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Richard Virenque est de retour sur le Tour de France dès ce lundi 21 juillet à Montpellier et avant l'étape du Mont Ventoux ce mardi. Vous connaissez forcément les relations amicales entre Cyclism'Actu et Richard Virenque qui a été invité sur ce Tour par l'organisation Amaury Sport Organisation. N'en déplaise à certains mais Virenque est une figure incontournable de la Grande Boucle.

Il est le recordman du nombre de maillots à pois gagnés, avec sept maillot à pois. Toujours aussi passionné, l’ancien grimpeur évoque avec émotion sa victoire légendaire au Mont Ventoux en 2002 – l’année de son retour après l’affaire Festina – et revient sur ce col mythique qui a tant compté dans sa carrière, alors que les coureurs l'empruntent ce mardi. Le maillot de meilleur grimpeur fête également ses 50 ans cette année. Virenque en souligne la valeur symbolique, entre combativité, panache et amour de la montagne. Entretien empreint de souvenirs et de franc-parler !

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Sport
Transcription
00:00Bonjour Richard, merci d'accorder cette petite interview à Cyclisme Actu en ce Tour de France.
00:11Ça fait un petit moment qu'on ne vous a pas eu, donc est-ce qu'on pourrait avoir commencé quelques petites nouvelles ?
00:17Ça va plutôt bien quand on est au mois de juillet et que le Tour a démarré, que les cigales sont sorties en Provence
00:24et que le soleil est radieux, on va dire, c'est magnifique.
00:30Bon, est-ce que vous allez aller sur le Tour cette année, dans cette 112ème édition ?
00:36Oui, je suis convié pour l'étape du Ventoux, Montpellier-Leventoux, donc j'ai hâte d'y être.
00:48Oui, ça va être une belle étape, un beau final avec une belle explication avec les favoris,
00:54le Ventoux, le Mont-Chauve qui reste un théâtre incontournable cette année sur le Tour.
01:05Le Ventoux, ça doit vous rappeler des bons souvenirs, notamment il y a 23 ans, une année de 2002.
01:11Oui, oui, c'est clair, de gagner au Ventoux quand je suis revenu après l'affaire Fessina,
01:23donc oui, ça faisait plaisir de revenir déjà sur le Tour et de m'imposer devant un certain Lance Armstrong très remuant,
01:34donc j'ai été très, très content, très fatigué parce que j'avais fait quand même une échappée, encore une fois, plus de 200 kilomètres.
01:43Donc non, ça reste de bons souvenirs.
01:46Le Ventoux, j'ai eu la chance de le gagner à plusieurs reprises dans le Dauphiné, deux fois,
01:51et là, dans le Tour de France, il y a maintenant 20 ans.
01:54Qu'est-ce qui rend ce col si spécial, le Mont-Rentoux, le Mont-Chauve, comme on l'appelle ?
02:01Spécialité, difficulté optimale, 18 kilomètres d'ascension.
02:07Le problème, c'est qu'on le voit de loin, donc c'est assez stressant.
02:11Généralement, s'il y a de l'air, il y a pas mal de vent, il y a un stress à l'approche, avec des bordures, il faut être très vigilant,
02:20donc on met du grand braquet, et ensuite, on arrive dans la forêt, dans l'ascension, après Bédouin,
02:28et là, une difficulté, plus de 10, 12% moyenne, avec une chaleur généralement très élevée, plus de 32, 34 degrés,
02:39pendant 10 kilomètres, et ensuite, chalet Rénard, là, pas un arbre, et on est à plus de 1500 mètres d'altitude,
02:49donc là, l'altitude commence à jouer, et les derniers kilomètres, plus on monte, plus c'est dur, pour finir, tout là-haut.
02:58La difficulté aussi, c'est que souvent, il y a un vent défavorable, et donc plus la difficulté, ça reste compliqué.
03:08Est-ce que pour vous, c'est le col le plus dur de France ?
03:11Non, non, il y en a d'autres, mais la bonnette reste au fond, reste un col très difficile,
03:20mais le Ventoux, pour ceux qui ne connaissent pas dans la difficulté, on va dire, c'est deux fois l'Alpe d'Huez.
03:27Ouais, ok.
03:28C'est comme si, voilà.
03:30Donc, on monte l'Alpe d'Huez deux fois, et bien, ça cumule l'ascension du Ventoux, pour montrer la difficulté.
03:36Ouais, comme ça, les gens peuvent se faire une petite idée.
03:39Ouais, ouais.
03:42Bon, aussi, cette année, une année spéciale sur le Tour, puisque c'est les 50 ans du maillot à poids.
03:48Qu'est-ce que ça vous fait, ce maillot ?
03:49Qu'est-ce qui vous procure comme émotion, à chaque fois qu'on vous rappelle ce maillot à poids ?
03:54Moi, franchement, ce maillot à poids récompense celui sur le Tour qui est un peu dans l'action.
04:06Ça peut être le maillot de la combativité, cumulé, plus la montagne,
04:11parce que le maillot à poids, pour aller le chercher à Paris, pour remporter le maillot à poids,
04:16il faut quasiment faire un Tour omniprésent à l'avant, en montagne.
04:20Et forcément, pour aller le conquérir, il faut se montrer, dès que l'école arrive,
04:27on va dire, à partir de deuxième catégorie, première catégorie, hors catégorie.
04:31Donc là, c'est pas faire juste une journée devant, pour le gagner, je parle.
04:37Donc, il faut être présent tout au long, généralement, du Tour.
04:42Généralement, la deuxième et la troisième semaine, quand tout le monde commence à être très fatigué,
04:49et il faut se lancer dans des opérations.
04:51Donc, il faut être assez bon sprinter en boss, pour pouvoir déjà prétendre de l'acquérir,
04:58et ensuite, avoir une bonne aptitude de récupération et de persévérance.
05:03Donc, moi, c'est incarné ma façon de courir.
05:07Donc, c'est pour ça que ce maillot, on va dire, ce classement était quelque part taillé pour moi.
05:14Et quand j'ai commencé à y goûter en 92, j'ai commencé à confronter, on va dire, à l'époque, Claudio Capucci.
05:2492, je fais deuxième derrière Claudio Capucci du classement de la montagne.
05:27Donc, voilà, j'étais tout jeune, 21 ans, et j'ai goûté au maillot à poing.
05:33Et les années qui ont suivi, je me suis dit, c'est un maillot qui peut me convenir.
05:38Donc, il faut se lancer à l'assaut.
05:41Et voilà, donc, grâce à, on va dire, à ce maillot, les gens, la popularité, tout ça s'est collé à ça.
05:49Et voilà, ça fait un tout.
05:51Mais en tout cas, c'est celui qui est assez remuant dans le peloton, qui prend des risques à l'avant.
06:00Et voilà, quoi.
06:02Vous l'avez remporté cette fois, c'est un record.
06:05Est-ce que c'est une statistique qui vous tient à cœur, ça ?
06:10Quand j'étais dans mes dernières années de carrière, je me suis dit, ça serait pas mal de le mettre à 7.
06:19Bon, sachant qu'il y a deux tours de France, je suis resté dans le vestiaire.
06:25Donc, les deux tours de France où j'étais, on va dire, dans mon état de grâce physique.
06:33Et voilà, donc aujourd'hui, on est à 7.
06:36Je me dis que j'aurais pu faire mieux, mais déjà, 7, c'est pas mal.
06:40Il y a des regrets sur ça ? De ne pas être monté à 8 ou 9 ?
06:43Pas de regrets, mais quand vous êtes cycliste professionnel, que la carrière dure une dizaine d'années
06:51et que quelque part, on vous met sur le banc, sur un banc, parce qu'il faut faire passer des messages,
06:59c'est un peu dur à digérer, quoi.
07:01On comprend.
07:03Allez, sur ces 7 maillots à poids, est-ce qu'il y en a un qui reste votre favori ?
07:07Peut-être le premier, le dernier ? Je ne sais pas.
07:10Dites-moi tout.
07:10Franchement, la première fois que j'ai goûté au maillot à poids, c'était au Tour 92.
07:19Ça, ça m'a fait vraiment quelque chose.
07:22Et de découvrir le Tour, parce que je ne connaissais pas le Tour, l'ampleur du Tour.
07:25Et derrière ça, on va dire, ça m'a transformé dans l'état d'esprit.
07:32Et du côté de me dire, c'est vraiment quelque chose qui me plaît et on va essayer d'aller le conquérir.
07:47Et franchement, sur tous les tours que j'ai faits, j'ai eu la chance, sur les 13 participations du Tour,
07:55d'être toujours à l'action, ou pour le classement général, ou pour le maillot à poids, ou pour gagner une étape.
08:02Donc, forcément, et après, j'avais une équipe autour de moi qui me permettait d'envoyer des équipiers pour faire des points,
08:12pour garder le maillot au chaud, on va dire, dans la formation.
08:14Notamment, quand on se rappelle notre regretté Pascal Hervé, qui allait aux avant-postes pour prendre des points,
08:22prendre le maillot à poids, ou des coureurs comme Laurent Brochard, des coureurs talentueux qui se permettaient de prendre le maillot à poids.
08:29En attendant que j'aille le chercher dans la dernière semaine, que je m'économise.
08:35Parce qu'à un moment donné, je commençais à courir, pas à l'économie, mais on cherchait, on va dire, le Graal.
08:40Quand vous avez gagné, on va dire, 5 fois, 4 fois le maillot à poids.
08:44D'un coup, on se dit, bon, qu'est-ce qu'on peut faire d'autre, quelque part ?
08:48Donc, voilà, pour expliquer que le maillot à poids, c'est un maillot qui donne une dimension et on se transforme quelque part grâce à l'engouement du public.
09:06Quand on est français et les gens au bord de la route, c'est un maillot qui est rapidement reconnaissable.
09:15Donc, c'est très sympa.
09:17Et la fête du mois de juillet, tout le monde est en vacances.
09:20La fête est magique et le tour est magique.
09:23Est-ce que pour vous, c'est vraiment une mentalité en vrai particulière, le maillot à poids ?
09:27Est-ce que ça représente justement cet attaquant, ce grimpeur ?
09:30Un peu le chouchou du public aussi, souvent.
09:32Oui, chaque année, quand vous regardez celui qui gagne le maillot à poids, en fait, il a été les trois semaines quasiment aux avant-postes, à l'attaque, dans des performances.
09:44En tout cas, sa récompense, c'est un peu le maillot jaune de la montagne, mais le maillot jaune de celui qui a été, on va dire, même s'il n'a pas gagné, quelque part, il a été attaquant.
09:56C'est l'attaque en nez, et quand on voit, sur les dernières années, que Pogacar, quelque part, il prend le maillot à poids, quelque part, c'est mérité aussi, parce qu'il attaque, et il attaque dans des moments difficiles en montagne.
10:13Bon, maintenant, les points sont... Ils ont arrêté de les doubler, à part un hors catégorie, donc ça va peut-être changer la donne, mais en tout cas, le maillot à poids,
10:25ils récompensent celui qui passe, on va dire, le mois de juillet à l'avant, et voilà, donc c'est tout simplement comme ça.
10:36Justement, sur ce maillot à poids, est-ce que vous n'avez pas l'impression qu'il a été un peu dévalué ces dernières années ?
10:41C'est l'impression que beaucoup de personnes ont, que ce n'est plus souvent l'objectif principal des coureurs, mais un peu un objectif secondaire,
10:49ou le fait tout simplement que les favoris du général, sans vraiment le vouloir, comme Pogacar à plusieurs reprises,
10:54ont réussi à remporter ce maillot, un peu par défaut.
11:00Je trouve que... Non !
11:04Moi, le problème, quand vous laissez un héritage, comme j'ai fait, plein de fois de le gagner,
11:10après, il y a des coureurs qui vont le gagner une fois, ils vont le gagner deux fois,
11:15mais le plus difficile dans tout ça, vous savez, quand vous faites un classement,
11:20ou des grosses performances dans une carrière, il faut pouvoir les répéter.
11:25C'est la répétition qui fait, on va dire, un palmarès et tout ça.
11:30Donc, après, le maillot change de tête et voilà.
11:35Donc, moi, je ne trouve pas qu'il est dévalué, bien au contraire.
11:39Donc, il y a des Français qui essayent d'aller l'accrocher, qui l'ont accroché.
11:45Que ce soit Julien Alaphilippe, il y a quelques années, qui l'avait sublimé derrière.
11:52Et grâce à ce maillot, derrière, il est allé flirter avec le maillot jaune.
11:55Que ce soit Romain Bardet aussi, qui flirtait avec les podiums et qui avait le maillot à poids.
12:02Que ce soit Barguil qui l'a gagné.
12:05Et après, bon, malheureusement, derrière, il faut passer la deuxième vitesse.
12:11Vous voyez ce que je veux dire ?
12:12Il faut rééditer les années.
12:16Et là, ça devient compliqué.
12:17Donc, aujourd'hui, il y a un petit jeune qui s'appelle Léni Martinez, qui est allé le chercher dans une étape, on va dire, où il y avait pas mal de points.
12:29Mais maintenant, le plus dur reste à faire.
12:33Donc, il faut qu'il soit présent.
12:36Le passage des Pyrénées et il y a des gros points.
12:39Donc, voilà.
12:39Donc, maintenant, on se lance vraiment dans le vrai combat.
12:42Mais en tout cas, ça galvanise et ça sublime le coureur qui essaie de le gagner.
12:51Allez, dernière petite question.
12:52Le petit pronostic de Richard Viranque.
12:55Qui sera maillot à poids à la fin du Tour de France 2025 à Paris ?
13:01Pour moi, ce sera Vindegaard.
13:05Vindegaard parce que je pense qu'il va lui donner du fil à retordre à Pogacar.
13:13Et peut-être qu'il ne gagnera pas le Tour, mais il aura comme récompense ce maillot à poids.
13:20Peut-être qu'il peut lui faire du bien.
13:23Parce que quand on regarde Vindegaard, c'est une personne introvertie qui est un peu trop timide.
13:30Et je pense que le maillot à poids lui ferait du bien dans son relationnel image.
13:35que Tadjaï Pogacar, le maillot jaune et stylé.
13:40Même, il a gagné plusieurs fois le maillot à poids.
13:42Aujourd'hui, voilà.
13:43Donc, je pense que Vindegaard va peut-être aller le chercher sur les podiums à Paris.
13:48Merci pour ce petit pronostic et cette interview accordée à Cyclisme Actu.
13:55On espère vous voir au plus vite sur les routes.
13:58On l'a compris aussi sur le Tour de France, l'étape de Vancouver.
14:01Merci Richard Vieronque.
14:02Merci, bonne journée à tous. Au revoir.
14:05Au revoir.
14:07Nickel, merci beaucoup.
14:08Et puis, bonne journée et bon tour.
14:14Merci, au revoir.

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