Colonel Mang : "Ou vous faisiez des prisonniers... ou vous n'en faisiez pas"

Le colonel Sylvestre Mang, aujourd'hui retraité de l'armée camerounaise, a participé aux premières opérations de l'armée camerounaise contre les maquis nationalistes. Diplômé de la première promotion de l'Ecole militaire inter-armes du Cameroun (EMIA) en 1961, Mang en sortira sous-lieutenant. Affecté à Dschang puis Ngambé, il affirme qu'il préférait susciter des ralliements des insurgés que les éliminer froidement, contrairement à d'autres collègues qui, pour leur part, ne faisaient pas de prisonniers. Comme se souvient Mang dans une formule elliptique mais sans ambiguïté : "Ou vous faisiez des prisonniers... ou vous n'en faisiez pas".
Ce témoignage montre la violence des affrontements, et le zèle de certains officiers face à l'insurrection. Une attitude qui explique que certains insurgés aient préféré rester plusieurs années au maquis plutôt que risquer la mort en se ralliant au régime.
En affirmant aujourd'hui qu'il a toujours été un sympathisant caché de l'Union des populations du Cameroun (UPC), le colonel Mang exprime ses regrets d'avoir servi dans l'armée d'Ahmadou Ahidjo. En se désolidarisant des pratiques militaires les plus violentes (exécutions sommaires, torture, ...), il témoigne du jusqu'au-boutisme de nombreux jeunes officiers camerounais, entraînés par le premier directeur de l'EMIA, le lieutenant français Jacques Lefèvre, un adepte du colonel Marcel Bigeard.