Arte : Le monde selon Xi Jinping
  • il y a 2 ans
"Observons avec calme, garantissons nos positions, gérons les affaires avec sang-froid, cachons nos capacités et attendons notre heure, sachons garder un profil bas, ne prétendons jamais au leadership, toujours cherchons des réalisations". Telle était la stratégie dite "des 24 caractères" formulée par le dirigeant chinois Deng Xiaoping en 1991.

Une profession de foi qui fut l'Etoile du Nord de la Chine durant ces 30 dernières années, faisant prendre au pays un essor économique absolument phénoménal, assumant désormais sans complexe une expansion internationale qui en fait une puissance économique, politique et militaire redoutée. Entre les mains du tout puissant Parti Communiste Chinois, l'Empire du Milieu ne se contente plus d'être, comme il le fut durant si longtemps, l'atelier du monde.

Il aspire désormais à lui les sociétés à fort potentiels technologiques, les matières premières, une quantité colossale de ressources énergétiques, et même les terres agricoles. Devenue la seconde puissance économique mondiale, la Chine a désormais un unique but. Que ce pays de 1,4 milliards d'habitants devienne la première puissance mondiale d'ici 2049; date anniversaire du centenaire de la fondation de la République populaire de Chine.

C'est en tout cas le rêve caressé par Xi Jinping, au coeur d'un passionnant et glaçant portrait diffusé ce soir sur Arte, Le monde selon Xi Jinping. Derrière son apparente bonhommie se cache un chef redoutable. En mars 2018, à l’issue de vastes purges, Xi Jinping modifie la Constitution et s’intronise "président à vie". Une concentration des pouvoirs jamais vue depuis la fin de l'ère maoïste.

Né en 1953, ce fils d’un proche de Mao Zedong révoqué pour "complot antiparti" choisit à l'adolescence, en pleine tourmente de la Révolution culturelle, un exil volontaire à la campagne pendant sept ans, comme pour racheter la déchéance paternelle. Revendiquant une fidélité aveugle au Parti, il gravira en apparatchik "plus rouge que rouge" tous les degrés du pouvoir. Et même si son père fut réhabilité, il aura la sagesse, sinon l'intelligence, de (re)partir tout en bas de l'échelle, en province; faire profil bas et ne pas se comporter en prince rouge. De quoi satisfaire les caciques du régime, qui apprécient cette modestie et peuvent surtout contrôler les jeunes pousses en devenir du PCC.

Depuis son accession au secrétariat général du Parti en 2012, puis à la présidence l'année suivante, les autocritiques d'opposants ont réapparu, par le biais de confessions télévisées. Il lancera même une campagne anti-corruption, baptisée "chasse aux tigres et aux moucherons"; le même nom qu'une ancienne campagne de purges à l'époque de Mao... Un moyen pratique surtout pour faire condamner tous ses opposants politiques. Bilan ? 170 ministres et vice-ministres, 4000 officiers de l'armée et une centaine de généraux, partis croupire en prison ou assignés à résidence. Au total, 1,5 millions de cadres du Parti ont été purgés...
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