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Transcription
00:00Si je vous dis austérité, vous pensez à...
00:03C'est notre moment de vérité.
00:04François Bayrou a présenté les pistes du gouvernement
00:07pour assainir les finances publiques dans le budget 2026
00:10et atteindre les 44 milliards d'euros d'économies.
00:13Un plan de rigueur budgétaire qui rappelle une autre cure d'austérité,
00:17en vérité moins sévère, mais qui a marqué les Français.
00:19C'était en 1983, sous François Mitterrand, on vous raconte.
00:24En mars 1983, les Français redécouvrent un mot
00:27qu'ils ne pensaient pas revoir de si tôt, la rigueur.
00:30Deux ans plus tôt, la gauche est arrivée au pouvoir
00:32avec son programme en commun, dont elle a rapidement tenu les promesses,
00:35en entamant une relance économique.
00:37Vive le programme commun de la gauche, pour que vive le peuple de France !
00:43Réduction du temps de travail, revalorisation des prestations sociales,
00:47impôts sur les grandes fortunes, le peuple de gauche a droit à sa part du rêve,
00:51mais pas pour longtemps.
00:51Car très tôt, le Premier ministre Pierre Moroy
00:54et son ministre de l'Économie et des Finances Jacques Delors
00:56vont changer de cap pour lutter contre trois maux de l'économie française.
01:00La spirale inflationniste, la hausse structurelle du chômage
01:03et un inquiétant déficit extérieur.
01:05Le tout dans un contexte de guerre froide,
01:07de construction européenne, mais pas seulement.
01:10Il y a aussi une raison très tactique, politique, propre à la gauche.
01:15Le raisonnement de Mitterrand et de Moroy, c'est de dire
01:17« ça y est, enfin, on a conquis le pouvoir. »
01:20Et maintenant, on veut durer.
01:22On ne veut pas réitérer les erreurs du Front populaire
01:25où Blum est arrivé, il a fait des réformes sociales
01:27et il a chuté sur des questions financières.
01:30On veut durer au pouvoir.
01:32Et pour durer au pouvoir, il faut montrer au milieu économique et financier
01:35qu'on est capable de bien gérer, qu'on a une capacité gestionnaire
01:39qu'on ne va pas mettre le payer en banque aux routes.
01:41Les mesures touchent au portefeuille de tous les Français,
01:43avec une hausse des taxes sur le tabac, l'alcool, l'électricité,
01:47mais tout en maintenant l'idée d'une contribution proportionnelle
01:49de chacun à l'effort demandé.
01:51Un emprunt obligatoire est par exemple imposé aux foyers les plus fortunés.
01:55Mais la rigueur en tant que telle ne va pas susciter
01:58une levée de bouclier de la gauche puisque les syndicats la soutiennent
02:01et notamment la CFDT, particulièrement puissante à l'époque,
02:04tandis que les communistes ne se désolidarisent pas du gouvernement.
02:07Ça a été beaucoup dramatisé a posteriori.
02:11C'est-à-dire que dans la mémoire, notamment dans la mémoire socialiste,
02:15mais aussi dans la mémoire de la gauche de la gauche,
02:17je pense encore dans la France insoumise aujourd'hui,
02:20mais il y a l'idée que 83, c'est la trahison.
02:2583, c'est le moment où la gauche a renoncé à ses promesses
02:28de changer la vie et s'est mis à mener une politique économique
02:33très comparable à celle de la droite, en l'occurrence de Raymond Barr.
02:36Au final, la parenthèse de la rigueur ne sera jamais vraiment
02:39refermée sous Mitterrand, avec un bilan positif en termes
02:42de réduction du déficit extérieur, mais un combat loin d'être gagné
02:46contre le chômage qui gangrène l'Europe.
02:48Finalement, les socialistes paieront le prix fort
02:50de cette douche froide assénée aux Français.
02:52En 1986, ils sont battus aux élections législatives.
02:56L'austérité n'a jamais rien de populaire.

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