Chaque jour, Romain Desarbres et ses invités font un point complet sur l'actualité.
Retrouvez "Europe 1 Midi" sur : http://www.europe1.fr/emissions/europe-1-midi3
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00 Europe 1 midi.
00:02 Midi 13h, Romain Desarbres.
00:05 Emmanuel Macron a dit ce matin, alors qu'il était en déplacement à Rungis,
00:08 qu'il allait essayer de "faire faire" un petit geste diesel.
00:12 Bon, traduisons, ça veut dire demander à Total de faire un geste sur le prix du litre de diesel.
00:18 On est avec Pierre Chasserey de 40 millions d'automobilistes. Bonjour Pierre !
00:22 Bonjour Romain Desarbres.
00:24 Délégué général de 40 millions d'automobilistes.
00:26 Bon, ce petit geste pour le prix du litre de diesel, vous le réclamez ?
00:31 C'est une évidence. Après, je pense qu'on est dans le lapsus.
00:34 Lorsqu'Emmanuel Macron parle de gestes sur le diesel, est-il en oubli le sans plomb ?
00:39 Bien évidemment, je pense que le geste que demande le président de la République,
00:43 il concerne tous les carburants, du moins je l'espère.
00:45 Sinon, il y a quand même quelque chose qui paraît totalement incohérent.
00:48 Les prix des carburants sont aussi insoutenables que l'on roule au diesel ou à l'essence pour les automobilistes.
00:54 En revanche, sur le côté "il faut que les entreprises prennent leurs responsabilités",
00:58 bon très bien, sauf qu'il faut quand même rappeler que dans les prix des carburants,
01:02 celui qui est le plus grand bénéficiaire et qui finalement ne fait rien, c'est bien l'État.
01:08 En ce moment, pour bien comprendre, sur un prix à 2 euros le litre, à peu près,
01:14 on a 1,10 euros de taxes qui partent à l'État.
01:17 Ah oui ?
01:19 Voilà, 1,10 euros qui partent à l'État.
01:21 Donc on comprend bien dans ce schéma, c'est ce qui fait d'ailleurs la différence avec nos voisins européens,
01:26 que l'on aille en Allemagne, en Espagne, au Portugal, dans tous les pays limitreux,
01:31 on s'aperçoit bien que la France n'est plus compétitive à l'échelle européenne
01:35 puisque nos prix des carburants sont beaucoup trop élevés et qu'il va falloir, quoi qu'il arrive,
01:39 que l'État, et je pense que c'est inéluctable avant la fin du mandat d'Emmanuel Macron,
01:44 il va falloir réviser le système de fiscalité sur les carburants.
01:48 C'est ce qu'a notamment fait l'Espagne, bien avant,
01:51 qui a su anticiper l'augmentation du prix du baril ces dernières années.
01:56 Oui, vous dites que c'est un problème structurel.
01:58 Sur 2 euros qu'on paye à la pompe, le litre, 1,10 euros va à l'État.
02:04 1,10 euros part directement à l'État, donc c'est bien là que se situe le différentiel
02:10 qui fait qu'avec beaucoup de nos voisins européens,
02:12 on a 20 centimes en gros de moyenne de trop par rapport à ce que payent nos voisins européens.
02:17 Je rappelle plus, c'est qu'on est bientôt aux Jeux Olympiques,
02:21 mais la France bénéficie d'une médaille de bronze dont on n'a pas à se glorifier.
02:25 On est entre la 3e et la 5e place européenne des pays qui taxent le plus les carburants.
02:31 Or, le problème, taxer les carburants, c'est enlever du pouvoir roulé.
02:36 Enlever du pouvoir roulé, c'est aussi enlever du pouvoir d'achat.
02:41 Et dans une mécanique comme en ce moment,
02:43 où on est pris dans une mécanique d'inflation et de manque de pouvoir d'achat,
02:48 la bonne solution serait de revoir très vite la fiscalité pour tous,
02:52 et non sur des mesures ciblées.
02:54 On le voit bien, la fameuse aide gouvernementale disponible sur le site du gouvernement
02:58 pour un quart des Français ne fonctionne pas,
03:01 parce que justement, elle n'est pas universelle, elle n'est pas pour tout le monde.
03:05 Le prix du litre de diesel est actuellement en moyenne autour d'1,85 euros.
03:11 C'est moins cher que le sample long.
03:14 Ça reste légèrement moins cher, mais c'est surtout moins cher à l'usage.
03:17 Il faut savoir qu'à motorisation équivalente en termes de puissance,
03:21 une motorisation diesel économise 20% de carburant par rapport à une essence.
03:26 Donc il reste même à tarif équivalent,
03:29 une motorisation diesel reste économiquement plus intéressante tout de même à l'usage
03:33 en termes de coût sur les carburants.
03:35 Pourquoi Emmanuel Macron ne parle que du diesel ?
03:38 Vous pensez que c'est un lapsus ?
03:41 Je l'espère, sinon c'est grave.
03:44 On est sur un schéma actuellement où il fallait ce matin,
03:48 lors du déplacement à Rungis du président de la République,
03:51 surfer sur le mouvement du travail,
03:54 montrer que le président s'occupait de ceux qui travaillent.
03:57 D'ailleurs, ce n'est pas pour rien qu'il assimilait son déplacement aussi
04:00 à beaucoup de messages sur l'explication du système des retraites.
04:05 Pourquoi c'est important la mécanique travail ?
04:07 C'est parce que la voiture, c'est 80% de nos déplacements aujourd'hui en France
04:13 et c'est surtout le premier mode de déplacement des Français en règle générale
04:17 pour se rendre sur leur lieu de travail.
04:19 Il est donc véritablement urgent d'agir parce qu'à plus de 2 euros le litre,
04:23 on est en train d'avoir des conséquences qui sont dramatiques sur le budget des ménages.
04:27 Ce sont des dépenses qui viennent en augmentation par rapport à ce qui n'était pas prévu.
04:32 C'est la pire des inflations, c'est celle qui touche votre mobilité
04:35 et personne n'avait anticipé.
04:37 Pour revenir à ce qui se passait pendant le Covid,
04:39 on est quasiment à une augmentation de près de 80-90 centimes.
04:43 C'est colossal par litre sur le budget des ménages.
04:46 Quand on ramène ça au nombre de litres de carburant que l'on met chaque année,
04:51 c'est plus d'un mois de salaire qui part pour les Français.
04:54 William est avec nous. William, bonjour.
04:57 Bonjour.
04:58 Vous êtes chef d'entreprise en Haute-Loire. Merci d'avoir appelé.
05:02 C'est pas exactement ça.
05:04 Si, si, exactement, monsieur.
05:06 Ah, c'est exactement. Très bien.
05:08 Vous avez appelé le standard Europe 1 midi au 39.21.
05:13 Vous nous dites que l'État ferait bien de s'appliquer à lui-même ce qu'il demande à Total.
05:20 Exactement. Exactement.
05:23 Exactement, en fait. Parce que, si vous voulez, c'est vrai que c'est des entreprises qui font des super profits.
05:28 Certes, il y a de l'argent, entre guillemets, qui coule à flot avec ce marché de l'essence, du gasoil, du pétrole.
05:37 Mais ce qu'il y a, c'est qu'il ne faut pas oublier quand même que l'État prend 64% de taxes sur un litre d'essence.
05:46 Donc, avant de demander aux entreprises de faire des efforts, il faudrait quand même que l'État se regarde.
05:54 Avant d'enlever la petite brindille qu'il y a dans l'œil du voisin, il faut enlever la poutre qu'il y a dans le sien.
05:59 Eh oui, oui.
06:00 Vous voyez ce que je veux dire ?
06:01 L'évangile s'applique également au prix de l'essence.
06:04 Non, mais exactement, monsieur, vous avez raison.
06:07 Et dans tous les domaines, on a une petite structure. On fait des heures pas possibles.
06:12 On se fait taxer de tous les côtés.
06:15 Ça va qu'on est passionné et qu'on a un boulot passionnant, parce que sinon, ça ferait longtemps qu'on aurait jeté l'éponge.
06:22 Vous voyez ce que je veux dire ?
06:23 Je vois tout à fait.
06:24 Par exemple, monsieur, prenez un salarié. Un salarié, par exemple, coûte 80 000 euros à une entreprise, à l'année.
06:34 Moins les charges, il va recevoir au bas mot 40 000 euros.
06:39 D'accord ?
06:40 Oui.
06:41 Donc, quand même, les charges, ça double quand même la somme.
06:46 80 000 euros, le coût d'un salarié pour une entreprise, vous le payez combien, votre salarié, pour qui vous coûte 80 000 euros ?
06:52 Mais c'est un exemple.
06:53 Non, mais vous...
06:54 C'est un exemple.
06:55 Non, mais c'est un exemple.
06:56 C'est un exemple que je vous donne pour que tout le monde, en fait, arrive à comprendre.
06:59 Oui, il y a 50%.
07:00 Voilà, exactement, 50% de charges.
07:03 Après, sur ces 40 000 euros, ça va rentrer en impôts sur le revenu.
07:07 D'accord ?
07:08 Donc, il va y avoir... La personne va donner au bas mot, allez, 25% d'impôts sur le revenu.
07:13 Il ne restera plus que 30 000 euros.
07:15 Vous, vous êtes patron de...
07:17 Et en plus de ça, monsieur, sur les 30 000 euros,
07:21 eh bien, ces salariés-là, quand même, ils en profitent, ils ont des loisirs.
07:25 Donc, ils vont au restaurant, ils vont passer des soirées à consommer, on va dire, avec leurs femmes, avec leurs enfants.
07:35 Et là, l'État est encore là, il prend 20%.
07:37 Avec la TVA.
07:38 Vous êtes patron d'une entreprise, de quel type d'entreprise ?
07:42 Nous, on est dans l'industriel.
07:44 Industriel, d'accord. Vous roulez beaucoup ?
07:46 Voilà.
07:47 Vous roulez beaucoup ?
07:48 Mais bien sûr, on roule énormément, monsieur.
07:50 On roule énormément et en plus de ça, on est, entre guillemets, à la campagne, quoi.
07:55 Donc, si vous voulez, quand vous voulez faire un trajet,
07:57 c'est pas comme en ville où vous prenez le métro.
08:00 Il faut absolument une voiture.
08:04 Vous, à titre personnel, vous parcourez combien de kilomètres par an ?
08:10 En gros, entre 10 et 15 000.
08:13 Entre 10 et 15 000, oui, vous roulez au diesel, bon.
08:16 Non, je roule à l'essence, monsieur.
08:18 À l'essence, à l'essence.
08:20 Je roule à l'essence, oui.
08:22 Bon, écoutez, William...
08:24 Je voulais juste interdire, en fait, parce que je trouve qu'en fait,
08:29 on est en un pays super taxé et voyez la retraite, par exemple, à 64 ans,
08:36 normalement, il y a un trou de 12,5 milliards, d'accord ?
08:42 Les 12,5 milliards, ils seraient vite trouvés.
08:44 Il y a Macron qui a débloqué 400 milliards aux armées, monsieur.
08:48 D'accord ?
08:49 Oui, oui, oui, sur plusieurs années.
08:52 Oui, non, mais d'accord, mais pourquoi il débloque pas un petit peu moins
08:55 et il rend flou les retraites et tout le monde est content ?
08:58 Et tout le monde est content.
08:59 Écoutez, en tout cas, merci beaucoup, William.
09:01 Merci beaucoup de nous avoir appelés de haute Loire,
09:03 chef d'entreprise dans l'industrie, 10 à 15 000 kilomètres par an.
09:08 Pierre Chasseret, encore en direct avec nous ?
09:10 Pierre ?
09:11 Oui.
09:12 Vous avez vu, Total dit, il n'y a pas urgence à répondre positivement
09:18 à la proposition du président de la République.
09:21 Oui, c'est une partie de ping-pong.
09:23 D'un côté, Total, à juste titre, met en avant le fait que l'État
09:28 doit procéder aussi à une baisse de la fiscalité.
09:30 Et puis du côté de l'État, on essaie de renvoyer un maximum la balle
09:33 sur le méchant grand Total qui est incarné aujourd'hui
09:38 en essayant de jeter la responsabilité sur l'entreprise.
09:41 La réalité, c'est qu'à ce jeu-là, c'est bel et bien l'État
09:45 qui encaisse le plus et bien trop.
09:48 C'est bien la différence de fiscalité en France
09:51 qui fait notre différence de tarif à l'échelle européenne.
09:54 Les prix pratiqués par Total, que ce soit en France, en Allemagne
09:57 ou en Espagne, sont les mêmes.
09:59 Donc c'est bel et bien sur le système fiscal qu'il va falloir agir.
10:02 Je pense qu'il me paraît quand même assez probable
10:06 qu'Emmanuel Macron cède à la pression politique
10:09 dans les semaines à venir pour aller vers une réforme totale
10:12 de la fiscalité sur les carburants qui serait plus que bienvenue.
10:15 Regardez Romain Desarbes, ça fait quand même plusieurs années maintenant
10:19 depuis les Gilets jaunes et bien avant que l'on parle de réforme
10:22 des prix des carburants avec des prix qui sont inacceptables.
10:25 C'était même l'étincelle des Gilets jaunes.
10:27 Et on n'a toujours pas avancé.
10:29 On est en 2023, on parle toujours des problèmes de fiscalité.
10:32 Le simple fait d'imaginer des mesures de type chèque carburant ou autre,
10:36 c'est bien la preuve par A+B que le système fiscal apposé
10:40 aux prix des carburants aujourd'hui doit être impérativement modifié.
10:44 Merci beaucoup Pierre Chasseret.
10:46 Merci d'avoir été en direct avec nous dans Europe 1 Medi.
10:49 Il est 12h43, cette information qui tombe à l'instant.
10:52 Moscou exige que les Etats-Unis retirent d'Ukraine
10:55 soldats et équipements de l'OTAN.
10:58 Voilà, on va en parler dans le flash et dans les rendez-vous d'Infosur Europe 1.
11:03 12h44, dans un instant, on sera avec le professeur Noca,
11:06 professeur au service de chirurgie de l'UCHU de Montpellier.
11:09 On va parler de surpoids.
11:11 Un français sur deux est touché par des problèmes de surpoids.
11:14 A tout de suite.
11:15 On va parler de surpoids.
11:17 Un français sur deux est touché par des problèmes de surpoids.