Presentation FROGs 2012 - L Bailly

  • il y a 12 ans
Caractérisation moléculaire de goudrons végétaux archéologiques en contexte maritime

Lucile Bailly a, Armelle Charrié-Duhaut b, Jacques Connan a, Damien Sanders c, Pierre Adam a

a Laboratoire de Biogéochimie Moléculaire, UMR 7177 du CNRS, Université de Strasbourg.
b Laboratoire de Dynamique et Structure Moléculaire par Spectrométrie de Masse LDSM2, UMR 7177 du CNRS, Université de Strasbourg.
c 1, rue du 8 mai 1945, 2100 Dinan, France.

Résumé :
Des enduits organiques fabriqués à partir de produits végétaux ont été retrouvés en contexte archéologique, en particulier sur des épaves, en plus ou moins bon état de conservation du fait de leur sensibilité aux processus d’altération. L’objectif de l’étude est de caractériser l’origine géographique et biologique des substances naturelles utilisées ainsi que le mode de préparation et le degré d’altération des enduits.
Dans cette optique sont mises en œuvre des analyses moléculaires et isotopiques (par le biais de GC-MS, LC-MS, GC-IRMS) de matériaux organiques (principalement résines de conifère et poix) collectés sur différentes épaves. Les échantillons étudiés ont été prélevés sur les deux épaves de la Natière (« La Dauphine » et « L’Aimable Grenot » échouées respectivement en 1704 et 1749), l’épave « Mary Rose » (coulée en 1545) et d’autres épaves appartenant à un contexte méditerranéen[1]. Le panel d’échantillons est constitué de cordages enduits, d’échantillons provenant du calfatage de la coque de certains des navires cités et de prélèvements du matériel organique conservé en tonneau à bord de « L’Aimable Grenot ». Une attention particulière est portée à la recherche de marqueurs moléculaires diagnostiques des matériaux dérivés de conifères, constitués majoritairement de diterpènes des séries abiétane et pimarane. L’étude réalisée a permis notamment l’identification de matériaux variés provenant des épaves tels que du goudron de pin ou encore du couroi[2].
Il apparait toutefois que dans l’état actuel des connaissances, l’identification des résines, poix et autres goudrons de conifère est majoritairement basée sur la présence d’une douzaine de biomarqueurs diterpéniques aromatiques et acides[2,3,4]. Or, la recherche de ces seules molécules dans les échantillons archéologiques n’est généralement pas suffisante pour l’obtention d’informations précises quant à la nature de ces matériaux archéologiques, les conditions de préparation, en particulier lorsque l’empreinte diagnostique usuelle est modifiée ou perdue de par le vieillissement du matériau. Pour pallier ces incertitudes, il a été mis évidence lors de notre étude une série de composés aromatiques qui semble permettre l’identification d’une poix altérée et qui pourrait de plus conduire à l’évaluation du degré d’altération de l’échantillon. D’autre part, ce groupe de molécules, associé à la présence d’une nouvelle série d’esters diterpéniques, pourrait permettre la distinction entre goudrons de conifère et résines altérées.

Références
1 Les échantillons provenant de l’épave « Mary Rose » ont été prélevés par la « Mary Rose Trust ». Les échantillons de cordage provenant des épaves de la Natière (« L’Aimable Grenot » et « La Dauphine ») ont été prélevés par l’ADRAMAR et la DRASSM. Les échantillons ont été fournis par Damien Sanders, agissant pour le compte de ces organismes.
2 Charrié-Duhaut Armelle et al., Molecular and isotopic characterization of organic samples from the wreck of the Saint-Etienne merchant ship (XVIIIth century): Identification of pitch, fat, hair and sulfur, Organic Geochemistry, 40, 2009, 647-665
3 Connan Jacques et al., Identification de poix et résine de conifère dans les échantillons archéologiques du lac de Sanguinet : Exportation de poix en Atlantique à l’époque gallo-romaine, Revue d’Archéométrie, 26, 2002, 177-195
4 Otto Angelika et al., Terpenoids as chemosystematic markers in selected fossil and extant species of pine (Pinus, Pinaceae), Botanical Journal of the Linnean Society, 154, 2007, 129-140