Caen. Millions détournés : les larmes d’un président de club de foot trahi

  • il y a 5 ans
Caen. Millions détournés : les larmes d’un président de club de foot trahi.

Vendredi 4 octobre 2019, Claude Peronne, bénévole depuis cinquante ans au club de foot de Thaon (Calvados), a raconté au tribunal, comment un tournoi à son nom avait été organisé, sans qu’il soupçonne l’origine frauduleuse des fonds.

La Peronne cup ? C’était pour lui rendre hommage. Mais l’éphémère tournoi de foot de jeunes joueurs internationaux accable toujours Claude Peronne. Et l’a amené à comparaître, à 70 ans, ce vendredi 4 octobre 2019, comme suspect de recel. Un procès de quatre jours à Caen, autour des millions d’euros détournés par Sébastien L., ancien contrôleur de gestion de la société Coop saveurs Coop services.

La voix tremblante, ses deux bras cramponnés à la barre pour soutenir son corps massif affaibli par un cancer, Claude Peronne rappelle ses cinquante ans à l’US Thaon, petit club au nord de Caen, comme président bénévole.

« Pour moi, c’était des dons »
La Cup ? L’organisation est déjà lancée quand Sébastien lui annonce, dans une loge du Stade Malherbe, en mars 2016, qu’elle portera son nom. Le quadragénaire entend la sponsoriser. Une générosité presque naturelle de la part du prétendu numéro 3 de Défi viandes. Il avait, au fil des ans, financé un bus, injecté des fonds pour rénover le club house et l’éclairage, acheté beaucoup d’équipements aux jeunes joueurs. En se servant dans les caisses de son employeur, Défi viandes et Maxi viande, à l’époque.

Claude Peronne, entrepreneur dans la construction, n’a-t-il rien soupçonné, s’interroge le juge ? « Il m’avait dit qu’il avait vendu des boucheries pour plusieurs millions d’euros. » La confiance est totale, au point que Claude, âgé, envisage que Sébastien lui succède à la présidence. « Pour tout l’argent qu’il nous donnait, je lui faisais des Cerfa (formulaires destinés aux impôts). C’était pour moi des dons avec réductions fiscales. » Me Belot, avocat du grossiste en viandes, s’étonne : « Quand on voit les montants… »

On en revient, comme la veille, à la confiance envers le faux personnage que Sébastien L. avoue s’être créé. « Il était en charge du sponsoring dans le club », rappelle Me Christine Corbel, avocate du septuagénaire. « On ne s’est jamais posé de question ! » lâche Claude Peronne. Qui n’a jamais personnellement reçu un centime.

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