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Dans les années 2000, plus d’une centaine de vendeurs de textile faisaient vivre le quartier du Sentier, à Paris. Désormais, ils ne sont plus qu’une dizaine. « Monsieur Tiss’art » fait partie de ceux qui résistent.

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Transcription
00:00Lui c'est Eric, vous l'avez peut-être croisé sur les réseaux sociaux.
00:15Certaines de ses vidéos enregistrent des millions de vues. Il fait partie des
00:19derniers vendeurs de textiles du quartier du Sentier à Paris.
00:21Je suis arrivé dans l'univers du textile, je ne vais pas vous cacher, c'est juste après le
00:25film La vérité si j'ai bon, ça nous a motivé et où on vivait on avait une famille qui travaillait
00:32ici déjà et donc je me suis dit pourquoi pas essayer. Je suis arrivé ici, je devais avoir 16 ans dans le
00:37quartier, donc 98. C'était la belle vie, c'était la belle vie et nous on reste quand même les
00:46anciens du quartier, c'est nous les derniers du sentier. Bien sûr madame, même deux factures,
00:51une pour aujourd'hui, une pour la prochaine fois. Je vous fais une facture d'avance comme ça,
00:58vous savez que vous me dévez de l'argent, vous avez pensé à moi. C'est bon, vous avez tout ? Super,
01:04ça fait plaisir. Je me demandais où j'avais trouvé du tissu à Paris. Et ben voilà, tu as la meilleure
01:09adresse. Tu regardes sur Insta, tu vas nous adorer c'est sûr. Quand j'étais petite, je suis née à Paris et j'ai toujours été.
01:14Ah le sentier, la belle époque. Vous avez connu la belle époque. Voilà. Et j'allais chez Bouchara,
01:21où marchait ça. Exactement. Mon maman m'a dit je ne sais pas où on achète du tissu à Paris maintenant.
01:26Ça a bien changé. Dans les années 2000, la suppression des quotas textiles a poussé les
01:31chaînes de prêt-à-porter à s'approvisionner en Asie, délaissant les grossistes du sentier.
01:36Autrefois une centaine, il ne reste plus qu'une dizaine de vendeurs dans le quartier.
01:40Je le mets dans ma poche, je suis toujours avec mon rouleau. À l'époque déjà, ce quartier,
01:46cette rue, à la base, on ne pouvait pas marcher. C'était que des entrepreneurs de confection qui
01:53étaient dans les étages. Il n'y avait pas d'appartement ici. Les trottoirs devaient faire
01:5770 cm. Ça devait arriver jusqu'ici. Voilà. Et là, c'était une double sens. Donc on recevait des
02:03containers, il y avait des chariots. On ne pouvait pas marcher dans ce quartier. On ne pouvait pas marcher.
02:07Donc aujourd'hui, c'est devenu un quartier différent. Mais nous, on reste là, on ne part pas.
02:12Voilà, on est les derniers. Et pourquoi vous ne partez pas ? Parce qu'on aime le sentier, on aime Paris,
02:17et puis c'est notre vie. Il faut qu'on reste. Si on part, il restera qui demain ? Il n'y a que nous. Donc on est là.
02:23Pour continuer à exister, les vendeurs ont dû se réinventer. Si la plupart vendent désormais
02:28depuis leur site internet, Eric a préféré se lancer sur les réseaux sociaux grâce à l'aide d'Antoine,
02:33gérant du commerce voisin. De quel frelon, celui-là ?
02:37Et t'es bien celui-là aussi ? Attends, je vous le fais deux secondes.
02:41Et toi, tu le vois l'autre ? Je ne le vois pas.
02:44Eh, frelon, dégradé, non ? Tu ne veux pas dégrader ? Il est parti, il m'a laissé tout seul.
02:49Dégradé Parme, non ? Dégradé Parme. Le dégradé Parme.
02:53Je le harcèle. Ce n'est pas son métier. Lui, c'est un spécialiste du maillot de foot vintage, hors sujet.
03:00Donc, je le...
03:02Alors, tu l'as vendu ?
03:04Je ne vends pas ça. Moi, je le garde pour faire des lancées de rouleaux, celui-là.
03:08Il est là. Je l'ai conservé.
03:11Celui, c'est mon vrai pote. Parce que comme on n'est pas concurrent, c'est naturel.
03:14Alors qu'avec les autres, ce n'est pas naturel. Tu vois, c'est plus, regarde ce que tu fais,
03:18qu'est-ce qu'il a vendu, qui, quoi, comment...
03:20Ça, c'est pas... Il y a de la concurrence, en particulier ?
03:24Bien sûr qu'il y a de la concurrence. Bien sûr. Mais elle est déguisée.
03:30C'est-à-dire déguisée ?
03:33Ça va, mon frère ? Oui, ça va. Mais ne rentre pas, par contre. Ne regarde pas ce qu'on fait.
03:38Bah oui. Donc aujourd'hui, je pense qu'il y en a pas mal qui sont abonnés à nous.
03:42Ça fait plaisir. Ça fait plaisir de déranger. Voilà. Ça fait plaisir.
03:46Le nombre de commerces de gros à Paris a chuté de 77% depuis les années 2000.
03:51Pour sa part, Éric table sur 1 million d'euros de chiffre d'affaires d'ici à 2026.
03:56Le sentier, ça restera toujours la capitale de la mode. Il peut y avoir des boutiques ailleurs.
04:00Là-haut, marché Saint-Pierre, Sacré-Cœur, même à Bobigny, là-bas.
04:04Mais le fief, c'est ici. C'est le sentier. Ça restera pour toujours.
04:08Et nous, on est là. Donc, il faut venir nous visiter.
04:10Il faut donner de la force aux commerçants qui sont encore là, parce qu'il y en a de moins en moins.
04:13Bienvenue dans le sentier.
04:15Le sourire, ça fait plaisir. C'est gratuit.

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