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La série BFM Business « Les théoriciens de l’économie » revient sur les théories économique de grand penseurs du XXème siècle, Friedrich von Hayek, John Maynard Keynes, et Karl Heinrich Marx.
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00:00On savait qu'il allait de plus en plus mal.
00:08Puis on nous a annoncé qu'il était mort.
00:12Mon mari m'a dit « Tu dois prévenir tout le monde ».
00:15Et je me suis retrouvée à appeler la planète entière.
00:18On me demandait « Vous l'avez dit au président américain ? »
00:23« Vous avez prévenu Mme Thatcher ? »
00:30Après tout, on n'appelle pas le président des Etats-Unis au beau milieu de la nuit pour lui annoncer la mort de n'importe qui.
00:39Frédéric Hayek était un génie de l'économie.
00:42Pour de nombreux hommes et femmes qui ont façonné le monde dans lequel nous vivons, c'est une source d'inspiration.
00:48De temps en temps, Margaret Thatcher fouillait dans son sac et en ressortait un petit morceau de papier avec une citation dessus.
00:54Et parfois il s'agissait d'une citation de Hayek.
00:56Pendant plusieurs générations, les dirigeants occidentaux n'ont juré que par une idée économique unique, le marché libre.
01:05Après la crise financière, cette doctrine a été mise à mal et notre foi est ébranlée comme jamais auparavant.
01:12Mais ce chaos a permis à un grand visionnaire de renaître de ses cendres.
01:16Les théories de Frédéric Hayek n'ont peut-être jamais semblé plus d'actualité.
01:20Nous sommes à un tournant de l'histoire où les idées de Hayek méritent vraiment d'être écoutées.
01:32De tous les grands penseurs du libéralisme économique, Hayek est de loin le plus radical.
01:38Il pensait que le marché devait être plus libre qu'aucun gouvernement ne l'avait jamais permis.
01:42Selon lui, les politiciens doivent arrêter d'essayer de contrôler les fluctuations du marché et laisser les choses suivre leurs cours.
01:51C'est sans nul doute un grand penseur, même si ses théories sont très sujettes à de nombreuses controverses.
01:57Dans notre saga sur les théoriciens de l'économie, vous allez découvrir la vie et les théories révolutionnaires de trois hommes extraordinaires.
02:06John Maynard Keynes, Karl Marx et Friedrich Hayek.
02:10Tous ont vu le monde changer de façon spectaculaire et devenir de plus en plus complexe et interconnecté.
02:16Le destin de la planète toute entière repose maintenant sur le pouvoir de l'argent.
02:20Et ces trois hommes ont des idées très différentes sur la façon de procéder.
02:24Même en pleine crise économique, Hayek préconise au gouvernement de rester en retrait et de ne rien faire.
02:31Intervenir ne ferait qu'aggraver les choses.
02:33Personne n'a envie d'entendre ça.
02:36Mais aujourd'hui, puisque nous avons épuisé toutes les méthodes habituelles pour faire repartir l'économie,
02:41peut-être est-il enfin temps de suivre les conseils de Hayek.
02:54Le monde est encore sous le choc de la crise financière de 2008.
03:06La peur est palpable ici.
03:08Le Dow Jones a connu ses cinq pires journées en cinq ans.
03:11Jusqu'à cette crise, les dirigeants occidentaux pensaient que le libre marché était le meilleur moyen de créer de la richesse.
03:19Mais dans leur version de l'économie de marché, inspirée par des penseurs tels que Milton Friedman,
03:27ils pensent que si les choses tournent mal, ils peuvent intervenir et ajuster le système pour que tout rentre dans l'ordre.
03:32Aujourd'hui, les disciples de l'économiste autrichien Friedrich Hayek estiment que c'est cette arrogance qui nous a mis dans le pétrin.
03:39Et que si nous voulons en sortir, nous devons enfin nous en remettre à la seule théorie qui vaille.
03:45Afin de comprendre comment les gouvernements et non les marchés ont provoqué la crise, nous devons remonter aux années qui l'ont précédée.
03:54Les Etats-Unis ont réduit leur taux d'intérêt. On s'y attendait, mais le timing est quelque peu surprenant.
04:01Janvier 2001.
04:03La réserve fédérale des Etats-Unis réduit les taux d'intérêt afin de relancer la croissance.
04:08Ces motivations sont les mêmes que toutes les banques centrales dans la même situation.
04:13Permettre aux entreprises et aux ménages d'emprunter plus facilement et de chercher des investissements rentables.
04:21Comme vous pouvez l'imaginer, le président est ravi.
04:24C'est le genre de mesures que les chefs d'Etat attendent de la part des banques centrales en période de difficulté économique.
04:29Je pense que le coup était nécessaire.
04:34C'était une statement forte.
04:35S'il avait été en vie, Friedrich Hayek aurait considéré que la décision de la réserve fédérale des Etats-Unis de baisser les taux d'intérêt, loin d'éviter les problèmes,
04:54a semé les graines de la crise financière actuelle.
04:56Hayek croyait que presque toutes les interventions du gouvernement dans l'économie,
05:03du sauvetage des entreprises en difficulté à la régulation des tarifs douaniers en passant par la manipulation des taux d'intérêt,
05:09étaient vouées au désastre.
05:13Après 2001, la réserve fédérale des Etats-Unis continue à faire baisser les taux d'intérêt du pays,
05:18nourrissant ainsi un boom immobilier qui a fini par devenir hors de contrôle.
05:22Début 2007, la bulle immobilière américaine éclate, marquant le début de la crise financière mondiale, comme Hayek l'aurait prédit.
05:33Beaucoup pensent que personne n'aurait pu prévoir ces événements et que nous n'aurions rien pu faire pour les empêcher.
05:39C'est totalement faux.
05:41Ce qui se passe en ce moment, des hommes comme Hayek, eux, l'avaient prédit.
05:45A première vue, la théorie d'Hayek sur la crise n'a rien de révolutionnaire.
05:53Vous n'êtes pas dupe.
05:54Pour vous, l'argument selon lequel la Fed aurait en partie provoqué la crise en fixant des taux d'intérêt trop bas,
06:00poussant tout le monde à trop emprunter, c'est du déjà vu.
06:04Mais Hayek va plus loin.
06:06La Fed n'a pas seulement fait une erreur de calcul en fixant les taux d'intérêt,
06:10mais surtout la fixation des taux d'intérêt ne devrait absolument pas être de sa compétence.
06:19C'est ce rejet radical du rôle de l'État dans la régulation du marché
06:23qui différencie Hayek des autres penseurs du libéralisme économique.
06:27Il pensait que si les gouvernements laissaient le marché se réguler tout seul,
06:31ce dernier ne s'en porterait que mieux.
06:32Ce n'est pas Greenspan qui a demandé à la Fed de baisser les taux d'intérêt à 1%.
06:41C'est le gouvernement.
06:42C'est du contrôle des prix.
06:44Le gouvernement américain fixe les taux d'intérêt de la même façon que l'Union soviétique
06:48fixait le prix du pain et de l'essence.
06:51C'est au marché de réguler les taux d'intérêt, pas au gouvernement.
06:55Et si ça avait été le cas, ces derniers auraient été bien plus élevés
06:58et nous n'aurions pas eu tous ces problèmes.
07:00Frédéric Hayek est né à Vienne en 1899.
07:07C'est dans son enfance que naît sa foi inébranlable en un marché libre débridé.
07:12A l'époque, la capitale autrichienne fourmillait d'intellectuels
07:15tels que Freud et Wittgenstein, dont beaucoup devinrent tamis avec Hayek.
07:21Peu de gens ont vu ces photos de famille.
07:23Avec l'âge, grandit en lui le besoin de trouver un sens au monde moderne qui se dessine autour de lui.
07:36À 13 ou 14 ans, j'ai commencé à harceler tous les prêtres que je connaissais
07:39pour qu'ils m'expliquent ce qu'ils entendaient par Dieu.
07:41Aucun d'entre eux n'a su me répondre.
07:45Pour moi, c'en était fini de tout ça.
07:48Hayek grandit dans une famille de scientifiques.
07:52Comme beaucoup d'autres inquiétuels de Vienne à cette époque,
07:55ils se placent à penser qu'ils sont engagés dans une grande quête pour percer les mystères de l'univers.
07:59Depuis le siècle des Lumières, la science a permis de résoudre bien des énigmes,
08:07notamment sur les origines de la vie elle-même.
08:10En grandissant, Hayek est attiré par ce qu'il considère comme la dernière frontière de la connaissance,
08:16les mystérieux rouages de l'économie dans toute sa puissance et sa complexité.
08:21Il croit déceler une nouvelle science de l'économie dans la théorie de l'évolution de Darwin.
08:25La physique, qui permet d'établir des prévisions précises en termes d'éclipses et de mouvements planétaires,
08:34n'est pas un bon modèle pour comprendre le fonctionnement des phénomènes sociaux.
08:38C'est la raison principale pour laquelle Hayek s'est tourné vers la théorie de l'évolution.
08:43Il voulait démontrer que science n'est pas forcément synonyme de prévision précise, de contrôle,
08:48contrairement à ce qu'affirment beaucoup de ses détracteurs.
08:50Si nous étions une science, nous pourrions modeler la société comme un ingénieur bâti un pont.
08:58C'est également la théorie de l'évolution de Darwin qui est à la base des théories d'Hayek sur le capitalisme.
09:04Selon lui, le marché global a évolué au fil de l'histoire de l'humanité,
09:08pour finalement devenir une sorte de merveille de la nature, permettant à la civilisation d'avancer.
09:13Hayek voit le marché comme un système de télécommunication traitant des milliards d'informations sur nos besoins,
09:26nos désirs et les ressources dont nous avons besoin pour les assouvir.
09:30Tout cela nous est transmis au travers de prix, dont les fluctuations conditionnent nos actions.
09:43Pour Hayek, c'est tout simplement merveilleux.
09:48Et selon lui, plus le marché est libre, mieux il fonctionne.
09:52La plupart du temps, c'est notre désir de contrôle qui se retourne contre nous.
10:08Hayek pense que l'intervention de l'État pourrait compromettre le bon fonctionnement du marché
10:12en transmettant des signaux biaisés aux acheteurs et aux vendeurs
10:15et estime que le contrôle de la masse monétaire par le gouvernement pourrait avoir des conséquences désastreuses.
10:22Inflation galopante, chômage, dettes incontrôlables.
10:34Après la Première Guerre mondiale, Hayek constate les ravages
10:37que peut entraîner le contrôle abusif du gouvernement sur l'économie.
10:42Même les familles les plus fortunées de Vienne peinent à se nourrir.
10:47Et personne ne comprend pourquoi.
10:52Après la guerre, le gouvernement autrichien se retrouve avec d'énormes dettes et de faibles recettes fiscales.
11:03Il demande donc à la Banque Nationale d'imprimer l'argent dont il a besoin
11:06en échange d'obligations ou de billets à ordre.
11:10Ce qu'ignore encore les hommes aux commandes des planches à billets
11:13et leurs dirigeants politiques,
11:15c'est qu'ils ne sont pas uniquement en train de créer de l'argent,
11:17mais également de l'inflation.
11:22La masse monétaire du pays augmente.
11:24Les gens ont donc plus d'argent à dépenser.
11:27Mais la quantité de biens en circulation, elle, reste plus ou moins changée.
11:31Résultat, les prix flambent et l'inflation s'installe.
11:34En fait, la situation se détériore à tel point
11:38que le taux d'inflation du pays atteint les 10 000 %.
11:42Le patrimoine financier du pays part en fumée.
11:47Ceux qui avaient un emploi continuent à travailler,
11:49mais ne peuvent plus se permettre d'avoir des domestiques.
11:53Tous ces gens se retrouvent donc sans emploi du jour au lendemain.
11:56Avec une économie en piteux état,
12:01la banque centrale autrichienne tente de combattre le feu par le feu.
12:07En été 1922, les prix doublent chaque mois.
12:12Pour tenter de suivre le rythme,
12:14les banquiers impriment les billets avec de plus en plus de zéro,
12:17afin de refléter ce qui se passe dans les magasins.
12:19A la fin, ce billet de 500 000 couronnes
12:22permettait à peine d'acheter un morceau de pain.
12:26Bien entendu, le fait d'injecter de plus en plus d'argent dans l'économie
12:29n'a fait qu'empirer les choses.
12:32Et les responsables de cette crise,
12:34ce sont les politiciens autrichiens.
12:37Ils imprimaient des billets pour régler leurs dettes
12:40depuis le début de la première guerre.
12:42Et ne comprenaient pas que ça les mènerait tout droit vers l'inflation.
12:46C'est l'ignorance qui a causé cette crise.
12:51Après avoir vu son pays à genoux,
12:53Hayek conservera une peur presque viscérale
12:56de l'inflation pour le reste de sa vie.
12:58Une peur que la Banque centrale autrichienne
13:00ressent encore aujourd'hui.
13:06Ce qui se produit ensuite aux Etats-Unis
13:08l'amène à penser qu'il existe encore pire
13:11pour un gouvernement que l'ignorance,
13:13l'orgueil.
13:15Pour lui, cette époque tout entière
13:16montre bien le cataclysme que peut provoquer le gouvernement
13:19quand il tente d'utiliser le pouvoir de l'argent
13:22pour façonner l'économie.
13:24Dans les années 1920,
13:26les Etats-Unis enregistrent la plus grande croissance
13:28que le monde ait jamais connue.
13:30Les consommateurs ne savent plus où donner de la tête.
13:32Voiture, téléphone, tourne-disque,
13:35le cours des actions ne cesse d'augmenter.
13:37Les plus grands économistes américains
13:39pensent que le boom ne s'arrêtera jamais.
13:41Début 1929, en Autriche,
13:52Hayek est convaincu qu'il se trompe du tout au tout.
13:57Nommé directeur du récent institut autrichien
13:59pour la recherche économique,
14:01ce travail consiste à comprendre
14:03pourquoi l'économie a toujours oscillé
14:05entre expansion et récession.
14:08Il appelle ça le modèle du 19e siècle,
14:10bien que ce phénomène soit loin d'appartenir
14:13uniquement au passé.
14:17L'institut est basé dans la Chambre de commerce de Vienne.
14:21Là, Hayek développe sa nouvelle théorie
14:23sur les cycles expansion-récession
14:25ainsi qu'une toute nouvelle vision du marché.
14:34Beaucoup pensent que la crise
14:36est une sorte de catastrophe naturelle imprévisible
14:39capable de détruire une économie sans crier gare.
14:43Pour Hayek, c'est au cours de l'expansion
14:45que seraient semées les graines de la récession.
14:48Le monde étant devenu incroyablement interconnecté,
14:52Hayek se base sur le boom américain
14:54pour tenter de déterminer le futur
14:55de l'économie autrichienne.
14:58Chaque mois, il rédige un rapport
15:00sur l'état de l'économie européenne.
15:01En 1929, il prédit la fin du boom
15:05des marchés américains.
15:11Et il a raison.
15:13En octobre 1929,
15:15Wall Street s'effondre
15:16et les années folles laissent place
15:18à la tourmente.
15:18Pour établir sa prédiction,
15:27Hayek n'a eu qu'à observer
15:28ce qui se passait
15:29à la nouvelle banque centrale américaine.
15:31La Fed, la réserve fédérale des Etats-Unis,
15:34a été fondée en 1913
15:36afin de stabiliser les banques privées du pays,
15:39réputées et instables,
15:40en leur proposant une source de crédit fiable.
15:43La grande idée d'Hayek,
15:45c'est que c'est le coût d'emprunt,
15:46donc le taux d'intérêt fixé
15:48par des banques centrales
15:49comme la réserve fédérale de New York
15:50qui a conduit à un boom insoutenable
15:53et causé l'inéluctable dépression.
15:58Dans les années 1920,
16:00le gouverneur de la Fed
16:01a une idée révolutionnaire.
16:05Benjamin Strong
16:05pour pouvoir se servir
16:07du pouvoir de la banque centrale
16:08sur les taux d'intérêt
16:09pour influencer le cours de l'économie.
16:12A bien des égards,
16:13cette idée marque le début
16:14de la politique monétaire moderne.
16:17Strong commence par acheter
16:19de la dette publique sur les marchés,
16:21ce qui a pour effet
16:22d'augmenter la masse monétaire du pays.
16:25Mais contrairement
16:25aux malheureux banquiers autrichiens,
16:28Strong a une stratégie.
16:30Là, la Fed n'achète pas
16:31de bons du trésor
16:32pour rembourser ses dettes,
16:34mais pour injecter de l'argent
16:35sur le marché
16:35et maintenir les taux d'intérêt
16:37à des niveaux très bas
16:38afin d'encourager les particuliers,
16:41les ménages et les entreprises
16:42à emprunter aux banques.
16:44Et cela fonctionne.
16:53L'intervention de Strong
16:56a vraiment ouvert la voie
16:57au système financier actuel.
17:01Grâce à tous les crédits
17:02qu'il crée,
17:03le cours des actions
17:04ne cesse d'augmenter.
17:06Les taux d'intérêt sont si bas
17:07que beaucoup empruntent
17:08pour acheter des actions.
17:09D'autres investissent massivement
17:11dans l'immobilier.
17:13La Fed espère que son intervention
17:15va permettre de pérenniser le boom.
17:18Mais Hayek pense que la politique
17:19de Strong
17:20va inévitablement mener à la crise.
17:23Pour lui,
17:24le faible coût d'emprunt
17:25envoie de mauvais signaux
17:26aux investisseurs.
17:29En effet,
17:30le bas niveau des taux d'intérêt
17:31laisse croire que le pays
17:32épargne davantage,
17:33que les banques débordent d'argent
17:35qui n'attendent qu'à être prêtés
17:36puis investis.
17:38C'est faux.
17:39Quand la réserve fédérale
17:48détecte les premiers signes
17:49d'avertissement,
17:50il est déjà trop tard.
17:58La crise a éclaté
17:59quand les taux d'intérêt
18:00ont augmenté
18:01et quand les investisseurs
18:02ont commencé à réaliser
18:03que les banques
18:04n'avaient pas assez d'argent
18:05pour faire face
18:05à leurs engagements.
18:06Pour Hayek,
18:12la leçon est sans équivoque.
18:14En nourrissant le boom
18:14avec un faible coût d'emprunt,
18:16la Fed a contribué
18:17au krach de Wall Street
18:18et à la Grande Dépression.
18:20La crise financière actuelle
18:25a de grandes similitudes
18:27avec celle de 1929.
18:29Dans les deux cas,
18:30la décennie précédant
18:31la dépression
18:32a été marquée
18:32par de faibles taux de crédit
18:33qui ont alimenté
18:35un boom immobilier
18:36qui n'était pas vraiment
18:36viable à long terme.
18:38Les ordinateurs
18:39des banques centrales actuelles
18:40sont capables
18:41de générer
18:41des modèles économiques
18:43inimaginables
18:44pour Benjamin Strong.
18:45Mais les disciples d'Hayek
18:47affirment que la Fed
18:48n'a rien retenu
18:48des erreurs commises
18:49dans les années 20.
18:51Début 2000,
18:52elle recommence
18:52à maintenir
18:53des taux d'intérêt
18:53à un niveau trop bas
18:54pendant trop longtemps.
18:56Mais la question
18:57fait toujours débat.
19:01Le rôle du président
19:02de la Fed
19:03est de faire en sorte
19:04que quoi qu'il arrive,
19:05la Fed continue
19:06à battre son plein.
19:07Pas de couper la musique,
19:08même si en réalité,
19:09c'est à ça
19:10que son travail
19:10devrait consister.
19:12La Fed devrait être
19:13indépendante,
19:13mais ce n'est pas le cas.
19:15Elle agit de concert
19:15avec le gouvernement
19:16afin d'essayer
19:17de maintenir
19:18une prospérité illusoire.
19:21Les taux d'intérêt
19:23étaient très faibles,
19:25notamment parce que
19:26les pays excédentaires,
19:27comme la Chine,
19:28pour ne citer qu'elle,
19:30avaient beaucoup d'argent
19:31qu'ils étaient
19:32tout à fait disposés
19:33à prêter à taux bas.
19:36Dans ces conditions,
19:38comment les Américains
19:39auraient-ils pu imposer
19:40des taux plus élevés ?
19:43Si c'est uniquement
19:46la faute de la Fed,
19:48alors pourquoi est-il arrivé
19:49exactement la même chose
19:50en Europe ?
19:51Même si elle avait
19:52effectivement fait une erreur
19:53en fixant les taux d'intérêt.
19:55Ce n'est pas ça
19:55qui aurait causé la crise.
19:57Les responsables,
19:58ce sont les marchés
19:58déréglementés,
19:59ces cow-boys de la finance.
20:03Le krach de 1929
20:05a des répercussions
20:06dans le monde entier.
20:07Crise bancaire,
20:09terrible dépression
20:09aux États-Unis
20:10et dans la plupart
20:11des pays européens.
20:13Hayek persiste à dire
20:14que c'est à cause
20:15des taux d'intérêt
20:16restés trop bas
20:16pendant le boom.
20:18Mais quelques années plus tard,
20:20un autre penseur
20:21du libre marché
20:21entre en jeu,
20:23Milton Friedman.
20:25Il tient un discours
20:25aux antipodes
20:26de celui d'Hayek.
20:28Pour lui,
20:28la Fed n'a pas injecté
20:29trop d'argent
20:30dans le système,
20:31mais au contraire,
20:32trop peu.
20:34Encore aujourd'hui,
20:35c'est cette version
20:35que retiennent
20:36la plupart des politiciens
20:37et économistes.
20:38Hayek se trompe
20:43sur toute la ligne.
20:46Ce ne sont pas
20:46de mauvaises spéculations
20:48dues au boom du crédit
20:49qui sont responsables
20:50de la grande dépression
20:51des années 1930
20:52et de ses conséquences
20:53catastrophiques.
20:57Il s'agit
20:57d'un effondrement
20:58désastreux
20:59du secteur bancaire
21:00qui n'a rien à voir
21:01avec de soi-disant
21:02spéculations hasardeuses.
21:04Alors que la dépression
21:07s'installe,
21:08Hayek est invité
21:09à donner une série
21:10de conférences
21:11à la London School
21:11of Economics,
21:12la LSI.
21:16La LSI espère ainsi
21:18couper l'herbe
21:18sous le pied
21:18de sa grande rivale,
21:20Cambridge,
21:21dont la nouvelle théorie
21:22économique fait couler
21:22beaucoup d'encre.
21:25A l'origine
21:25de cette approche,
21:27John Maynard Keynes.
21:32Le conflit
21:33Keynes-Hayek
21:33est aussi pertinent
21:34aujourd'hui
21:35que dans les années 30.
21:37Il a même
21:37fait le buzz
21:38sur Internet.
21:47Cette version
21:48surréaliste
21:49de leur bataille
21:50d'idées
21:50a été visionnée
21:52près de 2 millions
21:52de fois sur le net.
22:03L'adversaire
22:12d'Hayek,
22:12Keynes,
22:13joue dans la catégorie
22:14des poids lourds.
22:16On dirait que rien
22:16ne peut arrêter
22:17ce nouveau théoricien
22:18de l'économie.
22:19C'est un remake
22:20de David
22:20contre Goliath.
22:24Keynes avait deux cerveaux.
22:26On dit qu'il a causé
22:28plus de complexes,
22:28d'infériorités justifiées
22:30que n'importe quel autre homme
22:31de sa génération.
22:33Hayek n'était pas connu.
22:35Il avait 16 ans
22:36de moins que Keynes.
22:38Ils se sont brouillés
22:39lors de leurs premières rencontres
22:41et ont continué
22:41à se disputer
22:42jusqu'à leur mort.
22:44Ce grand débat
22:45né en 1931
22:46a toujours cours
22:47aujourd'hui.
22:49Quand l'économie
22:50bat de l'aile,
22:51le gouvernement
22:51doit-il intervenir ?
22:54Pour Keynes,
22:54c'est un oui catégorique.
22:56Hayek,
22:57de son côté,
22:57y est opposé.
22:59Pour une fois,
23:00c'est aussi simple
23:00que ça.
23:03Pour Keynes,
23:04c'était un problème moral.
23:07Lorsque des gens
23:07se retrouvaient sans emploi,
23:09il fallait tout faire
23:09pour leur redonner
23:10du travail.
23:13Hayek, lui,
23:14voyait les choses
23:14différemment.
23:16Selon lui,
23:18on n'en savait pas assez
23:19sur l'économie.
23:21Et par conséquent,
23:22jouer à l'apprenti sorcier
23:23entraînerait forcément
23:25des effets indésirables,
23:26encore pire
23:27que les problèmes
23:28que l'on essayait
23:29de régler au départ.
23:35Le combat acharné
23:37entre Hayek et Keynes
23:38incarne un clivage
23:39qui existe encore aujourd'hui.
23:45C'est l'un des plus grands débats
23:46de l'histoire
23:47de la pensée intellectuelle.
23:49Elle a inspiré
23:49les différences
23:50entre la droite
23:51et la gauche actuelle,
23:52entre ceux qui veulent
23:53intervenir dans l'économie
23:55et ceux qui préfèrent
23:56la laisser suivre son cours.
24:02C'est l'une des plus importantes
24:04batailles intellectuelles
24:05du XXe siècle.
24:06Et à l'époque,
24:07c'est Keynes
24:08qui l'emporte.
24:09Et de loin.
24:11En 1933,
24:12alors que la dépression
24:13ne montre aucun signe
24:14d'amélioration,
24:16le président Roosevelt
24:17lance un gigantesque programme
24:18de dépenses publiques
24:19très keynésien.
24:20Pendant le New Deal,
24:23toutes sortes d'infrastructures
24:24se multiplient
24:25à travers les Etats-Unis.
24:26La plus connue d'entre elles
24:27est sans doute
24:28le barrage Hoover
24:29en Arizona.
24:32C'est la première fois
24:32de l'histoire
24:33qu'un pays tente sérieusement
24:34de sortir de la crise.
24:36Hayek pense tout de même
24:37qu'il s'agit d'une erreur.
24:39Selon lui,
24:39l'économie a besoin
24:40d'une période d'assainissement
24:41pour se purger
24:43de tous les mauvais investissements
24:44réalisés pendant le boom
24:45et ne permettre
24:46qu'aux entreprises
24:47en bonne santé économique
24:48de subsister.
24:51Hayek considère
24:52le New Deal
24:52comme un placebo
24:53empêchant l'écosystème
24:55du marché
24:55de cicatriser naturellement.
24:58Plutôt que d'intervenir,
24:59le gouvernement
25:00devrait rester en retrait
25:01et laisser la récession
25:03faire son travail.
25:07Pour Hayek,
25:08le boom
25:09avait été causé
25:09par une mauvaise politique.
25:11et la récession économique
25:14constituait le retour
25:16à la normale.
25:17Ça impliquait
25:18la liquidation
25:19de certains projets
25:19qui n'étaient pas viables
25:21sur le long terme.
25:27Mais au beau milieu
25:28de la pire crise
25:29que le capitalisme
25:30ait jamais connu,
25:31la pilule est un peu
25:32dure à avaler
25:33pour les politiciens.
25:35Hayek est ignoré.
25:36Retour au présent.
25:48Lorsque la crise éclate
25:49en 2008,
25:50les responsables politiques
25:51sont pris de court.
25:53Après la fermeture
25:54de la Lehman Brothers,
25:56l'une des plus célèbres
25:57banques d'investissement,
25:58le gouvernement américain
25:59se tourne immédiatement
26:00vers Keynes
26:01afin d'essayer
26:02d'endiguer le problème.
26:03Et il ne fait pas
26:05les choses à moitié.
26:07Investissant des centaines
26:08de milliards de dollars
26:09pour soutenir les banques,
26:10les compagnies d'assurance
26:11et même les plus grands
26:12constructeurs automobiles
26:13du pays
26:14et ainsi leur éviter
26:15la faillite.
26:16Apparemment,
26:17une grande purge
26:18de l'économie,
26:19comme l'aurait préconisé Hayek,
26:20n'est pas à l'ordre du jour.
26:22Le fait que nous ayons
26:23besoin d'une récession
26:24ne me réjouit pas.
26:25Bien au contraire.
26:26Mais si le gouvernement
26:27n'avait pas interféré
26:28avec l'économie,
26:29nous n'aurions jamais
26:30connu cette croissance illusoire.
26:31En d'autres termes,
26:33si nous n'avions pas
26:34pris de drogue,
26:35nous n'aurions pas eu besoin
26:36de cure de désintoxication.
26:38Pendant cette période
26:39de 2008,
26:40dans le monde entier,
26:41les gens étaient terrifiés
26:42de voir la récession
26:43se transformer en dépression.
26:46Aujourd'hui,
26:47le monde est tellement
26:48interconnecté
26:48que ce genre de phénomène
26:50se propage facilement.
26:51C'est pour cette raison
26:52que dans de nombreux
26:53pays différents,
26:54on a décidé de tout faire
26:55pour y mettre un terme.
26:56Aujourd'hui,
27:00les banques centrales
27:01suivent une autre idée
27:01keynésienne.
27:03Maintenir les taux d'intérêt
27:04à un niveau bas
27:04afin d'encourager
27:05les emprunts
27:06et ainsi stimuler
27:07l'activité économique.
27:09Mais pour l'Autrichien Hayek,
27:11cette politique
27:11n'a aucun sens
27:12car l'intervention
27:13du gouvernement
27:14dans le marché
27:15est la porte ouverte
27:16à un désastre
27:17de plus grande envergure.
27:19Pensez-vous que
27:20la théorie d'Hayek
27:21sur la politique actuelle
27:22de la Fed
27:22est pertinente ?
27:24Leur politique revient
27:25à essayer d'éteindre
27:26un feu avec de l'essence.
27:28Comment espèrent-ils
27:29mettre un terme
27:30au problème
27:30de la flambée du crédit
27:32en octroyant
27:33encore plus de crédits ?
27:35Tout ce qu'ils vont
27:35réussir à faire,
27:36c'est recréer
27:37la même situation
27:38et se retrouver
27:38avec une nouvelle bulle,
27:40cette fois-ci
27:41du dollar
27:41et des obligations.
27:46Hayek et Keynes
27:47se battaient
27:48pour savoir
27:48quelle était
27:48la meilleure façon
27:49de gérer le capitalisme.
27:51Mais au fil des années 30,
27:53Hayek décide
27:53d'aller encore plus
27:54loin et de se demander
27:56si le capitalisme
27:57est vraiment
27:57la meilleure manière
27:58d'organiser la société
27:59ou si ce sont
28:00les nouvelles idéologies
28:01communistes et fascistes
28:03avec leur économie
28:04centralisée planifiée
28:05qui détiennent
28:06la réponse.
28:07Il est convaincu
28:08que tous se trompent.
28:11Hayek
28:11dit que
28:12si les hommes
28:13ont du mal
28:14à comprendre
28:15comment gérer
28:15l'incertitude,
28:17c'est parce qu'ils ont
28:17du mal à comprendre
28:18comment gérer le monde
28:19qui est trop complexe
28:21pour eux.
28:22un système
28:24de marché
28:25transmet tellement
28:25d'informations
28:26qu'il donne
28:27l'impression
28:27que c'est faisable.
28:29La planification
28:29centralisée
28:30va ployer
28:31sous le poids
28:31de l'impossibilité
28:32de comprendre
28:33la complexité
28:34de l'économie.
28:35C'est l'idée
28:35la plus importante
28:36d'Hayek
28:37et si les gens
28:38l'avaient écouté,
28:39ils ne se seraient
28:39jamais sentis
28:40aussi menacés
28:40par le communisme
28:41parce que
28:42la planification
28:43centralisée
28:43a croulé
28:44sous le poids
28:44de sa propre
28:45inconsistance.
28:47Hayek a compris
28:48les coûts économiques
28:49d'une planification
28:50centralisée
28:51mais la seconde guerre
28:52mondiale
28:53l'incite à se pencher
28:54sur les implications
28:54politiques.
28:56Bien entendu,
28:57il ne veut pas
28:57que les alliés
28:58perdent
28:58mais quand il voit
29:00à quel point
29:00l'effort de guerre
29:01affecte l'économie,
29:02il est inquiet
29:03de voir ce qui
29:03adviendra
29:04s'il gagne.
29:05A quoi bon
29:06battre les nazis
29:07si c'est pour découvrir
29:08que notre liberté
29:09est désormais aux mains
29:10d'une armée
29:10de bureaucrates ?
29:12Quand la seconde guerre
29:14mondiale éclate,
29:15le gouvernement
29:15britannique
29:16prend le contrôle
29:17de l'économie
29:17et concentre sa puissance
29:19sur l'effort de guerre.
29:21Hayek craint
29:22qu'il ne lâche
29:22plus jamais prise.
29:26Après 1945,
29:28beaucoup souhaitaient
29:28maintenir la politique
29:29d'économie planifiée
29:31mise en place
29:31pendant la seconde guerre
29:32mondiale.
29:33Un inspecteur
29:34gouverneur
29:34vérifie que les measurements
29:35sont 90 inches long
29:36et 60 inches wide
29:37et que le poids
29:38est 4,5 pounds.
29:39Alors que le gouvernement
29:42impose à chaque usine
29:43de couverture
29:43combien elle doit
29:44en produire,
29:45Hayek commence
29:46à écrire un livre
29:47critiquant le contrôle
29:48de l'État
29:48sur l'économie.
29:52Cette œuvre
29:53va changer le cours
29:54du XXe siècle
29:55et déclencher
29:56une bataille politique
29:57qui a toujours cours
29:58aujourd'hui.
30:04Ce cahier d'écolier
30:06contient une copie
30:07manuscrite
30:08de l'œuvre
30:08de mon beau-père,
30:11La route de la servitude.
30:14C'est le troisième
30:15ou quatrième brouillon
30:17d'une version
30:17dactylographiée
30:18plus longue
30:19qui a plus tard
30:20été détruite
30:21par erreur.
30:24C'est la seule version
30:26de la route
30:26de la servitude
30:27qui est survécue.
30:31Dans La route
30:32de la servitude,
30:33Hayek aborde
30:34un argument moral.
30:36Le gouvernement
30:36tenterait de contrôler
30:37l'économie
30:38pour réduire son peuple
30:39en esclavage.
30:40Plus on accorde
30:42de pouvoir à l'État,
30:43moins on a de liberté,
30:45d'abord économique,
30:46puis politique.
30:48Cette érosion
30:49progressive
30:49de la liberté politique
30:50pousse le peuple
30:51à réclamer
30:52un homme de poigne,
30:53un dictateur,
30:54afin de rétablir l'ordre,
30:57ce qui mène
30:57inexorablement
30:58au totalitarisme.
31:00L'ouvrage est dédicacé
31:04aux socialistes
31:05de tous les partis.
31:07Ça,
31:08il était tellement...
31:09La route
31:10de la servitude
31:11est publiée en Angleterre
31:12en 1944
31:13sans tambour
31:14ni trompette.
31:16Mais de l'autre côté
31:16de l'Atlantique,
31:17c'est très différent.
31:19En avril 1945,
31:21Hayek donne une courte série
31:22de conférences
31:23dans des universités
31:24américaines.
31:24Avant son arrivée,
31:28un long extrait
31:28du livre
31:29est publié
31:29dans le Reader's Digest
31:31qui compte
31:32plus de 8 millions
31:32d'abonnés.
31:34La mise en garde
31:35d'Hayek
31:35contre le grand méchant
31:36gouvernement
31:37trouve un écho
31:38auprès de nombreux
31:39américains.
31:42La route
31:44de la servitude
31:44correspond parfaitement
31:46à la notion
31:46d'individualisme
31:47à l'américaine,
31:48au sentiment
31:49que n'importe qui
31:49peut devenir millionnaire
31:51s'il s'en donne
31:51les moyens
31:52et à l'anxiété
31:53héritée
31:54des pères fondateurs.
31:54qui se demandaient
31:56si le gouvernement
31:57fédéral
31:57empiétait trop
31:58sur le pouvoir
31:59des états.
32:02Après la guerre,
32:04avec l'avènement
32:04de l'état-providence,
32:06le champ d'action
32:06du gouvernement
32:07grandit
32:08dans le monde
32:08occidental.
32:10Dans son livre,
32:13Hayek explique
32:14pourquoi la situation
32:15a dégénéré.
32:18Il propose
32:19une vision alternative
32:20qui est,
32:21selon moi,
32:22très pertinente.
32:24« Pour faire simple,
32:27il s'agit
32:28de la liberté
32:28dans l'état
32:29de droit. »
32:31Ce qu'il a voulu
32:34exprimer dans son livre
32:35et qu'il a d'ailleurs
32:36fini par dire
32:37dans les années 1960,
32:38c'est que la mise
32:40en place
32:40d'un état-providence
32:41altérerait
32:42la santé
32:43de la démocratie.
32:46Je pense que c'est
32:47l'un des points
32:48sur lesquels
32:48il s'est lourdement
32:49trompé,
32:50même si cette partie
32:51de sa pensée
32:52est encore très populaire
32:54auprès de bon nombre
32:55de ses disciples
32:56libertariens.
32:59En fait,
33:00Hayek est en faveur
33:01de la mise en place
33:02d'un filet de sécurité
33:03par l'État.
33:04Mais ses partisans
33:05actuels n'en font
33:06que peu de cas.
33:08Le socialisme
33:09est bien plus développé
33:10aujourd'hui
33:10qu'à l'époque
33:11où il a écrit son livre.
33:12Il s'infiltre lentement
33:13dans l'économie
33:14et nombreux sont ceux
33:15qui ne remarquent rien
33:16jusqu'au jour
33:17où on n'est plus
33:18sur la route
33:18de la servitude
33:19mais au bout du chemin.
33:20Prenez l'Angleterre victorienne.
33:26C'était un marché libre
33:28avec très peu
33:29d'intervention
33:29gouvernementale.
33:31Vous croyez vraiment
33:32qu'en 1870,
33:34le citoyen lambda
33:36se sentait libre ?
33:38Je pense qu'en raison
33:40de l'extrême précarité
33:41des pauvres,
33:42obligés de constamment
33:43flatter la classe supérieure
33:44pour s'assurer
33:46une petite chance
33:46de survie,
33:47c'était une époque
33:49de servilité,
33:50de soumission.
33:53Donc, à mon avis,
33:54il y a plus de liberté
33:55et de dignité
33:56dans un état
33:57providence modéré
33:58que dans le paradis
34:00libertarien d'Hayek.
34:09Malgré le succès
34:10de la route
34:11de la servitude
34:11dans les années 1950
34:13et 1960,
34:15Hayek se retrouve
34:15dans la tourmente politique.
34:17Les gouvernements
34:18du monde occidental
34:19accueillent avec enthousiasme
34:20les idées du grand rival
34:21d'Hayek,
34:22John Maynard Keynes.
34:28La nouvelle doctrine
34:29capitaliste prône
34:30l'intervention
34:30de l'État
34:31dans l'économie.
34:33Le cours de l'histoire
34:34a joué contre Hayek.
34:35« Il a sombré dans la dépression.
34:42Personne ne l'écoutait
34:43ni ne lisait ses livres.
34:46Il avait l'impression
34:47que l'Angleterre
34:48allait passer à gauche.
34:49Il avait choisi
34:52d'être britannique
34:53et en tant qu'économiste,
34:55il voyait bien
34:55que tout allait de travers. »
34:59Mais en 1974,
35:02Eska reçoit
35:03un coup de téléphone.
35:05C'est l'homme
35:05qui avait invité Hayek
35:06à la London School
35:07of Economics
35:0840 ans auparavant
35:09pour affronter Keynes.
35:10« J'ai reçu un appel
35:15de Lionel Robbins.
35:17Il m'a demandé
35:18« Vous êtes bien assise ? »
35:19J'ai répondu « Oui. »
35:22Et il m'a annoncé
35:23que Friedrich
35:24avait reçu
35:25le prix Nobel d'économie.
35:28C'est comme s'il avait
35:31été fait chevalier.
35:34Le prix Nobel,
35:35rien que ça.
35:36Le 10 décembre 1974
35:41à Stockholm,
35:43Friedrich von Hayek
35:44reçoit le prix Nobel.
35:46Un véritable tournant
35:47pour lui.
35:49Il était déprimé,
35:51il approchait de la retraite
35:52et soudain,
35:54c'est comme si sa vie
35:54recommençait.
35:56Tout lui souriait.
35:58« Tout lui s'est passé pour lui. »
36:01Alors que tout semble lui réussir,
36:14l'Angleterre s'enfonce
36:14dans la récession.
36:16Les grèves font désormais
36:17partie du quotidien
36:18des Britanniques.
36:20Le consensus keynésien
36:21d'après-guerre s'effondre.
36:27Quelques mois après
36:28le prix Nobel de Hayek,
36:30le parti conservateur britannique
36:31se tourne vers
36:32un nouveau dirigeant.
36:34La montée au pouvoir
36:35de Margaret Thatcher
36:36place Hayek
36:37sur la scène politique
36:38pour la première fois.
36:40« De temps en temps,
36:41Margaret Thatcher
36:41fouillait dans son sac
36:42et en ressortait
36:43un petit morceau de papier
36:44avec une citation dessus.
36:46Et parfois,
36:46il s'agissait
36:47d'une citation de Hayek. »
36:49Considéré comme
36:50un outsider politique
36:51pendant la majeure partie
36:52du XXe siècle,
36:54Hayek a désormais
36:55le soutien de celle
36:55qui va devenir
36:56le prochain premier ministre
36:57britannique.
36:58« On aurait tort de penser
37:01que son approche
37:02de Hayek
37:03était celle
37:03d'une étudiante.
37:05En réalité,
37:05elle essayait
37:06de s'inspirer,
37:07d'explorer
37:07la pensée
37:08de grands hommes.
37:09Et elle savait
37:10qu'en citant Hayek,
37:11qui était l'un
37:12des plus célèbres
37:13d'entre eux,
37:13elle ferait
37:14forcément mouche. »
37:161979, Margaret Thatcher
37:19arrive au pouvoir,
37:20bien décidée
37:21à bâtir
37:21une nouvelle Angleterre.
37:22Un changement audacieux
37:24qui a véritablement
37:24façonné le monde
37:25dans lequel nous vivons
37:26aujourd'hui.
37:29« Nous avons opéré
37:30un changement
37:31de stratégie politique
37:32radicale
37:33qui a été ajusté
37:34depuis,
37:35mais sur lequel
37:36nous ne sommes
37:37jamais vraiment revenus.
37:41Elle fait écho
37:42au discours
37:42que tenait Hayek
37:43dans les années 1940,
37:45quand il disait
37:46que nous étions
37:47engagés
37:47sur la route
37:48de la servitude
37:49et que nous devions
37:50emprunter
37:51un tout autre chemin. »
37:56Sous le slogan
37:57« Rolling back the state »,
37:59Margaret Thatcher
38:00entreprend
38:01de réduire
38:01le rôle de l'État.
38:02Les entreprises publiques
38:03sont privatisées,
38:05les dépenses
38:05et les taxes publiques
38:06réduites.
38:07Le gouvernement
38:07n'a presque plus
38:08de contrôle
38:09sur le marché,
38:10les prix,
38:10les salaires,
38:11les dividendes
38:12et les échanges internationaux.
38:14L'Angleterre
38:14quitte la route
38:15de la servitude.
38:17« Nous étions vraiment
38:19sur la même longueur d'onde
38:20que Hayek.
38:22Nous n'étions pas là
38:23à feuilleter son œuvre
38:24pour y dénicher
38:25de bonnes idées
38:26pour le gouvernement.
38:27Nous avions simplement
38:28la même vision des choses. »
38:33C'est dans le conflit
38:34opposant les conservateurs
38:36au syndicat britannique
38:37que se dessine
38:37le meilleur aperçu
38:38du monde actuel.
38:40Margaret Thatcher
38:41souhaite mettre un terme
38:42à l'influence des syndicats
38:43qu'elle considère
38:44comme envahissante.
38:46Mais comment ne pas
38:46se mettre à dos
38:47la population entière ?
38:49C'est dans la philosophie
38:49d'Hayek
38:50qu'elle trouve la réponse.
38:55« She, elle place
38:57la liberté
38:57au cœur du débat.
38:58Il ne s'agit pas
38:59de dire que les ouvriers
39:00sont épouvantables
39:01et qu'il faut les écraser,
39:02mais qu'ils sont opprimés
39:03par leurs dirigeants
39:04syndicaux.
39:04en défendant son pays
39:12et libérant les travailleurs
39:13du joug syndicaliste,
39:15elle a vraiment fait écho
39:16à Hayek
39:16et à la liberté
39:17qu'ils prônent.
39:22Hayek et Thatcher
39:23s'entendent
39:24sur de nombreux points.
39:25Mais il existe
39:26entre eux
39:26une différence cruciale.
39:28Si Hayek
39:29pense qu'il faut
39:29libérer le marché
39:30pour éviter
39:30que les hommes politiques
39:31ne détiennent
39:32trop de pouvoir,
39:32Thatcher, elle,
39:34estiment qu'il est possible
39:35d'allier politique libérale
39:37et centralisation
39:37des pouvoirs.
39:39Cette tension
39:39entre l'idée d'Hayek
39:40et l'instinct de domination
39:41présent chez les politiciens,
39:43aussi libéraux soient-ils,
39:45n'a jamais vraiment disparu.
39:52Je pense que Margaret Thatcher
39:54a sous-estimé
39:55l'importance
39:56des institutions
39:56et de l'existence
39:58d'un contre-pouvoir
39:59au sein de la société.
40:02Hayek, lui,
40:05était bien plus conscient
40:06qu'elle
40:07du rôle des autorités,
40:08des municipalités
40:09et des zones commerciales
40:10locales.
40:15L'influence politique
40:22d'Hayek
40:23atteint son paroxysme
40:24en 1986
40:25quand le gouvernement
40:26Thatcher supprime
40:27la plupart des régulations
40:28qui brident la city.
40:29Le Big Bang
40:31libère les marchés financiers,
40:33donnant ainsi naissance
40:34au vaste système mondial
40:35interconnecté
40:36que nous connaissons
40:37aujourd'hui.
40:39Mais ce n'est pas exactement
40:40la vision libérale
40:41du marché
40:41dont rêve Hayek.
40:43Les disciples d'Hayek
40:45diraient que
40:45les dérégulations
40:46du système financier
40:47nées dans les années
40:481980 et 1990
40:50ont joué un grand rôle
40:51dans la crise.
40:53Car le marché
40:53n'a jamais été
40:54entièrement libre.
40:55En promettant
40:56implicitement aux institutions
40:57financières
40:58de voler à leur secours
40:59si jamais les choses
41:00tournent mal,
41:00les gouvernements
41:01ont faussé la donne.
41:04Dans le capitalisme
41:05tel que nous le connaissons
41:06aujourd'hui,
41:07il semblerait
41:08que les institutions financières
41:09qui ont provoqué
41:09la récente crise
41:10aient tous les droits,
41:12sauf celui d'échouer.
41:16C'est le problème
41:18du « too big to fail ».
41:20Face,
41:21les banques gagnent,
41:22pile,
41:23le contribuable perd.
41:24C'est toujours
41:25le même pari,
41:26encore et encore,
41:27sauf qu'à chaque fois,
41:29la mise augmente.
41:31Et les institutions financières
41:32savent pertinemment
41:33que si elles perdent,
41:35les gouvernements
41:35n'auront pas d'autre choix
41:36que de voler
41:37à leur secours
41:38et de les renflouer.
41:40C'est ça qui pose problème
41:42et qui doit être stoppé.
41:44Les banques n'ont pas droit
41:46à l'erreur,
41:47c'est un fait.
41:48Mais est-ce un facteur
41:50significatif
41:51de l'envolée du crédit ?
41:52Rien ne le prouve.
41:53Il est vrai
41:55que notre système
41:55est biaisé
41:56par le fait
41:57que les grosses banques
41:58ne peuvent pas
41:59se permettre d'échouer.
42:00Néanmoins,
42:01je ne pense pas
42:01que ce soit ça
42:02qui ait causé la crise.
42:03À mon avis,
42:04elle résulte
42:05d'une incapacité générale
42:06à appréhender les risques.
42:12Au cours
42:13des 30 dernières années,
42:14les politiciens
42:15de tous bords
42:16ont laissé le marché
42:16étendre son influence
42:17à une part
42:18de plus en plus importante
42:19de la société.
42:20Mais ils ont tourné
42:21le dos à l'idée
42:22la plus révolutionnaire
42:23d'Hayek,
42:24abandonner l'argent
42:25au marché.
42:26Imaginez,
42:28au lieu d'avoir
42:28dans chaque pays
42:29une monnaie unique
42:30en circulation
42:31émise par une banque centrale,
42:33des dizaines de devises
42:34seraient en concurrence
42:35entre elles.
42:37N'importe qui,
42:38entreprise,
42:39banque,
42:39particulier,
42:40pourrait produire
42:41sa propre monnaie,
42:43la soumettre
42:43à la libre concurrence
42:44et c'est le marché
42:45qui déterminerait
42:46la valeur
42:47de chaque devise.
42:48Hayek lui-même
42:49admet que cette idée
42:50peut paraître délirante
42:51mais elle empêcherait
42:53enfin les gouvernements
42:54d'abuser du pouvoir
42:55de l'argent.
43:01Aux Etats-Unis,
43:02un homme a tenté
43:03de suivre ce précepte.
43:08Il a pris l'idée
43:09la plus controversée
43:10d'Hayek
43:10et la mise en application.
43:12Bernard von Notaos
43:26se considère
43:26comme un architecte monétaire.
43:29Les autorités américaines
43:30comme un terroriste.
43:33Pour certains,
43:35ce qui lui est arrivé
43:35montre à quel point
43:36les gouvernements
43:37prennent leur monopole
43:38monétaire au sérieux.
43:39« L'économie,
43:43c'est barbant,
43:44mais l'argent,
43:45l'argent,
43:46l'argent,
43:46l'argent,
43:47c'est excellent,
43:48l'argent,
43:48c'est sexy,
43:49l'argent,
43:50c'est fun.
43:51Il permet aux gens
43:52de réaliser leurs rêves,
43:53de faire tout ce qu'ils veulent.
43:55L'argent,
43:55c'est fantastique.
43:57C'est ça qui m'a plu
43:57chez Hayek.
44:00Dans son livre,
44:02il appelle le peuple
44:02à prendre le contrôle
44:04et à produire
44:05son propre argent.
44:06Funnotaos a créé
44:10sa propre devise,
44:12une pièce d'argent
44:13appelée Liberty Dollar
44:14que n'importe qui
44:15pouvait acheter.
44:17Et beaucoup l'ont fait.
44:18Grâce à lui,
44:18l'équivalent d'une cinquantaine
44:19de millions de dollars
44:20en pièces d'argent
44:21circule maintenant
44:22dans l'économie américaine.
44:23Et pour cela,
44:24il s'est grandement inspiré
44:26d'Hayek.
44:26« Pour lui,
44:27le problème,
44:28c'est que l'argent
44:29a toujours appartenu
44:30à l'État
44:30et le gouvernement
44:31abuse de son pouvoir
44:33en créant de l'argent
44:34à partir de rien.
44:36Selon Hayek,
44:36la solution,
44:38c'est l'abolition
44:38de la banque centrale,
44:40la fin de la réserve fédérale.
44:41J'ai trouvé
44:42cette idée fantastique. »
44:46Depuis que Benjamin Strong
44:47a été nommé
44:48à la tête de la Fed
44:49dans les années 1920,
44:50les banques centrales
44:51exercent leur contrôle
44:52sur la masse monétaire
44:53pour tenter d'influer
44:54sur les hauts
44:55et les bas de l'économie.
44:57Mais Hayek
44:57et ses disciples
44:58pensent que les banques centrales
45:00sont à l'origine
45:00de la plupart
45:01des problèmes du capitalisme
45:03et non des solutions.
45:04« Je ne suis pas en train
45:07de dire qu'il faut
45:08fermer la Fed
45:09du jour au lendemain.
45:11Il faudrait qu'il y ait
45:12un audit de la banque centrale
45:13d'un côté,
45:14des idées de Hayek
45:15sur l'argent
45:15et la libre concurrence
45:16de l'autre
45:17et voir celui
45:18qui l'emporte.
45:18Mais le vrai problème,
45:21c'est que les banques centrales
45:22revendiquent le monopole
45:23et nous empêchent
45:24de mettre en place
45:25une économie
45:25de marché privé.
45:30C'est une vision utopique
45:31qui nous renvoie
45:32à l'âge d'or
45:33où les monnaies
45:33et les hommes
45:34étaient libres.
45:35Pendant une longue période,
45:36le gouvernement américain
45:38n'avait pas
45:38le monopole monétaire.
45:40Il y avait tout un système
45:41de banques non réglementées
45:42qui émettait des devises
45:44en concurrence
45:44les unes avec les autres.
45:46Système très enclin
45:47aux crises financières.
45:48Donc, l'histoire a montré
45:49que la libre concurrence
45:50des monnaies
45:50n'est pas la solution.
45:55Peut-être.
45:56Mais l'histoire
45:57a également prouvé
45:57que le contrôle du marché
45:59par le gouvernement
45:59n'était pas non plus
46:00une franche réussite.
46:01Pour Hayek,
46:02la vraie utopie,
46:03c'est croire que les banques centrales
46:05et n'importe qui d'autre d'ailleurs
46:06pourront un jour saisir
46:08la complexité étourdissante
46:09de notre économie moderne.
46:11Hayek dit que
46:12puisque le gouvernement
46:13n'est pas compétent
46:13dans ce domaine,
46:14il ferait mieux d'abandonner.
46:16D'arrêter,
46:17d'intervenir
46:17dans la politique monétaire
46:18ou de ne plus avoir
46:19de banque centrale
46:20si on pousse
46:20le raisonnement
46:21à l'extrême.
46:22C'est du rêve.
46:28En tentant
46:29de se mesurer
46:30à la Fed,
46:31Von Notaus a attiré
46:32l'attention
46:32des autorités américaines.
46:33en 2007,
46:35le FBI intervient.
46:40Je pense qu'il commence
46:41à nous voir
46:42comme une menace
46:42plutôt que comme une solution.
46:44L'architecte monétaire
46:46à l'origine du Liberty Dollar
46:47s'est exprimé
46:48au sujet du gouvernement américain
46:49et de la descente de police
46:50survenue à son siège social
46:51d'Evansville.
46:55Von Notaus
46:55est accusé
46:56de contrefaçon.
46:58C'est ici,
46:59en Caroline du Nord,
47:00qu'a eu lieu son procès.
47:01Quand il est appelé
47:02à la barre en 2011,
47:04il parle de Friedrich Hayek.
47:07C'était tout à fait pertinent
47:09dans le cadre
47:09de ma défense.
47:11Ça montrait
47:11que ça n'était pas
47:12juste une idée loufoque
47:13que j'avais sortie
47:14de ma manche,
47:15mais celle
47:16d'un célèbre lauréat
47:17du prix Nobel.
47:19Il disait
47:20exactement la même chose.
47:28Bernard von Notaus
47:29a été reconnu coupable
47:30et en cours une peine
47:32de plus de 20 ans
47:32de prison.
47:42Je crois que c'est celle-là
47:43dont il était
47:44le plus fier.
47:46L'ordre des compagnons
47:48d'honneur
47:48remis par la reine
47:50Elisabeth II
47:51à Buckingham Palace
47:52en 1984.
47:54Il était fou de joie
47:56quand il reçut.
47:57Vers la fin de sa vie,
48:01Friedrich Hayek
48:02est acclamé par tous.
48:04Sa foi inébranlable
48:05dans la puissance
48:05du libre marché
48:06a inspiré
48:07les politiciens
48:08du monde entier.
48:11Celle-là vient
48:12de l'université catholique
48:13de Caracas.
48:15En matière
48:16de politique économique,
48:18la plupart
48:18des dirigeants
48:19occidentaux
48:19des années 1980
48:20se sont tournés
48:21vers un penseur
48:22du libre marché
48:22dont les idées
48:23étaient moins difficiles
48:24à entendre.
48:26La théorie
48:26de Milton Friedman,
48:28selon laquelle
48:28les gouvernements
48:29doivent exercer
48:30leur contrôle
48:30sur la masse monétaire
48:31pour diriger l'économie,
48:33est toujours une référence
48:34dans de nombreux pays.
48:37En ce sens,
48:38Friedman,
48:38contrairement à Hayek,
48:40a donné aux hommes politiques
48:41les armes nécessaires
48:42pour soutenir
48:42le marché libre
48:43et s'accrocher
48:44au reine du pouvoir.
48:46La vie d'Hayek
48:47s'étend sur l'ensemble
48:48du XXe siècle.
48:50Une époque marquée
48:51par des avancées
48:52scientifiques révolutionnaires
48:53mais également
49:03par des désastres
49:04économiques
49:04sans précédent.
49:06Entre ces deux dynamiques,
49:08Hayek en vient à penser
49:09que les grandes crises
49:09du capitalisme
49:10auraient pu être évitées
49:12si les hommes politiques
49:13ne confondaient pas
49:14science et économie.
49:16Au cours du XXe siècle,
49:18pour les économistes,
49:19le défi fut de taille.
49:20Comment dompter
49:21cette extraordinaire
49:22économie moderne ?
49:24Keynes et Hayek
49:25pensaient tous deux
49:26que ce serait
49:26incroyablement difficile,
49:28voire dangereux.
49:29Mais Keynes caresse
49:30les gouvernements
49:31dans le sens du poil
49:32en suggérant
49:33qu'ils peuvent influencer
49:33le cours de l'histoire
49:34de l'humanité
49:35à leur guise.
49:37Pour Hayek,
49:37ce n'est pas la peine
49:38d'essayer,
49:39car nous réussirons
49:40peut-être un jour
49:40à lever le voile
49:41sur les lois
49:42qui régissent l'univers.
49:43mais nous n'arriverons
49:44jamais à saisir
49:45toute la complexité
49:46de la nature humaine.
49:50« Hayek appelle cela
49:52le simulacre de connaissances,
49:54prétendre connaître
49:55quelque chose
49:56qu'on ne maîtrise pas.
49:58Eh bien,
49:59c'est exactement
49:59ce que font
50:00les économistes
50:01depuis un peu plus
50:02de 70 ans.
50:03Et vous avez vu
50:03le résultat ? »
50:06« Beaucoup de modèles
50:07informatiques
50:08nous ont induits
50:09en erreur
50:10en nous faisant croire
50:11que nous comprenions
50:11comment l'économie fonctionne.
50:13C'est faux.
50:14Nous ne pouvons pas
50:15prédire l'économie.
50:16En revanche,
50:17nous pouvons essayer
50:18de nous pencher
50:19sur les grandes questions.
50:20Comment sortir
50:21d'une grave crise,
50:22par exemple ?
50:23Je pense qu'en travaillant
50:24avec d'autres pays,
50:25nous finirons
50:25par trouver une solution.
50:27Nous avons besoin
50:27d'idées provenant
50:28de différents horizons.
50:29La morale de Hayek,
50:30c'est qu'en termes
50:31de politique économique,
50:32il n'y a pas de place
50:33pour l'orgueil.
50:34Il faut mettre
50:34son arrogance de côté
50:35et envisager
50:36que la clé,
50:37c'est d'arrêter
50:37de vouloir
50:38à tout prix
50:38contrôler le marché.
50:44Hayek a indéniablement
50:45changé le cours
50:46de l'histoire,
50:47s'éloignant résolument
50:48de l'État
50:49pour se rapprocher
50:50du marché.
50:54Mais aucun gouvernement
50:56n'a jamais osé
50:56mettre en place
50:57sa vision d'un marché
50:58libéré du joug
50:59de l'État.
51:00Et quand le capitalisme
51:01a dû faire face
51:02à son plus grand défi
51:03depuis les années 1930,
51:04les politiciens
51:06se sont précipités
51:07pour protéger
51:08le marché
51:08contre lui-même.
51:10D'ailleurs,
51:10le grand débat actuel
51:11n'est pas de savoir
51:12si le gouvernement
51:13en fait trop
51:14pour soutenir l'économie,
51:15mais s'il en fait assez.
51:17Aujourd'hui,
51:17le conseil d'Hayek
51:18semble plus difficile
51:19à suivre que jamais.
51:21L'économie mondiale
51:22ne s'est toujours pas remise
51:23des effets
51:24de la crise financière.
51:26Hayek dirait
51:26les gouvernements
51:27doivent prendre du recul,
51:29démonter la machinerie
51:30qu'ils ont conçue
51:31pour guider l'économie,
51:33souffler un bon coup
51:34et attendre que ça passe.
51:36Mais franchement,
51:37connaissez-vous
51:37beaucoup de politiciens
51:38qui accepteraient
51:39un jour
51:39de suivre ce conseil ?
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