Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • 24/07/2025
C'est l'un des plus gros scandales de violences scolaires, des 60 dernières années : l'affaire Betharram.
Un détonateur qui aurait pu couter sa place au premier Ministre François Bayrou et dont l'Assemblée Nationale a décidé de se saisir en créant une commission d'enquête sur le contrôle de l'Etat et la prévention des violences en milieu scolaire.
Les députés vont finalement découvrir un dossier tentaculaire qui va les bouleverser. Des victimes de violences physiques et sexuelles dans plus 260 établissements scolaires.
Une défaillance de l'Etat à tous les niveaux de la hiérarchie. Des écoles contrôlées 1 fois tous les 1500 ans en moyenne.
Auditions, contrôles surprises, pendant 4 mois, nous avons suivi le travail de Violette Spillebout et Paul Vannier les co-rapporteurs de la commission d'enquête.
Pour briser la loi du silence.

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Musique
00:00C'est vraiment immense parce qu'il faut imaginer 5-6 dortoirs de 50-60 enfants en enfilade sur les premiers et deuxièmes étages.
00:22Quand je les regarde, j'y vois la peur, la terreur, les années passées à pleurer sur moi-même parce qu'effectivement, nous n'avions que nos yeux pour pleurer.
00:40Ce travail de commission d'enquête transpartisan, il a changé ma vie. Il a changé ma vie à titre personnel et à titre politique.
00:48Nous avons avancé toujours dans la même direction avec Violette Spilbout en tentant, en œuvrant à chaque étape de nos travaux à être utiles, à faire changer l'état des choses dès à présent.
01:04Bonjour, bienvenue sur la chaîne parlementaire. Dans ce nouveau numéro des Grands Débats, je vous propose de revivre les travaux de la commission d'enquête sur le contrôle de l'État et les violences scolaires.
01:15La commission dite Bétaram, du nom de Notre-Dame de Bétaram, cet établissement privé sous contrat des Pyrénées-Atlantiques qui va plonger les députés dans des décennies de violences physiques et sexuelles.
01:28Alors François Bayrou, le Premier ministre sera en première ligne car à l'époque où les premières plaintes ont été déposées, il était ministre de l'Éducation nationale.
01:37Monsieur le Premier ministre, pourquoi n'avez-vous pas protégé les élèves de l'école Notre-Dame de Bétaram, victimes de violences pédocriminelles ?
01:50Alors j'affirme que j'ai évidemment, je n'ai jamais été informé de quoi que ce soit de violences ou de violences a fortiori sexuelles, jamais.
02:05Dès sa création, la commission d'enquête déclenche une libération de la parole de dizaines de victimes un peu partout en France et les députés décident de consacrer leur première audition au collectif de victimes.
02:20Permettez-moi d'abord de vous saluer, de saluer votre force, votre courage et de dire pour commencer les travaux d'audition de cette commission d'enquête parlementaire que c'est de votre force, de votre courage de victimes que cette commission d'enquête est née.
02:38Est-ce que vous-même comme victime, enfants, adolescents ou certains membres de vos collectifs, est-ce qu'ils ont cherché de l'aide à l'époque où ils étaient victimes ?
02:49Si oui, comment, vers qui se sont-ils tournés ? Au sein de l'établissement ? En dehors de l'établissement ? Quelles réponses ont-ils eues alors ?
03:01C'est la question pour nous du signalement qui est vraiment au cœur de notre attention.
03:08Depuis toujours, je me considère comme victime de cette institution de Béteram puisque j'y ai fait ma scolarité entre 1980 et 1985.
03:19Le collectif compte aujourd'hui plus de 2000 membres. J'ai 180 plaintes, mais au-delà des plaintes, j'ai énormément de témoignages parce que ne croyez pas que c'est facile en fait de déposer un CERFA et d'aller ensuite être auditionné devant un officier de police judiciaire,
03:41même quand vous avez des traumas liés à des violences physiques subies pendant l'enfance. Parce qu'à Béteram, c'était la terreur et personne ne pouvait imaginer que nous étions dans des mains à la fois de prêtres agresseurs.
03:57J'ai ici d'ailleurs, sur les 70 dernières années, tous les prêtres, tous ils sont agresseurs, tous ces prêtres directeurs.
04:06On a découvert le 3 mars qu'un enseignant, enfin pardon, qu'un surveillant de Béteram, un des tortionnaires de Béteram, il faut le dire, avait poursuivi sa carrière directement de Béteram à Neuilly-sur-Seine, à Saint-Dominique-de-Neuilly.
04:20Et quand ce fait nous a été remémoré, on s'est tous souvenu de ce surveillant, on a décidé avec un petit groupe d'anciens d'ouvrir une page Facebook, un groupe Facebook qui permettrait aux gens de témoigner.
04:31L'objectif de ce groupe, c'était de recueillir des témoignages sur cette personne pour aider nos frères de Béteram.
04:37Et là, avec Stupeur, on a eu finalement assez peu de choses sur lui, qu'on ne savait déjà, on savait qu'il tirait les oreilles, ça on s'en souvenait tous, qu'il tirait les cheveux, etc.
04:47Mais on a eu des témoignages sur sept autres personnes, sur une période qui va de la fin des années 80 au début des années 2000, qui ont eu des comportements répréhensibles vis-à-vis d'enfants.
05:00Et je vous parle de choses qui vont d'abus physiques très violents, d'une maîtresse de CM1 extrêmement violente.
05:07Les gens parlent de sadisme à un maître de CM2 qui caressait des petites filles sous leur jupe derrière son bureau, à des viols.
05:14Des viols par des profs de lycée, un prêtre mis en cause aussi sur des élèves, des garçons de 5e, etc.
05:22Plus de 300 dossiers sur le bureau de l'avocat, 200 victimes sur des forums différents selon les affinités, on va dire.
05:32Et puis, il y a des milliers et des milliers de filles qui n'ont jamais rien dit et qui sont dans la nature et qu'on ne verra jamais.
05:43Parce qu'elles sont comme nous au départ, trop honte, trop culpabilisées, trop humiliées.
05:50Et ça vous démolit pour la vie entière.
05:55Je tiens à souligner que les premières violences physiques graves avec blessures que j'ai subies, c'était à l'âge de 9 ans et c'était dans une école primaire publique, Jean Jaurès, à Anglette.
06:06Elles ont continué ensuite de la 6e à la 3e et au collège privé catholique d'Ustaritz comme pour des dizaines d'autres victimes.
06:13A cette époque, tout le monde savait. Tout le monde savait dans le Béande pour Bétharam et tout le monde savait pour Ustaritz dans le Pays Vasque.
06:21Tout le monde savait au minimum qu'il y avait de la violence physique dans ces établissements et tout le monde a laissé faire. C'est inadmissible.
06:28Si on avait ordonné des enquêtes, on aurait certainement découvert qu'en plus des violences physiques, il y avait aussi des violences sexuelles.
06:34Aujourd'hui, rien n'a changé.
06:35Le village d'enfants de Riaumont a été créé en 1960 par le père Albert Revet. C'était un prêtre qui officiait précédemment à Liévin et donc qui a eu pour idée de proposer à la justice et au juge de Béthune, au juge pour enfants, d'accueillir des enfants qui étaient en situation de prédélinquance.
06:53Et donc, il a ouvert ce lieu-là. C'était tout en haut d'une colline, un lieu extrêmement fermé, boisé, à Liévin et qui n'était pas du tout construit.
07:05Et finalement, c'était une sorte de projet total dans le sens où ce sont les enfants qu'il a recrutés par le tribunal de Béthune qui ont construit ce lieu.
07:18C'était donc des travaux forcés. Les enfants étaient évidemment, dès le départ, extrêmement maltraités, chose qui était tout à fait assumée par le père Revet puisque dans toutes les archives que j'ai pu compulser depuis que je travaille sur cette histoire,
07:36donc ça fait bien six ans maintenant, tout est consigné et assumé. Les sévices physiques étaient considérés comme quelque chose qui allait redresser des enfants qui étaient des enfants perdus.
07:52Le père Revet assumait le fait d'embrasser les enfants sur la bouche. Le père Revet assumait d'enfermer les enfants au pain sec et à l'eau pendant cinq jours, nus dans des douches, frappés à coups de ceinturon côté boucle.
08:03J'ai des anciens qui ont des traces, qui ont gardé des traces physiques de ça. Les enfants, quand ils essayaient de fuguer, on les rasait et on leur mettait une croix au mercurochrome rouge sur la tête pour que toute la ville sache qu'ils avaient essayé de fuguer.
08:20Donc c'était comme une sorte de système carcéral, clairement. Et tout le monde le savait. Tout le monde était au courant de ce qui se passait dans ce lieu.
08:31Les enfants fréquentaient les écoles publiques de Riaumont. Les instituteurs voyaient l'état physique des enfants puisqu'ils étaient en culottes courtes, été comme hiver.
08:41Permettez-moi d'abord de vous saluer, de saluer votre force, votre courage et de dire pour commencer les travaux d'audition de cette commission d'enquête parlementaire que c'est de votre force, de votre courage de victime que cette commission d'enquête est née.
08:58Nous assistons à une forme de tsunami, de mur qui est en train de se fissurer. Je crois qu'on est au tout début. L'essentiel de vos collectifs ont été constitués il y a quelques jours, quelques semaines.
09:15A la suite de la création du collectif des victimes de Betaram, si cette commission d'enquête a une utilité, peut-être dès ses premiers instants, c'est celle-là.
09:27Participez avec vous à ce processus de libération de la parole. Nous ne sommes pas dans la recherche de responsabilités individuelles.
09:35Et notre objet, comme commission d'enquête parlementaire, est de venir identifier d'éventuelles défaillances dans les modalités de contrôle par les différents services de l'État,
09:47le ministère de l'Éducation nationale, le ministère de la Justice, le ministère de l'Intérieur, peut-être d'autres administrations, modalités de contrôle au sein des réseaux d'établissements privés sous contrat,
10:00notamment de l'enseignement catholique, dont il faut rappeler qu'il est largement financé sur fonds publics, et à partir de l'identification de ces défaillances,
10:08de proposer des évolutions pour empêcher d'autres Betaram, d'autres justaristes, d'autres dames de garrison, d'autres drames comme ceux que vous nous avez décrits, et protéger tous les enfants.
10:19Est-ce que vous-même, comme victime, enfant, adolescent, ou certains membres de vos collectifs, est-ce qu'ils ont cherché de l'aide à l'époque où ils étaient victimes ?
10:29Si oui, comment, vers qui se sont-ils tournés ? Au sein de l'établissement ? En dehors de l'établissement ?
10:37Quelles réponses ont-ils eues alors ? C'est la question, pour nous, du signalement qui est vraiment au cœur de notre attention.
10:47Moi, je suis rentré en 1958. Et tous les abus sexuels qui se passaient à l'époque, personne n'en parlait.
10:56Y compris, entre nous, on n'en parlait pas. Moi, j'ai passé donc 7 ans internes.
11:02J'ai joué dans l'équipe de foot, depuis les Benjamins, Minim, Cadet, peu importe, avec 3 personnes, 2 qui ont porté plainte.
11:12Jamais, jamais, on n'a découvert maintenant qu'en fait, on a été victime.
11:17On n'en a jamais parlé. Moi, personnellement, mes parents sont morts. Ils ne l'ont jamais su.
11:25La première personne à qui j'en ai parlé, c'est mon épouse, il y a maintenant, on va dire, 3 semaines, après 50 ans de mariage.
11:33Nous, en ce qui concerne le Collège Saint-Pierre, aucune aide, de toute façon, n'aurait pu être sollicitée auprès de la direction de l'école,
11:41parce que la violence y était vraiment systémique. Voilà.
11:44Donc, de bas en haut, je dirais, à part les femmes qui nous servaient à la cantine, tout le monde était dans la violence.
11:51Je n'ai pas... Jusqu'à maintenant, on commence à remonter le fil de l'histoire de ce continuum de la violence.
11:57On a repéré à peu près tous les professeurs. Il n'y en a pas un qui, un jour ou deux, c'est rare qu'il n'en ait donné qu'un, n'ait pas frappé un élève.
12:08Ils étaient recrutés pour ça, véritablement. Pas de signalement pendant 30 ans, ça veut dire qu'a fait l'État.
12:14Pendant ce temps-là, je m'excuse, mais on est à l'Assemblée, on paye des impôts. Il n'y a pas eu, en 30 ans, un signalement.
12:25Et vous parliez tout à l'heure d'Omerta, mais de toute façon, c'est le modus operandi de toutes les écoles privées catholiques.
12:33C'est-à-dire qu'il ne faut pas atteindre la réputation de l'école. Donc, on ne fait pas de bruit, on ne fait pas de vagues.
12:37On m'a même redit il n'y a pas longtemps, on lave notre linge sale en famille.
12:42On a le devoir d'être à la hauteur de l'espoir qui est en train de naître.
12:48C'est-à-dire que c'est un jour fondateur aujourd'hui parce que vous vous rencontrez, vous les différents collectifs,
12:55vous ouvrez par la médiatisation la libération de la parole à d'autres victimes.
12:59Et surtout, vous allez nous donner les clés et donner à tous ceux qui ont été acteurs de ce système et qui le sont aujourd'hui
13:07pour sécuriser et faire en sorte que tous les protocoles, le signalement, la chaîne de responsabilité deviennent efficaces, rapides
13:22pour empêcher que quand il y a une violence qui commence, elle ne se perpétue pas et elle ne devienne pas plus grave.
13:30L'affaire Notre-Dame-Bétara met en cause François Bayrou, le Premier ministre, dès 1996.
13:36Et les députés vont entendre des personnages clés de l'époque, à commencer par Françoise Goulung.
13:42C'est une ancienne enseignante de mathématiques de Notre-Dame de Bétarame qui a révélé plusieurs de ses violences.
13:49Elle raconte ce qu'elle a vu et ce qu'elle a signalé.
13:53Et question très simple pour commencer, à partir de quand êtes-vous témoin de violences dans l'établissement Bétarame
14:00que vous rejoignez donc en septembre 1994 et de quel type de violences êtes-vous témoin à ce moment-là, à partir de ce moment-là ?
14:08Je me suis perdue, je cherchais le secrétaire dans les couloirs.
14:14J'entends sur ma gauche dans une salle un adulte qui hurlait sur un enfant,
14:19qui le cognait, j'entendais les coups, et venait en face de moi Madame Béroux.
14:27Donc je... bêtement, je lui dis mais qu'est-ce qu'on peut faire ?
14:32Et elle n'a pas compris ce que j'attendais.
14:34Ça c'est clair, elle n'a pas compris.
14:35Donc bon ben...
14:38Voilà, c'était entre 15 jours et 3 semaines après la rentrée.
14:42Ensuite, les choses que j'ai vues très très très vite et qui m'ont beaucoup beaucoup dérangée, c'est mes élèves.
14:49J'avais des enfants qui étaient écrasés de fatigue, qui étaient ternes, qui étaient passifs,
14:58et qui de temps en temps, il y en avait un ou l'autre dont la tête tombait sur le pupitre.
15:04La première fois où ça vous arrive, ça surprend quand même.
15:07Donc j'ai voulu savoir, j'ai interrogé, on m'a dit c'est pas grave, il y a eu des...
15:10parce que les enfants essayaient de ne pas trop parler.
15:12C'est pas grave, il y a eu des problèmes à l'internat cette nuit, on n'a pas pu dormir.
15:17N'empêche que ce genre de problème, ça se répétait avec une fréquence folle.
15:21Bon alors là, j'ai commencé à aller voir l'infirmière parce que j'ai voulu comprendre.
15:26Et l'infirmière m'a confirmé qu'il se passait ce genre de choses.
15:31Et elle m'a dit mais bon, il me semble qu'il se passe aussi d'autres choses, mais...
15:35Donc je pense que c'était dans le premier mois, le premier mois et demi.
15:37Vous pouvez juste expliciter ce genre de choses, c'est-à-dire ?
15:42C'est-à-dire des enfants qui visiblement avaient passé une grande partie de la nuit debout sans pouvoir dormir.
15:49Alors les enfants, alors ce qu'elle m'a expliqué, ce que les enfants peut-être n'osaient pas dire,
15:54c'est que les enfants étaient mis au garde-à-vous au pied de leur lit et que ça pouvait durer deux heures, trois heures.
15:59Donc là, donc on était encore en 94, je pense, ou tout début 95, j'ai commencé à signaler.
16:08J'ai écrit à monsieur Berroux, l'infirmière l'avait déjà fait quelques temps avant, sans réponse.
16:13J'ai écrit moi aussi, sans réponse.
16:16J'ai fait un courrier que j'ai envoyé au tribunal sans réponse.
16:21Je suis allée à la gendarmerie et on m'a dit, oh oui, on sait, on sait.
16:27Et j'ai aussi écrit à la direction diocésaine et j'ai contacté le médecin de la PMI.
16:34Le médecin de la PMI a certainement soutenu mes propos au niveau de la direction diocésaine.
16:40Et moi-même, la seule personne qui m'ai contactée, c'est un représentant de la direction diocésaine
16:45qui m'a convoquée dans un bureau d'une école maternelle de Pau,
16:50où il m'a expliqué avec beaucoup de courtoisie, beaucoup d'entregenres,
16:55que d'abord que je déshonorerai ma famille si je...
16:59Et surtout que si je voulais rester dans l'enseignement catholique, il fallait que j'oublie tout ça.
17:06Donc des violences physiques, est-ce que vous avez, vous êtes témoin,
17:10on vous rapporte des violences sexuelles lorsque vous êtes à Bétard?
17:13Non. On ne me rapporte pas de violences sexuelles lorsque je suis à Bétardame.
17:19Je vois d'autres... J'ai vécu... J'ai vu au moins... Parce que c'est vieux, hein.
17:22Mais je me souviens au moins d'avoir vu une agression physique, un enfant rossé dans la cour, très violemment.
17:28Et je pense que ça fait partie des éléments qui m'ont permis de faire mes premiers courriers.
17:33Un enfant rossé dans la cour par un autre élève ou par un adulte ?
17:35Par un surveillant, par un adulte.
17:37Donc vous lui adressez un courrier à M. Bayrou, en sa qualité de ministre et de conseiller départemental.
17:42Est-ce que vous recevez une réponse de sa part ?
17:44Non. La seule réponse que j'ai reçue, c'est de l'évêcher.
17:47Un peu plus tard, plusieurs mois plus tard, peut-être, plusieurs semaines plus tard.
17:50Oui, plusieurs mois plus tard.
17:51Vous allez rencontrer là physiquement M. Bayrou à l'occasion d'une remise de décoration.
17:56Et là, vous avez rapporté dans la presse l'avoir à nouveau informé.
18:00Est-ce que vous pouvez revenir sur cet épisode, le décrire ?
18:02Qu'est-ce que vous lui dites ? Qu'est-ce qu'il vous répond ?
18:04Alors, on fêtait le départ de Pau de Mère Myriam, qui était quelqu'un à qui j'étais très attachée.
18:13Donc j'y suis allée et à un moment, je vois M. Bayrou à côté de Mère Myriam.
18:21Mère Myriam était à sa droite et lui à gauche.
18:23Je me suis dit, bon, c'est le moment où jamais, il ne m'a jamais répondu, je tente.
18:28Donc je suis allée à lui et je lui ai dit, M. Bayrou, c'est vraiment grave ce qui se passe à Betaram, il faut faire quelque chose.
18:36Et il m'a simplement répondu, mais on exagère, voilà.
18:40Donc, je n'ai rien fait de plus parce que je pense que tous les enseignants le savaient.
18:47Maintenant, aucun, moi, on m'a toujours demandé de me taire, de ne pas créer de problème.
18:54Est-ce que vous avez des regrets ? J'entends dans votre expression, je n'ai pas pu faire plus.
19:02Donc vous êtes allée jusqu'à vous adresser aux responsables politiques, à interroger vos collègues.
19:08Est-ce qu'avec le recul, avec les témoignages que vous avez faits à la presse aujourd'hui, vous imaginez que vous auriez pu faire quelque chose de plus ?
19:16Je pense que j'ai vraiment fait tout ce que je pouvais. En tout cas, moi, je n'ai pas, je n'ai, je crois que j'ai vraiment fait tout ce que je pouvais.
19:24Vraiment, je ne pense pas que je pouvais faire autre chose.
19:26Mais quand, en décembre 1995, ces deux enfants ont été mis dehors, dans le froid, alors là, j'ai trouvé que c'était vraiment, j'ai considéré que c'était de la torture, de la barbarie de faire ça à des enfants.
19:43Et alors là, j'ai décidé que je n'aurais plus aucune prudence par rapport à ce monde-là.
19:49Alors, ça, c'est clair. Donc, la première chose que j'ai fait, ça s'était passé juste avant Noël, les vacances de Noël.
19:56Donc, à la rentrée, j'arrive dans mes classes de collège, puisque j'avais des collégiens.
20:00La première classe où j'arrive, j'avais des enfants affolés, terrifiés.
20:05Alors, je les calme pour ce qu'ils me racontent, parce que je ne savais pas.
20:10Et alors, ils me disent, oui, mais moi, alors ils me racontent, mais moi, je n'ai pas de carte de téléphone, qu'est-ce que je vais faire ?
20:16Alors là, j'ai considéré que le mieux que je pouvais faire, c'est un peu de les protéger.
20:22Donc, je leur ai dit, déjà, pas de souci.
20:24On peut dire, il y a des cabines téléphoniques dans le village.
20:27Vous seriez à la place de vos petits camarades.
20:29Vous foncez à la cabine.
20:30Vous faites le 119.
20:31Il n'y a pas besoin de monnaie.
20:33Et après, je leur ai dit aussi, je pense que ça ne suffit pas.
20:36Il faut que vous racontiez à vos parents aussi les problèmes d'internat.
20:42Alors là, il y a des élèves qui m'ont dit, mais je ne peux pas raconter ça.
20:45Mes parents, ils ne croiront pas.
20:48C'est embarrassant pour un adulte d'entendre ça.
20:52Donc, je me suis dit, là, il faut que je les rassure.
20:56Donc, je leur ai dit, mais c'est normal que vos parents ne vous croient pas.
20:59Vos parents, ils vous ont mis là en pensant que vous serez bien élevés, qu'on vous prendra soin de vous.
21:04Bien sûr qu'on sera sévère, mais qu'on prendra soin de vous.
21:07Donc, c'est normal qu'ils ne vous croient pas.
21:08Donc, il faut que vous en parliez à une tati, une grand-mère, un cousin, quelqu'un qui vous croira et que vous gardiez son numéro de téléphone pour le cas où un prépain vous arriverez.
21:18Alors là, évidemment, pour moi, je suis devenue immédiatement personnelle en gratte.
21:23Ça, c'est sûr.
21:24D'abord, on m'a sommé, le surveillant général, et puis quand on me présente dans le couloir, le père directeur, de demander une mutation.
21:33Alors, le surveillant général m'a sommé, le père directeur m'a dit, ce serait mieux pour vous.
21:36Mais bon, le résultat est le même.
21:38J'ai refusé.
21:40En avril 1996, une inspection express de l'établissement est diligentée.
21:46Et malgré plusieurs plaintes, le rapport conclut à l'absence de dysfonctionnement à Notre-Dame de Bétaram.
21:51Deux ans plus tard, en 1998, le père Caricard, le prêtre directeur de l'établissement, est mis en examen pour viol sur mineur.
22:01C'est à ce moment-là que le nom de François Bayrou apparaît.
22:04Les députés vont entendre tour à tour un gendarme qui a travaillé sur l'enquête à l'époque et un juge d'instruction.
22:12J'étais officier de police judiciaire à la section de recherche de Bordeaux.
22:17J'ai donc été chargé par M. Mirand, juge d'instruction au TGI de Pau, de mener l'enquête sur commission rogatoire
22:26concernant les faits commis par Pierre Caricard, qui avaient été dénoncés quelques temps plus tôt.
22:36J'ai dû commencer cette enquête en décembre 1997.
22:40J'ai dû entendre Franck Delagane peut-être début 1998.
22:46Et ce n'est qu'en mai que j'ai entendu Pierre Caricard.
22:51Très bien. Le 26 mai 1998.
22:53Le 16 février dernier 2025 sur TF1, vous avez déclaré qu'en arrivant ce jour-là au tribunal,
22:59le juge Mirand vous aurait déclaré, je vous cite,
23:02« Il y a un problème, la présentation va être retardée, le procureur général demande à voir le dossier
23:09et M. Bayrou est intervenu auprès du procureur général qui demande à voir le dossier.
23:15Est-ce que vous confirmez cette déclaration ? »
23:18Alors, je reprends les termes.
23:22M. Mirand m'attendait devant la porte de son bureau.
23:27Il m'a dit que la présentation était prévue à 14 heures.
23:31Moi, j'étais là à 14 heures avec Pierre Caricard.
23:35M. Mirand m'attendait à la porte de son bureau.
23:38Il m'a dit, « M. Ontan, la présentation est retardée.
23:43Le procureur général demande à voir le dossier.
23:48Il y a eu une intervention de M. Bayrou. »
23:52Le nom de François Bayrou apparaît là dans ce contexte très particulier.
23:57Est-ce que ça suscite une réaction de votre côté ?
24:01Est-ce que c'est un nom qui était apparu à une autre étape de vos investigations ?
24:05Est-ce que l'intervention de François Bayrou,
24:07telle qu'elle vous est décrite par le juge Mirand, vous surprend à ce moment-là ?
24:11Oui, effectivement, je suis surpris.
24:13Mais comme je vous le dis, pour moi, c'est une information tout à fait laconique
24:17parce qu'à ce moment-là, la question qui se pose pour moi,
24:23c'est le devenir de Pierre Caricard, qui est un violeur.
24:26Donc effectivement, 12 jours après, pour poursuivre sur la remise en liberté,
24:32M. Mirand m'appelle en me disant, « M. Ontan,
24:35la Chambre d'accusation a remis Pierre Caricard en liberté,
24:41sous contrôle judiciaire. »
24:43Et est-ce que vous continuez une enquête autour de ce fait
24:47ou d'autres faits liés au sévice à Pétarame ?
24:53Alors, effectivement, M. Mirand, à l'issue de la mise en examen de Pierre Caricard,
25:02m'avait demandé de poursuivre l'enquête et d'aller rencontrer l'ensemble des internes
25:15qui étaient en même temps à Pétarame que Franck de Laganne de Malaisieux.
25:22quelques mois plus tard, Benoît Giôme, que j'avais entendu, a écrit à M. Mirand en lui disant,
25:34« M. le juge, voilà ce qui m'est arrivé. »
25:37Est-ce que, pour conclure cette audition, vous pourriez préciser,
25:40rétrospectivement, votre vision sur la gestion de cette affaire
25:45par le système judiciaire et éventuellement politique de l'époque ?
25:49Oui, je confirme.
25:52Je suis parti entendre ces jeunes hommes
25:57qui avaient quitté peut-être certains Pétarames depuis 4 ou 5 ans,
26:03qui auraient pu se sentir, à la limite, libres de parler,
26:09même si c'est difficile d'avouer qu'on a été violés.
26:12Mais il y avait peut-être effectivement une ouverture de porte
26:18qui aurait pu faire qu'ils commencent à parler.
26:26Ils ont certainement lu dans la presse,
26:28puisque ça avait fait quand même dans la presse relativement de bataille,
26:34que Pierre Carica avait été remis en liberté.
26:37Quand on entend des gens qui maintenant disent,
26:39« Mais même dans notre famille, on ne voulait pas qu'on en parle.
26:42Même dans notre famille, on ne nous croyait pas.
26:46Comment voulez-vous qu'un jeune homme qui voit un enquêteur arriver
26:50et vous interrogez sur ce qu'il a pu se passer à Bétarame,
26:56vous interrogez sur ce qu'il a pu se passer
26:58quand il partait en camp de vacances, je pense à Benoît Joum,
27:03qui allait en camp de toile avec Pierre Carica.
27:06Comment voulez-vous qu'on puisse parler
27:11quand on sait que la justice ne semble pas croire
27:15la première victime qui s'est exprimée ?
27:22Oui, c'est particulièrement décevant,
27:26parce qu'on aurait pu peut-être, à cette époque-là,
27:29entraîner d'autres témoignages.
27:32Et peut-être qu'il y a eu un encouragement à parler.
27:38Il y a des gens qui, maintenant, sont confrontés
27:41par le problème de la prescription,
27:44parce qu'ils n'ont pas parlé suffisamment tôt.
27:46Alors, je fais peut-être de la justice-fiction,
27:52mais si Carica était resté à la maison d'arrêt de Pau,
27:56peut-être qu'il ne se serait pas suicidé.
27:59Peut-être qu'il serait allé devant les assises,
28:02même sûrement,
28:04et certainement qu'on n'aurait pas perdu 10 ou 20 ans,
28:08parce que peut-être qu'en 2000,
28:11au vu des assises et de la condamnation
28:14qui auraient été prononcées contre lui,
28:16eh bien, d'autres gens se seraient mis à parler.
28:20Ce qui n'a pas été le cas.
28:21Il a fallu attendre 2020 pour que tout se déclenche.
28:26Non ? C'est trop tard.
28:28Alors, je voudrais maintenant revenir sur votre rencontre
28:31avec François Bayrou, qui, en 1988,
28:34est président du Conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques
28:36et député.
28:38Cette rencontre, à l'occasion de laquelle
28:40vous lui révélez l'effet de violences sexuelles à Bétarame,
28:44une première question sur le moment de cette rencontre.
28:46Est-ce que vous avez un souvenir de sa date ?
28:48Du tout.
28:49Mais cette rencontre ne m'a pas surpris,
28:53ni étonné,
28:55car je connaissais M. Bayrou déjà
28:57depuis quelques années,
28:59puisque nous sommes voisins depuis au moins 50 ans,
29:04à l'époque,
29:05et il arrivait autrefois
29:08que nous nous rencontrions à nos domiciles respectifs.
29:12c'était arrivé.
29:14Et quand il est venu me voir,
29:17il me semble même,
29:18peut-être sans m'avoir averti,
29:22il me semble que
29:23il voulait se renseigner
29:27sur ce qui se passait,
29:29car il avait une grande inquiétude
29:32au regard de son fils,
29:34qui était son fils Calixte,
29:37qui était élève à Bétarame.
29:39Et quand il est venu me voir,
29:41il a manifesté une incrédulité très grande,
29:47car il ne pouvait y croire
29:48tant les faits étaient graves et patants.
29:53Vous nous avez indiqué
29:55quand François Bayrou est venu me voir.
29:58Et cette déclaration que vous faites ce matin,
30:00elle est cohérente avec celle que vous avez toujours faite,
30:03notamment devant le journal Le Monde en mars 2024,
30:06et au journal Mediapart en février 2025,
30:09où vous indiquez que c'est François Bayrou
30:10qui est venu vous parler,
30:11que sa démarche était de venir vous voir.
30:14Or, François Bayrou décrit, lui,
30:16cette rencontre,
30:18le 15 février dernier,
30:19lors d'une conférence de presse,
30:20comme une rencontre fortuite.
30:23Est-ce que vous pourrez revenir sur cette description ?
30:28Est-ce que c'est fortuit,
30:29ou est-ce que c'est une démarche de François Bayrou
30:31que de venir vous trouver
30:33pour évoquer des sujets qu'on détaillera juste après ?
30:37Alors, bien évidemment, ce n'est pas fortuit,
30:42puisqu'il est venu chez moi, à mon domicile,
30:45qu'il connaissait bien déjà,
30:47pour en parler.
30:48Donc, en 1998,
30:50François Bayrou sait qu'il y a eu
30:53des violences sexuelles à Bétarame.
30:55Au moment où il est venu me voir, oui.
31:00Oui.
31:02Considérant que les médias
31:04qui en avaient largement diffusé la teneur.
31:09Très bien.
31:11Quand il vient vous trouver,
31:12vous indiquez qu'il est préoccupé
31:15par la situation de son fils,
31:18qui est scolarisé dans l'établissement Bétarame.
31:20Est-ce qu'il exprime devant vous
31:21une préoccupation plus générale
31:22pour d'autres élèves ou pour la totalité
31:25des élèves de l'établissement Bétarame,
31:26qui pourraient, eux aussi,
31:28être exposés à des agresseurs ?
31:31Non, du tout.
31:32Il n'a parlé que de son fils,
31:34pour lequel il était inquiet.
31:36Il y a un fait,
31:37il n'arrivait pas à croire
31:39la réalité de ces faits.
31:41Il disait, je me souviens très bien,
31:44mais c'est incroyable, c'est incroyable.
31:47Très bien.
31:47Comment caractériseriez-vous
31:48l'ensemble des déclarations récentes
31:50de l'actuel Premier ministre
31:52sur la façon dont il a décrit
31:54cet échange avec vous,
31:55sur la façon dont il nie
31:57avoir eu connaissance,
31:58dès 1998,
31:59de violences sexuelles à Bétarame ?
32:01Je pense que la mémoire,
32:03elle aussi, lui fait défaut.
32:06Parce qu'il y a une réalité,
32:08l'échange que nous avons eu,
32:11moi, je ne l'ai pas oublié.
32:12Quelle a été votre réaction
32:16lorsque vous avez appris
32:17la remise en liberté du père Caricard
32:20le 9 juin 1998 ?
32:23Est-ce que dans votre expérience,
32:25cette remise en liberté
32:26était probable, attendue ?
32:28Est-ce que vous sentiez
32:29les choses venir ?
32:30J'ai été révolté par cette nouvelle
32:32car la simple lecture
32:36du premier procès-verbal d'audition
32:38de la première victime
32:40était tellement édifiant
32:42qu'à aucun moment
32:43on n'aurait pu penser
32:44qu'une remise en liberté
32:46serait intervenue.
32:47À aucun.
32:48Je voudrais revenir
32:49sur votre échange en 1990
32:51avec François Bayrou
32:52où vous lui décrivez
32:53des faits que vous avez caractérisés
32:55d'ignobles, de révoltants
32:57et vous nous dites
32:58que François Bayrou
32:59n'arrivait pas à le croire.
33:02Alors, qu'est-ce qu'il n'arrivait
33:03pas à croire exactement ?
33:06Il n'arrivait pas à croire
33:07qu'Haricard,
33:09qu'il semblait connaître.
33:11Autrement, il n'aurait pas
33:13émis cette observation.
33:15Il semblait connaître
33:16et pu commettre ces faits.
33:20Il n'arrivait pas à le croire
33:22qu'il ait commis un viol
33:24parce qu'on en était
33:26à ce moment-là.
33:27qu'au premier viol.
33:29C'est très clair
33:29qu'il le connaissait
33:30et qu'il avait même
33:32une certaine conception
33:33du père Caricard.
33:35Je le souligne
33:35parce que nous sommes en 1998
33:37et je veux redire
33:38qu'en février 2025,
33:40à la mairie de Pau,
33:41devant les victimes
33:42de Bétaram,
33:44François Bayrou,
33:45maire de Pau,
33:45Premier ministre de la France,
33:47a affirmé
33:48ne pas connaître
33:49le père Caricard.
33:50Oui, ça me paraît...
33:52Cela me paraît un peu...
33:54Comment dire ?
33:56Cela me paraît
33:57un peu inexact
33:58parce que tout plaide
34:01pour dire
34:01qu'il le connaissait.
34:03Son épouse
34:04qui enseignait,
34:05ses enfants
34:05qui étaient élèves,
34:07le fait
34:08qu'il n'arrivait pas
34:09à croire
34:10qu'il ait commis
34:11les faits
34:11qu'on reprochait
34:13à Caricard,
34:14ce qu'il laissait entendre
34:15qu'il connaissait
34:15cet homme
34:16et sa personnalité.
34:18Donc,
34:19on a du mal
34:20à le croire,
34:20en effet.
34:22Les députés
34:23poursuivent leurs travaux
34:24bien au-delà
34:25du cas Bétaram.
34:26Et en plus
34:27de leurs auditions
34:28à l'Assemblée nationale,
34:29ils vont effectuer
34:30des contrôles
34:31sur pièce
34:32et sur place.
34:33Dans...
34:34plateau numéro 5.
34:39Les députés
34:39poursuivent leurs travaux
34:40et en plus
34:41de leurs auditions
34:42à l'Assemblée nationale,
34:43ils vont effectuer
34:44plusieurs contrôles
34:45sur pièce
34:46et sur place
34:46dans une dizaine
34:47d'institutions
34:48et d'établissements.
34:50L'un des déplacements
34:51va les marquer particulièrement.
34:53C'est le village d'enfants
34:54de Riaumont
34:54dans le Pas-de-Calais.
34:56C'est un établissement
34:57privé
34:58hors contrat
34:59tenu par des religieux
35:00catholiques
35:01traditionnalistes.
35:03Et dans cet établissement,
35:04les violences scolaires,
35:06physiques et sexuelles
35:07auraient duré
35:08pendant une soixantaine d'années.
35:12Oui.
35:14Oui.
35:14On va peut-être commencer
35:15par la question
35:17des archives.
35:18Oui.
35:18Demandez à l'Axi Archie Interna.
35:24Bonjour, bienvenue.
35:25Bonjour, monsieur.
35:25Je vous laisse à des médias.
35:26Bonjour.
35:27Et je l'invite
35:28les journalistes
35:29qui ont déjà parlé
35:30de la toute-là
35:30dans des formations à venir.
35:32Les autres,
35:32on va me peut-être
35:33faire un petit peu
35:33pour vous.
35:34Bonjour, madame.
35:37Bonjour, monsieur.
35:38Bonjour.
35:39Alors, c'est une commission
35:39d'enquête parlementaire, monsieur.
35:41Et donc, nous sommes,
35:41je l'ai expliqué,
35:42vous et moi-même,
35:42les co-rapporteurs
35:43de cette commission d'enquête.
35:44Et donc, si vous voulez bien,
35:45on va rentrer.
35:48Oui, c'est le chargé
35:49d'évaluation de presse.
35:50Oui, il a l'air efficace.
35:54Il m'a déjà bien dégoûté,
35:55le gars, là.
35:56Oui.
35:57Il était sale, non ?
35:58Dégueulasse.
35:59Oui, t'as vu
35:59ces tâches-là ?
36:00Dégueulasse.
36:01Oui, c'est ici.
36:0280% de nos anciens
36:04disent qu'ils ont été heureux ici.
36:0510% sont ni chauds ni froid
36:07et 10% sont mécontents.
36:08Voilà.
36:09Il faut écouter les 10% de mécontents.
36:10Enfin, il ne faut pas exagérer.
36:11Vous permettez-vous
36:12les 10% de mécontents
36:13qui ont reçu une baffe
36:14ce jour de la fin de l'année ?
36:16Bon, tu te souviens ?
36:19Tu te souviens
36:19que tu m'as mis une baffe ?
36:20Non, c'est pas moi,
36:21c'est le frarolivier.
36:21Tu mélanges.
36:21Pardon ?
36:22Tu mélanges avec le frarolivier.
36:23Non, non, je ne mélange pas
36:24avec le frarolivier.
36:25Je me souviens très bien
36:25que tu m'as mis une baffe
36:26en fin d'année,
36:27un jour avant la fin de l'année scolaire
36:28pour justement,
36:29parce que j'ai refusé
36:30de ramasser des feuilles mortes.
36:40J'ai eu du mal à monter,
36:42je ne rentrerai pas.
36:43C'est ce que je disais à Bruno,
36:44c'est ma prison
36:44et j'en suis sorti,
36:46je ne veux plus y rentrer.
36:47Je suis quasiment prêt à pleurer
36:48tellement ça me fait mal
36:49de revenir ici.
36:51Je pense qu'un enfant de 9 ans
36:53qui se prend des coups de rangers,
36:54des claques,
36:55des coups de poing
36:56ou autre sévice.
36:57J'ai l'impression d'être mort ici,
36:58en fait,
36:58c'est horrible de dire ça,
36:59mais j'ai l'impression
37:00que ma vie, elle s'est terminée
37:01à un moment donné
37:02où, de toute façon,
37:03je pensais y rester.
37:09Il y avait comme un climat
37:10de défiance
37:11qui peut-être traduit
37:13quelque chose
37:14et qui peut-être nous rappelle
37:16et nous sortions d'un rendez-vous
37:18avec les victimes,
37:19ce qu'a pu être
37:20pour des enfants,
37:21des adolescents,
37:22une vie ici.
37:23Pour les victimes,
37:24c'est une histoire
37:25qu'elles ont largement déjà
37:27partagée elles-mêmes,
37:28une histoire de souffrance,
37:29de travaux forcés,
37:30de travaux nocturnes
37:32dans le froid.
37:34Nous avons commencé
37:35à reconstituer
37:36ces dysfonctionnements.
37:38Dysfonctionnement
37:38d'un rapport de la DAS
37:40qui n'a pas été suivi
37:41d'effet en 2001,
37:43dysfonctionnement
37:43de rapports d'inspection
37:45de l'éducation nationale
37:47en 2012
37:48qui ont finalement
37:49à plusieurs reprises
37:51été étudiés
37:51et donné un avis
37:53favorable
37:53à la reprise
37:54d'activité
37:55alors qu'on était
37:56en pleine plainte
37:57de crimes
37:58pour des faits
37:59de violences physiques
38:00et sexuelles
38:01au sein de Riaumont.
38:03La commission d'enquête
38:05s'intéresse aussi
38:05aux établissements publics
38:07et elle va découvrir
38:08l'affaire du lycée
38:09Bayen
38:09à Chalons-en-Champagne
38:10au cours de ses travaux.
38:12Là-bas,
38:13une enseignante
38:14lanceuse d'alerte
38:15a dénoncé
38:15pendant deux ans
38:16les abus sexuels
38:17d'un de ses collègues
38:18et elle n'a jamais
38:19été entendue
38:20par sa hiérarchie.
38:23Moi,
38:24j'étais amie
38:24avec le prédateur
38:25puisque je suis arrivée
38:26dans la section en 2012
38:27lui, il était déjà là
38:28depuis les années 90
38:30et donc en 2021
38:31il y a un collectif
38:33qui s'est créé
38:33qui était un groupe anonyme
38:34en fait
38:35qui s'appelait
38:35Balance ton cirque
38:36et qui a dénoncé
38:38des prédateurs sexuels
38:39dans les écoles de cirque
38:40et en fait
38:41aux vacances
38:42de la Toussaint
38:43en 2021
38:43un poste est paru
38:45dénonçant mon collègue
38:46en fait
38:47en disant
38:48qu'il y avait
38:48un prédateur sexuel
38:50qui avait été laissé
38:51en poste
38:52dans la section
38:52cirque du lycée
38:54Bayan
38:54et là
38:55je suis tombée par terre
38:57assise
38:57vraiment
38:58et en fait
38:58j'étais super en colère
38:59donc je l'ai appelé
39:00et en fait
39:01je lui ai dit
39:01écoute
39:02soit c'est pas vrai
39:03il faut porter plainte
39:04pour diffamation
39:05soit c'est vrai
39:06et je vais vraiment
39:07te traquer
39:07et donc
39:09à partir de là
39:10je me suis dit
39:12j'espère que je ne suis pas
39:13passé à côté
39:13d'un truc horrible
39:14et j'ai demandé
39:16à mes élèves en rentrant
39:17de vacances
39:17je leur ai dit
39:17voilà il faut que vous me disiez
39:18que ce soit
39:20je n'osais pas dire son nom
39:21je ne savais pas
39:21donc j'ai dit que ce soit
39:22mon meilleur ami
39:23que ce soit mon père
39:23mon frère
39:24s'il vous arrive quelque chose
39:25dans tous les cas
39:26moi c'est de votre côté
39:27que je suis
39:27et là en fait j'ai vu
39:29leurs yeux
39:30leur posture
39:31leur silence
39:32et je me suis dit
39:33c'est la catastrophe
39:35et là j'ai vraiment
39:36vraiment eu peur
39:36et en même temps
39:37je me suis dit
39:38voilà ok
39:38on a ouvert le truc
39:40on va en parler
39:41et ça va s'arranger
39:42enfin ça va s'arranger
39:43j'ai cru
39:44j'ai cru que c'était
39:45réglé en fait
39:46puis je ne me rendais pas
39:47compte de l'ampleur
39:47depuis quand ça durait
39:49etc
39:49ça je ne l'ai su que par après
39:51donc ça a pris vachement
39:51de temps en fait
39:52j'ai alerté ma proviseure
39:54qui a alerté les inspectrices
39:55ensuite on a une réunion ensemble
39:56et là on m'a dit
39:58qu'il n'y avait pas de preuves
39:58pas de plaintes
40:00qu'il n'y avait rien à
40:01qu'il n'y avait rien
40:02à lui reprocher en fait
40:03donc moi j'ai dit
40:04je crois que c'est grave
40:05vraiment
40:05il faut vraiment faire quelque chose
40:07et je me suis dit
40:08ça va se faire
40:08et en fait ça ne s'est pas fait
40:09ce déplacement aujourd'hui
40:11illustre que
40:12les problèmes en matière
40:13de signalement de violence
40:15physique, sexuelle
40:16de la part des personnes
40:17ayant autorité sur des élèves
40:18ces problèmes se posent aussi
40:19dans des établissements publics
40:21et notamment dans ce lycée Bayen
40:22puisque des alertes passées
40:24à partir de 2021
40:25ne seront traitées
40:26par l'éducation nationale
40:27que plusieurs années plus tard
40:28à partir de 2023
40:30et on peut s'interroger
40:31se questionner sur
40:32la lenteur de la réponse
40:33de l'administration
40:34de l'éducation nationale
40:36alors que du côté
40:37de syndicats
40:38du côté d'associations
40:40du côté d'une autre structure publique
40:42le Centre National des Arts du Cirque
40:43des décisions
40:44des actions ont été prises
40:45beaucoup plus tôt
40:46permettant de mettre à l'écart
40:48l'enseignant à l'origine
40:50d'agressions sexuelles
40:51et d'accusations de viol
40:53et aussi
40:53ce travail qui doit être mené
40:56sur lequel nous avons insisté
40:57de la protection fonctionnelle
40:59des lanceurs d'alerte
41:00de la reconnaissance des victimes
41:02quelque part
41:03on sent qu'on est en train
41:05de se transformer
41:05dans cette affaire
41:06ce qui a été pris
41:07comme un différent
41:08entre deux personnels
41:10de l'éducation nationale
41:11et qui est bien
41:12en réalité
41:13une lanceuse d'alerte
41:14qui a agi
41:15pour dénoncer
41:16des violences sexuelles
41:17envers des jeunes
41:18qui se sont largement exprimés
41:20et nous voulons d'être là devant
41:23le lycée
41:24merci à vous
41:25merci à vous
41:26on vous en prie
41:27suivez nos travaux
41:29on vous tiendra informés
41:30bien sûr
41:30et bon courage à vous
41:31merci beaucoup pour la démarche
41:33les auditions sont publiques
41:36les conclusions sont publiques
41:37voilà donc
41:38ça nous permettra aussi
41:39avec les autres victimes
41:40de continuer le chemin
41:42voilà
41:43merci
41:44pour les co-rapporteurs
41:50ces contrôles
41:51et ces déplacements
41:52sur place
41:52sont essentiels
41:53cela leur permet
41:54de récupérer
41:55des archives
41:55des documents
41:56qui permettent ensuite
41:57de confronter
41:58les protagonistes
42:00à la vérité
42:01c'est matériel
42:03voilà à quoi servent
42:04les contrôles
42:05sur place
42:05et sur pièce
42:06à aller chercher
42:07des documents
42:08des documents
42:09qui sinon
42:10seraient restés
42:11méconnus
42:12inconnus
42:13et ils sont essentiels
42:14ces documents
42:15alors c'est vraiment
42:15des milliers
42:15et des milliers de pages
42:16il y a près de 10 000 pages
42:17de documents
42:18il y a beaucoup de documents
42:19qui nous arrivent aussi
42:20des archives nationales
42:21parce qu'on a fait
42:21un certain nombre de requêtes
42:22notamment sur les échanges
42:23entre les ministres
42:25les cabinets ministériels
42:25les administrations
42:26les associations
42:27notamment ce courrier
42:29que nous avons saisi
42:29au ministère de l'éducation nationale
42:31qui est un courrier
42:32qui date de novembre 2024
42:33donc qui est récent
42:34qui est signé par le secrétaire général
42:36à l'enseignement catholique
42:37c'est un courrier très important
42:39parce que ce secrétaire général
42:41monsieur Delorme
42:42publiquement a affiché
42:44souvent a revendiqué
42:45son souhait de voir les contrôles
42:47être généralisés
42:47dans les établissements
42:48qui relèvent de son réseau
42:49et dans ce courrier
42:50il dit les choses
42:51de façon très différente
42:52on peut constater
42:53dans ce courrier
42:53qu'il s'oppose
42:54au renforcement du contrôle
42:57il y a un guide du contrôle
42:58qu'il qualifie par exemple
42:59de manuel de l'inquisiteur
43:01dans ce courrier
43:03vous indiquez notamment
43:07que je vous cite
43:08c'est vous monsieur Delorme
43:09qui signez ce courrier
43:10les établissements privés
43:11associés à l'état
43:12par contrat
43:13ne peuvent être contrôlés
43:14comme les établissements
43:16hors contrat
43:16ils ne peuvent pas non plus
43:18être contrôlés
43:19comme le public
43:20l'organisation de la vie scolaire
43:22nous est propre
43:23et fait partie
43:23de notre liberté
43:24vous qualifiez ce guide
43:26dans ce courrier
43:26je vous cite monsieur Delorme
43:28de manuel de l'inquisiteur
43:29et vous considérez
43:31que ce guide participe
43:32je vous cite encore
43:33d'un système de délation
43:35je vous pose des questions
43:36très directes
43:36monsieur le secrétaire général
43:38est-ce que vous considérez
43:38que les inspecteurs
43:39de l'éducation nationale
43:40sont des inquisiteurs ?
43:42non ils ne sont pas
43:42des inquisiteurs
43:43monsieur le rapporteur
43:44très bien
43:45c'est pourtant ce que vous avez
43:46écrit dans ce courrier
43:47nous n'écririons pas forcément
43:48la même chose aujourd'hui
43:50c'est un point
43:53que nous considérons
43:54comme un point d'avancée
43:55signe de l'utilité
43:56de notre commission d'enquête
43:57ça met des personnalités
43:58qui ont des responsabilités
44:00en face
44:00sous serment
44:02en face d'un public
44:03qui attend des réponses
44:04par exemple
44:04sur le sujet
44:05des violences sexuelles
44:07dans des établissements
44:08privés sous contrat
44:09on n'est pas là
44:10pour piéger
44:11qui que ce soit
44:12mais on n'est pas là
44:12non plus
44:13pour se faire balader
44:13et ces documents
44:15nous garantissent
44:16qu'on ne le sera pas
44:17la commission
44:19a réalisé 140 auditions
44:21il y en a une
44:22qui est plus attendue
44:23que les autres
44:24c'est celle du premier ministre
44:25François Bayrou
44:26elle va durer 5 heures et demie
44:28et vous allez l'entendre
44:29dans une ambiance électrique
44:31car le co-rapporteur
44:32LFI
44:33Paul Vannier
44:34a demandé la démission
44:35du premier ministre
44:36trois mois plus tôt
44:37et il l'accuse toujours
44:38d'avoir menti
44:39je vous invite donc
44:42monsieur le premier ministre
44:43à lever la main droite
44:44et à dire
44:45je le jure
44:46je le jure
44:47je vous remercie
44:48monsieur le premier ministre
44:49le 11 février dernier
44:51ici même
44:52à l'assemblée nationale
44:53vous avez déclaré
44:55je vous cite
44:55je n'ai jamais
44:57été informé
44:58de quoi que ce soit
44:59de violence
45:00ou de violence
45:01a fortiori sexuelle
45:03jamais
45:04monsieur le premier ministre
45:06maintenez-vous
45:07aujourd'hui
45:08sous serment
45:09devant notre commission
45:11d'enquête
45:11cette déclaration
45:13celui qui ment
45:14ce jour-là
45:15le 11
45:17février
45:19ce n'est pas
45:20celui qui répond
45:21à la question
45:21c'est celui qui pose
45:22la question
45:23c'est à dire vous
45:24je maintiens
45:26l'affirmation
45:27qui est la mienne
45:28je n'ai eu
45:30pas d'autre information
45:31comme ministre
45:33de l'éducation nationale
45:34je vais en parler
45:35puisque j'avais demandé
45:36un rapport
45:37d'inspection
45:37que par la presse
45:39et je n'ai bénéficié
45:41d'aucune information
45:42privilégiée
45:43vous n'avez pas répondu
45:45à ma question
45:45je la repose donc
45:47à nouveau
45:47je maintiens
45:48que les seules informations
45:50que j'ai eues
45:50étaient celles
45:51qui étaient dans le journal
45:52je n'en ai pas eu d'autres
45:54monsieur Vanier
45:55j'ai déjà décrit
45:56votre méthode
45:57qui consiste
45:59à essayer
46:00de tirer
46:01la réalité
46:03pour nourrir
46:04un procès
46:05en scandale
46:06excusez-moi
46:07juste
46:07je pense
46:10qu'il faut
46:11prendre aussi
46:12le pli
46:13c'est à dire
46:13répondre à la question
46:14qu'on vous a posée
46:15je n'ai rien caché
46:16madame
46:17et je vous demande
46:18d'adopter
46:19une formulation
46:20qui respecte
46:22ce que vous
46:23convoquez
46:24devant cette commission
46:26il y a
46:27deux alertes
46:28directes
46:28de madame Gullung
46:29enseignante
46:30dans l'établissement
46:31par courrier
46:31en janvier 95
46:33auprès de vous
46:35directement
46:35en mars
46:361995
46:37que faites-vous
46:38de ces deux alertes
46:40de l'enseignante
46:40madame Gullung
46:42qui nous dit
46:44sous serment
46:44vous informer
46:45à ces deux occasions
46:46de faits de violence
46:48physique
46:48sur des enfants
46:49dont elle est témoin
46:50et moi
46:51sous serment
46:51je dis
46:52que madame Gullung
46:53ne m'a informé
46:54de rien
46:55il se trouve
46:55que je n'ai pas eu
46:57le sentiment
46:57que la commission
46:59était totalement
47:00objective
47:00j'affirme
47:01que cette dame
47:03je ne veux pas
47:05utiliser le mot
47:07de mentir
47:08je déteste
47:09ce mot
47:09que vous utilisez
47:10tant
47:10elle a affabulé
47:13devant la commission
47:14nous savons
47:15que nous avons
47:15le premier ministre
47:16en face de nous
47:16et c'est très important
47:17d'être juste
47:18et factuel
47:19dans les questions
47:19que nous vous posons
47:20mais à l'inverse
47:21je vous demanderais
47:23effectivement
47:23de ne pas considérer
47:25que tout ce travail
47:26est à charge
47:26contre vous
47:27bien je crois
47:28que nous avons
47:29terminé
47:30cette longue audition
47:32de monsieur
47:32le premier ministre
47:33nous vous remercions
47:34et nous arrêtons là
47:36merci beaucoup
47:375h30
47:38au fil des semaines
47:41la commission
47:42d'enquête
47:42met en lumière
47:43les contrôles
47:44quasi inexistants
47:45de l'état
47:46notamment
47:46dans les établissements
47:48privés catholiques
47:49et c'est l'audition
47:50de la ministre
47:51de l'éducation nationale
47:52actuelle
47:53Elisabeth Borne
47:54qui va révéler
47:55ses failles
47:55dans les contrôles
47:56à l'issue
47:59de la cinquantaine
48:00d'auditions
48:01que nous avons
48:02conduites
48:02au cours
48:03des dernières semaines
48:04et des contrôles
48:05sur pièce
48:06et sur place
48:07effectués
48:07par les rapporteurs
48:08et sans préjuger
48:10des conclusions
48:10auxquelles la commission
48:11arrivera
48:12il apparaît
48:13que l'état
48:14a manqué
48:14à son devoir
48:15de protection
48:16des élèves
48:16en ne contrôlant pas
48:18de manière efficace
48:19l'ensemble
48:20des établissements
48:21scolaires
48:21en particulier
48:22les établissements
48:23scolaires
48:24privés
48:24sous contrat
48:25et en n'organisant
48:27pas toujours
48:27de manière adéquate
48:28la transmission
48:29des informations
48:30qui auraient permis
48:31de prendre
48:32des mesures provisoires
48:34puis de sanctionner
48:35les agissements
48:36de certains
48:36mais il semble évident
48:38que des actions
48:39plus fortes
48:41s'imposent
48:41au regard
48:42de la multiplication
48:43des témoignages
48:44terribles
48:44des victimes
48:45l'état
48:46n'a pas été
48:47au rendez-vous
48:48il revient
48:49aujourd'hui
48:50de l'être pleinement
48:51nous devons
48:52tout faire
48:53pour que de tels drames
48:54ne puissent plus
48:55se reproduire
48:56ce constat
48:57m'a conduit
48:58à réexaminer
48:59les modalités
49:00concrètes
49:00du contrôle
49:01que nous exerçons
49:02ou que nous aurions dû
49:04exercer
49:04dans ces établissements
49:06c'est pourquoi
49:07j'ai présenté
49:08comme vous l'avez rappelé
49:09madame la présidente
49:10le 17 mars dernier
49:12le plan
49:13brisons le silence
49:13agissant ensemble
49:15pour que de telles
49:16violences
49:16physiques
49:17morales
49:17ou sexuelles
49:19ne puissent plus
49:19se reproduire
49:20ce plan
49:21repose sur
49:22trois piliers
49:23assurer
49:24la remontée
49:25systématique
49:26des faits
49:26de violence
49:27y compris
49:28dans les établissements
49:29privés sous contrat
49:30mieux recueillir
49:32la parole des élèves
49:33dans toutes les écoles
49:34et dans tous les établissements
49:36et renforcer
49:37les contrôles
49:38dans les établissements
49:39privés sous contrat
49:40ces dernières années
49:42les efforts de contrôle
49:43ont essentiellement porté
49:45sur les établissements
49:46hors contrat
49:46de 2018
49:48à 2024
49:49le nombre de contrôles
49:50a été multiplié
49:51par trois
49:52et je souhaite
49:53qu'une dynamique
49:54comparable
49:55s'applique désormais
49:56aux établissements
49:56privés sous contrat
49:57le rapport
49:59de la cour des comptes
50:00en 2023
50:01tout comme celui
50:01que vous avez co-rédigé
50:02monsieur le rapporteur
50:03Vanier
50:03avec le député
50:04Weisberg
50:05soulignait
50:06l'insuffisance
50:07manifeste
50:07des contrôles
50:08dans ces établissements
50:09les chiffres
50:10parlent d'eux-mêmes
50:11avant 2023
50:12ces contrôles
50:13étaient quasiment
50:14inexistants
50:15moins de 10 par an
50:16en 2023
50:182024
50:18une première montée
50:20en charge
50:20timide
50:21a permis d'effectuer
50:22une vingtaine
50:23de contrôles
50:23en juin 2024
50:25ma prédécesseure
50:26Nicole Belloubet
50:27a dû vous en parler
50:28elle a demandé
50:29aux académies
50:30d'intensifier
50:31ces contrôles
50:32et elle a assorti
50:33cette instruction
50:34d'un renforcement
50:34des moyens humains
50:36les 60 postes
50:38d'inspecteurs
50:38qui avaient été
50:39créés à la rentrée
50:402023
50:40déployés
50:41à la rentrée
50:412023
50:42ont été mobilisés
50:43non plus seulement
50:44sur les établissements
50:45hors contrat
50:46mais aussi
50:46pour les établissements
50:48sous contrat
50:48pour le
50:50donc l'intensification
50:52doit désormais
50:53se traduire
50:54dans les faits
50:55sur l'année civile
50:562025
50:571000 contrôles
50:58sont programmés
50:59dont 500
51:00ont été réalisés
51:02ou sont en cours
51:0360 inspecteurs
51:05supplémentaires
51:06viendront renforcer
51:07les équipes
51:07cette année
51:08et à la rentrée
51:10suivante
51:10ce qui portera
51:12le nombre
51:12d'inspecteurs
51:13dédiés
51:13à ces contrôles
51:14à 200
51:15et ces moyens
51:16doivent nous permettre
51:17d'atteindre l'objectif
51:18que j'ai fixé
51:19de contrôler
51:2040%
51:20des établissements
51:22privés
51:22sous contrat
51:23dans les deux
51:23prochaines années
51:24dont la moitié
51:25par des contrôles
51:26sur place
51:26le périmètre
51:28de ces contrôles
51:30doit être élargi
51:32il doit couvrir
51:33explicitement
51:36le climat scolaire
51:37et la prévention
51:38de toute forme
51:39de maltraitance
51:40sur fait
51:41établissement
51:42la ministre
51:42nous avons
51:43des documents
51:44qui nous montrent
51:45que depuis
51:452019
51:46ce projet
51:47d'élargissement
51:48du champ
51:48de l'application
51:49aux établissements
51:49privés
51:50sous contrat
51:50est discuté
51:51notamment avec
51:51le SGEC
51:52le secrétariat général
51:53à l'enseignement catholique
51:54pourquoi est-ce qu'il a fallu
51:55aussi longtemps
51:566 ans donc
51:57pour de cette idée
51:59publier un décret
52:01qui va très prochainement
52:02rendre obligatoire
52:04pour l'ensemble
52:05des établissements
52:05privés
52:06sous contrat
52:06le fait
52:06de mobiliser
52:08cet outil
52:09alors vous aurez
52:12peut-être noté
52:12une certaine réticence
52:14qui a pu apparaître
52:16dans certains réseaux
52:17d'établissements
52:18privés
52:19sous contrat
52:19je pense que
52:20ces réticences
52:21dans le contexte
52:22actuel
52:23sont levées
52:23et pour pérenniser
52:25ces bonnes dispositions
52:28elles seront inscrites
52:28dans un décret
52:29ces obligations
52:30je précise quand même
52:31qu'un chef d'établissement
52:34qui aurait connaissance
52:36de faits de violence
52:38et je pense que c'est important
52:40que tout soit formalisé
52:41et c'est désormais le cas
52:42qui aurait connaissance
52:44de faits de violence
52:44qui lui serait signalé
52:46par un personnel
52:47et qui prendrait la décision
52:50de ne pas le remonter
52:52ou de ne pas faire
52:54un signalement au procureur
52:55engage sa responsabilité pénale
52:57donc je pense que
52:58chacun doit être conscient
53:00que ne pas faire remonter
53:02des informations
53:03engage la responsabilité
53:06disciplinaire
53:06et pénale
53:07d'un chef d'établissement
53:09merci madame la ministre
53:12prise de parole
53:13très importante
53:14pour tous ceux
53:15qui nous écoutent
53:16et notamment
53:16pour des lanceurs d'alerte
53:18des professeurs
53:18qui ont pu par le passé
53:20ou encore aujourd'hui
53:21sentir une omerta
53:23du ministère
53:24alors on peut la définir
53:25la qualifier
53:26mais en tout cas
53:26ne pas libérer
53:28leur propre parole
53:29ne pas avoir le courage
53:30de témoigner
53:31ou avoir essayé une fois
53:32et renoncer
53:33donc je pense que
53:34votre parole
53:35extrêmement claire
53:36sur cette responsabilité
53:37est utile à faire avancer
53:38la cause
53:39madame la ministre
53:40nous avons terminé
53:41l'audition
53:42nous vous remercions
53:43au terme de la commission
53:47d'enquête
53:47les députés ont élaboré
53:4950 recommandations
53:50pour mettre fin
53:51aux violences scolaires
53:53il y a des recommandations
53:55extrêmement importantes
53:56pour les victimes
53:57je pense en particulier
53:58à la création
53:59d'un fonds d'indemnisation
54:01qui permettra
54:02individuellement
54:03de reconnaître
54:03chaque victime
54:05fonds d'indemnisation
54:06par l'état
54:07parce que c'est bien
54:08l'état
54:08qui a été défaillant
54:10dans le contrôle
54:10des établissements scolaires
54:12qu'ils soient privés
54:13ou publics
54:14dans notre pays
54:14pendant des années
54:15face à cette situation
54:17face à cette carence
54:18insupportable
54:19inacceptable
54:20nous appelons
54:21à une révolution
54:22dans des moyens
54:23du contrôle
54:23qu'il faut renforcer
54:24conforter
54:25clarifier
54:26dans des procédures
54:27de signalement
54:28qui doivent être
54:29beaucoup plus robustes
54:30et la création
54:31de signalés
54:32comme cellule nationale
54:33de signalement
54:34et puis des mesures
54:35de prévention
54:36très nombreuses
54:37qui doivent être
54:38mises en place
54:39pour empêcher
54:39que le pire
54:40ne se produise
54:41d'abord il y aura
54:43des contrôles
54:44obligatoires minimum
54:45tous les 5 ans
54:46dans les établissements
54:47privés sous contrat
54:48à l'automne
54:49une proposition de loi
54:51reprendra
54:52ces 50 propositions
54:54quant à la levée
54:55de la prescription
54:55demandée par bon nombre
54:57de victimes
54:58elle fera l'objet
54:58d'une mission
54:59transpartisane
55:01à l'Assemblée nationale
55:02voilà c'est la fin
55:03de ce grand débat
55:04merci de nous avoir suivis
55:05à bientôt
55:06sur la chaîne parlementaire
55:07à bientôt
55:09à bientôt
55:10Générique

Recommandations