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Droits de douane : L'accord conclu entre Donald Trump et Ursula von der Leyen dimanche n'est pas accueilli de la même manière par tous les Etats européens. Et pour cause : les intérêts économiques des 27 membres de l'UE divergent. La France, déçue de l'accord commercial annoncé dimanche entre l'Union européenne (UE) et les Etats-Unis, a plaidé lundi pour que l'Europe se montre plus ferme lors des négociations à venir sur ses modalités d'application. Le Premier ministre français François Bayrou a regretté "un jour sombre" pour l'Europe qui "se résout à la soumission".
Regardez L'invité RTL de 7h40 avec Vincent Derosier du 29 juillet 2025.

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Transcription
00:00RTL Matin
00:02Et Thierry Breton, ancien commissaire européen au marché intérieur, est avec nous dans ce studio. Bonjour.
00:09Bonjour.
00:09Alors l'Europe a signé avec les Etats-Unis, mais à quel prix ? L'accord, il prévoit des droits de douane sur toutes les importations européennes vers les Etats-Unis à un taux unique de 15%.
00:18François Bayrou a parlé hier d'un jour sombre, de soumission même. Vous faites la même analyse ce matin ?
00:25C'est un jour historique. C'est un jour historique parce que, encore une fois, ce n'est pas l'Europe qui a voulu rentrer dans cette discussion commerciale.
00:34C'est le président des Etats-Unis qui, désormais, et c'est le monde nouveau dans lequel nous entrons, a décidé d'imposer sa loi, sa vision des choses,
00:44en ce qui concerne le commerce international à l'ensemble de la planète.
00:48Et donc à nous, je rappelle que nous sommes le second marché au monde après les Etats-Unis.
00:53On est donc la première puissance économique hors Etats-Unis.
00:59Nous avons donc, comme les autres, subi, encore une fois, non pas un accord, mais ces demandes, l'imposition de ce qu'ils souhaitaient pour que nous puissions continuer à coopérer avec les Etats-Unis.
01:12Vous ne parlez même pas d'accord, l'Europe s'est fait tordre le bras.
01:14Ce n'est pas un accord parce qu'encore une fois, c'est intéressant et je vous invite, du reste, et j'invite nos auditeurs à peut-être aller voir, pour ceux que ça intéresse, le site de la Maison-Blanche.
01:24Cette nuit, la Maison-Blanche a mis sur son site sa vision, sa vision de ce qui s'est passé dimanche.
01:30Alors oui, bien sûr, il y a l'imposition de 15% de droits de douane désormais pour que nous puissions vendre nos produits aux Etats-Unis.
01:37Mais le président des Etats-Unis, on le comprend, annonce cet accord, ce deal, puisque c'est le terme consacré, comme étant le deal le plus important jamais réalisé pour permettre une ouverture complète du marché européen aux entreprises américaines.
01:54Donc, on voit très bien ce que les Etats-Unis ont, mais nous, on ne voit pas du tout ce que nous avons dans un deal.
02:02Nos auditeurs le comprendront.
02:03Il y a un donnant-donnant, il y a un gagnant-gagnant.
02:06Mais qu'est-ce que nous gagnons, nous ?
02:07Mais nous ne gagnons rien.
02:08Et j'ajoute, et c'est très important parce que, encore une fois, je ne suis pas de ceux qui critiquent ou qui disent les choses comme ça pour le plaisir de les dire.
02:17Il faut entendre ce que disent les entreprises.
02:21Patrick Martin, le président du METEF, déclare hier que c'est presque une humiliation, que c'est inadmissible en l'état.
02:27Mais ce qui est intéressant, c'est que le président du METEF allemand, le BDI, M. Peter Leiminger, dit de son côté que c'était une erreur aux effets désastreux.
02:35Donc, les entreprises voient effectivement l'impact que ça va avoir.
02:39En ce qui concerne les termes de l'accord, pour que nous acceptions que les Etats-Unis mettent 15% de droits de douane, il faut que nous respections un certain nombre d'éléments.
02:50Je vais vous les citer. C'est sur le site de la Maison-Blanche.
02:53Nous avons l'obligation, j'ai dit bien l'obligation, c'est un engagement que nous allons devoir prendre, ça figure sur le site de la Maison-Blanche cette nuit, d'acheter pour 750 milliards de dollars de produits pétroliers.
03:06Nous avons l'obligation d'investir désormais, pour les trois ans qui viennent, pour 600 milliards d'investissements.
03:12En plus des 100 milliards que nous faisons aujourd'hui.
03:16Alors d'abord...
03:16L'énergie, c'était à la place de l'énergie russe.
03:18Non mais attendez, c'est pas à la place, parce que l'Union Européenne achète au total à peu près pour 400 milliards.
03:26Donc ça veut dire que si nous allons nous engager pour 750 milliards sur trois ans, ça fait 250 milliards par an.
03:33Aujourd'hui, nous achetons près de 65 milliards uniquement aux Etats-Unis.
03:36Donc il va falloir qu'on multiplie par quatre.
03:39Et ça veut dire que les engagements qui ont été pris par ailleurs avec d'autres fournisseurs, il va falloir les abandonner en race campagne.
03:44On voit donc bien que...
03:45Et moi je suis pour la stabilité, évidemment.
03:48Je suis un ancien chef d'entreprise, je sais que c'est absolument nécessaire d'avoir de la stabilité.
03:54Le chancelier Frédéric Schmerz le dit et il a raison.
03:58Mais allons-nous avoir cette stabilité ?
04:01Parce que nous rentrons désormais dans une nouvelle phase de la négociation.
04:05C'est que pour pouvoir accepter de la part des Etats-Unis de, je dirais, nous mettre que, je mets des guillemets, vous voyez, 15% de droits de douane pour pénétrer leur marché,
04:18il va falloir que nous respections un certain nombre d'éléments.
04:20Et je ne sais pas aujourd'hui comment nous allons pouvoir les respecter, ni même comment la Commission peut s'engager au nom des entreprises pour ce faire.
04:29Parce que ces accords sont incomplets, il faut le rappeler.
04:31Et je crains donc que nous rentrions aujourd'hui, et de nouveau, dans une phase d'incertitude.
04:36Et qui aura la clé à nouveau ?
04:38C'est évidemment le président des Etats-Unis, qui pourra donc décider, puisqu'il vient le faire une fois,
04:43que si nous n'achetons pas ce qu'il veut, eh bien nous allons peut-être avoir à nouveau des punitions, entre guillemets,
04:49puisque c'est comme ça que l'on parle désormais, et donc peut-être réaugmenter les droits de douane.
04:53Thierry Breton, le constat est sombre, que peut faire l'Europe ? Qu'est-ce que vous suggérez ?
04:58Mais il faut absolument que nous puissions d'abord tirer les leçons très rapidement de ce qui s'est passé.
05:03Parce qu'on a discuté pendant 120 jours, je ne jette la pierre à personne, je comprends que tout ça est extrêmement difficile.
05:08Mais enfin, c'est la Commission qui a délégation exclusive de négocier en entre nous à tous,
05:14et donc il faut impérativement que nous puissions d'abord tirer les leçons,
05:18comme on a pu en arriver là au bout de 120 jours,
05:20et puis surtout que nous indiquions de façon extrêmement claire ce qui est possible et ce qui ne l'est pas.
05:27Dont acte, encore une fois, on n'a pas besoin de demander la permission, ce n'est pas un accord,
05:30on n'a pas besoin de donner l'accord aux Etats-Unis d'Amérique pour qu'ils mettent 15% de droits de douane.
05:37Ça c'est le fait des Etats-Unis.
05:39Nous, l'accord que nous allons devoir donner, c'est les engagements complémentaires que nous avons à côté,
05:44et là je crains que ce sera très difficile, donc il faut maintenant rentrer dans une seconde phase de négociation,
05:50c'est ça l'évidemment...
05:50Négociation au bras de fer ? Est-ce qu'il faut faire des mesures anti-coercition que vous l'aviez proposées ?
05:55Comme dans toute négociation, il faut évidemment que les deux parties sachent ce qu'elles représentent.
06:01Nous sommes une puissance, on l'oublie un peu trop aujourd'hui,
06:04parce que c'est vrai qu'on a vécu une période, une phase, au cours de ce week-end,
06:08qui a été, disons, un peu humiliante, en tout cas c'est ce que certains observateurs ont pu,
06:14ont pu constater, et on les comprend, donc il faut maintenant qu'on se ressaisisse,
06:18nous sommes évidemment une puissance, on est la deuxième puissance économique du monde,
06:23on est un très grand marché, donc pour faire, encore une fois, respecter, je dirais, ce que nous sommes,
06:29nous avons des instruments, je rappelle que nous avons aujourd'hui près de 100 milliards de contre-mesures
06:34qui sont toujours sur la table, nous avons, vous venez de le rappeler...
06:37Et qu'il y a des quelques exemples de ce que l'Europe peut faire ?
06:40Tout ça a été bien travaillé, donc il y a dans tous les secteurs, et notamment des secteurs qui sont importants pour les Etats-Unis,
06:48parce que dans des Etats qui ont, je dirais, une connotation républicaine,
06:53qui est importante en vue des élections à venir,
06:57donc il y a aujourd'hui tout ça qui a été bien travaillé par les services de la Commission,
07:01il va peut-être falloir les réutiliser, dans cette phase nouvelle, je le redis ce matin à votre micro,
07:07qui s'ouvre désormais, pour que précisément, nous voyons et nous discutions des contreparties
07:13qui nous sont demandées pour pouvoir accepter que, et vous voyez que je remets les guisemets,
07:1715% donc de droits de douane, je rappelle quand même pour nos auditeurs,
07:21que ces 15% de droits de douane, comme le dollar a baissé énormément depuis début janvier,
07:26ça veut dire que ça renchérit les produits européens, de ces 15% plus la baisse du dollar, ça fait 25%.
07:32Un euro européen coûte 13% plus cher aujourd'hui à cause de la force de l'euro par rapport au dollar.
07:36Et oui, donc vous le rajoutez effectivement, vous avez raison, vous le rajoutez donc au 15%,
07:39vous voyez qu'on est donc à 28%, ce qui explique du reste que l'industrie allemande,
07:44et notamment l'industrie automobile allemande, est très inquiète de cet accord,
07:48et c'est pour ça qu'elle manifeste dans la bouche, encore une fois, du président du patronat allemand,
07:54les propos que j'ai rappelés tout à l'heure à votre micro.
07:56Quelles conséquences pour nos entreprises ?
07:58La CPME redoute des conséquences désastreuses, je cite, pour les petites et moyennes entreprises.
08:03Qui s'en sort le plus mal aujourd'hui ? Qui a le plus à craindre ?
08:05Non mais, encore une fois, c'est évidemment ceux qui exportent le plus aux Etats-Unis.
08:10Alors nous sommes, nous, j'allais dire, hélas, plus préservés que les Allemands ou que les Italiens,
08:17parce que nous exportons moins.
08:19Donc effectivement, les secteurs où nous exportons d'abord, il y a l'aéronautique.
08:22Donc l'aéronautique est préservée. C'est intéressant de s'arrêter une seconde.
08:24Pourquoi l'aéronautique est préservée ?
08:26Parce que nous avons une industrie aéronautique extraordinairement performante
08:29et que les Etats-Unis ont besoin de notre industrie,
08:32et notamment de nos chaînes de valeur, de nos sous-traitants, pour la leur.
08:35Donc, ils ont décidé, de façon extrêmement généreuse,
08:38qu'il n'y aurait pas de droit de douane sur l'aéronautique,
08:40parce qu'ils ont besoin de nos entreprises.
08:43C'est la même chose pour les produits chimiques, certains produits agricoles.
08:45Ils ont exempté tout ce dont ils ont besoin ?
08:47Absolument. C'est vrai aussi pour les outils, les machines
08:52qui fabriquent les semi-conducteurs les plus avancés.
08:55On peut penser à l'entreprise néerlandaise ASML,
08:58qui est leader mondial et qui a une situation de quasi-monopole,
09:00avec plus de 95% de parts de marché.
09:03Donc là, c'est exonéré.
09:04Donc on voit, mais encore une fois, on peut le comprendre.
09:07Cet accord, il est déséquilibré.
09:08Il est fait, c'est dit, du reste, c'est revendiqué
09:10dans l'intérêt exclusif des Etats-Unis d'Amérique.
09:13C'est le monde désormais dans lequel nous sommes rentrés.
09:16Eh bien, les autres secteurs, c'est évidemment pour nous
09:18plutôt les secteurs du luxe, les secteurs de la santé.
09:22On sait qu'il y a des discussions également
09:24en ce qui concerne les vins et spiritueux.
09:26Les spiritueux sauraient peut-être épargner le vin,
09:29les vins peut-être pas. On va voir.
09:31Mais vous voyez...
09:31La bataille n'est pas encore totalement perdue.
09:33C'est aussi ça le message que vous portez ce matin.
09:35C'est extrêmement clair.
09:36On a maintenant une première phase.
09:39On a bloqué, on a stabilisé
09:41les 15% de droits de douane.
09:43Ça permet de donner de la visibilité
09:44surtout aux entreprises qui en avaient cruellement besoin.
09:47Mais, encore une fois,
09:49la contrepartie exigée
09:51à ces 15% par les Etats-Unis,
09:53c'est maintenant le respect des autres conditions.
09:56Et c'est là, effectivement,
09:57où on rentre dans une discussion
09:58qui va être compliquée parce que, pour certaines d'entre elles,
10:01objectivement,
10:03il me semble très difficile
10:04de pouvoir les réaliser.
10:06J'en ai cité deux.
10:07Les 750 milliards d'achats d'hydrocarbures
10:10et les 600 milliards d'investissements.
10:12600 milliards d'investissements, pour nos auditeurs,
10:14ça veut dire, c'est un chiffre considérable.
10:16C'est ceux qui avaient été, du reste,
10:17identifiés dans le fameux rapport Draghi.
10:19Ça veut dire autant de moins pour l'investissement
10:21des entreprises en Europe.
10:23Ça veut dire moins d'emplois.
10:24Et donc, effectivement,
10:25c'est des questions
10:27qu'il va falloir discuter très rapidement entre nous.
10:30Thierry Breton, une dernière question d'un mot.
10:32La pétition contre la loi Duplon,
10:34qui permet notamment la réintroduction
10:36d'un pesticide interdit en France depuis 2018,
10:40mais autorisé en Europe,
10:41poursuit son chemin.
10:42Le texte a franchi la barre des 2 millions de signatures.
10:45Est-ce que le gouvernement
10:46peut se contenter d'un débat sans vote au Parlement là-dessus ?
10:49C'est évidemment une nouvelle forme de démocratie.
10:52Ça a été voulu du reste.
10:53On a cette possibilité.
10:54On sait que, désormais,
10:56on a la possibilité d'interroger,
10:59effectivement, nos concitoyens,
11:01et donc le peuple.
11:03Et c'est, me semble-t-il, une bonne chose.
11:05Quand on fait les lois,
11:06on doit évidemment considérer
11:07l'ensemble des parties prenantes.
11:09Eh bien là, l'une des parties prenantes s'est exprimée.
11:11Oui, je crois que c'est important de l'entendre.
11:14Merci beaucoup Thierry Breton
11:15d'avoir été l'invité de RTL ce matin
11:16et bonne journée à vous.
11:19RTL.
11:20L'été avec Philippe Cabrivière.
11:23Il est en vacances,
11:24mais ne vous inquiétez pas,
11:25on a gardé le meilleur.
11:26Philippe Cabrivière vous accompagne tout l'été
11:28avec les best-of de ses meilleurs blagues de l'année.
11:31François Bayrou qui a demandé des efforts en français
11:33parce qu'il avait promis de ne pas demander des efforts,
11:36mais il a oublié.
11:37Encore ces foutus problèmes de mémoire.
11:40Alors, petit conseil à mon François Bayrou
11:43qui est tout paumé.
11:44Je ne sais pas si je vous ai dit,
11:45ce week-end j'étais à Monaco.
11:48À vue de nez,
11:49les 40 milliards ils sont là-bas.
11:51Je suis à monろう,
12:02les 40 milliards non sont signés,
12:08le 20 milliards.

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