À quoi joue Bruno Retailleau ? Par Marylou Magal

  • il y a 6 ans
Bruno Retailleau, l'ambitieux de l'ombre
Loin des difficultés des Républicains, Bruno Retailleau s'affaire. Autour de Force républicaine, il structure, rassemble, fédère. Dans quel but ? https://lpnt.fr/2JJ5ytw

En septembre 2017, déjà, il avait laissé planer le doute. Allait-il, ou non, se porter candidat à la présidence des Républicains ? Certains pariaient sur lui, d’autres lisaient dans cette hésitation publique une stratégie politique. Peut-être avaient-ils vu juste. Bruno Retailleau s'est effacé au profit de Laurent Wauquiez. Puis il a quitté la présidence du conseil régional des Pays de Loire, pour conserver celle du groupe LR au Sénat. Ce proche de François Fillon a préféré se tenir éloigné de la direction du parti.

Il aurait aimé, d’ailleurs, à l’époque, que le choix du dirigeant soit moins rapide, que sa famille politique prenne le temps de digérer sa défaite, de se reconstruire, de laisser place aux idées plutôt qu’à la « querelle des ego ». Cela n’a pas été le cas. Après l’échec de la droite à la présidentielle, Laurent Wauquiez s'empare de la tête du parti. Puis suivent l’affaire de l’enregistrement de l’EM Lyon, l’éviction de Virginie Calmels, la proposition de Guillaume Peltier d’augmenter le smic de 20 %. Chez Les Républicains, tout part à vau l’eau. Mais Bruno Retailleau reste détaché. Il y va de son commentaire, par-ci, par-là, qualifiant Laurent Wauquiez de « clivant », décrédibilisant les propos de Guillaume Peltier. Le sénateur de la Vendée creuse son sillon sans s'impliquer dans les batailles internes.

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Chacun crée sa chapelle parce que tout le monde parie sur l’échec de Laurent Wauquiez

« Il y a des difficultés dans le parti, je ne vais pas le nier, confirme Annie Genevard, secrétaire générale des Républicains. Des nuances et des ambitions, il y en a aussi… » La ligne dictée par Laurent Wauquiez ne fait pas l’unanimité, et les différentes sensibilités s’incarnent dans des chapelles. Valérie Pécresse, qui avait renoncé à se présenter à la tête du parti, crée son mouvement « Libres ! » avec Maël de Calan et l’ancien directeur de campagne de François Fillon, Patrick Stefanini. « Nous travaillons sur le projet de Valérie Pécresse, explique ce dernier. Nous avons notre propre écurie. » Et les concurrences sont plus présentes que jamais. « Ça ne passe pas entre Pécresse et Retailleau », glisse un cadre des Républicains.

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Damien Abad, vice-président du parti, a, quant à lui, envie de « faire le match avec Macron sur les questions économiques et sociales ». « Je prendrai certaines initiatives dans ce sens à la rentrée », affirme-t-il au Point. Un énième mouvement au sein de LR ? « Le problème de ce parti, c’est que chacun crée sa chapelle parce que tout le monde parie sur l’échec de Laurent Wauquiez. Le numéro un ne fait pas la majorité parmi les barons », analyse un poids lourd de la droite.