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  • 23/07/2025
C'est quand il a environ 7 ans que Laurent se rend compte de qui est son grand-père, qui n'est vraiment pas un papi comme les autres. En effet, le grand-père de Laurent... c'était Louis de Funès.

Journaliste : Eloïse Judéaux-Legendre
Montage : Cécile Fischer
Transcription
00:00J'ai eu conscience du phénomène Louis de Funès,
00:03je dirais plutôt vers 7 ans.
00:05Bonjour Laurent de Funès,
00:06le secret pour personne, mon grand-père était Louis de Funès.
00:08Lorsque j'étais enfant, on n'avait pas du tout conscience
00:11de la stérilisation de grand-père,
00:13parce qu'en fait, on voyait un homme différent
00:15et pas celui de l'écran,
00:17et puis les réseaux sociaux n'étaient pas développés du tout,
00:19il n'y avait rien.
00:20On le vivait comme un grand-père normal,
00:22enfin normal, qui ne venait pas souvent à la maison,
00:24parce qu'il y avait une histoire de remariage et tout,
00:27mais c'est vrai que j'ai eu conscience du phénomène Louis de Funès,
00:32je dirais plutôt vers 7 ans, vers 6-7 ans.
00:35Grand-père était différent, différent derrière la caméra,
00:40mais on retrouvait des fois quand même des tas de choses.
00:45Quand il parlait, bon, d'abord la voix,
00:46il avait la même voix, forcément,
00:48donc après les mimiques, oui, c'est les gestes et tout ça,
00:51mais surtout il détestait parler de son métier.
00:54Alors ça, il détestait, il disait toujours qu'en arrivant,
00:55il disait, bon, alors on va parler de tout,
00:57mais sauf eux, on va vite parler de cinéma, comme ça,
01:00parce que pour lui, c'était vraiment autre chose.
01:02Donc il voulait vraiment parler de ce qu'on faisait,
01:05il voulait écouter un disque de jazz,
01:07boire un verre de Chablis,
01:09discuter avec mon père, discuter avec nous,
01:11voir ce qu'on...
01:12Mais jamais il ne voulait trop parler de cinéma.
01:14C'était quelqu'un de très introverti.
01:17Je me rappelle toujours, lorsqu'il venait à la maison,
01:20il y avait 10 minutes de flottement,
01:21où il était un peu, parce qu'on ne se voyait pas trop souvent non plus,
01:24où il habitait, il les tournait énormément.
01:26Donc c'est vrai qu'on ne se rend pas compte,
01:28mais ces gens-là, ils ont des vies,
01:30ils sont sans arrêt, par mois et par vaux,
01:32en train de tourner, c'est énormément de boulot, quoi.
01:34Et des fois, ils tournaient trois films par an,
01:37vous n'avez pas imaginé, c'était trois mois chaque film.
01:40Donc quand ils venaient, c'était à l'arrache,
01:41deux heures, trois heures,
01:43et donc il y avait 10 petites minutes
01:44où ça flottait un peu comme ça dans l'air.
01:46Et puis après, alors là, ça y est.
01:47Quand ils tournaient un film,
01:49il fallait toujours qu'ils nous demandent,
01:50alors, vous en avez pensé quoi ?
01:52Ça, c'était le truc, c'était...
01:54On sent qu'il y avait une angoisse
01:56de savoir ce qu'on avait pensé du film.
01:58Il fallait qu'on le regarde, toujours.
02:00Alors les enfants, ils en ont pensé quoi ?
02:02Et toi, Daniel, t'en as pensé quoi ?
02:03C'était bien ? C'était pas bien ?
02:05Et puis alors dès qu'on avait un petit doute,
02:08comme ça, je sens que c'était pas bien.
02:09Alors là, dites-le, ça vous a pas plu.
02:12Ça vous a pas plu du tout.
02:13Alors sur Abdi Jacob, il y avait une angoisse terrible.
02:15Il était sûr que ça n'allait pas marcher.
02:17Il trouvait pas ce film drôle du tout.
02:20Nous, quand on l'a vu, c'était super drôle, quoi.
02:22Je dirais que, bon, La Grande Vadrouille,
02:24Rabi Jacob, bien évidemment.
02:26J'ai aussi des tas de films,
02:28des petits films comme ça
02:28qui m'ont beaucoup plu Hibernatus
02:30dans son rôle à lui.
02:32C'est pas forcément le film dans son ensemble,
02:33c'est lui, sa composition.
02:35Dans Fantômas, certains,
02:36le dernier, Scotland Yard,
02:37il y a des choses très drôles.
02:38À chaque fois, je picore un peu partout.
02:40Alors là, La Folie des Grandeurs, j'adore.
02:43Ça, j'adore.
02:44La Folie des Grandeurs, c'est énorme.
02:46Ça, j'adore, vraiment,
02:47parce que c'est tellement drôle.
02:48Et puis, ça me rappelle le pays d'origine,
02:49l'Espagne d'où l'on vient.
02:50On est espagnol d'origine.
02:52L'Andalousie, l'arrière-grand-père,
02:54l'arrière-grand-mère, tout ça,
02:56c'est hyper drôle, quoi.
02:57Pour moi, c'est vraiment un film réussi, ça.
02:58Il faut reconnaître que,
02:59de porter ce nom de Funès,
03:01quand on est un garçon timide,
03:03comme je l'étais quand j'étais jeune,
03:04ça a toujours eu une énorme pression.
03:06Et ce qui fait qu'à l'époque,
03:07quand on n'avait pas Internet,
03:08je pouvais m'en cacher.
03:09D'ailleurs, je m'en cachais tout le temps.
03:10Et les gens me disaient,
03:11qui ont travaillé avec moi dans la publicité,
03:13c'est marrant,
03:14mais on a appris,
03:15Internet diffusant les informations,
03:17et puis on t'a vu dans des émissions,
03:19on ne savait pas que c'était ton grand-père.
03:22J'ai dit, oui, mais bon,
03:23qu'est-ce qu'oublier que ça me fasse ?
03:25Je bossais comme tout le monde,
03:26je n'avais pas besoin de m'étaler.
03:27C'est vrai qu'aujourd'hui,
03:28c'est difficile à cacher.
03:29Donc, je dirais,
03:31oui, ce n'était pas simple.
03:33On vit normalement,
03:34tant qu'on est dans l'ombre.
03:38Aujourd'hui, avec le monde d'Internet,
03:41vouloir s'en cacher et s'en extirper,
03:45ce n'est pas utile.
03:46Mais c'est vrai que je m'étais posé la question,
03:48au début,
03:49de travailler au théâtre et au cinéma
03:51pour le film qui va sortir le 24 décembre
03:53sur les écrans en France.
03:55Je m'étais dit, tiens,
03:56et si je changeais de nom ?
03:58Et si on mettait Laurent de Galarza, par exemple ?
04:00Ça pourrait le faire.
04:02Mais c'est aussi, ça veut dire,
04:04je renie,
04:05mais ça sert à quoi aujourd'hui ?
04:08Ça ne sert plus à rien, quoi.
04:09On se dit,
04:10quel est le regard des gens ?
04:11Est-ce que c'est sincère vis-à-vis de vous ?
04:12Est-ce qu'ils vous abordent uniquement
04:14à cause de votre nom ?
04:15Ou est-ce que finalement,
04:16ils vous abordent pour vous,
04:17vos compétences,
04:18ce que vous êtes ?
04:19Et la question revient souvent.
04:21C'est vrai qu'au bout d'un moment,
04:22on s'en fout.
04:23Je dirais que ça fait,
04:25il y a forcément un intérêt,
04:27c'est logique,
04:27ce nom est tellement puissant,
04:28tellement gigantesque,
04:30qu'on ne peut pas y échapper.
04:32Après, nous, on finit par s'en fiche.
04:33En fait, on se dégage de ça.
04:34C'est vrai que quand j'ai commencé
04:35à faire du théâtre,
04:37je me suis dit,
04:38mon Dieu,
04:39comment je vais gérer ça ?
04:40Je n'ai jamais eu l'habitude
04:41de gérer ça.
04:42Il n'y a pas d'apprentissage.
04:43On apprend sur le tas,
04:44je dirais,
04:45à gérer ce genre de relationnel.
04:47Et finalement,
04:47plus on est naturel
04:48et plus on s'en fiche,
04:49plus les gens vous prennent
04:51pour ce que vous êtes.
04:52Et puis voilà,
04:52ça ne se passe pas trop mal.
04:53Je dirais qu'il y a des choses
04:54qui me manquent aujourd'hui,
04:56puisqu'il n'est plus là,
04:56il est parti tôt,
04:58puisqu'il avait quand même 68 ans.
05:00Ce qui me manque,
05:00c'est d'avoir des conversations
05:01avec lui sur le métier,
05:03sur ce que j'ai pu faire.
05:05Vous savez,
05:05tout ce qu'on peut se raconter.
05:06Et finalement,
05:07d'avoir un œil aussi de sa part.
05:10Évidemment,
05:10il aurait énormément changé.
05:11Sa carrière serait terminée.
05:13Il aurait un œil différent,
05:14apaisé sur les choses
05:16et puis sur cette vie aussi
05:18qui était compliquée.
05:18Il aurait apaisé tout ça
05:19et finalement,
05:20on aurait pu avoir
05:21des vraies conversations
05:22que je n'ai pas eues forcément
05:23avec lui à l'époque.
05:24J'étais jeune,
05:25on se voyait peu,
05:26donc on n'avait pas
05:27ce type de conversation.
05:27La durée,
05:29le temps finalement,
05:31aurait permis
05:31d'avoir des conversations
05:33très apaisées
05:33sur un tas de choses.
05:35sur un tas.

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