas.
01:41:54 Il faut que ce soit les jeunes.
01:41:56 Il faut que ce soit les jeunes. Parle aux jeunes.
01:41:59 Et alors, je ne sais pas, moi, j'ai réfléchi, dans le fond.
01:42:02 Qu'est-ce qui pourrait marcher ?
01:42:05 Des campagnes, quand Chirac avait fait la campagne pour les accidents de la route,
01:42:09 il en a fait une cause nationale,
01:42:11 les accidents de la route avaient chuté.
01:42:13 Il faut prendre cette cause à bras-le-corps.
01:42:15 Parce que nos enfants sont en train d'être détruits.
01:42:17 Et on ne le sait pas toujours, nous, parents,
01:42:19 quand ils fument à la sortie du lycée, à la sortie du collège, maintenant.
01:42:22 Et les parents sont démunis.
01:42:24 Je fais quoi ? Je vais où ?
01:42:26 Mon fils fume, ma fille fume, je fais quoi ?
01:42:28 - Docteur Dorudo, il y a une réponse simple ?
01:42:31 - Je rejoins vraiment ses propos. La prévention, ça ne marche pas.
01:42:34 - Parce que c'est mal fait.
01:42:36 - Pour l'instant, la prévention, ça ne fonctionne pas.
01:42:40 Il y a aussi une dimension de contrôle social.
01:42:44 Il y a énormément de consommateurs de produits stupéfiants en France,
01:42:48 y compris des adultes.
01:42:50 Si on veut aider un toxicomane à s'en sortir,
01:42:53 la première chose, c'est de ne pas prendre de produits soi-même.
01:42:56 Déjà, on ne peut pas ne pas le rappeler.
01:42:58 Et par ailleurs, c'est vrai que personne n'est à l'abri.
01:43:01 J'aime l'idée d'un grand plan national, d'en faire une cause nationale.
01:43:06 On voit les chiffres. C'est effrayant, l'augmentation de la drogue.
01:43:10 - Merci beaucoup, Docteur Dorudo.
01:43:12 "Roseline Fèvre, les battements de cœur du colibri",
01:43:15 votre livre très touchant.
01:43:17 Merci beaucoup d'avoir participé à Punchline,
01:43:19 ce soir sur CNews et sur Europe 1.
01:43:21 Dans un instant, c'est Christine Kelly qui vous attend
01:43:23 pour "Face à l'info" avec ses invités.
01:43:25 Et c'est Europe 1 soir qui vous attend aussi sur Europe 1.
01:43:28 Bonne soirée à vous sur nos deux antennes.
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