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L’association de défense des consommateurs Testachats a annoncé jeudi avoir saisi l’Autorité belge de la concurrence (ABC) après la rupture des négociations entre DAZN, détenteur des droits de diffusion de la Jupiler Pro League, et les principaux opérateurs télécom du pays. L’association appelle les opérateurs à proposer une alternative, voire une réduction de l’abonnement pour leurs clients désormais contraints de souscrire un abonnement supplémentaire à l’application DAZN.
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00:00Jean-Philippe Ducard, vous êtes le porte-parole de Testachat, bonjour.
00:04Bonjour.
00:05Alors, l'association a donc saisi l'autorité de la concurrence dans le cadre de ces négociations entre les opérateurs Telenet, vous, Proximus et Dazone,
00:15ces négociations qui n'aboutissent pas pour le moment.
00:19Alors, première question, toute simple, pourquoi et dans quel but ?
00:24Alors, le but essentiel de ce dépôt de plainte, ou en tout cas de cette demande d'information, c'est essentiellement de faire justement la transparence.
00:34Donc, aujourd'hui, il y a des négociations, on peut comprendre que les négociations soient secrètes et qu'on n'en délivre pas les détails.
00:43On peut se demander si, pour le moment, on négocie vraiment.
00:46Déjà, c'est une première chose.
00:47Et deuxième chose, le plus important pour nous, c'est que tout ça a des conséquences pour les consommateurs.
00:52Donc, ce qu'on demande à l'autorité de la concurrence, comme on l'a déjà fait dans d'autres dossiers, dans des marchés qui sont des marchés libéralisés,
01:00donc il y a la possibilité de faire jouer la concurrence, la concurrence entre les opérateurs télécom, mais pas la concurrence entre les diffuseurs.
01:09Donc, ça, c'est un choix qui a été fait il y a déjà quelques années par la Proligue et à l'époque par l'Union Belge.
01:16C'était de simplement concéder l'ensemble des droits du football à un opérateur.
01:24Et cet opérateur, après, négocie ou ne négocie pas avec les opérateurs télécom.
01:30Donc, ça pose une série de problèmes et donc ça a des conséquences négatives pour le consommateur.
01:34Et généralement, ces conséquences négatives, c'est essentiellement l'absence de libre choix, d'une part, et évidemment, une augmentation des prix ou des tarifs ou des suppléments qui sont imposés aux consommateurs.
01:47Après, en tant qu'observateur, on rappelle, Dazon a déboursé grosso modo 84 millions d'euros pour obtenir l'exclusivité du football belge.
01:56Donc, Dazon, après, se retourne et va négocier, ou pas pour le moment, avec ses opérateurs.
02:04Mais si ces opérateurs, tous ensemble, regroupés, ne proposent aujourd'hui que j'invente 50 ou 60 millions d'euros,
02:13a priori, cela semble logique que Dazon n'accepte pas et refuse de signer l'accord ?
02:19Alors, d'abord, Dazon, c'est un opérateur privé comme un autre.
02:25Donc, c'est un opérateur qui est simplement en position de négocier.
02:33Alors, ce qu'on dit ici, c'est que sans doute, il y a quelque part un monopole qui a été concédé par la Pro League sur les droits du foot.
02:44Mais donc, il y a une position et qui est une position dominante.
02:46Alors, une position dominante sur un marché, ça ne pose pas nécessairement de problème à partir du moment où on négocie avec un certain nombre d'opérateurs
02:57ou avec le consommateur dans des conditions qui sont suffisamment transparentes et équilibrées.
03:02Mais ici, aujourd'hui, nous pensons très sincèrement que Dazon est en train d'abuser de sa position dominante.
03:09Donc, ça, c'est notre propos et que les droits concédés par la Pro League font qu'aujourd'hui, les consommateurs sont pénalisés.
03:20Ils sont pénalisés tout d'abord et concrètement parce qu'ils n'ont plus accès à ces programmes via leur plateforme ou leur opérateur habituel.
03:30Et donc, Dazon, aujourd'hui, fixe les conditions du marché, fixe les prix, impose ces prix.
03:38Et donc, si vous voulez aujourd'hui obtenir la jouissance des droits du foot et donc avoir accès aux rencontres, notamment de vos clubs favoris,
03:49eh bien, vous devez passer nécessairement par l'application aux conditions de Dazon sans aucune possibilité de faire jouer la concurrence.
03:57Donc, ça, ça pose problème en termes de concurrence et de régulation du marché.
04:03Alors, je ne suis évidemment absolument pas l'avocat d'Azone.
04:07Mais quand je vous entends, moi, il y a deux éléments que j'ai envie de ressortir.
04:12Le premier, c'est que là, vous pointez un petit peu d'Azone, mais on a aussi l'impression qu'en tant que...
04:18Vous parlez de position dominante, mais qu'on sent que les telcos, en fait, ont une position un peu commune.
04:26Ils ne vont jamais le dire, évidemment, officiellement, mais on sent bien qu'ils parlent ensemble.
04:31Et donc, ça, c'est le premier élément.
04:32Puis, deuxième élément, vous parlez d'une position dominante.
04:35Mais en 2005, quand Belgacom TV obtient l'intégralité des droits de la Pro League,
04:42forcément, celles et ceux qui avaient l'abonnement chez vous se sont retrouvés sans foot belge.
04:48Et finalement, c'est un petit peu...
04:51Enfin, un petit parallèle par rapport à ce qui se passe aujourd'hui.
04:54Mais voilà, pourquoi est-ce qu'aujourd'hui, ça pose problème,
04:57alors qu'en 2005, finalement, ça n'a pas posé problème ?
05:01Ça ne posait pas de problème, ce n'est pas tout à fait exact.
05:04Je pense que vous soulevez deux points très importants.
05:08C'est la façon dont les droits du foot sont concédés depuis plusieurs années.
05:17Donc, c'est un problème qui existait, effectivement, au moment où Belgacom TV, à l'époque,
05:22s'est saisi, s'est approprié les droits du foot.
05:27Et donc, on a eu plus ou moins les mêmes conséquences, c'est vrai.
05:30Donc, on avait déjà dénoncé cette situation à l'époque, en 2005.
05:34C'est revenu une dizaine d'années après, donc c'est cyclique.
05:38Donc, lorsqu'il s'agit de renégocier les droits du foot,
05:41il y a toujours des conséquences pour les consommateurs, avec plus ou moins de bonheur.
05:46Ici, la situation est peut-être un peu plus grave.
05:50C'est que maintenant, plus aucun opérateur télécom n'offre ce service.
05:56Et il est obligé de passer par une plateforme, via une application,
06:00et donc, via exclusivement Internet.
06:04Donc, ça a des conséquences pratiques, ça a des conséquences financières pour les consommateurs.
06:09Et nous voulons soulever de manière assez fondamentale cette question-là.
06:14Donc, aujourd'hui, ce n'est pas uniquement Dazone qui est responsable, finalement.
06:18C'est aussi, quelque part, la Pro League qui a concédé,
06:23de manière peut-être assez peu contraignante, les droits du foot.
06:27Ce n'est pas le tout de toucher un pactole.
06:29Il faut aussi y mettre les conditions.
06:32Et les conditions, notamment pour, finalement, les supporters, les consommateurs, les clients potentiels.
06:40Et donc, il y a là des questions qu'il faut absolument réguler.
06:43Et c'est vrai aussi dans d'autres pays.
06:46On voit cette discussion qui a lieu, on a entendu et vécu, la concession des droits du foot en France.
06:53On sait que ça a posé toute une série de problèmes.
06:57De la même manière, en Belgique, le marché, aujourd'hui, est trop peu régulé, trop peu réglementé.
07:04Et donc, on arrive à des situations qui sont aussi rocambolesques que, simplement, le fait qu'il n'y a plus accès au contenu.
07:15Et donc, ça, ça nous pose évidemment problème.
07:17Et donc, les problèmes qui se posent en 2005 se posent à peu de choses près.
07:21Dire qu'il n'y a plus d'accès, c'est quand même un peu fort.
07:26Moi, j'ai pu suivre les deux matchs que je voulais en direct et j'ai pu voir les résumés que je voulais voir.
07:31Donc, c'est vrai que parfois...
07:34Oui, mais l'offre gratuite, là, ici, temporaire de Dazone, c'est une chose.
07:40Simplement, c'est simplement...
07:42Ah, mais moi, je parle de l'offre payante, 19,99 euros par mois.
07:44Oui, l'offre payante, oui, vous payez.
07:46Vous payez un supplément.
07:48Mais aujourd'hui, des millions de consommateurs, des millions de ménages,
07:52ont contracté, à un moment donné, un bouquet numérique pour obtenir l'accès aux droits du foot.
07:57Et ils ne l'ont plus.
07:58Donc, ce qu'on leur impose, c'est de payer des suppléments, encore des suppléments et encore des suppléments,
08:04qui fait qu'aujourd'hui, on arrive facilement à des montants d'abonnements à la télévision numérique
08:11et d'abonnements télécoms entre 120, 150, voire plus, 150 euros par mois,
08:16pour accéder, bien sûr, à l'Internet, bien sûr, éventuellement, à la téléphonie fixe,
08:21mais aussi à toute une série de bouquets numériques dont les contenus ne sont plus du tout intéressants.
08:26Donc, il y a réellement un problème à ce niveau-là.
08:30Donc, c'est une relation triangulaire entre la proligue d'Azone et les opérateurs télécoms.
08:35Mais aujourd'hui, au milieu de ce triangle, ou d'une espèce de triangle des Bermudes,
08:39le consommateur est perdu.
08:41Et donc, il est obligé de passer à la caisse à nouveau,
08:43parce que les règles ne sont pas suffisamment claires,
08:47les règles ne sont pas suffisamment favorables aux consommateurs,
08:49et ce sont les consommateurs que nous défendons.
08:51J'écrivais dans un édito, il y a quelques jours,
08:54que payer 5 euros pour le football belge,
08:57comme on le fait depuis maintenant 5 ou 10 ans,
09:00c'était quelque part une anomalie,
09:02parce que 5 euros, ce n'est pas vraiment le prix pour le football belge.
09:07Aujourd'hui, finalement, on revient à 19,99 euros par mois,
09:11c'est ce que proposait Belgacom TV en 2005 pour le All Foot.
09:15Est-ce que ce n'est pas plutôt ça le problème ?
09:17C'est qu'on revient à un prix normal pour le football belge ?
09:23Oui, moi, je ne veux pas me prononcer sur le prix normal pour le football belge,
09:26simplement, je sais que tous les opérateurs d'Azone, y compris,
09:31offrent un package,
09:33et dans ce package, vous avez notamment le football belge,
09:36mais vous avez d'autres choses,
09:38des contenus qui sont plus ou moins intéressants pour le consommateur.
09:41Je ne connais pas le juste prix exact,
09:46peut-être qu'il se situe entre 5 euros et 19,90 euros,
09:50comme vous le précisez,
09:52sachant que 19,90 euros, c'est une promotion.
09:54C'est une promotion.
09:55C'est une promotion.
09:57Donc, le tarif normal, c'est normalement 34,90 euros
10:01pour le hors promotion sur un abonnement annuel.
10:07Et hors engagement.
10:07Donc, voilà, moi, je ne peux pas me prononcer sur un juste prix.
10:12Je veux juste savoir comment ce prix va être fixé,
10:16dans quelles conditions de marché.
10:18Et aujourd'hui, il y a des anomalies sur le marché
10:20qui font que ce n'est sans doute pas le juste prix,
10:23ou en tout cas, ce n'est pas le prix
10:26qui permet une accessibilité au plus grand nombre.
10:30Laurine Pareil, dans une interview ce week-end à Outlast News,
10:33donc Laurine Pareil, c'est le patron du football belge,
10:36il dit que cela va dans le sens de la modernité,
10:39donc de passer via une application.
10:42On sait qu'aujourd'hui, par exemple,
10:44lors de Roland-Garros,
10:45la RTBF n'a plus dix grosses affiches.
10:49Les téléspectateurs belges doivent passer
10:50par une application payante HBO Max,
10:54ce qui a aussi des coûts supplémentaires.
10:57On sait aussi qu'aujourd'hui,
10:58RTL et la RTBF mettent des contenus sportifs ou non sportifs.
11:02On peut parler aussi d'un feuilleton américain.
11:05C'est exclusivement sur une plateforme digitale.
11:09Tout ça va dans ce sens-là aussi.
11:13Oui, mais je ne nie pas cette tendance,
11:16mais cette tendance, elle doit être accompagnée.
11:18Et donc, les canaux,
11:20ce sont des canaux,
11:21mais qui sont des canaux qui se situent sur un marché,
11:23que ce soit le marché des télécoms,
11:25le marché de la diffusion de droits de retransmission,
11:28ça ne peut pas se faire dans la jungle intégrale.
11:32Il y a un certain nombre de règles,
11:34notamment des règles de concurrence.
11:36Lorsqu'on n'a plus le libre choix,
11:38lorsqu'on n'a plus la possibilité d'accéder à certains programmes,
11:43parce qu'un opérateur a décidé que c'était comme ça,
11:46ça pose réellement problème.
11:47Donc, les exemples que vous avez cités sont de bons exemples.
11:51Ce sont les conséquences pour les consommateurs.
11:53Donc, il faut à un moment donné,
11:55se mettre autour de la table et dire,
11:56voilà, les autorités de la concurrence,
11:59qu'elles soient locales, donc nationales, voire européennes,
12:03doivent se poser la question de savoir si, oui ou non,
12:06certains opérateurs ne tirent pas les marrons du feu.
12:09Donc, ils ont une position dominante,
12:11mais à un moment donné, ils abusent de cette position dominante.
12:14C'est un peu le même principe que lorsque certains opérateurs en ligne
12:20ou parmi les Big Five, comme Google ou autres,
12:24se sont vus infliger des amendes,
12:26parce que c'est eux qui fixaient les règles.
12:28Ce n'est pas eux qui fixent les règles,
12:29c'est le marché qui doit fixer les règles,
12:31un marché régulier avec une autorité de la concurrence
12:34ou une autorité tout court.
12:37Aujourd'hui, on a l'impression qu'on laisse faire,
12:39on laisse le marché faire son œuvre,
12:43mais ça exclut à un moment donné certains consommateurs.
12:46Ça les exclut financièrement
12:47et ça les exclut également au niveau technologique.
12:50Tout le monde n'a pas nécessairement un smartphone,
12:55tout le monde n'a pas nécessairement accès aux applications,
12:57tout le monde n'a pas accès à un full internet,
13:00donc un abonnement data à la hauteur,
13:03pour pouvoir obtenir tous ces programmes.
13:06Donc, c'est la question qu'on doit se poser aussi,
13:10le plus en amont possible,
13:11et ne pas chaque fois devoir réagir au coup par coup
13:15sur des pratiques qui sont des pratiques commerciales,
13:18qui nous semblent des pratiques commerciales
13:20restrictives de concurrence.
13:22C'est quoi les prochaines échéances dans ce conflit
13:25et avec effectivement vous aussi
13:27qui avez saisi l'autorité de la concurrence ?
13:30À quoi peut-on s'attendre dans les prochaines semaines,
13:32peut-être prochains jours ?
13:34Alors, on a donc transmis ce dossier
13:37à l'autorité belge de la concurrence.
13:39On a eu des contacts également avec l'IBPT,
13:42qui est le régulateur des télécoms.
13:44même si on n'est pas certain
13:46que l'IBPT puisse intervenir dans ce cadre aussi.
13:50On verra, évidemment,
13:51on observera l'évolution des négociations,
13:54on verra ce qui sortira.
13:56Je vois qu'il y a des petites concessions
13:58au compte-gouttes,
14:00on ne va plus tard que ce week-end,
14:02la VRT a obtenu des images pour 90 secondes.
14:05Je ne pense pas que c'est comme ça
14:06qu'on va résoudre le problème.
14:08Donc, ce n'est pas à nouveau, coup par coup,
14:10qu'on doit solutionner le problème.
14:11Donc, on a aussi évidemment informé
14:14le ministre de la Protection des consommateurs.
14:19Enfin voilà, donc on va continuer nos démarches
14:21tout en observant l'évolution à la fois du marché
14:24et des négociations sur le marché des droits du foot.
14:28Mais effectivement, ça pose
14:29toute une série de questions de principes
14:31et donc on va devoir continuer
14:34à s'intéresser à ce dossier.
14:35Jean-Philippe Ducard, merci beaucoup.
14:38Avec plaisir.
14:39Merci.
14:40Merci.
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