- 24/07/2025
Entre risque de guerre nucléaire avec l'Inde, montée en puissance des islamistes et de l'armée, et précarité de la jeunesse, le Pakistan souffre d'une instabilité croissante. Ce documentaire fouillé dresse un état des lieux de la situation, tout en plongeant dans l'histoire du pays pour mieux saisir les enjeux actuels.
Le 22 avril 2025, une attaque terroriste visant des touristes indiens au Cachemire ravivait le conflit qui oppose New Delhi et Islamabad autour de cette région himalayenne âprement disputée depuis 1947 et la partition de l'Empire britannique des Indes. S'il s'est achevé par un cessez-le-feu conclu le 10 mai, ce violent épisode, qui a causé la mort de plusieurs dizaines de personnes de chaque côté de la frontière, a fait resurgir le spectre d'une guerre nucléaire entre les deux voisins, tous deux détenteurs de l’arme ultime. Pour le Pakistan, cette menace s'ajoute aux multiples périls intérieurs qui pèsent sur l'avenir du pays. Dans ce territoire à majorité musulmane, les islamistes ne cessent leur montée en puissance, particulièrement depuis l'ère Zia-ul-Haq, président de 1978 à 1988, qui avait instauré la loi islamique. Parallèlement, celui-ci avait massivement renforcé le pouvoir de l'armée, notamment grâce à Washington, allié d'Islamabad pour combattre l'URSS en Afghanistan. Or, après avoir longtemps entretenu des liens ambigus avec les islamistes, l'État pakistanais et l'armée ont désormais pris leurs distances avec ces derniers, si bien que certaines mosquées fondamentalistes de la capitale exhortent aujourd'hui les fidèles à renverser le gouvernement en place.
Défis multiples
Alors que près de la moitié de la population pakistanaise est âgée de moins de 18 ans, la jeunesse du pays fait face à une forte stagnation économique et à un système scolaire défaillant. Parallèlement, l'islamisme gagne du terrain et l'armée continue d'étendre son influence, affaiblissant de plus en plus les institutions démocratiques – comme en témoignent les élections législatives contestées de 2024. Tourné en partie à la frontière avec l'Inde, actuellement considérée comme l'une des plus dangereuses au monde, ce documentaire sillonne le territoire et dresse un état des lieux édifiant de la crise, rappelant également qu'un nouveau défi promet de fragiliser davantage le Pakistan : le changement climatique.
Le 22 avril 2025, une attaque terroriste visant des touristes indiens au Cachemire ravivait le conflit qui oppose New Delhi et Islamabad autour de cette région himalayenne âprement disputée depuis 1947 et la partition de l'Empire britannique des Indes. S'il s'est achevé par un cessez-le-feu conclu le 10 mai, ce violent épisode, qui a causé la mort de plusieurs dizaines de personnes de chaque côté de la frontière, a fait resurgir le spectre d'une guerre nucléaire entre les deux voisins, tous deux détenteurs de l’arme ultime. Pour le Pakistan, cette menace s'ajoute aux multiples périls intérieurs qui pèsent sur l'avenir du pays. Dans ce territoire à majorité musulmane, les islamistes ne cessent leur montée en puissance, particulièrement depuis l'ère Zia-ul-Haq, président de 1978 à 1988, qui avait instauré la loi islamique. Parallèlement, celui-ci avait massivement renforcé le pouvoir de l'armée, notamment grâce à Washington, allié d'Islamabad pour combattre l'URSS en Afghanistan. Or, après avoir longtemps entretenu des liens ambigus avec les islamistes, l'État pakistanais et l'armée ont désormais pris leurs distances avec ces derniers, si bien que certaines mosquées fondamentalistes de la capitale exhortent aujourd'hui les fidèles à renverser le gouvernement en place.
Défis multiples
Alors que près de la moitié de la population pakistanaise est âgée de moins de 18 ans, la jeunesse du pays fait face à une forte stagnation économique et à un système scolaire défaillant. Parallèlement, l'islamisme gagne du terrain et l'armée continue d'étendre son influence, affaiblissant de plus en plus les institutions démocratiques – comme en témoignent les élections législatives contestées de 2024. Tourné en partie à la frontière avec l'Inde, actuellement considérée comme l'une des plus dangereuses au monde, ce documentaire sillonne le territoire et dresse un état des lieux édifiant de la crise, rappelant également qu'un nouveau défi promet de fragiliser davantage le Pakistan : le changement climatique.
Catégorie
📚
ÉducationTranscription
00:00:00Le Pakistan, un pays de plus de 240 millions d'habitants, dont 95% de musulmans.
00:00:14Une population jeune et pauvre, qui lutte chaque jour pour sa survie.
00:00:22Depuis les années 1950, la situation économique du Pakistan ne fait que se dégrader.
00:00:27Les islamistes rêvent d'y établir un califat.
00:00:36Et aux dirigeants actuels ne pourront pas rester au Pakistan, ils devront s'enfuir.
00:00:41Tout comme les américains ont fui l'Afghanistan.
00:00:47L'armée tire les ficelles jusque dans les instances politiques.
00:00:53Au Pakistan, l'armée est devenue une force politique.
00:00:56Dire le contraire serait mentir.
00:01:00Sans les investissements chinois, le Pakistan ne s'en sortirait pas.
00:01:05C'est la Chine qui construit l'infrastructure du pays et la provisionne en matériel militaire.
00:01:13Au Cachemire, le conflit avec l'Inde est hautement inflammable.
00:01:17Et il fait planer une menace nucléaire entre les deux pays.
00:01:22Deux ennemis jurés.
00:01:29Si quelqu'un menace notre souveraineté, notre indépendance ou notre liberté,
00:01:34nous recourrons à l'atome.
00:01:36Et personne ne nous arrêtera.
00:01:37Mais l'armée est-elle en capacité de résoudre les multiples crises au Pakistan ?
00:01:44Ouagah est l'unique poste frontière entre l'Inde et le Pakistan.
00:01:46Ouagah est l'unique poste frontière entre l'Inde et le Pakistan.
00:01:59Ouagah est l'unique poste frontière entre l'Inde et le Pakistan.
00:02:13Chaque jour, depuis des décennies,
00:02:15les deux nations y célèbrent un rituel commun
00:02:17qui attire une foule de spectateurs.
00:02:26Ce cérémonial, réglé comme une chorégraphie,
00:02:29met en scène des soldats d'élite indiens et pakistanais.
00:02:47Pendant quelques minutes, la frontière s'ouvre entre les deux ennemis,
00:02:51puis se referme aussitôt.
00:02:53Vis-à-vis de l'Inde, nous avons toujours eu des relations difficiles.
00:03:09Le problème principal concerne la région contestée du Cachemire.
00:03:13Les différends et les conflits constants liés à ce territoire
00:03:22revendiqués par les deux pays
00:03:23n'ont cessé d'affecter leurs relations.
00:03:26De nos jours, la question du Cachemire au nord du pays
00:03:36n'est toujours pas résolue.
00:03:39Mouzafar Abad est la capitale d'Azad-Cachemire,
00:03:42territoire contrôlé par le Pakistan.
00:03:50Cette ville importante sur le plan stratégique
00:03:52est le point d'entrée vers les montagnes.
00:03:54Après le retrait des colonisateurs britanniques en 1947,
00:03:59Mouzafar Abad a été le théâtre des premiers affrontements.
00:04:09Au cours de ces 80 dernières années,
00:04:12les guerres qui s'y sont déroulées
00:04:13ont fait des milliers de victimes civiles et militaires.
00:04:17À Mouzafar Abad,
00:04:19un monument rend hommage aux morts pakistanais.
00:04:24Au Cachemire,
00:04:31le Pakistan et l'Inde
00:04:32contrôlent chacun une partie du territoire.
00:04:36Le Pakistan côté nord-ouest
00:04:37et l'Inde côté sud-est.
00:04:40Une autre partie est occupée par la Chine.
00:04:43Le Cachemire est coupé en deux
00:04:44par une ligne de cessez-le-feu,
00:04:46couramment dénommée
00:04:47la ligne de contrôle.
00:04:49Le problème est que cette région musulmane
00:04:54borde le Pakistan,
00:04:56mais appartient à l'Inde.
00:05:00Cela contredit la vision du Pakistan
00:05:01qui se revendique comme le pays
00:05:03de tous les musulmans d'Asie du Sud.
00:05:05Le départ des colonisateurs britanniques
00:05:12entraîne la création de l'Inde
00:05:13et du Pakistan.
00:05:15Il est décidé que les régions
00:05:17à majorité hindouiste
00:05:18reviendront à l'Inde,
00:05:19tandis que celle dominante musulmane
00:05:21au Pakistan.
00:05:23Le souverain du Cachemire,
00:05:25qui est encore un État indépendant,
00:05:27se rallie finalement à l'Inde
00:05:28et déclenche un conflit
00:05:30qui n'est toujours pas résolu.
00:05:32La ligne de cessez-le-feu
00:05:39entre les deux pays,
00:05:40la fameuse ligne de contrôle,
00:05:43est l'une des zones
00:05:43les plus dangereuses du monde
00:05:45où les échanges de tirs
00:05:46sont continus.
00:05:52Le pont qui marque la frontière
00:05:54est fermé depuis des années.
00:05:56Côté indien,
00:06:01nous avons déployé
00:06:02environ sept bataillons.
00:06:05Nous sommes persuadés
00:06:06que les Pakistanais
00:06:07commettent des atrocités
00:06:08et qu'ils occupent
00:06:09cette vallée de façon illégale.
00:06:17Le Cachemire est plus
00:06:19qu'une province montagneuse.
00:06:21Il incarne aussi
00:06:22une part de l'identité du Pakistan.
00:06:24Celui-ci refuse donc
00:06:26de s'incliner devant l'Inde,
00:06:28son ennemi juré,
00:06:29et n'envisage pas
00:06:30la moindre concession.
00:06:31Le moral de nos troupes
00:06:44est excellent.
00:06:46Nous sommes prêts
00:06:47à sacrifier notre vie
00:06:48et à verser notre sang
00:06:49jusqu'à la dernière goutte.
00:06:53Nous défendrons
00:06:53notre mère patrie
00:06:54jusqu'au bout,
00:06:55quoi qu'il advienne.
00:06:56Après le départ des Britanniques
00:07:04en 1947,
00:07:06la création
00:07:07de ces deux nouveaux États
00:07:08sera particulièrement sanglante.
00:07:10C'est dans ce contexte
00:07:18que voient le jour
00:07:19l'Inde,
00:07:20à majorité hindouiste,
00:07:21et le Pakistan musulman,
00:07:23composé de deux entités distinctes,
00:07:26le Pakistan oriental
00:07:27et le Pakistan occidental.
00:07:30Près de 15 millions
00:07:31de personnes sont déplacées.
00:07:36Les musulmans
00:07:37quittent le territoire indien,
00:07:38tandis que les hindous
00:07:39désertent les deux pakistans.
00:07:42Des centaines de milliers
00:07:43de personnes meurent
00:07:44au cours de ces transferts
00:07:45de population.
00:07:48Mais ce double État
00:07:49ne fonctionne pas.
00:07:51La province occidentale
00:07:52exerce sa domination
00:07:53sur la population
00:07:54du Pakistan oriental,
00:07:56qui, bien que musulmane,
00:07:57est très différente
00:07:58sur le plan linguistique
00:07:59et culturel.
00:08:01Cela entraîne
00:08:02une nouvelle vague
00:08:03de réfugiés.
00:08:05Cette fois,
00:08:06les habitants
00:08:06de la province de l'Est
00:08:07quittent le pays
00:08:08pour rejoindre l'Inde.
00:08:14En 1971,
00:08:16grâce au soutien
00:08:16de l'Inde,
00:08:17le Pakistan oriental
00:08:19accède à l'indépendance
00:08:20et devient le Bangladesh.
00:08:28L'armée indienne
00:08:29en profite
00:08:29pour attaquer
00:08:30le Pakistan oriental.
00:08:32C'est l'occasion idéale
00:08:33pour affaiblir
00:08:34par l'ennemi juré.
00:08:42L'Inde n'aura besoin
00:08:43que de quelques semaines
00:08:44pour remporter la guerre
00:08:46et renforcer son statut
00:08:47dans la région.
00:08:48Ça a été un grand choc
00:08:53pour le Pakistan
00:08:54de perdre la moitié
00:08:55de son territoire.
00:08:58Il s'est rendu compte
00:08:59que la communauté internationale
00:09:01et les États-Unis
00:09:02n'avaient pas empêché
00:09:03ce démembrement.
00:09:06C'est ce qui l'a motivé
00:09:08à se lancer
00:09:08dans un programme nucléaire
00:09:09militaire,
00:09:10considérant que c'était
00:09:11le seul moyen
00:09:12de se protéger.
00:09:20Pendant des décennies,
00:09:22le Pakistan développe
00:09:23un arsenal nucléaire
00:09:24de façon clandestine.
00:09:26Il faudra attendre 1998
00:09:28pour que le gouvernement
00:09:29présente son programme nucléaire
00:09:31au reste du monde.
00:09:33Une gigantesque partie
00:09:34de cache-cache
00:09:35prend fin.
00:09:35Bien sûr,
00:09:44on avait déjà observé
00:09:45des signes
00:09:46qui indiquaient
00:09:46que l'Iran
00:09:47achetait à l'étranger
00:09:48du matériel
00:09:49et de la technologie.
00:09:52C'était surtout
00:09:53les services secrets
00:09:54britanniques et américains
00:09:55qui s'en étaient rendus compte.
00:09:57Mais ils ne savaient pas
00:09:58comment réagir
00:09:59parce qu'ils ne se doutaient
00:10:00pas que le Pakistan
00:10:01était en capacité
00:10:03de se doter
00:10:03de l'arme nucléaire.
00:10:05Le Pakistan a leurré
00:10:10le reste de la planète.
00:10:13L'essai nucléaire
00:10:14réalisé dans un désert
00:10:15à l'ouest du pays
00:10:16prouve qu'il peut désormais
00:10:17rivaliser avec l'Inde
00:10:19et faire dégénérer
00:10:20le conflit conventionnel
00:10:21qui les oppose
00:10:22en guerre nucléaire.
00:10:24Car l'Inde aussi
00:10:25dispose de l'arme atomique.
00:10:28Lors du test,
00:10:29la bombe est mise à feu
00:10:30dans une galerie désaffectée.
00:10:31La communauté internationale
00:10:43est sous le choc.
00:10:45Comment contrôler
00:10:46cet arsenal nucléaire ?
00:10:47Si le Pakistan faisait face
00:10:52à un soulèvement
00:10:53ou à des troubles
00:10:53de politique intérieure,
00:10:55la communauté internationale
00:10:57devrait naturellement
00:10:58se demander
00:10:59à quel point
00:10:59le programme nucléaire
00:11:00pakistanais est sûr.
00:11:02Il y a toujours la crainte
00:11:06de voir cet arsenal
00:11:07tomber entre les mains
00:11:09de groupes terroristes.
00:11:14Une inquiétude
00:11:15parfaitement justifiée.
00:11:17Au Pakistan,
00:11:18des groupes terroristes
00:11:19islamistes
00:11:20commettent régulièrement
00:11:21des attentats.
00:11:23En 2007,
00:11:24dans la vallée de Swat,
00:11:25lors d'une insurrection islamiste,
00:11:27le gouvernement pakistanais
00:11:29perd le contrôle de la région
00:11:30pendant plus d'une année
00:11:31avant que l'armée
00:11:32vienne à bout des rebelles.
00:11:36La surveillance
00:11:37correspond-t-elle
00:11:37aux normes internationales ?
00:11:40Prenons l'exemple
00:11:46du complexe nucléaire
00:11:47de Kouchab
00:11:48dans le centre du pays
00:11:50qui produit du plutonium
00:11:52et du tritium
00:11:53pour les ogives atomiques.
00:11:56Les inspecteurs
00:11:56de l'Agence internationale
00:11:57de l'énergie atomique
00:11:58n'ont pas le droit
00:11:59de visiter les installations
00:12:00car le Pakistan
00:12:01n'a pas signé
00:12:02le traité
00:12:03sur la non-prolifération
00:12:04des armes nucléaires,
00:12:06pas plus que l'Inde d'ailleurs.
00:12:09Les contrôles relèvent
00:12:09donc exclusivement
00:12:11du Pakistan
00:12:11et ils se sont déjà
00:12:13montrés défaillants.
00:12:14Le physicien Abdoul Khadir Khan,
00:12:26père de la bombe atomique
00:12:27pakistanaise,
00:12:28a vendu des plans
00:12:29à plusieurs autres États
00:12:30et contribué
00:12:31à la prolifération
00:12:32de la technologie nucléaire
00:12:34vraisemblablement
00:12:35pour des motifs
00:12:36d'enrichissement personnel.
00:12:37Abdoul Khadir Khan
00:12:48est connu
00:12:48pour avoir importé
00:12:49du matériel occidental
00:12:50destiné à fabriquer
00:12:52des armes nucléaires
00:12:53au Pakistan.
00:12:57Mais il s'est rendu
00:12:58encore plus tristement célèbre
00:13:00en revendant
00:13:01cette technologie
00:13:01à d'autres États
00:13:02comme la Libye,
00:13:04la Corée du Nord,
00:13:06l'Iran
00:13:06et sans doute encore
00:13:08un autre pays
00:13:08avant de se faire arrêter
00:13:10en 2003.
00:13:15D'après certaines sources,
00:13:17ce quatrième pays
00:13:18pourrait bien être l'Inde.
00:13:26Il n'a pas encore été établi
00:13:28formellement
00:13:28que l'Inde avait bénéficié
00:13:30des services
00:13:30d'Abdoul Khadir Khan.
00:13:32Une chose est sûre,
00:13:34il n'a pas rechigné
00:13:35à vendre
00:13:35la technologie atomique
00:13:37et il a aidé
00:13:38la Corée du Nord
00:13:39à se doter
00:13:39de la bombe.
00:13:42Il n'a jamais été
00:13:44poursuivi officiellement
00:13:46parce que si un procès
00:13:48avait eu lieu,
00:13:50on aurait pu savoir
00:13:50qui avait soutenu
00:13:52Abdoul Khadir Khan
00:13:53dans cette vente
00:13:54de technologies.
00:13:57Et le rôle
00:13:57de l'armée pakistanaise
00:13:58serait alors
00:13:59devenu évident
00:14:00parce qu'il est
00:14:02très peu vraisemblable
00:14:03que cette prolifération
00:14:04de la technique nucléaire
00:14:05ait pu se faire
00:14:07sans l'accord
00:14:07de l'armée.
00:14:13Mais peut-on faire
00:14:14confiance à cette armée ?
00:14:16Régulièrement,
00:14:17on craint
00:14:18que des islamistes
00:14:18soient infiltrés
00:14:19au sein des forces
00:14:20militaires pakistanaises.
00:14:23Pourtant,
00:14:24selon des experts
00:14:24et représentants gouvernementaux,
00:14:26le contrôle des armes nucléaires
00:14:28est sûr.
00:14:31L'armée est certainement
00:14:35le milieu
00:14:35le plus laïque
00:14:36de la société.
00:14:40Les militaires
00:14:40qui sont chargés
00:14:41de surveiller
00:14:41les armes nucléaires
00:14:43qui sont responsables
00:14:44de leur mise en œuvre
00:14:45ou de leur emploi éventuel
00:14:46constituent la frange
00:14:48la plus laïque
00:14:49de la société pakistanaise.
00:14:50Le Pakistan dispose
00:14:55d'un système
00:14:56de contrôle
00:14:56très strict
00:14:57pour protéger
00:14:58son programme nucléaire.
00:15:00Il comporte
00:15:02plusieurs niveaux
00:15:02de sécurité.
00:15:06Nous avons montré
00:15:07que nous étions
00:15:08parfaitement capables
00:15:09de protéger
00:15:09notre arsenal
00:15:10et nous continuerons
00:15:11à le faire.
00:15:13Ils disposent
00:15:17d'une unité spéciale
00:15:18d'environ 10 000 hommes
00:15:19qui s'assurent
00:15:20que les armes nucléaires
00:15:21ne tombent pas
00:15:22entre les mains
00:15:22de groupes terroristes.
00:15:28Ce sont les unités
00:15:29d'élite
00:15:29les plus fiables
00:15:30du pays.
00:15:38Comment l'armée nationale
00:15:39se comporterait-elle
00:15:40en cas de crise ?
00:15:42On estime
00:15:43que le pays
00:15:43est doté
00:15:44de quelques 175
00:15:45missiles nucléaires
00:15:46et l'Inde
00:15:48en posséderait
00:15:48à peu près autant.
00:15:50au Cachemire,
00:15:55le conflit
00:15:56menace en permanence
00:15:57de reprendre
00:15:58comme au printemps
00:15:592025.
00:16:07À Pahalgam,
00:16:09dans la partie indienne
00:16:10du Cachemire,
00:16:11des terroristes,
00:16:12probablement islamistes,
00:16:14ont perpétré
00:16:14un massacre.
00:16:21Cette vidéo
00:16:22a été tournée
00:16:23juste après
00:16:23cette attaque
00:16:24qui a tué
00:16:2526 touristes indiens
00:16:26et un habitant local.
00:16:27L'attentat a été
00:16:42revendiqué
00:16:42par des islamistes.
00:16:44Ils refusent
00:16:45que l'Inde
00:16:46contrôle cette région
00:16:47du Cachemire
00:16:47et prenne régulièrement
00:16:49pour cible
00:16:49les touristes
00:16:50et les forces
00:16:51de sécurité.
00:16:51D'après les autorités
00:16:53indiennes,
00:16:54cet attentat
00:16:55a été commis
00:16:56en pleine saison
00:16:56touristique
00:16:57pour semer
00:16:58la peur
00:16:58et le chaos.
00:17:05Quelques jours plus tard,
00:17:07l'armée indienne
00:17:07tire plusieurs missiles
00:17:09en direction
00:17:09du Pakistan.
00:17:12Les autorités indiennes
00:17:13prétendent détenir
00:17:14des preuves
00:17:14que les services secrets
00:17:15pakistanais
00:17:16soutiennent
00:17:17les terroristes.
00:17:23Dans cette vidéo
00:17:24publiée sur les réseaux
00:17:25sociaux,
00:17:27l'armée indienne
00:17:27montre les dégâts
00:17:28qu'un bombardement
00:17:29aurait causé
00:17:30dans un camp
00:17:30d'entraînement
00:17:31au Pakistan.
00:17:37Mais les attaques
00:17:38indiennes
00:17:39touchent surtout
00:17:39des civils,
00:17:41comme ici,
00:17:42à Moussa Farabad.
00:17:44On ignore
00:17:45combien de personnes
00:17:45ont été tuées
00:17:46dans cette opération.
00:17:52L'armée pakistanaise
00:17:54répond en mobilisant
00:17:55plusieurs dizaines
00:17:56de milliers
00:17:56de réservistes.
00:17:58La situation dégénère.
00:18:07Le Pakistan riposte
00:18:15en tirant
00:18:15des missiles
00:18:16de l'autre côté
00:18:16de la frontière.
00:18:18Côté indien aussi,
00:18:20on déplore
00:18:20surtout
00:18:20des victimes
00:18:21civiles.
00:18:26L'armée pakistanaise
00:18:28redoute
00:18:28que si elle
00:18:28se montre
00:18:29disposée
00:18:29à négocier,
00:18:30l'ennemi indien
00:18:31y voit
00:18:32un signe
00:18:32de faiblesse.
00:18:33Le général
00:18:36de la frontière
00:18:37de l'armée pakistanaise
00:18:38Le général de brigade
00:18:39agit en tant
00:18:40que porte-parole
00:18:41officieux
00:18:41de l'armée pakistanaise.
00:18:43Pour lui,
00:18:44l'emploi
00:18:45d'armes atomiques
00:18:46n'est pas exclu.
00:18:51Le Pakistan
00:18:52est une puissance
00:18:52nucléaire.
00:18:54Nous disposons
00:18:55d'une importante
00:18:56force de dissuasion
00:18:57et d'un arsenal
00:18:58supérieur à celui
00:18:59de certains autres pays.
00:19:00Si quelqu'un
00:19:02menace
00:19:03notre souveraineté,
00:19:04notre indépendance
00:19:05ou notre liberté,
00:19:07nous serons
00:19:07contraints
00:19:08de recourir
00:19:08à l'atome
00:19:09et personne
00:19:09ne nous en empêchera.
00:19:16Au bout
00:19:16de trois semaines,
00:19:18les armes
00:19:18se taisent
00:19:19grâce à la
00:19:20pression internationale.
00:19:23Le premier
00:19:23ministre pakistanais,
00:19:25Shabazz Sharif,
00:19:26rend visite
00:19:27à des blessés
00:19:27dans un hôpital
00:19:28militaire.
00:19:30Cette fois encore,
00:19:31le conflit
00:19:32avec l'Inde
00:19:32montre la place
00:19:33prédominante
00:19:34qu'occupe
00:19:34l'armée
00:19:35dans le pays.
00:19:39Aux côtés
00:19:40de Sharif,
00:19:41Azim Mounir,
00:19:42le chef
00:19:42de l'état-major.
00:19:44L'homme
00:19:45fort,
00:19:45c'est lui
00:19:46et non
00:19:46le premier
00:19:46ministre.
00:19:48Azim Mounir
00:19:49aurait soutenu
00:19:50Sharif
00:19:50pour qu'il
00:19:51accède
00:19:51à ce poste.
00:19:53Le Pakistan
00:19:53est pourtant
00:19:54censé
00:19:54être une démocratie
00:19:55parlementaire.
00:19:56Au Pakistan,
00:20:03personne ne peut
00:20:04accéder au pouvoir
00:20:05sans l'aide
00:20:06de l'armée.
00:20:11Tous les grands
00:20:11dirigeants du pays
00:20:12ont bénéficié
00:20:14de son soutien.
00:20:16Au Pakistan,
00:20:17l'armée est devenue
00:20:18une force politique.
00:20:19Dire le contraire
00:20:20serait mentir.
00:20:22Elle fait partie
00:20:23intégrante
00:20:23du système politique.
00:20:28À travers
00:20:29les guerres
00:20:29contre l'Inde
00:20:30et de nombreux
00:20:30autres conflits,
00:20:32l'armée
00:20:32s'est forgée
00:20:33la réputation
00:20:34de garantir
00:20:34l'existence
00:20:35du Pakistan
00:20:35sur le plan
00:20:36militaire
00:20:37mais aussi politique.
00:20:39Beaucoup
00:20:39de Pakistanais
00:20:40en sont convaincus.
00:20:42L'armée
00:20:43jouit d'une grande
00:20:44confiance
00:20:44au sein
00:20:45de la population
00:20:45et elle s'appuie
00:20:47sur cette position
00:20:48dominante
00:20:49pour étendre
00:20:49son pouvoir.
00:20:53L'appareil sécuritaire
00:21:05modèle l'économie
00:21:06du pays
00:21:06pour répondre
00:21:07à ses besoins.
00:21:09Il détient
00:21:10des banques,
00:21:14la plus grande
00:21:15société de transport
00:21:16d'Asie,
00:21:18NLC,
00:21:20et des holdings
00:21:21comme l'Army
00:21:22Welfare Trust.
00:21:23Tout cela
00:21:25pour conforter
00:21:26soi-disant
00:21:26la puissance
00:21:27nucléaire
00:21:28du pays.
00:21:30L'armée
00:21:31est devenue
00:21:33un acteur économique
00:21:34à partir
00:21:34de 1998
00:21:35quand le pays
00:21:37s'est doté
00:21:37de l'atome.
00:21:40Il était très difficile
00:21:41d'entretenir
00:21:42un programme nucléaire
00:21:43avec le budget
00:21:43limité de l'armée
00:21:44et nous avons dû
00:21:46trouver de nouvelles
00:21:47sources financières.
00:21:50Alors nous avons
00:21:51fondé la fondation
00:21:51Fodji,
00:21:52des banques
00:21:53et beaucoup
00:21:54d'autres entreprises
00:21:55dans différents secteurs.
00:22:03Depuis les chantiers
00:22:04de construction navale
00:22:05jusqu'aux biens
00:22:06de consommation,
00:22:08chaque branche
00:22:08de l'armée
00:22:09possède ses usines,
00:22:11ses marques
00:22:11et ses réseaux
00:22:12de distribution.
00:22:13Avec un budget
00:22:20de la défense
00:22:20de seulement 12%,
00:22:22comment voulez-vous
00:22:23entretenir
00:22:23trois corps d'armée ?
00:22:25L'aviation,
00:22:26la marine
00:22:27et les forces terrestres ?
00:22:29Elles doivent être
00:22:30gérées de l'intérieur.
00:22:32Le budget qui est alloué
00:22:34suffit tout juste
00:22:34à payer les retraites,
00:22:35les salaires
00:22:36et les primes
00:22:37pour tous les grades.
00:22:40Le reste est financé
00:22:40par ces entreprises.
00:22:46L'armée
00:22:47exercerait
00:22:47un véritable pouvoir
00:22:48de marché
00:22:49pour imposer
00:22:50ses propres règles
00:22:51comme dans
00:22:52ses usines
00:22:52de ciment et d'engrais.
00:23:01Prenez l'exemple
00:23:02des filiales Fodji
00:23:03dans le domaine
00:23:04du ciment
00:23:04et des engrais.
00:23:07Leurs usines
00:23:08bénéficient
00:23:08de quotas
00:23:09de gaz naturel
00:23:10à moindre coût,
00:23:12ce qui les rend
00:23:13plus concurrentiels
00:23:14que le secteur privé.
00:23:16L'armée
00:23:18est le plus grand
00:23:19entrepreneur du pays.
00:23:21Il est donc
00:23:21extrêmement difficile
00:23:22pour l'économie privée
00:23:23de rivaliser
00:23:24dans des domaines
00:23:25où l'armée
00:23:26a une position
00:23:26dominante.
00:23:28Cela pose un problème
00:23:29pour le développement
00:23:30économique du pays.
00:23:35Le porte-parole
00:23:36de l'armée
00:23:36réfute en bloc
00:23:37ces accusations
00:23:38et affirme
00:23:39que la concurrence
00:23:40s'exerce
00:23:41de façon
00:23:41parfaitement loyale.
00:23:45Si les structures
00:23:46militaires,
00:23:46les entreprises
00:23:47qui sont gérées
00:23:48par les fondations
00:23:49Fodji
00:23:49ou Beria
00:23:50ou Fizaya
00:23:51fonctionnent bien,
00:23:52il est normal
00:23:53qu'elles dominent
00:23:54le marché.
00:23:55Si elles n'étaient
00:23:57pas performantes,
00:23:58elles ne le contrôleraient
00:23:59pas.
00:24:00C'est le monde
00:24:01des affaires.
00:24:02Les acteurs économiques
00:24:03le comprennent.
00:24:08Ce traitement
00:24:09de faveur
00:24:09s'applique
00:24:10dans de nombreux
00:24:11domaines.
00:24:12Les soldats
00:24:12et leurs proches
00:24:13bénéficient
00:24:14d'un accès
00:24:14gratuit
00:24:15aux hôpitaux
00:24:15militaires
00:24:16qui comptent
00:24:17parmi les meilleurs
00:24:17du pays.
00:24:19Les civils,
00:24:19eux,
00:24:20doivent payer
00:24:20les soins.
00:24:25La générale
00:24:26de brigade
00:24:26Ellen Roberts
00:24:27dirige le service
00:24:29d'hématologie
00:24:29de l'hôpital
00:24:30militaire
00:24:30de Lahore.
00:24:32Elle est considérée
00:24:33comme l'une des
00:24:34meilleures spécialistes
00:24:35du pays.
00:24:36La plupart
00:24:37de ses patients
00:24:37sont des membres
00:24:38de l'armée
00:24:38qui profitent
00:24:39de soins médicaux
00:24:40de qualité.
00:24:49Cet hôpital
00:24:50est destiné
00:24:50aux personnels
00:24:51militaires
00:24:51et à leurs familles.
00:24:53Mais les civils
00:24:54peuvent aussi
00:24:54s'y faire ausculter,
00:24:56diagnostiquer
00:24:56et soigner.
00:24:59C'est l'un des plus
00:25:01gros établissements
00:25:02médicaux,
00:25:03dotés de tous
00:25:04les services
00:25:04et spécialités
00:25:05en médecine
00:25:06et en chirurgie.
00:25:07dans cet institut.
00:25:14Au Pakistan,
00:25:16une carrière militaire
00:25:17ne garantit pas seulement
00:25:18la sécurité
00:25:19de l'emploi.
00:25:21Elle permet aussi
00:25:21de vivre
00:25:22dans des quartiers
00:25:22privilégiés,
00:25:24réservés aux membres
00:25:25de l'armée
00:25:25et aux civils
00:25:26les plus fortunés.
00:25:34Même après avoir
00:25:35quitté les rangs,
00:25:36ils peuvent
00:25:37mener une vie
00:25:37confortable
00:25:38grâce à leurs
00:25:39pensions de retraite
00:25:40et à leurs
00:25:40relations personnelles.
00:25:42L'armée est ainsi
00:25:43un État dans l'État
00:25:44qui se soustrait
00:25:46à tout contrôle.
00:25:48Ceux qui en font partie
00:25:49forment une classe
00:25:50protégée,
00:25:51coupée de la réalité
00:25:52dans laquelle
00:25:52vivent la majorité
00:25:53des Pakistanais.
00:25:54leurs pouvoirs économiques
00:26:07Leurs pouvoir économiques
00:26:08renforcent
00:26:09leurs pouvoirs politiques
00:26:10et vice-versa.
00:26:14Le pouvoir économique
00:26:16vient du pouvoir politique
00:26:17et quand vous êtes puissant
00:26:20économiquement,
00:26:21vous aspirez
00:26:22à plus d'influence
00:26:23politique.
00:26:28L'armée du Pakistan
00:26:29a le pays bien en main
00:26:30à tous les niveaux.
00:26:33Aucune décision importante
00:26:34ne peut être prise
00:26:35sans l'assentiment
00:26:36d'Azim Mounir,
00:26:37le chef de l'État-major.
00:26:39Mais le contrôle
00:26:42de l'armée
00:26:42ne s'étend pas partout.
00:26:44Des islamistes
00:26:45menacent l'ordre du pays.
00:26:47A Islamabad,
00:26:48la capitale,
00:26:50la mosquée
00:26:50Lal Masjid
00:26:51est l'un de leurs bastions.
00:26:52L'armée de l'armée
00:27:22dans ses sermons,
00:27:28l'imam Abdulaziz Razi
00:27:29s'en prend violemment
00:27:31à l'armée.
00:27:32C'est un islamiste radical,
00:27:34tout comme son père
00:27:35qui a fondé cette mosquée.
00:27:37Il rejette
00:27:38l'État laïque du Pakistan.
00:27:44Que toute la communauté
00:27:45soit résolue
00:27:46dès aujourd'hui
00:27:47à se lever
00:27:47pour mettre en application
00:27:49la religion d'Allah,
00:27:50c'est elle qui instaurera
00:27:51le règne de Dieu
00:27:52sur sa terre.
00:27:53Il n'existe qu'un moyen
00:27:54de sauver le Pakistan.
00:27:56Faites aujourd'hui
00:27:57le serment
00:27:57d'établir le règne d'Allah
00:27:59sur la terre d'Allah.
00:28:06Les mouvements islamistes
00:28:07comme celui
00:28:08d'Abdoulaziz Razi
00:28:09sont apparus
00:28:10il y a plusieurs décennies
00:28:11pour combattre
00:28:12les mécréants
00:28:12en Afghanistan,
00:28:14le pays voisin.
00:28:14en 1979,
00:28:23les troupes soviétiques
00:28:24envahissent l'Afghanistan.
00:28:27Elles occupent d'abord
00:28:28le centre du pays
00:28:29et Kaboul,
00:28:30la capitale,
00:28:31puis le pays tout entier.
00:28:34Au grand dam
00:28:34des musulmans
00:28:35mais aussi des États-Unis
00:28:36et du gouvernement pakistanais.
00:28:39L'Union soviétique
00:28:40s'en tiendra-t-elle
00:28:41à l'Afghanistan ?
00:28:46Ali Sarwar Nakvi
00:28:48était alors
00:28:49haut fonctionnaire.
00:28:52Je m'en souviens très bien.
00:28:55Je venais d'être nommé
00:28:56en charge
00:28:56de l'Afghanistan.
00:28:59Nous redoutions
00:29:00que l'Union soviétique
00:29:01envahisse aussi
00:29:02le Pakistan
00:29:02pour avoir accès
00:29:04aux eaux tempérées
00:29:04de notre côte,
00:29:06ce qui aurait représenté
00:29:07une menace existentielle
00:29:08pour notre pays.
00:29:15À cette époque,
00:29:16l'homme fort du Pakistan
00:29:18est le dictateur
00:29:19Zia Ul Haq.
00:29:21Deux ans plus tôt,
00:29:22ce général
00:29:22s'était emparé
00:29:23du pouvoir
00:29:24par un coup d'État
00:29:25et avait froidement
00:29:26démantelé
00:29:27l'État démocratique
00:29:28et laïque du pays.
00:29:32Zia Ul Haq
00:29:33n'accepte pas
00:29:34l'invasion de l'Afghanistan
00:29:35et soutient
00:29:36le combat
00:29:37des Moudjahidines.
00:29:38Ces résistants
00:29:40sont déterminés
00:29:41à lutter
00:29:41coûte que coûte
00:29:42contre les occupants
00:29:43de jeunes soldats
00:29:44soviétiques
00:29:45qui ne savent pas
00:29:45ce qu'ils font là.
00:29:47Les Moudjahidines
00:29:48sont motivés
00:29:49par des raisons religieuses.
00:29:56En Afghanistan,
00:29:59la résistance
00:30:01était largement soutenue
00:30:02par les Médersa,
00:30:03les écoles coraniques.
00:30:04Celles-ci
00:30:07dataient de l'époque
00:30:08de Zia Ul Haq.
00:30:09Il avait fait construire
00:30:10des milliers
00:30:11de ces écoles privées
00:30:12d'où sortaient
00:30:13des combattants
00:30:14souvent très radicalisés.
00:30:21Zia Ul Haq
00:30:23mène une politique
00:30:24d'islamisation
00:30:25du pays
00:30:25et fait de la religion
00:30:27le fondement
00:30:27de l'État.
00:30:28Aujourd'hui encore,
00:30:30sa conception
00:30:30de l'islam politique
00:30:32sert de référence
00:30:32à de nombreux Pakistanais.
00:30:35En 1979,
00:30:37après plus de 70 ans
00:30:38d'interruption,
00:30:40il réintroduit
00:30:40la charia,
00:30:41la loi islamique
00:30:42et ses peines draconiennes.
00:30:47La mosquée
00:30:48Lal Masjid
00:30:48fait office
00:30:49de centre de recrutement
00:30:50pendant la guerre
00:30:51en Afghanistan.
00:30:54Les mosquées
00:30:54ont fourni
00:30:55à Zia Ul Haq
00:30:56des volontaires
00:30:57pour aller se battre
00:30:58contre l'occupant.
00:30:59Les moudjahidines
00:31:03se battaient
00:31:03pour plaire à Allah.
00:31:05J'ai moi-même
00:31:05participé au djihad
00:31:06grâce à Dieu.
00:31:07Il y avait
00:31:08une ancienne organisation,
00:31:09Arkadul Djihad.
00:31:11Je l'ai rejointe
00:31:11et je me suis rendu
00:31:13dans de nombreux centres
00:31:14d'entraînement
00:31:14situés dans des lieux
00:31:15retranchés
00:31:16à Djaji
00:31:17en Afghanistan.
00:31:21La bataille
00:31:22de Djaji
00:31:23en Afghanistan
00:31:24est considérée
00:31:25comme l'acte
00:31:25de naissance
00:31:26de l'organisation
00:31:27terroriste Al-Qaïda.
00:31:28Son leader
00:31:30Oussama Ben Laden
00:31:32originaire
00:31:33d'Arabie Saoudite.
00:31:35Il recrute
00:31:35aussi des volontaires
00:31:36dans les pays arabes.
00:31:39Les armes
00:31:39des moudjahidines
00:31:40proviennent essentiellement
00:31:41des Etats-Unis.
00:31:43Le président américain
00:31:44Jimmy Carter
00:31:45soutient le combat
00:31:46en Afghanistan
00:31:47à coups
00:31:47de milliards
00:31:48de dollars.
00:31:49Mais Zia Ul Haq
00:31:50utilise une partie
00:31:52de ses fonds
00:31:53à des fins personnelles.
00:31:57Zia Ul Haq
00:31:58a servi
00:31:58d'intermédiaire
00:31:59en Afghanistan
00:32:00entre les Etats-Unis
00:32:01et les groupes
00:32:02de résistants.
00:32:07Mais il a détourné
00:32:08au passage
00:32:08des milliards
00:32:09de dollars
00:32:09pour renforcer
00:32:10l'armée pakistanaise.
00:32:18Les armes américaines
00:32:20joueront un rôle décisif
00:32:21dans la victoire
00:32:22des moudjahidines.
00:32:24Les soviétiques
00:32:25finissent par perdre
00:32:25le contrôle du pays.
00:32:27Leur retrait
00:32:28en 1989
00:32:29marque leur défaite
00:32:31définitive
00:32:31dans la guerre froide
00:32:32et la fin
00:32:33de l'Union soviétique.
00:32:35Les moudjahidines
00:32:36se retrouvent alors
00:32:36à la tête
00:32:37de l'Afghanistan.
00:32:39Mais le Pakistan
00:32:39leur retire son soutien
00:32:40et coopèrent
00:32:41avec un nouveau mouvement
00:32:43beaucoup plus radicalisé,
00:32:44les talibans.
00:32:50Les talibans
00:32:51ont rétabli l'ordre
00:32:54dans le pays.
00:32:55Ils ont mis en place
00:32:58une administration
00:32:59forte.
00:33:02Ils ont assuré
00:33:03la gouvernance.
00:33:06Tout cela a été bénéfique
00:33:08pour l'Afghanistan.
00:33:17Le 11 septembre 2001
00:33:19montrera que le gouvernement
00:33:20pakistanais
00:33:21avait mal évalué
00:33:22ses alliés afghans.
00:33:23L'attentat d'Al-Qaïda
00:33:25secoue New York,
00:33:26les Etats-Unis
00:33:27et le monde entier.
00:33:30Cette opération
00:33:30est orchestrée
00:33:31par Oussama Ben Laden
00:33:32depuis son quartier général
00:33:33établi en Afghanistan.
00:33:36Par la suite,
00:33:37il se cache
00:33:37dans la zone frontalière
00:33:39avec le Pakistan.
00:33:40Les talibans
00:33:41refusent de le livrer.
00:33:53Les Etats-Unis
00:33:59et leurs alliés
00:34:00se lancent alors
00:34:00dans une guerre
00:34:01contre le terrorisme
00:34:02qui oblige le Pakistan
00:34:04à rompre officiellement
00:34:05ses liens
00:34:06avec les talibans.
00:34:08Mais en sous-main,
00:34:09Islamabad
00:34:10continue de soutenir
00:34:11les islamistes.
00:34:12Beaucoup de gens
00:34:15ont compris
00:34:15que le World Trade Center
00:34:17et le Pentagone
00:34:18n'avaient été détruits
00:34:19ni par les Afghans
00:34:20ni par les Pakistanais.
00:34:24C'étaient les Saoudiens.
00:34:26Mais nous en avons
00:34:27subi les conséquences.
00:34:29Ça nous a causé
00:34:30beaucoup d'ennuis
00:34:30avec les Etats-Unis.
00:34:31Oussama Ben Laden
00:34:42jouit de la sympathie
00:34:43de nombreux Pakistanais.
00:34:46Alliés des Etats-Unis,
00:34:48le gouvernement
00:34:48se trouve face
00:34:49à un dilemme.
00:34:51Aujourd'hui encore,
00:34:52à la mosquée
00:34:53l'Al-Masjid,
00:34:54beaucoup se disent
00:34:55ouvertement favorables
00:34:56au soutien d'Al-Qaïda
00:34:57et critiquent
00:34:58leur gouvernement.
00:35:01Non seulement l'Amérique
00:35:09a traité ce Moudjahid
00:35:10de terroriste,
00:35:11mais notre gouvernement,
00:35:13notre armée,
00:35:13nos hommes politiques
00:35:14et même nos ulémas
00:35:15en ont fait autant.
00:35:17Alors qu'il aurait dû
00:35:18être honoré
00:35:19pour avoir ébranlé
00:35:20l'Amérique
00:35:20et ses 50 alliés.
00:35:2820 ans plus tôt,
00:35:30des volontaires pakistanais
00:35:31étaient venus se battre
00:35:32en Afghanistan
00:35:33contre les soviétiques.
00:35:35Au début des années 2000,
00:35:36ils y retournent,
00:35:38cette fois pour combattre
00:35:39les Américains.
00:35:41Ce nouveau djihad
00:35:42exalte les hommes.
00:35:44L'armée pakistanaise
00:35:45s'efforce de garder
00:35:46le contrôle
00:35:46et envoie des informateurs.
00:35:48l'armée pakistanaise
00:35:55a dû envoyer des hommes
00:35:56qui, par la suite,
00:35:57ont été taxés
00:35:58à tort
00:35:58de talibans.
00:36:01En réalité,
00:36:02l'armée pakistanaise
00:36:03a été amenée
00:36:04à soutenir
00:36:04certaines factions
00:36:05de talibans
00:36:06pour obtenir
00:36:07des informations
00:36:08en contrepartie.
00:36:11Grâce à ces informations,
00:36:13elle a pu mener
00:36:14des opérations.
00:36:20Le principal objectif
00:36:21des Etats-Unis
00:36:22reste la chasse
00:36:23contre Oussama Ben Laden.
00:36:25Cependant,
00:36:26les terroristes
00:36:27d'Al-Qaïda,
00:36:28tout comme les talibans
00:36:29du Pakistan,
00:36:30les TTP,
00:36:31peuvent se replier
00:36:32au Pakistan.
00:36:33Après le 11 septembre,
00:36:37quand les Américains
00:36:38sont arrivés
00:36:38en Afghanistan,
00:36:41il y a eu
00:36:42un nouvel afflux
00:36:43de militants
00:36:43d'Al-Qaïda
00:36:44et de TTP
00:36:45vers le Pakistan.
00:36:49Cela a complètement
00:36:53perturbé
00:36:53la structure sociale
00:36:54du pays.
00:36:55Non loin d'une école
00:37:02militaire,
00:37:03dans la ville
00:37:04d'Abotabad,
00:37:05se cache Oussama Ben Laden,
00:37:07en plein centre
00:37:08du Pakistan.
00:37:10Les Américains
00:37:10ne découvriront
00:37:11sa planque
00:37:12que dix ans plus tard.
00:37:15En 2011,
00:37:16Ben Laden
00:37:16et sa famille
00:37:17sont tués
00:37:18au cours
00:37:18d'une opération
00:37:18spéciale.
00:37:21Le fait
00:37:21que le chef
00:37:22d'Al-Qaïda
00:37:22ait vécu
00:37:23plusieurs années
00:37:23au Pakistan
00:37:24semble bien indiquer
00:37:26qu'il bénéficiait
00:37:26du soutien
00:37:27de l'appareil
00:37:27sécuritaire étatique.
00:37:31En 2021,
00:37:33après la victoire
00:37:33des talibans
00:37:34sur les Etats-Unis
00:37:35en Afghanistan,
00:37:36on redoute
00:37:37de voir les islamistes
00:37:38gagner en influence
00:37:39au Pakistan.
00:37:43Cette prise de pouvoir
00:37:45a changé les choses
00:37:46de manière significative.
00:37:50Elle a ravivé
00:37:51la crainte
00:37:51que la frontière
00:37:52devienne à nouveau
00:37:52poreuse
00:37:53et que l'Ivan
00:37:54l'idéologie
00:37:54des talibans
00:37:55se propage
00:37:56à nouveau.
00:37:58Le Pakistan
00:38:00a subi
00:38:00les conséquences
00:38:01de l'instabilité
00:38:02en Afghanistan
00:38:02sur plusieurs plans.
00:38:04Afflux de réfugiés,
00:38:05trafic de drogue
00:38:06et trafic d'armes.
00:38:09Tout cela
00:38:10a eu un impact
00:38:10sur la société
00:38:11pakistanaise
00:38:12et la sécurité
00:38:13du pays.
00:38:15Une situation
00:38:16à laquelle
00:38:16nous sommes toujours
00:38:17confrontés aujourd'hui.
00:38:17l'idée de renforcer
00:38:22la frontière
00:38:23avec une barrière
00:38:24s'est imposée
00:38:24au moment
00:38:25où les talibans
00:38:26sont revenus
00:38:26appliquer leur programme.
00:38:27au Pakistan
00:38:32les islamistes
00:38:33se sentent
00:38:34confortés
00:38:34par la victoire
00:38:35des talibans.
00:38:36Et si Dieu le veut
00:38:37guidé par Allah
00:38:39le très grand
00:38:39et glorieux
00:38:40tant que nous serons
00:38:41en vie
00:38:42nous continuerons
00:38:43de porter haut
00:38:44la voie
00:38:44d'un règne islamique
00:38:45d'une révolution
00:38:47islamique
00:38:47et du califat.
00:38:48Abdulaziz
00:38:55Razi
00:38:55réclame ouvertement
00:38:57la création
00:38:58d'un califat
00:38:58d'un état religieux.
00:39:01Pendant plusieurs
00:39:02dizaines d'années
00:39:02l'armée pakistanaise
00:39:04a fourni de l'argent
00:39:05et des armes
00:39:05aux islamistes.
00:39:07Aujourd'hui
00:39:07elle ne veut plus
00:39:08en entendre parler.
00:39:15Les gens
00:39:15comme ce monsieur
00:39:16Abdulaziz
00:39:17ne constituent pas
00:39:18une menace
00:39:18pour l'état.
00:39:20Il peut grimper
00:39:21sur le toit
00:39:22et clamer
00:39:22qu'il va faire
00:39:23ceci ou cela
00:39:23il n'a aucune influence
00:39:25sur l'état.
00:39:27Nous sommes
00:39:27une puissance nucléaire
00:39:28nous avons
00:39:29d'énormes moyens
00:39:30militaires
00:39:30nous disposons
00:39:32d'un appareil
00:39:32de sécurité
00:39:33doté de plusieurs
00:39:34lignes de défense.
00:39:37Qui est ce monsieur
00:39:38Abdulaziz
00:39:39pour défier l'état ?
00:39:40Pour moi
00:39:41c'est un fou.
00:39:41Abdulaziz
00:39:48est étroitement
00:39:49surveillé.
00:39:51Récemment
00:39:52un imam radical
00:39:53a été tué
00:39:53dans un attentat.
00:39:55Pourtant
00:39:55il se sent
00:39:56suffisamment
00:39:57en sécurité
00:39:57pour menacer
00:39:58ouvertement
00:39:59de recourir
00:39:59à la violence.
00:40:01Voyez-vous
00:40:01il ne faudrait pas
00:40:03qu'il y ait
00:40:03des attentats suicides
00:40:04mais lorsque
00:40:05vous forcez des gens
00:40:06que vous les poussez
00:40:07à bout
00:40:08que vous vous détournez
00:40:09de la voie des fidèles
00:40:10et que vous perpétrez
00:40:12toutes sortes
00:40:12d'exactions
00:40:13il arrive un moment
00:40:15où la charia
00:40:15l'autorise.
00:40:17Écoutez
00:40:17on peut bien
00:40:18tuer les pêcheurs
00:40:19non ?
00:40:20On a bien le droit
00:40:21de tuer celui
00:40:21qui commet un crime
00:40:22non ?
00:40:24Eh bien
00:40:24ceux qui lancent
00:40:25des attaques aériennes
00:40:26s'en prennent
00:40:26aux criminels.
00:40:29Je ne parle pas
00:40:30des quelques personnes
00:40:31qui se trouvent
00:40:31malheureusement
00:40:32dans les parages
00:40:32ça c'est autre chose.
00:40:35La véritable cible
00:40:36ce sont les criminels.
00:40:38mais l'armée aussi
00:40:39commet des exactions.
00:40:40Vous savez
00:40:40on n'a toujours
00:40:41pas de nouvelles
00:40:42d'un grand nombre
00:40:43de nos oulémas.
00:40:49Régulièrement
00:40:49le Pakistan
00:40:50est secoué
00:40:51par des attentats
00:40:51de groupes islamistes.
00:40:54Via leur prêche
00:40:55les démagogues
00:40:56comme Abdelaziz Razi
00:40:57leur prépare le terrain.
00:41:04Si les islamistes
00:41:05sont aussi forts
00:41:06c'est parce que
00:41:08le gouvernement taliban
00:41:09les soutient
00:41:09depuis l'Afghanistan.
00:41:11Des combats
00:41:12éclatent sans cesse
00:41:13à la frontière.
00:41:15Dans un centre
00:41:16de rééducation
00:41:17de l'armée
00:41:17à un quart d'heure
00:41:18de route
00:41:19de la mosquée
00:41:19l'Al-Masjid
00:41:20des soldats
00:41:22apprennent à vivre
00:41:22avec les blessures
00:41:23qu'ils ont subies
00:41:24au combat.
00:41:24Il s'agit souvent
00:41:38d'amputations
00:41:39après avoir sauté
00:41:40sur des mines.
00:41:42Les islamistes
00:41:43ont acquis
00:41:44une grande expérience
00:41:45dans les tactiques
00:41:45de guérilla.
00:41:47D'abord face
00:41:48aux soviétiques
00:41:49puis contre
00:41:50les américains
00:41:50et aujourd'hui
00:41:52contre les soldats
00:41:53pakistanais.
00:42:02Nous étions postés
00:42:02à la frontière
00:42:03entre le Pakistan
00:42:04et l'Afghanistan.
00:42:06Nous allions
00:42:06d'un poste
00:42:07à l'autre.
00:42:09Cette route
00:42:09était aussi empruntée
00:42:10par les terroristes
00:42:12car elle permettait
00:42:12de passer
00:42:12d'un côté
00:42:13à l'autre.
00:42:16Alors nous l'avons
00:42:17traversée
00:42:17pour nous rendre
00:42:18au poste suivant.
00:42:22Il y avait
00:42:23une mine
00:42:23sur le chemin.
00:42:26C'était le matin
00:42:26vers 7h30.
00:42:30Au moment
00:42:30de l'explosion
00:42:30j'ai sauté
00:42:32en invoquant Dieu
00:42:33et à ce moment-là
00:42:35je ne me suis pas
00:42:36rendu compte
00:42:36que j'avais perdu
00:42:37une jambe.
00:42:39Je n'ai rien senti
00:42:39sur le coup.
00:42:40Jalil Khan
00:42:47lui
00:42:47a perdu
00:42:48le bas
00:42:49de sa jambe
00:42:49en sautant
00:42:50sur une mine
00:42:51alors qu'il était
00:42:51en service
00:42:52à la frontière afghane.
00:42:54Il a sombré
00:42:54dans une dépression
00:42:55ne voulant plus vivre.
00:42:58Il ignorait
00:42:58qu'une prothèse
00:42:59pourrait l'aider.
00:43:05Quand je me suis vu
00:43:07j'ai vraiment eu
00:43:08l'impression
00:43:08que je n'étais
00:43:09plus bon à rien.
00:43:10Mais ensuite
00:43:13quand je suis venu
00:43:14au centre de rééducation
00:43:15à l'AFIRM
00:43:16j'ai vu des gens
00:43:18qui se baladaient
00:43:18qui marchaient
00:43:19avec aisance
00:43:20comme s'ils étaient valides.
00:43:23On m'a mis
00:43:24une prothèse
00:43:24à moi aussi.
00:43:26Au bout d'un mois
00:43:26j'ai recommencé
00:43:27à marcher
00:43:27avec des béquilles.
00:43:30Puis je les ai
00:43:31laissés tomber
00:43:31et je me suis mis
00:43:32à marcher de nouveau.
00:43:40Peshawar se situe
00:43:51à une cinquantaine
00:43:52de kilomètres
00:43:53de la frontière afghane.
00:43:55C'est la capitale
00:43:56des Pashtounes
00:43:56du Pakistan.
00:43:58L'ethnie
00:43:59qui constitue
00:43:59la majorité
00:44:00de la population
00:44:00en Afghanistan
00:44:01est le principal vivier
00:44:03de recrutement
00:44:04des talibans.
00:44:04Des dizaines
00:44:14de milliers
00:44:14de réfugiés
00:44:15venus d'Afghanistan
00:44:16pour des motifs
00:44:17politiques,
00:44:18religieux
00:44:18ou économiques
00:44:19vivent ici.
00:44:21Ils sont en général
00:44:22tolérés
00:44:23par les autorités
00:44:23pakistanaises.
00:44:30La frontière
00:44:31toute proche
00:44:31favorise la contrebande.
00:44:33sur le bazar
00:44:35de Peshawar
00:44:35on trouve
00:44:36toutes sortes
00:44:37d'armes à feu
00:44:37pistolets,
00:44:39fusils,
00:44:40armes automatiques
00:44:41dont beaucoup
00:44:42proviennent
00:44:43d'Afghanistan.
00:44:45Les marchands
00:44:45ne demandent pas
00:44:46de permis
00:44:46de port d'armes
00:44:47ni même
00:44:48de papier d'identité.
00:44:49Ici,
00:44:50n'importe qui
00:44:51peut acheter
00:44:51ce qu'il veut
00:44:52mais uniquement
00:44:53en espèces.
00:44:56En marchandant
00:44:56un peu,
00:44:57on peut aussi
00:44:58se procurer
00:44:58des armes
00:44:58plus importantes
00:44:59comme des lances-mines
00:45:00ou des lances-grenades
00:45:01et autant
00:45:03de munitions
00:45:03que l'on souhaite.
00:45:08Manifestement,
00:45:09l'État
00:45:09ne contrôle pas
00:45:10ce trafic
00:45:10et n'assure pas
00:45:11non plus
00:45:11la protection
00:45:12de ses citoyens.
00:45:17Fondée
00:45:17il y a
00:45:17plus de 140 ans,
00:45:19l'Église catholique
00:45:20de tous les saints
00:45:21est entourée
00:45:21de hauts murs
00:45:22par mesure
00:45:23de sécurité.
00:45:23dans la sacristie,
00:45:34l'évêque
00:45:34et ses assistants
00:45:35se préparent.
00:45:37Ils vont célébrer
00:45:38aujourd'hui
00:45:38une messe
00:45:39pour commémorer
00:45:39l'anniversaire
00:45:40d'un des pires
00:45:41attentats commis
00:45:42contre des chrétiens
00:45:42dans l'histoire
00:45:43du Pakistan.
00:45:44L'Église est pleine
00:45:54à craquer.
00:45:56À Peshawar,
00:45:57quelques milliers
00:45:58de catholiques
00:45:59vivent parmi
00:45:59près de 2 millions
00:46:00de musulmans,
00:46:01pour la plupart
00:46:02très croyants.
00:46:04Il est important
00:46:04pour les fidèles
00:46:05de se rassembler
00:46:06dans leur Église
00:46:06un jour comme celui-ci.
00:46:08Beaucoup d'entre eux
00:46:10ont perdu des proches
00:46:11dans cet attentat.
00:46:21Le 22 septembre 2013,
00:46:23deux attentats suicides
00:46:25ont lieu
00:46:25l'un après l'autre
00:46:26sur le parvis
00:46:27de l'Église.
00:46:28Ils font 78 morts
00:46:30et plus de 150
00:46:31blessés graves.
00:46:38Les terroristes
00:46:43sont des talibans
00:46:44pakistanais
00:46:45qui considèrent
00:46:46les chrétiens
00:46:46comme des ennemis
00:46:47de l'islam.
00:46:49D'autres attentats
00:46:50se produiront
00:46:51au cours
00:46:51des années suivantes.
00:46:53Les chrétiens
00:46:53sont régulièrement
00:46:54pris pour cible.
00:46:56Les rapports
00:46:57d'organisation
00:46:58de droits de l'homme
00:46:58mentionnent
00:47:00des centaines
00:47:00voire des milliers
00:47:01d'incidents.
00:47:03L'État n'est pas
00:47:04en mesure
00:47:04de protéger
00:47:05les chrétiens.
00:47:08Supplier,
00:47:18pleurer,
00:47:20sauter en l'air.
00:47:21Qu'est-ce qu'on
00:47:22peut faire d'autre ?
00:47:25Ne plus se sentir
00:47:27en sécurité
00:47:27dans son propre pays.
00:47:31Ce n'est pas
00:47:31seulement traumatisant,
00:47:34c'est un stress
00:47:35permanent,
00:47:36au quotidien.
00:47:38Les fidèles chrétiens
00:47:44rendent hommage
00:47:45aux victimes.
00:47:47Les chiites,
00:47:48les musulmans progressistes
00:47:50et les hindous
00:47:50sont également pris
00:47:51pour cible
00:47:52par les terroristes.
00:47:54Tous ceux
00:47:55qu'ils considèrent
00:47:55comme des mécréants
00:47:56sont susceptibles
00:47:57d'être tués.
00:47:58Ils disent que c'est
00:48:04le combat de l'islam
00:48:06contre les mécréants.
00:48:09Pour eux,
00:48:10tous ceux qui ne sont pas
00:48:11musulmans sont des infidèles.
00:48:14Ces idées extrémistes
00:48:17et fondamentalistes
00:48:18se répandent
00:48:19de plus en plus.
00:48:19ont été introduites
00:48:24chez les esprits
00:48:25simples et innocents
00:48:26de Pakistanais
00:48:27et ne cessent
00:48:30de prendre
00:48:30de l'ampleur.
00:48:31C'est mon pays.
00:48:44Je dois bénéficier
00:48:46des droits fondamentaux
00:48:47et être en sécurité.
00:48:52Les minorités
00:48:53sont vraiment démunies
00:48:54car personne
00:48:55ne les écoute.
00:49:05Le Pakistan
00:49:06avait été fondé
00:49:07sous d'autres auspices.
00:49:09Sur le drapeau national,
00:49:10une bande blanche
00:49:11représente
00:49:12la minorité
00:49:13non musulmane
00:49:14du pays.
00:49:20Le Pakistan
00:49:21est né
00:49:21de la volonté
00:49:22commune
00:49:22de minorités
00:49:23religieuses
00:49:24qui se sentaient
00:49:25marginalisées,
00:49:27comme les musulmans
00:49:27en Inde.
00:49:31Elles voulaient
00:49:32créer un territoire
00:49:34où elles seraient
00:49:34traitées
00:49:35sur un pied
00:49:35d'égalité,
00:49:37sans aucune
00:49:37discrimination.
00:49:38À sa création,
00:49:41le Pakistan
00:49:42était destiné
00:49:42à accueillir
00:49:43les minorités
00:49:44qui vivaient
00:49:44dans les Indes
00:49:45britanniques.
00:49:48Le pays
00:49:49ne devait pas
00:49:49être dominé
00:49:50par les hindouistes.
00:49:51Mais il n'était
00:49:52pas pensé
00:49:53non plus
00:49:53comme un État
00:49:54islamique
00:49:54et devait
00:49:55reposer
00:49:55sur le principe
00:49:56de laïcité.
00:50:00Ce n'est que
00:50:00dans les années
00:50:011989,
00:50:02sous
00:50:03Ya'ul Haq,
00:50:04qu'il est devenu
00:50:05un État musulman,
00:50:06centré sur l'islam
00:50:07et l'application
00:50:08de la charia.
00:50:08De nos jours,
00:50:16la charia est un élément
00:50:17central du système
00:50:18juridique.
00:50:20Le pays
00:50:21applique un mélange
00:50:22de lois laïques
00:50:22et de droits islamiques,
00:50:24mais la charia
00:50:25prévaut en matière
00:50:26de droits de la famille
00:50:27et de droits pénals.
00:50:30Le Pakistan
00:50:30se conçoit aujourd'hui
00:50:31en gardien
00:50:32de valeurs religieuses
00:50:33et non laïques.
00:50:35La protection
00:50:35des minorités
00:50:36ne compte plus
00:50:37parmi ses priorités.
00:50:43Le Pakistan
00:50:44a vu le jour
00:50:48avec l'idée
00:50:49de créer un pays
00:50:51où la loi
00:50:52serait conforme
00:50:53aux principes islamiques
00:50:54et où la société
00:51:00s'édifierait
00:51:01dans le respect
00:51:02des lois de l'islam.
00:51:07L'influence
00:51:12des religieux
00:51:13conservateurs
00:51:14s'est traduite
00:51:15par la création
00:51:15du Conseil
00:51:16de l'idéologie
00:51:17islamique.
00:51:19Celui-ci
00:51:19possède un droit
00:51:20de veto
00:51:20sur tous les textes
00:51:21votés par le Parlement.
00:51:23Une loi
00:51:24aussi controversée
00:51:25que celle
00:51:25interdisant le blasphème
00:51:26restera en vigueur
00:51:28aussi longtemps
00:51:28que le Conseil
00:51:29le jugera bon.
00:51:30Les colonisateurs
00:51:37britanniques
00:51:38avaient déjà
00:51:38introduit
00:51:39une loi
00:51:39sur le blasphème
00:51:40pour contenir
00:51:41les conflits
00:51:42entre hindous
00:51:42et musulmans.
00:51:45Zulfikar Ali Bouto,
00:51:47un dirigeant
00:51:47plutôt modéré,
00:51:49a repris cette loi
00:51:50dans la Constitution
00:51:51de 1974
00:51:52pour se rallier
00:51:53les voix des musulmans.
00:51:55Elle interdit
00:51:56de manquer
00:51:56d'égard envers Dieu,
00:51:57le prophète
00:51:58et le Coran.
00:52:00Les contrevenants
00:52:01en cours
00:52:02des peines sévères,
00:52:03les cas les plus graves
00:52:04risquent la mort.
00:52:19Personnellement,
00:52:21je donnerais
00:52:22à l'accusé
00:52:22qui a commis
00:52:23un blasphème
00:52:24la possibilité
00:52:25de se repentir.
00:52:28mais s'ils refusent
00:52:33de le faire,
00:52:34il faut bien sûr
00:52:36appliquer la loi.
00:52:43La loi sur le blasphème
00:52:44rencontre l'assentiment
00:52:45de la plupart
00:52:46des Pakistanais,
00:52:48de même que la sentence
00:52:48de mort qu'elle prévoit.
00:52:51Certes,
00:52:51de moins en moins
00:52:52de plaintes
00:52:53sont déposées
00:52:53et aucune condamnation
00:52:55à mort
00:52:55n'a plus été prononcée
00:52:56depuis des années.
00:52:58Mais l'abrogation
00:52:59de cette loi
00:53:00n'est pas d'actualité.
00:53:06C'est une loi importante
00:53:08parce que si elle n'existait pas,
00:53:13les gens se rendraient justice
00:53:15eux-mêmes,
00:53:17ce qui conduirait
00:53:18à plus d'injustice.
00:53:19Il n'est pourtant pas rare
00:53:25qu'un groupe de personnes
00:53:26s'en prennent
00:53:26à des individus.
00:53:28Ici,
00:53:29la foule attaque
00:53:30un poste de police
00:53:31qui protège un homme
00:53:32qui risque de se faire lyncher.
00:53:33Ce qui est intéressant
00:53:42quand les gens
00:53:43veulent rendre eux-mêmes
00:53:43la justice,
00:53:45c'est qu'en général,
00:53:46les auteurs
00:53:47sont remis en liberté.
00:53:51D'un côté,
00:53:52il y a moins de condamnations
00:53:53au niveau juridique,
00:53:55mais de l'autre,
00:53:56le lynchage
00:53:57est toléré
00:53:57par la justice.
00:53:58Conséquence,
00:54:05des innocents
00:54:05sont régulièrement en danger.
00:54:08Cette femme
00:54:08s'est réfugiée
00:54:09dans un magasin
00:54:10pour échapper
00:54:10à ses poursuivants
00:54:11qui avaient mal interprété
00:54:12les inscriptions
00:54:13imprimées sur sa robe.
00:54:15Elle venait simplement
00:54:16faire des achats.
00:54:23C'était seulement des lettres
00:54:25et rien d'autre.
00:54:28Elle était en train
00:54:28de faire ses courses
00:54:29quand un mola illettré
00:54:30l'a accusé
00:54:31de commettre un blasphème.
00:54:34Il prétendait
00:54:35que des versets du Coran
00:54:36étaient imprimés
00:54:37sur sa robe,
00:54:38ce qui était faux.
00:54:39Mais soudain,
00:54:40un groupe s'est formé
00:54:40et s'apprêtait
00:54:41à la lyncher.
00:54:49Une policière
00:54:50est intervenue à temps
00:54:51pour calmer la foule
00:54:52et mettre la jeune femme
00:54:53en lieu sûr.
00:54:58Par chance,
00:55:04elle a été sauvée.
00:55:08Mais imaginez un peu
00:55:09la menace
00:55:10que ces comportements
00:55:11démons
00:55:11font peser
00:55:12sur la société.
00:55:14Surtout qu'ils sont
00:55:15provoqués artificiellement.
00:55:17L'accusation de blasphème
00:55:23ne suscite pas seulement
00:55:24la vindicte populaire.
00:55:27Elle permet aussi
00:55:27au pouvoir
00:55:28de se débarrasser
00:55:29de personnes trop critiques.
00:55:32Un hôtel aux Pays-Bas.
00:55:33Nous y rencontrons
00:55:34Vakas Goraya.
00:55:39Pendant des années,
00:55:40cet opposant
00:55:41dit avoir vécu
00:55:42caché
00:55:42et sous protection policière.
00:55:44avec quelques amis
00:55:46répartis
00:55:47dans le monde entier,
00:55:48Vakas Goraya
00:55:49avait tourné
00:55:50en dérision
00:55:50la direction militaire
00:55:51du Pakistan.
00:55:53Dans les années 2010,
00:55:55il vivait déjà
00:55:56aux Pays-Bas
00:55:56quand il a commencé
00:55:57à poster
00:55:58des messages hostiles
00:55:59au régime.
00:56:02Ses amis et lui
00:56:02pensaient être
00:56:03en sécurité
00:56:04grâce à l'anonymat
00:56:05d'Internet.
00:56:07Leurs blogs
00:56:08ont rapidement
00:56:08rencontré
00:56:09un grand succès.
00:56:10On touchait
00:56:15beaucoup de gens
00:56:16et ça n'a pas
00:56:18plu au pouvoir.
00:56:20Alors,
00:56:21ils ont cherché
00:56:21à savoir
00:56:21qui on était.
00:56:28À Noël 2016,
00:56:30Vakas Goraya
00:56:31part voir sa famille
00:56:32à Lahore
00:56:32et prendre
00:56:33quelques semaines
00:56:34de vacances.
00:56:35Un jour
00:56:36où sa moto
00:56:36tombe en panne,
00:56:37il se fait arrêter
00:56:38par la police.
00:56:38il nous en a fait
00:56:40le récit.
00:56:45Je me suis fait
00:56:46enlever.
00:56:47Deux voitures
00:56:48sont arrivées
00:56:50derrière moi.
00:56:52Un homme
00:56:52avec un pistolet
00:56:53a pris mon téléphone.
00:56:55Un autre
00:56:56m'a mis un sac noir
00:56:56sur la tête.
00:56:58Ils m'ont fait
00:56:59monter dans la voiture
00:56:59et ont démarré.
00:57:06J'ai essayé
00:57:07de comprendre
00:57:07ce qui m'arrivait.
00:57:08On peut se faire
00:57:11enlever au Balochistan
00:57:12mais je ne pensais
00:57:14pas que c'était
00:57:15possible à Lahore.
00:57:17Je réfléchissais
00:57:18à tout ça
00:57:18quand ils m'ont dit
00:57:19on sait que tu viens
00:57:20des Pays-Bas
00:57:21et on sait
00:57:22ce que tu fais.
00:57:26Selon ces dires,
00:57:27il aurait ensuite
00:57:28été conduit
00:57:29dans une prison
00:57:29des services secrets.
00:57:30L'un des hommes
00:57:34m'a posé une question
00:57:37mais je l'ai éludé.
00:57:39Alors il a dit
00:57:39si tu ne réponds pas
00:57:40je te mets une gifle
00:57:41qui va t'éclater
00:57:42le tympan.
00:57:43Je n'ai pas répondu.
00:57:44Il m'a frappé
00:57:45et mon tympan
00:57:46a éclaté
00:57:47d'un seul coup.
00:57:49Ils ont différentes
00:57:50techniques de torture.
00:57:51Ils te jettent au sol,
00:57:53ils te frappent.
00:57:53Pendant une séance
00:57:57de torture,
00:57:58tu as l'impression
00:57:58que ta gorge se serre,
00:58:00que tu vas étouffer.
00:58:01Mais ils savent
00:58:02exactement
00:58:03combien de temps
00:58:03ils ont
00:58:04avant que tu étouffes.
00:58:05Et là,
00:58:06ils font une pause.
00:58:08Ils te font boire
00:58:09un peu d'eau
00:58:10et ils recommencent.
00:58:13Puis ils te donnent
00:58:13à nouveau
00:58:13un petit peu d'eau,
00:58:14etc.
00:58:17Tu dois passer
00:58:17toute la nuit debout.
00:58:19Et le lendemain,
00:58:20ils remettent ça.
00:58:21Ça a duré huit jours.
00:58:25On ne détenait
00:58:26pourtant aucun secret
00:58:27d'État.
00:58:28Tout ce qu'on avait fait,
00:58:29c'était écrire des choses
00:58:30peut-être un peu idiotes.
00:58:34À cause de ça,
00:58:35j'ai encore des lésions
00:58:36nerveuses à la main droite.
00:58:41Au bout de quelques jours,
00:58:42ne le voyant pas
00:58:43rentrer à la maison,
00:58:45son épouse s'adresse
00:58:45à la presse
00:58:46à Islamabad.
00:58:48Deux autres
00:58:48de ses compagnons
00:58:49de lutte ont disparu.
00:58:51Des manifestants
00:58:52accusent les services secrets
00:58:53d'avoir enlevé
00:58:54les trois hommes.
00:59:00À partir de là,
00:59:03ils nous ont dénigrés
00:59:04et fait passer
00:59:05pour des méchants,
00:59:06pour qu'on n'apparaisse
00:59:07pas comme des héros.
00:59:10Ils ont prétendu
00:59:11qu'on postait
00:59:11des messages
00:59:12blasphématoires
00:59:12sur Facebook
00:59:13et qu'on insultait
00:59:14Dieu et le prophète.
00:59:16Ce sont des ennemis
00:59:20de l'Islam
00:59:21et nous,
00:59:22on est les protecteurs
00:59:23de l'Islam.
00:59:26Des mollas
00:59:27sont descendus
00:59:29dans la rue
00:59:30pour faire une contre-manifestation
00:59:31à la demande
00:59:32de l'armée.
00:59:33Ils cherchaient
00:59:34à faire peur aux gens
00:59:35et à intimider les familles.
00:59:38Au bout du compte,
00:59:39l'objectif
00:59:40était de nous faire taire
00:59:41le plus longtemps possible.
00:59:47La situation dégénère.
00:59:49Des gens réclament
00:59:50que les opposants
00:59:51soient punis de mort
00:59:52pour blasphème.
00:59:57On n'avait aucune idée
00:59:58de ce qui se passait
00:59:59à l'extérieur.
01:00:01Le dernier jour,
01:00:02on a reçu la visite
01:00:03d'un type par but
01:00:03des services secrets.
01:00:07Il a dit
01:00:07« Les mollas
01:00:08et les gens dans la rue
01:00:09pensent que vous êtes
01:00:10des blasphémateurs.
01:00:11J'ai répondu
01:00:15« Mais vous savez bien
01:00:17que c'est faux. »
01:00:19Et il a conclu
01:00:20« Oui,
01:00:21mais nous sommes
01:00:22les seuls à le savoir.
01:00:23Si vous vous taisez
01:00:24et que vous ne parlez pas
01:00:25aux médias,
01:00:26on vous protégera.
01:00:27Mais si vous parlez,
01:00:28les talibans
01:00:29viendront vous chercher. »
01:00:35Après plusieurs semaines,
01:00:37Vakas Goraya
01:00:37et ses compagnons
01:00:38retrouvent leur famille.
01:00:39De retour aux Pays-Bas,
01:00:42le blogueur reprend
01:00:43ses critiques
01:00:44vis-à-vis du régime
01:00:44d'Islamabad.
01:00:46Il pense être
01:00:47en sûreté en Europe.
01:00:48Mais le bruit court
01:00:49que des opposants
01:00:50au régime
01:00:51meurent
01:00:51dans d'étranges circonstances.
01:00:53Comme le journaliste
01:01:01Sajid Houssen,
01:01:0339 ans,
01:01:04retrouvé mort
01:01:05à Stockholm.
01:01:12Ou Karima Baloch,
01:01:1433 ans.
01:01:16Cette militante
01:01:16vivait au Canada
01:01:17jusqu'au jour
01:01:18où elle disparaît
01:01:19avant que l'on retrouve
01:01:20son cadavre.
01:01:21quant à Vakas Goraya,
01:01:29il raconte
01:01:30avoir été mis en garde
01:01:31contre un attentat.
01:01:34« J'ai reçu
01:01:34un coup de fil
01:01:35de la police néerlandaise
01:01:36qui a dit
01:01:36« Votre vie est en danger.
01:01:40Personne ne doit savoir
01:01:41où vous vous trouvez,
01:01:43même pas votre famille
01:01:44aux Pays-Bas.
01:01:46Éteignez votre portable,
01:01:48quittez votre appartement
01:01:48et disparaissait. »
01:01:49Il s'est caché
01:01:55avec l'aide de la police.
01:01:58Celle-ci avait repéré
01:01:59un homme qui le suivait.
01:02:01Goraya est persuadé
01:02:02qu'il a été envoyé
01:02:03par les services secrets
01:02:04pakistanais.
01:02:06Pour preuve,
01:02:07cette image captée
01:02:08par une caméra de surveillance
01:02:09montre un homme
01:02:10en train d'acheter
01:02:11un couteau.
01:02:13Un tribunal britannique,
01:02:14convaincu que c'était
01:02:15pour tuer Goraya,
01:02:16le condamne à perpétuité.
01:02:20Aujourd'hui,
01:02:21Goraya ne veut plus
01:02:22se cacher.
01:02:32Peut-être qu'un jour,
01:02:34en sortant de chez moi,
01:02:35je me ferai poignarder.
01:02:38Mais je l'accepte.
01:02:40C'est la vie.
01:02:42S'ils veulent me tuer,
01:02:43ils finiront par y arriver.
01:02:46Je ne veux plus vivre
01:02:49en me planquant.
01:02:58Retour à Islamabad.
01:03:00Si à l'étranger,
01:03:01les opposants craignent
01:03:02pour leur vie,
01:03:04la situation est bien pire
01:03:05au pays.
01:03:07Le régime est de plus en plus
01:03:08réactif face aux critiques.
01:03:09Ali Bokhari ne se laisse pas
01:03:17impressionner pour autant.
01:03:19Il fait de la politique,
01:03:20mais il est aussi avocat
01:03:21et porte-parole d'Imran Khan,
01:03:23le très populaire chef
01:03:25de l'opposition du pays.
01:03:27Aujourd'hui,
01:03:28il vient rencontrer
01:03:29des membres de son parti.
01:03:33Imran Khan a été
01:03:35premier ministre
01:03:35jusqu'en 2022,
01:03:37avant d'être renversé
01:03:38par une motion de censure.
01:03:41Ali Bokhari appelle
01:03:42les partisans de Khan
01:03:43à ne pas perdre espoir
01:03:44dans le retour
01:03:45de leur chef
01:03:45à la direction du pays.
01:03:48Comme vous le savez tous,
01:03:50nous sommes des militants
01:03:51de l'armée montante
01:03:52d'Imran Khan.
01:03:53Nous sommes des soldats.
01:03:55À dire vrai,
01:03:56M. Khan m'a fait l'honneur
01:03:57de m'investir candidat.
01:03:59Alors je me présente
01:04:00devant vous.
01:04:01Je suis un travailleur
01:04:02à vos côtés.
01:04:04Je suis comme vous,
01:04:05l'un des vôtres.
01:04:05On s'attend à se faire
01:04:08arrêter à tout moment
01:04:09parce que ça fait déjà
01:04:10plus d'un an
01:04:11que notre leader
01:04:12Imran Khan
01:04:12est derrière les barreaux.
01:04:20Pendant longtemps,
01:04:21Imran Khan a incarné
01:04:22l'opposition politique
01:04:23au Pakistan
01:04:24sans que le régime
01:04:25le prenne au sérieux.
01:04:27Mais il avait du charisme.
01:04:30Il a profité
01:04:30de l'échec
01:04:31des partis traditionnels
01:04:32pour rallier les foules
01:04:33à sa cause.
01:04:38À un certain moment,
01:04:42Imran Khan
01:04:43a redonné espoir au pays.
01:04:46Vous savez,
01:04:47de nos jours,
01:04:47les leaders populistes
01:04:48ont le vent en poupe.
01:04:51Partout dans le monde,
01:04:52ils séduisent
01:04:53beaucoup d'électeurs.
01:04:55Dans notre pays,
01:04:56on rêve toujours
01:04:57de trouver un sauveur.
01:05:00Imran Khan
01:05:01a su se positionner
01:05:02sur ce créneau.
01:05:13Pour de nombreux jeunes
01:05:14Pakistanais,
01:05:15Imran Khan
01:05:16représente une perspective.
01:05:18Car la société
01:05:19est fondée
01:05:20sur l'exploitation humaine.
01:05:23L'économie
01:05:23est entre les mains
01:05:24de l'armée,
01:05:25des propriétaires terriens
01:05:26et des grands patrons.
01:05:28La pratique
01:05:29de la servitude
01:05:29pour dette
01:05:30est très répandue
01:05:31dans le pays
01:05:31et l'ascension sociale
01:05:33pratiquement inexistante.
01:05:40La population pakistanaise
01:05:42est extrêmement jeune.
01:05:44Plus d'un tiers
01:05:44des habitants
01:05:45ont moins de 15 ans.
01:05:47Mais les enfants
01:05:48sont obligés
01:05:48de travailler
01:05:49dès le plus jeune âge.
01:05:50Beaucoup ne fréquentent
01:05:51l'école que quelques années
01:05:53parce que leur famille
01:05:54n'a pas les moyens
01:05:55de payer les frais
01:05:56de scolarité.
01:06:02Les écoles coraniques
01:06:03offrent une alternative
01:06:04à ces familles pauvres.
01:06:06Elles sont gratuites
01:06:07et très souvent financées
01:06:08par l'Arabie saoudite
01:06:10ou les Émirats arabes unis.
01:06:12Le programme
01:06:13est défini
01:06:13par la direction
01:06:14de l'école
01:06:15et ses financeurs.
01:06:17Tout est centré
01:06:17sur le Coran
01:06:18et les sujets modernes
01:06:20ne sont généralement
01:06:20pas abordés.
01:06:27Cet enseignement
01:06:28n'est guère utile
01:06:28pour trouver du travail.
01:06:30Mais de nombreux enfants
01:06:31n'ont pas le choix.
01:06:34Les familles sont contentes
01:06:35qu'ils soient pris en charge
01:06:36par ces institutions
01:06:37plutôt que d'être livrés
01:06:39à eux-mêmes dans la rue.
01:06:46Imran Khan
01:06:47a redonné espoir
01:06:48à beaucoup de jeunes.
01:06:50Il leur a promis
01:06:50un avenir meilleur,
01:06:52du travail
01:06:52et surtout
01:06:53la dignité.
01:06:55Il s'est engagé
01:06:56à mettre un terme
01:06:57à ce manque d'horizon.
01:07:02Il a offert
01:07:05un projet politique
01:07:06à la jeunesse du Pakistan.
01:07:09S'il n'avait pas
01:07:14mis au point
01:07:14ce programme,
01:07:15les jeunes seraient
01:07:16tombés dans les filets
01:07:17du fondamentalisme
01:07:18brutal et violent
01:07:19qui visent à s'implanter
01:07:20dans le pays.
01:07:25En 2018,
01:07:27Imran Khan
01:07:28arrive largement
01:07:29en tête des élections
01:07:30et devient
01:07:30premier ministre.
01:07:32Il tente rapidement
01:07:33d'asseoir sa position
01:07:35et s'entend
01:07:36avec les représentants
01:07:37de l'armée.
01:07:38À tel point
01:07:39qu'il donne l'impression
01:07:40de servir leurs intérêts.
01:07:41de leur côté,
01:07:44les chefs militaires
01:07:45comptent bien utiliser
01:07:46sa popularité
01:07:46à leur profit.
01:07:49Pour assurer
01:07:49sa réélection,
01:07:51Imran Khan
01:07:51tente l'épreuve
01:07:52de force
01:07:53et nomme
01:07:53de nouveaux chefs
01:07:54à la tête
01:07:55de l'armée
01:07:55et des services secrets.
01:07:57Il redoute
01:07:58en effet
01:07:58des cabales
01:07:59et souhaite exercer
01:08:00un contrôle
01:08:01sur les militaires.
01:08:02Imran
01:08:07voulait avoir
01:08:09la main
01:08:09sur le Pakistan.
01:08:11Il ne voulait plus
01:08:12continuer à dépendre
01:08:12des gens
01:08:13qui étaient en place.
01:08:15Il a essayé
01:08:16de placer
01:08:16ses hommes
01:08:17au poste clé
01:08:17mais aux yeux
01:08:19de l'armée,
01:08:20il a franchi
01:08:20la ligne rouge.
01:08:22Ce n'était pas
01:08:22à lui
01:08:23de nommer
01:08:23les chefs militaires.
01:08:26Les militaires
01:08:29repèrent
01:08:29des meneurs.
01:08:30Quand ils voient
01:08:33quelqu'un
01:08:33capable
01:08:33de galvaniser
01:08:34le peuple,
01:08:35ils le soutiennent.
01:08:36Ils lui laissent
01:08:37un peu de marge
01:08:37de manœuvre
01:08:38pour s'installer.
01:08:40Mais dès qu'il dérange,
01:08:41ils le virent.
01:08:45Le Premier ministre
01:08:46est renversé
01:08:47par une motion
01:08:47de censure
01:08:48du Parlement.
01:08:50Dans la foulée,
01:08:51il doit répondre
01:08:51d'accusations
01:08:52de corruption.
01:08:54Finalement,
01:08:55Imran Khan
01:08:55est condamné
01:08:56à 12 ans
01:08:56de réclusion
01:08:57qu'il purge
01:08:58à 73 ans
01:08:59dans un quartier
01:09:00de haute sécurité.
01:09:02Selon la rumeur,
01:09:04il aurait été
01:09:04renversé
01:09:05par l'armée.
01:09:10Quoi qu'ait fait
01:09:10Imran Khan,
01:09:12son cas a été jugé
01:09:13devant un tribunal
01:09:13qu'il a condamné.
01:09:15L'armée
01:09:15n'a donc rien
01:09:16à voir là-dedans.
01:09:18Il purge sa peine
01:09:19et retrouvera peut-être
01:09:20un jour
01:09:20la tête de son parti
01:09:21très active
01:09:22dans le pays.
01:09:22Le premier ministre
01:09:28actuel
01:09:28a les faveurs
01:09:29de l'armée.
01:09:30Shebaz Sharif
01:09:31est issu
01:09:32d'une dynastie
01:09:33politique pakistanaise
01:09:34qui a occupé
01:09:35le poste
01:09:35à plusieurs reprises
01:09:36et sait s'attirer
01:09:37les bonnes grâces
01:09:38de l'armée.
01:09:38L'armée
01:09:47n'a jamais fait
01:09:47d'ingérence
01:09:48dans la politique.
01:09:50Ce sont les politiciens
01:09:52qui,
01:09:52du fait de leur
01:09:52incompétence
01:09:53et de leur manque
01:09:54de discernement,
01:09:55demandent toujours
01:09:56aux militaires
01:09:57d'intervenir
01:09:57parce qu'ils savent
01:09:59que l'armée pakistanaise
01:10:00est parfaitement apte
01:10:01à gérer le pays.
01:10:08Les partisans
01:10:10d'Imran Khan
01:10:10sont convaincus
01:10:11que ces accusations
01:10:12ont pour unique but
01:10:13de l'évincer
01:10:14de la politique.
01:10:16C'est pourquoi
01:10:16ils descendent
01:10:17dans la rue.
01:10:22Aux élections législatives
01:10:24de février 2024,
01:10:26le parti d'Imran Khan
01:10:27est interdit
01:10:28de participation.
01:10:30Ces candidats
01:10:30se présentent donc
01:10:31en tant qu'indépendants
01:10:32et obtiennent
01:10:33de nombreux sièges
01:10:34à l'Assemblée nationale.
01:10:38Ces élections
01:10:40étaient entachées
01:10:41par la fraude
01:10:41et la corruption
01:10:42comme cela a été constaté.
01:10:45Cela permet de conclure
01:10:46qu'Imran Khan
01:10:47aurait obtenu
01:10:48beaucoup plus de voix
01:10:49si ce scrutin
01:10:50s'était tenu
01:10:50de façon régulière.
01:10:54Avocat d'Imran Khan
01:10:55et membre de son parti,
01:10:57Ali Bokhari
01:10:57s'est lui aussi présenté
01:10:59en indépendant
01:10:59à ses élections.
01:11:01Bien qu'il prétende
01:11:02avoir obtenu
01:11:02la majorité des voix
01:11:03dans sa circonscription,
01:11:05on lui refuse
01:11:06le droit de siéger
01:11:07à l'Assemblée nationale.
01:11:08Je me suis présenté
01:11:10dans la circonscription
01:11:11NA48 d'Islamabad
01:11:13et j'ai gagné
01:11:15avec plus de 76 000 voix
01:11:17d'avance.
01:11:18Tout le monde sait
01:11:18que le candidat
01:11:19d'Imran Khan
01:11:20a remporté
01:11:21les élections
01:11:21de février 2024.
01:11:27Les partisans
01:11:28d'Imran Khan
01:11:29espèrent maintenant
01:11:30le retour
01:11:30de leur leader.
01:11:32Ces condamnations
01:11:33ne l'en empêcheraient pas
01:11:34mais il faudrait
01:11:35qu'ils parviennent
01:11:35à s'entendre
01:11:36avec les militaires.
01:11:37C'est le seul moyen
01:11:38de revenir aux affaires.
01:11:40Ce genre d'arrangement
01:11:41est monnaie courante
01:11:42dans la vie politique
01:11:43pakistanaise.
01:11:44Que ce soit sur le plan politique
01:12:00ou économique
01:12:01le Pakistan
01:12:02s'enfonce
01:12:03de plus en plus
01:12:04dans la crise.
01:12:05Un habitant sur quatre
01:12:06vit sous le seuil
01:12:07de pauvreté
01:12:08et gagne
01:12:09moins de 2 dollars
01:12:10par jour.
01:12:10beaucoup travaillent
01:12:12comme journaliers
01:12:13pour survivre.
01:12:15L'époque où le pays
01:12:15connaissait un essor économique
01:12:17est depuis longtemps révolu.
01:12:18dans les années 1950
01:12:27l'économie du Pakistan
01:12:29était en plein boom.
01:12:33Mais depuis
01:12:34la situation
01:12:34ne fait que se dégrader.
01:12:38Le pays
01:12:38est en déficit
01:12:39permanent
01:12:40et dépend
01:12:40de l'aide
01:12:41d'autres états
01:12:41ou du FMI.
01:12:42Le Pakistan
01:12:48a besoin
01:12:49de prêts
01:12:49du FMI
01:12:50le Fonds Monétaire
01:12:51International
01:12:52pour éviter
01:12:53la banqueroute.
01:12:55Mais ces crédits
01:12:55n'améliorent pas
01:12:56la situation
01:12:57du fait
01:12:57de la corruption
01:12:58et du manque
01:12:58d'efficacité
01:12:59de l'État.
01:13:01Près de 40%
01:13:02des Pakistanais
01:13:02vivent dans des conditions
01:13:03précaires
01:13:04dans des bidonvilles
01:13:06sans aucune infrastructure
01:13:07et sans accès
01:13:08aux soins médicaux.
01:13:11Leur espérance
01:13:11de vie est nettement
01:13:12inférieure
01:13:12à celle
01:13:13des citoyens
01:13:13des classes
01:13:14moyennes et supérieures.
01:13:19À cela
01:13:19s'ajoute
01:13:20le fait
01:13:20que la population
01:13:21augmente
01:13:21chaque année
01:13:22de 2,5%.
01:13:23En 2026,
01:13:26le Pakistan
01:13:26comptera
01:13:27près de 250 millions
01:13:28d'habitants.
01:13:34La croissance
01:13:34démographique
01:13:35devient un poids
01:13:36pour l'économie
01:13:37du pays
01:13:37car il n'y a pas
01:13:39suffisamment
01:13:39de travail.
01:13:41Les jeunes
01:13:43ne trouvent pas
01:13:44d'emploi
01:13:44et ne savent
01:13:46pas du tout
01:13:46comment ils vont
01:13:47gagner leur vie.
01:13:51Il semble bien
01:13:52que la classe politique,
01:13:54soutenue par l'armée,
01:13:55n'a pas pris conscience
01:13:56de cette réalité.
01:13:58Pourtant,
01:13:59le mécontentement
01:14:00s'exprime
01:14:00de plus en plus
01:14:01à travers
01:14:01des manifestations
01:14:02et des émeutes
01:14:03violemment réprimées
01:14:04par les forces
01:14:05de l'ordre.
01:14:07Pour l'instant,
01:14:08la police et l'armée
01:14:09gardent la main.
01:14:11Mais cela risque
01:14:12de ne pas durer.
01:14:19Je pense que le Pakistan
01:14:21est en proie
01:14:21à une grande instabilité
01:14:22et que cela brouille
01:14:24l'esprit
01:14:25de la plupart
01:14:25des politiciens.
01:14:29Ils ne font que résoudre
01:14:30les problèmes
01:14:30au jour le jour.
01:14:33Personne ne s'intéresse
01:14:34aux sujets
01:14:34à plus long terme
01:14:35comme les mesures
01:14:36contre le changement climatique.
01:14:37et ce qu'il faut faire.
01:14:43Le changement climatique
01:14:44est pourtant
01:14:45un problème urgent.
01:14:46Il frappe de plein fouet
01:14:47le Pakistan.
01:14:49Des vagues
01:14:50de chaleur extrême
01:14:51menacent l'existence
01:14:52de nombreux paysans.
01:14:54Certaines régions
01:14:55pourraient devenir
01:14:55bientôt inhabitables.
01:14:58L'été,
01:14:59des centaines de personnes
01:15:00meurent d'épuisement
01:15:01et du manque d'eau.
01:15:02Le pays est parmi
01:15:10les cinq
01:15:11les plus durement
01:15:12touchés au monde.
01:15:14Ces dernières années,
01:15:15des inondations
01:15:16ont ravagé
01:15:16une grande partie
01:15:17du territoire.
01:15:19L'économie dépend
01:15:20de la production agricole
01:15:21et en cas de mauvaise récolte,
01:15:23la population
01:15:24est exposée
01:15:25à la famine.
01:15:25Le changement climatique
01:15:33a des conséquences
01:15:34désastreuses.
01:15:37Lors des grandes inondations
01:15:38de 2010,
01:15:39puis celles de 2023
01:15:40et 2024,
01:15:42on a vu une vaste surface
01:15:44du pays recouverte
01:15:45par les eaux,
01:15:46ce qui a privé
01:15:46une grande partie
01:15:47des habitants
01:15:48de leurs moyens
01:15:48de subsistance,
01:15:50en particulier
01:15:50dans les campagnes
01:15:51et parmi les couches
01:15:52défavorisées.
01:15:54Le Pakistan
01:15:54est également frappé
01:15:55par des vagues
01:15:56de chaleur record
01:15:57qui touchent essentiellement
01:15:58la population rurale.
01:16:06Mais les températures
01:16:07caniculaires
01:16:08et les inondations
01:16:09ne sont que les signes
01:16:10avant-coureurs
01:16:10d'une catastrophe
01:16:11plus grave encore.
01:16:13La fonte des glaciers.
01:16:16Le Pakistan
01:16:16se trouve au pied
01:16:17des montagnes
01:16:17du Karakorum
01:16:18qui abrite
01:16:20l'une des plus grandes
01:16:20concentrations de glaciers
01:16:22au monde.
01:16:23Le réchauffement climatique
01:16:24rompt les barrages
01:16:25de glace
01:16:26libérant des poches
01:16:27d'eau sous-glaciaire.
01:16:35Quand des millions
01:16:36de mètres cubes
01:16:36d'eau se déversent
01:16:37dans les vallées,
01:16:39les habitants
01:16:39ne peuvent rien faire.
01:16:41Ces flots
01:16:41dévastent tout
01:16:42sur leur passage.
01:16:43établies depuis des siècles
01:16:49en haute montagne,
01:16:51des familles
01:16:51ne savent pas
01:16:52si elles pourront
01:16:52y rester.
01:16:58Bibi Hayaz
01:16:59a tout perdu.
01:17:01Sa maison
01:17:01est complètement détruite.
01:17:02Là, c'était ma chambre,
01:17:10celle où mon mari
01:17:11et moi avons vécu
01:17:12pendant près de 20 ans.
01:17:14Et là, c'était la cuisine,
01:17:15l'endroit où nous partageons
01:17:16nos repas.
01:17:19Ici, la salle de bain.
01:17:23Là, c'était le Porsche.
01:17:24On vivait ici
01:17:30dans la paix
01:17:30et le confort.
01:17:35On gardait des chèvres,
01:17:37on cultivait des légumes
01:17:38et des pommes de terre.
01:17:43On était si heureux ici.
01:17:54La catastrophe
01:17:56a eu lieu en 2022.
01:17:58Le village
01:17:59n'est plus qu'un champ
01:18:00de ruines.
01:18:01Les habitants
01:18:01ont été relogés
01:18:02dans des abris
01:18:03de secours
01:18:03par une organisation
01:18:04humanitaire privée.
01:18:07Mais ils n'ont reçu
01:18:08ni aide
01:18:09ni intervention
01:18:10de l'État.
01:18:17Le gouvernement
01:18:18n'a rien fait pour nous.
01:18:20Les choses
01:18:21sont devenues
01:18:21très difficiles
01:18:22lorsque les inondations
01:18:23ont détruit nos maisons
01:18:24et nous ont tout pris.
01:18:26Le gouvernement
01:18:27aurait dû nous soutenir,
01:18:28nous aider
01:18:29à construire une maison
01:18:30ou nous apporter
01:18:32une aide financière.
01:18:34Nous n'avons reçu
01:18:35aucun soutien
01:18:35de sa part.
01:18:43Le logement
01:18:43provisoire
01:18:44dans lequel vivent
01:18:45Bibi Ayaz
01:18:45et son mari
01:18:46possède un foyer
01:18:47pour cuisiner
01:18:48mais pas de chauffage.
01:18:50Le village
01:18:51se trouve
01:18:51à 2500 mètres
01:18:52d'altitude.
01:18:53en hiver
01:18:54il peut faire
01:18:55jusqu'à moins
01:18:5520 degrés.
01:18:57En été
01:18:57en revanche
01:18:58la température
01:18:59peut atteindre
01:18:5930 degrés
01:19:00et les cloisons
01:19:02n'offrent
01:19:02aucune protection.
01:19:10Bibi Ayaz
01:19:11explique
01:19:12qu'ils n'ont pas
01:19:12les moyens
01:19:13de construire
01:19:13une nouvelle maison.
01:19:15Du fait
01:19:15de l'inflation
01:19:16tout est devenu
01:19:17très cher.
01:19:18D'ailleurs
01:19:19elle ne saurait pas
01:19:20non plus
01:19:20où s'installer
01:19:21pour échapper
01:19:21à la fonte
01:19:22des glaciers.
01:19:28Amanoula Khan
01:19:29observe les glaciers
01:19:30depuis de nombreuses années.
01:19:32Autrefois
01:19:33les masses de glace
01:19:34s'étendaient
01:19:35jusqu'à 1000 mètres
01:19:36au-dessus de son village.
01:19:37Aujourd'hui
01:19:38on n'y trouve
01:19:39plus que de la pierre.
01:19:40à chaque fois
01:19:48que ce guide
01:19:49de montagne
01:19:49monte sur les glaciers
01:19:50il mesure
01:19:51les transformations
01:19:52et les notes
01:19:53dans un carnet.
01:19:54Au Pakistan
01:19:55aucune statistique
01:19:56officielle
01:19:57n'est consacrée
01:19:58au recul des glaciers
01:19:59et pourtant
01:20:00il serait crucial
01:20:00de s'en préoccuper
01:20:01pour prendre des mesures.
01:20:03Tout est laissé
01:20:04à l'initiative privée.
01:20:05En ce qui concerne
01:20:17les effets
01:20:17du changement climatique
01:20:18sur la nature
01:20:19quelques années auparavant
01:20:22il y a 4 ans
01:20:23il y avait un glacier
01:20:25là où nous nous trouvons.
01:20:30Ce glacier
01:20:31qui s'étend à présent
01:20:32devant nous
01:20:32descendait
01:20:34beaucoup plus bas.
01:20:36Voyez-vous
01:20:36nous sommes ici
01:20:38et le glacier
01:20:39a beaucoup reculé.
01:20:42En plus
01:20:43les moraines
01:20:44les débris
01:20:45qui se trouvent
01:20:45sur les bords
01:20:46commencent à tomber
01:20:48quand le glacier
01:20:48se retire.
01:20:51Le sol situé
01:20:52au-dessus
01:20:52est alors
01:20:53entraîné
01:20:53avec elle.
01:20:54depuis ces dernières années
01:21:04la fonte
01:21:05des glaciers
01:21:06s'est encore accélérée.
01:21:09Dans la région
01:21:09la température moyenne
01:21:11augmente
01:21:11presque chaque année.
01:21:13De nombreux habitants
01:21:14du Karakorum
01:21:15redoutent une catastrophe.
01:21:17Le ministre régional
01:21:18de la formation
01:21:19lui-même
01:21:19sonne l'alarme.
01:21:20Personnellement
01:21:26j'enjoindrai
01:21:27le gouvernement
01:21:27pakistanais
01:21:28à prendre
01:21:29immédiatement
01:21:29toutes les mesures
01:21:30nécessaires
01:21:31pour enrayer
01:21:32la destruction
01:21:32que subissent
01:21:33en ce moment
01:21:33les glaciers.
01:21:34A faire tout ce
01:21:35qui lui est possible
01:21:36de faire en ce sens.
01:21:38Ne tenons pas compte
01:21:39de la communauté
01:21:40internationale
01:21:41ni de ce que font
01:21:42les autres pays
01:21:43pour nous.
01:21:44Pensons en priorité
01:21:45à notre pays
01:21:46et aux glaciers.
01:21:47Si nous n'agissons
01:21:50pas maintenant
01:21:51je pense que
01:21:52les générations futures
01:21:53ne nous pardonneront
01:21:54pas les destructions
01:21:55qui vont survenir
01:21:56dans les cinq
01:21:57ou six prochaines années.
01:22:03La classe dirigeante
01:22:04pakistanaise
01:22:05n'entreprend
01:22:06pratiquement rien
01:22:07pour freiner
01:22:07le changement climatique.
01:22:09Elle se soucie
01:22:10surtout de sa survie
01:22:11politique
01:22:11et se tourne
01:22:13vers l'étranger
01:22:13pour obtenir
01:22:14de l'aide.
01:22:15Dans ce domaine
01:22:16la Chine joue
01:22:17un rôle central.
01:22:18Sans elle
01:22:19le Pakistan
01:22:20serait au bord
01:22:21de la faillite.
01:22:30L'autoroute
01:22:31de Karakorum
01:22:31est l'un des premiers
01:22:32projets financés
01:22:33par la Chine
01:22:34dans le cadre
01:22:35de ces nouvelles
01:22:35routes de la soie.
01:22:38Il a été suivi
01:22:38par de nombreux
01:22:39autres projets
01:22:40d'infrastructures
01:22:40réalisés
01:22:41avec des investissements
01:22:42chinois.
01:22:44Quant au modèle
01:22:45de ville intelligente
01:22:46développé à Islamabad,
01:22:48il est financé
01:22:48par des fonds chinois
01:22:49mais aussi arabes.
01:22:52Ce quartier
01:22:53devrait accueillir
01:22:54plus tard
01:22:54250 000 habitants.
01:22:57De l'école élémentaire
01:22:58à l'université
01:22:59en passant
01:22:59par le terrain de golf,
01:23:01une ville du futur
01:23:02devrait voir le jour.
01:23:04Le gouvernement pakistanais
01:23:06imaginait une collaboration
01:23:07basée sur un financement
01:23:08étranger
01:23:09et de la main-d'oeuvre
01:23:10locale.
01:23:11En réalité,
01:23:12les ouvriers
01:23:13sont surtout employés
01:23:14aux tâches
01:23:14les plus simples.
01:23:16Le pays manque
01:23:17cruellement
01:23:17de professionnels
01:23:18qualifiés.
01:23:21On espérait
01:23:22que ça réduirait
01:23:23le chômage,
01:23:25que ça créerait
01:23:26des emplois
01:23:26pour les Pakistanais.
01:23:29Mais ça n'a
01:23:30manifestement
01:23:31pas été le cas.
01:23:32La Chine
01:23:36construit
01:23:36de grands ouvrages
01:23:37comme des barrages
01:23:38et des centrales électriques.
01:23:40Mais elle pourvoit
01:23:41la plupart
01:23:41des employés qualifiés.
01:23:45D'emblée,
01:23:48les Chinois
01:23:48se sont efforcés
01:23:49de rester à l'écart
01:23:50de la société pakistanaise
01:23:51et de ne pas trop
01:23:52se faire remarquer
01:23:53dans l'espace public.
01:23:55Cela ne les a pas
01:23:56empêchés
01:23:57de remplacer
01:23:58les Américains
01:23:58dans le rôle
01:23:59de l'ennemi.
01:23:59Depuis la fin
01:24:01de la guerre
01:24:02contre le terrorisme,
01:24:03de plus en plus
01:24:04de Chinois
01:24:04sont la cible
01:24:05d'attentats.
01:24:10Les islamistes
01:24:11sont aussi impitoyables
01:24:12avec les Chinois
01:24:13qu'ils ne l'avaient été
01:24:14envers les Américains.
01:24:16Au cours
01:24:16de ces dernières années,
01:24:18la situation
01:24:18s'est tendue.
01:24:20De plus en plus
01:24:21d'ouvriers,
01:24:22de commerçants
01:24:23et de diplomates
01:24:24sont victimes
01:24:24d'attentats.
01:24:26Les services
01:24:27de sécurité pakistanais
01:24:28ne parviennent pas
01:24:29à les protéger.
01:24:30D'après les experts,
01:24:32les investissements
01:24:32chinois sont l'une
01:24:33des principales causes
01:24:34de cette escalade
01:24:35de violences.
01:24:36Toutefois,
01:24:37les dirigeants chinois
01:24:38ne songent pas
01:24:39à se retirer du Pakistan.
01:24:41Le pays est bien
01:24:42trop important pour eux.
01:24:47Depuis plusieurs décennies,
01:24:49la Chine investit
01:24:50des milliards de dollars
01:24:50dans les infrastructures
01:24:51du Pakistan.
01:24:53Elle a d'abord
01:24:54construit l'autoroute
01:24:55du Karakorum
01:24:55entre la Chine
01:24:56et Abbottabad.
01:24:59Depuis,
01:25:04elle a réalisé
01:25:05beaucoup d'autres
01:25:05voies de circulation.
01:25:09Aujourd'hui,
01:25:10un câble terrestre
01:25:11à fibre optique
01:25:12relie la Chine
01:25:13à la ville
01:25:13de Rawalpindi.
01:25:15Et une ligne
01:25:16à haute tension
01:25:17alimente la métropole
01:25:18de Lahore
01:25:19en électricité.
01:25:21Des centrales
01:25:22hydrauliques
01:25:22et à charbon
01:25:23ainsi qu'un parc éolien
01:25:24constituent la base
01:25:26de l'approvisionnement
01:25:27électrique.
01:25:27Le port en eau
01:25:30profonde
01:25:30de Gwadar
01:25:31est un projet
01:25:32de grande envergure
01:25:33qui prévoit
01:25:34un aéroport
01:25:35et une centrale
01:25:35à charbon.
01:25:40Sur le plan
01:25:42géostratégique,
01:25:44le Pakistan
01:25:45intéresse la Chine
01:25:46pour deux raisons.
01:25:47La première,
01:25:51c'est qu'elle partage
01:25:52la même rivalité
01:25:53vis-à-vis de l'Inde
01:25:53et que ça lui permet
01:25:55de priver l'Inde
01:25:56d'un accès
01:25:56à l'Iran
01:25:57et à l'Asie centrale.
01:26:00La seconde,
01:26:02c'est qu'à travers
01:26:02le Pakistan,
01:26:04la Chine espère avoir
01:26:05accès à la mer d'Arabie.
01:26:11Le port en eau profonde
01:26:12de Gwadar
01:26:13est le plus ambitieux
01:26:14projet de construction
01:26:15sino-pakistanais.
01:26:17L'objectif est d'édifier
01:26:19un nouveau Dubaï
01:26:19au Pakistan.
01:26:21Pour l'instant,
01:26:22Gwadar en est encore
01:26:23très éloigné.
01:26:25Très peu de navires
01:26:26viennent s'y amarrer.
01:26:28Le port est surtout important
01:26:29sur le plan stratégique
01:26:30pour la Chine.
01:26:32Le Pakistan, lui,
01:26:33n'en retirera pratiquement
01:26:35aucun avantage économique.
01:26:37Là encore,
01:26:38c'est beaucoup d'argent
01:26:39dépensé sans apporter au pays
01:26:40l'impulsion dont il a besoin.
01:26:42Pourtant,
01:26:46les jeunes et les personnes
01:26:47qui vivent dans la pauvreté
01:26:48ont besoin
01:26:48d'une vision d'avenir.
01:26:50Depuis des décennies,
01:26:52les élites
01:26:53les bercent
01:26:53de vaines promesses.
01:27:00Elles font ainsi
01:27:01le jeu des islamistes
01:27:02qui trouvent un terrain
01:27:03favorable pour déverser
01:27:05leur haine et leur violence.
01:27:06Les militaires, eux,
01:27:15se présentent en sauveurs.
01:27:17Leur seul atout,
01:27:19l'arme nucléaire
01:27:20pour protéger le pays
01:27:21contre une agression extérieure.
01:27:26Mais ils n'ont aucune solution
01:27:28pour résoudre les problèmes
01:27:30les plus criants du Pakistan.
01:27:31Sous-titrage MFP.
01:28:01Sous-titrage MFP.
Recommandations
52:26
|
À suivre
15:06
1:40
54:15
2:40
1:44
46:24
52:15