Francis Huré : "Ces gens-là venaient à New York..."

  • il y a 13 ans
Le 17 décembre 1952, le secrétaire général de l'Union des populations du Cameroun (UPC), Ruben Um Nyobè, parvient enfin à la tribune des Nations Unies pour plaider l'indépendance de son pays sous tutelle onusienne. Il y remporte un franc succès et accède ainsi à la notoriété internationale. Ce n’est pas du goût de Paris, qui dépêche illico à New York des contradicteurs triés sur le volet, le sénateur rondouillard SFIO Charles Okala et l’éternel prince du MRP Douala Manga Bell, pour contester la représentativité de l’UPC. Drôle de mise en scène, dont se souvient le diplomate Francis Huré, alors assistant du représentant de la France au Conseil de tutelle (et futur ambassadeur de France au Cameroun). Il raconte qu’Um Nyobè « avait en face de lui un certain nombre de gens qu’on appelait les pétitionnaires, qui étaient des gens – il faut bien l’avouer – que la France avait bien choisis pour leur fidélité et qui allaient s’opposer à ce qu’allait raconter Ruben Um Nyobè, en disant : “Um Nyobè est un affreux bonhomme, nous nous sommes de bons Africains. Regardez, je suis complètement noir, je m’appelle Okala ou le prince Douala Manga Bell” ». Ce dernier, en particulier, l’a marqué par sa servilité : « Il répétait tout le temps : “Je suis votre nègre de service, alors ne me bousculez pas !”, c’était tout à fait habituel. » Cet épisode peu glorieux révèle d’ailleurs autant la soumission (intéressée) de certains Camerounais que le mépris qu’ils reçoivent en échange de la part de leurs marionnettistes français.

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