La parole aux Français du 30/01/2023

  • l’année dernière
L'actualité vue par les témoins du quotidien, présenté par Clélie Mathias dans #LaParoleAuxFrancais

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00:00:00 -Bonjour à tous.
00:00:01 Il est 14h. Bienvenue sur CNews et la parole aux Français
00:00:04 avec, au sommaire, les problèmes de harcèlement à l'école.
00:00:07 On parlera également de la réforme des retraites
00:00:10 avant la manifestation de demain et les grèves.
00:00:13 Les retraites et la pénibilité, c'est notre focus.
00:00:15 Et la lutte contre les violences faites aux femmes.
00:00:18 Avant cela, le journal de 14h. Simon Guillain.
00:00:21 -Bonjour, Clélié.
00:00:22 Bonjour à tous.
00:00:23 Trois semaines après le suicide de Lucas,
00:00:26 sa mère est sortie du silence.
00:00:28 Elle est exprimée pour la première fois devant les caméras.
00:00:31 On va aller sur place retrouver Jeanne Cancard et Fabrice Elsner.
00:00:34 Vous avez suivi cette conférence de presse de la mère de Lucas.
00:00:38 Elle a notamment pointé du doigt l'établissement scolaire
00:00:41 de son fils.
00:00:42 -Une prise de parole pleine d'émotion
00:00:46 au cours de laquelle elle a pointé du doigt
00:00:48 la responsabilité de l'établissement scolaire
00:00:51 de son fils face au harcèlement de Lucas.
00:00:54 Ils auraient dû nous a-t-elle confié lors de cette conférence ?
00:00:57 -Lors de cette première prise de parole face aux caméras,
00:01:00 la maman de Lucas, qui appelle aussi au calme et à la sérénité,
00:01:04 nous a dit qu'elle voulait que justice soit rendue,
00:01:07 mais ça reste des enfants.
00:01:08 Les harcèleurs de son fils sont de 13 ans,
00:01:11 deux garçons, deux filles,
00:01:12 qui seront jugés au cours du printemps prochain.
00:01:15 Lors de cette prise de parole, il y a eu un moment assez fort.
00:01:19 Elle a tendu la main au harcèleur de son fils
00:01:21 puisqu'elle a dit qu'elle ne voulait pas
00:01:23 que la mort de Lucas soit vaine.
00:01:25 Je pense qu'un jour, dans mon combat contre l'homophobie
00:01:28 et le harcèlement scolaire, les harcèleurs de Lucas
00:01:32 pourront m'aider à intervenir lors d'interventions
00:01:35 dans les établissements scolaires pour que plus jamais
00:01:38 une telle tragédie ne se produise.
00:01:40 -Claélie Mathias reviendra sur le harcèlement à l'école
00:01:43 dans son débat.
00:01:44 Dans le reste de l'actualité, Elisabeth Borne a présenté
00:01:47 un plan contre le racisme, l'antisémitisme
00:01:50 et les discriminations, avec comme objectif de lutter
00:01:53 contre la discrimination à l'embauche.
00:01:55 La Première ministre souhaite un renforcement
00:01:58 de la formation des enseignants et des agents de la fonction publique
00:02:02 ou un pass culture étendu à tous les lieux de mémoire.
00:02:05 En marge de la manifestation de demain
00:02:07 contre la réforme des retraites, Gérald Darmanin annonce
00:02:10 11 000 policiers et gendarmes mobilisés dans toute la France.
00:02:14 Il seront 4000 dans la capitale.
00:02:16 Le ministre de l'Intérieur s'était ce matin à Marseille.
00:02:19 -Il y a demain 11 000 policiers et gendarmes mobilisés
00:02:22 et 4000 rien que pour Paris.
00:02:24 Ces 1000 policiers et gendarmes supplémentaires
00:02:27 par rapport à la journée de manifestation
00:02:29 de la semaine dernière, il est évident
00:02:31 que ceux qui s'en prendraient aux policiers et aux gendarmes,
00:02:35 aux autres manifestants, aux biens, seront interpellés,
00:02:39 mais je veux constater que les organisations syndicales
00:02:42 avec lesquelles nous avons d'excellents rapports
00:02:45 de sécurité jouent parfaitement le jeu.
00:02:48 -A la veille de cette mobilisation contre la réforme des retraites,
00:02:51 le texte est débattu depuis ce matin
00:02:53 en commission à l'Assemblée nationale.
00:02:56 7 000 amendements ont été déposés, dont 6 000 par la NUPES.
00:02:59 A Paris, un barbier du 15e arrondissement
00:03:02 a été attaqué vendredi dans son salon.
00:03:04 Des individus ont tenté de lui voler sa montre,
00:03:07 mais les auteurs du braquage ont pu être arrêtés
00:03:10 en flagrant délit par la police grâce à un appel des voisins.
00:03:13 La victime, sous le choc, a accepté de témoigner pour C News.
00:03:17 -Le cauchemar de ce barbier n'aura duré que quelques secondes.
00:03:20 Un braquage d'une hyperviolence, pour une fausse montre de luxe,
00:03:24 le gérant de ce salon n'en revient toujours pas.
00:03:27 -Il m'a posé sur un café, parce qu'il y a la toilette dedans.
00:03:30 Il m'a demandé directement de me donner sa montre.
00:03:33 Je ne l'ai pas donné à la base.
00:03:36 Après, il m'a vraiment tranglé derrière.
00:03:40 Après, j'ai pensé sur moi,
00:03:42 il y a un coton, je sais pas quoi dedans, sur lui.
00:03:45 Après, je lui ai donné la montre.
00:03:49 Après, les flics, heureusement, ils sont rentrés.
00:03:52 D'un coup.
00:03:53 -Et ce, grâce à la vigilance de plusieurs voisins,
00:03:56 dont celui à l'origine de cette vidéo.
00:03:58 Les policiers, prêts à intervenir, ont très vite maîtrisé
00:04:02 et arrêté les trois individus pris en flagrant délit.
00:04:04 -Trois jeunes qui ont essayé de pénétrer
00:04:07 dans un immeuble du 15e arrondissement.
00:04:09 Les voisins ont vu le mouvement qui a été provoqué.
00:04:12 Ils ont réagi tout de suite, très vite, et à raison.
00:04:15 Ils ont appelé le 17.
00:04:16 Les policiers ont pu intervenir, faire fuir ces jeunes-là
00:04:20 et ensuite les prendre en filature.
00:04:21 -Dans ce quartier, décrit comme calme et paisible,
00:04:24 les habitants craignent de voir s'installer la violence.
00:04:27 En 2022, les vols de montres de luxe
00:04:30 sont augmentés de 31 % en un an.
00:04:32 -Et enfin, le Royaume-Uni facilite l'expulsion
00:04:35 des délinquants étrangers.
00:04:37 Le gouvernement britannique a pris de nouvelles mesures ce lundi.
00:04:40 A partir d'aujourd'hui, se présenter comme victime
00:04:43 d'esclavage moderne sera plus suffisant
00:04:45 pour obtenir une protection.
00:04:47 Les précisions sur place de notre correspondante.
00:04:50 -Face à la saturation du système d'asile britannique,
00:04:53 le gouvernement conservateur de Rishi Sunak
00:04:55 l'avait annoncé de nouvelles mesures
00:04:57 pour lutter plus efficacement contre l'immigration clandestine.
00:05:01 La 1re de ces mesures a été annoncée.
00:05:03 Elle concerne les délinquants étrangers.
00:05:05 Jusqu'ici, un délinquant étranger
00:05:07 qui se trouvait en situation irrégulière
00:05:10 sur le territoire britannique
00:05:11 pouvait voir sa procédure d'exclusion du territoire
00:05:15 suspendue s'il disait être victime d'esclavage moderne.
00:05:18 En attendant qu'une enquête plus poussée ne soit menée,
00:05:21 les agents gouvernementaux qui vont traiter ces dossiers
00:05:24 vont devoir avoir à leur disposition
00:05:26 des preuves objectives, des preuves tangibles
00:05:29 que ces personnes sont victimes d'esclavage moderne.
00:05:32 Ils ne devront plus se baser uniquement sur des suspicions.
00:05:35 Cette mesure concerne les délinquants étrangers
00:05:38 condamnés à 12 mois de prison ou plus
00:05:40 pour des crimes, des délits, des agressions sexuelles
00:05:43 ou tout délinquant étranger qui mettrait en péril
00:05:45 la sécurité nationale au Royaume-Uni.
00:05:48 -Voilà pour ce tour de l'actualité.
00:05:50 On va maintenant voir la parole au français.
00:05:52 -Merci beaucoup, Simon. On se retrouve à 15h.
00:05:55 Mes invités, Philippe Guibert, bonjour.
00:05:57 -Bonjour, Cléli. -Soyez le bienvenu.
00:05:59 -Merci. -Bonjour, Yvan Rioufol.
00:06:01 -Bonjour, Cléli. -On va commencer,
00:06:03 comme Simon l'a dit, par le problème du harcèlement scolaire.
00:06:07 Souvenez-vous, Lucas, le 7 janvier, qui s'est pendu,
00:06:10 qui se fut suicidé à la suite, c'est ce que disent ses proches,
00:06:13 après avoir été harcelé en raison de son homosexualité.
00:06:16 On l'a appris, 4 mineurs de 13 ans vont être jugés
00:06:20 par harcèlement scolaire ayant entraîné le suicide.
00:06:23 Vous avez pu entendre les mots de la mère de Lucas.
00:06:25 Nous sommes en ligne avec Elian Potier. Bonjour.
00:06:28 Bonjour, Elian. Vous m'entendez ?
00:06:34 -Oui, j'entends. -Bonjour. On vous voit.
00:06:36 Vous avez 20 ans, vous venez de Gagny,
00:06:39 vous étiez à l'école au Rincy,
00:06:41 et vous aussi, vous avez été victime de harcèlement.
00:06:44 Pouvez-vous nous raconter ?
00:06:46 -Moi, c'est à peu près il y a 4-5 ans,
00:06:48 en 3e prépa professionnel,
00:06:50 j'ai dû quitter mon établissement
00:06:52 parce que je subissais des insultes, des remarques,
00:06:55 des moqueries tout au long de l'année.
00:06:58 Donc c'était en cours, en classe,
00:07:00 dans la cour de récréation, à la cantine,
00:07:03 devant les professeurs.
00:07:05 J'ai dû quitter cet établissement pour ma propre sécurité
00:07:08 parce que ça devenait dangereux d'être, pour moi, dans cette école.
00:07:13 -Vous vous en êtes relevé, vous allez nous expliquer comment,
00:07:18 et vous êtes devenu président fondateur
00:07:19 de l'association Urgence Harcèlement.
00:07:21 Comment vous vous en êtes sorti ?
00:07:23 C'est justement le fait d'être parti de cet établissement ?
00:07:26 -Alors, parti, j'avais tout simplement pas le choix.
00:07:29 C'est-à-dire que c'était soit je restais
00:07:32 dans mon ancien établissement
00:07:34 et je risquais d'avoir des problèmes plus graves,
00:07:40 soit je me mettais en sécurité,
00:07:42 et c'est d'ailleurs ce que mon médecin m'a demandé de faire,
00:07:45 de trouver une autre école pour me mettre en sécurité
00:07:48 et continuer ma scolarité.
00:07:50 Aujourd'hui, oui, les circonstances ont fait que...
00:07:55 J'ai...
00:07:57 Enfin, on va dire que c'est un médicament
00:08:00 de faire des interventions aujourd'hui
00:08:02 et de m'être relevé comme aujourd'hui.
00:08:06 C'est à la fois de l'injustice,
00:08:08 et c'est pour ça que j'ai décidé de faire ces interventions
00:08:12 et de me relever de cette manière
00:08:15 pour prévenir, sensibiliser les jeunes contre le harcèlement à l'école.
00:08:19 -Votre harcèlement aura duré combien de temps ?
00:08:23 -Alors, moi, mon harcèlement aura duré un an,
00:08:25 puisque j'ai voulu...
00:08:27 J'en avais pas parlé au début.
00:08:30 J'en ai parlé à mes parents qu'au mois de mai,
00:08:32 donc de septembre à mai.
00:08:34 -Ah oui, c'est long, quand même.
00:08:36 On parle souvent de la violence des coups physiques,
00:08:39 mais est-ce que vous pensez qu'on sous-estime la violence des mots,
00:08:42 des moqueries, des insultes que vous avez pu avoir ?
00:08:44 -Les mots peuvent être beaucoup plus violents que les coups.
00:08:48 Psychologiquement, c'est des traces qui restent à vie.
00:08:52 Enfin, je veux dire, c'est difficile pour un jeune de 13 ans
00:08:57 de pouvoir se prendre des remarques toute la journée,
00:08:59 toutes les heures, et des insultes,
00:09:02 de pouvoir les subir et sans rien faire.
00:09:04 C'est à vie qu'on les retient, ces insultes.
00:09:09 -Il y a ce qui se passe à l'école,
00:09:11 il y a aussi ce qui se passe sur les réseaux sociaux.
00:09:12 Vous aussi, vous en avez été victime, sur les réseaux sociaux ?
00:09:15 -Alors oui, j'en ai été victime.
00:09:18 Alors, j'en ai été victime,
00:09:20 je dirais pas, ça n'a pas été 100 % de mon harcèlement,
00:09:23 ça a été un petit bout,
00:09:25 suffisamment pour que ça m'ait heurté.
00:09:30 C'est encore un autre problème,
00:09:31 parce qu'on sait que les réseaux sociaux,
00:09:32 aujourd'hui, c'est totalement compliqué,
00:09:34 on n'a pas la main dessus,
00:09:35 et ça dépasse les niveaux de l'école, quoi.
00:09:40 C'est des plateformes où on n'a pas du tout la main,
00:09:42 et on ne peut pas du tout intervenir là-dessus.
00:09:45 -J'imagine que vous avez vu et vous avez entendu
00:09:48 la mère de Lucas, ce petit 13 ans qui s'est suicidé début janvier.
00:09:53 Est-ce que vous pensez que l'affaire Lucas
00:09:54 va être un tournant dans ces affaires d'harcèlement scolaire ?
00:09:59 -Moi, ce que j'ai à dire, c'est que c'est dommage
00:10:00 que ce soit, après ce genre d'intervention,
00:10:04 que ça soit un tournant.
00:10:07 Évidemment que maintenant, j'espère qu'on pourra,
00:10:12 à cause de cette tragique expérience,
00:10:16 mettre des choses en place,
00:10:17 au-delà des choses qui sont déjà mises en place.
00:10:19 Je pense qu'il y a encore beaucoup à faire,
00:10:21 et aider les établissements à faire des interventions,
00:10:26 aider le ministère à faire de la prévention.
00:10:30 Il faut continuer à faire de la prévention,
00:10:32 il faut donner encore plus de moyens aux établissements
00:10:37 de faire de la prévention.
00:10:39 Dans tous les établissements,
00:10:40 100 % des établissements doivent faire de la prévention.
00:10:43 Ça doit être une obligation.
00:10:45 C'est d'ailleurs une obligation... -Mais c'est déjà le cas.
00:10:47 C'est ce que je dis, il y a un programme, le programme Phare,
00:10:49 qui a été mis en place, justement,
00:10:50 pour qu'il y ait des sensibilisations, des préventions.
00:10:53 Il n'est pas appliqué ?
00:10:55 -Il est normalement censé être appliqué, oui.
00:10:57 Après, voilà, il faut que tout le monde suive derrière.
00:11:03 -Je voudrais que vous écoutiez la maman de ce jeune Lucas.
00:11:07 C'est cette mère qui pointe du doigt aussi
00:11:08 la responsabilité de l'école. Écoutez-la.
00:11:11 -Hm-hm.
00:11:12 -Il faut des personnes formées dans chaque établissement.
00:11:15 Il en faut un minimum, il faut...
00:11:17 Il en faut vraiment partout, en fait.
00:11:19 Il faut vraiment qu'on se penche dessus
00:11:21 et que les choses soient faites correctement
00:11:24 pour pouvoir tous les aider.
00:11:26 Parce que c'est mon fils,
00:11:28 et c'est des milliers d'autres encore.
00:11:30 Un être humain, c'est un être humain.
00:11:32 Ils n'ont pas le droit de dénigrer comme ça.
00:11:34 Il faut leur apprendre l'acceptation de tout.
00:11:37 Il faut que ça rentre vraiment dans les têtes des gens,
00:11:41 que tout le monde est libre, en fait.
00:11:43 Que ça soit...
00:11:44 Peu importe qui on est, comment on est,
00:11:47 il faut que tout le monde l'accepte.
00:11:49 Parce que c'était un...
00:11:50 un super petit garçon, en fait.
00:11:54 Et voilà...
00:11:55 Il vit à travers cet hommage, il vit à travers nous,
00:12:00 et voilà, je veux pas qu'on l'oublie.
00:12:04 Elle veut pas qu'on l'oublie, évidemment,
00:12:06 mais elle veut que ça serve d'exemple.
00:12:08 En France, je crois qu'il y a un million d'enfants,
00:12:11 un élève sur dix, qui seraient concernés
00:12:13 par le harcèlement scolaire.
00:12:15 Je rappelle que 4 mineurs de 13 ans,
00:12:17 qui ont à peu près l'âge de Lucas, vont être jugés.
00:12:19 Écoutez la mère de Lucas.
00:12:21 Ça reste des enfants.
00:12:24 Il faut juste...
00:12:27 Je veux qu'ils réagissent à ce qu'ils ont fait.
00:12:30 Je leur veux pas de mal, je veux pas qu'ils...
00:12:33 Voilà, ça reste des enfants.
00:12:35 C'est...
00:12:37 Ils ont peut-être pas vu ça comme du mal,
00:12:39 mais c'était récurrent, donc...
00:12:42 Juste qu'ils mesurent leur parole à chaque fois qu'ils parlent à quelqu'un.
00:12:47 Mais c'est des enfants.
00:12:48 -Philippe Guilbert, ça reste des enfants,
00:12:51 mais il faut qu'ils soient responsables de leurs actes,
00:12:54 qu'ils en prennent conscience.
00:12:56 -Oui, absolument, elle a raison, il faut les responsabiliser.
00:12:59 Le harcèlement, même quand il n'a pas la...
00:13:02 Fin tragique de cette affaire,
00:13:04 est un traumatisme que l'enfant, puis l'adolescent,
00:13:08 puis parfois l'adulte,
00:13:09 traînent pendant de très longues années.
00:13:12 Et...
00:13:13 Élian parlait de prévention.
00:13:16 -Il est toujours en ligne avec nous.
00:13:20 -La maman de cette victime nous parlait de formation des maîtres.
00:13:24 Une des difficultés, c'était une question que je voulais vous poser,
00:13:28 c'est...
00:13:29 Vous l'avez raconté vous-même à propos de votre propre harcèlement,
00:13:33 c'est qu'en fait, les enfants tardent à en parler,
00:13:36 que ce soit à leurs parents,
00:13:37 ou que ce soit à des professeurs ou au personnel de l'école.
00:13:42 Est-ce que c'est pas là une des grandes difficultés
00:13:44 pour cette prévention ?
00:13:46 Dans la mesure où les enfants qui en sont victimes
00:13:49 finissent par intégrer ça comme une honte,
00:13:52 n'osent pas en parler,
00:13:54 et les conséquences peuvent être d'autant plus dramatiques.
00:13:57 -Parce que ça dure dans le temps.
00:13:59 -Et que c'est d'autant plus traumatique.
00:14:01 -Élian, comment faire pour que la parole se libère plus rapidement ?
00:14:08 -Alors, il faut évidemment continuer à parler du 30-20,
00:14:14 des moyens qui sont mis en place pour lutter contre le harcèlement.
00:14:18 Donc le 30-20, qui est mis à disposition pour les victimes,
00:14:21 mais aussi pour les témoins, donner des solutions,
00:14:23 mais aussi aider les victimes.
00:14:25 Je pense aussi, en plus du programme phare à des interventions,
00:14:29 d'associations, je pense aussi, évidemment,
00:14:33 à la prise de conscience de chacun.
00:14:35 Quand on est professeur et qu'on est face à une situation de harcèlement,
00:14:38 même si c'est des chamailleries, il faut s'en préoccuper,
00:14:40 parce que derrière, il y a peut-être bien plus.
00:14:42 Voilà, je pense à plein de petites choses,
00:14:45 notamment la prise de conscience,
00:14:47 parce que je pense que c'est le plus important
00:14:48 et ne rien sous-estimer.
00:14:50 -Oui, évidemment. Yvan Rioufolle, en plateau.
00:14:52 -Vous nous avez expliqué que vous avez dû changer d'établissement
00:14:55 pour, en fait, assurer votre propre sécurité.
00:14:59 Vous avez dit que vous aviez été mis en danger,
00:15:01 ce qui paraît totalement avérissant.
00:15:03 J'aurais voulu d'abord savoir
00:15:04 quel était cet état de danger permanent que vous subissiez.
00:15:08 Et j'aurais voulu savoir,
00:15:09 outre le profil de vos agresseurs, le nombre de vos agresseurs,
00:15:13 quelle était, en fait, la réaction de l'établissement.
00:15:15 Si vous avez changé d'établissement,
00:15:17 c'est donc que cette école-là, visiblement,
00:15:20 était passive vis-à-vis de ce que vous subissiez,
00:15:22 que vous avez choisi une autre école.
00:15:23 Quelle était cette école ? Quelle autre école avez-vous choisie ?
00:15:27 -Alors, c'est une école qui a été mise au courant de la situation...
00:15:32 Enfin, ils ont dit être au courant de la situation
00:15:34 à partir du mois de mai.
00:15:36 Or, les remarques, les insultes et les moqueries
00:15:38 que je subissais tous les jours
00:15:40 étaient au vu des professeurs, des surveillants...
00:15:42 -Oui, et qui ne disaient rien.
00:15:46 -Qui ne disaient rien, ou alors, sinon, juste,
00:15:48 "Chut, maintenant, taisez-vous."
00:15:49 Mais du coup, qui ne disaient rien, dans la finalité.
00:15:52 Il y a eu des choses qui ont été mises en place au mois de mai.
00:15:56 Je vous donne un exemple, c'était de me donner la possibilité
00:15:59 d'aller dans les toilettes des filles
00:16:00 pour ne pas être agressé dans les toilettes des garçons.
00:16:03 Enfin, c'est totalement...
00:16:05 Je ne sais pas quand, maintenant, quand on y parle,
00:16:07 mais par mesure d'urgence, ça pouvait m'aider.
00:16:10 Or, un exemple tout bête,
00:16:12 c'est que le proviseur n'était pas au courant
00:16:14 de la mesure que les CPE ou les surveillants m'avaient donnée.
00:16:19 C'est-à-dire que moi, par la suite,
00:16:21 je me faisais disputer parce que j'allais dans les toilettes des filles.
00:16:24 Donc, c'était ça, plus d'autres remarques.
00:16:26 "Si tu n'avais pas parlé de ta vie privée, on n'en serait pas là."
00:16:28 Les mots qui viennent d'un proviseur à un enfant de 15-16 ans.
00:16:33 Je vous assure que ça fait bizarre et qu'on se remet en question,
00:16:37 qu'on se demande si ce n'est pas nous-mêmes le problème.
00:16:39 Et je me dis, plutôt que de rester
00:16:43 et de souffrir dans cet établissement, il vaut mieux partir.
00:16:46 Philippe Guibert dit que c'est incroyable.
00:16:48 Alurisson, Yvan Rioufolle, allez-y.
00:16:50 Et l'autre établissement, qu'est-ce qu'il a de différent ?
00:16:54 Quelle est cette école ?
00:16:55 Et surtout, est-ce qu'il a été mis au courant de votre situation ?
00:16:57 Est-ce qu'il vous a accepté,
00:16:59 tout en sachant ce qui se passait dans le précédent établissement ?
00:17:02 Oui. Alors après, c'était en troisième,
00:17:04 donc j'ai passé le brevet après le mois de mai et j'ai été en vacances.
00:17:09 À la rentrée, je me suis rendu compte que mes harceleurs étaient toujours là.
00:17:13 Et que mes harceleurs étaient toujours là
00:17:16 parce que forcément, il y en a qui sont partis
00:17:19 parce qu'ils avaient un autre projet professionnel
00:17:20 et non pas parce que l'établissement les avait virés.
00:17:23 Mais je vous interromps,
00:17:24 ces harceleurs étaient tout de même minoritaires, j'imagine,
00:17:27 ou est-ce que c'était quand même aussi...
00:17:29 Après, les gens qui voient la situation,
00:17:32 mais qui n'interviennent pas et qui ne font pas en sorte de calmer le jeu,
00:17:36 je suis désolée, mais pour moi, c'est tout aussi des harceleurs.
00:17:39 C'est une forme de complicité, oui.
00:17:42 Après, j'ai dû quitter mon établissement
00:17:44 à la rentrée de ma seconde, au mois de septembre.
00:17:48 J'ai eu deux semaines d'arrêt maladie par mon médecin.
00:17:53 Et pendant ce temps-là, j'ai cherché un nouvel établissement
00:17:55 qui a évidemment été mis au courant de ma situation
00:17:57 et qui s'est évidemment dit choqué de la situation
00:18:01 et qui m'a rassuré sur le fait que dans cet établissement,
00:18:03 il n'y avait pas de problème. Donc là, c'était à Paris.
00:18:06 Je crois que vous avez été en contact avec Brigitte Macron
00:18:08 et avec le ministre de l'Éducation nationale, Pape Ndiaye,
00:18:10 sur ces sujets de harcèlement,
00:18:11 via votre association Urgence Harcèlement.
00:18:14 Qu'est-ce que vous allez mettre en place justement
00:18:16 pour que ce qui vous est arrivé n'arrive pas à d'autres enfants ?
00:18:21 Alors là, pour l'instant, je continue les interventions.
00:18:24 Je pense que le plus important, c'est d'aller au contact des jeunes.
00:18:27 J'ai la chance, avec mon âge, de pouvoir être proche
00:18:29 et de communiquer peut-être à peu près de la même manière qu'eux
00:18:33 et donc peut-être qu'ils peuvent se confier plus facilement.
00:18:35 Donc le plus important pour moi aujourd'hui,
00:18:37 et ils le savent, c'est de faire de la prévention,
00:18:40 d'aller dans les établissements scolaires
00:18:42 et auquel cas, si un problème se présente,
00:18:45 d'être en contact avec les proviseurs
00:18:47 et même un peu plus haut s'il y a besoin,
00:18:49 parce que des fois, il y a besoin,
00:18:51 pour aider une personne qui est victime de harcèlement.
00:18:54 - Mais quelle est la source...
00:18:56 - Alors, Yvan Réaupold qui a pris la parole,
00:18:57 Philippe Guibert, mais c'est pas grave, on a le temps.
00:18:59 - Quelle est la source, selon vous, de cette homophobie
00:19:02 que nous ne connaissions pas auparavant ?
00:19:04 Enfin, je n'avais jamais vu ça dans des écoles.
00:19:07 D'où vient-elle ? Enfin, moi, je n'ai pas connu ça.
00:19:10 - Écoutez, si je savais...
00:19:14 Vous savez, je pense qu'à cet âge-là,
00:19:16 on ne peut pas donner de raison.
00:19:18 Dès l'instant qu'on est différent, ça pose problème.
00:19:20 Dès l'instant qu'on ne rentre pas dans le moule, ça pose problème.
00:19:23 Dès l'instant qu'on ne joue pas au foot,
00:19:24 de toute manière, ça pose problème à cet âge-là.
00:19:27 Donc, vous voyez, c'est tout bête.
00:19:29 - Philippe Guibert, donc.
00:19:30 - Juste une question, je reviens sur la réponse,
00:19:33 enfin, ou la réaction du proviseur que vous avez rapportée
00:19:36 tout à l'heure en disant,
00:19:37 si vous n'aviez pas parlé de votre vie privée,
00:19:39 ce que je trouve une réponse incroyable,
00:19:42 profondément choquante,
00:19:43 puisqu'elle vous renvoyait quasiment la responsabilité
00:19:46 ou une forme de responsabilité.
00:19:48 Est-ce que vos parents sont allés voir ce proviseur ?
00:19:50 Est-ce que vous-même, vous en aviez parlé à vos parents ?
00:19:52 Parce qu'on peut comprendre aussi
00:19:54 que ça peut être difficile d'en parler à ses parents.
00:19:58 Comment ça s'est passé ?
00:20:00 Quelles conséquences dans ce collège ?
00:20:04 Parce qu'un proviseur qui répond ça me semble responsable,
00:20:08 en tout cas, très préparé et profondément incompétent
00:20:12 par rapport à des cas de harcèlement tels que vous les rapportez.
00:20:15 - Peut-être que le cas d'Ellian n'était pas le seul, d'ailleurs.
00:20:18 - Peut-être qu'il n'était pas le seul.
00:20:19 - Je ne sais pas si vous avez eu vent d'autres cas.
00:20:22 - Oui, après, on a eu le vent d'autres cas
00:20:25 dans le même établissement.
00:20:27 Je vous parle de ça il y a quatre ans.
00:20:34 Ce n'est pas du tout la même chose qu'aujourd'hui,
00:20:36 où ça a changé, du moins, je l'espère,
00:20:39 ou ne serait-ce qu'un tout petit peu.
00:20:41 Avant, le harcèlement scolaire,
00:20:43 c'était qu'une seule affiche posée dans une cour de récréation
00:20:48 sur un mur avec marqué "30-20, numéro pour lutter contre le harcèlement".
00:20:53 Moi, je n'ai jamais eu la chance d'avoir des interventions
00:20:55 dans mon établissement qui me disaient que si jamais tu étais harcelé,
00:20:58 tu pouvais appeler ce numéro,
00:20:59 que si tu as un appel qui était gratuit, qui était anonyme,
00:21:02 qui ne s'inscrivait pas dans les factures téléphoniques des parents
00:21:04 et qu'on pouvait l'appeler en toute simplicité
00:21:07 et que ce n'était pas la police qui allait répondre.
00:21:09 Je n'ai pas eu la chance d'avoir ces interventions-là.
00:21:12 Après, pour ce qui est du proviseur,
00:21:15 mes parents ont pu le rencontrer à la fin,
00:21:19 c'est-à-dire au mois de septembre de ma seconde.
00:21:24 -Ah oui, quand vous étiez parti.
00:21:26 -Voilà, enfin presque,
00:21:28 parce que, paraît-il, il n'était pas disponible avant.
00:21:31 Donc, voilà, j'ai eu un rendez-vous seul avec lui,
00:21:37 où il m'a dit "si tu n'avais pas parlé de ta vie privée,
00:21:39 "on n'en serait pas là",
00:21:40 et un autre rendez-vous où mes parents étaient là,
00:21:42 ma mère était là,
00:21:43 et où, enfin, voilà,
00:21:46 il disait que c'était...
00:21:50 En fait, il ne se sentait pas du tout concerné.
00:21:52 Et si ça posait problème,
00:21:53 ma mère n'avait qu'à prendre mon dossier scolaire
00:21:55 et trouver un autre établissement.
00:21:57 C'est d'ailleurs ce qu'elle a fait.
00:21:58 -Ah, c'est ça.
00:21:59 Et qu'en est-il de voir ce leurre ?
00:22:03 Est-ce qu'il y a eu des suites ?
00:22:04 Est-ce que, après,
00:22:06 est-ce qu'ils ont été, ne serait-ce qu'ils ont eu des sanctions,
00:22:10 ou, j'allais dire, exclu de l'établissement ?
00:22:12 Est-ce qu'il y a eu quelque chose contre eux ?
00:22:14 -Dans le communiqué, il a été indiqué par l'établissement
00:22:18 que des sanctions ont été prises.
00:22:20 Force est de constater qu'aucune sanction n'a été prise,
00:22:23 parce que rien ne m'a été rapporté.
00:22:25 Et on avait posé une main courante,
00:22:27 et ensuite, on avait porté plainte.
00:22:29 Je crois qu'ils ont été entendus, mais ça n'a pas été plus loin.
00:22:32 -Yvan Rioufol ?
00:22:33 -Dans ce drame du suicide de ce jeune collégien,
00:22:36 on a appris qu'il était harcelé par deux garçons,
00:22:38 mais également par deux filles.
00:22:40 Est-ce que, dans votre collège initial,
00:22:42 vous aviez également subi des harcèlements
00:22:46 venant des filles, également ?
00:22:49 -D'une seule, oui.
00:22:50 -D'une seule.
00:22:51 -Brigitte Glibert ?
00:22:53 -Pardon, on est bien d'accord que quand on dit "harcèlement",
00:22:56 ça couvre des actes physiques,
00:22:59 des paroles verbales ou des pressions psychologiques.
00:23:02 Dans votre cas, c'est...
00:23:04 -C'était pression psychologique et des paroles...
00:23:07 -D'une grande violence.
00:23:08 -Oui, c'est très violent.
00:23:10 -Mais pas de violence physique ?
00:23:12 -Non, jamais, heureusement.
00:23:14 Mais c'était tous les jours des insultes, des moqueries.
00:23:18 "Oui, tu sais, moi, les gays, normalement, on les tue."
00:23:22 C'est des choses horribles.
00:23:24 A cet âge-là, on ne peut pas entendre ce genre de choses.
00:23:27 -Quand ils vous disaient "les gays, on les tue",
00:23:29 ils faisaient référence à quoi ?
00:23:31 Quel était leur univers culturel ?
00:23:34 -Ecoutez, moi, je ne veux pas forcément rentrer dans ce débat.
00:23:38 -Je vois bien.
00:23:39 -Je parle de manière globale.
00:23:42 Voilà, je veux vraiment...
00:23:44 Si tout le monde est concerné par le harcèlement,
00:23:48 juste ces propos, à cet âge-là...
00:23:50 -Ils sont inaudibles.
00:23:52 -Oui.
00:23:55 -Pardon, je vous ai coupé.
00:23:56 Mais vous avez raison, c'est vrai,
00:23:58 quels que soient les contextes, on n'a pas envie de les entendre,
00:24:02 encore moins quand on a 13 ans, 15 ans,
00:24:04 comme ce fut votre cas.
00:24:06 En tout cas, bravo déjà à vous, vous en êtes sorti,
00:24:09 d'avoir créé cette association qui aide,
00:24:11 Urgence Harcèlement, donc, qui aide
00:24:13 et qui essaye de sensibiliser, de dire aux autres élèves,
00:24:17 "Attention, il faut dénoncer ces actes, c'est important."
00:24:21 Je rappelle le numéro, 30 20,
00:24:23 et qui, vous le disiez très justement,
00:24:25 est un numéro gratuit, anonyme,
00:24:27 et qui ne s'affiche pas aussi dans les listes d'appels
00:24:31 ou dans les factures téléphones.
00:24:34 Ca peut être important, ça peut aider à libérer la parole.
00:24:37 Un grand merci à vous, Elian.
00:24:39 On se retrouve dans quelques instants,
00:24:41 on parlera de la réforme des retraites
00:24:43 avant les grèves et manifestations de demain.
00:24:46 On sera en ligne avec un déménageur,
00:24:48 qui nous parlera de la pénibilité de son travail,
00:24:50 mais qui n'est pas concerné par...
00:24:53 qui va devoir travailler deux ans de plus, justement.
00:24:56 A tout de suite.
00:25:01 -A 14h30, avant de reprendre notre émission,
00:25:04 on fait un point sur l'actualité avec Adrien Spiteri.
00:25:07 Musique de tension
00:25:10 -11 000 policiers et gendarmes mobilisés ce mardi en France,
00:25:14 4 000 à Paris, annonce du ministre de l'Intérieur,
00:25:17 Gérald Darmanin, aujourd'hui.
00:25:19 1,2 million de manifestants sont attendus
00:25:22 pour la deuxième journée à de mobilisations
00:25:24 contre la réforme des retraites.
00:25:26 Antony Blinken est arrivé en Israël.
00:25:29 Depuis jeudi, les attaques se multiplient au Proche-Orient.
00:25:32 En Égypte, ce matin, le secrétaire d'État américain
00:25:35 appelait au calme et à la désescalade.
00:25:37 Il doit s'entretenir avec Israéliens et Palestiniens.
00:25:41 Il plaide pour une solution juste au conflit,
00:25:43 plus que jamais dans l'impasse.
00:25:46 Et puis, l'OMS maintient le niveau d'alerte maximal
00:25:48 pour la pandémie de Covid-19.
00:25:50 L'organisation a recensé vendredi
00:25:52 plus de 752 millions de malades
00:25:54 et près de 7 millions de morts au total.
00:25:57 La pandémie entre dans sa quatrième année.
00:26:00 Le patron de l'OMS regrette
00:26:01 que trop peu de personnes soient correctement vaccinées.
00:26:05 -La parole aux Français.
00:26:06 Je suis toujours en compagnie d'Yvan Rioufol et Philippe Guibert.
00:26:10 Nous allons parler de la réforme des retraites
00:26:13 et de cette deuxième journée de mobilisation demain.
00:26:16 À l'heure actuelle, en tout cas, le texte,
00:26:18 ça pourrait changer le texte,
00:26:20 de ce projet de réforme des retraites,
00:26:22 ne prend pas en compte différents critères de pénibilité,
00:26:26 comme des vibrations mécaniques,
00:26:27 comme quand on utilise un marteau-piqueur,
00:26:30 comme des postures qui peuvent faire souffrir,
00:26:33 ou même le port de charges lourdes.
00:26:35 Karim Abbas, bonjour.
00:26:36 Vous êtes déménageur.
00:26:38 Est-ce que je peux vous demander quel âge vous avez ?
00:26:41 -Oui, bien sûr. Bonjour à tout le monde.
00:26:44 -Bonjour.
00:26:45 -Quel âge avez-vous, monsieur ?
00:26:47 -J'ai 38 ans, le 3 février.
00:26:49 -38 ans.
00:26:51 Ça fait combien de temps que vous travaillez en tant que déménageur ?
00:26:55 -Ça fait maintenant plus de 8 ans.
00:26:56 -Est-ce que vous envisagez de partir à la retraite
00:27:00 non pas à 62 ans, mais à 64 ans ?
00:27:02 Est-ce que ça vous paraît possible ?
00:27:05 -Non, c'est pas possible.
00:27:07 Non, on n'arrivera pas. C'est pas possible.
00:27:10 -Vous avez déjà des douleurs ? Vous souffrez quelque part ?
00:27:13 -Bien oui, comme je l'avais expliqué,
00:27:15 on a souvent des problèmes de limbago.
00:27:17 J'ai eu souvent aussi des calculs.
00:27:19 Bon, après ça, c'est des calculs au niveau de la nourriture,
00:27:23 mais c'est énorme. On prend des cachets de courtison,
00:27:26 on est vraiment ensuqués,
00:27:27 on doit pas prendre le volant pendant une semaine.
00:27:30 Voilà, c'est vraiment très pénible, on va dire.
00:27:33 Je pense pas qu'on pourra arriver à l'âge de 64 ans.
00:27:36 C'est impossible. Vous me voyez, moi, à 60 ans, avec un frigo ?
00:27:39 -Justement, décrivez-nous,
00:27:41 quand vous arrivez dans une maison ou dans un appartement,
00:27:44 qu'est-ce qui vous fait le plus peur ?
00:27:46 Le piano, l'armoire normande ?
00:27:48 -Ah ben là, en parlant de ça, justement,
00:27:51 comme vous avez bien fait de poser la question,
00:27:53 on n'a pas que des pianos.
00:27:55 Là, j'ai fait le dernier déménagement qu'on a fait,
00:27:57 on a pris un meuble de magistrats.
00:27:59 Je peux vous dire qu'on a vraiment...
00:28:02 -C'est super.
00:28:03 -Oui, est-ce que...
00:28:05 On peut le comprendre.
00:28:06 C'était quoi ? J'imagine un gros bureau ?
00:28:09 -C'est exactement ça.
00:28:11 C'est vraiment un gros bureau énorme de magistrats.
00:28:14 Il fait dans les 3,60 m, 2,80 m de long,
00:28:18 sur 1,60 m, sur 1,40 m, ils sont vraiment énormes.
00:28:22 C'est époustouflant.
00:28:24 -J'imagine que vous le trouvez très injuste,
00:28:27 cette réforme.
00:28:28 Est-ce que vous allez manifester le 19 janvier
00:28:30 ou demain ?
00:28:32 -Bien sûr, on va sortir dans les rues demain, on sortira.
00:28:35 -Que disent vos collègues, qui sont peut-être plus âgés,
00:28:38 qui approchent de la retraite ?
00:28:40 Ils sont d'accord avec vous ? Qu'est-ce qu'ils disent ?
00:28:43 -Ils disent exactement la même chose que moi.
00:28:46 J'ai des déménageurs, moi, le plus ancien,
00:28:49 c'est Michel, il a 48 ans,
00:28:52 et normalement, il va s'arrêter en 2025, il s'arrête.
00:28:56 -Et vos patrons, qu'est-ce qu'ils en pensent ?
00:28:59 -Le patron, tant qu'on fait...
00:29:02 Ils se mettent à notre place, des fois,
00:29:05 ils disent que c'est vrai que c'est un peu pénible.
00:29:07 Parce que t'as leur fait perdre des déménageurs
00:29:10 qui partent juste avant l'heure.
00:29:12 Ils partent avant l'heure, normalement, ils doivent continuer.
00:29:16 Michel, il a 48 ans.
00:29:18 Franchement, je lui tire mon chapeau d'être arrivé jusqu'à là.
00:29:22 -La parole à Philippe Guibert, puis Yvan Rioufol,
00:29:25 ils vont vous poser des questions.
00:29:27 -Bonjour, monsieur.
00:29:28 Est-ce que, de manière générale, votre métier,
00:29:31 auquel j'ai eu recours à plusieurs reprises
00:29:33 pour monter des escaliers avec des meubles,
00:29:36 et je mesure bien l'extrême difficulté
00:29:38 et tout ce que ça peut représenter,
00:29:40 est-ce que votre métier au-delà de 50 ans est faisable ?
00:29:43 -Non, honnêtement.
00:29:45 Vous citiez votre collègue à 48 ans
00:29:47 et vous disiez vous-même que ça commençait à être limite,
00:29:50 mais est-ce qu'au-delà de 45-50 ans,
00:29:52 est-ce qu'on peut encore faire votre métier ?
00:29:55 Est-ce que vous en connaissez ?
00:29:57 -Moi, j'en connais, mais qui ne prennent plus des charges lourdes.
00:30:02 -Oui, c'est ça.
00:30:04 -Ils sont dans le déménagement, mais avec des petites charges lourdes.
00:30:07 On va leur donner vraiment des petits boulots.
00:30:10 Demain matin, on va avoir un piano,
00:30:12 on va pas appeler Michel, ça, c'est sûr.
00:30:14 48 ans, c'est pas possible.
00:30:17 -Hm. Yvan Rioufol ?
00:30:19 -Il y a quelque chose que je...
00:30:21 -Moi, je pense qu'en fait, on va suivre le corps,
00:30:23 c'est le corps qui suit.
00:30:25 Si mon corps me dit d'aller jusqu'à 60 ans, j'y vais.
00:30:29 -Oui, mais c'est peu probable,
00:30:31 reconnaissez-le, c'est peu probable, à 60 ans.
00:30:33 Que vous soyez encore assez en forme pour soulever...
00:30:36 -On vous le souhaite, bien sûr. -On vous le souhaite, mais...
00:30:40 -Merci beaucoup ! Merci, moi aussi !
00:30:42 Comme on dit, la saleté avant tout.
00:30:44 Mais à 60 ans, pour l'instant, dans ma connaissance,
00:30:47 moi, j'ai le patron, lui, il a 23 ans de boîte.
00:30:51 Je n'ai jamais vu une personne à l'âge de 54 ans
00:30:55 ou de 58 ans en tant que déménageur.
00:30:57 Je n'ai jamais vu. J'ai eu tant d'expériences de déménagement,
00:31:01 j'ai fait des déménagements avec Bordeaux, Paris, Marseille, Nice,
00:31:06 je n'ai jamais vu un déménageur à l'âge de 58 ans.
00:31:09 -Oui, c'est ça. Il faut faire autre chose,
00:31:11 un autre métier, à ce moment-là, où il veut le faire.
00:31:14 -Yvan Réuf, au long plateau.
00:31:16 -On comprend que le corps ne puisse pas suivre,
00:31:18 mais j'ai cru comprendre,
00:31:20 et c'est pour ça que je n'arrive pas à bien évaluer votre cas,
00:31:25 j'ai cru comprendre que la pénibilité était un critère
00:31:29 qui était pris en compte dans la réforme des retraites.
00:31:32 -Comme le port de charges lourdes n'est pas pris en compte.
00:31:35 -Si elle ne l'est pas pour les déménageurs,
00:31:37 il y a un vide juridique qui devrait être complété.
00:31:40 -L'esprit de la loi voudrait que vous soyez concerné, vous aussi,
00:31:45 par les dérogations pour les métiers pénibles.
00:31:48 -Vous savez que le travail de la réforme des retraites
00:31:51 a commencé et qu'il y aura des choses qui vont bouger.
00:31:54 -Pourquoi passez-vous entre les gouttes
00:31:56 et êtes-vous syndiqué, d'ailleurs ?
00:31:59 Pour savoir si les syndicats se sont occupés de votre corporation.
00:32:02 -Ah ben non, pour l'instant, non, on n'a rien.
00:32:05 Mais comme vous dites, on aimerait bien qu'il y ait une loi
00:32:09 qui sorte et qui défend justement ces métiers-là.
00:32:13 Pas en tant que déménageurs, aussi,
00:32:15 même un régleur d'enrobés dans le BTP,
00:32:19 il est tout le temps avec son râteau,
00:32:22 en train de tirer du goudron.
00:32:23 Le goudron est très mauvais pour la santé.
00:32:26 Voilà. C'est pour ça qu'il devrait sortir une loi
00:32:30 pour les travails pénibles,
00:32:34 vraiment, les métiers pénibles.
00:32:36 Il devrait y avoir une loi qui nous défende en nous.
00:32:39 -Il y aura des visites médicales qui seront faites régulièrement
00:32:42 pour cette réforme des retraites.
00:32:44 Elle sera mise en place pour évaluer la santé des travailleurs.
00:32:48 -Oui, monsieur, mais je veux pas envoyer la faute sur les patrons,
00:32:53 mais lorsqu'il y a eu des discussions sur la pénibilité,
00:32:56 comme votre métier, le patronat a dit
00:32:58 qu'on est en train de monter une usine à gaz
00:33:01 pour avoir des critères de pénibilité.
00:33:03 C'est compliqué, parce qu'il y a des tas de cas différents.
00:33:07 La pénibilité de votre métier de déménageur
00:33:10 n'est pas la même que celle de la personne dont vous parliez,
00:33:13 qui prend du goudron dans les yeux
00:33:15 et pour qui ça peut avoir des conséquences tout à fait néfastes.
00:33:20 Et donc la difficulté,
00:33:21 c'est là où les syndicats peuvent être importants,
00:33:24 c'est comment négocier des critères de pénibilité
00:33:27 qui soient adaptés à chaque activité.
00:33:29 C'est là que c'est compliqué.
00:33:31 Est-ce que vous en avez discuté avec votre patron ?
00:33:34 -Le patron, lui, honnêtement,
00:33:37 je parle des fois avec lui.
00:33:38 C'est vrai que vous avez raison au niveau des syndicats.
00:33:41 Après, tout ça, ça relève dans ses compétences à lui.
00:33:44 Moi, je suis là en tant que... -Je comprends.
00:33:47 -Je m'occupe déjà de pas mal d'ouvriers,
00:33:49 de camions, je m'occupe pas mal de, comme elle a dit,
00:33:53 les visites médicales.
00:33:54 Il y a des visites médicales qu'il faut les faire passer,
00:33:57 que je dois prendre en charge.
00:33:59 Des fois, j'ai des réunions avec mon patron,
00:34:01 ça parle de syndicats, mais j'en sais pas plus.
00:34:04 -En tout cas... -Votre retraite,
00:34:06 vous conduirez à quel âge ?
00:34:08 Que je sache exactement quel est votre statut.
00:34:11 62 ans ?
00:34:12 -Jusqu'à ce que mon corps me dira d'arrêter.
00:34:15 -Actuellement, oui.
00:34:16 -Merci beaucoup, Karim Abbas,
00:34:18 d'avoir répondu à nos questions en direct.
00:34:20 Bon courage à vous.
00:34:22 Vous parliez des patrons.
00:34:24 Nous sommes en ligne avec Laurent Quentin.
00:34:27 Bonjour.
00:34:28 Est-ce que vous m'entendez ?
00:34:30 Oui, bonjour.
00:34:31 Vous êtes gérant de Duchesne-Charpent,
00:34:33 qui est une entreprise de couverture et de zinguerie.
00:34:36 Combien d'employés avez-vous ? Expliquez-nous.
00:34:40 -Aujourd'hui, j'ai 11 collaborateurs.
00:34:42 -Et ils ont quel âge, à peu près ?
00:34:45 Quelle est la fourchette ?
00:34:46 -La moyenne d'âge est de 33 ans.
00:34:48 -Est-ce que vous envisagez de les faire travailler ?
00:34:51 S'ils se sont découverts,
00:34:53 ça veut dire qu'ils travaillent beaucoup en hauteur,
00:34:56 que ce soit l'été où il fait chaud, l'hiver où il fait froid.
00:35:00 C'est pénible comme travail et dangereux.
00:35:02 Est-ce que vous envisagez de les faire travailler jusqu'à 64 ans ?
00:35:06 -Alors, dangereux, non, puisqu'on essaie quand même...
00:35:09 On fait travailler nos collaborateurs en sécurité.
00:35:13 Mais oui, les conditions de travail sont parfois compliquées,
00:35:17 avec les intempéries,
00:35:18 avec, effectivement, les températures qui s'élèvent et tout ça.
00:35:22 Oui, c'est compliqué.
00:35:24 Mais moi, à travers cette réforme de retraite,
00:35:27 la question que je me pose, c'est plutôt l'employabilité,
00:35:32 c'est-à-dire qu'aujourd'hui, si demain,
00:35:34 j'ai une personne qui se présente qui a 58-60 ans,
00:35:39 est-ce que je vais pouvoir l'embaucher ?
00:35:41 Est-ce que derrière, je vais pas avoir des maladies professionnelles ?
00:35:44 Quelle productivité je vais avoir ?
00:35:46 Et la réponse, en fait, je l'ai déjà en vous la posant,
00:35:49 c'est-à-dire que non, je le prendrai pas.
00:35:51 Donc on peut faire travailler les gens à 64 ans,
00:35:53 mais ils seront pas embauchés.
00:35:55 -Oui. Et là, par exemple, vos employés,
00:35:57 celui qui est le plus âgé, il a quel âge ?
00:36:02 -Il a 37 ans.
00:36:04 -Ah oui, c'est très jeune.
00:36:06 -Un charpentier-couvreur au-delà de 50 ans,
00:36:09 personnellement, je n'en connais pas.
00:36:12 -C'est intéressant, ce que vous nous dites.
00:36:13 Est-ce qu'ils vont faire grève, vos employés, demain ?
00:36:17 -Non, parce qu'ils n'en ont pas les moyens.
00:36:20 -Oui.
00:36:21 -Après, je réfléchis, alors peut-être pas pour demain,
00:36:25 mais je réfléchis à les indemniser de leur journée
00:36:28 et je prendrai état de leur volonté.
00:36:33 Et s'ils veulent faire grève, je les encouragerai à faire grève.
00:36:36 -Philippe Guibert, oui.
00:36:37 -Bonjour, monsieur. Vous soutenez ce mouvement
00:36:39 parce que vous trouvez cette réforme pas tellement applicable,
00:36:43 en particulier dans votre secteur d'activité,
00:36:46 mais peut-être pas que dans votre secteur d'activité.
00:36:49 -Ce sera pas possible. Dans des petites entreprises,
00:36:52 il est impossible de faire travailler une personne jusqu'à 64 ans
00:36:55 ou alors il faudrait aménager un poste et tout ça.
00:36:57 Mais une petite entreprise jusqu'à 10 personnes,
00:37:01 les postes sont tellement optimisés
00:37:03 que je peux pas... J'ai déjà été confronté.
00:37:06 Je ne peux pas reclasser une personne.
00:37:08 Je peux pas leur faire faire...
00:37:09 -Même dans des métiers de bureau, d'administratif,
00:37:13 même dans des boulots d'administratif, de gestion ?
00:37:16 -Alors déjà, un, ils n'ont pas la formation
00:37:19 pour "faire de l'administratif".
00:37:21 L'administratif, aujourd'hui, il est géré par mon épouse
00:37:24 et par moi le week-end.
00:37:26 Donc on peut pas demander non plus aux gens
00:37:27 qui viennent dans une entreprise pour travailler en tant que charpentier
00:37:30 de demain de devenir secrétaire.
00:37:32 Ca, ce sera compliqué.
00:37:35 Les gens sont là pour faire un métier,
00:37:39 mais nous, en tant que petite entreprise,
00:37:41 on n'a pas la possibilité de les reclasser
00:37:43 ou de leur trouver des postes adaptés.
00:37:45 On n'en a pas les moyens.
00:37:46 Aujourd'hui, il y a un mot qu'on n'entend pas beaucoup,
00:37:49 c'est parler de productivité.
00:37:51 On peut pas demander à une personne de 64 ans
00:37:53 d'avoir de la productivité,
00:37:54 mais l'entreprise, par contre,
00:37:56 se doit de rester toujours compétitive.
00:37:58 -Est-ce que vous avez l'impression que ce que vous nous dites,
00:38:00 là, votre discours ou même les problèmes
00:38:02 auxquels vous êtes confrontés sont relayés par les syndicats
00:38:05 contre cette réforme des retraites ?
00:38:09 -Oui, parce qu'on discute...
00:38:11 Donc moi, je suis plutôt adhérent au CAPEB,
00:38:13 mais je sais que le FFP en discute aussi.
00:38:16 Pour l'instant, on est dans une phase d'études.
00:38:18 Le texte de loi est très compliqué, il n'y a rien qui est voté.
00:38:21 Donc je pense que les syndicats sont plutôt attentifs
00:38:27 pour demain, peut-être qu'il y a une réaction plus marquée,
00:38:30 mais aujourd'hui, on est un peu dans l'expectative, on attend.
00:38:34 -Et justement, qu'est-ce que vous attendez ?
00:38:35 Qu'est-ce que vous aimeriez qu'il bouge ?
00:38:37 Parce qu'encore une fois, les discussions,
00:38:39 elles vont commencer, là, à l'Assemblée nationale.
00:38:41 Sur quel point spécifique, qu'est-ce que vous aimeriez entendre ?
00:38:45 -En fait, nous, c'est très, très simple.
00:38:46 Nous, ce qu'on veut... Parce que dans mes salariés,
00:38:49 j'ai des gens qui ont attaqué à 16 ans,
00:38:51 j'ai des gens qui ont attaqué à 18 ans,
00:38:53 d'autres qui vont attaquer peut-être à 20 ans ou à 21 ans.
00:38:56 En fait, nous, ce qui nous paraît le plus juste,
00:38:58 c'est un nombre d'annuités, un nombre d'années travaillées.
00:39:01 -La durée de cotisation.
00:39:02 -Ce gars qui a commencé à travailler à 16 ans,
00:39:05 eh bien, mon Dieu, s'il a fait déjà ses 44 annuités,
00:39:09 je pense qu'il a déjà largement participé
00:39:13 à l'essor de la société et à développé son métier
00:39:16 et je lui en suis reconnaissant.
00:39:18 Voilà, c'est tout ce que je voudrais marquer.
00:39:21 -Oui, c'est-à-dire qu'en fait, vous seriez favorable
00:39:24 à ce qu'on touche pas à l'âge légal
00:39:26 et qu'on touche éventuellement à la durée de cotisation,
00:39:28 mais pas à l'âge légal.
00:39:30 -Moi, je dis qu'à partir du moment
00:39:32 où on cotise un certain nombre de trimestres,
00:39:34 on a gagné ses points, on a gagné le droit de s'arrêter.
00:39:36 Et bravo pour une carrière qui est bien remplie.
00:39:40 -Yvan Rioufol ?
00:39:41 -Non, mais c'était la question que je voulais vous poser.
00:39:43 Est-ce que vous avez...
00:39:44 Est-ce que malgré tout, vous prenez conscience du fait
00:39:46 que si ce système ne change pas,
00:39:49 c'est un système qui va s'épuiser à terme
00:39:51 et que les retraites ne pourront pas être payées
00:39:55 par ceux qui arrivent sur le marché du travail,
00:39:57 qu'il y a donc, malgré tout, une nécessité
00:39:59 à chambouler ce système,
00:40:00 en tout cas, à le réformer même en profondeur ?
00:40:04 -Sans aucun doute,
00:40:06 mais je pense que, comme vous le disiez dans votre reportage,
00:40:08 c'est très compliqué de parler de pénibilité.
00:40:11 Et je pense qu'il y a des métiers...
00:40:14 Voilà, travailler sous la canicule,
00:40:16 travailler par des températures extrêmes et tout ça,
00:40:19 je pense que la notion de pénibilité
00:40:22 est une notion très, très compliquée,
00:40:23 mais, tant être prétentieux,
00:40:26 je trouve que nous, on est dans des métiers
00:40:28 quand même qui sont pénibles
00:40:29 et donc qui doivent être aménagés
00:40:31 où on doit trouver une solution.
00:40:33 -Mais dans cette...
00:40:34 Et beaucoup de professions se réclament aujourd'hui
00:40:36 de la pénibilité, et à juste titre, très certainement,
00:40:40 mais au bout du compte, malgré tout,
00:40:41 il va falloir trouver un équilibre dans le financement
00:40:43 parce que les solutions qui sont proposées pour l'instant,
00:40:46 c'est de dire que ce sont les Français
00:40:48 qui vont payer pour les retraites des autres.
00:40:50 Est-ce que c'est quand même, malgré tout,
00:40:51 est-ce que cette philosophie-là
00:40:52 ne vient pas heurter l'essence même de la retraite,
00:40:55 qui est malgré tout une assurance ?
00:40:57 C'est une assurance retraite qui paye les retraites.
00:40:59 Ce n'est pas un impôt.
00:41:01 Et là, on est en train de dériver
00:41:02 vers une sorte d'impôt de solidarité.
00:41:04 -Non, je ne trouve pas que c'est une dérive.
00:41:05 À partir du moment où on met en place quelqu'un qui cotise,
00:41:08 on met en place un système
00:41:10 où quelqu'un cotise ses 44 annuités,
00:41:12 il faut lui calculer une retraite
00:41:14 en fonction de ses 44 annuités.
00:41:16 Il a travaillé 44 annuités, il a droit à quelque chose,
00:41:18 il a cotisé.
00:41:19 -Oui, bien sûr.
00:41:20 -Il n'y a personne qui paye pour...
00:41:24 La personne qui a travaillé 44 annuités,
00:41:26 elle a cotisé pour acquérir une retraite.
00:41:28 Elle ne paye pas la retraite des autres.
00:41:29 Elle a acquis un certain nombre de points
00:41:32 et là, il a la retraite sur laquelle il a cotisé.
00:41:36 -Oui, mais la retraite par répartition
00:41:37 ne fonctionne pas ainsi, justement.
00:41:39 Vous le savez bien.
00:41:40 -Elle cumule les deux systèmes.
00:41:44 Elle n'est pas dans une logique assurancielle,
00:41:46 puisque l'idée est bien d'installer
00:41:48 une solidarité entre les générations.
00:41:51 Mais en revanche, pour le calcul de sa propre...
00:41:53 -C'est vrai que je reçois un émolument
00:41:55 de l'assurance vieillesse.
00:41:57 C'est bien une assurance vieillesse qui paye moins.
00:41:59 -Oui, mais ce n'est pas une assurance individuelle.
00:42:01 C'est une assurance collective, si vous préférez.
00:42:05 -Peut-être avez-vous une dernière question
00:42:06 pour Laurent Quentin ?
00:42:08 -Oui, moi, ce qui m'intéresserait,
00:42:11 ce serait de connaître le point de vue
00:42:13 des syndicats patronaux.
00:42:14 Parce que le MEDEF, on a l'impression
00:42:16 qu'il plaide à longueur d'année, depuis des années,
00:42:19 pour le système que vous dénoncez,
00:42:21 qui est l'allongement,
00:42:24 non pas de la durée de cotisation,
00:42:26 mais justement le fait de repousser
00:42:29 l'âge légal de retraite.
00:42:31 Est-ce que vous avez des contacts
00:42:33 dans vos confédérations, dans vos syndicats patronaux,
00:42:36 pour faire évoluer la réflexion sur ce sujet ?
00:42:39 -Oui, moi, je suis adhérent au niveau de la CAPEB.
00:42:43 C'est des choses dont on réfléchit pour l'instant.
00:42:47 Après, effectivement, le dossier de la pénibilité
00:42:49 qui a été étudié est un dossier extrêmement complexe.
00:42:52 -Oui.
00:42:53 -Voilà.
00:42:54 Donc on n'a pas pu le garder, quelque part,
00:42:58 puisque c'est trop compliqué.
00:43:00 Il faudrait trouver un système plus juste,
00:43:02 où, je vous dis, ces 44 annuités
00:43:05 nous paraissent plus réalisables.
00:43:08 On gagne ces points, et à un moment donné,
00:43:10 quand on a tous ces points, on a le droit de s'arrêter.
00:43:12 -Merci beaucoup.
00:43:13 -Il aurait fallu faire la réforme du système par points.
00:43:16 C'était ça, la façon...
00:43:17 -Celle qui était prévue il y a quatre ans.
00:43:19 Merci beaucoup, Laurent Contin, d'avoir témoigné.
00:43:22 Bonne journée à vous.
00:43:23 Je rappelle que demain, c'est également une journée de grève
00:43:25 et de manifestation.
00:43:27 On vient d'apprendre que 50 % de grévistes
00:43:30 dans les écoles, selon le 1er syndicat du primaire.
00:43:34 Voilà, si vous êtes parent, vous êtes concerné.
00:43:35 Un professeur des écoles sur deux,
00:43:38 selon les prévisions du 1er syndicat du primaire.
00:43:41 Il y aura également du monde dans les rues.
00:43:43 Les syndicats espèrent faire descendre autant de monde,
00:43:47 voire plus, que le 19 janvier dernier.
00:43:50 À Paris, la manifestation a changé de parcours.
00:43:52 Cette fois-ci, le rendez-vous, c'est toujours 14h,
00:43:55 mais cette fois, ce sera Place d'Italie.
00:43:56 Ensuite, ils rejoindront la Place Vauban
00:43:59 aux environs de 19h.
00:44:00 Entre-temps, ils seront passés par l'avenue des Gobelins,
00:44:03 boulevard de Port-Royal, le boulevard du Montparnasse
00:44:05 et le boulevard des Invalides.
00:44:06 Gérald Darmanin a précisé qu'11 000 policiers et gendarmes
00:44:08 seraient mobilisés dans toute la France,
00:44:10 4 000 pour Paris,
00:44:12 c'est 1 000 policiers et gendarmes supplémentaires.
00:44:15 Et nous sommes justement en ligne avec Yannick Poirier.
00:44:17 Bonjour.
00:44:18 Vous êtes le patron de la librairie de Seine,
00:44:20 qui est boulevard du Montparnasse.
00:44:21 Ça veut dire que vous êtes pile à l'endroit
00:44:23 où les manifestants vont passer demain.
00:44:26 Est-ce que vous êtes inquiet ?
00:44:29 Est-ce que vous avez prévu de barricader votre librairie
00:44:31 ou de la fermer ?
00:44:32 -Non, absolument pas.
00:44:36 On a prévu, effectivement, si ça...
00:44:39 Si les conditions se détériorent, de pouvoir baisser le rideau de fer.
00:44:41 Mais on attend aussi sereinement que nous attendons
00:44:44 depuis 90 ans les manifestations qui passent à Montparnasse.
00:44:48 -Vous avez une certaine habitude. -Naturelle, normale.
00:44:51 -Est-ce que ça a un impact à chaque fois sur votre chiffre d'affaires ?
00:44:54 -Oui, ça a un impact, bien sûr, sur le chiffre d'affaires.
00:44:59 C'est un peu comme les confinements lorsqu'ils étaient annoncés
00:45:01 24 heures avant.
00:45:03 C'est-à-dire que la journée qui précède peut être une meilleure journée
00:45:06 et la journée qui suit une meilleure aussi.
00:45:08 Parce que les choses se bloquent ce jour-là.
00:45:11 De même qu'à l'issue de la manifestation,
00:45:14 les gens ressortent et on peut faire une très belle soirée.
00:45:16 Mais je ne dis pas pour autant que je suis ravi
00:45:18 qu'il y ait une manifestation.
00:45:20 -Oui, Philippe Guibert.
00:45:21 -Oui, bonjour, monsieur.
00:45:23 Je suis ravi de pouvoir passer chez vous demain
00:45:24 parce que je suis parfois un de vos clients.
00:45:27 Et depuis quelques années,
00:45:30 depuis en gros les Gilets jaunes,
00:45:31 est-ce que vous avez constaté une...
00:45:34 Puisque vous les voyez passer quasiment sous votre nez,
00:45:37 est-ce que vous avez constaté une plus grande violence
00:45:39 ou des risques plus importants
00:45:41 pour vous, commerçant, et plus généralement ?
00:45:43 -Pour ceux du quartier, d'ailleurs.
00:45:44 -Pour ceux du quartier, absolument.
00:45:46 -Non, absolument pas.
00:45:49 Il y a eu effectivement des exactions commises
00:45:52 et puis ça a été largement relayé par la presse
00:45:55 et par les pouvoirs publics lors des manifestations
00:45:57 des Gilets jaunes.
00:45:59 Mais à Montparnasse, devant notre librairie
00:46:02 et sur ce segment du boulevard,
00:46:04 pas réellement.
00:46:05 -Peut-être que les librairies
00:46:06 ne sont pas forcément la cible aussi
00:46:08 des cas arrivants euphoriques.
00:46:10 -Ce serait inconcevable.
00:46:12 Je ne comprendrais pas, effectivement,
00:46:14 que des manifestants puissent s'en prendre à des livres
00:46:17 ou en faire des autodafés.
00:46:18 Donc je pense qu'en effet,
00:46:20 ce monsieur a tout à fait raison d'être serein
00:46:23 parce que je ne vois pas du tout
00:46:24 quels pourraient être les hurluberdus
00:46:25 qui prendraient en chasse,
00:46:28 enfin, à l'assaut des librairies.
00:46:30 Mais en revanche, ce qui est ciblé
00:46:32 dans ces genres de manifestations,
00:46:33 ce sont plutôt les marques anglo-saxonnes,
00:46:36 ce sont les banques, etc.
00:46:38 Tout ce qui peut représenter le néo-capitalisme
00:46:40 ou tout ce qui peut rentrer dans le processus,
00:46:43 dans la dialectique de cette gauche-là.
00:46:45 Mais naturellement qu'une librairie,
00:46:47 Dieu merci, encore heureux,
00:46:48 nous n'en sommes pas là aujourd'hui,
00:46:50 avoir une librairie prise d'assaut.
00:46:52 Quoique il y ait une librairie
00:46:54 près du Jardin du Luxembourg
00:46:55 qui est régulièrement prise d'assaut, elle,
00:46:57 par des mouvements d'extrême-gauche
00:46:59 parce que c'est une librairie présumée être de droite.
00:47:02 Et donc, il y a une extrême-droite quand même.
00:47:03 - Je vois très bien la librairie,
00:47:05 elle est d'extrême-droite.
00:47:07 - La nouvelle librairie s'appelle telle.
00:47:08 Et d'ailleurs, qui garde sur sa devanture
00:47:11 les stigmates des coups de pioche qu'elle reçoit.
00:47:12 Mais à part celle-ci,
00:47:13 et qui illustre vraiment la violence de l'extrême-gauche,
00:47:17 pour le reste, non, bien sûr, les librairies peuvent être tranquilles.
00:47:19 - Philippe Guibert, je vous donne la parole, Yannick Poirier.
00:47:22 - Je voulais vous poser une autre question, monsieur,
00:47:24 puisque vous, vous êtes libraire,
00:47:26 vous pouvez faire votre métier jusqu'à 65, 70 ans.
00:47:31 Comment vous voyez les choses ?
00:47:32 - Oui, tout à fait.
00:47:35 - Je ne veux pas vous créer des ennuis.
00:47:37 - A titre personnel,
00:47:39 aucunement, je me sens très libre de ma parole.
00:47:42 A titre personnel, le but pour moi
00:47:46 est la librairie, la sauvegarde de cette librairie.
00:47:49 C'est une librairie ancienne et totalement indépendante.
00:47:52 Et j'avais annoncé, lorsque je l'ai achetée il y a 25 ans,
00:47:55 que je la quitterais à 50.
00:47:56 J'en ai 58, ça fait 8 ans que je cherche un repreneur
00:47:59 et que j'ai conduit les repreneurs
00:48:02 qui ne me semblent pas susceptibles
00:48:04 de continuer le projet historique depuis 1929 de cette librairie.
00:48:08 Donc c'est très particulier.
00:48:10 Je ne me pose pas la question par rapport à ma vie personnelle
00:48:13 et mon futur de retraité. Je m'en fiche un petit peu.
00:48:15 - Vous êtes prêt à continuer ?
00:48:16 - Ce qui m'importe, c'est...
00:48:18 Pour l'instant, je continue.
00:48:20 Je continuerai peut-être un an, comme je continuerai peut-être 20 ans.
00:48:24 Anyway, c'est vraiment indifférent à mon projet personnel de vie.
00:48:28 - Pour vous, c'est l'avenir du livre et des libraires qui comptent.
00:48:31 - Et l'esprit de votre librairie.
00:48:33 - Oui, et l'esprit de la librairie, qui est importante.
00:48:35 - L'esprit de ma librairie.
00:48:37 - J'ai une toute petite dernière question, mais vraiment très rapide.
00:48:40 Est-ce que vous savez si vous avez des employés qui vont faire grève demain ?
00:48:44 - Je leur ai proposé...
00:48:47 C'est une question qui m'amènerait à vous parler longuement, madame.
00:48:50 Je leur ai proposé, comme lorsque les Gilets jaunes...
00:48:55 Comme lorsque les Gilets jaunes, je disais, je défilais,
00:48:58 où je me sentais solidaire des Gilets jaunes.
00:49:01 Moi, je suis un fils du peuple et je me sens beaucoup plus proche
00:49:04 des gens qui défileront demain que de quiconque
00:49:07 dans la communauté française.
00:49:09 Et mes employés n'y tenaient pas.
00:49:10 Donc, seul, j'avais mis des panneaux "En grève" dans la vitrine.
00:49:13 Je pense que je referai ça demain.
00:49:14 - Merci beaucoup, Yannick Poirier.
00:49:17 Et bonne journée à vous demain.
00:49:18 Merci également à Kinson et Alexandre Dissel pour le duplex.
00:49:21 On se retrouve juste après le journal de 15h.
00:49:24 On parlera des violences faites aux femmes.
00:49:26 La parole aux Français à ce CNN.
00:49:31 On commence par le journal Simon Guillin.
00:49:33 - Bonjour, Clélié.
00:49:34 Bonjour à tous.
00:49:35 Trois semaines après le suicide de Lucas, 13 ans,
00:49:37 sa mère est sortie du silence.
00:49:39 Elle s'est exprimée pour la première fois
00:49:41 devant les caméras à la mi-journée.
00:49:43 La mère de Lucas a notamment pointé du doigt
00:49:45 l'établissement scolaire de son enfant.
00:49:47 - Si je l'ai déclaré une fois et que je l'ai redéclaré après,
00:49:52 c'est qu'il fallait peut-être réagir quand même.
00:49:54 Il aurait pu faire plus.
00:49:56 Il aurait pu faire plus.
00:50:01 - Il aurait dû faire plus ?
00:50:02 - Oui.
00:50:03 Ah oui, clairement.
00:50:07 Ah oui, il y a des choses qui n'ont pas été faites.
00:50:10 Donc oui, ils auraient dû faire plus.
00:50:12 C'est mensonge, chèrement.
00:50:14 - Dans le reste de l'actualité,
00:50:17 Elisabeth Borne a présenté ce matin un plan contre le racisme,
00:50:20 l'antisémitisme et les discriminations.
00:50:22 Objectif, lutter contre les discriminations à l'embauche.
00:50:25 La Première ministre souhaite également
00:50:27 un renforcement de la formation des enseignants
00:50:29 et des agents de la fonction publique.
00:50:31 - Nous allons renforcer la formation initiale
00:50:34 des enseignants en matière de lutte contre le racisme,
00:50:37 l'antisémitisme et les discriminations
00:50:40 liées à l'origine,
00:50:42 et organiser une journée obligatoire de formation
00:50:46 pour tous les personnels pédagogiques
00:50:48 des établissements scolaires,
00:50:50 tous les cinq ans.
00:50:51 J'ajoute que les agents de la fonction publique
00:50:53 seront formés et que nous donnerons
00:50:55 des outils de formation au secteur privé.
00:50:58 - A la veille d'une nouvelle manifestation
00:51:00 contre la réforme des retraites,
00:51:02 le texte est débattu depuis ce matin à l'Assemblée nationale.
00:51:05 On va aller sur place retrouver Elodie Huchard
00:51:08 et Laura Lestrade. Bonjour, Elodie.
00:51:10 Je le disais, les débats ont commencé ce matin.
00:51:12 7 000 amendements ont été déposés, dont 6 000 par la NUPES.
00:51:19 - Les discussions ont commencé ce matin à 9h30,
00:51:22 d'abord avec un débat sur la forme,
00:51:25 la salle étant jugée trop petite
00:51:26 puisque les députés sont plus nombreux
00:51:28 que prévu, notamment certains du groupe La France insoumise
00:51:32 ont décidé de venir assister au débat.
00:51:34 Ils en ont le droit, mais forcément les placements.
00:51:36 Et il y a ce nombre d'amendements, 5 693 amendements
00:51:40 à étudier en 27 heures.
00:51:42 Si on fait le calcul, il faudrait étudier un amendement
00:51:45 toutes les 16 secondes. Le compte n'y est pas.
00:51:47 Les propositions des uns et des autres sont invariables.
00:51:50 On explique qu'on ne veut pas du tout de ce texte.
00:51:53 Il y a quelques minutes, La France insoumise a fait
00:51:56 sa proposition de contre-réforme avec une retraite à 60 ans.
00:51:59 Du côté des Républicains, on essaie de peser au maximum.
00:52:02 Et du côté de la majorité, on tente de tenir bon.
00:52:05 La Première ministre l'a dit elle-même,
00:52:07 l'âge de 64 ans n'est plus négociable.
00:52:09 La rapporteure du texte rappelle que certes,
00:52:12 elle comprend qu'on demande des efforts aux Français,
00:52:15 mais que ce sont des mesures de justice sociale.
00:52:17 La gauche demande deux jours de débat en plus
00:52:20 pour l'examen en commission.
00:52:21 A partir du 6 février, le texte arrivera en séance publique,
00:52:24 c'est-à-dire dans l'hémicycle.
00:52:26 Les députés repartiront de zéro,
00:52:28 ils étudieront de nouveau l'intégralité du texte.
00:52:31 -Merci, Elodie Huchard, pour ces explications.
00:52:33 Et merci à Laura Lestrade, qui vous accompagne à l'Assemblée.
00:52:37 La mobilisation de demain contre la réforme des retraites
00:52:40 sera suivie dans les établissements scolaires.
00:52:43 Le 1er syndicat du Primaire annonce 50 % de grévistes
00:52:46 dans les écoles.
00:52:47 Une mobilisation suivie dans les transports
00:52:49 avec un trafic très perturbé à la SNCF
00:52:51 et dans les métros parisiens.
00:52:53 Il est donc l'heure pour les Français
00:52:55 de s'organiser et de trouver une solution.
00:52:57 Nous sommes allés à la rencontre de quelques Français
00:53:00 à la gare Paris-Montparnasse.
00:53:02 -Mon train a été annulé,
00:53:03 donc j'ai choisi de partir aujourd'hui pour être sûre.
00:53:06 Il n'y avait plus d'autres trains disponibles.
00:53:09 -Je comptais rester à Paris aujourd'hui
00:53:11 et partir chez moi demain.
00:53:13 Comme il y a grève à partir de 19h, je rentre chez moi ce matin.
00:53:18 -J'ai dû reporter mon TGV à aujourd'hui
00:53:21 pour pouvoir y aller sans avoir de train
00:53:25 et de changement d'horaire à prévoir pour mardi.
00:53:29 -Je dois rentrer tôt pour garantir de rentrer chez moi.
00:53:32 Demain, ce sera du télétravail, pour sûr.
00:53:34 -On en vient à ce drame à Vitry-sur-Seine,
00:53:36 dans le Val-de-Marne.
00:53:38 Un homme sous EQTF et sans domicile fixe
00:53:40 a défiguré son ex-compagne avec un marteau.
00:53:43 Ca s'est passé le week-end dernier.
00:53:45 La victime a été conduite à l'hôpital avant d'être opérée.
00:53:48 Le sujet, Damo Rebucco et Sophia Dollé.
00:53:50 -C'est dans cette avenue du Moulin de Saquet
00:53:53 à Vitry-sur-Seine que l'agression a eu lieu ce samedi soir.
00:53:56 La victime, une femme de 37 ans, a été attaquée
00:53:59 par son ex-compagnon au visage à l'aide d'un cutter.
00:54:02 Lorsque les policiers arrivent sur place,
00:54:05 la femme est entourée de témoins et de son fils,
00:54:08 présents au moment de l'agression.
00:54:10 Prise en charge par les policiers,
00:54:12 prise en charge par les secours,
00:54:14 la victime présente de profondes lacérations
00:54:17 au niveau du visage et des bras.
00:54:18 Elle est conduite à l'hôpital pour y être opérée
00:54:21 sans que son pronostic vital ne soit engagé.
00:54:24 L'agresseur avait à plusieurs reprises menacé
00:54:27 de s'en prendre à elle.
00:54:28 Il s'agit d'un homme de 39 ans, Samir Bey, sans domicile fixe.
00:54:32 Il est connu des services de police
00:54:34 et sous plusieurs alias algériens et marocains.
00:54:37 Il faisait également l'objet d'une EQTF
00:54:39 une obligation de quitter le territoire.
00:54:42 Il est activement recherché.
00:54:43 -Clayley Mathias et ses invités vont revenir en détail
00:54:46 sur les violences faites aux femmes
00:54:49 dans la 2e partie du débat.
00:54:50 L'Australie lance des recherches
00:54:52 pour retrouver une capsule radioactive.
00:54:55 Elle serait tombée d'un camion
00:54:56 alors qu'elle était transportée vers un lieu de stockage.
00:55:00 Elle est introuvable depuis la mi-février.
00:55:02 Les autorités sanitaires mettent en garde
00:55:05 contre toute manipulation de cet objet.
00:55:07 -Ne touchez pas cet objet si vous pensez que c'est la source.
00:55:11 Ne le mettez pas dans un sac, dans votre voiture.
00:55:14 Nous craignons que quelqu'un le prenne sans savoir ce que c'est
00:55:17 et se dise "voilà quelque chose d'intéressant".
00:55:20 -Voilà pour ce tour de l'actualité à 15h.
00:55:23 Place au débat.
00:55:24 La suite de la parole aux Français.
00:55:26 -Merci beaucoup, Simon Guilain.
00:55:28 On devait parler effectivement des violences contre les femmes,
00:55:32 mais nous avons un petit problème de liaison, problème technique.
00:55:35 On va parler de la réforme des retraites,
00:55:38 de la réduction de grèves. Demain, on fait le point.
00:55:41 C'est un sujet de la rédaction de CNews.
00:55:43 -Dans la rue, une foule aussi nombreuse
00:55:48 que celle du jeudi 19 janvier, voire plus conséquente,
00:55:51 c'est ce que prévoient les autorités pour demain.
00:55:54 Selon nos informations, ce sont 1,2 million de manifestants
00:55:57 qui sont attendus à travers la France,
00:56:00 dont 80 à 100 000 dans la capitale.
00:56:03 Au total, un peu plus de 250 actions
00:56:05 ont été déclarées au niveau national,
00:56:08 pour cette journée de protestation
00:56:10 contre la réforme des retraites.
00:56:12 En région, les plus fortes mobilisations,
00:56:14 autour de 30 000 manifestants, se tiendront à Toulouse, Marseille,
00:56:18 Lyon ou encore Montpellier.
00:56:20 Particularité de ce mouvement,
00:56:21 ils mobilisent fortement au-delà des grandes métropoles.
00:56:25 Dans les villes moyennes, comme Rodèze, Tulle, Limoges
00:56:28 ou encore Brive, 5 à 10 000 personnes s'étaient réunies
00:56:31 lors de la dernière journée d'action.
00:56:33 Plusieurs centaines de manifestants avaient aussi battu le pavé
00:56:37 pour se défendre dans des villes plus petites.
00:56:40 Du côté des lycéens, la mobilisation pourrait être plus importante.
00:56:43 Demain, alors que jeudi 19,
00:56:45 moins d'une trentaine d'établissements
00:56:47 avaient été concernés par des actions au niveau national.
00:56:51 Quant aux perturbateurs, les casseurs
00:56:53 qui voudraient dégénérer les cortèges,
00:56:55 seront à nouveau de la partie.
00:56:57 Lors de la précédente journée de manifestation,
00:57:00 les seules heures en région ont concerné la ville de Rennes.
00:57:03 A Paris, deux courts épisodes de violence
00:57:06 ont fait le désordre.
00:57:07 La masse des manifestants classiques.
00:57:10 -On a appris qu'il y aurait 50 % de grévistes
00:57:13 dans les écoles primaires, selon les syndicats.
00:57:16 Ce week-end, Elisabeth Bord, Philippe Guibert,
00:57:19 a annoncé que l'âge de départ repoussé à 64 ans,
00:57:23 c'était non négociable.
00:57:25 Il y aura peut-être des ajustements,
00:57:28 notamment sur l'éducation, sur le côté maternité.
00:57:31 Mais alors, 64 ans, qui met le monde dans les rues ?
00:57:34 C'est ça, le... -C'est le coeur de la contestation.
00:57:37 -Ce symbole est-il au coeur des contestations ?
00:57:40 Elle n'y toucherait pas ?
00:57:41 -Je me demande s'ils ont vraiment le choix.
00:57:44 Ils ont déjà fait un compromis en essayant de toper
00:57:47 avec les Républicains d'Éric Chioti,
00:57:49 en abaissant de 65 à 64 ans.
00:57:51 -Les Républicains, en petite parenthèse,
00:57:53 qui, dans leur programme présidentiel,
00:57:56 étaient favorables aux 65 ans. -Absolument.
00:57:58 Mais ils se retrouvent avec une réforme impopulaire
00:58:01 sur laquelle ils ont déjà fait des compromis.
00:58:04 Or, le marquant symbolique et le marquant financier, aussi,
00:58:08 de cette réforme, c'est les 64 ans.
00:58:10 Et donc, toucher à ces 64 ans, c'est détricoter,
00:58:13 c'est vider de son sens,
00:58:15 la réforme que l'exécutif propose.
00:58:17 Et donc, ils se sont mis un peu dans une seringue
00:58:20 à avancer avec 64 ans,
00:58:21 parce qu'ils n'ont plus de marge de manœuvre
00:58:24 pour éventuellement reculer, trouver un compromis
00:58:27 avec des organisations syndicales ou avec tel ou tel parti politique.
00:58:31 -J'ai l'impression que Mme Born est un peu coincée
00:58:34 et qu'elle veut en faire un marqueur symbolique
00:58:37 de son courage politique.
00:58:39 On verra si son courage politique tient très longtemps.
00:58:42 -Yves-Henri Eiffel ? -Il y a beaucoup de maladresse
00:58:44 dans la manière dont ce gouvernement a conduit ce projet de réforme.
00:58:48 Il a lâché dès le départ, alors qu'il aurait pu lâcher
00:58:52 au cours de la négociation. -Absolument.
00:58:54 -Par exemple, sur les... -La scène 65 à 64.
00:58:57 -A l'issue d'une négociation.
00:58:59 Le paradoxe, c'est que Mme Born est en train d'insuffler
00:59:02 un dynamisme à un monde syndical
00:59:05 et à un monde de la gauche extrême ou de la gauche radicale
00:59:09 qui s'épuisait, qui tombait en bas.
00:59:11 Grâce à Mme Born et à son rédissement,
00:59:14 que je peux comprendre,
00:59:15 on voit qu'il y a cet effet pervers d'une gauche
00:59:18 qui se croit porteuse d'une colère française.
00:59:21 Je pense que la colère française
00:59:23 ne se répercute pas tant sur les retraites.
00:59:26 Je pense que c'est un monde apparent
00:59:29 qui ne cherche pas à creuser l'autre grand malaise français,
00:59:35 qui est celui qui se dévoile à travers le problème de l'inflation,
00:59:38 de la lutte contre l'inflation et de la paupérisation.
00:59:41 Ces deux mouvements ne se rejoignent pas.
00:59:43 Il y a encore une enquête, un grand papier,
00:59:46 dans l'Ifop de ce matin, dans le Figaro,
00:59:49 qui montre que certes, les villes moyennes
00:59:51 viennent en appui à ce mouvement syndical.
00:59:54 -Massivement.
00:59:55 -Massivement, mais ce sont des villes moyennes
00:59:57 qui viennent en appui avec les fonctionnaires
00:59:59 de ces villes moyennes.
01:00:01 Ce sont des villes fonctionnarisées qui viennent en appui.
01:00:03 C'est un monde de fonctionnaires, privilégié,
01:00:06 qui se mobilise au sujet des retraites,
01:00:08 qui me semble être un mauvais sujet,
01:00:10 car je pense que les retraites doivent être réformées.
01:00:14 En revanche, il y a tout un pan de la société
01:00:16 qui m'intéresse davantage,
01:00:17 qui est cette société oubliée,
01:00:19 de la vraie France périphérique, qui, elle, travaille
01:00:21 et qui ne cherche pas les homos,
01:00:24 ni même les solidarités nationales,
01:00:25 mais qui veut simplement exister,
01:00:27 qui risque de se détacher de plus en plus de ce mouvement.
01:00:30 -Dernier mot, Philippe Guébert.
01:00:32 -La retraite est un sujet, que vous le vouliez ou non.
01:00:35 Et ce n'est pas une nouveauté que le secteur privé
01:00:39 manifeste beaucoup moins et fasse beaucoup moins grève
01:00:42 que le secteur public... -Deuxième remarque.
01:00:44 -...qui fait les gros bataillons de cette manifestation.
01:00:48 Deuxième remarque, il y avait d'autres moyens,
01:00:51 on en a discuté tout à l'heure avec le patron d'entreprise.
01:00:54 De jouer sur la durée de cotisation plutôt que sur l'âge légal
01:00:57 était une alternative à cette réforme du gouvernement.
01:01:00 Il n'y a pas qu'une seule façon de faire une réforme.
01:01:03 -On aura l'occasion de reparler de cette réforme des retraites,
01:01:06 mais là, nous avons retrouvé notre liaison avec Isabelle Steyer.
01:01:10 Bonjour. Merci d'être en direct avec nous.
01:01:12 Vous êtes avocate en droit pénal, spécialiste du droit des femmes,
01:01:15 et vous êtes l'avocate de la maman de Chloé.
01:01:18 Alors, Chloé, elle avait 24 ans,
01:01:19 elle avait déjà connu des problèmes avec son ex-compagnon.
01:01:23 Ça s'est passé en décembre dernier, à Beloit, dans le Loir-et-Cher.
01:01:28 Elle a été rouée de coups par son ex-compagnon,
01:01:30 elle est toujours dans un état gravissime à l'hôpital,
01:01:33 et pourtant, cette jeune femme avait essayé d'aller porter plainte,
01:01:37 elle s'était rendue même au commissariat,
01:01:39 et au commissariat, on lui avait dit "ouh là là,
01:01:42 "mais c'est après 17h, on a une autre affaire à traiter,
01:01:45 "revenez demain", et quelques heures après,
01:01:47 elle s'est fait tabasser.
01:01:49 On a eu les conclusions de l'IGPN,
01:01:51 c'est la police des polices qui a été saisie après le drame.
01:01:55 Alors, elle a établi plusieurs choses.
01:01:57 Déjà, le major qui était là
01:02:01 a été mis à pied à titre conservatoire.
01:02:04 On a appris qu'il avait déjà fait l'objet d'un avertissement
01:02:07 en 2022 pour une autre affaire, et il risque la révocation,
01:02:11 mais ça, c'est désormais entre les mains
01:02:13 du directeur général de la police nationale.
01:02:15 Que pouvez-vous nous dire sur ce rapport, maître Steyer ?
01:02:19 -Imaginez-vous que je ne l'ai jamais eu entre les mains, ce rapport.
01:02:23 Donc, j'avais invité la police à me le communiquer
01:02:28 avant de le communiquer à la presse,
01:02:30 parce qu'il me semble que la maman doit être informée
01:02:33 de l'aide donnée à cette procédure-là,
01:02:35 mais vous en savez plus que moi, vous voyez.
01:02:37 -Est-ce que ça vous semble important ?
01:02:39 Est-ce que c'est une pièce à l'édifice ?
01:02:42 -Alors, c'est un plan qui est fait par l'institution,
01:02:47 et que l'institution, enfin, pour une fois,
01:02:49 c'est-à-dire c'est à Témar,
01:02:51 a fait une posture d'exclusion de ce policier.
01:02:54 Et là, c'est assez innovant,
01:02:56 parce que dans des procédures que j'ai extrêmement graves,
01:02:58 qui m'ont amenée malheureusement à un féminicide,
01:03:02 les policiers qui n'avaient jamais pris la police,
01:03:04 qui n'avaient pris que des mains courantes
01:03:06 pour pouvoir renvoyer chez elles les femmes victimes,
01:03:09 n'ont jamais été sanctionnés.
01:03:12 Même une sanction au sein de la police.
01:03:14 Donc là, c'est une pièce à l'édifice,
01:03:16 qu'il y ait enfin un autre plan qui sanctionne
01:03:19 et qui mette hors circuit un policier
01:03:22 qui, de toute façon, n'a pas la compétence,
01:03:24 n'a pas l'appétence à traiter des plaintes conjugales.
01:03:28 C'est la deuxième fois pour ce policier.
01:03:30 Il n'avait déjà pas envoyé une voiture de police
01:03:33 alors qu'il était un acteur.
01:03:35 Donc on n'est pas sûr de ce point,
01:03:36 et c'est aussi un policier qui va...
01:03:39 Et de moi. Donc finalement...
01:03:41 C'est...
01:03:42 -Alors, maître Steyer, on vous entend extrêmement mal,
01:03:45 je comprends mieux les problèmes de liaison
01:03:46 qu'on avait pour vous joindre.
01:03:48 Je suis navrée, et l'émission touche à sa femme.
01:03:50 On a compris que ce rapport et cette enquête de l'IGPN
01:03:53 étaient quand même importantes
01:03:54 et qu'il y aurait des sanctions.
01:03:56 C'était important, c'était une pierre à l'édifice.
01:03:57 Justement, dans la lutte contre les violences faites aux femmes,
01:04:01 on aura l'occasion, hélas, j'allais dire,
01:04:04 de retraiter ce sujet et de vous rappeler.
01:04:07 Merci, Philippe Guibert, merci, Yvan Rioufol.
01:04:09 Dans un instant, Nelly Denac et ses invités.
01:04:11 90 minutes info.
01:04:12 Elle reviendra, bien sûr, sur la réforme des retraites
01:04:15 et la mobilisation de demain.
01:04:17 A demain 14 juin.
01:04:18 ♪ ♪ ♪

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