Tchernobyl, notre dame de l'oubli (Chernobyl day)

  • il y a 14 ans
Toi qui viens de regarder ce petit film, tu veux peut-être en savoir plus sur moi.
Mon nom est Savvati, né il y a 23 ans près de Prypiat, en Ukraine. Plutôt jeune, ma foi, pour un orphelin de père.

Je passe quelques jours ici à Nice, et c'est sous un ciel bleu-gerboise que je traverse la place Masséna, sautant de carreau noir en carreau blanc. Noir, blanc. Ou plutôt "tcherni, bieli", comme on dit dans ma langue. Tcherni, hop ! Bieli, hop ! Tcherni...

Tchernobyl... je ne saurais jamais si mes parents l'ont sciemment choisi, mais mon prénom signifie "samedi", comme ce 26 avril 1986... comme s'ils avaient voulu que je sois, le temps d'une vie, l'attente d'une mort, la mémoire biologique de cet enfer. Mon père fut un des liquidateurs, on les
appelaient aussi "biorobots", qui firent de leur mieux pour nettoyer le site dans les jours qui suivirent l'explosion. Comme une éponge pourrait lutter contre la marée noire. Il mourut quelques mois plus tard, peu après ma naissance, se décomposant peu à peu, bien que vivant et conscient, sur son lit.

Malgré la contamination toujours trop élevée pour que la zone soit vivable, quelques touristes et journalistes occidentaux viennent visiter notre "ground zero". Leur vision du site est déroutante, rapprochant souvent l'architecture de l'ex-Centrale Lénine de celle d'une cathédrale. Ce langage emprunté au sacré fait curieusement écho au "sarcophage" de béton qui fut construit à la va-vite pour entourer le défunt réacteur... Mon voisin y voit de fait une claire analogie : pollution des corps d'un côté, pollution des esprits de l'autre... Le pope de mon village me rapporte, lui, que la religion chrétienne fait allusion dans ses textes à un terrible empoisonnement d'ampleur semblable. Ainsi l'apôtre Jean, dans son Apocalypse, prédit-il : ...

[la suite sur le site www.calami.tv, section 'melting pot' - désolé, mais la place disponible sur Dailymotion est limitée à 2000 caractères]

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