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TPMP Extrait d'Emission (2022) Claire victimer d'une agression sexuelle
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00:00On va passer maintenant aux invités du soir, on va recevoir dans un instant Claire.
00:08C'est une jeune femme de 27 ans qui a subi l'horreur il y a quelques jours seulement en plein Paris.
00:14Elle va vous raconter cette histoire, Claire sera avec nous et Michel-Marie sera là également,
00:18puisqu'il y a eu deux drames, Gilles, on va en parler et vous allez voir cette histoire est effroyable.
00:24C'est parti, avec la...
00:26Samedi dernier, deux jeunes femmes affirment avoir vécu l'horreur.
00:34Un homme visé par une OQTF mis en examen pour deux viols.
00:38Après s'en être pris à une première femme, un SDF aurait violé quelques instants plus tard
00:42une autre personne âgée de 27 ans dans les parties communes d'un immeuble.
00:46Une jeune femme qui déclare avoir été étranglée et plaquée au sol lors de son agression.
00:49De nationalité centrafricaine, l'homme qui a été placé en détention provisoire
00:53était sous le coup d'une obligation de quitter le territoire français.
00:57Agressé et étranglé samedi dans un hall d'immeuble par un sans-abri sous OQTF,
01:01Claire témoigne ce soir dans TPMP.
01:03Je voudrais remercier Claire d'être avec nous.
01:08Merci Claire.
01:09Bonsoir.
01:09Merci d'être là ce soir et merci Michel-Marie bien entendu d'être là.
01:13Juste avant qu'on ait les témoignages, c'était un individu sous OQTF, on va rappeler ce que c'est.
01:21L'obligation de quitter le territoire français, qui est une décision qui est très peu appliquée
01:26puisque 7% seulement de ses obligations sont suivies d'effet.
01:30Voilà.
01:3093% ne servent à rien.
01:32Pourquoi alors ?
01:33Parce que là, il y a…
01:33Alors, il y a le laxisme total, il y a des problèmes administratifs.
01:37Alors non, ce que nous dit aussi le ministre de l'Intérieur, c'est que…
01:38Les pays ne veulent pas…
01:40J'allais y venir, c'est qu'il y a des pays qui ne veulent plus.
01:43L'Algérie, pendant très longtemps, ne voulait plus, par exemple, récupérer ses ressortissants.
01:47Il y a aussi le fait que, quand les gens sont dans les centres de rétention,
01:50ils peuvent faire appel, contre-appel, il y a des associations qui leur expliquent comment en sortir,
01:56comment débarquer de l'avion quand ils sont dans l'avion.
01:59Donc, il y a plein de faits, plein de facteurs qui expliquent que les OQTF en France ne servent à rien.
02:03Non, mais c'est ça, donc…
02:047%, c'est incroyable, c'est un taux sidérant.
02:08C'est-à-dire qu'on en parle beaucoup, mais ces gens-là, ils sont là, en permanence,
02:12et comme ils n'ont souvent pas de papier, eh bien, ils errent dans les rues
02:16et ils peuvent commettre des agressions, il faut le reconnaître.
02:18Oui, il faut le reconnaître.
02:19Oui, bien sûr.
02:20C'est la première fois, puisqu'on a d'autres.
02:21Ah, ce n'est pas la première fois, il y en a plein d'exemples d'agressions comme ça.
02:26Et souvenons-nous, par exemple, d'Abiabé, vous vous souvenez d'Abiabé, ce meurtre horrible.
02:30Voilà, de la petite Lola.
02:32Bien sûr.
02:32Au QTF.
02:33C'est ça.
02:35Récemment, Gare du Nord, l'homme qui blesse des passants à l'arme blanche au QTF.
02:40Donc, il y a plein de ces gens sous au QTF qui sévissent,
02:43qui continuent à sévrir et à commettre des crimes monstrueux.
02:46Alors, on va voir le témoignage de Claire dans un instant, juste.
02:48Michel-Marie, parce que Claire n'a pas été la seule, ce jour-là, à vivre un enfer.
02:55L'individu, il était, comme on l'a dit, sous au QTF.
02:58Alors, oui, il était sous au QTF.
03:02Les faits se sont déroulés en trois temps, enfin en deux temps, puis un troisième temps, qui est le temps de l'interpellation.
03:09Ça se déroule, les faits se déroulent samedi, samedi 11 novembre.
03:14Vers 16h, une jeune femme de 19 ans, qui est baby-sitter, qui se rendait à son travail, donc dans la famille où elle devait garder des enfants.
03:26Et elle a été suivie par un individu.
03:29Elle est rentrée dans le hall de l'immeuble.
03:31Et l'individu lui a sauté dessus et l'a violée.
03:38Et une heure et demie, une heure et demie plus tard, on saura par la suite que c'est le même individu,
03:46s'en est pris cette fois-ci dans le huitième arrondissement à une jeune fille de 29 ans qui est assise à côté de moi
03:52et à qui il a fait subir le même sort.
03:58Il a ensuite été interpellé par la sécurité publique dans le huitième arrondissement, c'est-à-dire sur l'avenue des Champs-Elysées.
04:07Les deux victimes ont eu le temps de voir l'agresseur,
04:10de pouvoir faire une description à la fois vestimentaire et physique de cet individu.
04:17Ça a circulé sur les ondes police et il y a des fonctionnaires de police qui se trouvaient sur l'avenue des Champs-Elysées
04:23qui ont repéré un type qui correspondait à ce signalement.
04:27Ils l'ont interpellé et c'était le bon individu.
04:31Il a été placé en garde à vue, déféré, mis en examen pour viol aggravé sous la menace d'une arme.
04:39Et il a été incarcéré.
04:42Alors effectivement, il était sous OQTF et j'écoutais ce que disait Gilles Verdez tout à l'heure.
04:48Mais c'est vrai que c'est une équation impossible OQTF parce qu'on a des accords avec Bruxelles,
04:54c'est-à-dire qu'on est sous la coupe de Bruxelles et on ne peut pas en fait,
04:58sauf à ce que le pays soit d'accord pour accueillir le ressortissant,
05:05il ne se précipite pas pour les accueillir.
05:06Et ça prend un temps fou parce que le grand jeu de ces individus,
05:11c'est de dire quand ils sont marocains qu'ils sont tunisiens,
05:13quand ils sont tunisiens d'être algériens et ainsi de suite.
05:15Ce qui fait qu'entre les administrations, les empreintes digitales ou l'ADN circulent,
05:22ça met des mois et des mois avant de revenir.
05:25Et en attendant, ils sont effectivement placés dans des centres de rétention.
05:28Mais c'est à une durée très limitée.
05:30Ensuite, on les remet dehors.
05:31Et au bout d'un an, l'OQTF est caduque au bout d'un an.
05:35Je préciserai simplement là par rapport à ces faits de samedi,
05:38que l'individu repère ses proies.
05:41Il y a deux fois la présence d'une arme blanche et des méthodes...
05:45Il y a le viol et une violence terrible puisqu'il étrangle, il plaque au sol.
05:50Donc c'est quelqu'un d'extrêmement dangereux dont la dangerosité a été repérée immédiatement
05:54par les policiers qui l'ont arrêtée.
05:55Alors Claire est avec nous.
05:57Merci Claire d'être là.
05:58Merci encore.
05:59Ce qui vous est arrivé samedi dernier, c'est l'horreur absolue.
06:02C'était en après-midi, vous étiez partie faire des courses.
06:05C'était dans Paris.
06:07Exactement, j'étais partie faire des courses.
06:08Je devais faire un dîner avec mon copain justement.
06:11Donc j'étais juste partie acheter ce que je devais justement cuisiner, etc.
06:15Et en fait, ce qui s'est passé, c'est que je suis rentrée.
06:18J'étais au Monoprix dans le 17ème, donc à 10 minutes à pied de chez moi.
06:21Qui est aussi entre l'agression qui s'était passée juste avant.
06:25Marché seul, tranquille ?
06:26Marché seul, tranquille.
06:27Je n'avais même pas mes écouteurs.
06:29Et en fait, juste, j'ai ouvert mon hall de chez moi.
06:33Alors, est-ce que vous vous sentiez suivie ?
06:34Pas du tout.
06:35Pas du tout ?
06:35Pas du tout, je n'ai rien entendu.
06:37Vraiment, rien du tout.
06:38Vous ne vous sentez pas du tout suivie ?
06:39Vous revenez des courses, vous avez des courses, vous avez des paquets ?
06:41J'avais juste un petit sac Monoprix et une bouteille de vin.
06:44D'accord.
06:45Donc vous aviez un petit dîner, vous préparez un petit dîner.
06:47Donc on est dans le 8ème arrondissement de Paris, qui est assez fréquenté en plus, avec beaucoup de passages.
06:51C'est ça qui est…
06:52Exactement.
06:53Il y a énormément de monde, il y avait énormément de monde dans les rues ?
06:56Après, ma rue est assez calme, donc comme c'était le 11 novembre aussi, peut-être que les personnes étaient parties en week-end, mais je pense que…
07:02Enfin, oui.
07:03Donc là, vous ne sentez rien de particulier ? Vous rentrez donc dans votre hall d'immeuble ?
07:10Vous faites un code ? Vous avez un code ?
07:11Oui, justement, j'ai fait le code et juste la porte est très très lourde à ouvrir et se referme très lentement.
07:17D'accord.
07:18Et j'étais en train de marcher et j'ai senti quelque chose qui m'a fait plaquer au sol.
07:22Ah donc, en fait, vous rentrez et vous sentez tout de suite que vous êtes plaquée au sol ?
07:26Exactement.
07:27Et là, je me fais attraper justement et couper la respiration.
07:33Donc je ne comprends pas trop ce qui se passe au début et après, pendant 10 minutes, vraiment, je me débats, je crie, personne ne m'entend.
07:40Alors, vous êtes là, vous êtes dans le hall d'immeuble, vous sentez donc quelqu'un, vous arrivez à vous retourner, vous voyez la personne ?
07:47Pas du tout parce que, enfin, c'était une personne quand même qui était assez forte, je pense qu'il faisait au moins 1m85, assez costaud, avec une capuche en plus.
07:54Donc, je n'ai rien vu au début et qui vraiment m'agrippait le visage comme ça et…
07:59Il vous agrippait le visage, il vous étrangle ?
08:01Il m'étrangle, il m'étouffe, il me coupe la respiration aussi.
08:05Donc, vous êtes à terre ?
08:06À terre, du coup, oui. Il était au-dessus de moi.
08:08Vous essayez de crier, vous arrivez à crier quand même ou pas ?
08:11Au début, j'arrive à crier, sauf que je vois que je m'étouffe, entre guillemets, de plus en plus.
08:15Donc, juste, je me dis que c'est un peu compliqué et puis en plus, il me fait des menaces de mort.
08:19Qu'est-ce qu'il vous dit ?
08:20Il me dit, je vais te tuer. Chute, tais-toi, je vais te tuer.
08:24Il vous dit ce qu'il veut tout de suite ou pas du tout ?
08:29Au début, non.
08:29Vous pensez à quoi au début ?
08:30Vous pensez à quoi ?
08:30Là, je me dis, vous vous rendez de course, vous vous retrouvez plaqué au sol, agressé.
08:36Vous pensez à quoi à ce moment-là ?
08:38Vous dites c'est quoi ? Il veut quoi ?
08:41Au début, je me dis qu'il veut juste me voler, entre guillemets.
08:44C'est ça, ouais.
08:45Qu'il va juste prendre mon sac et mon téléphone et que ça s'en finira.
08:49Et en fait, au final, il commence à me dire qu'il veut plus.
08:53Il vous dit quoi ?
08:54Il me dit, tu vas faire ce que je te dis maintenant et tu vas arrêter de crier.
08:59Et du coup, je vais te baiser.
09:05Là, monsieur, on ne va pas rentrer dans les détails.
09:08Bien sûr.
09:08Bien sûr.
09:09Donc là, il arrive à ses fins.
09:16Du coup, j'essaye de me débattre pendant une dizaine de minutes.
09:20Je vois que c'est un peu peine perdue et que pour sauver ma peau, le seul moyen, c'était que je fasse ce qu'ils veulent.
09:25Donc, justement, pendant 20 minutes après, il y a eu viol.
09:30Et pendant ce temps-là, en fait, je me suis un peu dissociée de mon corps et je me suis dit, il faut que je trouve toutes les solutions possibles pour pouvoir en tout cas partir et juste quitter cet endroit.
09:40Ce cauchemar, il dure 20 minutes ?
09:4330 minutes.
09:4330 minutes, mais personne ne rentre et ne sort de l'immeuble ?
09:46Non.
09:46Et là, vous voyez, ça ne fait que 10 minutes qu'on se parle et ce n'est toujours pas fini, le viol.
09:49Non, non, mais je vous le jure, c'est incroyable.
09:51Et personne ne rentre ni ne sort de l'immeuble pendant ces 30 minutes ?
09:55Non.
09:56Vous ne criez plus à un moment ?
10:00Je ne crie plus parce que je ne sais pas pourquoi je sentais qu'il avait peut-être une arme sur lui.
10:03J'ai entendu des bruits un peu de métal et je me suis juste dit, ok, sauve ta peau et en attendant, qu'il y ait quelqu'un qui arrive, fais ce qu'il dit.
10:10Vous aviez peur de le frapper, de trop crier à un moment où vous vous êtes dit, ça va être pire ?
10:18Exactement.
10:20Je me suis dit que juste, il fallait mieux rien dire et attendre.
10:23Il était où votre copain à ce moment-là ?
10:25Il était chez lui, il était censé arriver l'heure d'après.
10:29Et donc là, ce qui est fou, je vous dis, c'est incroyable, par exemple, une demi-heure, personne qui rentre dans le hall de l'immeuble.
10:38Qu'est-ce que vous vous dites à ce moment-là ?
10:39Vous vous dites, la seule manière de m'en sortir, c'est quoi ?
10:41Parce que, est-ce que vous vous dites, il va me tuer ou est-ce que vous vous dites, non, je vais faire ce qu'il me dit et peut-être qu'il va partir après ?
10:50Non, je pensais qu'après qu'il ait eu ses fins aussi, qu'il littéralement me tue,
10:55donc je me suis dit qu'en fait, j'allais attendre le moment où il était capable de, entre guillemets, lâcher prise pour pouvoir justement partir et m'échapper.
11:05Alors, justement, qu'est-ce qui se passe ?
11:09Qu'est-ce qu'il vous dit ? Quand il s'en va, qu'est-ce qu'il vous dit ? Quand vous sentez qu'il va partir et que vous allez survivre à ce drame ?
11:22Du coup, en fait, il y a une voisine qui descend de l'immeuble et qui ouvre la porte et qui nous voit.
11:29Et moi, en fait, le moment où il tourne la tête, je savais très bien où étaient mon sac et mon téléphone.
11:33Je me suis dit, j'ai besoin de mon téléphone pour appeler la police, j'ai besoin de mon sac pour rentrer chez moi.
11:36Donc, je cours vers mon sac et mon téléphone pour les récupérer.
11:40Et juste, je vais derrière la voisine.
11:42Et lui, à ce moment-là, part pour la fuite.
11:44– Là, vous êtes dans quel état à ce moment-là ? Avec la voisine ?
11:49– Dans un état, j'avais plein de sang sur moi aussi parce que du coup, j'avais une bouteille de vin qui s'est éclatée par terre.
11:54Donc, j'ai essayé de me débattre, d'où le pansement-là, où j'ai dû me faire opérer, etc. après en plus.
12:01Et en fait, ce qui s'est passé, juste, j'ai commencé à dire à la voisine que je me faisais violer, je pleurais.
12:07– Excusez-moi, parce qu'on n'a pas entendu.
12:08– Juste que je me faisais violer, du coup.
12:12Et au début, elle ne comprenait pas.
12:13Et en fait, son seul objectif, c'était de prendre son Uber pour partir en voyage.
12:19– Elle vous dit quoi, la voisine ? Parce que c'est incroyable, ça aussi.
12:22Vous lui dites, je viens de me faire violer.
12:24Vous êtes dans un état, vous saignez, vous êtes dans un état de, forcément, de…
12:28– Choc.
12:29– De choc incroyable.
12:31Et elle vous dit, elle vous prend pour une folle ?
12:33– Au début, elle croyait que c'était juste une scène d'amour.
12:36Et j'étais là, ben non, vous voyez bien que je suis à moitié nue.
12:39Ça ne va pas du tout, en fait.
12:40Je commence à pleurer.
12:41Et du coup, elle me donne juste son numéro pour, entre guillemets, que je l'appelle après.
12:48Elle a été vraiment, enfin, sur son Uber et elle voulait absolument prendre son Uber.
12:52Donc, elle m'a juste cessé son numéro.
12:54Elle m'a dit de prendre de la vitamine D aussi.
12:56Et après, c'est incroyable.
12:58– Mais est-ce que vous avez vu l'individu à un moment ?
13:02Est-ce que vous avez pu le voir ? Il ressemblait à quoi ?
13:05Donc, vous avez dit grand, parce que maintenant, il a été arrêté.
13:07Mais est-ce que vous avez pu voir son visage à un moment ou pas du tout ?
13:09– Justement, j'ai fait en sorte d'analyser tout pour pouvoir repérer le plus d'éléments possibles.
13:13Et oui, j'ai analysé qu'il avait une griffure sur le visage et qu'il mesurait tant de mètres, corpulence, etc., les vêtements.
13:23– C'est-à-dire que quand vous viviez ce cauchemar, vous pensiez à tout ça, vous vous dites qu'il faut que j'ai le plus d'éléments possibles pour pouvoir, ensuite, qu'on puisse appréhender cet individu.
13:31– Exactement. En plus, il m'avait dit qu'il me disait des choses comme quoi je n'allais rien dire à personne et que j'allais me taire, sinon, ça allait être encore plus grave après.
13:38– Ensuite, qu'est-ce qui se passe après ? Parce que les minutes sont des heures, forcément, au bout de 30 minutes, votre agresseur part.
13:51Bien sûr, vous êtes soulagée, mais à quoi vous pensez à ce moment-là ?
13:56– Je me dis ouf, déjà. Et premier réflexe, c'est la voisine qui me laisse comme ça.
14:05– Donc là, vous vous retrouvez seule dans le hall ?
14:07– Seule, et puis, en fait, je rentre dans mon appartement, du coup, et je m'enferme à double tour.
14:13Et premier réflexe, c'est j'appelle mon copain pour qu'il vienne le plus rapidement possible.
14:16– Vous dites quoi à votre copain ? Parce que là, vous l'appelez, vous êtes dans quel état ? Vous criez, vous lui dites qu'il m'est arrivé une horreur ?
14:24– Juste, il m'a arrivé quelque chose de très grave, vient tout de suite, je viens de me faire violer, quoi, et agresser.
14:29– Il vous dit quoi ?
14:31– Il m'a dit, ok, j'arrive, mais il ne comprend pas forcément ce qui se passe.
14:33– Bien sûr, oui. Et là, quand il arrive, il vous se prouve ?
14:37– En attendant, j'avais déjà appelé la police, etc., qui était déjà sur place, donc le temps qu'il arrive, c'était déjà bien encadré, etc.
14:43– Donc vous vous appelez la police ?
14:45– J'appelle la police, qui arrive dans les 10 minutes qui suivent, donc franchement, la police a été incroyable.
14:50– Bravo à eux encore, et ils l'ont interpellé très vite après, d'ailleurs.
14:52– Exactement.
14:53– Et donc la police, vous…
14:54– La police a été très bien encadrée, ça a duré plus de 72 heures, entre retour chez les médecins, les tests, etc.,
15:01chez l'UMJ, en même temps la police judiciaire, la déposition, etc.
15:06Mais non, ils ont vraiment été très forts là-dessus, et en plus, comme ils l'ont retrouvé, enfin, juste parfait.
15:11– Vous êtes donc opéré le lendemain, parce que vous êtes débattu, vous êtes blessé au doigt à cause de votre bouteille de vin.
15:16Aujourd'hui, on est cinq jours après ce terrible drame.
15:20– Vous êtes dans quel état ? Parce que je trouve que vous êtes très très fort, et vraiment que vous arrivez à en parler avec un détachement incroyable.
15:32Tout à l'heure, vous nous avez dit, en fait, j'ai essayé de sortir de mon corps.
15:35Est-ce que vous réalisez, après cinq jours, ou pas encore ?
15:39– Je pense pas encore.
15:40– C'est ça ?
15:41– Parce que je sais que c'est un peu mon inconscient qui parle, parce qu'il parle que quand je dors.
15:45Et là, je fais des cauchemars, etc.
15:47Mais sinon, dans la vraie vie, je suis forte, je ne pleure pas.
15:49– Vous n'arrivez plus à dormir ?
15:51– Non. Enfin, je suis obligée de prendre des somnifères, donc…
15:54– Vous pensez à quoi ? Enfin, vous rêvez de quoi ? Vous cauchemardez de quoi ?
15:58Vous revoyez le visage de l'agresseur, ou pas du ?
16:02– Le visage, oui. Et puis surtout, l'agressement et le fait que je suis en train d'étouffer et de me faire tuer.
16:09– Vous ne sortez plus seule, j'imagine ?
16:11– Non, j'ai beaucoup de mal.
16:13– Là, aujourd'hui, vous regardez tout le temps derrière vous ?
16:16– Tout le temps. J'appelle tout le temps des gens quand je suis dehors.
16:18Je ne peux pas rentrer toute seule chez moi. Je ne peux pas rester plus d'une heure toute seule non plus.
16:22Sinon, je commence à repenser à ce qui s'est passé.
16:25– Avec votre copain, il habite chez vous désormais ?
16:33– Pour le moment, oui, temporairement, du coup. Parce qu'un peu compliqué.
16:36– Comment il a trouvé les mots aussi ? Il vous a dit quoi ?
16:40– Il m'a vraiment beaucoup rassurée. Il a vraiment été là pour moi de A à Z.
16:44Il m'a accompagnée à tous les rendez-vous, etc.
16:45Mais après, il n'y a pas grand-chose à dire non plus. C'est fait, c'est fait.
16:50Et on n'y est plus rien. Et c'est comme ça.
16:52– Le lendemain, vous apprenez dans la presse que votre agresseur n'aurait pas dû être là.
16:55– Hum hum.
16:56– Puisqu'il était sous OQTF, obligation de quitter le territoire français.
17:02Comment vous réagissez ? Est-ce que ça vous énerve encore plus ?
17:06– Oui, forcément, ça m'énerve. Après, je pense qu'un viol, ce n'est pas forcément qu'un OQTF.
17:10Ça peut être n'importe qui.
17:11Mais c'est vrai que ça rajoute une colère en plus en sachant qu'il était censé quitter le territoire.
17:18Et aujourd'hui, il a plutôt violé le territoire, entre guillemets.
17:22Donc, c'est assez énervant.
17:25Et je me dis que je ne suis pas la première.
17:27Et qu'il faudrait avoir vraiment des mesures un peu plus radicales pour pouvoir…
17:30– Il vous parlait beaucoup ?
17:33– Un petit peu, oui. Il m'a demandé aussi de pouvoir rentrer chez moi.
17:37– Ah oui ?
17:37– Donc, j'aurais pu me faire séquestrer aussi s'il avait regardé un petit peu dans mon sac les clés, etc.
17:41– Vous lui disiez quoi quand il vous a dit « je veux rentrer chez toi » ?
17:46– Je lui disais « non, j'ai mes parents qui habitent chez moi, ce n'est pas possible ».
17:49– Vous avez réussi quand même à garder une lucidité pour pouvoir répondre des choses
17:56qui puissent peut-être vous sauver la vie ?
17:57– Non.
17:58– Vous n'avez pensé qu'à ça, à sauver votre vie à ce moment-là ?
18:00– Exactement.
18:01– Claire, je crois que vous voulez dire aussi un mot sur les viols parce qu'ils sont trop souvent banalisés.
18:08Certains vous disent « associez uniquement le viol à la pénétration ».
18:12Vous aujourd'hui, qu'est-ce que vous aimeriez dire ?
18:14Parce que votre histoire, elle a glacé tout le monde, c'est un témoignage très important
18:18parce qu'on ne veut pas que ça se reproduise.
18:21– Très courageux.
18:21– Vous ne voulez pas que ça se reproduise et c'est très courageux de votre part, Claire, d'être là ce soir.
18:25Qu'est-ce que vous vouliez dire ?
18:27– Je veux juste dire qu'en fait, le viol, pour recontextualiser, c'est un acte non consenti,
18:34pénétration, que ce soit pénétration orale ou juste digitale.
18:38Et juste que même une main baladeuse, ça peut être considéré aussi comme un viol
18:45et qu'il faut un peu se remettre en question.
18:48Les hommes, ils ne sont pas permis de tout et les hommes aussi peuvent…
18:51ou les femmes, entre guillemets, tout le monde peut réaliser un viol.
18:53Et juste, il y a beaucoup de femmes qui n'en parlent pas aujourd'hui
18:57et c'est pour ça aussi que je prends la parole aujourd'hui
18:59parce que j'ai envie de parler pour les femmes et de leur dire que juste,
19:02enfin, il faut en parler, il y a des numéros, il y a des associations
19:05et juste pouvoir se libérer.
19:09– Vous pensez que vous allez pouvoir revivre normalement ou vous êtes inquiète de ça ?
19:13– Non, forcément, je suis inquiète.
19:16– Oui.
19:17– Après, je pense qu'il faut démocratiser la chose
19:20et je vais essayer au maximum d'en parler pour pouvoir me libérer aussi.
19:24– Ça vous fait du bien d'en parler ?
19:25– Bien sûr.
19:27– Vous y pensez tout le temps ?
19:28– C'est un peu le sujet d'actualité de tous les jours, donc j'essaye.
19:32– Cinq jours après, est-ce que vous avez pour vous déjà évolué ?
19:38Est-ce que vous avez déjà évolué dans votre vie de tous les jours
19:42ou est-ce que vous êtes toujours dans le même état ?
19:44Ou est-ce que vous ne vous dites pas peut-être que je vais avoir une très grosse redescente
19:46dans quelques jours ?
19:47– Je pense qu'en fait, le viol, c'est pendant l'acte et c'est aussi après l'acte.
19:51Et apparemment, c'est le plus dur après, même six mois après, c'est encore pire.
19:56Parce qu'on se sent de plus en plus seul,
19:57il y a beaucoup moins de gens qui nous entourent aussi,
19:59les gens autour oubliés.
20:00– C'est sûr, oui.
20:01– Et moi, j'espère que ça va aller mieux, mais c'est vrai que…
20:05– Vous en voulez à qui aujourd'hui ?
20:06– En soi, peut-être à la justice qui n'a pas fait son travail pour ça, en tout cas.
20:13À l'État aussi, parce qu'il aurait dû être envoyé.
20:15Après, est-ce que je peux en vouloir à quelqu'un particulièrement ?
20:20Oui, à l'agresseur, sûrement.
20:21– Bien sûr.
20:23Quand vous avez appris qu'il avait été arrêté, vous avez été soulagée ?
20:25– Bien sûr, heureusement.
20:26– Vraiment, vous avez dit, fais quoi ?
20:29– Oui, et puis en plus, on ne se sent pas forcément…
20:31Enfin, je me sens moins seule, parce que du coup,
20:33la fille qui était avant moi aussi a vécu la même chose.
20:36– Vous vous êtes parlé ?
20:37– Oui, on s'est parlé.
20:38– C'est important, ça aussi.
20:40– C'est très important, parce qu'on se sent soudés, du coup.
20:42– Exactement.
20:42– Merci d'avoir été avec nous, Claire.
20:44Merci pour ce témo tray, merci.
20:45Merci à tous.
20:46Merci tout de suite, il n'y a que la vérité tout seul.
20:47Applaudissements
20:49Merci.
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