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  • 15/02/2023
Un journaliste d'investigation américain accuse les Etats-Unis d'avoir saboté les gazoducs Nord Stream 1 et 2. Nicolas Meilhan, ingénieur sur les sujets du transport et de l'énergie et Éric Denécé, politologue, sont nos invités.

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##LE_FAIT_DU_JOUR-2023-02-15##

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News
Transcription
00:00 Et bien, révélation explosive, alors évidemment à vérifier, évidemment à contrôler, alors tout de suite on dit non c'est faux, non c'est vrai,
00:07 de Samuel H. Hirsch, très célèbre journaliste américain, 85 ans, prix Pulitzer,
00:13 et qui dit, lui, qui s'appuie sur un certain nombre de sources,
00:17 qui dit que ce sont les plongeurs de l'US Navy, de la marine américaine aidée par la Norvège,
00:22 qui ont posé des explosifs sur ces gazoducs en juin 2022,
00:27 et trois mois après, ils ont été actionnés.
00:32 Alors, Éric Délessay, bonjour.
00:34 - Bonjour. - Bonjour, on vous reçoit toujours avec plaisir,
00:37 vous êtes politologue, vous êtes directeur du Centre français de recherche sur le renseignement.
00:41 Alors après, évidemment, la bombe, entre guillemets, du journaliste Samuel Hirsch,
00:47 est-ce qu'on est plus avancé aujourd'hui ?
00:49 Est-ce que... Que pensez-vous de ces révélations ?
00:52 Et on sait un peu plus sur ce qui s'est passé sur ce fameux sabotage de juin dernier ?
00:58 - Alors, d'abord, je crois qu'il faut rappeler, vous l'avez dit, qu'Éric Samuel Hirsch,
01:02 il ne s'est quasiment jamais trompé par le passé,
01:05 depuis ses premières révélations en 68 sur les massacres au Vietnam,
01:08 jusqu'à son dernier livre qui expliquait la manière dont Sama Ben Laden a été véritablement éliminé,
01:14 qui n'a rien à voir avec le narratif qui avait servi la Maison Blanche.
01:17 Ce n'est pas un homme qui raconte des histoires, bien sûr, tout le monde peut se tromper.
01:22 Et je crois qu'il faut revenir sur le film des événements,
01:25 parce que dès l'invasion russe en Ukraine,
01:29 on a vu les autorités américaines commencer à faire des allusions et des menaces
01:33 sur les pipelines Nord Stream 1 et Nord Stream 2.
01:36 Il y a eu ensuite les sanctions,
01:38 les sanctions qui ont amené à une forme de réduction du débit de gaz à l'attention de l'Allemagne,
01:44 et ça a été rapidement remplacé par du gaz américain.
01:47 On a ensuite, à la date du 26 septembre, le fameux sabotage,
01:50 selon une opération qui est assez précisément décrite par Seymour Hersh
01:56 et qui me semble difficilement inventée.
01:58 On voit très rapidement après cet attentat, les Américains se féliciter
02:02 et essayer d'orienter les soupçons contre la Russie.
02:05 Et puis dans les spètes qui suivent, on voit un certain nombre de bruits qui circulent,
02:08 où on dit "ce sont probablement les Américains",
02:11 parce que si c'était les Russes, bien sûr, tout le monde aurait crié "les Allemands en premier".
02:15 On voit ensuite un second bruit qui dit "ce sont les Américains avec l'aide d'un pays de l'OTAN".
02:20 Oui, avec les Anglais, on a beaucoup parlé des Anglais aussi.
02:22 Voilà.
02:23 Et c'était encore assez trouble et assez peu précis.
02:27 Et puis arrive l'article de Seymour Hersh,
02:29 qui encore une fois est un homme qui a d'excellentes sources
02:31 dans l'appareil de renseignement politique ou dans l'appareil militaire américain,
02:35 qui décrit par le menu, selon lui bien évidemment,
02:38 la manière dont l'opération a été conduite par des plongeurs norvégiens,
02:41 spécialistes de l'intervention sur les plateformes pétrolières en eau très profonde,
02:46 une opération pilotée par les Américains.
02:48 Et je dirais, ceci paraît bien sûr corroboré par une déclaration d'un procureur allemand chargé de l'enquête,
02:54 qui a dit que pour lui, il n'y avait strictement aucune preuve incriminant la Russie.
02:58 Donc à défaut d'avoir bien sûr des preuves absolument...
03:02 Bien sûr.
03:03 Oui, des faits factulaires.
03:06 Il y a quand même de très fortes présomptions, on doit rester prudent.
03:09 Il y a eu effectivement une série de dénégations à la fois de la part de la CIA,
03:13 du porte-parole de la Maison Blanche et des autorités norvégiennes.
03:16 Mais que pouvait-il faire d'autre qu'un démenti ?
03:19 Donc pour l'instant, ils n'ont convaincu personne.
03:22 Et je crois que malheureusement, nous pouvons toujours nous tromper,
03:26 que la description des faits qu'a donnée Seymour Hersh est probablement celle qui est la vérité.
03:31 Alors Éric Dénessé, juste sur ce plan-là,
03:34 évidemment pour le moment, évidemment, c'est une...
03:37 c'est la version de Seymour Hersh qui effectivement n'est pas un perdrot de l'année.
03:42 Ça a été depuis 68, il a fait énormément de révélations, de tous les côtés en tout cas.
03:46 C'est quelqu'un d'indépendant, de profondément indépendant.
03:49 Mais si c'est prouvé, je dis bien si, avec un grand S et un grand I,
03:54 quelles pourraient être les conséquences ?
03:56 D'abord, je pense que ce ne sera jamais prouvé,
03:59 parce que les autorités américaines ne le révéleront jamais.
04:02 Et si un membre de la CIA venait lui-même à dire la même chose,
04:05 il serait probablement victime d'un démenti aussi cinglant.
04:09 Rappelons aussi que Seymour Hersh, à l'âge qu'il a,
04:11 n'a pas de raison de briller et de raconter n'importe quoi,
04:14 et que pour la petite histoire, il est lui-même déjà accusé d'être complotiste sur les réseaux sociaux.
04:19 C'est amusant.
04:21 Qu'est-ce que ça pourrait...
04:23 Je pense que beaucoup de services européens,
04:26 beaucoup d'États-majors politiques européens,
04:29 ont des éléments probablement encore plus probants et peuvent confirmer cela.
04:34 Ce ne sera pas nécessairement accessible pour le grand public,
04:36 mais ça pose un problème majeur.
04:38 C'est que ce sabotage des deux pipelines,
04:41 c'est un véritable acte de guerre en direction des Allemands,
04:46 et cet acte de guerre est commis par leur allié, leur protecteur américain.
04:50 Le protecteur est légendaire, enfin, depuis 1945.
04:53 Oui, absolument.
04:55 Tout à fait.
04:57 Oui ?
04:58 On ne vous entend plus là, Éric Dénessé.
05:01 Prenez votre téléphone.
05:04 Je voudrais poser une question à Nicolas Méhen.
05:07 On est tout aussi ravis de recevoir Nicolas Méhen.
05:10 Vous êtes ingénieur spécialiste sur le sujet du transport et de l'énergie, et pas seulement.
05:14 Mais je voudrais vous parler, au fond,
05:17 qu'est-ce qu'a provoqué ?
05:18 Parce que ça, on en parle, mais au fond, vous dites,
05:20 vous avez tweeté là-dessus, Nicolas Méhen, vous dites,
05:23 "N'oubliez pas que quand on parle des prix d'électricité, etc.,
05:28 n'oubliez pas le rôle qu'a joué le sabotage Nord Stream 2
05:32 dans cette hausse exponentielle."
05:36 Alors, ce n'était pas que le sabotage, c'était le tuyau tout court, en fait.
05:39 Parce que si on prend l'historique, Nord Stream 2,
05:42 il a été décidé la construction en 2018,
05:45 et donc il a été construit en 3 ans et demi, 4 ans,
05:49 et donc il a été terminé en septembre 2021.
05:52 Et donc, M. Poutine, à ce moment-là, voulait bien évidemment le mettre en marche.
05:56 L'activité, oui.
05:57 Il s'est rendu très bien qu'il y avait l'opposition d'un certain nombre d'Européens,
06:00 les Ukrainiens, les Polonais, et aussi, bien évidemment,
06:04 les États-Unis, qui se sont toujours opposés à ce tuyau,
06:07 qui avaient mis en place, d'ailleurs, des sanctions contre ce tuyau,
06:09 qu'ils ont levées 2 mois avant la complétion.
06:12 Je rappelle que les États-Unis, en 1982, ils ont déjà fait sauter un pipeline.
06:15 On n'en parle pas beaucoup, mais pendant l'invasion de la Pologne,
06:18 ils ont fait sauter un pipeline par Vladriyane.
06:22 - Qui renvoyait la Russie à...
06:24 - Un pipeline transsibérien qui devait aller en Europe.
06:27 Ils se sont toujours opposés, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale,
06:29 à ce que l'Europe construise le moindre lien avec la Russie.
06:33 Mais donc, ce qui s'est passé, c'est que M. Poutine, à partir de juin 2021,
06:37 a commencé à réduire les approvisionnements en gaz naturel de l'Europe.
06:40 Et donc, dans ce cas-là, le prix du gaz a commencé à augmenter, doucement.
06:44 - Dès juin 2021.
06:45 - Dès juin 2021, bien sûr.
06:47 L'augmentation, elle date de juin 2021, elle date pas du 24 février 2022.
06:51 Et comme en Europe, notre prix, notre mécanisme de fixation des prix de l'électricité
06:55 fait que c'est un excès de facto sur le gaz naturel,
06:59 le prix de l'électricité français augmente à partir de juin 2021.
07:03 - Bien de le rappeler, oui.
07:05 - Et puis après, on continue.
07:07 Les Allemands disent en octobre à M. Poutine,
07:10 "il va falloir que vous le fassiez certifié".
07:12 Et puis, en novembre ou en décembre, la certification est refusée,
07:16 parce que les Américains et les Ukrainiens ont réussi à convaincre
07:20 les Allemands de ne pas le certifier.
07:22 Et d'ailleurs, quand M. Poutine, en janvier, en février,
07:26 trois jours avant, donc le 21 février,
07:30 il dit "je reconnais l'indépendance des deux républiques,
07:34 de Lugansk et de Donetsk".
07:36 - De Donbass, oui.
07:37 - Quelle est la première réaction de Love Scholes ?
07:39 Il dit dans ce cas-là "plus de Nord Stream 2".
07:42 C'est ça la première phrase qu'il dit.
07:44 Et donc, c'était vraiment au cœur de ce conflit.
07:48 Et là, effectivement, après, le fait qu'il y ait eu ce sabotage,
07:53 moi ce que je disais après l'explosion, c'est que j'étais aux Etats-Unis,
07:56 en 2002, j'avais regardé de très près les attentats du World Trade Center.
08:00 Bon, il ne me venait pas vraiment à l'idée de me dire
08:02 que c'était les Américains qui avaient fait sauter les tours.
08:04 A l'époque, c'était même du complotisme.
08:06 Aujourd'hui, on voit que le complotisme a changé de camp,
08:09 puisque maintenant, ce seraient les Russes qui se seraient
08:12 auto-flagellés sur une infrastructure qui leur a coûté quand même
08:16 un milliard de dollars, soit dit en passant,
08:18 c'était un milliard de dollars pour les Français,
08:20 on leur a prêté un milliard, ils sont perdus, pour Engie.
08:22 Et puis, quand même, des milliards de dollars de recettes,
08:26 qui aient un potentiel, alors que le gaz, c'était la seule énergie
08:29 sur laquelle les Européens n'ont pas mis de sanctions.
08:31 - Oui, c'est ça, il n'y a pas de sanctions sur le gaz.
08:33 - Donc, ce serait la Russie, pour leur rendre service,
08:34 qu'il leur ait fait leur place.
08:35 - Oui, c'est un masochisme un peu spécial.
08:37 Juste un mot, alors aujourd'hui, du point de vue économique,
08:41 ce que nous subissons notamment de cela, c'est quoi exactement ?
08:45 - Aujourd'hui, c'est terrible, puisque vous avez le prix du gaz
08:50 et de l'électricité qui augmente, rien que pour l'industrie,
08:53 les deux énergies, c'est gaz et électricité.
08:55 Donc, on est monté à x10, on est même monté à x20.
08:58 Il faut avoir en tête que l'électricité en France,
09:00 ça coûtait entre 30 et 50 euros du mégawatt-heure,
09:04 on est monté à plus de 1000, donc entre x20 et x30.
09:07 Donc là, on est redescendu, tout le monde est content,
09:09 mais on est redescendu à x3.
09:11 X3, c'est quand même toujours trop pour nos artisans,
09:13 pour nos blangers, pour nos PME.
09:15 Et le vrai problème, c'est qu'au-delà de ça,
09:18 le gaz américain est six fois moins cher que le nôtre.
09:22 Au début de la décennie...
09:23 - Non, non, c'est les Américains qui se sont aujourd'hui enrichis
09:25 avec le gaz de schiste.
09:26 - Alors, j'ai fait un petit calcul, justement,
09:29 pour regarder est-ce qu'ils se sont enrichis.
09:31 Et en fait, depuis le juin 2021, le surplus qu'ils ont gagné,
09:35 avec l'augmentation du prix, c'est 25 milliards de dollars.
09:38 Mais évidemment, ce n'est pas dans la poche de M. Biden,
09:40 c'est dans la poche des producteurs.
09:42 - Vous voulez dire un surplus, un bénéfice de 25 milliards.
09:45 - L'augmentation des prix, c'est 25 milliards de dollars.
09:47 Quel est leur effort de guerre en Ukraine ?
09:49 23.
09:50 23 milliards de dollars.
09:51 - On équilibre.
09:52 - Voilà, c'est pas mal équilibré.
09:53 - C'est intéressant.
09:54 Eric Dénessé, justement, de ce point de vue-là,
09:57 est-ce que tout ça est en train,
10:01 au-delà même de Nord Stream 1 et 2,
10:03 actuellement la situation géopolitique...
10:05 Je ne vous demande pas des prédictions,
10:07 on n'est pas là dans un salon de voyance,
10:09 mais est-ce que ça rebat les cartes, quand même,
10:11 géopolitiquement, autour de tout cela ?
10:14 Autour de Russie-Ukraine et les conséquences du pavé dans les mars ?
10:19 Eric Dénessé ?
10:23 - Oui.
10:24 - Vous avez entendu ma question ou pas ?
10:26 - Oui, oui.
10:27 Je vous dis, ça rebattrait les cartes si nos amis allemands réagissaient.
10:30 Parce que l'acte de guerre dont ils ont été victimes par les Américains
10:34 est une atteinte à leurs intérêts économiques et politiques.
10:38 Et nous n'avons vu pour l'instant ni les politiques, ni les parlementaires,
10:41 ni les médias réagir par rapport à cet acte
10:45 qui est quand même quelque chose de terrible.
10:47 Je dirais qu'il y a un deuxième élément qui est important
10:49 et qui rebat la donne en ce moment.
10:51 Ce sont les récentes révélations qui ont été faites
10:53 par l'ancien Premier ministre israélien Naftali Bennett,
10:56 mais également par l'économiste Jeff Sachs, ou par les Turcs,
11:00 tous ayant participé directement ou indirectement aux médiations
11:04 qui ont été lancées dès le début du conflit en Ukraine.
11:07 Et tous les trois donnant bien sûr des points de vue concordant
11:11 bien qu'ils aient appartenu à différentes périodes de négociations
11:16 et disant que les Américains ont délibérément empêché Zelensky
11:20 de signer un accord avec Moscou,
11:22 parce que leur intérêt était la poursuite de la guerre
11:24 pour essayer d'affaiblir durablement la Russie.
11:27 Donc là on a des preuves éclatantes des interviews de Bennett,
11:30 des témoignages des négociateurs turcs.
11:34 Donc tout ça, plus le temps avance, plus nous amène à prendre conscience
11:38 du jeu machiavélique qui a été celui des Américains
11:42 et malheureusement du président ukrainien
11:44 qui a littéralement sacrifié son peuple dans une guerre
11:46 qui aurait pu être arrêtée, certes de manière très déchavorable
11:49 pour leurs intérêts, au bout de quelques semaines.
11:51 - Oui, et pas de se battre jusqu'au dernier ukrainien,
11:54 on espère que ce ne sera évidemment pas cela.
11:56 Juste un mot précisément, Eric Denissey,
11:59 c'était quand qu'il y a eu cette tentative de négociation holo-hot
12:03 à laquelle d'ailleurs Zelensky était prêt à participer
12:05 et à laquelle selon les Israéliens, les Turcs et effectivement les Allemands
12:09 et quelques économistes américains,
12:12 c'était quand exactement ? Qu'est-ce qui s'est passé ?
12:14 Où les Américains ont dit non, non, et Boris Johnson aussi,
12:17 le Premier ministre anglais de l'époque.
12:18 On dit pas question, vous ne négociez pas.
12:21 - Alors les tentatives de négociation, notamment israélienne,
12:24 ont commencé dès la première semaine du conflit,
12:26 elles se sont poursuivies quasiment jusqu'à la fin mars,
12:29 elles ont été doublées à un moment donné par ce qu'ont fait les Turcs
12:33 à partir du 10 mars et jusqu'au 29-30.
12:37 Et d'après les sources qui ont assisté à ces négociations,
12:42 ils racontent qu'Ukrainien et Russe en étaient à la septième
12:46 ou à la huitième version d'un document qu'ils s'apprêtaient à signer.
12:49 Depuis le 30 mars, il se produit un revirement complet
12:53 et à ce moment-là, les deux parties disent qu'elles ne peuvent plus arriver à un accord.
12:57 Et quand on cherchait à l'expliquer, on voit que Biden arrive à Bruxelles le 23 mars,
13:04 il va au sommet de l'OTAN, l'Union Européenne,
13:06 puis il est en Pologne le 26, il va rencontrer Zelensky
13:10 et on sait maintenant, notamment par Jeffrey Sachs,
13:13 que les Américains ont posé une fin de non-recevoir aux négociations
13:16 qui étaient près d'aboutir, et donc a été prise la décision de poursuivre la guerre.
13:22 - Oui, c'est très... Alors, décision de poursuivre la guerre,
13:25 tout ça, évidemment, on le saura peut-être trop tard,
13:28 j'espère assez quand même à l'avance pour réagir,
13:32 mais justement, Nicolas Mélenchon, tout ça, effectivement, on poursuit la guerre,
13:36 et on en est aujourd'hui, nous sommes le 15 février 2023,
13:41 dans une semaine, ça fera un an, effectivement, exactement, de l'invasion russe.
13:47 Au fond, c'est l'Europe qui paie les pots cassés, l'Europe en général, et la France en particulier ?
13:53 - C'est l'Europe qui finance une guerre qui n'est pas la sienne, mais qui se passe chez elle.
13:58 A la fois, elle finance les Américains en leur achetant du gaz naturel cher,
14:01 elle finance aussi les Russes, avec leur gaz naturel et le pétrole,
14:04 alors parfois leur pétrole, ça passe par l'intermédiaire de l'Inde, ou d'un autre pays.
14:09 - Mais on finance aussi les Russes aujourd'hui, disons-le.
14:11 - Bien sûr, on finance tout le monde, c'est le premier producteur mondial de pétrole,
14:14 et c'est le premier exportateur mondial de gaz,
14:17 donc mécaniquement, on les finance dans une guerre qui nous détruit,
14:21 et les Américains ont réussi à faire ce qu'ils avaient échoué,
14:25 là où ils avaient échoué en 1980, parce qu'à l'époque, quand il y avait le conflit en Pologne,
14:30 moi j'avais un an, donc je m'en souviens mal,
14:32 mais les Européens, il y avait ces discussions d'embargo,
14:36 et les Européens avaient refusé la mise en place de ces embargos.
14:41 Ils avaient refusé, ils avaient dit non aux Américains.
14:43 Donc la seule différence entre aujourd'hui et il y a 40 ans, c'est qu'il y a 40 ans on dit non,
14:46 et là on dit oui avec les bras ouverts.
14:48 - Oui, l'Europe, Eric Deney, ce que dit Nicolas Meillassé,
14:52 on a l'impression que l'Europe, on disait l'Europe, puissance médiatrice,
14:55 l'Europe indépendante, l'Europe qui se construit, etc.
14:58 Là, on a l'impression, comme dit Sandrine Rousseau de son mari,
15:03 l'Europe c'est un homme déconstruit.
15:05 - Oui, totalement. On le voit.
15:08 D'abord, l'Europe classique, et notamment le couple franco-allemand,
15:11 ne joue qu'un rôle secondaire dans cette crise,
15:13 puisque les liaisons se font essentiellement entre Washington, Londres et la Pologne,
15:19 qui est un pays extrêmement belliciste, ce qu'on peut comprendre en raison de son histoire à l'égard de Moscou.
15:24 Mais effectivement, les acteurs majeurs de l'Europe dans ce conflit
15:28 ne sont pas ceux que nous avions l'habitude d'avoir.
15:31 Les Italiens également sont en second rideau.
15:35 Donc il y a eu aussi un complet rebattage du jeu de cartes à l'occasion de cette crise.
15:39 - Est-ce que ça signifie franchement que l'Europe aujourd'hui...
15:43 Je ne dis pas "on ne va pas parler de désintégration", etc.
15:47 mais au fond, on a l'impression que l'Europe est une espèce de guilliver
15:51 complètement empêtrée, complètement enchâssée,
15:54 complètement, j'allais dire, un néologisme mauvais cordélisé.
15:59 Je ne dis pas que c'est la puissance, mais quel rôle joue l'Europe ?
16:03 Est-ce qu'il est en coulisses et il compte les coups en prenant position
16:07 de façon presque irrationnelle ? Je ne sais pas.
16:10 - Oui, de toute façon, on le voit bien. Vladimir Poutine ne veut parler cause américaine
16:14 parce qu'il considère qu'il est effectivement confronté à une guerre russo-américaine.
16:18 Et pour lui, les Européens ne peuvent être que dans le meilleur des cas,
16:21 que des porte-parole et non pas des interlocuteurs fiables.
16:24 On voit qu'il y a un tiraillement dans l'Europe
16:27 entre ceux qui veulent, bien sûr, appuyer les positions américaines,
16:31 les Norvégiens, les Polonais, les Pays Baltes sont dans ce cadre-là,
16:35 et puis ceux qui sont moins enclins à aller humilier la Russie,
16:39 dont la France, l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne.
16:42 Et voilà, ça entraîne à la fois des états d'âme sur l'absence de l'Europe
16:46 et puis des tiraillements entre ces deux camps.
16:49 - Alors, juste un mot, et je pose aussi la question à Nicolas Méhen,
16:53 mais d'abord à vous, Éric Nénessé.
16:55 On ne peut pas aussi, comparaison des paraisons,
16:58 on ne va pas parler de Sarajevo, qui a déclenché la première guerre mondiale,
17:02 mais est-ce qu'il peut y avoir un dérapage à l'heure nucléaire ?
17:06 On a l'impression que le bruit de bottes,
17:09 "moi je suis plus fort que toi", le bras de fer, etc.
17:12 Alors, il y a le côté théâtre, le côté comédie, le côté théâtralisation,
17:16 mais quand même, quand on voit les fusées nucléaires et l'armement,
17:21 est-ce qu'on peut se poser quand même quelques questions ?
17:24 - Oui, c'est une question centrale.
17:26 Je ne pense pas personnellement qu'on ira jusque-là,
17:29 parce qu'il y aura suffisamment des deux côtés d'acteurs rationnels
17:32 pour éviter un débordement.
17:34 Quand je parle d'acteurs rationnels,
17:36 je ne pense pas au président Biden et son équipe,
17:38 mais je pense au Pentagone et à ceux qui peuvent être plus mesurés sur ce conflit,
17:45 parce que personne n'y aurait intérêt.
17:47 Mais le parallèle avec les événements en ex-Yougoslavie est très intéressant,
17:51 puisque, souvenons-nous que l'Union européenne
17:54 avait bien sûr totalement appuyé l'indépendance de la Slovénie et de la Croatie,
17:59 et qu'elle ne reconnaît pas les mêmes droits aujourd'hui à la Crimée ou au Donbass,
18:03 et puis qu'on voit les mêmes pratiques de désinformation
18:06 où les serbes ont été victimes pendant toute cette guerre
18:09 d'un véritable matraquage médiatique
18:11 dont on s'est aperçu après qu'il était à la fois faux ou démesuré,
18:15 et je pense qu'on vit la même chose sur l'Ukraine aujourd'hui.
18:17 - Et alors Nicolas Méhen, nous,
18:19 enfin, on a dit que l'Europe payait et vous l'avez montré,
18:24 mais, Quid, on va continuer comme ça,
18:27 c'est-à-dire qu'on va attendre, effectivement, de l'extérieur,
18:30 de voir ce qui se passe, et nous on est quoi ?
18:32 L'objet de ça, on est le jouet de cela ?
18:35 - Moi je le dis depuis début mai,
18:38 j'attends le réveil des Allemands, il est lent, il est très doux,
18:42 le plus gros réveil actuellement c'est il y a trois jours,
18:44 les enquêteurs allemands qui affirment qu'il n'y avait pas de preuves,
18:47 que ce soit les Russes, donc on en est là.
18:49 - Pour le sabotage du stream.
18:51 - Parce qu'il faut quand même avoir en tête que l'Europe c'est l'Allemagne,
18:53 l'Allemagne c'est l'industrie allemande, plus l'industrie allemande plus l'Europe.
18:56 Donc ça c'est quand même la route vers laquelle on se dirige,
18:59 parce que sans énergie bon marché, sans gaz, sans extrait de bon marché,
19:03 il n'y a pas d'industrie.
19:04 Alors nous en France on a un petit peu d'avance,
19:06 puisqu'il n'y en a presque plus, moins de 10% du PIB, c'est d'ailleurs un drame,
19:10 mais pour les Allemands c'est très compliqué,
19:12 donc je pensais qu'ils allaient se réveiller un peu plus vite,
19:15 là peut-être que la sortie de ce journaliste américain va accélérer un petit peu le tempo,
19:20 mais ce qui est sûr c'est qu'au-delà du conflit nucléaire et du risque,
19:24 sur lequel je ne vais pas commenter parce que ce n'est pas mon domaine d'expertise,
19:27 ce qui est sûr c'est qu'au niveau économique, pour l'Europe, ça va être catastrophique.
19:31 Et quoi qu'on en dise le gouvernement, là on parle beaucoup des retraites,
19:34 mais les boulangers, les industriels, continuent à payer 3, 4 fois plus cher leur énergie,
19:38 et rien n'est fait.
19:39 - Eh oui.
19:40 Merci beaucoup, merci à vous deux, merci Eric Deneyce,
19:43 merci à Nicolas Méhan, je crois que voilà, on a un peu éclairé,
19:47 on a amené les projecteurs, et franchement,
19:51 on aimerait quand même que nos responsables, les princes qui nous gouvernent,
19:55 quels qu'ils soient, de droite, de gauche, du centre,
19:58 s'occupent un peu moins de s'insulter de la manière la plus triviale qu'ils soient,
20:04 et un peu plus de nos intérêts, ce serait pas mal.

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