00:00Un faussaire dirigé à un réseau de fabrication de faux documents depuis la prison centrale de Libreville.
00:07Oui, vous avez bien entendu, depuis sa cellule, le chef d'orchestre de cette symphonie de la fraude envoyait à l'impression des actes de naissance,
00:15des certificats de nationalité, des passeports et même des certificats médicaux français.
00:21Et le tout avec la bénédiction involontaire ou pas de certains agents de la DGDI.
00:26L'institution censée justement empêcher ça.
00:29C'est un reportage de Gabon 1er diffusé le 24 juillet 2025 qui a mis les projecteurs sur cette usine à faux papiers,
00:36bien rodés, bien huilés et surtout bien installés dans les couloirs sacrés de la République.
00:41Le plus croustillant, tout était coordonné depuis la prison.
00:45Oui, pendant que d'autres détenus cessaient à la lecture ou aux prières,
00:49certains montrent des start-up de falsification d'identité avec facturation et services clients inclus.
00:54Passport, BEPC, BAC, certificats médicaux, certificats de nationalité.
01:00Le catalogue était plus fourni que celui de certaines administrations, le tout vendu à un tarif étudié.
01:06Entre 50 000 et 500 000 francs selon la pièce et la tête du client.
01:10La fraude à la carte made in Libreville.
01:12Mais le clou du spectacle, c'est la DGDI elle-même.
01:17La Direction Générale de la Documentation et de l'Immigration, ce bastion supposé inviolable,
01:22garant de l'identité nationale, a ouvert ses portes ou ses guichets à la combine.
01:27Selon les aveux d'un trafiquant, j'ai fait établir mon passeport au CEDOC.
01:31La dame m'a demandé 500 000 francs.
01:33J'ai suivi la procédure normale.
01:34Voilà, tout est dit.
01:37Car oui, au Gabou, il existe désormais deux procédures pour avoir un document d'identité.
01:42La voie légale, longue, floue et frustrante.
01:45Et la procédure normale, entendée par là, celle qui passe par une enveloppe glissée avec souplesse et discrétion.
01:52Les usagers parlent même d'un pack premium.
01:54Faux documents, plus authenticité garantie, plus sourire de l'agent.
01:58Le tout sans fil d'attente.
02:00Ce réseau opérait depuis près de 10 ans une décennie de documents trafiqués, validés, tamponnés, parfois même avec l'encre officielle.
02:08L'administration, elle, ne voyait rien ou faisait semblant.
02:12Peut-on vraiment s'étonner dans ces conditions que certains étrangers n'aient à OIEM sans jamais avoir mis les pieds au Gabon et des papiers plus solides que les nationaux eux-mêmes ?
02:20La prison devient un QG, la DGDI un guichet bis et les usagers, des clients comme les autres.
02:26On aurait presque envie d'applaudir l'organisation si elle n'était pas la preuve absolue de la faillite d'un système.
02:33Aujourd'hui, les arrestations ont commencé.
02:35Quelques pions sont tombés.
02:37Mais personne ne peut garantir que la racine du mal ait été arrachée.
02:40Pendant que les autres ouvrent une enquête, la face préférée du service de communication de la République,
02:45les Gabonais, eux, se demandent si leur propre acte de naissance n'a pas été imprimé au même endroit que celui du voisin nigérien.
02:52Une chose est sûre, au royaume des faux papiers, c'est le vrai citoyen qui se sent illégitime.
02:58Quant à la DGDI, il serait temps de changer de nom.
03:00Peut-être délégation générale de la duplicité institutionnalisée.
03:04Ou plus sobrement, DGDI dit « grâce à Dieu » s'est imprimé.
